Le pouvoir familial dans l’Université : le cas de Salamanque à l’époque des Révolutions de Castille
p. 727-741
Texte intégral
1Ce travail concerne le pouvoir et le savoir qui considère la famille comme sa principale variable d’analyse. Je présente ici quelques réflexions sur la question du pouvoir, et j’ai choisi l’époque de l’empereur Charles V (1516- 1556), au moment où son pouvoir a été mis en cause par un groupe de personnages liés aux Comunidades de Castille et dont certains appartenaient ou avaient appartenu à l’Université de Salamanque. C’est justement le fonctionnement de cette institution, plongée dans un réseau plus vaste de pouvoir, qui permet d’approcher plus précisément la question du « grand pouvoir » dans la première moitié du XVIe siècle.
2J’ai choisi le cas de Salamanque pour plusieurs raisons qui ne se réduisent pas à un ensemble de faits locaux. Salamanque était, à cette époque-là, une des cités les plus importantes du royaume de Castille, par le nombre de ses habitants, par son dynamisme économique et aussi parce qu’elle était la seule ville dans toute la province à pouvoir voter aux Cortes. En outre, elle bénéficiait de très bonnes communications avec les autres villes importantes de la région (Ávila, Toledo, Madrid, Valladolid, Burgos et Zamora) dont elle occupait presque le centre géographique. Il faut ajouter que Salamanque était proche de Medina del Campo, foyer d’échanges commerciaux d’importance internationale et de Valladolid, siège de la cour jusqu’en 1561. Enfin, et peut-être surtout, Salamanque comptait la plus importante université de la péninsule ibérique, considérée comme l’une des « quatre lumières » de l’Europe occidentale.
3Cette étude tente de dévoiler les relations entre le pouvoir et le savoir à une époque où le pouvoir se sentait attiré par le savoir et où le savoir a pu exercer un réel pouvoir. Dans cette étude j’essayerai de montrer comment le savoir a agi afin d’accéder au pouvoir. Dans ce but on se doit d’analyser des questions telles que la monarchie, la Cour, ou la Haute Administration – détentrices d’un pouvoir institutionnel – et l’université. Nous ferons de même avec le savoir pour finir par aborder la question du pouvoir. L’époque choisie est un moment très important durant lequel il a fallu déterminer et surtout définir la place du savoir dans le cadre général du pouvoir, moment qui d’ailleurs a coïncidé avec une prise de conscience des détenteurs du savoir, qui se sont rendus compte que l’heure de faire face au pouvoir était arrivée.
4Toutes ces interrogations supposent le recours à une méthode, ou à une combinaison de méthodes que j’essayerai de systématiser en une méthode propre. Ce faisant, j’adhère à ce que propose P. Burke quand il suggère de commencer par le général, autrement dit le contexte, d’identifier le problème et fusionner l’un dans l’autre en replaçant les idées dans ce contexte1 et ensuite retourner au général, vérifier la réalité du problème et ainsi s’acheminer vers la construction d’une histoire totale2.
5En ce qui concerne ces questions, j’ai utilisé les apports des historiens de la famille. Pourquoi ? Parce que dans la recherche de réponses, au-delà des individus qui s’imposent comme des sujets d’analyse, se trouvent les liens, surtout familiaux, qui les unissaient et quand on les approfondit, on trouve un ensemble de relations qui, sans aucun doute, contribuent à donner une vision plus nette de la question du pouvoir, de sa construction et de sa mise en marche à une époque qui, malgré tout ce que l’on a déjà écrit, a encore beaucoup à nous apprendre sur sa véritable réalité.
6Ainsi donc, pouvoir de familles ? Familles détenant un pouvoir ? Le pouvoir des familles ? Les familles dans le pouvoir ?… L’histoire de la famille, en tant que fondement du système de relations sociales3, était un thème que je ne pouvais laisser de côté. Pour F. Chacón, l’histoire de la famille est dans une situation complexe. Il souligne d’abord son énorme importance comme outil au service de la compréhension des systèmes de relations sociales pour l’Ancien Régime. Dans le même temps il insiste sur la difficulté à trouver un terrain qui soit commun à cette historiographie en termes de problématiques, de synthèses et même de simple mise en interrelation des différentes variables qui sous-tendent ses analyses. En ce sens, dans ce travail je devrai m’éloigner des modèles les plus classiques4 qui, certes, nous apportent beaucoup d’éléments, pour utiliser d’autres analyses qui me semblent plus suggestives pour aborder la problématique que je présente5.
7Salamanque offre la possibilité d’étudier les relations de pouvoir développées dans son voisinage, mais surtout, dans un de ses centres de pouvoir, à savoir l’université ; elle offre aussi l’opportunité d’observer comment une ville, qui, sans doute est très représentative, s’intègre dans l’ensemble.
8Pour cette analyse, j’ai employé la méthode prosopographique : l’étude collective de la vie des membres d’un groupe6. Il y a cependant une approche qui vient interférer dans la démarche suivie ici, à savoir celle de la microhistoire conçue comme un des instruments au service de l’histoire sociale, selon la proposition de G. Levi7. Conformément à ce projet, cette démarche suppose l’étude d’un cas considéré comme représentatif d’une histoire sociale plus large. Son propos est bien la reconstitution des hiérarchies sociales par le biais des négociations, des conflits et de toutes les autres vicissitudes qui contribuent à la construction du social. On ne peut étudier ces mécanismes que si on réduit l’échelle de l’observation, comme c’est le cas dans notre travail qui s’inscrit résolument dans cette perspective microhistorienne et non pas dans celle de la longue durée. Je fais allusion ici à ceux qui ont tenu compte des relations mais qui n’en oublient pas moins trop souvent l’individu, à la façon de J.P. Dedieu et C. Windler8, et considèrent erroné de prendre comme point de départ le système politique dans lequel s’insèrent les familles.
9D’un point de vue méthodologique, ce travail veut être un apport à l’histoire culturelle du social à travers l’histoire de la famille. Il prend les individus et les groupes sociaux comme point de départ ainsi que le système politique central lui-même, à savoir la Cour avec le roi et la Haute Administration. Cet ensemble constitue un espace d’intégration et de distribution du pouvoir. Une fois identifié le problème, on descend jusqu’au particulier et, suivant la proposition de Burke, on retourne au général pour vérifier la validité de l’analyse : en d’autres termes on passe du général au particulier avant de revenir au général9.
Les relations entre le pouvoir et le savoir : l’université de Salamanque et la monarchie de Charles V dans la première moitié du xvie siècle
10Il nous faut d’abord considérer deux grandes réalités : la monarchie/empire de Charles V et l’Université de Salamanque, dans l’Espagne de la première moitié du XVIe siècle. Je pense que ces deux réalités entrent en action moyennant un groupe de hérauts, porteurs, pour quelques-uns d’entre eux, de projets institutionnels propres à chaque groupe que l’on peut appeler les omes sabidores (les hommes de savoir).
11L’idée c’est de voir ces hommes de lettres, qui ne sont pas des lettrés10, dans ces lieux où se trouvent les représentants légitimes du projet monarchique et du pouvoir institutionnel pour la construction – consciente ou inconsciente – de l’Etat moderne, ce qui nous oblige, encore une fois, à parler de la Cour et de l’université. Et cela m’amène surtout à présenter un échantillonnage des attitudes pour essayer de démontrer l’existence d’une véritable lutte pour le monopole du savoir.
12Si nous considérons toute cette période et prêtons attention à ces rencontres réalisées dans l’entourage du pouvoir, entre les visiteurs royaux – en tant que représentants du souverain – et les hommes de lettres de l’Université de Salamanque, on pourrait conclure qu’il était très évident que celle-ci avait construit un cercle de contre-pouvoir. Les relations entre les agents de ces deux grandes institutions (macroréalités) connurent plusieurs étapes depuis la tentative de domination et de manipulation par la monarchie et ses représentants jusqu’à la négociation et l’entente entre les deux parties, tout au long de presque cinquante ans. Mais la fin de cette époque, caractérisée par l’entente et la négociation, eut pourtant un début marqué par une nette opposition : les événements de 152911, qui ont leurs racines dans une opposition au pouvoir, dans l’université comme hors de l’université ainsi que dans l’entourage du pouvoir lui-même.
13Conformément à la devise inscrite sur le blason de l’université « Les Rois à l’Université, et l’Université aux Rois », il est permis de penser que les relations entre ces deux grandes réalités étaient « amicales » à l’époque des Rois Catholiques. Mais alors, comment expliquer les événements de 1529 qui ont opposé le conseil académique – le claustro – aux visiteurs royaux ? Que s’est-il donc passé ? Pourquoi les relations furent-elles amicales jusqu’à l’arrivée de ces visiteurs qui marque le début de l’hostilité réciproque ?
14Je pense que les Comunidades de Castille offrent quelques réponses à ces questions parce que l’Université de Salamanque n’a pas pu rester en marge de ces événements. Quelles furent donc les attitudes des hommes de lettres salmantins vis-à-vis des Comunidades ? Se placèrent-ils, eux et leur savoir, au service de l’indifférence, de la couronne ou bien au service de leurs intérêts personnels ou de ceux de l’Estudio ?
15En observant les attitudes de ces hommes de lettres, je me demande où et quand ils acquirent cette méthodologie, cette rhétorique de la discussion et de l’opposition. Si dans les Comunidades intervinrent l’église, la noblesse, la paysannerie, la monarchie avec ses représentants... que se passa-t-il avec les hommes de lettres ?
16Les bandos (ou factions armées) furent une des caractéristiques de Salamanque et jouèrent un rôle important à cette époque-là. Cela nous donne un contexte spécifique12. Or une lutte pour le pouvoir implique aussi un affrontement dans la bataille avec l’emploi d’effectifs importants, et c’est ce que fit Salamanque avec ses caballeros lorsque le conflit éclata. Elle y intervint de trois façons : tout d’abord dans le cadre des débats « parlementaires » et idéologiques, c’est-à-dire aux Cortes, dans les discussions avec la reine – Juana – et en faisant partie de la Junta (assemblée) de Ávila. Elle fit aussi la guerre en son nom et, en outre, donna son appui à d’autres villes rebelles. Finalement, Salamanque participa au conflit à travers son université13.
17Dans ce travail, j’analyserai particulièrement cette dernière participation, c’est-à-dire le moment où l’Université de Salamanque instaure un contrepouvoir, ce que j’expliquerai en fonction de quelques personnages qui nous introduisent dans la question concrète des familles de pouvoir et du pouvoir familial dans l’Estudio salmantin. Pour tous ces personnages considérés14, et par conséquent pour ceux qui illustrent cette réflexion, je me propose de mener une étude systématisée autour de quelques points : 1) la famille et sa composition, liens d’union avec d’autres personnes et place dans la société salmantine ; 2) les membres du groupe dans l’Université et dans l’entourage du pouvoir ; 3) la participation directe ou indirecte dans le mouvement des Comunidades pendant le conflit et après. J’appliquerai toutes ces interrogations à l’étude des Maldonado, personnages qui, dans l’ordre universitaire, figurent en tant que professeurs, étudiants et officiers.
Les Maldonado
18Les Maldonado, c’est la famille choisie pour cette étude de cas. Qui sont-ils ? Pourquoi les avoir choisis ? Que peuvent-ils apporter à ce que je veux démontrer ?
19Avant de répondre à ces trois interrogations, je voudrais présenter à gros traits ce groupe familial. Un élément qui s’est imposé dans le choix de cette famille a été le fait que deux Maldonado précisément – Pierre et François – avec Bravo y Padilla devinrent les chefs des révolutionnaires castillans. Parmi les personnages les plus liés aux Comunidades, j’ai donc choisi deux chefs très représentatifs et, en me basant sur eux, je reconstitue une famille qui fut réputée dans tous les sens du terme, mais en même temps difficile à définir. Voici quelques-uns des problèmes qu’elle m’a posés. Beaucoup de personnages ont le même prénom, le même nom, parfois les mêmes dates de naissance ou de mort et, pourtant, ce sont des personnes différentes. Nous pouvons dire qu’il n’existe pas une « famille » Maldonado, mais bien des « familles » Maldonado. Voilà bien la première précision à apporter pour aborder la question.
20Je présenterai ici les résultats de la recherche sur une de ces familles Maldonado : celle dirigée par le docteur Rodrigo Maldonado de Talavera, grand-père d’un des chefs révolutionnaires, Pierre Maldonado Pimentel. Mais je dois signaler tout de suite qu’au moins trois familles encore – également de Maldonado – doivent être étudiées pour compléter l’ensemble de notre objectif : celle de la sœur du docteur, doña Constanza Maldonado, mariée avec Ruidiaz Cervantes, fondateurs d’une grande dynastie de nobles, d’inquisiteurs, de collégiens, d’ecclésiastiques de haut et moyen rang ; la famille de l’agrégé d’université González de Deza, avec laquelle s’unirent les Maldonado de Monleón ; et la famille de Francisco Maldonado, l’autre révolutionnaire, marié avec Ana Abarca, fille d’un autre agrégé d’Université de Salamanque, le docteur de la Reyna. Dans le cadre de ma recherche, je suis en train de reconstituer ces familles, mais l’avancement actuel de mes recherches ne me permet d’en aborder qu’une, celle qui reste cependant la plus adaptée pour répondre aux interrogations initiales. En reprenant les trois questions proposées pour systématiser l’analyse, nous entrons dans l’étude concrète de chacune d’elles.
1) La famille et sa composition, ses liens avec les autres personnages, sa place dans la société salmantine
21Un manuscrit, resté jusqu’à nos jours méconnu, nous éclaire là-dessus et précise la composition de cette famille, qui je complète avec les données d’une autre documentation15 :
22« El Doctor Rodrigo Maldonado... señor de Babilafuente y de Avedillo y de Guerta... Fue natural de Salamanca... lo mismo fue Arias Maldonado su hijo mayor... Fue el doctor hijo de Diego Gómez Maldonado... y de Theresa Carrillo... El doctor fue nieto de Rui Díaz Maldonado cuya mujer no sé el nombre... descendientes llenos de ávitos, inquisiciones, colegios, Iglesia mayor de Toledo y Cofradía insigne de San bartolomé de Talavera que es la puerta por donde los comisarios han de entrar para liquidar los dichos linages y otros que preteden todo lo arriba dicho... Dejó hijas el doctor en doña Marina Álvarez de Porras, natural de Çamora adonde en el Monasterio de la Orden de San Salvador quedó una, e otra (doña Catalina) se casó con Pacheco de quien vienen los marqueses de Cerraluyo y el cardenal Pacheco, primer arçobispo de Burgos e yo le conocí presidente de la Signatura de la Inquisición, que es lo que acá inquisidor general. Otra casó con cavallero de Ciudad Rodrigo que se llamava Felix de Silva, otra (doña Isabel) casó en Salamanca con Diego Guzmán, junto a San Pelayo, cuyos hijos son don Juan de Guzmán, y Pedro de Guzmán, casado con Isabel Maldonado, y Gabriel Luis. E otra -su hija natural Elvira- casó en Plaçençia con Hernando Álvarez de Baesa. Tuvo otro hijo el doctor que se llamó don Rodrigo Maldonado, del ávito de Santiago...»16.
23« Rodrigo Arias Maldonado, (le fils aîné du docteur qu’il s’était marié avec Juana Pimentel), tuvo por hijos a Rodrigo Maldonado -quien casó con Ana de la Cueva, hija natural del duque de Alburquerque-; a Pedro Maldonado Pimentel, señor de Babilafuente, el que muere degollado en Simancas por comunero; a Alonso Pimentel (Maldonado) de Salamanca; a doña Inés Enríquez (Zúñiga) – que casó con Diego López de Tejeda, nieto del maestre de Santiago don Alonso de Tejeda, y también comunero –; y a Ana Pimentel, casada con Alfonso de Sousa..; más sus hijas monjas Marina (en el Monasterio de Sancti Spíritu de Salamanca), Catalina (en el Monasterio de Santa Clara de Salamanca), Ana y María »17.
24Compte tenu des objectifs de ce travail et des limites de cet article, parmi les membres de cette famille je dois choisir les plus représentatifs, à savoir le docteur Rodrigo Maldonado de Talavera, chef de la famille choisie, et son petit-fils, don Pedro Maldonado Pimentel, le révolutionnaire comunero.
2) Les membres du groupe dans l’Université de Salamanque et dans l’entourage de pouvoir
Le docteur Rodrigo Maldonado de Talavera
25« fue oidor de Valladolid y alcalde de Corte siendo licenciado, fue después del Consejo Real y embajador de Inglaterra, e hizo las paces con Portugal por 101 años. Fue señor de Babilafuente y de Avedillo y de Guerta, dejó año de 1517 -que murió-doce mil ducados de renta y con cada ducado una fanega de pan. Fue natural de Salamanca y regidor della... Fue el doctor hijo de Diego Gómez Maldonado mayor de Talavera que entonces era una gran cosa y la proveía el ayuntamiento. Era suya la capilla mayor que ahora es colateral del Monasterio de San Francisco y eran suyas las casas que ahora son de los corregidores, los molinos de Cavanillas y el Majuelo de don Pedro y otra mucha hazienda que heredó de su padre y de Theresa Carrillo su madre. Recibió cartas en la Casa de Tejeda que oy tiene la suya de las Benezas en que el Rey Cathólico le serbía al magnífico su hijo »18.
26Il fut aussi titulaire d’une des valías (factions) dans les bandos salmantins, celle de San Benito. Comment ce docteur construisit-il son pouvoir ? Et surtout comment arriva-t-il à intégrer la haute société salmantine ?
27Il existe deux documents très intéressants qui nous fournissent de nouvelles informations. Le premier est une lettre de la faction du Santo Tomé au comte d’Alba (qui n’était pas encore devenu duc), dans laquelle on le renseigne sur certains problèmes surgis à propos de la désignation comme regidor de la cité du docteur Talavera (appartenant à la faction du San Benito), charge à laquelle prétendaient des membres du bando opposé, tout particulièrement le licencié Villalón et Alfonso de Miranda19. Dans ce document, on dit qu’on ne comprenait pas « que tan ligeramente e por tan livianas cosas podíamos perder la grand parte que en Vuestra Merçed e Casa donde tanto el dicho nuestro linaje e nosotros e de tan antiguos tienpos acá avemos servido e de cada día servimos pensávamos que teníamos »20. En tout cas les signataires de la lettre décrivent clairement les mécanismes qui lient leur faction avec le futur duc d’Alba.
28Dans une lettre postérieure21, les membres de la faction du Santo Tomé, quand ils virent qu’ils n’étaient pas exaucés puisque le duc décidait d’accorder la charge de régidor au docteur Talavera, lui rappellent les services rendus à sa famille et lui demandent de reconsidérer sa décision. Cette lettre a été fondamentale afin d’éclaircir l’arrivée du docteur aux fonctions qu’il allait occuper : « porque en este caso deste regimiento paresçe que plaze a Vuestra Señoría quererlo quitar a dos principales parientes nuestros e lo fazer menos de nuestro linaje e bando para lo dar e acreçentar al bando contrario e al doctor de Talavera, que es persona prinçipal de él, deziendo que tyene Vuestra Merçed de él grandes cargos »22.
29Nous observons à nouveau le recours à la famille et aux factions comme arguments de base. Dans un second temps, le document décrit tout ce que jusqu’alors le docteur Talavera avait reçu de la part du duc d’Alba : la chaire de vêpres – honneur appuyé par le bando Santo Tomé – ; soixante-dix mille maravedíes en argent, pour une chaire de prima alors vacante et bien d’autres faveurs ou dons en maravedíes de juro, « tanto que de la dicha cátedra e juro que Vuestra Merçed le dio tyene cada año de renta en esta çibdad más de cient mil maravedíes »23.
30Un des arguments avancés explique que : « oy (en 1472 ou avant) ha quatro años el non morava en Salamanca nin en ella tenía un maravedí de renta nin creemos que Vuestra Merçed le conoscía. E aunque cosa alguna non le oviere dado sentymos a mui grand agravio ver que Vuestra Merçed toma lo suyo a nuestro linaje e parientes e lo da al dicho doctor e a nuestros contrarios »24.
31J’ai suivi dans les Libros de Claustros (actes de tous les événements de l’Université) la présence du docteur dans l’Université de Salamanque et le travail développé avant son départ pour la cour. Je présente ici quelques points essentiels de l’information recueillie.
32Le premier renseignement dont nous disposons sur les débuts universitaires de Rodrigo Maldonado nous mène au 16 novembre 1468 quand, devant le recteur Lope García de Salazar et les consiliarios (les conseillers), don Rodrigo passa le concours en vue d’obtenir la chaire du prima des lois25. A cette occasion, Talavera présenta comme garants Martín Rodríguez, chiffonnier, Francisco de la Fuente, bachelier, Antón Paz, archidiacre de Camaces, Fernando de Salamanca, également chiffonnier et Alonso de Zayas, écuyer de l’évêque du Salamanque. L’identité et la profession de ces garants sont très importantes pour reconstruire les réseaux et les connexions dans la formation du pouvoir de cette famille.
33Au mois de janvier de 1469, le claustro de l’université permit l’accès au doctorat du licencié Talavera Maldonado et lui donna un délai de 5 mois pour obtenir le grade de docteur ès lois. Dès avril, il apparaît comme étant déjà docteur et est élu professeur député (diputado catedrático) ; le 1er décembre enfin nous avons un premier écho de la présence de don Rodrigo à la Cour.
34Le docteur Rodrigo Maldonado meurt en 1517 mais son influence continua à s’exercer et les réseaux de pouvoir qu’il avait fondés ne disparurent pas. En fait, son legs sera confisqué à cause de l’appartenance de son petit-fils don Pedro aux Comunidades.
Don Pedro Maldonado Pimentel
35Je vais maintenant présenter le dernier membre des Maldonado qui clôture cette étude. Il s’agit de Pedro Maldonado Pimentel, dont je rappelle qu’il était fils de Rodrigo Arias Maldonado, petit-fils du docteur Rodrigo Maldonado de Talavera, et neveu du comte du Benavente. Il fut simultanément capitaine et l’un des chefs des révolutionnaires des Comunidades de Castille, seigneur de Babilafuente regidor de Salamanque et procureur dans la Junta Comunera (autrement dit le conseil des Comunidades). Il meurt décapité à Simancas. Il était lié à d’autres Maldonado : spécialement à François, un autre des chefs révolutionnaires qui était à la fois son cousin et son lieutenant ; au licencié Lorenzo Maldonado qui, d’après les documents, faisait tout ce que don Pedro lui disait26 ; à Juan Álvarez Maldonado, seigneur du Barregas et messager de don Pedro ; et à son cousin Diego López de Tejeda, marié à la sœur de don Pedro, Inés Enríquez27. Quant aux sources de l’époque, elles le décrivent, avec son cousin, Francisco Maldonado, comme de jeunes gens pleins de courage et d’énergie28. Voyons donc ce don Pedro en action, ce qui nous fera entrer dans la troisième question que j’avais annoncée au début de cette étude.
3) La participation directe ou indirecte dans le mouvement comunero, au cours des préliminaires des Comunidades, pendant le conflit et après
36En 1518, aux Cortes célébrées à Santiago-La Coruña, nous pouvons voir don Pedro aux origines de la construction d’une opposition au pouvoir du roi :
37« E luego incontinenti, estando los dichos señores presidentes, asystentes, letrados de Cortes en la dicha capilla juntos a las dichas Cortes, entraron en ella don Pedro Maldonado Pimentel e Antonio Fernández, regidores e procuradores que se dixeron ser de Cortes de la ciudad de Salamanca, con poder que decían que trayan para ser procuradores de Cortes, el qual, visto por los dichos señores, les dixieron quel dicho poder no era de la justicia e regidores de la dicha ciudad de Salamanca, ny fecho ny otorgado en el ayuntamiento della, ny por las personas que lo debían otorgar, por lo qual, y por otras causas que resultaban del dicho poder, no era bastante, ny le habían por tal, ny a ellos por procuradores de Cortes, ny les admitían a ellas por virtud del dicho poder, e ge lo mandaron tornar, los quales lo rescivieron.... e otro dicho día en la tarde todos los dichos procuradores, ecebto los de Salamanca, que no vinyeron a usar del dicho poder que así les había sido enviado por la dicha çiudad, fueron a palacio »29.
38Comme cela est connu de tous, en 1520, « lebantaron por su capitan general a don Pedro Maldonado, el qual hechó de la ciudad a los demás caballeros contrarios a su parcialidad, y hizo de manera que el correjidor saliese della, dejando la administración de la justicia más de temor que de grado. Y la ciudad puso justicia y hizo lo que adelante se dirá... Confederáronse luego todas la ciudades reveldes donde no se apellidava otro nombre que VIVA LA SANTA COMUNIDAD y para tratar de la defensa común, embocadas de la de Toledo, determinaron celebrar la Junta General en la ciudad de Ávila, y para ser principio a ella se señaló el domingo 29 de julio »30.
39Au mois de mai 1520, nous trouvons ces renseignements tirés d’une lettre écrite par le corregidor de Salamanque au cardinal du Tortosa: « ... hablando en lo que avían de hazer por Segovia ubo palabras entre don Pedro Maldonado y Francisco Ribas, criado del arçobispo de Santiago y pusieron mano a las espadas, sobre ésto ubo gran alboroto y repicaron las campanas y davan gritos buscando a don Pedro Maldonado, y el corregidor salió pensando remediar el alboroto con mucho peligro de su persona, no pudo tanto que no pegasen fuego a la casa del dicho Francisco Rribas y se quemó toda y buscándole para le ahorcar quemaron la puerta de San Francisco y cataron a Santisteban, de allí dize que le dixeron que entrase en las casas de los cavalleros a buscar las armas sino que ellos entrarían y luego pegaron fuego a la casa de don Bernaldino del Castillo y buscáronle las armas que tenía y al arçobispo y a don Alonso su sobrino, y a don García Manrique y a Antonio Enríquez y al comendador Miranda y a otros muchos cavalleros yendo más de dos mil hombres armados »31.
40Un mémorial du licencié Martin Villa montre les procédés utilisés par don Pedro Maldonado pendant les Comunidades à l’égard des personnes qui appuyaient le roi: « e por que yo hera uno de los dichos criados e señores de Vuestra Cesárea Majestad porque he servido a los Reyes Católicos, de muy gloriosa memoria, e a Vuestra Sacra Majestad, de veynte años a esta parte, teniendo cargo de justicia en muchas cibdades destos sus reynos... me mandaron prender e prendieron por ser su servidor e no porque ubiere otra cabsa ni razón alguna e me mandaron matar e ahurcar e me tiraron muchas cuchilladas por su mandado llevándome preso, e milagrosamente Dios me quiso escuchar, el dicho don Pedro e los susodichos todos juntos estando en su ayuntamiento en las casas del regimiento me mandaron traer en la vergüença con una mula, cavallero en un arno e con pregón público por las plaças e calles de la dicha cibdad publicándome por traydor sin me querer oyr ni dar razón de cosa alguna por me robar como me robaron e por ello me pedía, el dicho prior Álvar Gómes, dos mil ducados e que no me ahurcaron, e les fue prometido por mí e de mi parte mil ducados de oro e no contentos me condenaron a perdimiento de todos mis bienes e me saquearon mi casa en que me robaron novecientos e setenta e dos ducados de oro e diez reales en una baça de plata e muchas ropas de seda e de paño e muchas joyas e armas e tapices e otras cosas ricas e mulas e azemilas e cosas de maderas e arcas e mucho número de libros de molde e mano e de papel e pergamino e vino e cubas e pan, trigo e cebada que valdría todo hasta cinco mil ducados de oro e siendo yo inocente e sin culpa e por perpetrar los dichos delitos e robos e fazerme la dicha injuria cayeron e yncurrieron en grandes e graves penas, criminados en sus personas, deven ser executados ans_ contra el dicho don Pedro por fazerse corregidor e justicia mayor e usar de la preheminencia de Vuestra Majestad alborotando el reyno...»32.
41Pour résumer cette présentation, je renvoie le lecteur à la condamnation prononcée par l’empereur à propos des événements du Villalar, dans laquelle on parle de 24 personnes de Salamanque: « Don Pedro Maldonado, vesino y regidor ya ajusticiado señor de la Casa de las Conchas, Diego de Guzmán, procurador en la Junta;... el licenciado Maldonado...»33. Une information sur qui sont les principaux agiteurs à Salamanque, dit: « ... e syéndoles preguntado que dygan e declaren quiénes e quáles personas fueron los que más alborotaron e escandalizaron la cibdad de Salamanca fueron mas deservidores de Sus Magestades lo que declararon son los siguientes: don Pedro Maldonado Pimentel, prencipal deservidor de Su Magestad; Diego de Guzmán, ha sido la ra_z e sustentación de los delitos de la cibdad; Diego de Texeda, hijo de Francisco de Texeda, desposado con la hermana de don Pedro Maldonado...»34.
42Au mois de mai 1521, un témoignage nous révèle que don Pedro est alors prisonnier à Simancas: « Nendo Noguerol, alcaide de la fortaleza de la villa de Simancas: sabed que el conde de Benavente por mi mandado envía a esa fortaleza a don Pedro Maldonado, por ende yo vos mando que le rescibáis y tengáis en ella preso e a buen recabdo y no le déis ni entreguéis a persona ninguna sin nuestra licencia y mandado porque así cumple a nuestro servicio »35.
43Le premier avril 1523, le roi adressa une Cédule Royale où l’on peut constater qu’il fut au courant du procès et qu’il n’en maintint pas moins la sentence: « El rey: Por quanto don Pedro Maldonado Pimentel, vecino y regidor que fue de la cibdad de Salamanca, fue condenado por sentencia del nuestro Consejo a pena de muerte natural e fuese degollado e perdimiento de todos sus bienes muebles e raices y del mayoradgo que hizo el doctor Rodrigo Maldonado de Talavera, su ahuelo, aplicados a nuestra Cámara e fisco por causa de aver cometido contra nos e nuestra Corona real crimen legis magestatis e perdurionis e otros ecesos y delitos que son notorios en nuestros reynos contra nuestro servicio en tienpo de los alborotos de comunidad que ovo en ellos e la sentencia fue executada en su persona haziéndose justicia del e dada Executoria della e executada en sus bienes e porque podría ser que en algúnd tienpo no paresciese el proceso que contra él se hizo e si dixiese que no fue tan sentenciado como devía e convenía hazerse e porque sus delitos fueron tan notorios que no hera menester hazerse proceso ninguno contra él sino por sóla la notoriedad de los dichos delitos condenarle e executar como se executó contra él la dicha sentencia en la villa de Simancas donde estava preso, por ende por la presente porque en ningúnd tienpo se pueda alegar ni oponer defeto alguno por ninguna persona contra el proceso y sentencia y Executoria que se hizo e dio contra el dicho don Pedro de nuestro propio motu e ciencia cierta e poderío real absoluto de que yo quiero usar y uso para efeto que la dicha sentencia proceso e Executoria vayan e sean firmes suplo qualesquier defeto que aya avido e se pueda dezir e alegar que ovo en el dicho proceso fecho contra el dicho don Pedro e en la dicha sentencia e Executoria della as_ de sustancia como de solenidad por manera que ningúnd tienpo pueda aver ni aya cabsa ni dificultad ni inpedimiento que puede ostar ni inpedir en cosa alguna la condenación fecha contra el dicho don Pedro en su persona e en el dicho su mayoradgo e bienes; e mandamos a los del nuestro Consejo e oydores o otras qualesquier justicias que as_ lo guarden e cunplan e hagan guardar e conplir e queremos e mandamos que a la dicha sentencia e Executoria dada contra el dicho don Pedro e sus bienes e mayoradgo se dé entera fé puesto que no paresca el proceso por donde se dio aunque se digan e aleguen qualesquier defectos contra ella; fecha en el Monasterio de Balbuena, a primero de abril de 1523 años, firmada de Su Magestad referencia de Cobos, señalada del gran chanciller e dotor Carvajal...»36.
Conclusions
44J’ai essayé de montrer comment agit le pouvoir en attirant l’attention sur les personnages de l’Université de Salamanque qui, d’un côté, étaient en connivence avec le mouvement comunero et, de l’autre, construisaient l’ensemble relationnel qui apparaît tant à l’intérieur de la société salmantine qu’à l’intérieur de l’Université. J’ai pu le faire en reconstruisant les mécanismes du pouvoir utilisés pour constituer un cadre de contre-pouvoir. Celui-ci a été élaboré à partir du savoir et par rapport à trois grandes réalités : la monarchie, l’Université du Salamanque et la Révolution Comunera.
45Dans ce sens, l’histoire de la famille, et surtout celle des familles de pouvoir, m’ont permis d’étudier un groupe que j’ai considéré comme paradigmatique. Avec les renseignements récoltés sur ce groupe, j’ai pu, suivant en cela la méthode proposée par Peter Burke, retourner au général, et en fournir d’autres concernant les relations du pouvoir à l’époque du Charles V. Les Maldonado nous renvoient à d’autres personnes et nous permettent alors d’approcher les mécanismes du pouvoir, où sont en jeu les grâces, les chaires, les postes dans les institutions de la ville – qu’il s’agisse de l’université, du corregimiento ou de l’église – les menaces, l’apparition dans l’Estudio des témoins provenant des villages qui appartenaient aux domaines de cette famille et qui, à leur tour, appartenaient aux différentes corporations...
46En bref, la famille Maldonado – au moins sous l’aspect ci-dessus considéré – participa directement aux Comunidades de Castille et, en même temps, maintint des liens étroits avec l’Université du Salamanque. Les bases de son pouvoir furent la famille et l’argent – des rentas, juros, proprietés et titres – facteurs qui bien évidemment agirent sur un plan tant horizontal que vertical. Ce faisant, ils mettaient en mouvement les mécanismes du pouvoir qui, dans le cas abordé, était étroitement associé au savoir37.
Notes de bas de page
1 Möller Claudia, « Entrevista a Peter Burke », Revista del PRIMED-CONICET, 7, Buenos Aires, 1997. Je présente le mot en anglais, parce que l’auteur a consideré que n’existait pas un traduction convenable du contenu qu’il voulait exprimer. Voir aussi la version revisée par l’auteur lui-même : Möller Claudia, « Entrevista a Peter Burke », Revista Clío, 17. Madrid, 2000.
2 Peter Burke a soutenu qu’il est indispensable d’adopter cette voie comme méthode : du général au particulier et retour au général. Il emploie cette démarche dans ses propres œuvres : Cultura y Sociedad en el Renacimiento ; Venecia y Amsterdam ; La cultura popular ; Ensayos de Historia antropológica o antropología histórica. Il en fait de même dans la rédaction d’un ouvrage sur la Renaissance, sur lequel il était en train de travailler à ce moment-là. A ce propos, il disait : « ... Je retourne à la Renaissance avec une vision plus générale ; ce sera la deuxième fois que j’écrirai sur l’Europe dans son ensemble ; une fois la culture des élites, un autre sur la culture populaire, puis sur les relations entre les deux et... encore la Renaissance : dans un certains sens, ce sera un cercle ».
3 Chacón Jiménez Francisco y Hernández Franco J., Poder, familia y consanguinidad en la España del Antiguo Régimen, Barcelona, 1992.
4 Je renvoie le lecteur à l’abondante production historiographique qui a suivi l’interprétation faite par Talcott Parsons, Family, Socialization and Interaction Process, New York, 1955. Elle plonge ses racines dans la sociologie du XIXe siècle, tout spécialement dans les études de Frédéric Le Play. La critique qu’en a faite Peter Laslett a suscité de profondes controverses, mais sustanciellement a montré l’imprécision de cette vision évolutionniste : la famille nucléaire a été le modèle prédominant de la société européenne depuis le Moyen Age. Laslett Peter et Wall Robin, Household and Family in Past Time, Cambridge, 1972.
Par la suite, les recherches sur la famille se sont faites plus systématiquement dans cette direction, bien que l’analyse se soit étendue par la prise en compte des considérations culturelles, psychologiques et économiques, par celle de la diversité géographique, et enfin par la prise en compte du cycle de la vie. Un grand nombre d’études ont été publiées depuis 1972, synthétisés par exemple par Anderson Michael, Approaches to the History of the Western Family, 1500-1914, Londres, 1980. Mais les débats ont toujours concerné l’organisation de la famille et on n’a presque pas attiré l’attention sur les réseaux de relations extérieurs dans lesquels se trouve impliquée la famille, et par lesquels elle prend sa signification. C’est une perspective absente dans Robin Wall et Peter Laslett.
5 J’attire ici l’attention sur les auteurs et les œuvres qui ont été les plus utiles au développement de mes réflexions. Burgos Esteban Francisco, Los lazos del poder. Obligaciones y parentesco en una elite local castellana en los siglos XVI y XVII, Valladolid, 1994, spécialement le travail de F. Marcos ; Yun Casalilla Bartolomé, “La aristocracia castellana en el seisientos. ¿Crisis, refeudalización, u ofensiva política ?”, Revista Internacional de Sociología, Vol II, Fasc. I, 1987 ; Bourdieu Pierre, Le sens pratique, Paris, 1980 et “Les stratégies matrimoniales dans le système de reproduction”, Annales, E.S.C., 27, 1972.
6 Stone Laurence, El pasado y el presente, México, 1986.
7 Levi Giovani, La herencia inmaterial. La historia de un exorcista piamontés del siglo XVII, Madrid, 1990 ; Levi Giovani, Sobre Microhistoria, Buenos Aires, 1993.
8 Dedieu Jean-Pierre y Windler Christian, « ¿Una clave para entender la historia política? Un ejemplo de la España Moderna », Revista Studia Histórica, 18, Salamanca, 1992.
9 Dans ce travail j’utilise beaucoup de concepts élaborés par moi-même. Une étude plus détaillée en est faite dans Möller Claudia, Comuneros y universitarios: hacia la construcción del monopolio del saber, Buenos Aires, 2004; Möller Claudia, “Carlos V y la Universidad de Salamanca”, Actas del Congreso Internacional Carlos V. Europeísmo y Universalidad. Sociedad Estatal para la conmemoración del los Centenarios del nacimiento de Felipe II y Carlos V, Granada, 2000; González María Luz y Möller Claudia, Poder y Sociedad en la España Moderna (I), Mar del Plata, 1999; Möller Claudia, “Algunas notas sobre la relación poder-saber: los hombres de letras salmantinos como constructores de entornos de poder en la época de la monarquía de Carlos V”, Anales de Historia Antigua, Medieval y Moderna, 32, Buenos Aires, 1999; Möller Claudia, “Imágenes discursivas del poder: algunas tendencias en los papeles personales del Emperador Carlos V”, Revista Estudios de Historia de España, 5, Buenos Aires, 1997; González María Luz y Möller Claudia, “Entornos de poder en la España de los Austrias: Instrucciones y advertencias políticas”, Temas Medievales, 6, Buenos Aires, 1996; González María Luz y Möller Claudia, “Entornos de poder en la España de los Austrias: Instrucciones y advertencias políticas”, Burucúa José Emilio y Bianchi Diana Modernidad y Representaciones. Temas de Historia Intelectual europea. Siglos XVI-XVII, Montevideo, 1996; Möller Claudia y González María Luz, “Poder y sociedad en la España Moderna”, Actas de las "IV Jornadas de Historia de Europa", Buenos Aires, 1995; Möller Claudia, “El imaginario europeo y americano. Algunas notas sobre la tecnología del poder en la época de los Descubrimientos. La Inquisición en la Península Ibérica y sus transplante en el Perú hacia 1500”, Tavares Bessone Tania y Queiroz Tereza, América Latina: imagens, imaginaçao e imaginário. América Latina: raízes y trajectórias, Río de Janeiro-Sao Paulo, 1997. Voir aussi le site internet http://www.cervantesvirtual.com/historia/CarlosV.
10 Möller Claudia, “Algunas notas sobre la relación poder-saber...” op. cit.
11 C’est en 1529 que sont nommés les visiteurs royaux : le prêtre du Santiago, et le licencié Mexía, chanoine de Toledo. A ce propos, le claustro (assemblée des professeurs) de l’Université de Salamanque choisit une commission intégrée par les docteurs Santisidro et Olarte afin de rencontrer les visiteurs. Ensuite, une nouvelle commission fut nommée et composée par les maîtres Francisco de Vitoria y Oropesa, le docteur Tapia et le recteur Pedro Lagasca pour aller à la Cour et signifier au docteur Santisidro de prendre en charge tout ce qui concernait l’université. Ce même jour, on ordonna au syndic de demander au greffier une copie de la Provision de sa Majesté, élaborée par les réformateurs, afin que, si l’on n’accomplissait pas tout ce qui était ordonné, ceci ne soit pas imputé à l’université mais à ceux-là pour ne pas avoir donné une copie de la dite Provision. En avril eut lieu un claustro pleno en présence des visiteurs qui expliquèrent que cette réunion avait comme but de procéder à l’élection d’un nouveau recteur et de nouveaux consiliarios. Francisco de Bobadilla, maestrescuela, formulait ses griefs, signalait les préjudices qui s’en suivaient pour l’Estudio à cause de la visite des réformateurs et proposait l’envoi d’une commission à la Cour. Une fois cette proposition connue, on confiait au vicerecteur et au docteur Benavente l’examen des griefs et, si leur avis était favorable, on proposait d’envoyer à la Cour le maestrescuela et les docteurs Santisidro, Tapia, Benito de Castro, Silíceo et Oropesa. Le 12 mai, l’affrontement entre le claustro et les visiteurs royaux atteignait son paroxysme et c’est à ce moment-là que nous constatons la formation d’un pouvoir qui va réussir à se transformer en contre-pouvoir, surtout si nous considérons les conséquences qui en résultèrent. En juillet, on demanda au recteur de nommer deux consiliarios pour aller à Valladolid défendre les privilèges et Constitutions de l’Université et, en août, on lut les Statuts du claustro, tout en décidant de laisser leur commentaire pour la prochaine réunion. En septembre on désigna le maestrescuela pour aller à la Cour au nom de l’université afin d’éviter que l’on fasse quoi que ce soit contre l’Estudio en se basant sur les nouveaux Statuts. Il y eut de nombreux débats suscités par les réformateurs et, malgré la participation d’une commission universitaire et leur lecture devant le claustro, il fut décidé à l’unanimité de ne pas reformer les Statuts. On se mit d’accord pour envoyer plusieurs personnes à la Cour, afin de parler avec le président et les membres du Consejo sur cette question. Finalement, en octobre on connut la lettre des réformateurs du roi et leur souhait de voir appliquer les Statuts. L’université respecta cette décision mais manifesta que ceux-ci avaient été réalisés à la hâte et menés à la Cour, raison pour laquelle ses membres ne les avaient pas entièrement révisé. C’est pour cela que l’on demanda que ces Statuts puissent être connus par l’université, ou par les personnes qu’elle désignerait. Voir dans l’Archive de l’Université de Salamanca – désormais AUSA – Claustros, fols. 94v-161v.
12 López Benito Clara, Bandos Nobiliarios en Salamanca al iniciarse la Edad Moderna, Salamanca, 1993.
13 Dans ce travail on analyse spécialement la troisième voie et, malgré tout, je ne présente qu’un seul exemple. Pour compléter cette vision voir Möller Claudia, Comuneros y universitarios... op. cit. ; Möller Claudia, “Carlos V y la Universidad de Salamanca”, op. cit. ; Möller Claudia, “Omes sabidores, homini factiosi : la oposición al poder en la época de Carlos V en versión salmantina », Anatra, Bruno y Manconi, Francesco, Sardegna, Spagna e Stati italiani nell’età di Carlo V, Roma, 2001.
14 Möller, Claudia, Comuneros y universitarios... op. cit.
15 Pour une présentation plus claire je soulignerai les membres de cette famille, afin que le lecteur ne s’égare pas dans le récit.
16 Real Academia de la Historia de Madrid – désormais RAHM –, Colección Salazar y Castro : « Índices » ; Ms. 29461.348 ; Ms. 46809.60b ; Ms 588 ; Ms. 590 ; Ms. 6, T. VI ; Ms. 60 ; Ms D-29, T. IV ; y Colección Tomillo, Comunidades, 11/7959, T.6
17 RAHM : Ms. D-29, T. IV.
18 RAHM : Ms. 6, T. T. VI.
19 Archivo de la Diputación de Salamanca, Archivo de la Casa de Alba – désormais ADS-ACA –, C. 62-76.
20 ADS-ACA : Cajón 62-76.
21 Ibidem.
22 Ibidem.
23 Ibidem.
24 ADS-ACA : Cajón 62-76
25 Archivo de la Universidad de Salamanca – désormais AUSA-, Claustros 1 ; fol. 20v-259. Cet manuscrit décrit la façaon d’agir de ce personnage.
26 Archive Général de Simancas – désormais AGS – Cámara de Castilla, Legajo 143.
27 Ibidem.
28 ADS-ACA, Cajón 6, legajo 2.
29 « Cortes de Santiago y La Coruña, 1520 », Carabias Torres, Ana María y Möller Claudia, Carlos V. http://cervantesvirtual.com/Carlos V, 2000.
30 ADS-ACA: C. 6, legajo 2.
31 AGS, Comunidades de Castilla, Legajo 5, fol. 24.
32 ARAH: Colección Tomillo, Comunidades: 11/7959, T. 6.
33 Biblioteca Nacional de Madrid – désormais BNM – Ms. 1751, fols. 224-227.
34 AGS, Cámara de Castilla, Legajo 143.
35 AGS, Estado, Castilla, Legajo 8.
36 AGS, Cédulas, Libro LXIV, fol. 69.
37 Möller Claudia, “Universidad, sociedad y familias de poder: los Maldonado de Salamanca”, JACOBUS. Revista de Estudios Jacobeos y Medievales, 17-18, Sahagún (León), 2004.
Auteur
Universidad de Salamanca.
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