Faïence, faïence fine et porcelaine en Périgord au XVIIIe siècle : des hommes et des productions entre polyvalence des ouvriers et transferts de connaissances
p. 351-376
Texte intégral
1Après avoir évoqué les productions de porcelaine ou de faïence fine que nous avons repérées en dix-huit ans de recherches en Périgord, nous avons prolongé le travail entrepris en 1989 en portant aujourd’hui notre réflexion sur la qualité du travail des peintres ou tourneurs en faïence ou en porcelaine en Périgord, Limousin, Landes ou Saintonge, sur les transferts de technologie, de savoir-faire et de poncifs liés au déplacement des ouvriers, ainsi que sur le fait que les faïenceries périgourdines au XVIIIe siècle peuvent être considérées comme des « laboratoires » permanents au personnel souvent polyvalent.
2Si une fabrique de porcelaine est bien attestée en Périgord, entre les années 1837 et 1855, dans le parc du château de La Marthonie, à Saint-Jean-de-Côle, la faïence fine en est restée au stade des essais à Bergerac, entre 1800 et 1804, avec le faïencier Claude Bonnet1 et n’a atteint le stade de la production qu’à Montignac. Bien peu de chose pour construire une communication pour ce colloque. Cependant l’évocation de leurs responsables respectifs nous renvoyait vers un sujet de recherche que nous avions initié, il y a six ans, à l’occasion du 47e congrès de la Fédération historique du Sud-Ouest de Sabres2.
3Nous relevions alors l’affirmation faite en 1989 par Claude Bonnet, expert près des Douanes, fort de par sa profession, ainsi que d’une longue expérience d’observations de pièces issues particulièrement des grandes faïenceries françaises. Il affirmait alors sans réserve que « la plupart des décorateurs [de faïences], gens casaniers et sérieux, consacraient leur vie à une seule manufacture si les circonstances économiques le leur permettaient, y faisant même engager souvent enfants et petits-enfants [...], par contre, chez les [peintres en faïence] migrateurs, il avait trouvé peu d’artistes reconnus qu’on se soit arraché à prix d’or, et passablement plus d’instables, d’ivrognes, de maris en rupture de femme et progéniture, de petits peintres mal payés là, encore plus mal ailleurs, et traînant le balluchon au hasard d’embauches incertaines3 ».
4Une telle appréciation révélait, pour le moins, par l’opposition des termes : « décorateurs [de faïences] casaniers et sérieux » et « peintres [en faïence] migrateurs », un certain mépris un brin « parisianiste » pour les multiples faïenceries établies dans bon nombre de villes de province aux XVIIe et XVIIIe siècles, lieu de travail privilégié de ces « peintres migrateurs ».
5Nous ne cacherons pas que nous ne partageons pas du tout ce point de vue. L’importance des connaissances, la dextérité technique, la qualité et la précision du coup de pinceau font à l’évidence la différence entre le « décorateur » et le « peintre » en faïence, font aussi la différence parmi ces derniers entre le « maître peintre » et le « peintre en faïence ». Le décor de tulipe en « fleur fine » de Meillonnas, vers 17654, n’offre quelques similitudes avec la tulipe épanouie de la faïencerie Bonnet de Bergerac5 qu’au travers du schéma du poncif. Cependant, à Bergerac, on est loin de la rusticité du dessin, de la simplicité assez naïve de productions de l’Est de la France comme Saint-Clément6.
Porcelaine et faïence fine en Périgord
Jean-Baptiste Cabirol et la fabrique de porcelaine de Saint-Jean-de-Côle
6Le dossier, bien que très fragmentaire, s’étend sur dix-huit ans et n’en est pas moins intéressant7 :
21 mai 1837 : Jean-Baptiste Cabirol (ou Cabirolle), « artiste en porcelaine, demeurant autrefois à Saint-Yrieix, et dans ce moment au bourg de Saint-Jean », locataire depuis le 4 décembre 1836, et pour neuf mois, du bâtiment, jardin et petit four à porcelaine, correspondant à la fabrique de porcelaine du lieu, vend à son propriétaire, le boulanger Jacques Dumas, le mobilier et les ustensiles de fabrication pour la porcelaine, pour la somme de 300 F8. Jacques Chapeau, fils de Françoise Dumas, y est alors « troisième ouvrier en porcelaine ».
Février 1840 : Alix Aucouturier et François Auriel, négociants à Périgueux, projettent de créer une société avec le sr Lajugie, alors propriétaire de la fabrique de porcelaine de Saint-Jean-de-Côle, sous réserve que les négociants versent la somme de 1000 F « sur la délivrance que le sr Lajugie devait leur faire de divers articles provenant de son établissement ». Le sr Lajugie ne fournissant que pour 818,50 F de marchandises, les deux négociants demande le 4 août, après le refus de paiement d’une traite complémentaire, au président du Tribunal civil de Périgueux de les aider à obtenir le remboursement de la somme restante, soit 181 F plus les frais.
12 août 1854-18 février 1855 : Un registre d’« envoi de marchandises » couvrant cette période permet de connaître en détail les quinze envois réalisés dans un calendrier sans périodicité particulière. Une liste de 144 articles concernant essentiellement le service de la table, celle du café ou du thé, la décoration florale ou les jouets, a pu être établie.
Claude Bonnet et la tentative de production de « faïence fine » à Bergerac
7Né le 17 mai 1749 à Bergerac, Claude Bonnet, neveu du faïencier bergeracois Tite Bonnet, fait à l’âge de dix-neuf ans, le 1er juillet 1768, son testament étant « sur le point de faire une tournée dans le païs pour se perfectionner9 ». A l’âge de trente-deux ans, il est à Bergerac le 14 septembre 1781 où il est « tourneur en fayance » et porte le surnom de « Lacroix ».
8- 1783-1803 : Le 10 juin 1783, Claude Bonnet est mentionné comme « fabricant en fayance, habitant du bourg, paroisse et juridiction du Fleix ». Selon un mémoire sur les faïenceries de Sainte-Foy et du Fleix, adressé au subdélégué Henriot du 21 mars 178810 la faïencerie du Fleix, dite de l’église, appartenant au sr Reclus, est tenue à ferme par Claude Bonnet11 qui « se voit à la veille de quitter son entreprise pour le peu de bénéfice qu’il fait et qui l’a mis dans la plus grande détresse » car les affaires sont loin d’être florissantes.
9- Entre 1786 et 1800 : A la suite du « traité de commerce conclu avec l’Angleterre [qui] vint, en permettant l’importation des poteries angloises, renverser [son] établissement et [ses] espérances ; ruiné par ces circonstances, [Claude Bonnet est] obligé d’abandonner [son] entreprise et de chercher à sauver du naufrage le peu qui [lui] restoit ». Claude Bonnet mène alors des recherches afin de localiser « une argile semblable À celle dont se servent les Anglois pour fabriquer cette poterie connue sous le nom de grès », voyage « dans le dessein de connoître la terre et la manipulation de la nouvelle poterie anglaise », fait des tentatives plus moins infructueuses, afin « de présanter à ses concitoyens une Poterie Nationale absolument semblable à celle que nous fournissent ces insulaires [...] » et de « trouver la terre et l’art de manipuler [l’argile], de manière à en faire une poterie semblable à celle que nous apportent les Anglois, elle dispute avec cette dernière pour la blancheur, la faculté d’aller au feu sans se tourmenter, la solidité, la légèreté, la pureté du son ».
10Il est à souligner que ce « grès anglais » dont parle Claude Bonnet et qui inonde le marché français semble être une faïence, tout comme le « grès façon anglaise » produit dans les faïenceries du nord de la France pour concurrencer les mêmes importations anglaises12. La tentative de production de « poterie de grès » de Claude Bonnet pourrait donc s’apparenter à une tentative de production de « faïence fine ».
11- 1800-1804 : Claude Bonnet pense avoir réussi et tente d’établir une « poterie de grès » dans les locaux de la ci-devant Mission, à côté de l’église Saint-Jacques de Bergerac13. présentant son projet dans un long mémoire rédigé au début d’octobre 1800. En janvier ou février 1801, pour créer une société d’actionnaires autour du projet, il fait imprimer un prospectus pompeusement intitulé : « Aux amis des Arts et de l’Industrie Nationale. Prospectus d’un Etablissement de Poterie de Grès, à l’instar des Anglais, dans la commune de Bergerac » qu’il accompagne de deux tableaux chiffrant l’un les frais d’aménagement et d’installation des locaux, l’autre les matières premières, la main-d’œuvre et le produit des deux fournées que l’on peut faire par décades. La terre utilisée viendrait de Pombonne, à quelques kilomètres au nord de Bergerac. Une vingtaine d’actionnaires investissent dans le projet et, la même année, sont réalisés des essais. Trois ans plus tard, la situation n’a guère évolué. On parle toujours d’essais à faire et les actionnaires veulent vendre le local. On parle de la venue d’un « artiste capable de conduire et diriger la fabrique, ancien directeur de la manufacture de Sceaux », qui fait des essais sur les échantillons de terre qui lui ont été envoyés. L’artiste ne viendra pas. Le projet s’arrêtera là. Nous n’avons pu retrouver aucun de ces échantillons.
12Lors de son décès, le 22 juillet 1807, à Bergerac, à l’âge de cinquante-huit ans, Claude Bonnet est présenté comme « artiste en fayance14 ».
La fabrique de « faïence fine » de Montignac
13Seuls deux documents attestent de la réalité de cette production de « faïence fine » :
une carte dressée par MM. Conrad et Brard en 1825 intitulée « Carte industrielle et minéralogique du cours de la Dordogne, de la plupart de ses affluens et en particulier de la Vézère et de la Corrèze15 » qui indique que Montignac possède une « fabrique de faïence ».
un plat octogonal, à décor en relief perlé en bordure de la lèvre, en faïence fine beige, marqué en creux « MONTIGNAC », passé sous nos yeux sur le marché de brocante bordelaise, il y a une dizaine d’années, et que nous n’avons pas cru devoir acquérir, doutant alors fortement de son origine périgourdine16.
De la qualité du travail des peintres ou tourneurs en faïence ou en porcelaine en Périgord, Limousin, Landes ou Saintonge
Une preuve de la compétence : les maîtres ouvriers
14L’évocation de la carrière de deux des membres de la famille Perchain, le père Jean I et le fils cadet François-Jean, dit « Joachim », confirment brillamment le niveau de compétence atteint par certains ouvriers faïenciers ayant travaillé en Périgord, tout comme la qualité du travail réalisé. L’on présente en effet Jean I comme un « maître fabriquant en fayance », en 1763, et Joachim comme un « maître tourneur en fayance », en 1776.
15Comme le note déjà G. Arnaud d’Agnel ou J. Rosen17, les mentions de « maître fayencier » ne concernent que les directeurs de manufacture, appellés aussi « marchand faïencier », mais ne sont cependant pas systématiques. Des quatre faïenciers bergeracois, seul Jean I Perchain est présenté comme tel, alors qu’il a un peu moins de trente ans. Et ce n’est pas par hasard que l’on souligne cette qualification pour Jean I lors de la signature d’un contrat d’apprentissage en deux ans de peintre en faïence, « soit par lui, soit par des sujets de la profession18 ». Peut-être a-t-il acquis cette compétence à Marseille si l’on admet qu’il est le « Perchain » signalé dans cette ville en 176219.
16Nous rappelerons que Claude Gautherot est présenté comme tel, lorsqu’il dirige la faïencerie de Meillonnas, en 1762-1763 ; tout comme Joseph Augustin Maurel, en 1775, lorsqu’il dirige cette même faïencerie entre 1768 et 178220.
17De tous les ouvriers ayant gravité auprès des faïenceries bergeracoises, ce n’est qu’à Jaochim Perchain que l’on donne cette qualification de « maître » tourneur, dès l’âge de vingt-et-un ans, alors qu’il travaille dans la faïencerie de Saint-Yrieix21. Il est apte à assurer la formation d’autres ouvriers, tout comme Philibert Jacquet qui est présenté en 1779 comme « maître tourneur à la fabrique de fayance » de Meillonnas entre 1773 et 1788.
18Comme le notait Jean Rosen, en évoquant le peintre en faïence Gervais Protais Pidoux ayant travaillé entre 1760 et 1762 à Aprey, avant de venir à Meillonnas pour succéder à Claude Gautherot, « le qualificatif de “maître peintre” - ou de “maître tourneur”, ajouterions-nous - qui désigne un ouvrier exceptionnel, est suffisamment rare dans l’histoire de la faïence pour qu’on le souligne »22.
19Jean I est reconnu comme un excellent peintre en faïence, dont la qualité de travail est une référence pour ce qui est de sa propre production. Ainsi, Jean-Michel Dumont, engagé en juin 1762 par Jacques Philippe Vandebrande comme directeur de la faïencerie de Libourne et peintre, qui consent, en 176423, à ce que ses appointements soient suspendus « jusqua ce quil ait fait dans lad. fayancerie de Libourne deux fournées entières et consécutives de fayance dont lemail soit aussy beau que celuy du s. Perchin de Bergerac » car « jusques à présent, il n’a encore peu trouver le point de l’émail de la fayance et que celle qu’il a fait ayant été coque d’œuf ». Dumont s’engage alors à ne pas garder pour lui le « point de l’émail de Perchin », c’est-à-dire sa composition. Il s’engage aussi à mettre les jeunes enfants qui sont en apprentissage « en état de scavoir peindre et faire tout un œillet, une fleur et une frize telles que led. Perchin fait faire aux assiettes quil fait à Bergerac ».
20Jean I Perchain apparaît aussi comme un technicien du métier dont la compétence est reconnue pour juger de la qualité du travail d’autres peintres (comme Nicolas Neppel). Ayant dirigé sans problème sa faïencerie du Fleix, il peut prendre, en 1777 et dans l’urgence, la succession de la faïencerie du Petit Port à Bergerac, après le décès de son propriétaire et directeur. Sa compétence est aussi reconnue pour estimer l’importance des dégradations dues à l’inondation de la faïencerie du Petit Port en 1783.
21En mai 1779, Joachim Perchain, ancien tourneur en porcelaine à Pontenx, près de Mimizan, se révèle aussi compétent pour tourner la faïence à Marsac, près de Périgueux. De par les termes de la lettre rédigée alors, son auteur, le sr Dufaux fils, apprécie grandement la qualité du travail de cet ouvrier, de même que le sr Esvrard qui souhaite alors l’embaucher pour sa nouvelle fabrique de porcelaine de Pontonx-sur-l’Adour, près de Dax. D’excellentes relations personnelles, amicales, maçonniques existent de plus entre le directeur de la fabrique de porcelaine et l’ouvrier mouleur24.
Une appellation : les assiettes « à la Bergerac »
22L’appellation d’assiettes « à la Bergerac » peut paraître logique lorsqu’elle est utilisée par des techniciens de la faïence comme Jean II Perchain, à Saint-Yrieix, en 1778, lui-aussi fils de Jean I Perchain. Elle confirme cependant, à la fois, la notoriété régionale et la qualité des productions bergeracoises que nous avons déjà eu l’occasion de souligner25. Ce n’est pas la seule. A la même époque, en 1777, l’on fait aussi dans la faïencerie de Pierre Piaud l’aîné à La Rochelle des assiettes « façon Bergerac26 ».
23Sauf erreur de notre part, au XVIIIe siècle, le nom d’aucune autre manufacture de province, que certains experts auraient tendance à qualifier parfois de secondaire, ne semble être devenu en dehors de sa ville de production une appellation générique immédiatement compréhensible pour un autre faïencier ou un peintre en faïence. Cependant, on ne retrouve déjà plus cette appellation dans l’inventaire des stocks de la faïencerie Piaud à La Rochelle en 1789. On ne la retrouve pas non plus dans les inventaires après décès du Bergeracois où les notaires n’identifient que la faïence de Delft ou de Hollande parmi une vingtaine de dénominations et descriptions sommaires de la couleur ou du décor des pièces27.
Des clients loin du Périgord
24Deux soucoupes de grand feu réalisées dans la faïencerie de Jean Babut pourraient être, au travers du texte peint qu’elles portent au revers, une illustration de la réputation des faïences bergeracoises28, à moins que l’on ait affaire à un cadeau d’un Bergeracois à une famille de Loudun. Elles permettent en effet de connaître, à la fois, la faïencerie d’origine et, pour une fois avec une certaine précision, le destinataire :
Bergerac Le 31. Mars. 1764. + But Ba
M : M :
Gambier.
Sœurs. Procurr
a Loudun
. H. .B. .g.
25Après enquête, les destinataires semblent être Marie et Marie-Catherine Gambier qui sont attestées comme sœurs à l’Union Chrétienne de Loudun au milieu du XVIIIe siècle, jusqu’en 1772, et que l’on retrouve en 1794 sœurs à l’Union Chrétienne de Fontenay-le-Comte. Tout porte à croire qu’elles appartenaient probablement à une famille aristocratique de la ville qui choisit de placer ses filles au couvent29.
Le système de comptabilisation et de dénomination de la taille des faïences périgourdines au XVIIIe siècle
26La confrontation des informations puisées dans les documents concernant le Périgord et les recherches de Jean Rosen nous ont déjà permis de préciser le système de comptabilisation et de dénomination de la taille des faïences au XVIIIe siècle30, ainsi que l’échelle des prix des objets produits. Celle-ci est établie à partir de la valeur de la douzaine d’objets de taille « pièce ». Si le prix d’une douzaine d’assiettes de taille « pièce » est de 1 L. 16 s., soit 72 F31 actuels, l’unité vaut 3 s., soit 6 F. L’ensemble peut ainsi se résumer :
Des employeurs en quête d’ouvriers qualifiés
27Le recrutement d’ouvriers déjà qualifiés venus d’ailleurs dans les années 1766-1777 dans les faïenceries de Bergerac est parfaitement à l’image du recrutement de la faïencerie de Meillonnas à la même époque.
28La lettre du sr Dufaux fils, du 5 mai 1779, adressée à Joachim Perchain, est riche d’enseignements sur ce dernier. Présent en 1776, dans la faïencerie de Saint-Yrieix, comme « maître tourneur en fayance », et après un passage d’environ un an, en 1778 et 1779, dans la fabrique de porcelaine de Pontenx (-les-Forges), près de Mimizan, dirigée par le même sr Dufaux fils, comme tourneur ayant la charge de la cuisson de la porcelaine, il est, au moins depuis avril 1779, dans la faïencerie de Marsac, à côté de Périgueux (ill. 1). Dans la lettre, Dufaux fils se dit « très flatté » que Joachim Perchain vienne prochainement à Pontenx pour cuire le restant de la porcelaine. Et d’ajouter : « Je souhaiterai que vous y puissiez prendre d’autres arrangements pour vous y établir pour bien du temps, je vous offre d’avance tous mes petits services, auquel j’aurais toujours en partage davec vous ». Le fait que Dufaux fils et Joachim Perchain soit francs-maçons, que Joachim puisse s’autoriser à faire un cadeau personnel à l’épouse de Dufaux, qu’enfin Dufaux prête de l’argent à son ouvrier, et les termes de la lettre, révèlent les relations humaines et amicales pouvant exister au sein du personnel de la porcelainerie de Pontenx.
29Dans la suite de la lettre, l’on apprend aussi que le sr Théodore Esvrar s’est rendu (vers le 1er mai 1779) à Pontenx pour venir chercher Joachim Perchain « avec un mouleur et un garnisseur, pour travailler dans une nouvelle fabrique qu’il établi à Pontons, près de Dax » (Pontonx-sur-l’Adour, Landes). « Il cest amené » le frère de Dufaux fils, au rôle indéfini dans la porcelainerie de Pontenx, et a déclaré « qu’il passerait au premier jour du cotté de Limoges et St Yrieix pour chercher des ouvriers ». Ainsi donc, un employeur à la recherche d’un personnel dont il est sûr des compétences n’hésite pas à parcourir l’Aquitaine et couvrir des centaines de lieues afin de recruter et nécessairement parfois débaucher ce personnel, sûrement avec des arguments financièrement convaincants pour l’employeur qui laisse partir ses employés.
Entre fourberie et incompétence ?
30De tous les ouvriers faïenciers passés en Bergeracois, Nicolas Neppel peut être présenté comme un bon exemple de ce cas de figure, tout du moins durant son séjour en Périgord et Saintonge, correspondant ainsi au portrait au vitriol de Claude Bonnet évoqué au début de cette étude.
31Tout commence bien pour Nicolas Neppel (ill. 2). Né en 1735 à Saint-Cloud, fils du « peintre en porcelaine » Johan-Ludwig Neppel, il fait son apprentissage auprès de lui et est reconnu comme « peintre en porcelaine » dès 1751, alors qu’il a seize ans. A dix-sept ans, toujours à Saint-Cloud, il est présenté comme « fayencier ». Après un hypothétique passage, vers 1763-1764, dans la faïencerie du Gap-de-Vercheny, au diocèse de Die, il travaille, entre 1764 et 1766, dans la faïencerie de Meillonnas. Son arrivée peut être autant lié à l’intervention de l’oncle du fondateur de la faïencerie de Meillonnas, Nicolas de Marron, qu’au choix du « directeur de la fabrique de fayence », par ailleurs, « maître peintre en faïence », Gervais Protais Pidoux, désirant embaucher un personnel déjà formé « pour lancer la production et mettre au point une gamme de décors32 ». Tout le monde paraît satisfait de son travail et ses relations sont excellentes avec le personnel de la faïencerie, tous les ouvriers de la faïencerie assistent en 1765 à son mariage avec la jeune veuve du procureur au siège présidial et baillage de Bourg-en-Bresse. Son départ de la faïencerie, pour Bourg-en-Bresse, où il est « marchand de la ville », est, peut-être, quant à lui, lié au départ de Gervais Protais Pidoux pour la faïencerie de Mâcon.
32Tout change après son arrivée en Périgord où il travaille pendant deux ans, en 1769-1770, dans la faïencerie du Port du Fleix, sous la direction de Jean I Perchain. Cette embauche est loin d’être une promotion, la faïencerie du Port du Fleix ne faisant que de la production de faïences de grand feu et de qualité courante.
33Entre 1771 et 1772, Nicolas Neppel travaille dans la faïencerie de Jean Babut, à Bergerac, où il bénéficie d’abord d’une « confiance aveugle ». Au bout de deux ans, il est renvoyé pour de la mauvaise qualité de son travail, confirmée par les faïenciers bergeracois Tite Bonnet et Charles Banes-Calley, nommés comme experts. Il « demeurera environ un mois sur le pavé sans trouver d’ouvrage ». Neppel décide alors de porter plainte contre son ex-employeur sous prétexte que ce dernier lui retient « certaine sommes assés considérable pour des ouvrages ». Les comptes vérifiés, il s’avère qu’il a été « sur payé de 27 L.33 »
34A l’automne 1772, Neppel est à La Rochelle dans la faïencerie du Sr Pierre Piaud l’aîné, faïencerie où il est introduit par le tourneur en faïence Louis Vigand « afin quil put gagner quelque chose pour aller plus loin ». Très vite, il séduit ses collègues comme son employeur. Piaud décide ainsi, en août 1774, de l’intéresser à l’entreprise et le « charge de recevoir les ouvrages » des ouvriers, de veiller à ce qu’ils soient « bien conditionnés » ainsi que de veiller au travail des journaliers.
35A l’automne 1777, les rapports se détériorent après que Neppel ait laissé répandre quelques bruits désobligeants sur la manufacture. Piaud et ses associés se voient obligés de faire une mise au point dans les « Affiches rochelaises » du 19 septembre. En octobre, Piaud décide de se séparer de Neppel. S’ensuit quelques trois mois de procédure auprès du Tribunal Consulaire. Deux jours plus tôt, ce sont des ouvriers de la faïencerie rochelaise qui élèvent devant notaire une protestation « pour rendre justice à la vérité » contre les agissements de Neppel qui y est accusé de ne pas s’acquitter correctement de son travail « ayant souvent reçu de l’ouvrage sans le visiter, ni même le compter », de faire preuve d’absentéisme « pour ses plaisirs surtout lorsque le sr Piaud étoit absent », de tricher sur les prix des pièces produites ou sur la formation des apprentis, de mensonge sur la composition des jaspés34.
36Neppel quitte La Rochelle dès septembre 1778, et l’on retrouve sa trace en 1785 sur l’île d’Oléron, où il se présente comme « directeur » d’une faïencerie qui en restera à l’état de projet, à Saintes en 1788 où il a le titre de « directeur des manufactures de fayance en porcelaine » (sic.), enfin à Pinchat, près de Carrouges, en Suisse, où il demande une avance de 25 000 L., là encore en tant que directeur.
37En quarante et un ans de carrière connus, on trouve sa trace dans huit (ou neuf) faïenceries : Saint-Cloud, (Le Gap-de-Vercheny), Meillonnas, Le Fleix, Bergerac, La Rochelle, Oléron, Saintes, Carouges. Les séjours peuvent être évalués à deux ans à Meillonnas, Le Fleix ou Bergerac, ou à six ans à La Rochelle. Chaque fois, après une période où Neppel, par son abord, son discours et son attitude se fait des amis de tout le personnel, la vérité du personnage se révèle très vite et les problèmes commencent. A l’opposé d’une aisance verbale certaine, d’un grand pouvoir de séduction, l’homme apparaît comme un individu fourbe, fraudeur, menteur.
Les transferts de technologie, de savoir-faire et de poncifs liés au déplacement des ouvriers
38Comme dans chaque faïencerie, l’on s’attache à mettre au point de nouvelles « recettes » de fabrication en fonction de l’argile utilisée, ou de décoration de la faïence en améliorant la qualité de l’émail comme la variété des couleurs, recettes que l’on tente de garder jalousement. Il paraît évident que les multiples déplacements des ouvriers ont été à l’origine de transfert de technologie ou de savoir-faire, tout comme de poncifs. L’engagement de Jean-Michel Dumont, faïencier à Libourne, à faire « un émail aussy beau que celuy du s. Perchin de Bergerac » en retrouvant la composition de l’émail utilisée par le même Perchain va dans ce sens.
39Dans ses notes, Lapierre, faïencier à Montauban, affirme qu’un certain Chaupin, peintre en faïence, jamais mentionné dans les archives bergeracoises, mais qui serait peut-être apparenté au peintre en faïence, Jean Chopin, attesté à Bergerac entre 1764 et 1799 dans la faïencerie du Petit Port, y aurait introduit les procédés pour faire le jaune obscur ou orangeat35. Ce Chaupin aurait quitté Bergerac vers 1764 pour Ardus36.
40L’achat dans les boutiques, sur les marchés ou lors de foires de pièces de faïence par un faïencier qui a repéré une forme de pièce ou un nouveau décor qui connaissent un certain succès auprès du public, pour les produire dans sa faïencerie est, au XVIIIe siècle, un autre type de transfert de savoir-faire comme de poncifs.
41Il est certain que l’on ne connaît quasiment rien sur les productions des faïenceries du Fleix37, de Marsac, de Saintes, de Saint-Yrieix ou de la porcelainerie de Pontenx-les-Forges. Par contre, les faïenceries de Meillonnas, de La Rochelle et de Bergerac ont bénéficié d’études de fond inventoriant nombres de décors de grand feu ou de petit feu.
42Force est de reconnaître que nous ne connaissons, à ce jour, aucune pièce attribuable précisément et avec certitude à l’un des ouvriers faïenciers évoqué plus haut, attribution confirmée par la présence d’un graffito ou d’une signature. Cependant, de par la qualité, la créativité, la mise en couleurs de leurs décors, certaines pièces peuvent témoigner de l’influence de la mobilité de ces ouvriers et des connaissances qu’ils ont acquis à l’occasion de leurs déplacements.
43- A Bergerac, le transfert de décors peut être constaté avec le motif du galon d’arceaux croisés ornant des fragments de lèvres de plat de grand feu récupérés sur le site de la faïencerie Babut, non loin des fours aujourd’hui disparus38. On retrouve ce galon, en tous points identiques, sur des fragments d’assiettes ou de plats issus des dépotoirs de la faïencerie de Belair, à Libourne, créée vers 1765 par Jean-Michel Dumont et qui n’a cessé de produire qu’après 178439. Nous rappellerons que Jean-Michel Dumont ne cachait pas en 1764 son admiration pour la qualité des dessins peints par Jean I Perchain.
44- Il en est ainsi aussi du décor à la « Roze ou à la tulippe qui est une grande fleur au milieu avec une petite frise autour, ou de petites fleurs détachés » que l’on peut identifier, avec une douzaine de variantes, avec les décors à la rose ou à la tulipe de la production de petit feu de la faïencerie Bonnet (ill. 4). Nous sommes bien conscient qu’il ne s’agit que d’une adaptation bergeracoise d’un thème largement en vogue dans les faïenceries françaises de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Au travers du schéma du poncif, on pourrait trouver certaines similitudes entre la tulipe en » fleur fine » réalisée vers 1765 à Meillonnas40 et la tulipe épanouie de la faïencerie Bonnet à Bergerac41. L’on pourrait retrouver certains aspects de ce décor dans des poncifs approchants dans les productions rochelaises42.
45- Avec le thème du perroquet perché sur un arbustre, la quasi similitude du poncif est flagrante entre les productions de la faïencerie Bonnet et celle de La Rochelle (ill. 5a et 5b). Le poncif a simplement été inversé... et d’un traitement en petit feu à Bergerac, on passe à un traitement au grand feu à La Rochelle. Nous serions prêt à voir là un apport de Nicolas Neppel même si la date 1767 portée dans le décor de cette assiette semble poser problème à F. Morin43. Si Neppel quitte Bergerac pour La Rochelle durant l’été 1772, Jean Seguin, tourneur en faïence, âgé de trente-six ans, qui vient de travailler durant un an et demi dans la faïencerie Piaud à La Rochelle, obtient un passeport pour se rendre à Bergerac le 26 avril 177644.
46- Dans ces transferts ou emprunts de poncifs de faïencerie en faïencerie nous n’oublierons pas le coq de petit feu, chatironné rose-lilas, qui accompagne le perroquet perché sur un cep de vigne dans la production de la faïencerie Bonnet et que l’on retrouve en tout point identique sur des plats ou assiettes attribuées à Samadet45 (ill. 5a et 5c). Si le tranfert ou la copie du poncif sont évidents, aucun déplacement d’ouvrier n’est encore attesté.
47- En ce qui concerne le thème des Chinois, le travail est à Bergerac de grande qualité (ill. 6). Le traitement de ce thème par les peintres de la faïencerie Bonnet y apparaît très personnel, plein d’originalité, de créativité, d’humour, avec un coup de pinceau d’une grande précision qui n’a rien à voir avec les productions rochelaises même s’il n’a rien à leur envier. Une soupière passée sur le marché des collectionneurs il y a une dizaine d’années, ornée d’une douzaine de ces Chinois, tous dans des postures différentes, nous apparaît comme le meilleur exemple de cette originalité et de cette créativité.
48Nous avons pu à ce jour identifier le tour de main, la façon de faire, de trois peintres encore anonymes dans la production de petit feu de la faïencerie Bonnet qu’illustrent trois pièces conservées dans les collections du Musée du Périgord :
l’assiette au perroquet perché sur un cep de vigne (M. Pgd 6598). On peut aussi attribuer à ce peintre la saucière et la soucoupe aux passereaux, le rafraichissoir à la huppe perchée ou picorant46 ;
le plat au perroquet perché sur un arbuste (M. Pgd 7543) dont le peintre a aussi réalisé la série des Chinois évoluant sur une terrasse ainsi que les pièces à décors floraux à la lèvre ornée d’une pensée au bouton tourné vers l’intérieur du bassin47 ;
l’assiette à gâteaux aux oiseaux perchés multicolores (M. Pgd A 5664)48 dont le peintre a, peut-être, aussi réalisé le motif à l’oeillet à deux rangs de pétales49.
49Il reste encore à identifier, dans les collections publiques ou privées, les autres motifs des productions bergeracoises révélés au travers du dépouillement des documents d’archives. A quoi donc peut ainsi correspondre ? :
« l’assiette a la Bergerac a la frize achée avec une petite fleur au milieu proportionnée a la largeur de la frize »,
« la platerie de commun en fleur ombrées avec les couleurs que le maitre juge a propos d’y faire graver »,
« le jaspet avec des cartouches peints au milieu »,
les assiettes « peintes a la Chine »,
les assiettes peintes avec un bouquet au milieu, que l’on appelle « assiettes à la Roze »,
les « assiettes rondes a la frisasse » [frise hachée ?],
les assiettes « festonnées dittes a la dent de rapt »,
les assiettes « à dents doubles entre deux persils et une petite fleur au milieu »…
La faïencerie périgourdine au XVIIIe siècle : une sorte de « laboratoire » permanent au personnel souvent polyvalent
Une sorte de « laboratoire » permanent
50L’expérimentation est une constante dans l’activité d’une faïencerie, les essais de couleurs sont ainsi une obligation, même pour les ouvriers expérimentés. En effet, dans les décors cuits au grand feu, les oxydes métalliques ont des teintes grisâtres et des aspects pulvérulents qui ne permettent pas de juger de l’effet final, lorsqu’elles seront fondues, vitrifiées, lisses et brillantes. Se posent, en outre, de délicats problèmes d’accord et d’adhérence entre l’émail, les couleurs, et le biscuit. Lors des fouilles de dépotoirs de faïencerie, de nombreux tessons témoignent de ces essais. Nous n’avons pas connaissance, pour l’instant, de tels témoignages pour les manufactures de Bergerac.
51Cette recherche et ces expérimentations prennent une autre envergure et peuvent durer des années lorsque le faïencier voit son affaire péricliter. Tel est le cas de Claude Bonnet, pour la faïencerie du Fleix, dans le mémoire qu’il rédige vers 1800, non sans emphase, pour obtenir des aides pour créer une « poterie de grès » à Bergerac :
« J’étois a la tete d’une fabrique de fayance. Je commencois à recueillir les fruits d’une vie laborieuse lorsque le traité du commerce conclu avec l’Angleterre vint, en permettant l’importation des poteries angloises, renverser mon établissement et mes espérances ; ruiné par ces circonstances, je fus obligé d’abandonner mon entreprise et de chercher à sauver du naufrage le peu qui me restoit.
Cependant au milieu des inquiétudes et des chagrains que me causoient ces évènements je pensai qu’un des moyens de réparer les coups du sort étoit d’imiter les Anglois ! de les égaler même ! Il ne falloit pour cela que trouver une matière a employer semblable à celle qu’ils mettent en œuvre ! L’espérance, cette dernière ressource des malheureux, ne me permis pas de douter un seul instant qu’il se trouvas en France une argille semblable à celle dont se servent les Anglois pour fabriquer cette poterie connue sous le nom de grès […] Plein de cette idée je commencai a faire des recherches : pendant dix ans de suite j’ai fait des tentatives plus ou moins infructueuses ; enfin j’abandonnois mon projet vaincu par les difficultés, lorsque le Corps législatif, en défendant l’entrée des marchandises angloises vint réveiller mon idée chérie, celle de présanter à mes concitoyens une Poterie Nationale absolument semblable a celle que nous fournissent ces insulaires […] »
Un personnel souvent polyvalent
52Dans son principe, une certaine polyvalence n’est pas exceptionnelle au sein du personnel des faïenceries du XVIIIe siècle, cependant, tourneurs, mouleurs et peintres sont de vrais spécialistes50, et lorsqu’ils sont ainsi présentés, avec capacité de former des apprentis dans cette qualification. De leur capacité à la polyvalence témoignent clairement les carrières de divers ouvriers faïenciers bergeracois.
De marchand de faïences, de peintre ou tourneur en faïence, à directeur de faïencerie
53Ce premier cas de polyvalence ne nécessitant pas de formation spécifique, constitue un parcours assez classique de divers faïenciers dans la mesure où ils commercialisent eux-mêmes leur production.
54* Pierre Mouillefer qui fait l’essentiel de sa carrière en Périgord, est d’abord signalé, en 1753, comme « marchant fayencier ». L’année d’après, alors qu’il est reçu « bourgeois » par les consuls de Bergerac, il est présenté comme « tourneur en fayance ». Il exerce cette activité dans les faïenceries de Jean Babut à Bergerac, de la « société de commerce de fayance » de Marsac, et de Jean I Perchain, au Port du Fleix.
55* La carrière de Claude Bonnet peut se décomposer en quatre étapes.
Voulant avoir la meilleure formation, Claude Bonnet commence en 1768 par faire ce qui semble être son tour de France, à l’instar des compagnons.
Treize ans plus tard, il est revenu à Bergerac, en 1781. Il est « tourneur en fayance ».
Deux ans plus tard, Claude Bonnet a pris à ferme la faïencerie du Fleix située non loin de l’église et se présente comme « fabricant en fayance ». Voyant que son entreprise n’arrive pas à progresser et qu’elle périclite au point qu’il envisage de la fermer, Claude Bonnet pousse beaucoup plus loin ce que tout faïencier fait alors à longueur de carrière, chercher à faire évoluer la production de la faïencerie quant à la qualité de la terre, de l’émail ou des couleurs. Il teste de nouvelles terres et de nouveaux émaux pour mettre au point un nouveau produit, de la faïence fine qu’il appelle « poterie de grès », et qu’il espère vendre à des prix assez bas pour concurrencer les produits anglais.
Lorsqu’il pense y être parvenu, il tente, entre 1800 et 1804, alors qu’il a atteint la cinquantaine, de créer une nouvelle entreprise, à Bergerac, financée par un groupe d’actionnaires bordelais et bergeracois, pour produire cette « poterie de grès », sous la direction d’un ancien directeur de la manufacture de Sceaux. On en restera au stade des essais et des échantillons. Lors de son décès, en juillet 1807, Claude Bonnet est dit « artiste en fayance ».
* Le parcours de Jean I Perchain est plus complexe et se décompose en trois étapes :
En 1759, Jean I Perchain commence par être « marchans fayancier » dans le quartier de La Madeleine, à Bergerac.
Après un hypothétique passage à Marseille, il est à Bergerac, entre 1763 et 1764, « maître fabriquant en fayance », mais aussi excellent « peintre en fayance », et assure alors la formation d’un apprenti.
Il prend successivement la direction de trois faïenceries : celle du Port du Fleix entre 1769-1770, celle du Petit Port, à Bergerac en 1777, celle de Rigne, près de Thouars, entre 1789 et 1791. Cependant, en 1783, lors de l’état des lieux de la faïencerie du Petit Port envahie par le débordement de la Dordogne, Jean I Perchain, alors « tourneur en fayance », est l’un des experts, avec Jean Babut, pour constater les dégats causés aux équipements techniques et au stock de faïences.
56Même si la succession d’emplois ou de direction d’entreprises (au minimum six en trente-six ans d’activités), entre 1755 et 1791, pourrait révéler une relative instabilité de la part de Jean I Perchain, sa carrière se partage à peu près également entre des activités de « création artistique » (peintre ou tourneur) et de direction. Chaque fois, ses capacités spécifiques de peintre ou/et de directeur lui ont valu sans difficulté, semble-t-il, ses embauches successives.
De la faïence à la porcelaine et de tourneur à responsable de la cuisson
57Joachim Perchain illustre cette polyvalence de travailler des terres différentes et d’occuper différents postes à l’intérieur même de la manufacture. D’abord « maître tourneur en fayance », en 1776, dans la faïencerie de Saint-Yrieix, il exerce ensuite cette activité, en 1778-1779, mais dans la porcelainerie de Pontenx, près de Mimizan, où il s’occupe aussi de la cuisson de la porcelaine. S’il n’y a pas de différences notables en ce qui concerne le tournage de la faïence ou de la porcelaine, il n’est pas aisé de mener régulièrement un feu pendant les nombreuses heures qu’exige la cuisson des pièces. A la faïencerie de Marsac, dès mars 1779, en plus d’être tourneur, Joachim Perchain est « chargé de la direction des ouvrages », autrement dit de la direction technique de la faïencerie.
Conclusion
58Au terme de cette réflexion sur l’état des productions de faïence, de faïence fine ou de porcelaine en Périgord au XVIIIe siècle, sur la qualité du travail des peintres et tourneurs en faïence ou en porcelaine en Périgord, Limousin, Landes ou Saintonge, ainsi que sur les transfert de technologie, de savoir-faire et de poncifs en fonction des déplacements des ouvriers, leur compétence dont témoigne les appellations de « maître fabriquant en fayance » pour Jean I Perchain ou de « maître tourneur » pour son fils Joachim, ne peut, comme nous l’écrivions déjà en 1996 et à l’échelle des manufactures de province, être mise en doute. Et si Jean Rosen ne met pas, à Meillonnas, le « peintre en fayence » Nicolas Neppel à l’égal du « maître peintre » Protais Pidoux, il le met au second rang dans la hiérarchie du personnel, parmi les ouvriers confirmés, peintres officiels de la faïencerie51.
59La polyvalence de ces ouvriers entre direction de la faïencerie et les activités de tournage ou de peinture, tout comme la maîtrise des techniques de fabrication ou de cuisson de la faïence ou de la porcelaine n’est en rien exceptionnelle.
60Il est évident qu’une telle réflexion qu’avec une connaissance approfondie des biographies des faïenciers ou des porcelainiers comme de leurs ouvriers tourneurs ou peintres. Nous l’avons réalisé pour Bergerac, comme Jean Rosen pour Meillonnas, François Morin pour La Rochelle, Bernard Ducasse pour Libourne ou François Gaudy pour Saint-Yrieix. Le croisement des données glanées au travers de ces différentes recherches a été riche d’enseignements et ont permis de rectifier ou de préciser les liens historiques envisagés par les chercheurs du début du XXe siècle et qui ont réellement exister, en ce qui nous concerne, entre les manufactures du centre-ouest de la France. Le cumul des informations révèlent des hommes qui n’ont pas grand chose à voir avec la vision schématique des « peintres migrateurs ».
61Les archives confirment aussi, à l’encontre de ce qu’affirme Claude Bonnet52, que la faïence est très souvent une affaire de famille pour les ouvriers des faïenceries de province même si tous les membres de la famille ne travaillent pas dans la même manufacture, car on doit tenir compte de l’importance de l’effectif du personnel de chacune d’elles.
62Nous reviendrons donc, pour terminer, sur une idée émise il y a cinq ans, de création, à l’Université de Toulouse II-Le Mirail, d’un fichier national du personnel comme des directeurs de faïenceries ou porcelaineries françaises. La bonne connaissance de leurs biographies et de leurs passages dans telle ou telle de ces manufactures permettrait, en précisant les étapes de leurs déplacements, de mieux cerner les liens personnels qui ont pu exister parmi le personnel, et d’aborder le problème des influences non plus dans une perspective uniquement stylistique mais en tenant compte du facteur humain.
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Notes de bas de page
1 C. Lacombe, « Sur une tentative d’installation d’une poterie de grès à Bergerac au début du XIXe siècle », Bull. de la soc. hist. et arch. du Périgord, 1983, t. 110, p. 203-209.
2 C. Lacombe, « De la mobilité des ouvriers faïenciers au XVIIIe siècle, du Périgord au Limousin, aux Landes et à la Saintonge », Les Landes entre tradition et écologie, Congrès de la Fédération historique du Sud-Ouest 1995 à Sabres, Bordeaux, FHSO, 1996, p. 155-191.
3 C. Bonnet, « La légende des peintres migrateurs », Actes du IIe colloque national de céramologie, VIlliers-Saint-Benoît (Yonne), Paris, 1989, p. 20-24.
4 J. Rosen, La faïence de Meillonnas. 1760-1845, Bourg-en-Bresse, Adam Biro, 1993, p. 87, fig. 34.
5 C. Lacombe, Faïenciers et faïences de Bergerac au XVIIIe siècle, Diplôme de l’EHESS, 1987, 2 vol. multigraphiés ; C. Lacombe, avec une préface d’A.-M. Cocula-Vaillières, Faïences et faïenciers de Bergerac au XVIIIe siècle, Périgueux, Vesuna, 1989, p. 106, fig. 1.
6 C. Dauguet et D. Guillemé-Brulon, Reconnaître les origines des faïences françaises, Paris, 1972, p. 55, fig. 147.
7 G. Ponceau, 1961, « Note brève sur la fabrique de porcelaine de Saint-Jean-de-Côle », Bull. de la soc. hist. et arch. du Périgord, 1961, t. 88, p. 144 ; C. Lacombe et J.-C. Moissat, Deux siècles de céramiques périgourdines. 1730-1930. Catalogue de l’exposition du Musée du Périgord, Périgueux, 1983 b, p. 30.
8 Arch. dép. Dordogne, 3 E 9508. Notaire Jean Faure, Thiviers (21 mai 1837).
9 Arch. dép. Dordogne 3 E 8000. Notaire Bonnet, Bergerac (1er juil. 1768).
10 E. Labadie, « Notes et documents sur quelques faïenceries du Périgord au XVIIIe siècle (Bergerac, Thiviers, Le Bugue, Le Fleix) », Bull. de la soc. hist. et arch. du Périgord, 1909, t. 36, p. 522-525 ; Arch. dép. Gironde, C 1766 (21 mars 1788 ?).
11 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 54-56 ; C. Lacombe, « Les faïenceries du Fleix au XVIIIe siècle : Premiers éléments de leur histoire », Bull. de l’assoc. de rech. arch. et hist. du pays de La Force, 1997, n° 13, p. 6-13.
12 J. Bonifas, Les faïenciers de Saint-Amand au XVIIIe siècle, Catalogue de l’exposition du Musée de Saint-Amand-les-Eaux, 1985, p. 55 ; J. Rosen, La faïence en France. Du XIVe au XIXe siècle, Paris, 1995, p. 132 et 142-143.
13 Arch. dép. Dordogne 5 M 61 ; C. Lacombe, op. cit., 1983, t. 110, p. 203-209 ; C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 181-187.
14 F. Morin, Les faïenceries de Marans et de La Rochelle, La Rochelle, 1990, p. 253. Ce Claude Bonnet n’a probablement rien à voir avec un Joseph Bonnet, peintre en faïence, né à « La Chapelle-en-Dordogne » (?) en 1744, qui a travaillé de 1762 à 1765 à La Rochelle avant d’obtenir un passeport « pour se rendre à Nantes ou autres villes » pour travailler comme faïencier.
15 Arch. dép. Dordogne 1 Fi Dordogne 14.
16 Il existe en effet pas moins de sept communes de ce nom en France.
17 G. Arnaud d’Agnel, La faïence et la porcelaine de Marseille, Marseille, 1970, p. 446 ; J. Rosen, La manufacture de Meillonnas (Ain). Etude d’une fabrique de céramique régionale, 1760-1870, Montagnac, 2000, p. 37.
18 Arch. dép. Dordogne 3 E 7969. Notaire Courtine, Bergerac (19 janv. 1763).
19 A. Lesur et Tardy, Poteries et faïences françaises, Paris, 1969, t. 1, p. 757.
20 J. Rosen, op. cit., 1993, p. 208-209.
21 F. Gaudy, « Faïence et porcelaine à Saint-Yrieix. 1773-1821 », Bull. de la soc. arch. et hist. du Limousin, tome 120, 1992, p. 129-130.
22 J. Rosen, op. cit., 1993, p. 42, note 15.
23 Arch. dép. Gironde 3 E 23410. Notaires Rideau et Guy, Bordeaux (27 mars 1764) ; B. Ducasse, « Jean-Michel Dumont, faïencier à Libourne au XVIIIe siècle », Revue hist. et arch. du Libournais et de la vallée de la Dordogne, tome 54, n° 201 bis, 1986, p. 78-95.
24 C. Lacombe, « Du “crime de séduction” ou récit de l’enlèvement de Jeanne Gontier à Marsac en 1780 », Les Cahiers du Cercle : Coulounieix-Chamiers : Des Pétrucores à La Rolphie, n° 2, 1993, p. 23-30.
25 Arch. dép. Haute-Vienne, 4 E 51-64. Notaire Autier, Saint-Yrieix (6 janv. 1778). L’on fait alors, à Saint-Yrieix, des assiettes « à la Bergerac, à la frise hachée avec une petite fleur au milieu, proportionnée à la largeur de la frise » qui sont payées 5 sous la douzaine au peintre en faïence ; C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 99 et 144 ; C. Lacombe, « Quand, au XVIIIe siècle, les faïenciers bergeracois ornaient les tables entre Périgord et Bordelais », Les Cahiers du Cercle : Bergerac : de la coulobre de Saint Front au serpent de l’hérésie, 1995, n° 4, p. 20-26.
26 Arch. dép. Charente-Maritime, 3 E 1981. Notaire Prédureux-Dumas, La Rochelle (14 nov. 1777).
27 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 158-167.
28 Musée national de Céramique de Sèvres MNC 18086 et coll. particulière.
29 S. Rohaut, « Une curieuse soucoupe », Gazette du Loudunais, mars-avril 1996. A noter que les illustrations de cet article correspondent à la soucoupe issue de la collection particulière et non à la pièce du Musée national de Céramique.
30 C. Lacombe, « Autour de l’exemple du Périgord, interprétation de la comptabilisation des faïences, de la dénomination de leurs tailles, ainsi que de leurs prix au XVIIIe siècle », Documents d’arch. et d’hist. périgourdines, n° 14, 1999, p. 75-98.
31 D. Maternati-Baldouy, « Historique de la manufacture Pierrette Candelot Claude Perrin », La faïence de Marseille au XVIIIe siècle. La manufacture de la Veuve Perrin, Marseille, 1990, p. 43.
32 J. Rosen, op. cit., 2000, p. 38.
33 Arch. dép. Dordogne, 3 E 8058. Notaire Moynier, Bergerac (16 nov. 1777).
34 Arch. dép. Charente-Maritime, 3 E 1981. Notaire Prédureux-Dumas, La Rochelle (14 nov. 1777).
35 E. Forestie, Les anciennes faïenceries de Montauban, Ardus, Négrepelisse, Auvillars, Bressol, Beaumont, Montauban, 1876, p. 26.
36 Ris-Pasquot, Manuel du collectionneur des faïences anciennes, ouvrages initiant les amateurs et les gens du monde à la connaissance rapide des faïences anciennes françaises et étrangères, Paris, 1877-1878, p. 253- 254.
37 Seule une assiette de grand feu décorée d’une guirlande de pétales bleus et de points rouges a été publiée comme issue de « la manufacture du Fleix » (J. Reix, Faïenceries en Périgord-Aquitaine, Périgueux, Fanlac, 1983, p. 33 et 82). Nous sommes très réservé quant à son attribution et sa datation au XVIIIe siècle ; ce type de décor s’apparentant à une production du XIXe siècle.
38 Que notre ami Bernard Beney trouve ici l’expression de tous nos remerciements pour avoir récupéré ces fragments et nous les avoir confiés pour étude. A peu près à la même époque, une fouille de sauvetage était réalisée par Yan Laborie. L’étude du mobilier devrait être réalisée prochainement.
39 B. Ducasse, « Rapport d’un sondage effectué pendant l’été 1986 sur l’emplacement d’une faïencerie du XVIIIe siècle, au lieu-dit Belair, commune de Libourne », Revue hist. et archéol. du Libournais et de la vallée de la Dordogne, tome 54, n° 202, 1986, p. 124, pl. VI.
40 J. Rosen, op. cit., 1993, p. 87, fig. 34.
41 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 106, fig. 1.
42 F. Morin, op. cit., 1990, fig. 205.
43 F. Morin, op. cit., 1990, p. 215, fig. 238. L’assiette en faïence de grand feu de La Rochelle porte le texte « Pierre Gay dit la Vierge. 1767 » qui ne constitue pas à priori un élément de datation de la fabrication de la pièce. Il nous apparaît plutôt comme un texte commémoratif d’un moment important de la vie compagnonnique (?) de ce Pierre Gay qui a pu fort bien être réalisé postérieurement à cette date.
44 Bibl. mun. La Rochelle, Registres des passeports, p. 101, non coté.
45 X. Petitcol, « Les faïences de Samadet au petit feu », Art & Curiosité, n° 60, 1976, p. 40, fig. 10.
46 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 118, pl. 49, 3 et p. 119, pl. 50, 1.
47 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 106, pl. 41, 2 et p. 111, pl. 44, 3.
48 C. Lacombe, « Bergerac, des faïenciers oubliés », Le Journal du Périgord, n° 11, 1991, p. 10.
49 C. Lacombe, op. cit., 1989, p. 107, pl. 42, 1.
50 J. Drouillet, Folklore du Nivernais et du Morvan, t. 3, La Charité-sur-Loire, 1965, p. 31.
51 J. Rosen, op. cit., 1993, p. 39.
52 C. Bonnet, op. cit., 1989, p. 21. Claude Bonnet croit en effet pouvoir affirmer dans l’étude citée que « les archives ne sont ni assez nombreuses, ni assez claires […] » pour identifier et connaître les ouvriers faïenciers. Nous ne pouvons que nous inscrire en faux par rapport à cette affirmation totalement infondée.
Auteur
Professeur d’histoire-géographie, diplômé de l’EHESS.
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