Pratiques rituelles de la Semaine Sainte et dynamiques contemporaines. Le reposoir de l’archiconfrérie des pénitents noirs de Tende (Alpes-Maritimes)1
p. 324-335
Texte intégral
1Le mercredi qui précède le Vendredi Saint, les femmes de l’archiconfrérie des pénitents noirs de Tende, un gros village de montagne à la frontière entre les Alpes-Maritimes et le Piémont, se réunissent pour dresser le reposoir dans leur chapelle. Une Croix de Passion ornée des arma christi (fig. 83), une sculpture du Christ mort (fig. 84) et un ensemble de vases sont disposés devant l’autel. La chapelle est ouverte du mercredi après-midi au vendredi soir pour accueillir les fidèles qui visitent le reposoir et les touristes qui s’aventurent dans le village. Le soir du vendredi, une procession des pénitents noirs, des pénitents blancs et d’un petit nombre de fidèles accompagne le Christ mort, en partant de la chapelle des pénitents noirs pour rejoindre l’église paroissiale où le prêtre célèbre l’office du Vendredi Saint.
2La présence des pénitents et leur rôle durant les jours centraux de la Semaine Sainte sont une particularité de la célébration des fêtes pascales dans l’Europe méridionale, dont les expressions les plus éclatantes se trouvent aujourd’hui principalement en Espagne, en Corse et en Italie. En Provence et dans l’est du département des Alpes-Maritimes en particulier, les pénitents actuels ont pris en charge les anciennes confréries des villages et des villes en restaurant les bâtiments et en réactivant les usages rituels de ces associations, dont certaines étaient déjà éteintes au début du XXe siècle. La fabrication contemporaine du reposoir des pénitents noirs de Tende est exemplaire de cette dynamique et révèle un certain nombre de particularités des dynamiques dévotionnelles catholiques contemporaines (fig. 85).
3Le village de Tende est situé au fond de la vallée de la Roya, dans le département des Alpes-Maritimes, et constitue une zone de frontière avec l’Italie à l’extrême sud est de la France. Sociologiquement, cet « arrière-pays » d’un espace côtier très développé à partir du XIXe siècle a connu le sort des zones rurales européennes. Marquée par un exode massif pendant la révolution industrielle, la période récente se caractérise par un retour des autochtones et de leurs descendants ; plus marginalement, des néo-ruraux s’installent ou effectuent une migration pendulaire pendant les week-ends et les périodes de vacances. Ce cadre d’évolution récente du contexte démographique entraîne un certain nombre de modifications qui touchent certes à la vie quotidienne mais également aux pratiques dévotionnelles qui font l’objet d’un investissement particulier. C’est le cas des rituels de la Semaine Sainte et, plus particulièrement, de la construction du reposoir de l’archiconfrérie. Nous essaierons dans un premier temps de décrire la place du reposoir des pénitents noirs dans le système pascal local, marqué par une forte autonomie des confréries, puis, dans un second temps, nous tenterons de décrire les liens que les pénitents tissent entre leur reposoir et le sens qu’ils lui attribuent. La question que nous tentons d’éclairer ici porte donc autant sur la dimension matérielle du reposoir que sur les usages et les représentations qui lui sont aujourd’hui liés.
La construction du reposoir
4Dans le monde catholique, la construction de reposoirs s’inscrit d’une manière particulière dans l’ensemble des dévotions pascales. Elle répond aux exigences du retour au culte christocentrique de la Réforme catholique, puisque le reposoir est, du point de vue liturgique, le décor qui permet l’adoration de la dernière hostie consacrée avant le Vendredi Saint2. L’encyclopédie Catholicisme précise : « À la fin de la messe, la sainte Réserve est portée processionnellement au reposoir. Le reposoir doit être très sobre (des tentures blanches à l’autel d’une chapelle latérale, quelques fleurs) et il ne doit pas trancher par trop sur l’austérité des jours saints ».
5Des reposoirs sont également construits pour la Fête-Dieu et sont également considérés comme des décors destinés à recevoir le Saint-Sacrement. Pour autant, les reposoirs sont l’objet d’usages aux limites de la paraliturgie acceptable par les clercs, si ce n’est de pratiques délibérément indépendantes des instructions liturgiques normalisées3. Ainsi, les reposoirs peuvent être pensés et conçus par les fidèles comme des évocations du tombeau du Christ, assimilés à un cénotaphe, à une représentation évoquant un sépulcre ou à une chapelle ardente. De sorte que le terme couramment utilisé pour ces décors éphémères désigne plusieurs sortes de constructions et d’objets qui renvoient eux-mêmes à des conceptions liturgiques et des représentations rituelles assez disparates. L’ambiguïté sur laquelle repose leur mise en place, entre décors et chapelle ardente, permet une multitude de variations formelles que l’Église a semble-t-il eu du mal à ordonner. Dans l’article « Reposoirs », le père Pascal, qui publia en 1844, dans la collection de Migne, les Origines et raison de la liturgie catholique en forme de dictionnaire, précise la différence que l’Église entend établir entre les différents types de reposoirs et souligne également les abus dont la fabrication des reposoirs de Pâques est l’occasion, notamment dans la France méridionale :
Ce sont des autels portatifs qu’on élève sur les places publiques, dans les rues, pour y recevoir le Saint Sacrement pendant la procession solennelle de la Fête-Dieu. Le Saint Sacrement y repose pendant qu’on chante l’Antienne de la station ou des Motets. On ne saurait y déployer une trop grande magnificence, puisqu’il s’agit d’y recevoir le Roi des rois. Il faut y éviter néanmoins tout ce qui ressemblerait trop à une décoration théâtrale.
On appelle aussi quelque fois reposoir le monument ou la chapelle ardente du Jeudi saint ; cependant, comme ici c’est pour représenter Jésus-Christ au tombeau, il est convenable de donner à ce Reposoir un aspect plus sévère, plus funéraire qu’à ceux de la Fête-Dieu. Néanmoins, nous sommes bien éloignés d’improuver la magnificence que les contrées méridionales de la France déploient pour ces reposoirs. Le peuple, loin d’y attacher une pensée de deuil, leur donne le nom de Paradis.4
6Le père Pascal, qui dénonce ici les excès décoratifs des reposoirs de Pâques, note par ailleurs – et sans les condamner explicitement – dans l’article sur le Jeudi Saint, la pratique de visite de plusieurs reposoirs de la ville ou du village :
Dans plusieurs contrées, et notamment dans le Midi de la France, ce reposoir est orné avec toute la magnificence possible. On y va avec empressement faire sa visite, et lors qu’il y a plusieurs églises en une même localité, les fidèles passent tout l’après midi du Jeudi saint à visiter les reposoirs. À la chute du jour, l’illumination devient plus éclatante, on y chante le Stabat ou d’autres Motets analogues à la circonstance, et le concours des adorateurs y est ordinairement très considérable. Plusieurs personnes pieuses y passent quelquefois la nuit en prière.5
7À Tende, il est aujourd’hui d’usage pendant la Semaine Sainte de construire trois « reposoirs » dans trois des six édifices religieux de village, qui répondent soit à l’usage liturgique strict, soit aux usages coutumiers décrits par le Père Pascal. En 2006 et 2007, les reposoirs ont été installés dans l’église paroissiale, dans la collégiale et dans la chapelle des pénitents noirs. Les différences entre les trois dispositifs ne sont pas nécessairement pensées par les différents acteurs, ni articulées avec les attentes des liturgistes. Une certaine confusion règne pendant la Semaine Sainte quant au statut de chacun des dispositifs, entretenue par l’utilisation généralisée du terme « reposoir ». La question qui se pose relève donc de la superposition et de la coexistence de représentations multiples du corps du Christ mort à Tende matérialisé sous différentes formes (hostie, crucifix, statue du Christ gisant6), utilisées dans la liturgie paroissiale et dans les dévotions des pénitents. La description matérielle des trois dispositifs permet cependant d’éclaircir la situation. Les reposoirs de l’église paroissiale et de la collégiale sont constitués de plusieurs vases de fleurs, installés symétriquement sur les marches d’un autel sur lesquelles est placé un crucifix posé sur un tapis. Dans l’église paroissiale, où se déroulent les offices pascals, l’autel latéral devant lequel le reposoir est mis en place reçoit la dernière hostie consacrée. Ce reposoir paroissial, contenant alors le corps réel du Christ, tend à être considéré par les fidèles les plus pratiquants comme la mise en scène d’un tombeau du Christ. C’est d’ailleurs le crucifix de ce reposoir qui sera adoré pendant la messe du Vendredi Saint. Dans la collégiale, le même dispositif est utilisé, mais sans qu’un espace soit dédié à la dernière hostie ni que les objets utilisés fassent l’objet d’une manipulation rituelle. Il s’agit, dans l’esprit des femmes qui l’ont mis en place, d’une « chapelle ardente » factice, recueillant une représentation du Christ en Croix. Le reposoir des pénitents noirs est quant à lui un décor éphémère original, qui reprend le rôle de « chapelle ardente » de la collégiale, mais le dépasse sur de nombreux points. Si ce reposoir contient bien une sculpture du Christ mort, dit « le gisant»7, et des éléments végétaux, la présence de la Croix de Passion8 et les autres éléments décoratifs utilisés, le déplacement de la statue du Christ, l’autonomie des dévotions confrériques et les motivations des pénitents lui confèrent un statut particulier dans le déroulement des fêtes pascales de Tende.
8La Croix de Passion, de deux mètres de hauteur environ, est peinte en noir et bordée d’un liseré blanc. Elle est conservée dans un placard mural en forme de croix à l’entrée de la chapelle. Les pénitents y accrochent des symboles de la passion amovibles, les arma christi9. Il s’agit de répliques en papier, en carton, en tissu, en bois ou en métal qui sont gardées pendant l’année dans un carton. On recense la bourse, le broc, le coq, la couronne d’épines, les dés, le drap, l’échelle, l’éponge, les fouets (en branche et en corde), les lances, le linge de descente de Croix, la lune, la main, le marteau, le soleil, les tenailles, la Véronique. En temps ordinaire, seule la sculpture du Christ mort est exposée dans la chapelle sur un drap blanc dans un brancard de procession, qui ressemble à ceux que l’on utilisait pendant les enterrements et que l’on peut encore trouver dans certaines églises de la région. À partir du Mercredi Saint à 13 heures, le décor de la chapelle des pénitents noirs est ainsi bouleversé par le montage de la Croix de Passion et le recouvrement des statues d’un voile violet, comme il était d’usage avant le Concile Vatican II. Cette mise en place nécessite une manipulation qui est le fait des femmes de l’archiconfrérie.
9La Croix nue est insérée dans la partie supérieure d’un socle de bois à deux degrés et maintenue grâce à des cales triangulaires. On dispose d’abord la couronne d’épines à l’intersection de la Croix, on enfonce les tiges de la lune, de la main, du soleil et du coq derrière les bras de la Croix ou sur leur tranche. On accroche ensuite la Véronique, le marteau, les tenailles, les fouets et la bourse à des clous déjà présents. Le linge de la descente de Croix est pendu aux bras. Les dés et l’éponge sont posés sur les marches du socle, le broc sur un tabouret capitonné. Enfin, l’échelle et les lances sont appuyées sur la Croix. Une réserve de veilleuses et le tronc sont disposés en avant du Christ mort, pendant que l’on achève de recouvrir la statue du patron de l’archiconfrérie, saint Jean-Baptiste. Parallèlement, deux ou trois femmes ont rempli les vases d’eau et les ont garnis de branchages d’olivier, de buis et de palmier. À la fin du montage de la Croix, elles placent les vases et les chandeliers sur les marches devant l’autel et des arbustes en papier vert directement sur l’autel.
10La construction du reposoir est l’occasion de bavardages banals sur la vie du village et sur les membres des familles des femmes qui participent à la mise en place. Elle est également un moment intense de discussions et de prises de décisions quant à la bonne façon de faire le reposoir. Plusieurs particularités techniques sont discutées pendant la mise en place, qui montrent tout d’abord que la mémoire des principes de montage n’est pas intacte et ensuite que c’est par la discussion et la confrontation des points de vue sur l’objet rituel que se fabrique la bonne manière de dresser la Croix de Passion. Les considérations tiennent en partie aux contraintes physiques de la Croix (taille, conformation des trous ou des clous, recherche de l’équilibre) mais également à une recherche esthétique, dans laquelle prédomine la symétrie de la composition du reposoir. La mise en place de la Croix nue sur son socle grâce à des cales donne lieu à plusieurs tentatives dont le but est de trouver le point d’équilibre physique de l’objet et d’aligner la Croix dans l’axe de symétrie de l’autel. Le positionnement du drap de descente pose également un problème : d’une part, les deux pans qui passent derrière les bras de la croix doivent être de même longueur de chaque côté et, d’autre part, le pli central se doit d’être net et de ne pas cacher la Véronique. Lorsque chacune avoue ne plus se souvenir exactement où et comment les objets amovibles doivent être placés, une photographie prise au début des années 2000 est utilisée et sert de référence, bien qu’il s’agisse d’un procédé qui n’apparaît que tardivement dans le processus de montage. Cet ensemble d’interactions se fait de manière générale en dialecte et fait appel à une mémoire visuelle des versions précédentes, confirmée ou infirmée par les questions, les témoignages des participantes et la photographie en dernière instance. La beauté et la réussite de la mise en place de la Croix, ou au moins sa conformité avec la photographie, relèvent ainsi d’un système de mise en discussion des actes et des connaissances de chacune des participantes, ce qui confère au travail de préparation une dimension collective qui touche autant à l’esthétique qu’à la mémoire technique.
11À partir de 16 heures, le reposoir est prêt et les femmes de l’archiconfrérie se relaient le jeudi et le vendredi après-midi pour ouvrir la chapelle et offrir à ceux qui le désirent l’opportunité de se recueillir devant leur reposoir. Les pratiques dévotionnelles se résument le plus souvent à allumer une veilleuse devant le reposoir, à réciter une prière silencieuse et à effectuer une série de génuflexions. Elles sont généralement suivies d’un moment de conversation avec les pénitentes présentes. De fait, peu de visiteurs et peu de fidèles viennent jusqu’à la chapelle des pénitents, exactement comme dans les autres édifices qui ne sont pas plus visités. Pour autant, la forme que revêt leur reposoir, le travail collectif de préparation que requiert son installation, la présence du « gisant » et surtout l’organisation d’une procession, le soir du Vendredi Saint, dite du Christ mort, montrent que le reposoir des pénitents noirs fonctionne comme une représentation fictionnelle du sépulcre du Christ, bien qu’il ne reçoit pas l’hostie du Jeudi saint. Il apparaît en fait comme un dispositif rituel indépendant, complémentaire et parallèle à celui de l’église paroissiale et aux normes liturgiques qui y ont cours.
12La procession part de la chapelle des pénitents noirs, avec les pénitents blancs et une cinquantaine de fidèles, pour rejoindre le prêtre à l’église paroissiale qui se situe à l’autre extrémité du village. Le parcours représente environ un kilomètre pendant lequel les pénitents chantent un Stabat Mater en suivant un livret de procession de la fin du XIXe siècle et portent des lumignons en papier décorés des paroles de chants et d’une image de la Vierge de Lourdes. Plusieurs confrères portent des fanaux et les bannières, deux pénitents de chaque confrérie portent le brancard du Christ mort. Après la célébration du Vendredi Saint, qui comprend le dévoilement du Christ en Croix et l’adoration du Crucifix du reposoir de l’église paroissiale, les pénitents, toujours sans prêtre, retournent en procession dans la chapelle, en suivant le même chemin, pour y déposer la sculpture du Christ et chanter deux derniers cantiques avant de se déshabiller et de quitter les lieux. Les multiples représentations du Christ mort semblent donc entrer en concurrence pendant les rituels pascals et fonctionnent de manière parallèle et sans conflit dans la liturgie de l’église paroissiale et dans les dévotions des pénitents.
13Après cette procession, le rôle de la confrérie tend cependant à s’effacer devant celui des ecclésiastiques, qui seront les seuls acteurs des séquences rituelles des jours suivants. À ce moment, les frontières entre liturgie et paraliturgie semblent s’affirmer, en excluant les pénitents et leur mobilier dévotionnel de la performance rituelle10. Dans cette perspective, l’organisation, le déroulement et les objets mobilisés pour les dévotions de la Semaine Sainte à Tende permettent, à un premier niveau, de dévoiler les modalités du «bricolage»11 entre norme ecclésiastique et autonomie rituelle de ces groupes singuliers de fidèles que sont les pénitents. Pour autant, la description des façons de faire n’est pas suffisante pour expliquer la place que tient le reposoir des pénitents noirs dans le système rituel local ni dans le contexte de la vie du village contemporain. L’écoute des discours qui circulent autour de la fabrication de la Croix de Passion et autour de l’archiconfrérie éclaire de manière plus profonde la coexistence des représentations du Christ mort et l’originalité du travail des pénitents.
Ce que faire le reposoir veut dire
14La fabrication du reposoir de l’archiconfrérie de Tende et sa place dans le rituel pascal s’inscrivent dans le cadre proposé par Jeremy Boissevain de la revitalisation des fêtes communautaires rurales. Cette analyse est fondée sur un constat : le nombre de rituels publics européens, après un fort déclin au début du siècle, a largement augmenté dans les années 197012. Pour comprendre cette évolution récente, Boissevain brosse le cadre historique de cette Europe de la fin du XXe siècle. Le contexte socio-économique, marqué par une déruralisation dans la première moitié du siècle, est ensuite caractérisé par un fort réinvestissement des lieux, des valeurs et des symboles des communautés rurales, qui fut porté par les mouvements identitaires, pacifiques et écologiques des années 1960 et 197013. L’incidence de cette situation historique sur les rituels se traduit par la laïcisation, la spectacularisation, l’instrumentalisation politique identitaire, la demande d’authenticité et enfin une opposition très marquante entre les touristes et les habitants de la communauté. Il nomme le cadre de ce changement « revitalization ». La mise en place d’un nouveau calendrier festif, fondé sur l’alternance loisir/travail, ainsi que le changement des destinataires du rituel donnent une nouvelle configuration à l’ensemble festif européen : les communautés villageoises ne font plus la fête pour elles seules. Boissevain inscrit dans cette logique l’alternance des fêtes de Carnaval et des fêtes d’été. Les premières sont organisées par et pour la communauté, alors que les secondes visent un public de touristes qui recherchent à la fois l’authenticité et le spectacle14.
15Dans les Alpes-Maritimes, le renouveau des fêtes communautaires s’est accompagné du réveil des confréries, forme de groupement dévotionnel que l’on connaît sous différentes formes dans les pays catholiques d’Europe15. Issues des mouvements de dévotion post-tridentins, les confréries de pénitents (et non confréries de dévotion ou confréries de charité) sont caractérisées par le port d’une robe lors des offices, par une activité caritative et par un service funéraire pour les membres de la confrérie ou du village. Si elles ont été fondées pour la plupart après le Moyen-Âge, les confréries ont constitué une des institutions structurantes de l’espace social, politique et dévotionnel du village ou de la ville. La fondation d’hôpitaux, la tenue de monts-de-piété, l’aide aux mourants ainsi que la participation aux fêtes régulières de l’Église, l’organisation de leur propre calendrier dévotionnel, la construction de bâtiments pourvus d’un mobilier spécifique sont leurs attributions les plus fréquentes. Les confréries de pénitents, qui rassemblaient souvent les hommes et les femmes du village ou d’un quartier urbain, restaient ainsi indépendantes vis-à-vis du pouvoir de l’évêque et du clergé, apparaissant alors comme un contre-pouvoir local majeur. Au début du XXe siècle, l’exode rural, la perte d’influence du catholicisme et la concurrence de nouvelles formes de dévotion ont lentement éteint les confréries. La fin du XXe siècle, notamment dans les années 1980 et 1990, a été marquée par leur réveil à la fois en milieu rural et urbain, initié par un petit nombre de personnes qui ont tenté de les revivifier16. Aujourd’hui, on compte seize confréries dans le diocèse de Nice (qui recouvre le territoire du département des Alpes-Maritimes) et une dans le diocèse de Monaco. Certaines des activités caritatives ont été reprises par les nouvelles confréries : les pénitents noirs de Nice effectuent par exemple une permanence à l’institut médico-légal de la ville et y accueillent les familles endeuillées. Elles ont également repris des rites emblématiques des anciennes confréries, notamment ceux de la semaine pascale, en réutilisant les objets, les chants et le calendrier parfois tombés dans l’oubli. Elles ont aussi proposé des adaptations ou des créations, à l’exemple de l’office des Ténèbres des pénitents blancs de Nice, qui est devenu une manifestation pédagogique et spirituelle de la spécificité des dévotions de la Réforme catholique, alliant la mise en scène dramatique, la musique, la parole et les sentiments religieux.
16Les pratiques de la Semaine Sainte à Tende, comme les pratiques des autres confréries de la région, partagent cette caractéristique contradictoire de l’adaptation d’anciennes formes festives et dévotionnelles, abandonnées depuis le début du XXe siècle, à des sens et des motivations qui relèvent du contexte social contemporain. Elles s’inscrivent dans la perspective intime des fêtes d’hiver et contrebalancent les défilés spectacularisés de la fête estivale de saint Eloi (cortège de mulets décorés, prestation musicales de fanfares françaises et italiennes, présence de nombreux spectateurs extérieurs). La relative indépendance dont jouissent les confréries de pénitents, le statut particulier du reposoir, entre pratique coutumière et liturgie, et les représentations identitaires qui sont attachées au cycle pascal de Tende attribuent une valeur sociale et collective spécifique à ces dévotions. Ce renouveau dévotionnel et festif est associé d’une part à des discours fortement liés à la transmission du récit de l’histoire locale et à la place qu’y tient la confrérie et d’autre part au contexte démographique du village qui privilégie les femmes et les générations les plus âgées dans les pratiques rituelles17.
17Les pénitents noirs et blancs de Tende développent un usage revendicatif de la tradition religieuse que représente la confrérie. Ils tendent à la considérer, tout comme les rites qui lui sont associés et les pratiques de sociabilité qui en découlent, comme un héritage des générations passées. La réactivation de l’archiconfrérie des pénitents noirs a été menée au début des années 1980 par un couple d’autochtones qui s’installait pour sa retraite au village et voulait renouer avec les pratiques de leurs parents et grands-parents. En plus des pratiques religieuses, l’archiconfrérie développe une patrimonialisation des bâtiments et des objets de culte, en produisant et proposant au public des plaquettes, des cartes postales, des visites de chapelle ; par ailleurs, elle collabore avec les collectivités locales en déposant des dossiers de demande de subvention. Pendant les vacances scolaires, la chapelle est ouverte au public, un membre de l’archiconfrérie est chargé d’accueillir les visiteurs et de leur transmettre l’histoire, les buts et les actions en cours. Les confrères inscrivent leurs actions patrimoniales dans un « récit des origines » paysannes et catholiques de la vie du village, en soulignant le caractère communautaire d’entraide, le contexte de survie agricole et l’enterrement collectif des morts. Les pratiques dévotionnelles contemporaines de la Semaine Sainte, qui sont les principaux actes rituels de l’archiconfrérie, recouvrent également cette fonction d’anamnèse de l’ancien mode de vie agropastoral et catholique.
18Mais si la mise en place de la Croix de Passion semble avoir déjà existé avant la réactivation de l’archiconfrérie et correspond ainsi à une tentative de reproduction des rituels anciens, plusieurs autres éléments relèvent d’une « invention de la tradition » par les pénitents contemporains, au sens d’Eric Hobsbawm. Et bien que les anciennes générations ne les ont pas pratiquées, ces dévotions nouvelles sont intégrées dans le discours des pénitents comme un moyen de les relier avec leurs ancêtres. D’une part, un tableau représentant des pénitents portant un habit rouge a été retrouvé et interprété comme la trace du regroupement des pénitents noirs et des pénitents rouges de Tende au XVIIIe siècle. Le tableau est mis en avant dans la chapelle et pendant la procession du Vendredi Saint, trois pénitents noirs revêtent un habit rouge, en souvenir de l’ancienne confrérie rattachée. D’autre part, la procession du Christ mort a été instituée au moment de la réactivation, alors que la sculpture était inconnue des membres de la confrérie (elle a été trouvée dans le grenier de la chapelle) et que la procession de la Semaine Sainte se déroulait le Jeudi Saint au soir et selon un autre schéma. Jusqu’au milieu des années 1950, chaque confrérie partait d’une extrémité du village, avec à la tête du cortège un pénitent habillé d’un habit rouge chez les noirs ou bleu pour les blancs, qui portait une chaîne au pied et une croix, selon le modèle du catenacciu de Sartène. Les deux processions se rencontraient devant une chapelle au centre du village et récitaient le texte d’une Passion.
19Les deux éléments rituels mis en place au moment de la réactivation, l’habit rouge de l’ancienne confrérie et la procession du Christ mort, permettent donc de lire de manière nuancée les formes contemporaines de dévotion que les pénitents de Tende mettent en place. Leurs pratiques actuelles témoignent d’une forme de « bricolage » dévotionnel dont la logique n’est pas dictée par une fidélité formelle aux pratiques des anciens qui y sont honorés, mais plutôt un arrangement entre le stock du matériel rituel disponible et le discours de l’ancestralisation de leurs actes. De ce point de vue, les confréries de pénitents relèvent d’une catégorie classique de fabricants de rituels et d’usages des objets dévotionnels puisque ce n’est pas tant la conformité à l’ancien que la construction du lien entre le contemporain et le souvenir des anciens qui prime dans le processus rituel et mémoriel. Ce principe est clairement visible dans la mise en place du reposoir sur un modèle esthétique reconstruit à chaque mise en place, comme dans la volonté des pénitents de Tende de créer une procession pour la Semaine Sainte et d’intégrer les pénitents rouges, quitte à modifier les formes des dévotions qu’ils ont pu connaître18.
20Les ethnologues l’expérimentent depuis longtemps, ce que les acteurs revendiquent comme la tradition se rattache plus souvent aux enjeux du présent qu’à la répétition aveugle d’un contenu culturel puisé dans le passé19. Dans cette perspective, la mise en place du reposoir de l’archiconfrérie des pénitents noirs de Tende permet de penser le statut contemporain d’un usage rituel qu’un premier coup d’œil nous porterait à voir comme un acte, si ce n’est artificiel, au moins moribond et sur le point de tomber dans un oubli de sens. Au contraire, la confrontation des discours des acteurs avec la pratique telle qu’elle se fait aujourd’hui ouvre une perspective d’analyse du rituel qui met en avant son actualité. Revendiqué comme un hommage aux anciennes générations et comme un des actes religieux du cycle local de Pâques, la fabrication du reposoir s’inscrit dans la dynamique contemporaine de la sémantique des fêtes rurales.
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Notes de bas de page
1 Ce texte est issu d’une recherche en cours avec les deux confréries de pénitents de Tende, soutenue par l’Institut d’Ethnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative (MMSH, UMR 65091, Aix-en-Provence) et la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Je remercie Marlène Albert-Llorca pour la patiente relecture de ce texte, dont je reste seul responsable.
2 C. Bernardi, La drammaturgia della settimana santa in Italia, Milano, Vita e pensiero, 1991, p. 67- 70.
3 Ibid., p. 75-77.
4 J.-B.-E.Pascal, Origines et raison de la liturgie catholique en forme de dictionnaire, Petit-Montrouge, Migne, 1844, p. 1091-1092.
5 Ibid., p. 1137-1138.
6 Ces représentations sont d’ailleurs installées à l’intérieur d’un décor éphémère qui peut lui-même, par un effet de langage métaphorique ou métonymique, devenir lui-même cette image du Christ.
7 Les Croix de Passion utilisées pendant la Semaine Sainte restent un élément rare des pratiques rituelles et l’on n’en compte seulement huit sur l’ensemble du territoire des Alpes-Maritimes. Si un nombre considérable d’exemplaires font office de croix de mission et sont alors scellés à l’extérieur des bâtiments ou au bord de la route, seules celles de Tende et de la confrérie des pénitents bleus de Nice sont utilisées rituellement.
8 Ce type de sculptures se diffuse depuis l’Espagne et l’Italie à partir du XVIIe siècle, bien que les légendes associées à ces figurations rappellent que la statue du Christ mort a été fabriquée au village par des bergers ou des marins du XIIIe siècle. L’ancienneté légendaire de ces sculptures permet sans doute de les comparer avec les statues mariales qui sont également l’objet d’une invention narrative (M. Albert-Llorca, Les Vierges miraculeuses. Légendes et rituels, Paris, Gallimard, coll. Le temps des images, 2002).
9 Pour une définition des arma christi, voir B. Berthod et É. Hardouin-Fugier (dir.), Dictionnaire des objets de dévotion, Paris, Éditions de l’Amateur 2006, p. 31-32.
10 Van Gennep remarquait déjà une césure entre le début de la Semaine Sainte et la fin du cycle pascal : « Le jeudi, le vendredi, le samedi et le dimanche, au contraire [du début de la semaine] forment un tout dramatisé dans les Évangiles et le Rituel chrétien ; c’est à ce scénario que le peuple a ajouté des coutumes […] » (1947 : 1206). Cette césure semble accentuée aujourd’hui puisque les coutumes autonomes se rassemblent à Tende entre le mercredi et le vendredi soir.
11 Cf. Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Paris, Plon, 1960.
12 J. Boissevain, (dir.), Revitalizing european rituals, London, Routledge, 1992, p. 1-2.
13 Ibid., p. 8.
14 Ibid., p. 8. Pour une mise en perspective de ce cadre d’analyse, voir mon article « Fêtes, rituels et religion locale dans l’Europe contemporaine », in Hermès, n° 43, 2005.
15 M. Ségalen, Les confréries dans la France contemporaine. Les Charités, Paris, Flammarion, 1975 ; B.Lortat-Jacob, Chants de Passion. Au coeur d’une confrérie de Sardaigne, Paris, Ed. du Cerf, 1998 ; M.-H. Froeschlé-Chopard, Dieu pour tous et Dieu pour soi. Histoire des confréries et de leurs images à l’époque moderne, Paris, L’Harmattan, 2006.
16 H. Costamagna, « Les confréries de pénitents et l’identité du comté de Nice », in Giaume J.-M. et Magail G. (dir.), Le comté de Nice. De la Savoie à l’Europe. Identité, Mémoire, devenir, Actes du colloque de Nice, 24-27 avril 2002, 2006, pp. 75-96 ; M. Ducerisier, « Résistances identitaires des confréries de pénitents », in Giaume J.-M. et Magail G. (dir.), Le comté de Nice. De la Savoie à l’Europe. Identité, Mémoire, devenir, Actes du colloque de Nice, 24-27 avril 2002, 2006, pp. 97-106.
17 En raison du manque de place, nous insisterons ici principalement sur le premier point. Cependant, nous avons insisté tout au long de ce texte sur le rôle central que les femmes jouent dans l’archiconfrérie. Cette caractéristique n’est pas une originalité de Tende, les femmes d’Espagne (Albert-Llorca, op. cit.) ou de Grèce (K. Seraïdari, « Dans l’intimité de la Vierge. Dévotions au féminin et au masculin en Grèce contemporaine », in Clio, n° 15, 2002) contribuent majoritairement aux rites chrétiens contemporains. Les fonctions rituelles et religieuses des femmes de Tende, ainsi que leurs justifications narratives, s’inscrivent dans un découpage sexuel du travail rituel qui laisse aux hommes d’autres lieux de participation aux rites (portage de la statue) ou aux activités festives non religieuses (notamment le chant). Mais le caractère générationnel de ce découpage doit être souligné et pris en compte comme un facteur explicatif déterminant de la surreprésentation des femmes dans le champ des dévotions. Si ce sont bien actuellement des femmes qui fabriquent le reposoir, ce sont des femmes qui sont depuis une vingtaine d’années à la retraite, et veuves aujourd’hui pour la plupart, entrées dans la nouvelle confrérie le plus souvent en couple. Les femmes se retrouvent ainsi seules à assumer une part importante des tâches rituelles, administratives et représentatives de la confrérie.
18 On trouve également ce principe à la chapelle des pénitents noirs de Saint-Martin-Vésubie, dans une vallée voisine de la Roya, mais de manière beaucoup plus modeste. Alors que la confrérie des pénitents noirs est éteinte depuis le début du XXe siècle, une femme de soixante-dix ans, descendant elle-même d’une famille de pénitents et qui entretient encore la chapelle, fabrique un reposoir simple, sans qu’une dévotion particulière y soit aujourd’hui liée. Elle justifie l’installation de ce reposoir comme un acte de mémoire envers les anciens confrères qui l’ont précédée, ceux-ci devant trouver dans cet acte un signe de reconnaissance et de respect.
19 J. Pouillon, « Tradition. Transmission ou reconstruction », in Fétiches sans fétichisme, Paris, Maspero, 1977 ; G. Lenclud, « La tradition n’est plus ce qu’elle était... », in Terrain, n° 9, 1987.
Auteur
Institut d’Ethnologie Méditerranéenne, Eruopéenne et Comparative – UMR 6591
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