De l’acier pour les moulins (Bourgogne et Champagne, xive-xve siècle)
p. 237-250
Résumés
Au Moyen Âge, le moulin à blé tient une place essentielle dans la vie quotidienne des villes et des campagnes. Son mécanisme, composé de bois, mais aussi de fer, en fait une machine complexe et fragile qu’il est nécessaire de maintenir et de réparer très régulièrement. Les comptes conservés pour la Bourgogne et la Champagne, sources de cette étude, mentionnent fréquemment les travaux effectués sur les pièces métalliques de ces installations. L’acier apparaît réservé à certaines parties du mécanisme, comme le fer et l’anille. Si l’acier leur procure une plus grande dureté, il ne leur permet pas de résister longtemps aux effets de torsion et aux frictions. Les comptes permettent de comprendre la fréquence de l’intervention du forgeron, les techniques mises en œuvre, ainsi que le prix de ces travaux répétés.
In the Middle Ages, the corn mill holds an essential place in the everyday life of the cities and the campaigns. Its mechanisms, composed of wood, but also of iron, make of it a complex and fragile machine which it is necessary to maintain and to repair very regularly. The accounts preserved for Burgundy and Champagne, sources of this study, frequently mention the works carried out on the metal parts of these mills. Steel appears then, reserved for specific parts of the mechanism like the spindle and the rynd. If steel allows a greater hardness, it hardly resists a long time torsions and frictions. The accounts make it then possible to appreciate the frequency of the intervention of the blacksmith, the techniques implemented as well as the price of these repeated works.
Entrées d’index
Mots-clés : Bourgogne, Champagne, Sens, Aix-en-Othe, moulin, fer à moulin, acier.
Keywords : Burgundy, Champagne, Sens, Aix-en-Othe, mill, rynd, steel.
Texte intégral
Introduction : sources et champ d’étude
1La Champagne méridionale et la Bourgogne septentrionale, champ de cette étude, disposaient au Moyen Âge de dizaines de moulins à eau. Cependant, parmi ceux-ci, bien peu sont connus par une documentation suffisamment précise pour faire apparaître l’usage de l’acier. Aussi, certains moulins ont été choisis pour leur riche documentation comptable. Ce sont, en particulier, les moulins de Sens (Yonne), assis sur la Vanne dans les faubourgs sud de la ville. L’installation hydraulique comprend deux moulins, appelés Broifort et Chipot et connus aussi sous la dénomination de moulins du Roi ou moulins de la Vanne. Les moulins de Broifort et de Chipot apparaissent pour la première fois dans les textes en 1163-1164 ; ils sont toujours en place aujourd’hui et ont moulu jusqu’à une époque récente1. À partir de la fin du xiie siècle, ils sont détenus par moitié par le roi et le chapitre cathédral de Sens et affermés à un seul meunier pour les deux parties2. Les deux moulins sont, de loin, les installations hydrauliques les plus importantes de la région, profitant de la clientèle de la cité sénonaise. Ils sont banaux pour les boulangers de la ville et de ses faubourgs, à partir du début du xve siècle3. Les propriétaires entretiennent constamment ces deux moulins, dont le mécanisme est fragile et qui subissent la remontée des crues de l’Yonne. Ils sont, en effet, construits au fil de la Vanne, à seulement 250 m en amont de la confluence avec l’Yonne. Contrairement aux comptes royaux, la comptabilité des chanoines de Sens est remarquablement conservée depuis la fin du xiiie siècle et consigne chaque dépense en matériau et main d’œuvre faite à Broifort et à Chipot4.
2Autre lieu de l’étude, Aix-en-Othe (Aube) est depuis le haut Moyen Âge une des plus importantes seigneuries de l’évêque de Troyes, qui y séjourne régulièrement5. Au cœur de la forêt d’Othe, aux confins de la Champagne, Aix est installée sur les rives d’un petit affluent de la Vanne, la Nosle, qui fait tourner, au Moyen Âge, plusieurs moulins bladiers et non bladiers6. La comptabilité épiscopale, conservée de façon exceptionnelle à partir de 1374, mentionne les dépenses pour l’entretien et les réparations des moulins de la seigneurie7. Le moulin du bourg et celui du hameau de Druisy situé à quelques centaines de mètres en amont sur la Nosle, sont particulièrement intéressants pour l’étude de l’acier. Les deux installations apparaissent pour la première fois dans le livre des coutumes de la terre et seigneurie d’Aix-en-Othe, établi lors de l’élection au pontificat de Jean de Braque en 13708. L’absence de sources, avant cette date, fausse sans doute la réalité et il est plus que probable que les moulins existaient avant la fin du xive siècle. Les comptes d’Aix mentionnent ensuite, chaque année, les recettes et dépenses émanant de ces installations. Le moulin situé au centre du bourg, appelé simplement moulin d’Aix dans les textes, est banal pour les habitants du village, dans un certain périmètre et hormis pour les clercs et ceux qui demeurent dans le faubourg Saint-Avy9. Le moulin de Crochet à Druisy est, quant à lui, dit explicitement non banal10.
3Ces quatre moulins présentent deux cas différents, d’une part d’importants moulins urbains tournant sur une rivière puissante et soumis à des crues, d’autre part de petits moulins ruraux installés sur un cours d’eau d’ordre Strahler 211, plus paisible12. Dans le cas d’Aix-en-Othe comme dans celui de Sens, il s’agit uniquement de moulins à blé. En effet, lors de cette recherche, aucune comptabilité mentionnant de l’acier n’a été repérée pour des moulins textiles ou des forges. Les baux d’affermage et les prisées, précieux pour d’autres moulins, ne sont pas conservés pour ces installations sénonaises et aixoises. D’autre part, si ce type de document détaille parfois les composantes du mécanisme, dont les parties métalliques, il ne précise pas la part que tient l’acier à côté de celle du fer. Seule la comptabilité permet ici d’appréhender la place de l’acier dans le fonctionnement du moulin, d’autant plus que les dépenses de réparation incombent au propriétaire des moulins et non aux fermiers et meuniers, condition essentielle pour être certain d’observer dans les sources, des dépenses représentatives de la réalité.
La part du métal dans les Moulins
4Le bois semble être, a priori, le matériau le plus présent dans le moulin de l’époque médiévale. L’arbre de la roue est fait, le plus souvent, d’un tronc d’arbre entier, taillé à la longueur voulue. La roue, le rouet et la lanterne apparaissent, à première vue, comme des assemblages de bois naturellement courbes et de chevilles. La maie, meuble et ustensile indispensable au meunier et qui reçoit la farine, est un grand coffre de bois. De même, à l’extérieur du moulin, les aménagements liés à l’adduction d’eau font une place de choix au bois : les rives des rivières et des biefs sont renforcés par des planches, les vannes, tirants et souvent aussi les montants, sont en bois ; le chemin de la roue est fabriqué de planches assemblées. Les meules, en pierre, et leur axe, le fer à moulin, sont les seules parties du mécanisme à apparaître composées d’autres matériaux. Cependant, lorsque l’on examine les dépenses de réparations des moulins, on s’aperçoit rapidement que tous les éléments du mécanisme sont renforcés de fer.
5Ainsi, la roue, soumise quotidiennement à l’action de l’eau et de l’air, subit de plus le flot des crues et le choc des « ordures » flottantes. Les éléments métalliques tentent de prolonger la durée de vie de la roue, qui varie entre cinq et dix ans pour les moulins d’Aix-en-Othe à une durée beaucoup plus courte pour les moulins de Broifort et de Chipot à Sens pour lesquels les réparations majeures sur la roue se déroulent chaque année, à cause des crues et des déchets arrivant dans la Vanne suburbaine13. Quel que soit le lieu, les courbes et les bras de la roue sont systématiquement renforcés de plusieurs centaines de clous, ainsi que de liens de fer sur les points de jonction. La roue fait tourner l’arbre, dont la solidité tient autant à sa taille qu’aux grands renforts de fer, des cercles, qui retardent l’éclatement du bois. Dans le moulin, le rouet et la lanterne forment un engrenage fragile constamment renforcé de liens et de frettes de fer. Les meules sont cerclées de bois, mais parfois aussi de fer. On pose souvent des crampons de fer lorsqu’elles se fendent, afin d’éviter leur remplacement : les meules sont les pièces du mécanisme qui coûtent le plus cher. Le but de ces liens, cercles, frettes, est le renfort de pièces de bois tournantes ; il est nécessaire d’employer du fer plutôt que de l’acier, afin de mettre en œuvre ses qualités mécaniques, en particulier sa ténacité et sa résistance aux chocs. De même, les tourillons, aux deux extrémités de l’arbre et qui reposent sur les chèveceaux de bois, en supportant tout le poids de l’axe de la roue, ne sont jamais mentionnés comme étant aciérés14.
L’acier
6À côté du fer, l’acier apparaît dans plusieurs pièces du mécanisme du moulin : le fer à moulin, le palier et l’anille. Il faut ajouter à cela les marteaux du meunier qui, comme beaucoup d’outils de percussion, sont en partie aciérés.
7Le fer à moulin assure le lien entre la lanterne et la meule supérieure. Cet axe de liaison tournant est mis en place au centre de la lanterne, elle-même mue par la rotation de la roue, par le biais de l’arbre et du rouet mis sur cet arbre. La lanterne entraîne donc le fer dans une rotation horizontale, ce qui permet de faire tourner la meule courante pour moudre le grain. Cet axe, appelé fer dans les textes, est de loin la plus imposante pièce métallique du moulin. Déjà au très haut Moyen Âge, le vol de cet élément précieux de l’installation hydraulique était sévèrement puni15. Plusieurs fois pendant la guerre de Cent Ans, les textes champenois et bourguignons mentionnent des vols, ou tentatives de vols, de fers à moulin dans le bassin de la Vanne, la masse importante de l’objet attisant les convoitises des bandes armées, en manque de métal pour leurs armes ou équipements16. Lors de la prise d’Aix-en-Othe en août 1433, le moulin du hameau de Druisy est détruit. La population ayant déserté le village, le moulin du bourg suffit pendant plusieurs années à la mouture. Faute de moyens, de main d’œuvre et par peur de s’aventurer à l’extérieur de l’agglomération, les Aixois récupèrent des matériaux du moulin de Druisy, dont les plus onéreux, les meules, les fers et l’anille, pour équiper le moulin d’Aix17.
Le fer se compose de plusieurs parties portant des appellations qui les distinguent les unes des autres. Le corps du « fer » est souvent de section carrée, le forgeage d’une barre de fer de section ronde étant beaucoup moins aisé18. L’extrémité supérieure se rétrécit en un « colet » pour traverser les meules. La pointe du colet se rétrécit encore et porte le nom de « papillon » ; il est de section carrée (fig. 1). C’est le papillon qui se loge au centre de la meule courante, grâce à un grand crampon de fer scellé dans la pierre, « l’anille », écrite le plus souvent « la nylle » ou « la naille », en deux mots (fig. 2). L’extrémité inférieure du fer se termine par une « pointe », pivot sur lequel l’axe tourne. La pointe repose sur une autre pièce métallique, appelée dans les textes médiévaux le « tasseau », la « platenne », ou encore le « palier », la « palette » ou la « palaute », que l’on désigne plus couramment aujourd’hui sous les termes de pas ou de crapaudine (fig. 1)19.
8Hormis en cas de vol, relativement rare, le fer d’un moulin apparaît comme la seule pièce du mécanisme à n’être jamais remplacée. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les découvertes archéologiques de fers à moulin restent à ce jour rarissimes20. Il subit pourtant de lourds efforts et effets de torsion. En fait, le fer subit de constantes modifications et réparations, dues aux casses et aussi au degré d’usure des meules. Quand les comptes détaillent la chronologie des interventions sur le fer pendant plusieurs années, on s’aperçoit que le travail du forgeron intervient tous les six mois21. Les qualités mécaniques et physico-chimiques du matériau, le fer, permettent cette répétition dans le temps. Fréquemment, une à deux fois par an, le fer se rompt et est ressoudé, les termes employés étant « ressoder », mais plus souvent « renoer » et « rencoler22 ». Tout aussi habituel est l’ajustement de la longueur du fer. Prolongement de l’axe, les meules s’usent au fil des moutures ; le fer doit suivre cette usure progressive par une diminution de sa longueur. Le forgeron effectue l’opération inverse lors de l’installation de meules neuves et, par conséquent, rallonge le fer. Le fer à moulin apparaît ainsi comme une barre qui évolue en permanence, de structure sans aucun doute fort hétérogène en raison de son reforgeage constant et de l’ajout successif de fer lors de son rallongement.
9L’acier tient une grande place dans la façon du fer, du palier et de l’anille et il est ici nécessaire de prendre en compte les trois éléments en même temps, comme le font les sources écrites. D’après les comptes, les forgerons se chargent régulièrement d’« asserer », ou d’« acerer » le fer, c’est-à-dire de l’aciérer. L’ouvrage porte, non sur le corps du fer, mais sur les extrémités, la pointe et le papillon, parfois jusqu’au colet. L’aciérage procure à ces pièces davantage de dureté, nécessaire pour tourner sans se déformer sur le palier et dans l’anille23.
10L’aciérage se pratique à chaque fois que le fer doit être reforgé, à chaque casse, ou lors de l’allongement ou de la diminution de l’axe. L’ajustement permanent de la longueur de l’axe de la meule courante explique les interventions au moins annuelles des forgerons pour « reforger » le fer et l’aciérer24. En 1386, le forgeron d’Aix-en-Othe est payé 20 s. t., pour « reforger, rencoler, croistre et acerer le fer du molin d’Aiz […] pour les meulles qui estoient neuves25 ». Geoffroy Paalon fait de même dans l’un des moulins des chanoines de l’autel Notre-Dame assis à Sens sur le Gravereau en 1409-1410, « le quel a reforgé le fer du molin et alonguy et aceré aux deux bous pour ce qu’ilz n’estoient pas assez longs pour la meule neufve26 ». En 1374 à Sens, on précise que le forgeron Jean Burgond a du « renouer » le fer en deux endroits, avant d’« asserer le colet » du fer à moulin de Broifort27.
11Le forgeron profite de sa présence au moulin pour travailler en même temps sur le palier et l’anille. L’allongement du fer et son aciérage apparaissent d’ailleurs souvent comme une occasion d’équiper les nouvelles meules d’une anille neuve28. Or, la plaque de métal qui sert de palier au fer, de même que l’anille, sont aussi en acier. Selon les moulins, le palier est soit entièrement en acier, soit en fer recouvert d’une plaque d’acier, afin de supporter le contact permanent avec la pointe de l’axe qui tourne dessus. En 1382, le forgeron Robin le Fevre recouvre le palier d’acier du moulin de Crochet, sans doute par l’ajout d’une plaque soudée : « A Robin le Fevre, pour reforger et resuer le fer et la palaute cuvrir d’acier du molyin de Croychet, en la IIIe sepmaine de septembre, pour ce, x s.29. » En 1441-1442, le maître des œuvres du roi Verain Moreau fait « rancoler la pointe assier [du fer] et reforger la naille qui estoit rompue », au moulin de Chipot à Sens30. En 1445-1446, le maréchal Jean Merlin œuvre à Chipot, il « acere la pointe dudit fer et aussi le papillon qui se boute en la nylle et fait tourner la meule dudit molin, avec se avoir fait le tasseau d’acier tout neuf31 ». En 1378-1379, Robin le Fevre met en œuvre son acier pour « acerer le pie dou fer dou molin d’Aiz et la palaute dou dit molin32 ». Cette dureté de l’acier a son revers : les extrémités du fer, ainsi que le palier et l’anille, sont fragiles. Le palier est une pièce de métal gisante qui ne subit pas de torsions. En revanche, la rotation de la pointe du fer sur le palier entraîne le percement de celui-ci, ce qui explique les mentions de « rebouchage », soit un nouvel ajout d’acier par soudure : « Item au dessus dit [Robin le Fevre] pour reforger, acerer le fer du molin de Croychet et reboucher la palaute, du fer et acier dudit Robin33. »
12L’anille et le palier peuvent être fabriqués avec de l’acier acheté ou être aciérés par cémentation, tout comme les extrémités du fer à moulin. Une autre technique consiste à ajouter des éléments d’acier à la pièce de fer que l’on veut aciérer ; la liaison fer-acier se fait alors par soudure, opération délicate qui demande un certain savoir-faire, la température de soudure du fer étant différente de celle de l’acier. Les mentions comptables ne sont souvent pas assez détaillées pour savoir si c’est l’une ou l’autre technique qui est employée. Cependant, la comptabilité de l’évêque de Troyes pour sa seigneurie d’Aix-en-Othe distingue souvent le fer et l’acier employés par le forgeron et donne parfois même la quantité d’acier. En 1412, le forgeron Oudin Fleuron est payé 10 s. t. pour « rancoler et racerer le fer du molin de Crochot de son fer et acier et y mist ung quart de fer et une bille d’acier34 ». En 1427, un autre maréchal aixois, Jean Jaquet, refait à neuf le palier du moulin à blé du bourg d’Aix. Il l’acière, ainsi que le fer, « ouquel ouvrage a deux billes d’assier sans le fer, tout de son fer et assier35 ». Les différents forgerons aixois détiennent ainsi de l’acier prêt à être employé dans leurs travaux d’aciérage, sous forme de « billes », c’est-à-dire de plaques d’acier carrées36. Dans ces exemples, l’aciérage se pratique par soudure sur les éléments de fer, ce qui n’exclut pas l’emploi de la cémentation en d’autres cas. Couvrir le palier d’acier indique que la soudure se fait sur toute la surface de la pièce de fer. Mais en ce qui concerne le papillon et la pointe du fer, le forgeron a pu utiliser une soudure en biseau, ou un insert en gueule de loup, afin d’éviter la désolidarisation trop rapide du fer et de l’acier. La masse d’acier est alors tenue, dans un insert en gueule de loup, par l’épaisseur du fer. Cette technique d’insert, plus efficace sur les objets subissant des mouvements, est celle utilisée de préférence pour les outils de percussion, par exemple les pointerolles des mineurs37.
13Le fer à moulin apparaît ainsi comme une pièce composite, faite d’ajouts successifs de fer et d’acier au fil des ans. L’absence d’homogénéité du matériau explique l’apparition, quoique peu fréquente, du terme de « ressuer le fer », qui correspond à une autre opération, celle d’une épuration par martelage à chaud à la forge38. Le ressuage permet, par l’action du marteau du forgeron, d’expurger de la masse de métal toutes les impuretés qui s’y trouvent. L’opération peut se dérouler lors du compactage de la loupe de fer après la réduction, pour enlever les scories et obtenir un fer homogène, aussi bien que pour retraiter des objets finis, comme c’est le cas ici. Le ressuage du fer du moulin d’Aix-en-Othe à plusieurs reprises indique l’emploi d’un métal de médiocre qualité inclusionnaire, c’est-à-dire dans lequel les inclusions de scories restent nombreuses39.
14Enfin, en dehors du mécanisme du moulin, certains ustensiles mettent en œuvre de l’acier. Les meuniers disposent de plusieurs marteaux dans leur moulin, destinés à percer le centre des meules avant la mise en place du boitard et de l’anille, et à l’entretien des meules, le rhabillage. Comme les outils de percussion, pics, masses, pointes…, utilisés dans d’autres corps de métier, les marteaux des moulins sont réalisés en fer et en acier40. En mai 1427, le forgeron d’Aix-en-Othe fabrique de son fer et « assier », « deux gros marteaulx neufz » de 2,5 kg chacun (sans le manche), destinés au perçage des meules neuves du moulin d’Aix. Au cours de la même année, il en refait plusieurs fois les pointes, ainsi que celles des trois autres marteaux dont le meunier dispose. La réfection régulière des pointes, ainsi que le détail de la mention, soulignant la fourniture par le forgeron de son fer et de son « assier », indique un ajout d’acier par soudure41. On peut supposer que les outils en acier recevaient parfois la trempe, qui rendait le métal encore plus dur, mais plus cassant. Ainsi, au début du xvie siècle, les chanoines de la cathédrale de Troyes choisissent le serrurier qui fabrique et acière les pointes des maçons qui œuvrent dans la cathédrale en fonction de son savoir-faire en matière de trempe, dit meilleur que celui d’un autre serrurier42.
15L’origine du fer et de l’acier employés dans les éléments métalliques des moulins reste difficile à déterminer. Certes, les forges ne manquent pas dans la région étudiée, région traditionnelle de sidérurgie, mais les artisans du métal, forgerons, maréchaux, serruriers, donnent rarement leurs lieux d’approvisionnement. Quelques détails des comptabilités apportent cependant des informations intéressantes à ce sujet. À Aix en 1408, Jeançon Ferrant se voit octroyer du fer par l’évêque de Troyes, pour « rancoler, acerier et accroistre de demi pie le fer dou molin de Crochot43 ». L’expression utilisée, le « fer de monseigneur », renvoie non seulement au stock de fer du prélat, mais ici certainement à la production de sa forge d’Aix-en-Othe, exploitée en faire-valoir direct. L’évêque exploite le minerai de fer de la forêt d’Othe, au sein de sa seigneurie, à Aix même et dans les environs immédiats, aux lieux-dits le Mineroy, Pitoite, Druisy, La Vove, et ce depuis 1370 au moins44. Le minerai est réduit et le fer produit « es forges de Mont Erart », atelier d’une certaine importance situé dans les environs immédiats d’Aix : en 1371, l’inventaire après décès d’Henri de Poitiers, évêque de Troyes, note que le stock de la forge contient 10,5 tonnes de fer « brisant ». Le terme de « brisant » indique probablement la production d’un fer non homogène, contenant des parties de fer et des parties d’acier, ainsi que de nombreuses inclusions de scories, même si on ne peut aller au-delà dans l’explication45. La forge épiscopale peut avoir produit l’acier de Jeançon Ferrant, mais celui-ci aurait pu le fabriquer lui-même dans sa forge, ou l’avoir acheté.
16Cependant le plus souvent à Aix-en-Othe, comme on le voit pendant la période d’activité du forgeron Robin le Fevre (fin xive-début xve siècle), le recollage, l’allongement et l’aciérage des fers des deux moulins bladiers d’Aix se fait « de l’acier dou dit Robin » ou du « fer et acier du dit Robin46 ». Ses successeurs du xve siècle fournissent également le fer et l’acier du fer à moulin, du palier et de l’anille47. Les artisans qui fabriquent des pièces de fer pour les bâtiments et moulins aixois procèdent en général de la même manière, travaillant de façon exceptionnelle avec le fer fourni par l’évêque de Troyes et plus couramment avec leur propre fer, acheté sans doute dans la région directement aux forges, ou aux merciers présents à Sens et à Troyes48. À Sens, le chapitre cathédral fournit souvent aux artisans le matériau nécessaire à l’entretien des fers des moulins de Broifort et de Chipot, en privilégiant à certaines périodes le fer de récupération. C’est le cas au début du xve siècle, temps de recrudescence de la crise et de la guerre. Le « viez fer » utilisé provient alors des moulins, ou d’autres bâtiments canoniaux et doit subir un nouveau travail de forge. Le chapitre cathédral de Sens possède à Saint-Aubin-Château-Neuf (Yonne) une forge qui ne fonctionne que difficilement en ces temps troublés. À la fin du xive siècle, le fermage est tantôt en argent, tantôt en poids de fer. Ainsi le fermier Pierre Choyn doit, de par son bail de 1387-1388, 30 poids de fer, soit 405 kg49. La quantité n’est pas négligeable, mais le chapitre complète sans doute ailleurs son approvisionnement. Au début du xve siècle, la forge peine à trouver un preneur qui s’acquitte de ses charges et le fermage est souvent en argent. Lorsqu’il est en nature, les chanoines préfèrent en vendre le produit pour obtenir de l’argent frais, comme en 1403-140450. Au milieu du xve siècle, on apprend de temps à autre que les forgerons sénonais fournissent leur propre « fer et acier51 », comme le font les forgerons aixois. Les forgerons œuvrant aux fers des moulins de Sens devaient acheter l’acier à souder à des marchands locaux, voire aux forges mêmes qui produisaient ces lingots carrés appelés billes. La seule mention d’un atelier proche des moulins fabriquant spécifiquement de l’acier est tardive, du début du xvie siècle ; l’installation est alors en ruine52.
17Au-delà des ouvrages réalisés, des hommes apparaissent. Aux moulins d’Aix-en-Othe, l’évêque prend en charge la totalité des travaux, qui sont effectués en partie par les meuniers, alors salariés comme les autres artisans. Les meuniers, fermiers des moulins pour l’évêque, ont une qualification supplémentaire qui est sans cesse rappelée dans les textes : ils sont qualifiés de charpentiers53. Mais quand l’ouvrage à effectuer exige davantage que le savoir-faire des métiers du bois, on fait appel à un artisan du métal. Selon les moulins et la période, les propriétaires optent pour deux solutions distinctes, soit salarier un forgeron au coup par coup, soit gager un forgeron ou serrurier à l’année. À Aix-en-Othe, le forgeron du village Robin le Fevre occupe une place centrale dans la vie de la communauté. Il est actif à Aix-en-Othe dès que les comptes de la seigneurie épiscopale sont conservés, en 1374-1375, et jusqu’en 1401-1402, avant d’être remplacé par d’autres après sa mort. Il suit de près tout ce qui nécessite un travail de forge dans la seigneurie et intervient en particulier dès que les fers des deux moulins à blé l’exigent. Il touche alors un salaire pour la tâche effectuée. Pour les moulins de Broifort et de Chipot, le chapitre cathédral fait de même, en bénéficiant d’un choix plus large d’artisans exerçant à Sens et dans ses faubourgs que l’évêque de Troyes dans la bourgade aixoise. Les chanoines engagent plusieurs forgerons locaux pour réparer et entretenir les fers : Jean Garnier en 1355-135654, Geoffroy, forgeron du faubourg Saint-Pregts en 1357-135855, les forgerons Jean Burgond et Jean des Isles en 1373-137456, Jean des Isles à nouveau l’année suivante57, Jean Naudet et Montaust en 1376-137758, Geoffroy Guion, dit forgeron ou maréchal, et le forgeron Jean Paradis en 1379-138059, le même Jean Paradis, qualifié de même de forgeron ou de maréchal, en 1380-1381 et de 1384-1385 à 1386- 138760, Jean Paalon, dit forgeron puis serrurier, en 1387-1388, 1389-1390, 1390- 1391 et en 1394-139561. Pendant cette période de salariat des forgerons sénonais, qui entraîne la passation de plusieurs marchés par an à une ou plusieurs personnes, les chanoines donnent par deux fois à gage l’entretien des fers des moulins de la Vanne à une seule personne, pour une brève durée. Ainsi, Jean des Isles, qui répare le fer du moulin de Broifort le 17 février 1375 pour 8 s. t., se voit ensuite confier le soutien des fers des deux moulins de Broifort et de Chipot pour 7 mois, du 25 mai au 25 décembre de la même année, pour 20 s. t.62. Jean Paalon acière et ressoude les fers de Broifort et de Chipot en mars 1391. Il s’engage, ensuite, à entretenir le pied et le col, « pedem et collum », des fers des deux moulins, ainsi que les anilles et les paliers, pour 100 s. t., pendant un an à compter du 1er juin 139163. Cette mention est intéressante, puisqu’elle cite comme objet de l’engagement du serrurier les seules pièces du moulin qui sont aciérées. On peut alors supposer que l’artisan en question avait une compétence particulière dans le travail de l’acier, soit les soudures fer-acier et la cémentation. Paalon est, d’autre part, un serrurier sénonais bien connu des chanoines, qui l’emploient depuis des années, non seulement aux moulins de la Vanne, mais aussi dans le reste de leur temporel et bâtiments canoniaux. Accorder sa confiance à un homme qui pratique bien son métier permet de se décharger d’une partie de l’entretien de son patrimoine, ici tout ce qui a trait au métal et à la serrurerie. L’unique interlocuteur épargne du temps au chapitre, qui n’a plus à passer de marchés successifs avec différents forgerons. D’autre part, l’ouvrage fait par Jean Paalon permet une économie d’argent ; le serrurier est payé 100 s. t., pension délivrée en deux termes égaux de 50 s. t. En mai 1395, quelques mois avant de conclure son contrat, Jean Paalon est payé 50 s. t. pour intervenir au seul moulin de Chipot et y faire une anille neuve, la poser sur la meule, et allonger le fer d’un empan64. Jean demeure sous contrat avec l’office de la chambre du chapitre cathédral de 1395 à 140465. D’autres artisans du métal le suivront66.
18Ces travaux d’entretien du fer, du palier et de l’anille, si fréquents, ont nécessairement un coût. Reforger, aciérer et allonger un fer coûte des années 1340 à 1350 entre 8 s. et 50 s. t., avec une moyenne d’environ 15 s. t. Au sein des mêmes années comptables, les mentions de dépense signalent des prix très divers ; au fil du temps, aucune tendance chronologique claire n’apparaît. La seule année comptable 1379-1380 de l’office de la chambre du chapitre cathédral de Sens cite cinq dépenses différentes de réparations du fer, du palier et de l’anille, 25 s., 10 s., 7 s. 6 d., 9 s. et 20 s. t.67. Ces écarts montrent avant tout les différences entre les ouvrages ; le coût d’une soudure d’un fer brisé et de l’aciérage des extrémités reste modéré, tandis que l’ajout de fer lors d’un allongement ou la fabrication de pièces neuves, en particulier de l’anille, augmente fort la dépense. Les sommes les plus élevées, entre 26 s. et 50 s. t., correspondent toujours à la fabrication d’une anille68. Les sources écrites ne fournissant aucune mention de fabrication de fer neuf, il demeure impossible d’en connaître la valeur. Cependant, les fers en place aux moulins sénonais de La Fosse et de La Munelle assis sur le Gravereau sont estimés lors de l’entrée en fonction du meunier, en 1411, à 4 l. 10 s. t.69. Cette prisée permet de replacer la dépense de leur entretien annuel : sans être exorbitante par rapport aux autres dépenses d’entretien, elle demeure élevée par rapport à la valeur des fers, certainement en raison du coût de l’acier.
Conclusion
19La méconnaissance des unités de poids utilisées pour l’acier, le manque de précision des données comptables qui ne séparent que rarement fer et acier, empêchent de connaître avec précision la part de l’acier utilisée dans la fabrication et l’entretien des moulins hydrauliques au cours des derniers siècles du Moyen Âge. Cependant, les sommes particulièrement importantes employées pour allonger le fer et changer l’anille montrent qu’il a fallu mettre en œuvre des quantités non négligeables d’un produit que d’autres sources font connaître comme cher. Malgré son prix, l’acier est toujours présent pour renforcer la pièce essentielle de la transmission de l’énergie de la roue à la meule, le fer et ses accessoires, le palier et l’anille. Le fer apparaît comme une pièce obligatoirement composée de parties d’acier là où les contraintes sont les plus fortes, à ses extrémités. Même en quantité limitée, l’acier est un composant essentiel du moulin de l’Occident médiéval.
Notes de bas de page
1 M. Quantin, Cartulaire général de l’Yonne, recueil de documents authentiques pour servir à l’histoire des pays qui forment ce département, Auxerre, 1854-1860, t. II, p. 143 ; CHAN, K 190, n° 17 ; AD Yonne, H dépôt 4 ; J. Rouillard, Moulins hydrauliques du Moyen Âge. L’apport des comptes des chanoines de Sens (xve siècle), Paris-Belfort, 1996.
2 AD Yonne, G 1362 ; M. Quantin, Cartulaire…, op. cit., t. II, p. 284 ; J. Rouillard, L’homme et la rivière : histoire du bassin de la Vanne au Moyen Âge (xiie-xvie siècle), thèse de doctorat d’histoire, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2003, vol. 1, p. 209.
3 J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., p. 218-219.
4 La gestion des moulins de Broifort et de Chipot dépend, jusqu’au début du xve siècle, de l’office de la chambre du chapitre cathédral puis, à partir des années 1440, de l’office de la paneterie. Comptes de la paneterie du chapitre cathédral Saint-Étienne de Sens, AD Yonne, G 1204 (1288-1289), G 1205 (1298-1299), G 1206 (1327), G 1207 (1358), G 1208 (1358-1359), G 1209 (1363-1364), G 1210 (1440-1450, l’année 1442-1443 est manquante). Comptes de la chambre du chapitre cathédral Saint-Étienne de Sens, AD Yonne, G 341 (1317) à G 976 (1452-1453).
5 J. Rouillard, « Une seigneurie de l’évêque de Troyes à la fin du Moyen Âge : Aix-en-Othe », dans Mémoire de Champagne, t. 2, Actes du 3e Mois médiéval, Langres, 2000, p. 223-235.
6 J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., vol. 5, p. 40-49.
7 AD Aube, G 331 et suiv. La série comptable est à peu près complète jusqu’au milieu du xve siècle. En revanche, les comptes de la seconde moitié du siècle sont presque tous perdus. Ils présentent une meilleure conservation à partir de 1500.
8 AD Aube, G 520, 1370-1374.
9 Id., fol. 3.
10 Id., fol. 3.
11 La classification de Strahler : classification d’un réseau hydrographique qui hiérarchise les branches de ce réseau en leur attribuant une valeur qui indique son importance. La valeur 1 est attribuée à tout drain qui n’a pas d’affluent. Un drain issu de la confluence de deux drains d’ordre n se voit attribuer la valeur n+1.
12 Les quatre moulins n’ont pas la même importance économique. Traduite en monnaie selon les cours des blés cités dans la comptabilité du chapitre cathédral de Sens, les moulins de Broifort et de Chipot sont affermés en 1363-1364 à 1 027 l. t. Traduite en monnaie selon les cours des blés cités dans la comptabilité d’Aix-en-Othe, en 1389-1390, le moulin d’Aix est affermé pour 26 l. t. et le moulin de Crochet à Druisy pour 14 l. t., J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., vol. 1, p. 218-219, vol. 2, p. 313-314.
13 J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., vol. 2, p. 339-341.
14 Id., Ibid., vol. 2, p. 330-385.
15 Le vol d’un fer à moulin dans la loi des Alamans coûte 6 sous. Il coûte dans la loi des Francs Saliens 45 sous, soit la même peine que pour le vol d’une ruche, d’un cheval ou d’un bœuf, K. Lehmann, Leges Alamannorum, dans M.G.H., Legum, sectio I, t. V, pars I, Hanovre, 1888, fragmentum V, 14 ; K. A. Eckhardt, Pactus legis Salicae, dans M.G.H., Legum, sectio I, t. IV, pars I, Hanovre, 1962, XXII, § 2.
16 En 1410, une bande armée de passage à Aix-en-Othe vole la doloire en fer du pressoir d’Aix-en-Othe, « pour faire des fers à chevaulx » et veut faire de même avec le fer du moulin du bourg. Le larcin est évité de justesse grâce à un « don » de victuailles, AD Aube, G 358, 1410- 1411, fol. 24.
17 AD Aube, G 373, 1440-1441, fol. 5 v°.
18 Les formes du fer à moulin peuvent bien sûr varier, voir les exemples de fers à moulin de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen Âge mis au jour en Angleterre, R. J. Spain, « Romano-British watermills », Archaeologia Cantiana, 100, 1984, p. 101-128.
19 J’emploierai dans ce texte le terme le plus usité dans les comptabilités étudiées, c’est-à-dire le palier.
20 Ő. Wikander, « Archaeological evidence for early watermills. An interim report », History of Technology, 10, 1985, p. 151-179 ; R. J. Spain, op. cit.
21 J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., vol. 2, p. 355.
22 Exemples, « A lui [Robin le Fevre] pour renoer et rencoler le fer doudit molin [d’Aix], environ Pasques », AD Aube, G 331, 1374-1375, fol. 11. En 1440-1441, Perrin Gilet travaille aux moulins de Broifort et de Chipot, il « ressode l’un desdits fers, le quel estoit rompu par le milieu », AD Yonne, G 1210, 1440-1441, p. 10.
23 Déjà au xiiie siècle, le compte de l’abbaye cistercienne de Beaulieu (Hampshire, Angleterre) montre l’usage de l’acier pour renforcer les pièces métalliques du moulin. Le compte de 1269- 1270 mentionne en dépense, pour le moulin de Rydon : In acero et billis emptis, II s. III d. ob., S. F. Hockey éd., The Account-Book of Beaulieu Abbey, Londres, Royal Historical Society, 1975, p. 75.
24 Exemples, AD Aube, G 336, 1382-1383, fol. 12 v° ; AD Yonne, G 954, 1383, fol. 11 v°.
25 AD Aube, G 339, 1386-1387, fol. 17 v°.
26 AD Yonne, G 1447, 1409-1410, p. 93.
27 AD Yonne, G 953, 1373-1374, fol. 18 v°.
28 Exemple, AD Yonne, G 958, 1394-1395, fol. 25 r°-v°.
29 AD Aube, G 336, 1382-1383, fol. 12 v°.
30 AD Yonne, G 1210, 1441-1442, p. 35-36.
31 AD Yonne, G 1210, 1445-1446, p. 117.
32 AD Aube, G 333, 1378-1379, fol. 8.
33 AD Aube, G 339, 1386-1387, fol. 17 v°.
34 AD Aube, G 359, 1411-1412, fol. 21. Par « ung quart de fer », il faut sans doute entendre un quart de poids de fer, soit 3,38 kg de fer.
35 AD Aube, G 361, 1427-1428, fol. 6 v°.
36 Le dictionnaire de l’Académie françoise, t. I, Paris, 1694, p. 101.
37 P. Benoit, I. Guillot, A. Ploquin, « Les forges minières au Moyen Âge et à la Renaissance : approche archéologique et paléométallurgique », dans É. Mornet éd., Campagnes médiévales : l’homme et son espace. Études offertes à Robert Fossier, Paris, 1995, p. 639-652.
38 AD Aube, G 335, 1380-1381, fol. 13 ; Id., G 336, 1382-1383, fol. 12 v° ; Id., G 352, 1401-1402, fol. 17.
39 Ph. Dillmann, Diffraction X, Microdiffraction X et Microfluorescence X sous Rayonnement Synchrotron et analyses comparées pour la caractérisation des inclusions. Application à l’étude de l’évolution historique des procédés d’élaboration des objets ferreux (procédés direct et indirect), thèse de doctorat en sciences mécaniques pour l’ingénieur, université de technologie de Compiègne, 1998.
40 En 1486-1487, le maréchal de Chaource acière un pic pour les carriers qui extraient la pierre pour la cathédrale de Troyes, AD Aube, G 1568, fol. 279, cité dans C. Roms, La pierre de Tonnerre dans la construction religieuse troyenne aux époques médiévale et moderne : la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, DEA d’archéologie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2003, p. 59.
41 AD Aube, G 361, 1427-1428, fol. 7.
42 « A Nicolas Gravier, sarrurier, pour trente deux poinctes pour servir aux macons, à cause que ledit Nicolas seet mieulx tramper que ledit Augrant, comme disent lesd. macons, paié pour chacune poincte I d. t., qui vallent, II s. VIII d. t. », AD Aube, G 1582, 1512-1513, fol. 131, mention qui m’a été aimablement signalée par C. Roms et qui fait partie de sa documentation de thèse, La pierre dans la construction religieuse troyenne aux époques médiévale et moderne : extraction, mise en œuvre et économie, thèse de doctorat d’archéologie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, en cours.
43 AD G 356, 1407-1408, fol. 23 v°.
44 AD Aube, G 520, fol. 2. Les prospections autour d’Aix-en-Othe confirment la présence de puits de mine, P. Beck, Ph. Braunstein, M. Philippe, « Le bois, le fer et l’eau en forêt d’Othe à la fin du Moyen Âge : bilan et perspectives », Cahiers du centre de recherches historiques de l’EHESS, n° 13, octobre 1994, p. 1-13.
45 AD Aube, G 508, janvier 1371 (n. st.).
46 AD Aube, G 333, 1378-1379, fol. 8 ; Id., G 334, 1379-1380, fol. 10 ; Id., G 335, 1380-1381, fol. 13 (2 mentions) ; Id., G 336, 1382-1383, fol. 12 v° ; Id., G 337, 1384-1385, fol. 22 v° ; Id., G 338, 1385-1386, fol. 42, fol. 42 v° ; Id., G 339, 1386-1387, fol. 17 v° ; Id., G 340, 1387-1388, fol. 18 (2 mentions) ; Id., G 341, 1388-1389, fol. 19 (2 mentions) ; Id., G 342, 1389-1390, fol. 18 ; Id., G 343, 1390-1391, fol. 22 v° (3 mentions) ; Id., G 345, 1391-1392, fol. 13 v° (2 mentions) ; Id., G 346, 1392-1393, fol. 15 (2 mentions) ; Id., G 347, 1395-1396, fol. 13 v° (2 mentions) ; Id., G 348, 1396-1397, fol. 28 (2 mentions) ; Id., G 349, 1397-1398, fol. 14 (2 mentions).
47 Exemple, Félisot Fleuron recolle et acière le fer du moulin d’Aix, ainsi que le palier, de son fer et acier, AD Aube, G 353, 1402-1403, fol. 16 v°.
48 Exemples, Félisaut Rigny fait quatre verges de fer pour tenir les vitraux de la fenêtre de la garde-robe de l’évêque, ainsi que d’autres pièces métalliques liées à cet ouvrage, « du fer de monseigneur », AD Aube, G 343, 1390-1391, fol. 22 v°. En 1397-1398, Félisaut fabrique quatre liens de fer pour le rouet du moulin d’Aix, « du fer de monseigneur », Id., G 349, 1397-1398, fol. 14 v°.
49 AD Yonne, G 956, 1387-1388, fol. 11 v°.
50 Recette de 20 poids de fer de la forge de Saint-Aubin-Château-Neuf affermée à Renaud Le Maire et vente de ces 20 poids de fer pour 4 l. 11 s. 4 d. t., AD Yonne, G 961, 1403-1404, fol. 18 et fol. 29 v°.
51 AD Yonne, G 1210, 1448-1449, p. 115.
52 Les moines de Saint-Rémi de Sens possèdent à Vareilles (Yonne) sur le ru de Vareilles, une « forge à acier », AD Yonne, H 288, 1516-1517, fol. 2 ; AD Yonne, A 17, 1521, fol. 49 v°.
53 J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., vol. 2, p. 322.
54 AD Yonne, G 948, 1355-1356, fol. 15 v°, fol. 24.
55 AD Yonne, G 949, 1357-1358, fol. 16 v°.
56 AD Yonne, G 953, 1373-1374, fol. 18 v°, fol. 22.
57 AD Yonne, G 953, 1374-1375, fol. 18.
58 AD Aube, G 953, 1376-1377, fol. 13 (2 mentions) ; fol. 14 (2 mentions).
59 AD Yonne, G 954, 1379-1380, fol. 14 v°-15 (3 mentions).
60 AD Yonne, G 954, 1380-1381, fol. 11 v° (2 mentions) ; 1384-1385, fol. 18 v°-19 ; Id., G 955, 1385- 1386, fol. 15 ; Id., G 956, 1386-1387, fol. 20 v° (2 mentions).
61 AD Yonne, G 956, 1387-1388, fol. 23 ; 1389-1390, fol. 16 v° ; Id., G 957, 1390-1391, fol. 19 ; Id., G 958, 1394-1395, fol. 25 r°-v° (2 mentions).
62 AD Yonne, G 953, 1374-1375, fol. 18, fol. 18 v°.
63 AD Yonne, G 957, 1390-1391, fol. 19, fol. 20.
64 AD Yonne, G 958, 1394-1395, fol. 25.
65 AD Yonne, G 959, 1400-1401, fol. 38 ; Id., G 960, 1401-1402, fol. 46 v° ; Id., G 961, 1402-1403, fol. 29 v° ; 1403-1404, fol. 37.
66 En 1404, Jean est remplacé par un autre Paalon, Thévenin, alors que Jean qui n’est pas mort, mais est probablement trop âgé pour assumer des contrats trop importants, fait encore quelques ouvrages pour le chapitre. Thévenin œuvre de 1404 à 1409. De 1413 à 1415, un troisième Paalon, Geoffroy, lui aussi serrurier, travaille en tâche pour le chapitre, J. Rouillard, L’homme et la rivière…, op. cit., p. 348-351. La parenté entre ces trois Paalon, si elle paraît plus que plausible, ne peut être davantage détaillée. Les Paalon apparaissent dans d’autres ouvrages de la ville de Sens et font partie d’une des plus importantes familles de serruriers sénonais, D. Cailleaux, « Les serruriers de Sens à la fin du Moyen Âge », dans P. Benoit, D. Cailleaux éd., Hommes et travail du métal dans les villes médiévales, Paris, 1988, p. 83-108.
67 AD Yonne, G 954, 1379-1380, fol. 14 v°-15 (5 mentions).
68 AD Yonne, G 953, 1376-1377, fol. 14 (fabrication d’une anille, 26 s. t.) ; Id., G 954, 1384- 1385, fol. 18 v° (réparation du fer et fabrication d’une anille, 35 s. t.) ; Id., G 958, 1394-1395, fol. 25 r°-v° (allongement du fer et fabrication d’une anille, 50 s. t.).
69 AD Yonne, G 1480.
Auteur
Programme interdisciplinaire sur l’environnement du bassin de la Seine (Paris 6-UMR 7619 Sisyphe).
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