Une histoire qui intrigue. La Réforme en Béarn vue par un pasteur converti
p. 207-220
Texte intégral
1Les manuscrits des bibliothèques publiques françaises ont souvent de quoi nous fournir des surprises. En voici une, appartenant au fonds Leber de la Bibliothèque de Rouen (MS 5721), intitulée Intrigues secretes de la Reyne Margueritte pour établir les erreurs et les nouveautés de Calvin dans son Royaume de Bearn et de Navarre. Nous ne savons rien de la provenance du manuscrit en question avant son acquisition par le grand collectionneur parisien, Jean-Marie Constant Leber1. Paginé régulièrement (281 pages) et soigneusement réparti en paragraphes et « livres », le texte est écrit d’une seule main et date visiblement de la deuxième moitié du XVIIe siècle. D’une orthographe homogène et très peu raturé, il s’agit peut-être d’une copie contemporaine. Bien qu’il ne porte pas de date claire, nous pouvons arriver à situer chronologiquement ce document de manière précise grâce au témoignage interne du document en question. Ecrit sous le règne de « Louïs le Grand », il fut rédigé à une date postérieure à la Révocation de l’Édit de Nantes (1685) et avant la démission de Pierre, marquis de Gassion, président à mortier du Parlement de Pau, qui est élogieusement mentionné et présenté comme encore vivant2. Pierre, marquis de Gassion appartenait à un clan inscrit au centre du réseau protestant dirigeant l’ancienne principauté béarnaise. Son père, Jean Gassion, était président à mortier au parlement de Navarre et, plus tard, intendant de justice en Béarn et Navarre sous le Cardinal Richelieu avant d’être nommé gouverneur de Bayonne en 16403. Des neuf enfants de Jean, Pierre fut celui qui hérita de son office au parlement, se convertissant au catholicisme avant son mariage à Madeleine Colbert du Terron vers 1670, et s’apparentant par cette alliance à la grande dynastie ministérielle. Pierre Gassion fut bien actif au moment de la révocation de l’édit de Nantes, réalisant « des merveilles pour les conversions ». En 1710, il cède son office à son fils Henri Gassion, baron de Cambou. Notre document fut donc rédigé entre les dates limites de 1685 et 1710.
2Nous ignorons le nom de l’auteur mais, juste au-dessous du titre du document, nous lisons : « Par M. Ministre de la Religion prétendue réformée Converti à la foy Catholique ». Cette inscription nous fait tout de suite penser à une contrefaçon comme il y en eut plusieurs suite à la Révocation. Ces écrits, imputés à des protestants convertis désireux d’inciter les autres à suivre le même chemin, avaient des objectifs purement polémiques. Or, si l’ouvrage en question est une contrefaçon, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas très convaincant. La construction du récit est ainsi très naïve : il aurait été plus facile de rendre crédible la façon de ce texte par un ancien pasteur en évoquant plus directement sa conversion par exemple, ou ses expériences personnelles avec son consistoire et ses ouailles protestantes. Mais notre auteur reste discret, préférant se concentrer uniquement sur le sujet en question qui n’a rien, ou très peu, à voir avec le titre puisque l’ouvrage porte essentiellement sur l’histoire de la naissance et du progrès de la Réforme protestante en Béarn depuis ses origines aux Ordonnances Ecclésiastiques de 1571 et à la mort de Jeanne d’Albret en 15724. En outre, notre auteur avait également accès à des documents protestants auxquels il n’aurait pu parvenir s’il n’avait pas été pasteur : il nous fournit ainsi un extrait des actes du synode du Béarn de 1569, qu’il nous dit avoir tiré des registres du consistoire d’Andrein « que j’ay entre les mains »5. Il a également utilisé d’autres registres des consistoires, d’où vient notamment un exemple du serment d’abjuration exigé par les protestants, que « j’ay trouvé dans un livre du consistoire de Pau de l’année 1586 »6. Il nous donne aussi un témoignage qui a de fortes chances d’être véridique, et donc très précieux, de la façon dont on baptisait les enfants dans les temples protestants béarnais :
Car en ce temps lâ les ministres baptisoient d’une étrange manière, quand on leur presentoit un, ou plusieurs enfants a baptiser, Ils montoient en chaire, faisoient un presche sur l’institution du baptesme, et puis ayant pris de l’eaüe dans le creux de la main Ils la jettoient a ladvanture sur les enfants et soit que l’eaüe les eust toucher, soit qu’elle ne les eust point touchez, Ils passoient pour bien baptisez [… ]7.
3Nous partons de l’hypothèse qu’il s’agit d’un « vrai », et pas d’un « vrai-faux » (une contrefaçon) ou d’un « faux-vrai » (un récit authentique d’un catholique, portant un faux titre ou une fausse page de garde). Ces réserves nécessaires étant faites, nous pouvons avancer que notre texte fut vraisemblablement rédigé par un ancien pasteur protestant.
4Très probablement béarnais de souche, notre auteur connaît intimement son pays et sa langue, traduisant de temps en temps des documents du béarnais en français, notamment un extrait intéressant des registres des jurats de Pau8. En quelque sorte, son ouvrage est une évocation d’une période unique et importante dans son histoire ; ce qui limite tout de suite les possibilités puisque, parmi les 35 à 40 pasteurs béarnais au moment de la Révocation, il n’y en eut que 10 que l’on sait avoir abjuré le protestantisme9. Sur la base unique du document lui-même, il est pour l’instant impossible d’arriver à plus de précision même si l’on avait pensé que Isaac Darrigrand, ‘sans contredit le plus considéré de sa province par son éloquence et par sa capacité’ selon l’intendant Fouquet, ait pu constituer une hypothèse vraisemblable10. Mais la signature de l’ancien ministre de Thèze, Orthez, Lagor puis Maslacq ne correspond pas du tout avec l’écriture du manuscrit en question. De plus, il meurt très vite : en 1687. Une autre possibilité serait qu’il s’agit d’un pasteur devenu avocat au parlement de Navarre. En effet, notre auteur s’appuie parfois sur une conception juridique de l’histoire, notamment lorsqu’il écrit : « […] pour moi je m’en tiendray tousjours a la maxime de droit qui veut qu’un accusé Jusques a ce qu’il ayt esté conuaincu, passe pour innocent »11. Ce parcours expliquerait aussi la référence élogieuse au Président Gassion. Dans ce cas-là, il s’agirait peut-être de Pierre Goulard de Tonneins, ministre à Pontacq, Arthez, Lombez et Oloron (notre auteur s’intéressant tout particulièrement à l’histoire d’Oloron), ou également de Josué Medalon de Jurançon, ministre d’Osse, Castetnay et enfin Morlàas. En réalité, nous pouvons considérer l’approche historique de notre auteur sans connaître son identité exacte.
« Je ne crois pas transgresser les loix de l’histoire… »
5Son histoire se divise en trois parties assez bien équilibrées. La première (en 50 paragraphes) s’occupe des origines de la Réforme en Béarn jusqu’à 1560 ; la deuxième (en 42 paragraphes) reprend le fil (et pour notre auteur « le fil de nostre histoire » est essentiel, toute parenthèse étant l’objet d’excuses laborieuses) jusqu’en 1564 et les premières tentatives catholiques visant à déstabiliser le déroulement politique de la Réforme protestante. La troisième (également en 42 paragraphes) poursuit la narration de la Réforme en Béarn jusqu’à la mort de Jeanne d’Albret en 1572. L’auteur décrit la dissension catholique émergente dans un régime de pluralité religieuse très inégale, l’invasion catholique du comte de Terride en avril 1569 et le siège de la citadelle de Navarrenx, suivi de la contre-invasion protestante du comte de Montgomery en août de la même année puis l’imposition triomphale du protestantisme ensuite, incarnée par les « ordonnances ecclésiastiques » de 1571, dont il nous fournit un sommaire documenté et exact. Il a un réel sens de l’unité de son sujet et se concentre sur une « histoire ecclésiastique » de la Réforme, rappelant à plusieurs reprises qu’il n’écrit pas une histoire politique : « Je le laisseray faire aux historiens politiques », écrit-il à propos de la décision de Charles IX de visiter les provinces de son royaume en 1564-65, « qui la plus part du temps font penser aux Princes, ce qu’ils ne penserent Jamais »12.
6Notre auteur n’est pas un historien très sophistiqué mais il a une méthodologie rudimentaire. Il comprend ainsi qu’il ne faut pas sélectionner artificiellement une source ou une autre pour étayer une position préalablement formulée : « Je ne croix pas transgresser les loix de l’histoire qui veulent qu’on ne cache rien de ce qui fait au sujet »13. Il cherche l’objectivité, même si ses nouvelles convictions l’empêchent de réussir à la trouver. Faisant le résumé de la carrière du réformateur hétérodoxe Gérard Roussel (v.1480-1555), qu’il voit comme une sorte de porteur de l’infection d’hérésie en Béarn, il accepte qu’« il faut neantmoins faire justice au merite dans quelque sujet »14 ; ce qui l’amène à un bilan nuancé de sa vie. Roussel est ainsi dépeint comme l’« auteur et sectateur de quelques nouveautez » qu’il continuait à enseigner durant son épiscopat à Oloron mais il vivait « en catholique » et il « eust beaucoup de vertus » :
Il fust tousjours irreprochable dans ses mœurs, sobre, chaste, zelé, charitable et depuis qu’il fust evesque, Il assistâ tous les jours dans Sainte Marie [d’Oloron] a toutes les heures du chœur. Il preschoit trois fois régulierement tous les Dimanches et toutes les festes a la messe matutinalle a la grand messe et a Vespres15.
7Bien qu’il cumule deux bénéfices (« ce que les sacrez canons ne permettent pas, quoyque plusieurs qui font profession de la plus seuere moralle se le permettent eux mesmes »), il le juge moins répréhensible, car :
Il nourrissoit tous les jours une foulle de pauvres qui le suivoient par tout l’appellant leur père. Il faisoit élever le nombre d’écoliers qu’ayant de l’esprit, n’avoient pas le moyen de se pousser aux lettres. Enfin il auroit eu tout le merite d’un excellent Evesque, s’il ne fust mort en cherchant une Religion, qu’il ne trouva pas16.
8Presque tout ce qu’il dit sur Roussel est effectivement repris de l’Histoire de la naissance, progrez et decadence de l’heresie du magistrat bordelais, Florimond de Raemond17. Toutefois, il a pris le temps de poursuivre la question de la date et des circonstances de sa mort, notant que le continuateur (Henri de Sponde) de Gallia Christiana eut tort de dire qu’il meurt tout de suite après qu’il fut attaqué par une hache lorsqu’il prêchait à Mauléon de Soule pour une réduction des fêtes patronales et festivités inutiles. Notre auteur confirme ce qu’il avance être la vérité sur cet incident, tout en insistant sur la bonne foi catholique de Pierre Arnaud Maytic, celui qui a lancé l’attaque, dont il connait apparemment des descendants et la famille. Etant donné que l’on soupçonne maintenant que l’histoire de cette attaque ait été largement confectionnée par la famille en question, il est intéressant d’avoir ici la preuve du fil conducteur en question par le biais de notre auteur. Bien que Roussel se soit, tout de suite après, retiré à Eaux-Bonnes pour se remettre de l’incident, il ne fut pas physiquement blessé et commence un procès au Parlement de Bordeaux « demandant réparation de l’insulte qu’il prétendoit avoir reçeue de luy »18. Celui-là n’aboutit pas puisque Maytic « en fust deschargé » après la mort de Roussel dans son abbaye de Clairac « comme Florimond de Remond le raconte sur le témoignage d’un vieillard qui estoit pres de son lict quand Il expira et duquel Il apprit quelques circonstances de sa mort qui ne sont nullement a notre sujet »19. Comme c’est souvent le cas dans ce texte, notre auteur ajoute alors un détail pittoresque et tout à fait original :
9J’ai leü dans un auteur qui a decrit la naissance et le cours des rivieres de Bearn l’epitaphe qu’il dit que luy firent les moynes [de Clairac] qui n’estoient pas plus gens de bien que luy. Il n’est que d’un seul vers et cependant tres fort, le voicy : Alter Barrabas Jacet hic Rosselius Abbas20.
10Notre auteur sait bien qu’il faut critiquer les sources écrites, en confrontant ce qu’elles disent avec les preuves des documents originaux, des témoignages oraux ou personnels. Il préfère ne pas accorder confiance à un auteur seul, sans corroboration, surtout s’il l’a trouvé déjà inexact. C’est le cas pour lui de l’Histoire de Foix, Bearn, et Navarre, diligemment recueillie, tant des precedens historiens, que des Archives desdites maisons (Paris, 1609) écrit par le ministre protestant béarnais, Pierre Olhagaray, dont il a régulièrement un exemplaire sous la main pour rédiger son histoire21. Ce dernier ouvrage est la bête noire de cette histoire. Etonné peut-être par la confiance accordée au texte d’un collègue lointain de notre ancien pasteur, Olhagaray s’abritant sous le titre honorifique d’« historiographe royal » d’Henri IV, notre auteur veut démontrer qu’il se trompe sur les dates importantes de la Réforme protestante en Béarn. Il entend notamment établir qu’Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret célébrèrent leurs Pâques à Pau en 1559 en prenant la communion des mains du ministre protestant Guillem de Barbeste, affirmant ainsi leur soutien public à la Réforme dans la principauté :
Ce qui me fait doubter de la verité de cette relation, c’est que le meme Olhegaray adjouste que le mardy suivant, Boisnormand, qu’on avoit rappellé en Bearn, celebrâ la Cene dans une maison particuliere de la mesme ville, ou beaucoup de noblesse accourut, entr’autres une Dame de qualité qui avoit esté Religieuse ; car si le Roy de Navarre avoit fait publiquement la Cene a la Calviniste dans l’église de Pau poursquoy les autres l’allerent-il faire dans une maison particuliere la pouvant faire en publicq avec leur Prince [… ]22.
11Pour notre auteur, l’erreur d’Olhagaray est évidente. Il s’est trompé entre Pâques et Noël 1559, confondant l’assistance ambiguë d’Antoine de Navarre à Pau le 23 mars 1559 avec le geste de défi de Jeanne d’Albret du 25 décembre de la même année23. Parvenue au lendemain de l’expédition de Terride en 1569, notre histoire n’accorde aucune valeur au récit des massacres des protestants qui accompagnaient l’invasion :
Je n’ay rien dit de quelques actions de cruauté et de brutalité qu’il [Olhagaray] exagere extremement. Je pourrois dire a celâ que ne les ayant trouvés que dans luy seul, Je n’ay pas creu debvoir compter sur la bonne foy d’un auteur qui en manque assez souvent24.
12Partout dans cette histoire, le but de notre auteur est de contredire la vision d’Olhagaray d’une Réforme en Béarn dirigée d’en haut par les membres de la dynastie d’Albret-Navarre inspirés par la justice profonde de leurs convictions religieuses, et largement acceptée par la grande majorité de la population béarnaise. Ses éléments critiques, les moments où il part de l’historiographie reçue, sont toujours introduits avec l’objectif de construire une contre-histoire de cette période, des motivations des dirigeants ainsi que de la réception accordée aux nouveautés religieuses.
« Intrigues secrettes »
13Les « intrigues secrettes » évoquées par le titre du manuscrit sont présentes à travers l’histoire de Marguerite de Navarre et de ses rapports avec la principauté du Béarn. L’esquisse dressée par cet auteur de l’influence de Marguerite rejoint en quelque sorte l’analyse toute récente de ses réseaux informels entreprise par l’historien américain Jonathan Reid25. Or, notre auteur se distancie fondamentalement de la possibilité que la reine elle-même soit devenue protestante. Elle se trouvait plutôt « dans l’incertitude de ce qu’il falloit croire et peu a peu se refroidissoit dans la devotion, n’ayant plus de croyance pour la pluspart des pratiques de l’église »26. Ses réseaux d’influence n’étaient que des « ruisseaux » pour lesquels « l’escriture saincte estoit la source, ou elle pourroit puiser la veritable pieté »27. Lefèvre d’Étaples lui servait d’exemple, étant « assez irresolû lui mesme », laissant « cette Princesse dans l’embarras et produisant par cette condüitte deux mauvais effets dans son ame, l’un d’augmenter sa curiosité, et l’autre de la rendre susceptible de tous les sentiments qu’il voudroit luy faire prendre en matiere de Religion »28. Pour notre auteur, le processus de conversion (si important, peut-être, dans sa propre vie récente) est quelque chose qui arrive en secret, un chemin qui s’ouvre progressivement sans qu’on sache trop d’où il vient. Ce qu’il décrit comme l’« aliénation de la catholicité » donne l’ouverture aux « intrigues » du monde politique et à l’« intérêt humain » autour de Marguerite, conduisant à la construction d’une conviction religieuse qu’on attribue à cette dernière bien qu’elle ne l’ait pas29. Les « intrigues secrettes » s’établissent donc à deux niveaux : d’une part, les tentatives politiques autour d’une princesse afin d’exploiter son influence et l’amener dans une direction qui n’était pas forcément la sienne ; d’autre part les tentatives historiographiques post-facto visant à l’aligner dans un camp confessionnel auquel elle ne s’est jamais associée de façon nette. C’est pour cette raison que notre auteur s’arrête avec l’évocation de la mort de Marguerite à Bigorre, le 21 décembre 1549 : « baisant le crucifix apres avoir reçeu le viatique et l’extreme onction »30. C’est finalement en secret, mais parfois en sa présence, que les origines de la Réforme protestante pouvaient prendre racine, « dans les caves ou dans les lieux les plus bas de la monoye de Pau » où la nouvelle secte pratiquait la « manducation », une sorte de cérémonie secrète « à laquelle on n’admettoit pas tout le monde, non pas mesme ceux qui assitoient aux exhortations et instructions particulières »31.
14Pour l’histoire de Marguerite, ainsi que pour celles d’Henri et Antoine de Bourbon, notre auteur se sert d’un mélange de sources très connues, les citant de temps en temps sans toutefois en donner les références précises. Outre Olhagaray, il s’appuie sur l’Histoire de Navarre d’André Favyn, l’Histoire Ecclésiastique, l’Historia sui temporis de Jacques-Auguste de Thou et l’Histoire universelle d’Agrippa d’Aubigné. Mais, chaque fois que l’on pense qu’il n’a rien à dire de nouveau, on se trouve frappé par un détail curieux ou inattendu dont on ne sait pas exactement d’où il vient. À propos de Marguerite, il raconte ainsi un incident qu’on ne trouve pas ailleurs :
Aussy l’un et l’autre [Marguerite de Navarre et Henri d’Albret] assisterent-ils tousjours depuis aux messes, aux processions et a toutes autres pratiques de devotion, qui distinguent l’esglise Romaine d’avec les societez heretiques et la Reyne en particulier pour signaler son zele envers le tres auguste sacrifice de la messe, se donna une occupation digne de sa pieté, qui fust de faire de sa main outre bon nombre d’ornements pour les autels, une belle piece de tapisserie, ou estoit si bien representé ce divin mistere, que les plus habils peintres n’eussent sçeü rien de si delicat avec le pinçeaux, que ce qu’elle avoit fait avec son egüille ; cette piece fist l’admiration des conoisseurs, Iusqu’à ce que la Reyne Jeanne la défigura, substitüant au lieu de la teste du prestre qui celebroit, la teste d’un Renard qui faisoit d’Etranges grimasses, toutes propres a faire rire le monde32.
15L’importance de ce passage a déjà été notée par l’historienne de Jeanne d’Albret, Nancy Roelker, qui est parmi les trois historiens modernes ayant remarqué l’existence de ce document33. Il ne semble pas possible, pour l’instant, d’identifier la tapisserie en question dans les nombreux inventaires du mobilier d’art à la cour de Nérac du XVIe siècle même s’il est évident que Jeanne d’Albret était connue pour ses activités et son talent dans ce domaine34. Notre auteur l’utilise pour mettre l’accent sur la différence dans les convictions religieuses de Marguerite et de Jeanne.
16Dans un manuscrit évoquant initialement le Comte Raymond de Toulouse et le fait que lui et ses fidèles « se reunisrent a la mesme Esglise avec autant de zele qu’ils avoient fait paroistre d’opiniastreté dans la deffense de leurs erreurs »35, il est évident que l’auteur s’interroge souvent sur le zèle religieux et ses conséquences. Il fait une distinction implicite entre le zèle de conviction (qu’on ne pouvait qu’applaudir parce qu’il existait des deux côtés – y compris « le zèle de cet excellent prédicateur Jules Mascaron, evesque d’Oleron »36) et le zèle provoquant la violence et l’affrontement religieux. Pour cet ancien ministre protestant (si notre texte est vraiment de la plume d’un ancien pasteur), Calvin est devenu un hérésiarque, surtout à cause de son « esprit aigre, violent et vindicatif »37. Reprenant un passage tiré de Florimond de Raemond, il décrit le réformateur genevois comme une force de violence destructrice – « qui estoit de commencer par la détruire – disant qu’il falloit tout razer Retz pied, Retz terre, pour bastir un nouvel edifice »38. Le rejet du calvinisme par notre auteur est total et surprenant. C’est l’infection de l’hérésie qui a été à l’origine des « erreurs qui ont produit le libertinage dans les mœurs des chrétiens, la profanation des esglises, le Renversement des autels et mil autres crimes abominables sans compter les guerres civiles, la desolation des provinces et les attentats formés contre les souverains »39. S’appropriant totalement la critique habituelle du protestantisme au moment de la Révocation, il met l’accent sur « la division qui se mit entre leurs ministres, pour sçavoir a quoy on s’en tiendroit en matiere de croyance […] parce que n’ayant aucune regle certain pour l’Intelligence de l’Ecriture, il estoit moralement Impossible, que tous convinssent en un mesme sens », la preuve de cette tendance étant très évidente dans les registres des synodes protestants de Béarn pendant la décennie 1561-157140.
17Pour notre auteur, Jeanne d’Albret partage cette violence et ces « intrigues secrettes » se déroulent autour de l’imposition par la force d’une Réforme protestante en Béarn. Il a alors recours à une source que je n’ai pu identifier, présentée simplement comme « l’apologiste des Églises pretendües Reformées de Bearn », et qui lui sert de cible auxiliaire à Olhagaray en tout ce qui concerne la Réforme protestante de Jeanne d’Albret41. C’est dans ce texte qu’il a trouvé les délibérations de la Chambre du Conseil Souverain du 17 mai 1561 au cours duquel la première saisie des biens ecclésiastiques fut décidée. Il raconte le cas d’un gentilhomme catholique « duquel Je n’ay pû apprendre le nom » qui « donna un dementy en pleine assemblée » d’un prêche à un pasteur. Tout autour de lui, son intervention fut suivie d’un « triste silence » qui « ne présagea rien de bon pour luy ». En fait, avec la connivence de la reine (implicite dans le texte), « le pauvre catholique disparût de manière qu’il fust Impossible d’apprendre ce qu’il estoit devenû, quelque soing qu’on en prist et quelque priere que les Estats fissent a la Reyne de donner ordre qu’il fust remis en liberté »42 : Jeanne d’Albret ne parle pas la langue de Canaan, mais la langue de colère. Il cite également la lettre de remontrance contre les changements envoyée à la reine Jeanne par Georges, cardinal d’Armagnac de Belle-Perche le 18 août 1563 : un texte retrouvé également chez Olhagaray (qui l’a lui-même repris des Mémoires de Condé)43. S’ensuit la réponse (non datée) où elle :
Luy reproche d’abord d’avoir esté luy mesme dans des sentiments favorables a la nouvelle Reforme, mais qu’il se soit laissé corrompre par les honeurs et par les biens dont on l’avoit enrichy, Elle adjouste que la Reforme qu’elle a commençé a Pau et a Lescar, Elle la veut continuer dans toute l’estendue de sa souveraineté de Bearn, que deux Estats luy ont presté obeissance pour la Religion apres les trois premieres remontrances mal fondées, dit elle, et bien répondües, sans que pour cela Il y ayt eû ny mort, ny emprisonnement, ny condamnation44.
18Ce n’était que le début car, furieuse de l’intervention du cardinal dans les affaires de sa principauté, la reine « dit plusieurs autres choses qui font bien voir que la colere, et quelque chose de plus luy avoit dicté la lettre »45. Conformément à une tradition orale de l’époque et à l’image de ce que l’on disait concernant Marguerite de Navarre, l’affirmation du fait que Jeanne d’Albret prêchait est ici reprise sans critique. Il est ainsi écrit :
Qu’elle instruisoit les ministres, et quelle montoit en chaire, pour persüader sa nouvelle Reforme, le brüit est assez constant, qu’elle le fit a Sauveterre et a Ste Croix d’Oleron, ou elle protestâ qu’on ne diroit plus la messe tandis qu’elle vivroit ; mais comme elle n’avoit pas le don de prophetie, ny la vocation pour prescher l’evenement detrüisit sa prédication et ses auditeurs n’eurent pas beaucoup d’esgard pour ses presches46.
19Notre auteur est très sensible à l’impétuosité de la reine et l’illustre encore de nouveau avec une nouvelle histoire issue de la tradition orale : celle d’une dame de qualité paloise (« dont on garde encore la bourse à Pau ») qui chercha audience auprès de la Reine pour payer en avance l’amende prévue afin que sa famille puisse continuer à célébrer la messe. Instruite de cette requête, Marguerite entra « dans une telle rage, qu’elle luy Jettâ son argent a la teste »47. C’est cette qualité qui sert à notre supposé pasteur converti de moteur explicatif pour les actions de l’architecte de la Réforme en Béarn.
20Pour lui, cette Réforme est surtout l’installation d’un pouvoir protestant dans la principauté béarnaise48. Il comprend bien l’importance de l’établissement de la Chambre Ecclésiastique, dont il a feuilleté les registres pour comprendre comment elle fonctionnait49. Il sait aussi comment la décision d’exclure de toutes les charges publiques dans la Principauté ceux qui faisaient profession de l’ancienne religion fut prise par le pouvoir politique pour favoriser cet établissement (« ce qui allâ si loing dans la suitte »)50. Et pour l’illustrer en pratique, il se sert des registres de la petite ville de Gan où l’« on exclut de l’employ de Porcher publicq un homme qui se presentoit par l’unique raison, qu’il estoit catholique »51. L’on aurait tendance à voir dans cette histoire une sorte de « mythe urbain » si notre auteur n’avait pas été par ailleurs assez scrupuleux dans son recours aux registres, aux documents et aux sources qu’il cite avec fidélité. Concernant l’impact de cet établissement sur l’église catholique, l’auteur utilise un manuscrit de la cathédrale de Lescar (« Le Livre de La Pointe ») qui raconte l’arrivée des commissaires de la reine, le 17 juillet 1563, pour faire « abattre toutes les Images qui restoient, razer les autels et detrüire tout ce qui avoit, ou forme, ou marque d’Image dans cette cathedralle »52. Mais il nous fournit également quelques exemples de ce qui lui a été donné par une tradition orale, notamment sur les difficultés de faire imposer un « simultaneum » ou pluralité religieuse en Béarn à partir de 1564, et sur le rôle des catholiques complaisants cherchant un accord avec le nouveau régime53. Il note l’importance de la fondation de l’académie d’Orthez et les efforts des catéchistes, dont le rôle semble plus important dans l’église protestante de Béarn qu’en France, ainsi que des maîtres d’écoles des villages « pour apprendre a lire et a escrire aux enfants, et par ce moyen inspirer l’heresie, non seulement a ceux qui estoient advançez en aage par les prédications et par la lectures des bibles corrompües et des autres livres héretiques mais encore a la Jeune et aux enfants »54. Pour lui, la rigueur de cette nouvelle imposition, notamment de la discipline consistoriale « ne pouvoit pas durer longtemps »55.
« Un si grand nombre de nouveautez introduites avec tant de violence firent murmurer les peuples »56
21Notre auteur n’a pas été accoutumé au discours des droits de résistance ni par son passé rejeté de pasteur protestant, ni par son présent de sujet très obéissant au roi. Or, ce qu’il raconte est l’histoire « oubliée » de la résistance catholique populaire à l’imposition du calvinisme en Béarn. Au sujet du complot catholique de 1563-1564 à Pau, visant à enlever Jeanne d’Albret avec ses enfants Henri et Catherine pour la faire comparaître devant le tribunal de l’Inquisition en Espagne (« la conspiration la plus hardie, dont on ait jamais entendu parler dans le royaume » selon de Thou)57, il reste très sceptique sur le fonds comme sur la date présumée de l’affaire. Le complot fut « embarassé de tant de difficultez, ou pour mieux dire de tant d’impossibilitez » qu’il « n’estoit nullement croyable »58. Sa naïveté est plus qu’évidente si l’on s’en réfère aux recherches récentes de Serge Brunet qui confirment ce que narre de Thou59. Toutefois, notre auteur ajoute là encore un détail intéressant au sujet de l’identité du mystérieux capitaine Dimanche (ou Douméngue en béarnais ; Dominique ; Domingo) qui fut au centre des préparatifs militaires de cette aventure. Pour lui, il s’agit probablement (« apparemment ») de Dominique de Gourgues, issu d’une famille noble des Landes (ce « magasin de soldats et pépinière des armées » selon Florimond de Raemond) : un caractère haut en couleur, chevau-léger de la compagnie de Monluc qui fut fait prisonnier après la défaite de Piance en 1557 puis envoyé aux galères par les Espagnols, où il tomba aux mains des Turcs avant d’être repris par un compatriote60. L’hypothèse est à retenir : un signe de plus de la façon dont notre auteur s’interroge sur son sujet, même s’il n’a pas de preuves concrètes.
22Ce complot fut une conspiration classique, impliquant un petit nombre de personnes dans une opération du plus haut risque. Notre auteur s’intéresse plutôt au « murmure » du peuple, un grondement progressivement plus perceptible, notamment en Basse-Navarre, amenant à l’échec inévitable du jeune régime protestant suite à l’invasion de Terride en 156961. Cependant, cette interprétation le laisse confronté à un problème : si l’opération militaire de Terride avait été, en quelque sorte, une « libération » pour le peuple béarnais soumis à un « joug » protestant, pourquoi cette libération fut-elle suivie plusieurs mois après d’un échec constitué par la réussite d’une contre-invasion dirigée par Montgomery ? Sa réponse repose tout d’abord sur la stratégie militaire de Montgomery qui écrasa Terride, ce dernier se trouvant « dans une ville à la veüe d’une armée qui n’avoit pas plus d’Infanterie, que luy, et dont la cavalerie ne valloit pas la sienne, se laisser forçer un plein midy dans cette mesme ville et se rendre prisonier de guerre […] c’est ce qui paroist pour lors et qui paroistrà tousjours incroyable »62. L’auteur met aussi l’accent sur la répression des catholiques et des collaborateurs suite à la reconquête de Montgomery. Notre auteur dispose en effet cette fois-ci d’un témoignage de la brutalité dont faisait preuve l’armée de Montgomery, ce qui n’était pas le cas pour l’invasion de Terride, et il le met en avant pour ses lecteurs. Olhagaray lui est alors précieux. Le carnage fut si grand à Orthez, dit-il, que le Gave fut « teint de sang ». Or selon lui, « ceux qui sçavent quelle est la rapidité de cette Riviere, surtout devant Orthez comprendront aysément l’horreur de la tüerie, qu’on y fist, de sorte que quand quelques historiens ont dit qu’il n’y avoit eû que deux mil, cinq cens hommes de tüez, Il faut qu’ils se soient trompez car si peu de sang n’auroit sçeû teindre le Gave »63. Plus fiables sont les mentions de petits incidents et de cruautés. Elles relèvent, peut-être, des traditions orales, notamment l’histoire du pont d’Orthez, confirmée plus tard et indépendamment par l’histoire des troubles en Béarn du barnabite Père Isidore Mirasson :
On voit sur le pont d’Orthez un troû qu’on appelle le Troû des prestres parce qu’on en Jettoit delâ dans la Riviere, tout autant qu’on en prenoit et le nombre a esté bien grand, puisque le nom s’en conserve encore aujourd’huy et que dans les derniers temps, quand les huguenots vouloient menaçer les catholiques, Ils disoient que la Reyne Jeanne pourroit revivre quelque jour et qu’on pourroit bien ouvrir le Troû des prestres64.
23Parmi d’autres « lieux de mémoire » de cette période, notre auteur nous conduit à nous souvenir que la Tour de Pau, le Pont de Ste Marie d’Oleron « et plusieurs autres Lieux » portent encore les souvenirs néfastes de cette période « comme des endroits fameux et remarquables par le carnage de plusieurs prestres et Religieux »65.
« Si on se souvenoit de ces temps durant lesquels l’heresie avoit infecté la province ce n’estoit qu’avec horreur et avec exécration »66
24Les convertis, comme les gens de la première Réforme « entre deux chaires », étaient des orphelins dans le sens où ils n’avaient pas de tradition mémorialiste dans laquelle ils pouvaient se trouver commémorés. Si l’objectif ultime de la rédaction de ce manuscrit était sa publication, l’auteur n’a pas bien réussi. Notre texte est à l’opposé de la grande tradition historiographique catholique des XVIIe et XVIIIe siècles mettant en exergue la continuité et la succession des évêques dans leur contexte local et national67. Au contraire, dans le cas qui nous intéresse, il est question de la rupture provoquée par le protestantisme en Béarn et de la difficulté d’établir de façon convaincante une continuité épiscopale dans les évêchés béarnais. Ignoré par la petite tradition d’ouvrages catholiques du XVIIIe et du début du XIXe siècle (Poeydevant, Mirasson…) essayant de réviser la perception du passé protestant de la province, il contient néanmoins de quoi susciter l’intérêt et nous offrir un important témoignage sur une période qui, depuis la Révocation, devenait progressivement un sujet d’« oubliance ».
Notes de bas de page
1 Sur la vie et les intérêts du grand collectionneur parisien, Jean-Marie Constant Leber, voir Taillandier (A.-H.), Notice sur la vie et les ouvrages de Leber, Paris, Imprimerie C. Lahure, 1860 – extrait du Bulletin de la société impériale des antiquaires de France (1860), t. 1. Je tiens à remercier la Bibliothèque Municipale de Rouen de m’avoir fourni un microfilm de cet ouvrage. Depuis la rédaction de ce texte, Philippe Chareyre m’a fait part de son projet de publier une édition critique de ce texte. Dans ce contexte, cette communication devrait être considérée comme provisoire, le document en question méritant bien une étude plus approfondie.
2 BM Rouen (Fonds Léber) MS 5721 [désormais MS 5721], p. 238 : « […] et nous voyons aujourd’huy le marquis de Gassion, quatriesme possesseur de père, en fils, de la mesme charge de President, estre l’amour et les delices des gens de bien de toute la province et la terreur de tous les ennemis du repos publicq, et plus heureux encore que ses prédeçesseurs, en ce qu’il a eu le bonheur de prononçer l’arrest de verification de l’Édit portant revocation de celuy de Nantes, qui a porté le coup fatal au Calvinisme ».
3 Haag (E.) et (E.), La France Protestante. 10 vols, Paris, 1846-1858, t. 6, col. 229 ; Baltaux (J.), Barroux (M.), Prevost (M.) et alii éd., Dictionnaire de Biographie Française, 18 vols, Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1932, t. 15, col. 626.
4 Il met l’accent sur le fait : « J’escris l’histoire du calvinisme et non pas celle du Bearn, et c’est ce qui m’oblige de retrancher tout ce qui n’a point de rapport a ce sujet […]. » MS 5721, p. 229.
5 Ibid., p. 254.
6 Ibid., p. 100.
7 Ibid., p. 177.
8 Ibid., p. 67.
9 Selon le travail impeccable de Sarrabere (A.), Dictionnaire des pasteurs Basques et Béarnais, XVIe-XVIIe siècles, Pau, Centre d’Études du Protestantisme Béarnais, 2001, il s’agit de : 1) Jean-Paul Andichon (p. 39) ; 2) Jean François Borie (p. 61) ; 3) Isaac Darrigrand (p. 98) ; 4) Pascale I Ducasse (p. 111) ; 5) Pierre Goulard (pp. 134-5) ; 6) Pierre Lafont (p. 155) ; 7) Etienne Maupouey (pp. 190-91) 8) Josué Medalon (p. 192) ; 9) Isaac Peiret (pp. 210-11) ; 10) Pierre Saint-Pau (p. 231).
10 Soulice (L.), Documents pour l’histoire du protestantisme en Béarn : l’intendant Foucault et la révocation en Béarn, 2 vols, Bulletin de la société des sciences, lettres et arts de Pau, 2e série, t. s. XIV-XV, Pau, Imprimerie Véronèse, 1885, t. 1, p. 121.
11 MS 5721, p. 199.
12 Ibid., p. 184.
13 Ibid., p. 230.
14 Ibid., p. 61. Sur la vie et l’importance de Roussel comme un cas de figure « entre Rome et Genève », voir l’analyse, désormais indispensable, de Wanegffelen (T.), Ni Rome Ni Genève. Des fidèles entre deux chaires en France au XVIe siècle, Paris, Honoré Champion, 1997.
15 MS 5721, p. 62.
16 Ibid.
17 De Raemond (F.), Histoire de la naissance, progrez et decadence de l’heresie, Bordeaux, 1622, livre 7. Les passages sont ramassés utilement dans Dubarat (V.), éd., Documents et bibliographie sur la Réforme en Béarn et Pays Basque, Pau, Imprimerie Vignancour – H. Martin, 1900-1904, 2 vols, t. 2, p. 16-17. Cf. également Schmidt (C.), Gérard Roussel, prédicateur de la reine Marguerite de Navarre, Strasbourg, Schmidt et Grucker, 1845, p. 164-166.
18 MS 5721, p. 59.
19 Ibid., p. 60. Il est intéressant de noter chez Florimond de Raemond le passage concernant la mort de Roussel qui a évidemment embarrassé notre auteur, au seuil d’un siècle des lumières qui ne voulait plus croire à la manifestation réelle des démons : « J’ay apprins d’un bon homme vieux de Clairac, pensant me raconter chose à l’advantage de cet abbé, qu’estant sur le poinct de rendre l’ame, revenu d’un long esvanouissement, il dit à ceux qui entournoient son lit (celuy qui m’en fit ce conte estoit du nombre) que le diable s’estoit apparu, lui reprochant l’horrible peché qu’il avoit commis, pour avoir si longuement paillardé avec la messe. C’estoit un grand peché, luy dis-je, selon le decalogue du diable, et un reproche digne d’un tel maistre : le mesme qu’il avoit fait autrefois à Luther… . » (cité dans Dubarat (V.), Documents et bibliographie sur la Réforme…, op. cit., t. 2, p. 17).
20 MS 5721, p. 61.
21 Olhagaray (P.), Histoire de Foix, Bearn, et Navarre, diligemment recueillie, tant des precedens historiens, que des Archives desdites maisons, Paris, 1609.
22 MS 5721, p. 85. Cf. Olhagaray (P.), Histoire de Foix..., op. cit., p. 620.
23 Notre auteur a suivi le récit de l’Histoire ecclésiastique (1580) pour tout ce qui concerne le geste important de Jeanne d’Albret à Noël 1559 – voir l’extrait dans Dubarat V., Documents et bibliographie sur la Réforme…, op. cit., t. 2, p. 6-8.
24 MS 5721, p. 229.
25 Reid (J. A.), King’s Sister – Queen of Dissent. Marguerite of Navarre (1492-1549) and her Evangelical Network, 2 vols, Leiden, Brill, 2009 ; voir, par exemple, le passage de notre histoire où l’auteur évoque « les scavants et surtout les novateurs’ qui ‘ne manqueoient pas de la combler de louanges, et ne luy epargnoient par leurs encens qu’elle acheptoit bien cher par ses liberalitez » (p. 18).
26 MS 5721, p. 13.
27 Ibid., p. 15.
28 Ibid., p. 114.
29 Ibid., p. 11.
30 Ibid., p. 38.
31 Ibid., p. 19-20.
32 Ibid., p. 36-37.
33 Roelker (N.), Queen of Navarre, Jeanne d’Albret, 1528-1572, Cambridge, Harvard University Press, 1968, p. 236. L’existence du document est également notée en passant par Febvre (L.), Amour sacré, amour profane : Autour de l’Heptaméron, Paris, Gallimard, 1944, et par Chareyre (P.), « À la recherche des registres perdus des consistoires béarnais, XVIe-XVIIe siècle », Bulletin du centre d’étude du protestantisme béarnais, 34 (2003), p 17-19.
34 Pebay-Clottes (I.) et Mironneau (P.), « Le goût du bel objet. À propos des richesses d’art de Jeanne d’Albret à Pau et à Nérac », dans Berriot-Salvadore (E.), Chareyre (P.) et Martin-Ulrich (C.), dir., Jeanne d’Albret et sa Cour. Actes du colloque international de Pau (17-19 mai 2001), Paris, Honoré Champion, 2004, p. 373-400, voir plus précisément p. 395-396.
35 MS 5721, p. 1. Les mots ‘zele’ et ‘zelez’ (utilisés 23 fois dans le manuscrit) servent comme une sorte de « clé » à la lecture du texte et au biais de son auteur.
36 MS 5721, p. 64. L’auteur se trompe de façon curieuse ; Jules Mascon ne fut jamais évêque d’Oloron mais resta évêque d’Agen de 1679 à sa mort en 1703. Est-ce que cette référence nous permet de dater la rédaction de ce manuscrit avant 1703 dans la mesure où il implique que Mascaron est encore vivant ?
37 Ibid., p. 114.
38 Ibid., p. 11 ; réitéré p. 134 ; pour le passage dans Florimond de Raemond, voir Dubarat (V.), Documents et bibliographie sur la Réforme…, op. cit., t. 2, p. 19.
39 Ibid., p. 4-5.
40 Ibid., p. 188.
41 Ibid., p. 130-131 ; cf. p. 87, 141, 163 et 198. Il ne s’agit pas de l’histoire (encore en manuscrit) de Nicolas de Bordenave, que notre auteur ne connait qu’à travers le texte d’Olhagaray.
42 Ibid., p. 133.
43 Olhagaray (P.), Histoire de Foix..., op. cit., p. 536-543 ; Mémoires de Condé, servant d’éclaircissement et de Preuves à l’Histoire de M. de Thou, London and Paris, Chez Rollin, 1733, 6 vols, t. 4, p. 594-606.
44 MS 5721, p. 161-162.
45 Ibid., p. 162.
46 Ibid., p. 171.
47 Ibid., p. 178-9.
48 Pour cette notion d’un « établissement » calviniste en Béarn, voir Greengrass (M.), « The Calvinist experiment in Béarn » dans Pettegree (A.), Lewis (G.) et Duke (A.) éd., European Calvinism, Cambridge, Cambridge U.P., 1994, p. 119-142 [traduit comme « l’Expérience calviniste en Béarn » dans Revue de Pau et du Béarn, 21 (1994), p. 37-60].
49 MS 5721 p. 145, y compris « deux articles que j’ay tirez du Registre Ecclesiastique […] les voicy dans les mesmes termes qu’ils y sont couchez » (il suit avec l’article sur la confiscation des meubles des confréries et le transfert de l’argent résultant de leur vente ainsi que les deniers des rentes des confréries aux mains de Me Antoine de la Roche, du 21 mars 1563 ».
50 Ibid., p. 173.
51 Ibid.
52 Ibid., p. 156.
53 Il cite, entre autres exemples, le cas de l’abbé de Luc : « un curé cadet de Noblesse, que la Reyne de Navaerre mist a son ayse affin que les autres prestres esperassent un pareil sort, si Ils vouloient subir le mesme Joug, mais on avoit eu d’autant plus de peine a le suivre, que les bonnes gens avoient tourné la chose en proverbe, dont on se sert encore aujourd’huy quand on veut parler d’une action surprenante et burlesque, [disant] si l’abbe de Luc ne l’avoit imité » [p. 149].
54 Ibid., p. 174.
55 Ibid., p. 175.
56 Ibid., p. 179.
57 De Thou (J.-A.), Histoire Universelle, Londres, 1734, t. 4, p. 638.
58 MS 5721, p. 182.
59 Brunet (S.), “De l’Espagnol dedans le Ventre !”. Les catholiques du Sud-Ouest de la France face à la Réforme, Paris, Honoré Champion, 2007, p. 258-274. Id., « Jeanne d’Albret, Pierre d’Albret, évêque de Comminges, et la ‘trahison’ de Blaise de Monluc. Aux origines de la Ligue dans le Sud-Ouest de la France », dans Berriot-Salvadore (E.), Chareyre (P.) et Martin-Ulrich (C.), Jeanne d’Albret et sa Cour…, op. cit., p. 129-168.
60 Ibid., p. 136.
61 Tout ce qu’il écrit sur le soulèvement en Basse-Navarre (p. 210-212) est pris directement d’Olhagaray. Sur l’invasion de Terride et l’analyse de sa réussite initiale, voir p. 225-229.
62 Ibid., p. 240.
63 Ibid., p. 240-241.
64 Ibid., p. 244-245.
65 Ibid., p. 245-246.
66 Ibid., p. 2.
67 Le Gall (J.M.), « Catalogues et séries de vies d’évêques dans la France moderne. Lutte contre l’hérésie ou illustration de la patrie », dans Bougard (F.) et Sot (M.) éd., Liber, Gesta, histoire. Ecrire l’histoire des évêques et des papiers de l’Antiquité au XXIe siècle, Leiden, Brepols, 2007, p. 367-405.
Auteur
External Research Fellow, Albert-Ludwigs Universität Freiburg, FRIAS School of History et Professeur Émérite d’histoire moderne, Université de Sheffield, mark.greengrass@frias.uni-freiburg.de ou m.greengrass@sheffield.ac.uk.
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