Lire et écrire chez les notables toulousains à la fin du Moyen Âge : quelques pistes sur la culture des élites laïques avant 1450
p. 145-162
Résumés
Aux XIVe et XVe siècles, quelle était la culture des notables toulousains qui n’étaient pas des gens de savoir ? Même si les inventaires notariés signalent peu de livres, divers indices démontrent que ces Toulousains sont des hommes de la lettre et du compte, détenteurs d’une culture plus pratique que savante, entre latin et occitan, piété, grammaire, droit et poésie. Sans doute faut-il ici distinguer des univers culturels distincts mais perméables, creusets de la notabilité et de l’urbanité toulousaines de la fin du Moyen Âge.
In the 14th and 15th centuries, what was the culture of Toulouse notables who were not scholars? Even though notarized inventaries mention few books, several clues show that these Toulousans were men of letters and accounting, holders of a culture which was more practical than scholarly, between Latin and Occitan, devotional, grammar, law and poetry. It is probably necessary to distinguish between distinct but permeable cultural universes, melting pots of Toulousan urbanity and notability at the end of the Middle Ages.
¿Cuál era la cultura de los notables tolosanos de los siglos XIV y XV, ya que no eran gente de saber? Aunque los inventarios notariales indican la existencia de un número reducido de libros, varios indicios demuestran que estos tolosanos son hombres de letras y que poseían una cultura más práctica que culta, entre latina y occitana, piadosa, centrada en la gramática, el derecho y la poesía. Sin duda alguna es necesario distinguir los distintos universos culturales del final de la Edad Media, de características permeables, crisol de la notabilidad y de la urbanidad tolosana.
Texte intégral
1Au xive siècle et dans la première moitié du xve siècle, quelle était à Toulouse la culture des notables qui n’étaient pas à proprement parler des clercs, des « gens de savoir » tels que les définit Jacques Verger, c’est-à-dire des hommes passés par des études universitaires, gradués, maîtrisant des compétences (arts, théologie, droit, médecine), et surtout reconnus comme gens de savoir parce que répondant à des besoins de la société médiévale1 ?
2Les registres notariés permettent de s’intéresser à ces notables laïcs, d’étudier leur vie familiale et les mécanismes qui leur permettent de conserver poids et pouvoir. Ces hommes sont aux affaires à Toulouse, ont un pied dans plusieurs cercles et réseaux, entre milieux capitulaires, offices royaux, confréries… Dans la société politique toulousaine de la fin du Moyen Âge, en des temps difficiles, ils forment une élite en constant renouvellement, et donc logiquement, un groupe composite, hétérogène : se côtoient par exemple des membres de familles anciennes, illustres, chevaleresques, remontant au temps de comtes, et ceux à la réussite plus récente, celle des affaires, en particulier les épiciers, drapiers, changeurs.
3Ces élites hétérogènes développent-elles cependant une conscience urbaine commune, notamment grâce à une culture de consensus ? De multiples indices vont dans ce sens, mais ces notables laïcs, certes alphabétisés, ne sont pas pour autant des férus de culture savante comme on pourrait s’y attendre.
4Le contexte culturel toulousain incite à croire que l’oligarchie urbaine avait la possibilité d’être lettrée. Dès le xiiie siècle, les capitouls ont soin de conserver la mémoire administrative de la ville et sont les commanditaires du Livre des Histoires alliant portraits capitulaires et chroniques2. Toulouse est une métropole régionale : siège archiépiscopal, la ville abrite de nombreuses communautés religieuses peuplées des fils et filles des familles influentes. Toulouse a aussi un studium, où la science juridique est à l’honneur, des collèges qui recrutent dans le sud-ouest mais aussi, a fortiori, dans la ville. On s’attend à rencontrer des élites cultivées qui d’ailleurs goûtent aux joutes poétiques du Gai Savoir depuis les années 1320. Le Consistoire de la Compagnie du Gai Savoir compte des fondateurs puis des mainteneurs qui sont des Toulousains en vue, issus y compris de la marchandise et du change, tels Jean Flamenc ou Jean Amic3. La ville est enfin depuis 1271 la ville du roi, les offices se multiplient et sont un tremplin pour ceux qui ont reçu une certaine culture, voire une culture certaine. À partir de 1444, l’installation définitive du Parlement renforce cette évolution.
5Pourtant, les inventaires notariés, qui font pénétrer dans les demeures, signalent bien peu de livres. La nature de la source l’explique en partie (des livres ont pu être déjà légués ou retirés) mais pas totalement (des livres, et parfois en série, sont notés). Cela ne signifie pas pour autant que ces Toulousains ne lisent ou n’écrivent pas, mais sans doute sont-ils détenteurs d’une culture plus pratique que savante, nous incitant à classiquement distinguer, y compris dans une même famille, des clercs et des laïcs aux univers culturels certes perméables, mais spécifiques. D’autre part, avant l’éclosion de l’humanisme à Toulouse, la culture des notables laïcs toulousains s’exprime aussi peut-être par d’autres voies que celle du livre.
Peu de livres : une culture limitée à la piété et aux fondamentaux ?
6Bien peu de livres sont recensés dans les inventaires des notables toulousains, surtout si on les compare à des bibliothèques étudiées ailleurs. Pourtant les livres ne sont pas absents de Toulouse, loin de là.
7Des artisans possèdent des livres, il est vrai le plus souvent à titre de gages ou de caution4. Les livres sont surtout énumérés dans les inventaires des gens de savoir, étudiants, professeurs, clercs : la bibliothèque la plus fournie est celle de maître Jean de Turre, bachelier ès décrets, chez qui on dénombre une quarantaine de volumes ; on en recense une dizaine chez Pierre de Colombis, du collège vocati de l’estudi, quatre chez Maître Pierre de Grateloup, bachelier ès décrets, quatre chez Jean Catinelli, collégiat de Saint-Raymond, qui a aussi un Arbor consanguinitatis et affinitatis sur un parchemin et plusieurs cahiers de papier contenant notes et cours ; on compte sept livres chez le prêtre Jean de Molinis5… De même, des livres, principalement de droit ou de piété, sont fréquemment cités dans les registres notariés : leur circulation évoque la vitalité du marché du livre, neuf et d’occasion, logique dans une ville universitaire, mais aussi le fait que les livres servent de garanties à des créances contractées principalement par des clercs.
8Sans surprise, ces livres cités dans les registres notariés toulousains concernent surtout le monde des clercs, des gens de savoir.
9Chez les notables qui ne sont pas à proprement parler des gens de savoir, pas de livres autres que ceux dits de piété, sauf quelques exceptions rendues encore plus remarquables en raison de leur rareté. Nous en avons relevé cinq exemples seulement6.
10Chez l’apothicaire Guilhem del Pont, en 1369, le notaire énumère sans détailler, six livres dont cinq de médecine (on a donc là une petite bibliothèque utile à l’homme de l’art) et trois autres dits « de romans » (« sex libros videlicet quinque libros medicine et tres libros romanssorum »7). Faut-il y voir le genre (le roman, des romans) ou des adaptations en romanz ?
11Chez noble Bertrand Tornier, en 1402, une version en romancio du Livre du Trésor de Brunetto Latini. Cette encyclopédie en prose, rédigée dans les années 1260, a connu un très grand succès. Diffusé à la fin du Moyen Âge en latin et traduit en différentes langues vulgaires, le Livre du Trésor compile les connaissances du temps, en particulier la science politique amendée des commentaires d’Aristote.
12Cette œuvre a donc servi, de façon pré-digérée, à former de nombreux gouvernants. Bertrand Tornier, plusieurs fois capitoul, en possède un exemplaire qui lui est certainement accessible, puisqu’en romanz. Autre élément intéressant : cette version du Livre du Trésor est suivie d’un Caton, traité de morale qui est en fait un manuel de grammaire latine (Distiques de Caton), copié ici en trois langues différentes, le latin, le romanz et la lingua gallica, la langue française :
… quemdam librum descriptum in romancio nominatum Liber de Tezauro copertum cum duobus postibus copertis pelle viridi coloris et incipti in prima pagina in littera rubea « Ce sunt li capistle de la primi crapertia » et finit « coment bom doyt mayssone ». Item in fine dicti libri est liber vocatus Cato scriptus cum incausto seu tincta rubea in latino et resta in romancio et linga gallica et incipti « e certamen verretz » ac finit « si par studici ».8
13En 1413, Raimond Embry possède une quinzaine de livres. Malgré un document très abîmé, on discerne des livres de droit, civil et canon, dont des Décretales, un Code, des Clémentines…9.
14Raimond d’Aurival, dont l’inventaire est découpé, donc très lacunaire, possède en 1423 « unum librum romancium bellorum copertum pelle viride cum duobus barratoriis ». La mention est trop vite interrompue, mais ce « livre en roman » ou « des romans des guerres » évoque-t-il la tradition médiévale de la Guerre des Gaules de César ?10
15Enfin, en 1434, l’épicier Arnaud Lagardelle a un petit psautier recouvert de cuir rouge, de matines historiées de Notre-Dame aux fermoirs d’argent, d’autres petites matines de Notre-Dame. Il détient en outre un petit livre dit Fasset, en latin et sur papier, ainsi qu’un Doctrinal sur parchemin11. Ce Facetus compile deux poèmes que l’on mémorisait, qui dispensaient des conseils pratiques et moraux (comment se tenir à table par exemple) complétant les Distiques de Caton dans l’apprentissage des bases grammaticales. C’est donc à la fois un manuel de savoir-vivre et de grammaire. Quant au Doctrinal il s’agit probablement du Doctinale puerorum, écrit par Alexandre de Villedieu à la fin du xiie siècle, au programme de tout enseignement de grammaire latine dès les petites écoles.
16Les inventaires de laïcs livrent donc bien peu d’ouvrages, et lorsqu’ils en citent, ce sont surtout des manuels de grammaire ou des œuvres vulgarisées, sur le fond ou la forme (en romanz).
17Ce qui prévaut chez les laïcs, de façon très classique, ce sont les livres de piété, en particulier les livres d’heures dont on décrit souvent précisément la reliure12, l’état, s’ils sont enluminés. Le notaire indique aussi parfois la composition du livre en citant les premiers mots du premier folio et ceux qui achèvent le dernier folio. Mais outre les livres d’heures, certains possèdent aussi des missels, des bréviaires, des vies de saints, des livres de dévotion dits de confession ou d’oraison…
18Ainsi, chez noble Raymond Embry, en 1413, parmi des livres de droit, un livre d’heures, un calendrier, des Évangiles13. En 1404, le boursier Jacques de Laval, à l’intérieur cossu, possède
Item quasdam matutinas Beate Marie cum obsequio mortuorum VII salmis. Item unum librum romancii confessionis qui incipit in prima linea secundi folii et in primo corondello « nostras animas » et finit in eadem folio verso in ultima linea « nostres carnals que se noy », cum tabula peccatorum in fine, copertum de pargameno. Item quasdam matutinas parvas antiquas in quibus erant in principio kalederia (sic) septem salmos14.
19Au tout début du xve siècle, les très riches inventaires de noble Bertrand Tornier et du drapier Guilhem Azémar livrent des ensembles d’une autre envergure15. Chez ces deux hommes, les divers livres de piété permettent d’entrevoir la pratique religieuse familiale. Ils sont pour la plupart rangés dans les coffres et dans des pièces où ont été rassemblés les objets de prix (bijoux, argenterie, textile précieux…).
20Chez Guilhem Azémar, ces biens sont rassemblés dans la chambre des maîtres des lieux, feu Guilhem et sa veuve Jeanne. Dans un coffre de noyer, des objets personnels de Guilhem : deux ornements précieux de tête, laissés en gages, un sceau d’argent suspendu à une chaîne d’argent, une ancienne poche de cuir portant des os blancs et noirs, des matines couvertes d’un seul bois, qui commencent au premier folio par « Domina sancta Maria » et finissent au dernier folio par « ressucitarum », un émail serti dans de l’argent, sur une poche, des matines non reliées…16 On trouve ensuite les ustensiles d’écriture de Guilhem, ses marques pour les tonneaux et les draps, des jambières pour l’équitation…
21Sont indiqués ici deux livres d’heures et deux aumônières plus ou moins précieuses dans lesquelles on les rangeait pour les arborer, soit à la main, soit pendues à la ceinture. La piété se conjugue alors avec le paraître et les marqueurs de la distinction sociale, au même titre que les chapelets précieux, en cristal par exemple, que l’on dénombre dans un coffret « peint de diverses images » qui suit immédiatement. Parmi des objets à la fois féminins et masculins17 on trouve aussi « une aumônière de velours rouge brodée des armes de Guilhem et dans laquelle est rangée une Vie de sainte Marguerite avec des perles rapportées du saint Sépulcre »18. Les livres de piété sont rangés avec les objets les plus précieux mais aussi les plus intimes, évoquant ainsi une piété personnelle, intériorisée, qui ne rejette pas pour autant les marques du paraître et de la supériorité sociale affichées par les précieuses aumônières.
22Même tableau chez Bertrand Tornier, en plus fastueux encore. Dans un coffre de la chapelle de l’hôtel : une chape de messe et les vêtements nécessaires au prêtre pour célébrer la messe, trois nappes d’autel, un calice et une patène d’argent aux armes de l’hôtel, un coussin de soie, deux burettes d’étain aux armes de l’hôtel et
unum missale copertum corio rubeo tachatum de super postes quod incipit in primo folio post kalendarios « Kirielayson » et sequitur « Lodame » (sic) et finit in eadem pagina versa « ab ira et odio mala voluntate libera nos ». Item incipit in penultima pagina « Deus qui miscici filium » et finit in eadem « gratie langitate ». Item alium librum vocatum breviarium qui incipit in [blanc] pagina « Ecce dios veniunt » et sunt in eadem versa « aspiriens a longe ». Item incipit in penultima pagina « et sanguinis » et finit in eadem « candidus ». Item quasdam matutinas antiquas continentur officia Beate Marie et Mortuorum.
23Parmi l’opulente garde robe de sa veuve, dame Irlande, un livre d’heures couvert de cuir rouge, aux fermoirs dorés, avec les offices de la Vierge et des morts :
Item quasdam matutinas cum barratoriis deauratis continentur officia Beate Marie et Mortuorum copertas pelle rubea et post kalendaria incipiunt in prima pagina « Domine labia mea » et finiunt in eadem [blanc] « nos quia ». Item incipiunt in septimo folio eius… « in eodem dominus erigit ».
24Dans le corridor de l’hôtel sont encore déposées les matines neuves et enluminées de Bertrand :
Item quasdam matutinas que fuerunt dicti condam domini Bertrandi novas in quibus sunt et continentur officium Beate Marie in ordinem et usum romane ecclesie et in quadam pagina inglutinata cum poste a parte principii incipit « De precor te Domine » deinde sequitur kalendarii deide officium Beate Marie et ex post officium Mortuorum et ultima pagina incipit « Anima Christi » et finit eadem « justiciam ».
25Plus tard, on inventorie des livres, dont un autre livre de piété, une Passion de Jésus Christ. Son titre est en latin mais le détail prouve qu’il est écrit en langue vernaculaire :
Item reperit quemdam alium librum parvum continentem « Passione Domini Jhesu Christi » copertum duobus postibus pelle alba copertis qui liber incipit in rubrica « Ci commensa una raysson de Jhesu Christi la passion » in prima pagina et finit in eadem en « sabeye ». Item incipit in ultima pagina « salu e de tot lo poble » et finit in eadem « et despira »
26S’agit-il d’une traduction en langue vulgaire d’une Passion du Christ originellement en latin ou d’une copie de poésies religieuses en occitan, écrites à Toulouse, on en a un exemple dans les Leys d’Amors, ou entre Languedoc et Catalogne, sur la passion du Christ, intitulées Contemplacio de la Crotz ou Contemplacio de la Passio de Nostre Senhe19 ?
27Chez tous ces notables on dénombre au moins un livre d’heures, parfois quelques livres de dévotion sur lesquels on peut fonder oraisons20, méditation et pénitence, voire quelques livres liturgiques. Ces livres d’heures sont plus ou moins précieux, par leurs enluminures ou au moins leurs rubriques, par leurs reliures ou leurs aumônières de rangement. Ces livres sont dits petits, anciens, parce que maniés, parfois personnellement possédés, la chose est nette chez les époux Tornier.
28Mais quels sont leurs usages ? Le pluriel s’impose. Ils sont à la fois des livres de prière et de dévotion personnelle nourrissant quotidiennement la quête du salut et une piété intériorisée, mais ils sont aussi des objets ostentatoires de la parure et de la vêture, marqueurs de la notabilité, et enfin probablement le premier livre où les enfants de la famille commencent à lire.
De la lettre et du compte aux voies de l’étude
29En effet, ce n’est pas parce que les livres sont peu présents chez ces élites laïques que l’on ne lit pas ou que l’on n’écrit pas. Ces hommes, et leur entourage, ont visiblement une culture à la fois très classique (le livre de dévotion) et plus pragmatique que savante. On a évoqué la version en romanz du Livre du Trésor chez Bertrand Tornier, les livres de grammaire et de droit ailleurs. D’autres indices démontrent que ces hommes sont bien des hommes de la lettre et du compte.
30Des tables, recouvertes de tapit, disposées en général dans les chambres des maîtres, éclairées de candélabres, servent probablement à la toilette mais aussi au travail.
31Par exemple dans la chambre de Guilhem Azémar, ces éléments de mobilier notés les uns à la suite des autres : « unam cathedram noguerii, unam caxam abietis pro tenendo candelas21, unum tabularium sive contador cum duobus scandellis copertum de quodam panno viridis colorie vocato tapit parvi valoris XIII palmorum longitudinis et octo amplitudinis ». La grande dimension du meuble fait penser à un comptoir (2,90 m x 1,80 m environ) mais l’étymologie renvoie aussi à un meuble de travail (tabularium, de tabula, en latin classique, le dépôt d’archive ; contador, ce qui sert à compter).
32Dans la chambre du fils de la maison, outre le lit et sa literie, un mobilier qui évoque davantage l’étude : un autre « tabularium sive contador cum IIIIor pedibus abietis copertum de uno tapit colori viridis modici valoris », deux coffres, dont l’un contenant des cartae, un banc-coffre (arcabanc), un candélabre de fer fiché dans le mur.22
33Guilhem Azémar et Bertrand Tornier ont tout ce qui est nécessaire pour écrire et compter. Sont cités leurs sceaux personnels23. des balances dont certaines peuvent être des trébuchets, des tablettes d’ivoire recouvertes de cire, un encrier ou plumier précieux24. Bertrand Tornier réchauffe-t-il ses mains engourdies grâce à des chaufferettes ?25
34Hommes de la lettre, conscients de la valeur de l’instrument écrit, tous conservent dans les coffrets les documents liés à leurs possessions et droits, à leurs affaires, des créances et des lettres de grâce. Parmi de multiples exemples, citons chez Jean del Fau « una petita caycha davet on so las cartas de las possecios »26, chez Guilhem Azémar, des créances, des lettres de grâce, des documents, chez le père mais aussi chez le fils27. Bertrand Tornier conserve aussi des créances (instrumentum debiti) remontant aux années 1390 :
Reperit (…) quoddam instrumentum debiti in se continetur que Durandus Nicolay loci de Montibus tenetur dicto domino Bertrando in XIIII franchis auri quod instrumentum fuit receptum per me notarium infrascriptum.(…) Reperit (…) quemdam debiti instrumentum scriptum et receptum per me notarium infrascriptum die XV mensis novembris anno domini ab incarnatione M° CCC° nonagesimo nono in quo continebatur quod Geraldus Sicati dicti loci de Salvitate tenebatur dicto condam domino Bertrando in novem franchis auri ex causis in dicto instrumento contentis. Item plus quoddam alium instrumentum debiti receptum per me notarium infrascriptum die XVII mensis januaris anno domini M° CCC° nonagesimo secundo in quo continetur quod Johannes de Guilhamato et eius filius tenebantur dicto condam domino Bertrando in XCV l. VII s. cum dimidio et XVIII cartonibus duabus pinheris frumenti. Item aliud instrumentum debiti etiam receptum per me notarium infrascriptum die XXIIII mensis januaris anno domini M° CCC° XCV continens quod Stephanus pelliperii et Ramunda conjugis de Gamo debent dicto domino Bertrando condam IIIIor francos auri causis in dicto instrumento contentis. Item aliud instrumentum debiti per dictum notarium receptum die XXI mensis aprilis anno domini M° CCC° XCV continens quod nobilis Ramundus Athonis de Falgarii dominus de Binermis ? tenebatur eidem domino Bertrando in summa noningenta florenos auri cugni Franciae causis et rationibus in dicto instrumento contentis
35Un peu plus loin, un instrumentum gazalhie, sur 18 têtes de bovins de plus de deux ans et sur22 têtes de bovins d’au moins un an et demi, que Gayssie Arnaud, habitant de Saint-Cyprien « tenebat in gazalhia a dicto condam domino Bertrando dum vivebat sub precio in instrumento gazalhie de dictis recepto »28.
36Nous n’avons pas rencontré de libri de ricordanze… Ils ont pourtant existé, au moins dans leur forme première de livres de comptes (liber rationum ou livre de raison), registres dans lesquels les chefs de famille pouvaient aussi éventuellement inscrire quelques notations sur la vie familiale29. Divers indices le prouvent.
37Le catalogue des archives du château de Pinsaguel30 mentionne deux « livres de raison » de la famille Boix dans les années 1470. Malheureusement, cette partie du fonds Pinsaguel n’a pas été versée aux Archives départementales et nous ne savons ce que sont devenus ces documents.
38Les inventaires toulousains citent des livres de comptes, tenus à domicile et personnellement par certains notables31. L’apothicaire Guilhem del Pont possède un liber rationum, combinant les opérations les plus diverses (créances, baux, gasailles…), et un liber manualis qui consigne les opérations de la boutique32. Chez Guilhem Azémar, certaines créances sont enregistrées dans « son livre » (in libro). Bertrand Tornier possède deux livres d’oblies, ces droits et cens scrupuleusement perçus à Mons, Flourens où il a de multiples propriétés, et à la Salvetat-Saint-Gilles dont il est le seigneur. La description de ces deux livres nous indique qu’ils sont rédigés en occitan33 :
…videlicet quemdam librum obliarum loci de Montibus et Salvanhaco copertum pelle vituli in cujus libri principio sunt et continentur sex pagine sive carte albe sive in quibus nihil est scriptum. Et in septimo folio continentur scriptura qui incipit « Jhesus » et se sequitur alia scriptura que sit dicit « Aysso son las oblias del loc de Mons, de Monteilh et de Florent et de Salvanhac de Mossen Bertran Torner cavalier » deinde sequitur unius feudatoriorum videlicet Johannes Nicolay Salini postea sequuntur nomina feudatoriorum seriatim prout in dicto libro continentur quorum nomina sunt in universo quadraginta IIIIor post quorum feudatoriorum nomina nichil est descriptum. Item reperit alium librum copertum corio nigro continentem oblias quas …. Habitatorum dicti loci de Salvitate Sancti Egidii dicto condam domino Bertrando et inter dictis heredis servicio tenentur in cujus libri principio sunt tria folia alba et in quibus nichil est scriptum et in quarto folio continetur scriptura que talis est « Aysso es lo libre de las oblias de la Salvetat Sant Geli las quals son quadan lo jour de martio al senher del dit loc » et nomina feudatoriorum sunt descripta a dicto quarto folio usque ad quinquagesimum tertium folium prout seriatim in dicto libro continentur et in residuo dicti libri nichil est scriptum.
39Le sédier Pierre Vaquier mêle dans des registres de comptes (compotis), les dettes, les créances et les diverses opérations liées à la fois aux affaires de sa boutique et à la gestion familiale. Son inventaire signale et décrit minutieusement un liber manualis A et un autre intitulé D, décomptant les folios écrits ou blancs, les actes cancellés ou non, reportant les noms des débiteurs qui n’ont pas encore soldé leur dette34.
40Meubles de travail, nécessaires à écrire, conservation des documents écrits et tenue de livres de comptes éclairent donc cet univers culturel des élites laïques toulousaines. Entre piété, instrumenta et comptes, les inventaires laissent plutôt la trace d’une culture pragmatique qui laisserait peu de place à une culture savante, liée ou non à l’exercice d’une activité professionnelle ou politique, ou pour le plaisir35.
41Rappelons que nous avons écarté les inventaires des gens de savoir, chez qui s’accumulent les livres de grammaire, de théologie, de droit surtout, mais aussi des livres de piété, quelques romans ou recueils de motets, sans qu’il soit toujours facile de distinguer ce qui sert à étudier et ce qui est possédé par curiosité ou par plaisir. Malheureusement, l’inventaire de Raimond d’Aurival est trop tronqué pour livrer toute sa richesse et nous n’avons pas l’inventaire d’un Jean de Marignac ou d’un Pierre Raimond de Puybusque, à la fois gradués en droit, juristes influents et actifs dans la société politique du premier xve siècle…
42Même si leur culture paraît très traditionnelle et limitée, les notables toulousains ne dédaignent pas la voie des études pour leurs enfants. Les registres d’estimes et de notaires livrent des mentions de petites écoles ou de « maîtres d’enfants », de « maîtres à lire et à écrire »36. Les registres notariés citent aussi des précepteurs à domicile, recrutés en général parmi les étudiants, y compris chez de simples artisans, Ph. Wolff l’avait déjà noté37. De même, en 1380, un étudiant de Toulouse, Benoît de Rivo, s’était placé pour un an chez Pierre den Gali, rue Peyrolières, pour instruire son fils « ad scolas ». Mais ils ne s’entendent pas et le contrat est dénoncé : l’étudiant précepteur doit rendre les 4 francs déjà reçus38.
43Ces étudiants et précepteurs sont a fortiori engagés chez les plus riches et influents des Toulousains. Ainsi Gaillard, l’un des deux fils de Bertrand Tornier, bénéficie d’un maître à domicile, qui figure à plusieurs reprises dans la liste des témoins de l’inventaire. Il s’agit de Jean Aynard « clerico, magistro et docente dictum Galhardum Tornerii conheredem », à qui bien des années après, Antoine Tornier, neveu de Bertrand, paie encore des gages pour les services rendus à la famille. De la même façon, en 1444, le marchand Jacques Arman engage un homme originaire de Saint-Flour pour instruire son fils Jean durant un an39.
44Le cas du boursier Jacques de Laval mérite d’être relevé. Comme le ceinturier repéré par Philippe Wolff, il appartient à ces métiers du textile plutôt haut de gamme, voire de luxe. Ces artisans ne sont donc pas de simples artisans, ce qui compose l’intérieur de Jacques de Laval le prouve. Sans être véritablement de l’élite toulousaine, ces hommes tentent probablement de léguer à leurs enfants une situation meilleure que la leur, tout en prenant soin de leur transmettre tous les atouts pour réussir, au premier rang desquels, l’étude et le savoir.
45Philippe Wolff s’était étonné de la bibliothèque de Jacques de Laval, boursier rue Servinières, « ensemble remarquable pour un petit artisan »40. Nous avons déjà nuancé le qualificatif de petit artisan, et surtout en revenant au texte, nous constatons que ces livres étaient inventoriés « in camera in qua jacebat magister cum filio dicti Jacobi adulto »41.
46Jacques de Laval, mort en 1403, laisse trois enfants qui sont ses héritiers universels. L’un d’eux Jean est qualifié d’adulte et fait partie des curateurs désignés par son père. Il a un précepteur à domicile et partage encore la chambre de son magister. L’inventaire de cette chambre nous donne à voir un véritable cabinet d’étude. On y dénombre logiquement deux lits, puis un coffre dans lequel on identifie six livres. Outre les matines et le Confessional en occitan déjà évoqués
unum librum vocatum Actors (sic) in quo erant septem libri videlicet Partes Regule Cato Contentus, Thobias, Theodoletus et Fabule cum postibus parve forme ; item unum Doctrinale copertum de postibus ; item unum librum Logice nove cum postibus copertis pellis viridis coloris ; item unum librum vocatum Statuta copertum de pelle rubea sine postibus qui incipit in secundo folio in proprii textu et in primo corondello « jure ? » et finit in eodem folio in textu folio verso « omnium hominum ». Item in penultimo folio incipit in textu in primo corondello « Soli » et finit in eodem folio verso in textu in ultimo folio « judici ».
47Cette petite bibliothèque de travail est composée des manuels fondamentaux des programmes scolaires. Pour la grammaire, le Doctrinal mais aussi plus largement ce recueil de textes choisis, qui a eu beaucoup de succès, y compris après la naissance de l’imprimerie. Les Auctores, d’habitude composé de huit textes (ici nous n’en avons que sept et le notaire le note), accompagnés de gloses dont le titre complet est : « Auctores octo cum glossa continentes Catonis, Theodoletus, Faceti, Cartule alias de contemptus mundi, Thobiadis, Parabolarum Alani, Fabularum Esopi, Floreti ». Ce recueil de textes glosés compile les Distiques de Caton, l’Ecloga du moine Théodule, les Fables d’Esope ou Isopets, le Contemptus mundi de saint Bernard ou du pseudo Bernard, Thobies ou la Thobiade de Matthieu de Vendôme42, les Paraboles et les Regulae d’Alain de Lille, etc. S’y ajoute la Logique nouvelle, donc une pincée d’Aristote… Nous avons là tout ce qui est recommandé et au programme des études élémentaires puis secondaires pour acquérir de façon relativement complète les arts libéraux (trivium et quadrivium) avec cependant une nette domination de la grammaire et de la rhétorique. Le maître qui enseigne dans cette chambre est un litteratus, le fils du boursier est en passe de le devenir.
48Mais le plus étonnant est le mobilier décrit, le seul exemple rencontré pour l’heure chez un laïc43 d’un banc d’étude (banchum studii) avec quatre pieds et mesurant 1,80 m de long, un banc de sapin à quatre pieds et une planche isolée (étagère), d’1,80 m également. Faut-il imaginer un meuble aussi sophistiqué que ceux que nous montrent des cabinets d’étude royaux ou princiers, ou plus simplement un ensemble bureau-banc-étagère, qui permet de s’asseoir, d’écrire, de poser des livres et de quoi s’éclairer ?
49Quoiqu’il en soit, la voie des études est privilégiée dans certains milieux : chez les oligarques mais aussi dans des catégories sociales plus modestes par le statut plus que par la fortune, et qui aspirent à une ascension sociale qui s’appuie aussi désormais sur le savoir.
Quelle culture ? Des cultures distinctes mais perméables.
50Il nous semble en effet que se côtoient, d’une part, la culture lettrée, savante, juridique en particulier, en droit civil et canon, dont témoignent les inventaires des clercs, étudiants et maîtres, ou celle des prélats qui possèdent les plus belles collections de livres et fondent les collèges, et d’autre part, une culture très traditionnelle représentée chez la plupart des Toulousains, qui en ont les moyens, par le livre d’heures ou quelques ouvrages de piété.
51Chez beaucoup de notables toulousains, quelle que soit leur origine, nous entrevoyons une culture de base à peu près commune, qui représenterait un étiage culturel pour accéder à la fois au maniement des affaires et aux cercles de pouvoir. L’objectif serait alors d’être capable de lire et écrire, d’acquérir les arts libéraux ou au moins quelques notions de grammaire et de rhétorique latines, un peu de droit et quelques ouvertures vers des ouvrages adaptés en langue vulgaire.
52Les fils de famille que l’on prend soin d’instruire, a fortiori ceux qui font de plus longues études, deviennent des lettrés ou entrent en religion, font probablement le lien entre ces deux cercles culturels, entre ces deux types de culture, univers perméables peut-être mais néanmoins distincts.
53La culture savante ne pénètre pas en effet (ou difficilement) chez les laïcs qui ne sont pas assimilés aux gens de savoir, probablement d’abord à cause d’un problème de langue.
54On a vu en effet apparaître çà et là de façon nette la diglossie de ces élites toulousaines. On mémorise les prières en latin, on tente de maîtriser la grammaire latine, mais les livres d’oblies sont rédigés en oc, et hormis les livres d’heures, les livres que l’on lit sont des traductions en oc. Même les notaires emploient un latin farci, proposent souvent, c’est flagrant dans les inventaires, le mot latin et son équivalent en occitan.
55Les notaires jouent vis-à-vis de la population mais aussi vis-à-vis des notables toulousains le rôle indéniable d’intermédiaires culturels, tant pour la science juridique que pour la langue et l’écriture.
56Ce n’est d’ailleurs que dans leurs registres que l’on relève ce qui pourrait ressembler à des notations de libri de ricordanze44. Des notaires toulousains relèvent fréquemment la succession des archevêques45, des papes et des rois plus rarement. Par exemple, le 17 mars 1447, Bertrand Barbet note « Hic mutatur pontifficatus et tenemus indictione decima pontifficatus domini Nicholay pape quinti anno primo » (Nicolas V, 6 mars 1447), et indique plus loin la seconde année de pontificat de Nicolas V46 ; le notaire Arnaud Tornier inscrit au 2 octobre 1380 la mort de Charles V [survenue à Paris le 16 septembre précédent] : « Die II mensis octobris fuerunt nova in Tholose quod dominus Karole bone memorie rex Francie decesserat »47, autant de notations qui témoignent de la circulation des nouvelles entre Toulouse et le reste du royaume, voire de la chrétienté.
57Certains notaires relèvent des événements marquants pour leur ville, à commencer par leur propre création48. Ils indiquent souvent en préambule de leur registre la date à laquelle ils « ont été créés notaires publics par les capitouls », par qui ils ont été examinés, le tout suivi éventuellement du dessin de leur seing ou d’une autre mention. Ainsi, maître Pierre de Bussière note qu’il a été créé notaire public par les capitouls (dont il donne la liste) le25 janvier 1435 (n. st.) et que « cartone bladi valente duo scuta et pipa vini valente quatuor scuta auri »49.
58Il s’agit parfois d’événements plus marquants tels qu’une entrée princière ou royale. En 1420, l’entrée du dauphin est détaillée dans le registre de Jean de Lodières50 :
Et die [blanc] mensis marcii, intravit Tholosam illustrissimus princeps dominus dominus Dalphinus regens totius regni Franciae filiusque dicti domini regis Karoli… qui fuit receptus in Tholosa solempniter in Tholosa et positus subtus pavalhonem, qui stetit in Tholosa per V dies, et deinde recessit versus civitatem Carcassone ubi tenuit concilium generale, et concessit in Tholosa abolitionem generalem que fuit publicata per quadrivua consueta.
59Les notaires Adémar de la Rua et Guilhem Peyron relatent tous deux l’entrée du roi Charles VII en 144251 que nous connaissons aussi par le texte et une miniature du premier Livre des Histoires52. André de la Rua, en tête de son registre, indique qu’il a été créé notaire le 17 février 1446, rappelle donc a posteriori l’entrée de 1442 :
Anno domini M° CCCC° XL secundo et die nona junii intravit Karolus, rex Francie, Tholosam cum domino Dalphino eius filio et domino constabulario Karolo d’Ango pro eundo ad locum de Tartasio, et cepit dictam placeam et locum de Sancto Severio alias de Sant Seve, et civitatem Aquensis, locum de Marmanda et de Regula alias de la Reula ; et post modum regressus fuit Tholosam ubi erat rex nuncupatus lo rey… ? et venerunt tres comites videlicet Fuxi, Armanhiaci, et Convenarum, et postmodum recessit in Montemalbanum [la suite est très effacée].
60Le premier acte du registre est ensuite daté du21 février 1446.
61Chez Guilhem Peyron, le récit est enchâssé entre les actes :
Ecce quando rex intravit Tholosam. Anno Domini Mmo IIIIc XLmo secundo et die octava mensis junii hora tarda circa septimam horam, dominus noster dominus Karolus, Dei gratia Francorum rex, civitatem Tholosanam intravit cum domino dalphino eius filio duce Vian[ensis], Karolo Andegavorum locumtenentem domini nostri Francorum regis in patria occitana, cum pluribus capitaneis et magna acie gencium armorum pro accedendo ad locum de Tartasio in partibus Burdegalarum ; et stetit in dicta civitate Tholosana usque ad diem martis tunc sequentem XIIam diem junii circa horam vesperum, qua recessit in partibus Vasconie ; et existente domino nostro rege in Tholosa, venerunt comites Fuxi, et Armaniaci, Astariaci et nonnulli alii.
62Outre une rédaction a posteriori ou à chaud, ces deux versions, certes proches, donnent pourtant à lire une conception différente d’écriture de l’épisode : histoire bataille pour la première, davantage inscrite dans le temps toulousain et l’espace de la patria occitana pour la seconde.
63Les notaires relatent parfois des faits qui les ont sans doute touchés personnellement, tendant ainsi au livre de raison. L’amour filial de Bertrand de Cans s’exprime nettement lorsqu’il indique « le samedi23 septembre 1391 est morte dame Bertrande de Artigali, ma mère, en l’hôtel des héritiers de maître Jacques de Fontanis, rue Servinières, où je demeurais alors », et il souscrit, « Bertrand de Cans, fils de ladite »53. Bernard de Cuguron accumule les notations : éclipse, guerre, naissance et mort de ses enfants entre 1415 et 1419, et dans un autre registre du même, l’incendie de 144254.
Eclipsis. Anno Domini M° IIIIc XV die veneris septima dies mensis junii… sextam vel septimam horam fuit eclipsis, in tantum quod nullus…. Alium per carerras sine lumine, quo anno erat guerra inter comitis Armaniaci et Fuxi.
64Il indique la naissance de ses enfants, Guillelma le 6 juin 1415, Jean le 27 décembre 1417, un fils le 14 septembre 1419 que la nourrice ramène mort. En 1442, l’incendie55 :
Anno Domini M° IIIIc XLII et die lune octava mensis octobris diversorium Corone fuit distructum per ignis incendium et tota carreria fuit totaliter distructa a qualibet parte usque ad carreriam sive ecclesiam de Aurate et supra Coronam usque ad hospicium Magistri Petri [blanc] bacallerii in legibus Tholose et ab alia parte usque ad domum Petri Payrani et templum Sancti Johannis totaliter combustum et totum conventum Sancti Johannis, demptis stabulis et cameris existentibus supra stabulas et tota ecclesia parochialis de Albate et tota ecclesia parochialis de Aurate et carreria Giponeriorum, Lanternariorum, Selviniarorum, Spaseriorum et Cuteleriorum usque ad domum domini Jacobi Ysalguerii.
65Chez ces notaires, intermédiaires culturels par excellence, on rencontre ce qui doit être l’une des premières expressions de l’historiographie toulousaine, aux côtés de celle, officielle du Livre des histoires des capitouls, milieu avec lequel ils ont d’ailleurs des liens.
66Mais à côté d’une histoire officielle, celle de la ville et du royaume, ils évoquent aussi l’histoire familiale et personnelle, autant de feuilletages de temps et d’écritures plus ou moins accentués selon les individus, et agrégés autour de la mémoire. À travers ces notations éparses et très brèves (peut-on parler à ce titre de livre de raison ?), ces hommes ont retranscrit dans leur registre une part de l’univers culturel et mental des élites toulousaines. Ils tendent à entrer dans ces élites, les côtoient par leur aisance, leur style de vie, leurs réseaux56, ils les égalent ou les dépassent par le savoir, eux qui ne sont pas véritablement des lettrés de premier plan mais qui sont plus cultivés que la moyenne.
67L’acquisition d’une culture qui n’est pas si rudimentaire, entre lecture et écriture, entre latin et occitan, entre piété, grammaire, poésie et droit, n’est en effet qu’une part de cette culture. Ces élites toulousaines hétérogènes ont aussi forgé leur identité et conscience urbaines grâce à des mots, à des comportements fédérateurs, lentement sédimentés, fondus désormais dans la notabilité, dans la noblesse des individus et de la ville57.
68Ces codes sont en effet fondés en grande partie sur l’histoire toulousaine, des comtes aux consuls, sur la place de la chevalerie urbaine à Toulouse, sur la religion civique. Si l’on ne prend que l’exemple du poids de la chevalerie urbaine, il est patent que l’univers coloré et héraldique des intérieurs des notables toulousains, où portail, clé de voûte, objets personnels, décor textile de la demeure sont frappés de leurs armoiries ou de celles de leurs alliés, n’est pas sans rappeler l’univers héraldique et coloré des portraits capitulaires. Il y a là une évidente concordance entre vie publique et vie privée de ces oligarques, à quelques nuances près : dans la vie privée, chaque individu est inscrit par son nom de baptême, ses armes, ses biens d’abord dans une mémoire patrimoniale et familiale. Celle-ci est dépassée, pour mieux souder ces élites, les homogénéiser, par les « dispositifs mémoriels » (F. Bordes) dont les capitouls sont les commanditaires à l’échelle de la ville dans le Livre des Histoires.
69Au milieu du xve siècle, la situation évolue. La reconstruction et la prospérité s’affirment. Le Parlement s’installe, modifie les jeux de pouvoirs et la société politique toulousaine. L’impact de l’installation du Parlement est au moins double : il accompagne la promotion des juristes influents dès la fin du xiiie siècle58 qui intensifient dès lors leur réflexion et la projettent dans la politique locale59 ; d’autre part, le Parlement accompagne aussi la promotion de la langue française (les premiers registres sont en français). Enfin, après l’université et les collèges, l’imprimerie s’installe à Toulouse dès les années 1470.
70Dans ce contexte, les élites laïques trouveront des références communes désormais amendées par l’épanouissement de l’Humanisme. Dès lors, l’identité culturelle toulousaine se façonnera à l’aune de nouveaux feuilletages : restera l’histoire des comtes, des consuls et des reliques de Toulouse, mais s’ajoutera la quête des antiquités toulousaines, la quête des origines, réelles ou mythifiées, les argumentaires juridiques directement issus des milieux des juristes, l’édition critique des textes, la recherche d’une langue élégante, entre œuvres classiques et créations contemporaines.
71À travers les registres notariés, ces quelques manifestations éparses et limitées avant 145060 témoignent d’une certaine culture de ces notables qui ne sont pas les lettrés traditionnels du Moyen Âge. Ils possèdent une culture classiquement fondée sur la dévotion, une culture pragmatique plus que savante où l’écrit a une place prépondérante. Plusieurs cultures se côtoient plus qu’elles ne se mêlent. Ces traces peuvent être pourtant perçues comme les signes annonciateurs de ce que sera, par exemple, au tournant des xve et xvie siècles, la culture très compilatrice, mais cohérente et diversifiée, de Nicolas Bertrand, pur produit de ces élites toulousaines de la seconde moitié du xve siècle. Fils d’un notaire, il est diplômé et professeur de droit, mainteneur des Jeux floraux, bayle de la confrérie des Corps-Saints, avocat au parlement et capitoul ou exerçant diverses missions pour les capitouls. Auteur de l’Opus de Tholosanorum gestis il est encore un passeur de cette culture médiévale mais aussi un latiniste qui propose dans cette même œuvre une étude des Commentaires de César ou qui livre ses observations, y compris archéologiques, sur les antiquités toulousaines.
Notes de bas de page
1 J. Verger, Les gens de savoir en Europe à la fin du Moyen Âge, Paris, 1997, p. 1-6.
2 Cet ensemble a été étudié et reconstitué par F. Bordes, Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au bas moyen âge : le premier « Livre des Histoires » de Toulouse (1295-1532), doctorat en histoire médiévale (dir. M. Fournié), université Toulouse-Le Mirail,2007, 5 vol.
3 Sur J. Amic, son ascension et sa vie familiale, V. Lamazou-Duplan, « Séparation et pension alimentaire à Toulouse au xve siècle », Divorce et répudiation : la séparation du vivant des époux, (colloque de Valenciennes2005), Recherches Valenciennoises n° 25, P.U. Valenciennes,2007, p. 217-240.
4 Ph. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, 1954, p. 614 : des matines et un Doctrinal chez un pâtissier, des Gestes nouvelles achetées par un pancossier ; un serrurier possède un beau livre d’heures et un bréviaire, mais comme gages. Ph. Wolff s’étonne de la belle bibliothèque du boursier Jacques de Laval, mais nous verrons qu’elle est surtout celle du précepteur et du fils de Jacques de Laval, cf. infra.
5 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 4395, fol. 304-308, fol. 344-344v°, fol. 351-352, fol. 366-366v° (1426-1430). Ibidem, 3 E 5981, fol. 116-116v°. Nous remercions P. Foissac de nous avoir communiqué cette dernière référence.
6 Cinq exemples, chez des notables, de livres, autres que de piété, sur une quarantaine d’inventaires parcourus, toutes catégories sociales confondues. Ces inventaires sont davantage présentés et étudiés dans V. Lamazou-Duplan, « Décors, parures et couleurs des intérieurs toulousains d’après les registres notariés de la fin du Moyen Âge », à paraître dans les Actes du colloque sur La Maison dans le Midi de la France au Moyen Âge (Cahors,2006).
7 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 7412 ou 2 Mi 1180, fol. 97, 1369.
8 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5987, XI, fol. 13. Suit le Livre de la Passion de Jésus-Christ, cf. infra.
9 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 14447, fol.23-25, 1413.
10 Arch. mun. Toulouse, II27/3, 1423. Plus loin et encore plus tronquée, une citation qui peut-être se rapporte à une mention de livre : « nacionis terre Anglie nomine militis copertum pelle alba. Item reperit unum aygasenherium stagni… », etc. Une mise au point récente sur « La figure de Jules César au Moyen Âge et à la Renaissance », Cahiers de Recherches Médiévales, n° 13,2006, p. 1- 220.
11 Voir Ph. Wolff, ouv. cité, p. 614.- Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 11993, 8, fol. 5-5v°.
12 Une couverture de parchemin, une couverture faite de planches (ais) recouvertes de peau…
13 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 14447, fol.23-25, 1413 : « item unum librum evangelium…, item quasdam matutinas…, item calenderia… ».
14 Arch. dép. Haute-Garonne, 101 H 110, 8 folios, inventaire suivi de la vente à l’encan (1404). Soit « des matines de la Vierge avec l’office des morts et 7 psaumes, un livre de confession en roman qui commence à la première ligne du second folio et dans la première colonne par “nostras animas” et finit sur le même folio au verso à la dernière linge par “nostres carnals que se noy”, avec une table des péchés à la fin, couvert de parchemin ; des petites matines anciennes avec au début le calendrier et les2 psaumes. »
15 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol. 4v°-14, Bertrand Tornier (1402-1403), et Guilhem Azémar (1401), fol.27-32.
16 Guilhem Azémar, 3 E 5897, XI, fol.29v° : « Item quandam caxam noguerii cum pedibus sex palmorum et amplius longitudinis et amplitudinis duorum palmorum cum dimidio antiquam et artusonatam. Item reperierunt in dicta caxa unum frachesium argenti deauratum et munitum de perlis ponderans una marcha argenti et quinque oncia… duobus denarios quod frachissum erat in piguore dicto condam Guilhelmo tradita pro certa summa contenta in libro de condam Guillelmi per dominam Francesiam Galota. Item aliud garlandellum sive frachissium argenti cum duabus petris supra deauratum cum perlis ponderantem unam marcham tres oncias uno denario quod fuit ut ibi dictum fuit de hospito dicti Guilhelmi. Item unum sigillum cum quadam cathena argenti ponderis trium onciarum et IIIIor denariorum. Item unam pocham corii antiquam cum signis ossi albi ac nigri. Item quasdam matutinas copertas uno solo poste que incipiunt in primo folio “Domina sancta Maria” et finiunt in ultimo folio “ressucitarum”. Item reperiunt dicti tutores unum armaut argenti postium supra quandam pocham que nichil valebat quod dictum armant ab inde fuit per dictos tutores amotum quod ponderabat XIII denarios et obolum argenti. Item quasdam matutinas non religatas que sunt in cisternis diverse forme. »
17 Tels que des chapelets, une ceinture de femme en soie rehaussée de perles et d’une boucle d’argent doré, un miroir au manche d’os ou d’ivoire, une aumônière de soie blanche, brodée de trois roses.
18 Ibidem, « Item unam crumeriam velveti rubei brudata de signis dicti Guilhelmi et intus erat Vita Beate Margarite cum perliis asportatis a Sancto Sepulcro ». Suivent un étui couvert de soie pour ranger les hosties, un étui de cuir pour un miroir et un peigne, un petit cadenas de fer, 30 anneaux de métal pour des courtines, une autre bourse de soie avec un grelot d’argent et un bouton d’ivoire, un peigne d’ivoire dans son étui de cuir…
19 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol. 7, 7v°, 9, 13. Voir Dictionnaire des Lettres françaises, p. 1199, « Poésies religieuses en occitan ». Malgré nos questions, nous n’avons pas réuni pour l’heure d’autres précisions.
20 Jean de Turre, cité note 5, a un livre d’oraison en occitan : « item unum parvum librum orationum et incipit in prima oratio “Molt dols” ».
21 Les candélabres sont notés plus loin.
22 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol.29,29v°, 30v°.
23 « unum sigillum cum cathena argenti de armis dicti domini Bertrandi condam », ibidem, fol. 10r ; pour Azémar, voir supra.
24 « quasdam tabuletas eboris pro scribendo inceratas » (fol. 10, Tornier) ; « duas tabuletas plenas cere pro scribendo » (Azémar, fol. 30). G. Azémar possède dans la même liste un bel encrier, « quoddam atromentorium sive scrivaniam » décoré d’ivoire, et un plumier précieux, « una boycetam eboris parvam ».
25 Notés juste après le sceau « unum issiculetum de brezilh munitum de argento cum cathena, aliud issiculetum argenti cum cathena ».
26 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 4468,2 fol. séparés, 1445.
27 Dans la chambre de G. Azémar : « quamdam litteram gracie Bernardi Azemarii, quandam litteram regiam in qua mandabatur quod Johanne Guanaldarii et Arnaldus Ferrandi de Carcassona compellerentur ad solvendum dicto condam Guillelmo Azemarii summam in dictis litteris contentis, duas litteras » du même débiteur (A. Ferrand) « dont une est close ». Dans la chambre de son fils : dans une caisse il n’y a rien « nisi disploidem sive juponem et aliquam quantitatem cartellorum quorum dictus Ramundus asservit esse suos proprios et quodam instrumentum testamenti, et aliud instrumentum cautioni Arnaldi Manaudi… »
28 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol. 10, 13v.
29 Des annotations dans les livres d’heures attestent aussi de cette pratique. Un livre d’heures du xve siècle conservé à la Bibl. mun. de Pau recense les naissances et décès de la famille.
30 Ce catalogue peut être consulté aux Arch. dép. Haute-Garonne.
31 Il ne s’agit pas ici de livres de comptes uniquement tenus pour les affaires, tels celui de Jean Lapeyre ; voir Ph. Wolff, ouv. cité, p. 522 et l’article du même auteur : « Une comptabilité commerciale du xve siècle », Annales du Midi, tome 64, n° 18, 1952, p. 131-148.
32 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 7412 ou 2 Mi 1180, fol. 101-102, 1369.
33 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol. 13.
34 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 6736, fol. 1-31 (inventaire de 1416, suivi d’une vente à l’encan, liasses séparées) : « quemdam librum magni voluminis copertum pelle vitellina alba vocatum manualis A… » (Ibidem, fol. 12-21, description du registre et environ 80 notations de comptes depuis 1392, surtout des dettes dues à P. Vaquier, mais aussi des procurations, des oblies) ; « quemdam librum magni voluminis copertum pelle vitulina vocatum librum manual et est signatum littera D… » (Ibidem, fol.21-22v°, autres dettes).
35 N’oublions pas les trois flûtes dans leur étui de cuir chez Bertrand Tornier qui évoquent peut-être d’autres plaisirs, tels celui de la musique, du chant, de la poésie, de même que chez beaucoup de Toulousains des tables à jouer.
36 Ph. Wolff, ouv. cité, p. 527. Nous renvoyons aussi aux publications et recherches de J. Verger et P. Foissac sur le monde des études.
37 Ph. Wolff, ouv. cité, p. 527, cite l’exemple du savetier Bernard Couronne qui engage en 1382 pour un an un clerc de Lombers pour lui enseigner, ainsi qu’à son fils, « la science et les bonnes mœurs » ; en échange l’étudiant est logé, nourri, contre 6 francs de pension tout de même, mais sera fourni en chandelles pour ses propres études le soir afin encore de progresser et d’être meilleur maître. Les conditions sont quasiment identiques chez un ceinturier qui engage un étudiant « pro docendo pueros suos ».
38 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 103, fol. 4.
39 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5897, XI, fol. 12, 13 ; 3 E2958, fol. 71.
40 Ph. Wolff, ouv. cité, p. 614.
41 Arch. dép. Haute-Garonne, 101 H 110, 8 folios.
42 Éminent latiniste et poète, présent dans les programmes scolaires.
43 Et même les inventaires d’écoliers ou de maîtres que nous avons lus n’en mentionnent pas.
44 Les notaires italiens sont de fait les premiers chroniqueurs de leur ville, cf. I. Heullant-Donat, Cultures italiennes, Paris,2000, p. 169-192.
45 Ph. Wolff, « Archevêques et notaires de Toulouse », Annales du Midi, 1980, p. 203-208.
46 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 537, fol. 100 et 149v°.
47 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 7413, fol.285.
48 Sur ce point, voir les travaux de P. Salies, des étudiants de Ph. Wolff, rassemblés dans la bibliographie établie par J.-L. Laffont, « À propos de l’historiographie notariale du Midi toulousain », Visages du notariat dans l’histoire du Midi toulousain, PUM, Toulouse, p. 63-78.
49 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 1990.
50 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5125, fol. 17v°. Notons que Jean de Lodières a été notaire du Consistoire en 1411-1412, peut-être davantage. L’événement est aussi relaté dans Arch. mun. Toulouse, AA 3/265.
51 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 5008, fol. 1 et 3 E 6145, fol. 96.
52 Arch. mun. Toulouse, BB273/9v°. A. de la Rua et G. Peyronis ne sont pas notaires du Consistoire ces années-là (mais André del Grès). Voir la mise en ligne des planches du Livre des Histoires sur le site des Arch. mun. Toulouse. G. Peyronis fera une belle carrière par la suite. Nous remercions vivement F. Bordes d’avoir enrichi et confirmé ces indications.
53 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E 3114, fol. 48v°.
54 Arch. dép. Haute-Garonne, 3 E2955, fol. 189 ; 3 E2959, fol. 187v°.
55 Traduit dans Ph. Wolff, ouv. cité, p. 88-89.
56 M.-C. Marandet, « Approche d’un milieu social. Le notariat en Midi toulousain aux xive et xve siècles », Visages du notariat…, ouv. cité, p. 81-116.
57 V. Lamazou-Duplan, « Se distinguer à Toulouse : supériorité sociale et fabrique de l’urbanité », Actes du colloque de Cerisy-la-Salle (septembre2007), Distinction et supériorité sociale, à paraître.
58 Pensons à Arnaud Arpadelle et au commentaire des Coutumes de Toulouse. Aux xive et xve siècles, l’exercice du pouvoir capitulaire est secondé par des juristes dont l’expertise est mise à contribution dans les différents rouages de l’administration capitulaire, cf. le texte de F. Bordes dans le présent volume. Au xve siècle, leur rôle et leur reconnaissance sociale sont encore plus nets, cf. les conclusions de F. Bordes ainsi que des mentions de plus en plus fréquentes des titres et diplômes dans les registres notariés.
59 P. Arabeyre, Les idées politiques à Toulouse à la veille de la Réforme. Recherches autour de l’œuvre de Guillaume Benoît (1455-1516), doctorat de droit, Toulouse, Pr. Univ des Sciences sociales,2003.- Idem, « Un “mariage politique” : pouvoir royal et pouvoir local chez quelques juristes méridionaux de l’époque de Charles VIII et de Louis XII », Annales du Midi, avril-juin2005, p. 145-162.
60 Pour les registres notariés, l’enquête reste en grande partie à mener pour la seconde moitié du xve siècle.
Auteur
Université de Pau (veronique.lamazou-duplan@univ-pau.fr).
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