Onomastique indienne coloniale : Tezcoco (Mexique central, xvie siècle)
p. 389-403
Texte intégral
1La reconstitution des réseaux de pouvoir indiens locaux ou régionaux à partir de l’étude des noms indiens tezcocans au long du XVIe siècle se heurte aux difficultés suscitées par l’évangélisation et la vague massive de baptêmes (sans compter les pertes irréparables dues aux épidémies successives)1.
2L’évangélisation a entraîné une profonde modification dans l’appréhension du nom et donc de la parentèle. La stratégie de la noblesse indienne est difficile à reconstituer pleinement étant donné les carences documentaires. Mais loin de rester passive, comme on pourrait le croire, elle semble s’être investie très tôt dans une course aux patronymes prestigieux qui va de pair avec le maintien de certains statuts et privilèges.
I. Uniformisation, mimétisme et diversité
3La vague de conversion et de baptêmes massifs des premières années d’évangélisation a indubitablement entraîné une profonde mutation des sociétés indiennes. Brouillant la chaîne des générations ou les repères entre lignées indiennes, elle s’est traduite par une hispanisation et une catholicisation massive des noms, aux dépens des autres fonds onomastiques. Quel fut l’impact des nouveaux anthroponymes sur l’identité indienne ? La rupture avec le passé semble a priori évidente. Assumer une identité étrangère religieuse (noms de saints ou de symboles chrétiens) ou politique (noms espagnols) semble avoir été accepté assez facilement par la haute noblesse qui s’est empressée de reprendre les noms de conquistadors célèbres tels que Cortés et Alvarado, mais aussi des premiers vice-roi comme Mendoza et Velasco, ou des premiers franciscains, dont le prestige était aussi important, quoique de nature différente. Cela va du simple prénom jusqu’à des noms complets. Dans ce dernier cas on aboutit à un mimétisme total ou à une uniformisation des sociétés indiennes, telle celle de la province acolhua de Tezcoco (Mexique Central) où en 1539 la majeure partie des femmes de la noblesse tezcocane citées dans le procès du cacique don Carlos sont des doña María.
4Des patronymes comme les Santa María, Santa Cruz, de la Cruz, San Francisco abondent et témoignent d’une forte christianisation. Ils brouillent ainsi les données des lignées traditionnelles2 puisqu’ils ne sont plus alors l’apanage d’un territoire ou d’une famille mais s’étendent à l’ensemble de la Nouvelle Espagne. De fait, le fil qui permettait de remonter les générations tend dans la plupart des cas à disparaître.
5On relève cependant une remarquable tendance à varier les prénoms. Ainsi pour des patronymes aussi abondants que les San Francisco on trouve jusqu’à 23 prénoms différents et de très rares cas de répétitions, preuve qu’après l’apparente uniformisation des premières années le système s’est lui-même diversifié comme si les familles portant le même patronyme avaient veillé à éviter toute confusion3 . On pourrait répéter ces exemples pour le seul XVIe siècle avec les San Juan (près de 24 prénoms différents), les Santa María (près de 30 prénoms recensés) ou les Santiago (près de 30 prénoms divers)4. Ces cas sont d’autant plus notables que beaucoup de ces familles sont apparentées. Après la rupture brutale de la chaîne des générations on retrouve dans l’onomastique hispanisée un degré de complexité des formes anthroponymiques qui traduit la volonté de préserver les liens et les lignages indiens par une christianisation différentielle des noms5 .
1. Mimétisme
6L’emploi de noms espagnols par l’aristocratie indienne traduit une sorte de mimétisme et donc une tentative d’insertion au sein de la société ibérique. On retrouve ainsi des noms portés auparavant par des conquistadors, des évangélisateurs franciscains mais aussi par la haute noblesse d’Espagne fréquentée (vice-roi) ou restée inaccessible en métropole.
7Dès lors, une certaine gêne se fait ressentir face aux très fréquents cas extrêmes de mimétisme. Lors de son baptême l’Indien reçoit (choisit ?)6 non seulement un nom prestigieux mais aussi le prénom qui va avec. Il y a là comme une dépersonnalisation étrange (avec peut être l’espoir de posséder les qualités de l’homme dont on porte le nom ?) qui n’a en aucune façon gêné les premiers évangélisateurs.
8Pour les conquistadors le mimétisme est poussé jusqu’au paroxysme, avec le choix des mêmes noms et prénoms portés par Cortés (don Hernando Cortés Ixtlilxochitl)7. C’est aussi le cas pour beaucoup d’autres noms de conquistadors moins illustres, qu’il serait trop long de relever ici (cf. Andres de Tapia parmi quatre descendants de Nezahualpilli en 15758 ou un Hernando de Soto parmi les témoins tezcocans de juillet 15739). Il arrive également que parfois le prénom diverge, ainsi que nous pouvons le constater dans les exemples suivants : don Jorge de Alvarado Yoyontzin, cacique de Tezcoco10, don Martin de Tapia, principal de Tulancingo en 158111, don Silvestre de Soto, alcalde d’Otumba en 159312.
9Parmi les plus puissants lignages tezcocans deux porteront jusqu’au XVIIIe siècle les noms prestigieux de Cortés et Alvarado, maintenant le souvenir d’une alliance politique sur laquelle ils fondent en partie leur légitimité.
10L’onomastique contient également une trace historique de l’évangélisation, par la perpétuation de noms des douze premiers franciscains de 1524 ou de leurs prédécesseurs et successeurs. Ainsi, Martin de Valencia est à la fois le nom d’un noble de Tulancingo en janvier 159013, d’un noble de Chiautla en 1587 et celui du chef de la mission des douze franciscains envoyés par Charles Quint en 152414. Âgé de 80 ans le noble indien a donc été très vraisemblablement baptisé par le franciscain dont il porte le nom complet. Il en va certainement de même pour don Andrés de Olmos, noble tezcocan en 159215, homonyme du premier chroniqueur franciscain à s’intéresser au passé préhispanique dès 1533 .
11Le mimétisme n’est heureusement pas toujours aussi absolu et ne concerne souvent que le seul nom de famille. Ainsi Urban del Gante (qui rappelle Pedro de Gante, le premier franciscain arrivé en 1523 et installé à Tezcoco), Jusepe de Benavente16, Joseph de Molina17, Vicente de las Casas18 ou Andres de Ribas, perpétuent parmi tant d’autres la mémoire de religieux illustres.
12Mais le mimétisme utilise aussi parfois des noms de saints, ce qui traduit sans doute le petit nombre des missionnaires dans les premières années de baptêmes massifs et la mise en route difficile d’un système d’onomastique chrétien totalement nouveau. Antonio de Padua, (cacique et seigneur principal de Tulancingo vers 1576)19 ou Tomas de Aquino (noble de Tezontepec en 1592)20 en sont des exemples éloquents. Cependant, cela n’exclut pas à nouveau des variantes en jouant sur les prénoms telles que Pablo de Aquino, noble de Tepepulco en 156221.
13Les noms ou prénoms reflètent parfois également le désir de se rapprocher du Vice-roi. Le premier et très certainement le plus populaire de ce fait, fut don Antonio de Mendoza. Il lègua son nom de famille à quantité de dynasties indiennes locales dont la tezcocane. Cette tendance semble se poursuivre avec ses successeurs, puisqu’en 1562 est recensé à Tepepulco un cas d’homonymie totale avec le vice-roi don Luis de Velasco22. Cette particularité s’étend aussi, de façon plus significative, à l’influence de leur entourage lointain ou immédiat. Ainsi en matière de prénoms féminins celui de Francisca, la mère de don Antonio de Mendoza, semble avoir joui d’une popularité ou d’une mode certaine, sans doute dans l’espoir de s’attirer un jour les faveurs de son fils.
14Le dernier modèle, moins évident car plus lointain et sans véritable lien direct, est le parrainage de hautes familles nobles de la métropole. Tezcoco en ce domaine offre une série d’exemples explicites. La difficulté consiste avant tout à faire le lien entre des dynasties fort éloignées, que de plus nous ne connaissons pas forcément bien. D’où l’indifférence presque totale pour ce sujet pourtant passionnant.
15Il en est ainsi du nom Pimentel. Le premier à le porter utilisa l’ensemble nom et prénom du capitaine général don Antonio de Pimentel, comte de Benavente. Peut-on y voir une intervention du franciscain Fray Toribio de Benavente dit Motolinia, sollicitant cette famille ? Sans doute. Une cédule royale de 1551 confirme bien l’intention initiale de parrainage aristocratique : “et à vous autres parce que vous êtes des gens si généreux vous avez pris le nom de Pimentel et le dit Comte a supplié notre personne que l’on vous fasse don à vous et à vos descendants, que vous puissiez porter pour armes celles du dit Comte”23. Par la suite les descendants portèrent des prénoms différents, comme pour se singulariser et éviter toute confusion, en contraste total avec le mimétisme initial. Toutefois, le patronyme fut soigneusement préservé tout au long de la colononisation, subsistant jusqu’au XIXe siècle.
16Les caciques, fortement métissés, de San Juan Teotihuacan arborent rapidement le patronyme prestigieux de Alva (cf. don Fernando de Alva Cortés Ixtlilxochitl). Très certainement parce que l’homonymie avec les Ducs d’Albe (Don Fernando Alvarez de Toledo, Gran Duque de Alva), renforcée en l’ocurrence par le choix du prénom, présente un surcroît de prestige, capable de concurrencer, sans pour autant l’effacer, le parrainage de Cortés ou la dynastie indienne légitime d’Ixtlilxochitl.
17Un exemple relevé à Cempoala en septembre 1587 illustre le propos. En effet, un indien y apparaît nommé Don Juan de Austria24, homonyme du fils bâtard de Charles Quint vainqueur de Lépante.
18Ces homonymies prestigieuses ne doivent pas pour autant faire oublier un modèle plus immédiat : celui des encomenderos, alcaldes mayores et corregidores de Nouvelle Espagne qu’il serait trop ambitieux de détailler ici. Toutes ces appellations revêtent en effet une dimension politique, la diffusion de certains noms allant de pair avec les liens de vassalité politique ou religieuse qui se construisent dans le nouvel ordre colonial.
19Ces noms aboutissent souvent à une étrange confusion, en faussant non seulement les lignages préhispaniques, créant de la sorte d’apparents liens de parenté entre des lignages totalement différents25, mais aussi les origines géographiques. Que penser d’un don Juan de Sevilla, regidor de Tepetlaostoc en octobre 160726 ou d’un Baltasar de Galicia noble de Tepepulco en 156227 ?
2. Diversité
20Cette hispanisation massive n’entraîne cependant pas de perte de repère pour la haute aristocratie qui parvient à maintenir ses noms nahuatl et à les faire coexister avec les appellations hispanisées. Certes, l’hispanisation de l’onomastique a relégué l’anthroponymie nahuatl au second plan pour la haute aristocratie, mais celle-ci n’a pas renoncé pour autant à ses répertoires traditionnels et est parvenue à couler les nouveautés dans le moule de ses usages anciens. Tradition et innovation se côtoient donc en un processus complexe où se croisent les éléments provenant de conditions historiques nouvelles (conquête et colonisation), les recréations mais aussi les traditions. Pour Tezcoco, la redécouverte du document exceptionnel qu’est la Lettre de don Juan de San Antonio, permet de retrouver la plupart des noms coloniaux détenus par les plus éminents représentants de la dynastie royale : « Vos frères aînés et vos frères cadets les seigneurs don Francisco de Andrada Moxiuhquecholçomatzin, don Lorenzo de Guzmán Texcocacihuatzin, don Lucas de Soto Xicomayahuitzin, et vous mon seigneur don Pablo de Santa María Ahuachpaintzin et le seigneur votre jeune frère don Antonio Pimentel Tlahuitoltzin»28.
21La vague de conversion ou de baptêmes massifs a parfois eu pour conséquence de créer artificiellement autant de lignées que de frères existants au moment de leur baptême initial vers 1524. Le cas des onze frères et sœurs issus d’une même femme de Nezahualpilli, roi de Tezcoco, rappelle utilement qu’avec la fin de la Conquête les membres de familles royales pléthoriques ont lutté pour fonder des lignages distincts. Ainsi, aux noms cités par don Juan de San Antonio on peut ajouter également Don Jorge de Alvarado Yoyontzin, don Pedro Coanacochtzin, don Pedro Tetlahuehuetzquititzin ou don Hernando Cortés Ixtlilxochitzin [cf. ANNEXE 1]. Il est à préciser que certains de ces lignages ont périclité et d’autres non.
22Dans son étude, James Lockhart distingue le degré de noblesse selon les noms mentionnés29. Cependant la distinction est aisée entre macehualli (gens du peuple) et pilli (nobles). Les premiers ne sont, en effet, le plus souvent désignés que par un prénom espagnol et un nom indien ou deux prénoms espagnols. Ainsi en 1592 à Tepepulco on distingue bien des différences d’origine sociale parmi les cinq Indiens cités : Gabriel de Sant P° tequitlato, Andres Yaotl, Baltasar Acatl, Simon de Rojas tequitato, Diego Mizcoatl alguazil30. Ici les deux patronymes totalement hispanisés semblent correspondre à un statut ou à une origine plus prestigieuse.
23Mais les noms ne sont pas systématiquement consignés. En effet, plusieurs documents administratifs présentent le paradoxe de ne conserver que le seul prénom du membre le plus illustre du cabildo, le gobernador, alors que les personnages moins influents sont cités avec un patronyme complet. Par exemple en 1562 l’ancien cacique de Tepepulco n’est désigné que sous son prénom de don Matheo31 et en novembre 1552 don Bartolome gobernador de Tepexpan n’est pas désigné de façon plus précise32. A la différence de don Marcos gobernador de Tamascalapa il ne fait pas partie d’un petit village, dont l’insignifiance justifierait l’absence de patronyme prestigieux33. Don Bartolome est responsable d’une des quatorze villes de l’ancien royaume acolhua. Faut-il y voir une répugnance administrative à consigner des noms nahuatl difficiles ? L’abondance de patronymes nahuas dans le même document infirme cette supposition. Il faut alors convenir que le système présenté par Lockhart ne rend pas compte de la totalité des cas de figure. Le recueil de l’identité n’étant que partiel dans les documents administratifs, l’impression première est fallacieuse. Elle rappelle par là même l’importance de l’oralité dans les dénominations, qui n’est que partiellement recueillie par les écrits.
24L’exemple des membres de la dynastie tezcocane cités dans la Carta-relación de Juan de San Antonio montre bien les limites d’une telle systématisation. En effet, y sont relevées plusieurs variantes pour des gens de même lignée et tous ne possèdent pas un nom de famille espagnol. Certains n’ont qu’un prénom espagnol et un nom nahuatl. Or il s’agit pourtant de membres d’une même famille tels que don Pedro Tetlahuehuetzquititzin, qui fut seigneur de Tezcoco34 , ou bien don Juan Quauhtliztactzin, père de l’auteur de cette lettre35 . D’autres n’ont parfois même aucune trace de leur baptême. Huexotzincatzin, oncle de Juan de San Antonio, ne se voit jamais décerné un prénom ou un nom espagnol, sans doute parce qu’il est mort dans les premières années de la colonisation et que personne ne s’en souvient36. D’autres au contraire possèdent jusqu’à deux noms nahuatl, qui viennent parfois compenser l’absence apparente d’un patronyme espagnol. Tel est le cas de don Carlos Ometochtzin Chichimecatecutzintli37.
II. Difficultés
25La transition entre patronyme préhispanique et patronyme colonial n’est pas solidement documentée. Seuls quelques rares cas de continuité sont établis. Mais la plupart du temps il subsiste un fossé entre les deux époques dû aux carences documentaires de la première moitié du XVIe. Les noms permettant l’établissement de généalogies, la continuité d’un lignage ou les liens avec un territoire donné sont donc très difficiles à confirmer entre 1520 et 1560. Le chercheur se heurte à des problèmes de confusion, de transmission mais surtout de choix symboliques en fonction du contexte juridique et des personnes en cause.
1. Confusions
26Par l’imposition de patronymes espagnols, l’évangélisation brouille la carte des alliances locales et régionales. Il n’est plus possible de suivre une famille et l’extension de ses réseaux d’alliances par simple onomastique sous peine de se tromper lourdement car les San Francisco, de la Cruz, Mendoza, Cortés et autres pullulent. Présents dans chaque ville indienne, le fil des lignées préexistantes se perd dans la multitude des homonymes. A cela s’ajoute l’imprécision des documents d’archive et il nous faut attendre le XVIIe siècle pour que ceux-ci précisent l’âge et le nom du conjoint des témoins. De fait, l’historien se heurte à une lourde carence documentaire du XVIe.
27Si les traces onomastiques d’alliances interrégionales (Tezcoco et Tlaxcala ou la région de Puebla) sont irrémédiablement perdues, il en va de même à l’intérieur d’une unique province. Peut-on déduire des liens de parenté entre Juan de Olmos, indien naturel de Chiautla38 et Andres de Olmos, indien de Tezcoco ? Malgré la très courte distance (quelques kilomètres à peine) séparant les deux villes, l’onomastique coloniale interdit d’inférer des liens que les baptêmes massifs ont pu fausser. Antonio de Santa María, juez gobernador d’Acolman en 1583 n’est pas membre d’une lignée acolhua et sans la mention de son origine hors de la province acolhua, une origine locale et des liens de parenté pourraient lui être imputés à tort39 . D’où de fréquentes confusions avec les autres dynasties, qui toutes ont adopté les mêmes appellations prestigieuses dans les débuts de l’évangélisation. Ceci contribuant dans une large part à brouiller définitivement la carte très ténue des liens dynastiques préhispaniques, impossible à suivre ou à déduire par les seuls noms dans la période coloniale. Quels sont les rapports éventuels entre don Antonio Cortés, descendant de Nezahualpilli et noble tezcocan40, don Miguel Cortés gobernador de San Jeronimo Tepetlaoztoc en 157141 et don Tomas Cortés, noble de Tepepulco42 ? Bien qu’il semble que tous conservent ce patronyme en signe de leur ralliement à Cortès ou de leur conversion précoce au catholicisme, il apparaît impossible d’inférer des liens de parenté précis sur la seule base de cette homonymie qui demeure aléatoire.
28À ceci s’ajoute le doute légitime d’une confusion entre toponymes et antroponymes, comme cela s’observe dans les procès de la fin du XVIe siècle où certains témoins indiens semblent désignés par leur quartier d’origine : “Martin de San Miguel, yndio prençipal y natural del pueblo de Tequetzistlan, en el barrio de San Miguel”43, “Bernadino de San Jusepe del barrio del dicho San Jusepe”44. Les exemples signalant un écart entre la réalité des patronymes indiens et l’exigence légale seraient nombreux. L’abondance de ces derniers impliquerait alors que l’administration coloniale supplérait de façon artificielle à l’absence de patronyme pour les nobles. Notons que ce détail ne compte pas pour les gens du commun qui sont le plus souvent désignés par un double prénom.
29Que faire face à des cas comme ceux de “Bernaldo de Santiestevan natural que dixo ser del pu[ebl]o de Teçuyuca e del varrio de Santiesteban”45, “Martin de Santiago yndio vecino de la estancia de Santiago”46, Martin de San Jerónimo de San Jerónimo Amanalco ou Pedro de San Juan originaire de San Juan Teotihuacan47 ? La profusion de patronymes basés sur des noms de saints divers (plus d’une trentaine de cas sont recensés pour Tezcoco48) entraîne une redondance naturelle avec les noms des quartiers des villes évangélisées, désignés par leur saint patron. Cependant il est parfois possible de suspecter la topographie de suppléer aux carences de l’ethnonymie.
2. Transmissions
30Bien que le début du XVIe siècle, uniformise la société indienne, il n’en demeure pas moins qu’une confusion extrême s’instaure lors des successions. D’où un foisonnement remarquable des noms à l’intérieur d’une même famille. Et l’absence de continuité du patronyme espagnol d’une génération indienne à l’autre surprend. Cela signifie-t-il que la notion de patronyme n’est pas encore solidement implantée en Nouvelle Espagne ? Ou encore que la noblesse indienne suit en cela l’exemple médiéval espagnol où l’on pouvait reprendre quand bon semblait le nom d’un ancêtre prestigieux ? Manifestement la transmission du nom familial de génération en génération n’est pas encore répandue et seuls quelques lignages l’adoptent. La préservation et la transmission continue d’un patronyme ne sont le fait que d’une minorité de l’aristocratie acolhua tels les Cortes Ixtlilxochitl, Pimentel, Alvarado. Le patronyme Alvarado se perpétue jusqu’en 1750 (doña Juana Maria Uribe Pimentel y Alvarado)49 et celui de Pimentel au moins jusqu’en 185550. Ainsi, ces noms hérités à chaque génération et accompagnés d’un jeu de prénoms familiaux deviennent un repère social.
31Il est également à noter que dans certains cas, des patronymes particulièrement convoités font l’objet de transmission politique et non plus héréditaire. Ainsi le nom Pimentel est repris en 1545 par don Hernando Velazquez, à la mort des héritiers directs du dernier tlatoani préhispanique légitime (Coanacoch). Il s’approprie ainsi un nom qui finalement ressemble plus à un titre, réservé au cacique règnant de Tezcoco qu’à un patronyme classique. De fait, il parviendra à en faire l’apanage de sa famille, au détriment des autres branches légitimes encore existantes.
32Il en va de même pour certains patronymes nahuas. En période préhispanique il semble que le nom se transmettait en sautant deux ou trois générations. La mémoire d’un ancêtre célèbre était ainsi reprise (sans doute une fois mort) de façon à rappeler le lignage dont on était issu. Le cas n’est donc pas rare de répétitions, à intervalles réguliers, de noms célèbres avant la Conquête comme ceux de Motecuhzoma, Tezozomoc, Axayacatl etc.51. Pour la zone acolhua les patronymes nahuatl concernés sont du type Quinatzin ou Techotlalatzin. Ainsi la continuité de ce système est relevée jusqu’à une époque coloniale avancée. Cette transmission patronymique particulière permettait également aux dynasties indiennes de préserver leur identité en accolant un nom nahuatl aux noms espagnols. Toutefois, le mimétisme n’est absolu que pour l’européen auquel on tait le nom indigène. Mais au sein de l’aristocratie indienne quel élément a le plus de valeur ? Si les noms espagnols prestigieux rejaillissent sur leurs détenteurs homonymes, il semble cependant, au vu de certains choix, que l’on mette autant d’énergie, sinon plus, à maintenir et préserver des noms indiens illustres. Ces derniers sont en effet autant de signes d’enracinement dans un passé prestigieux que ceux d’une double légitimation du pouvoir.
33Bien que depuis la seconde moitié du XVe siècle plusieurs générations se soient écoulées, on retrouve tout de même la trace d’une perpétuation de la légitimité préhispanique. Ainsi don Agustin Azoquitzin, cacique du quartier de San Bernardino à Huexotla, porte le même nom que l’un des fils du plus grand roi de Tezcoco, Nezahualcoyotl, célèbre pour sa victoire remportée vers 1462 contre la province de Chalco52. De même l’un des informateurs d’Alva Ixtlilxochitl, don Gabriel de Segovia Acapipiotzin perpétue le nom d’un autre fils célèbre de Nezahualcoyotl53 qui aurait été le tuteur de son successeur Nezahualpilli (à partir de 1472) et aurait participé à la conquête d’une partie de la province Huastèque54. De fait, ce n’est pas un hasard si son petit-fils reprend son patronyme nahuatl bien qu’il le garde associé à un patronyme espagnol55.
34Ainsi, ces descendants illustres perpétuent le nom d’ancêtres dont ils tirent leur légitimité tout en ne se fondant pas dans la masse des dizaines de fils de Nezahualcoyotl. Bien plus, par le maintien de ces patronymes indiens prestigieux, ils cherchent à se distinguer de concurrents coloniaux directs tels les fils de Nezahualpilli, successeur direct de Nezahualcoyotl.
35Quant à Don Jacobo de Mendoza Tlaltecatzin, noble de Tepepulco et informateur d’Ixtlilxochitl56, il perpétue le souvenir du fondateur de la dynastie de Tezcoco, Quinatzin-Tlaltecatzin. Notons au passage qu’il est possible de remonter ce lignage jusqu’à la cinquième génération soit au XIVe siècle, puisque Quinatzin est l’arrière grand-père de Nezahualcoyotl.
36Le contraste est donc évident entre les ratés ou les difficultés d’une perpétuation de certains patronymes hispaniques et la conservation de noms nahuatl prestigieux. Ces exemples sont -ils authentiques ou relèvent-ils d’une identité artificielle, le passé préhispanique se faisant lointain au-delà de deux ou trois générations après la Conquête57 ? Si tel est le cas, le nom nahuatl semble dès lors relever plus d’un facteur de revendication culturelle (et donc de préservation de conditions sociales privilégiées) que d’une authentique tradition préhispanique.
3. Choix de patronymes nahuatl symboliques
37Une floraison de patronymes nahuas apparemment dictés par des considérations plus politiques que familiales s’observe au cours des recherches. En effet, certains indiens se voient affublés d’un troisième nom à caractère symbolique renvoyant le plus souvent à des ancêtres fondateurs et permettant de la sorte le maintien de prétentions politiques et économiques et ce même en période d’épidémies dont on sait qu’elles réduisent considérablement le nombre de représentants d’une même lignée et affaiblissent cette dernière. Il y a donc ainsi préservation à travers un nom à forte charge historique, des revendications sur des terres ou des charges politiques comme celle de cacique. Le fameux chroniqueur don Fernando de Alva en est un parfait exemple puisqu’il reprend les patronymes Cortes Ixtlilxochitl que portait son arrière arrière grand-père, plutôt que le nom Quetzalmamalitzin des caciques de Teotihuacan. En l’occurence il cherche ici à se rattacher en premier lieu à la dynastie royale de Tezcoco et à perpétuer de la sorte une autre légitimité, celle du seul membre éminent de cette dynastie à s’être effectivement rallié à Cortés avant la chute de Mexico.
38Beaucoup plus intéressants sont les cas où ces patronymes nahuas symboliques varient selon les documents et les auteurs. À quoi sont dues ces variations ? Souvent à l’accent que l’auteur désire mettre sur une légitimité préhispanique ou sur un titre colonial. Ainsi il s’observe parfois une préhispanisation manifeste que l’on pourrait qualifier de “forcée”. De 1545 à 1565, le cacique de Tezcoco, don Hernando Pimentel ajoute dans certaines lettres adressées au roi d’Espagne le nom nahuatl de Nezahualcoyotzin, pour mieux rappeler à son interlocuteur qu’il est le descendant de ce prestigieux roi préhispanique tant vanté pour ses lois par les chroniqueurs espagnols58. Inversement il est constamment appelé par son nom nahuatl don Hernando Pimentel Ihuiyantzin par don Juan de San Antonio, soucieux de le ramener au même rang que les autres membres de l’aristocratie tezcocane dont il a cherché à se démarquer59. En 1545 lors de son élection à la charge de cacique il n’est désigné que sous le nom de don Hernando Velazquez. Il y a donc trois appellations pour un seul et même personnage [cf. ANNEXE 2]. De fait, il existe une certaine variabilité des patronymes nahuas selon le lignage ou le statut mis en relief par les documents historiques. Le modèle anthroponymique indien, pour les noms ne relevant pas des origines ethniques ou des fonctions, semble dès lors un horizon auquel aspirent seulement quelques personnes et ce en fonction de leur niveau culturel. Devenu une formule de prestige il se fait alors objet de manipulations.
39Enfin il y a parfois des variations involontaires mais fréquentes à l’intérieur d’un même document. Par exemple don Pablo Delgado devient don Pablo Hurtado (Tepepulco, 1562)60 et don Juan de Sevilla, regidor mayor de Tepetlaostoc en octobre 1607, est appelé un peu plus loin don Juan Martin de Sevilla par son défenseur espagnol et la Real Audiencia, voire don Juan Martinez de Sevilla dans une pétition signée de sa main61. L’appréhension d’une personne selon ses interlocuteurs et les contextes révèle donc parfois une diversité qui déconcerte à première vue et déroute les chercheurs. Toutefois, la variabilité du nom ne se limite pas à une entrave et rappelle l’importance de l’oralité dans les dénominations, oralité qui n’est que partiellement recueillie par les écrits.
40Au terme de ce survol des implications de l’anthroponymie coloniale en Nouvelle Espagne on ne peut qu’être frappé par le contraste entre une apparente indifférence des autorités espagnoles coloniales envers la noblesse indienne (les caciques ne sont désignés le plus souvent que par leur seul prénom chrétien affublé d’un “don”) et l’effort constant des intéressés pour maintenir tout au long du XVIe siècle les patronymes nahuas et espagnols complets dans le dessein de préserver, par le biais de leur identité, leur statut privilégié au sein du système colonial. La remodélation anthroponymique n’a donc pas effacé pour autant les positions sociales reflétées par l’onomastique. Certes, le système anthroponymique de l’aristocratie s’est transformé, mais il s’est surtout adapté aux conditions coloniales par un jeu subtil de réactions et d’interactions dont la lutte indienne contre l’indifférenciation administrative ne suffit pas à rendre compte.
Bibliographie
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Annexe
Annexe 1 - Patronymes castillans et nahuas : Descendants de Nezahualpilli, tlatoani de Tezcoco d’après la lettre de Juan de San Antonio
don FRANCISCO DE ANDRADA MOXIUHQUECHOLZOMATZIN
don LORENZO DE GUZMAN TEXCOCACIHUATZIN
don LUCAS DE SOTO XICOMAYAHUITZIN
don PABLO DE SANTA MARIA AHUACHPAINTZIN
don ANTONIO PIMENTEL TLAHUITOLTZIN
don JORGE DE ALVARADO YOYONTZIN
don HERNANDO CORTES IXTLILXOCHITZIN
Annexe 2 - Altérations des patronymes et stratégies coloniales :
Don Hernando Pimentel
Don Hernando Velázquez (Testament de don Antonio Pimentel 1545)
Don Fernando Pimentel (Arbre Généalogique n° 8)
Don Hernando Pimentel Yuian [Ihuian] (Sahagun, Primeros Memoriales, f. 53r)
Don Hernando Pimentel Ihuiyantzin (Juan de San Antonio, 1564, p. 233)
Don Hernando Pimentel Nezahualcoyotzin (Lettre à Philippe II)
Tous ces documents sont rédigés par des nobles indiens acolhua.
Abréviations :
AGN - Archivo General de la Nación (Mexico)
AGI - Archivo General de Indias (Séville)
MNAH - Museo Nacional de Antropología e Historia (Mexico)
Notes de bas de page
1 Nous avons volontairement choisi de cantonner nos exemples à la province acolhua (royaume préhispanique de Tezcoco), en espérant qu’on se penche un jour sur d’éventuelles variations régionales des préférences onomastiques, trop longues à relever ici.
2 Il est impossible de nous étendre sur l’anthroponymie préhispanique. Dans l’ensemble elle ne facilitait guère l’individuation puisqu’elle se basait sur des noms calendaires répétitifs (5 Malinalli etc.) ou des rangs de naissance (aîné, cadet, benjamin). Mais la haute noblesse y ajoutait des noms symboliques souvent transmis de génération en génération (Axayacatl, Nezahualcoyotl etc.). cf. Van Zantwijk, “Repeticiones de nombres personales entre los miembros de la familia real azteca”, Baudot (Georges) et de Durand-Forest (Jacqueline) (dir.), La quête du Cinquième Soleil, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 204.
3 Pour les nobles indiens appellés San Francisco on trouve ainsi des Julian, Miguel, Sebastian, Baltasar, Guillermo, Antonio, Felipe, Bernabe, Nicolas, Cosme, Juan, Alonso, Leonor, Lorenzo, Agustin, Gregorio, Josepe, Zacarias, Pedro, Bernardo, Luis, Leonardo, Ambrosio. Ceci pour la seule province de Tezcoco, entre 1537 et 1641.
4 Simon, Bartolomé, Miguel, Pedro, Lucas, Fabian, Juan, Gabriel, Cristobal, Antonio, Domingo, Felipe, Mathias, Gaspar, Damian, Jacobo, Francisco, Mateo, Martin, Leonardo, Thomas, Joseph, Daniel, Baltasar, Thobias, Alonso, Andres, Nicolas.
5 cf. Lochkart (James), The Nahuas After the Conquest. A Social and Cultural History of the Indians of Central Mexico, Sixteenth trough Eighteeneth Centuries, Stanford, 1992, p. 117-130.
6 La plupart des circonstances entourant le choix de ces prénoms et noms de famille nous échappent.
7 Codex Chimalpahin, Norman, University of Oklahoma Press, 1997, vol. 2, p. 213.
8 AGN [Archivo General de la Nación, Mexico], Ramo Tierras, vol. 2519, exp8.
9 AGN, Vinculos, v234, exp. 1, f. 44v.
10 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 211-213.
11 AGN, Tierras, v2723, exp.3, f. 5r.
12 AGN, Tierras, v2719, exp. 25, f.334v.
13 AGN, Tierras, v2723, exp. 3, f. 2v.
14 AGN, Tierras, v1688 exp2, f. 92v.
15 AGN, Tierras, v2726, exp. 10.
16 AGN, Vinculos, v. 234 ; exp. 1, f. 234v. Noble d’Atengo, décembre 1574.
17 MNAH [Museo Nacional de Antropología e Historia, Mexico], Colección Antigua, 3a serie, legajo 30 documento3, f10v. Tezcoco 1585.
18 Tepexpan 1545 1558. Williams (Barbara J.), “The land and Political Organization of a Rural Tlaxilacalli in Tepetlaoztoc, c AD. 1540”, Harvey H. R. et alt (dir.), Land and Politics in the Valley of Mexico. A Two-Thousand-Year Perspective, Albuquerque, University of New Mexico, 1991, p. 202.
19 AGN, Tierras, v. 2723, exp. 3.
20 AGN, Tierras, v. 2964, exp. 6, f. 18r.
21 AGN, Tierras, v. 1524, exp. 3, f. 2r.
22 AGN, Tierras, v. 1524 exp. 3, f. 7r.
23 Horcasitas (Fernando), “Los descendientes de Nezahualpilli : documentos del Cacicazgo de Tetzcoco (1545-1855)”, Estudios de Historia Novohispana, 6, 1978, p. 154.
24 AGN, General de Parte, v. 3, exp. 386, f. 178v.
25 Par exemple les Pimentel de Tututepec sur la côte Pacifique n’ont rien à voir avec ceux de Tezcoco.
26 AGN, Tierras, v. 2729, exp. 1.
27 AGN, Tierras, v. 1524, exp. 3, f. 7r.
28 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 221.
29 Lockhart (James), The Nahuas…, op. cit., Stanford, 1992, p. 117-130.
30 AGN, Tierras, v. 2879, exp 9, f. 100r.
31 AGN, Tierras, v. 1524, exp. 3, f. 29r.
32 AGI [Archivo General de Indias, Séville], Justicia 164, n° 2, f. 17r.
33 AGI, Justicia 164, n° 2, f. 13v : “don marcos governador del pu[eblo] de Tamascalapa”. Mai 1554. f. 29r : “Preg[unta]do q[ue] como se llama el caçique q[ue] es o [h]a sido deste d[ic]ho pu[ebl]o dixo q[ue] no [h]ay cazique ning[un]o syno un marcos q[ue] se llama tlacatecotl”. Tlacatecuhtli est un titre correspondant à une fonction administrative. cf. Infra.
34 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 221.
35 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 221.
36 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 209.
37 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 225.
38 AGN, Mercedes, vol. 4, n° 723 : “Joan de Olmos yndio natural del Pu° de Chiauhtla”. Juin 1591.
39 “Indio principal de Toluca”. AGN Indios vol. 2 exp. 356 et 358.
40 AGN, Tierras, v. 2519, exp8, f. 50r.
41 Williams (Barbara), “The land and Political Organization…”, op. cit., p. 202.
42 AGN, Tierras, v. 1524, exp. 3, f. 55v.
43 AGN, Vinculos, v. 234, exp. 1, f. 143v.
44 AGN, Tierras, v. 2729, exp. 1, f. Tepetlaostoc, octobre 1607.
45 AGN, Tierras, vol 3343, exp 22, f. 4v. Texcoco 29 janvier 1588.
46 AGN, Tierras, vol 2782, exp10, f. 10v. Otumba 29 octobre 1572.
47 AGN, Tierras, vol 1649, exp 1, f. 11v. Tezcoco avril 1592.
48 Respectivement dans l’ordre alphabétique San Andres, San Antonio, San Benito, San Bernardino, San Buenaventura, Santesteban, San Felipe, San Francisco, San Gabriel, San Gregorio, San Hipolito, San Jose, San Juan, San Lazaro, San Lorenzo, San Luis, San Marcos, San Martin, San Mateo, San Miguel, San Nicolas, San Pablo, San Pedro, San Rafael, San Roman, San Sebastian, Santa Ana, Santa Cruz, Santa Maria, Santiago, Santo Domingo, Santo Tomas, Santo ou Santos.
49 Horcasitas (Fernando), “Los descendientes de Nezahualpilli : documentos del cacicazgo de Tetzcoco (1545-1855)”, Estudios de Historia Novohispana, n° 6, 1979, pp. 166-179.
50 Horcasitas (Fernando), “Los descendientes…”, op.cit., pp. 180-183.
51 Van Zantwijk (Rudolf), “Repeticiones de nombres…”, op. cit., pp. 203-208.
52 AGN, Tierras, v.64, exp 8, f. 34r. cf. Ixtlilxochitl (Fernando de Alva), Obras Históricas, Mexico, UNAM, 1975-1977, t. 2, p. HC [Historia de la Nación Chichimeca], cap XLV.
53 Ixtlilxochitl, op. cit., SRTC [Sumaria Relación de Todas las Cosas], t. 1, p. 341.
54 Ixtlilxochitl, op.cit., HC, t. 2, p. 136 et 168.
55 Ixtlilxochitl, op.cit., SRTC, t. 1, p. 341 : “nieto del famoso infante Acapipiotzin y sobrino del rey de Tezcuco”.
56 Ixtlilxochitl, op.cit., SRTC, t. 1, p. 286.
57 On remarquera que ces exemples sont tirés des chroniques de don Hernando Alva Ixtlilxochitl, chroniqueur tardif du début du XVIIe siècle.
58 Motolinía (Fray Toribio de Benavente), Memoriales, Mexico, UNAM, 1971, pp. 352-366.
59 Codex Chimalpahin, op. cit., p. 235. Le nom nahuatl Ihuiyantzin figure dans très peu de documents, étant le plus souvent occulté par son détenteur. cf. Sahagun (Fray Bernardino de), Historia General de las coasas de Nueva España, Mexico, UNAM, 1975, p. 452.
60 AGN, Tierras, v. 1524, exp. 3, f. 8r.
61 AGN, Tierras, respectivement f. 23v, 24v et 36v.
Auteur
Université de Toulouse-Le Mirail.
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