L’industrialisation douce en Norvège : l’importance de la dimension sociale
p. 203-216
Texte intégral
Introduction
1Les recherches récentes sur les systèmes économiques soulignent l’opposition et la variation existant entre régions et États nationaux. De ce fait, ces approches rejettent le postulat d’une convergence au sein de l’économie mondiale, ainsi que l’idée d’une « pratique idéale » (best practice) qui domine la plupart des théories économiques en vogue. Pour analyser le système économique, ces études scientifiques s’attachent notamment à étudier des institutions diverses telles que l’État, le système financier, le système éducatif et les organisations de recherche, mais aussi les institutions sociales comme la famille ; ce qui en soi n’est guère nouveau, puisqu’elles se placent dans la tradition de Gustav Schmoller, Max Weber et Torstein Veblen, à la différence près qu’elles incluent de nouveaux paramètres et des angles d’attaque innovants1.
2Du point de vue de la science historique, ce type d’approche est aussi intéressant parce qu’il souligne l’origine historique de l’opposition et de la variation des systèmes financiers. Chaque pays a ses traits caractéristiques, et ces traits sont formés dans l’interaction entre les acteurs sociaux et leur environnement institutionnel spécifique. Il est donc possible, par exemple, d’acquérir de nouvelles connaissances à propos des mécanismes sociaux et culturels en recherchant les racines historiques des traits typiques d’un système économique à partir des processus d’industrialisation. Dans le cas de la Norvège, la structure industrielle est surtout marquée par la production des matières premières et par l’existence d’un tissu d’entreprises petites et moyennes, une situation et un ordre des choses qui n’ont pas changé depuis le commencement de l’industrialisation dans la seconde moitié du XIXe siècle et qui témoignent de la force des traditions.
3Mais pourquoi de telles caractéristiques, se demandera-t-on ? C’est ce que nous allons tenter d’expliquer dans cet article en insistant sur trois processus d’industrialisation particulièrement présents en Norvège. Il s’agit pour nous de montrer que les forces qui sont à l’origine de ces processus reflètent des normes et des valeurs qui ont un ancrage ancien dans la société norvégienne. Mes exemples sont tirés de deux régions, appartenant à la fois à l’Est et à l’Ouest du pays – les comtés d’Østfold et de Møre –, et liés à des industries principalement fondées sur l’exploitation du bois et ses prolongements naturels, à savoir l’industrie du papier, les industries mécaniques et la fabrication des meubles. Ces deux régions ont des structures sociales différentes, mais on peut quand même identifier quelques traits communs qui constituent des mécanismes clés du système norvégien. Ainsi, peut-on observer dans tous les processus en question l’affirmation de mouvements issus d’en bas que motivent des stratégies diverses pour résoudre problèmes économiques et problèmes sociaux. On notera, par ailleurs, que l’arrière-plan change avec l’accroissement de la population et les changements d’attitude individuels, même si l’on cherche à s’accommoder des valeurs constitutives de la culture locale. Pourtant, curieusement, l’histoire de l’industrialisation norvégienne a souvent négligé la perspective de mobilités sociales.
La science historique norvégienne
4Dans les études portant sur l’histoire économique norvégienne, l’accent est d’abord mis sur le caractère tardif de l’industrialisation et ensuite sur l’importance du capital et de la technologie étrangers dans son essor rapide à partir des années 1860-1870, phénomène qui devait s’accentuer plus encore au début du XXe siècle avec le développement de l’énergie hydro-électrique2. Un troisième aspect est également mis en relief concernant la période de l’après-guerre, à savoir le rôle de l’État. Au final, l’apport du capital étranger et l’engagement direct de l’État dans l’économie semblent devoir été caractérisés comme des « mécanismes compensatoires » dans le développement économique norvégien, tout comme dans le cas de la France après 1945.
5La raison de cette « compensation » par l’État est liée, semble-t-il, à la faible présence d’une aristocratie et d’une haute bourgeoisie en mesure de financer une industrialisation à grande échelle3. Si cette explication est correcte à certains égards, il nous faut cependant la nuancer. Durant l’époque de la domination danoise, un patriciat commercial puissant se développa. Ce groupe consistait pour la plus grande part d’acteurs immigrés dont l’activité économique était principalement fondée sur l’exportation du bois. Néanmoins, une grande partie de cette aristocratie commerciale disparut rapidement au cours des crises qui suivirent les guerres napoléoniennes. Seul un petit groupe parvint à survivre et forma, avec les fonctionnaires de l’État, le noyau de l’élite sociale qui domina le pays après la fin du règne danois et le rattachement de la Norvège à la Suède. Comme une grande partie des agents de l’État était aussi d’origine étrangère, le fossé socioculturel qui existait entre les élites et le reste de la population, loin de se résorber, continua à se perpétuer, voire à s’élargir.
6Ce fossé était renforcé par toute une série de privilèges qui interdisaient, entre autres, aux personnes d’origine paysanne, de poursuivre des activités commerciales et industrielles. Pour autant, l’essor du courant libéral au XIXe siècle et la mise en œuvre d’une politique économique favorable à une certaine démocratisation des activités ne cessèrent de gagner du terrain. Or, ce que l’on peut remarquer, c’est que la libéralisation de l’économie profita tout d’abord, non pas l’élite de la capitale, mais aux familles indigènes d’origine rurale parmi lesquelles s’affirmèrent de véritables pionniers d’industriels. Ce trait fut particulièrement caractéristique du processus d’industrialisation des scieries à vapeur dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Østfold : Scieries à vapeur et industrie du papier
7L’abolition des privilèges liés au sciage du bois en 1860 marqua un pas décisif en direction de l’industrialisation du pays4. Ces privilèges, qui dataient du XVIIe siècle, étaient liés aux vieilles scieries à eau en nombre très limité. Avec l’introduction de la nouvelle technologie — les scieries à vapeur — vers le milieu du siècle, le système de monopole empêcha d’un côté une exploitation efficace du bois. En outre, les privilèges excluaient des entrepreneurs potentiels dans cette branche d’activité. Dans certains groupes, on avait longtemps attendu l’abolition, et le jour même de son entrée en vigueur deux scieries à vapeur furent mises en marche.
8En effet, l’abolition des privilèges marqua le début d’une des plus fortes industrialisations en Norvège. Outre les cours d’eau dans les environs de Drammen, une région avec une forte tradition des scieries, c’est surtout le Sud-Est du pays qui fut affecté par cette industrialisation. Cette région, notamment autour d’Halden, Sarpsborg et Moss, avait aussi une tradition de sciage, mais aucune de ces villes ne joua de rôle pionnier dans l’essor de l’industrie moderne. C’est en réalité Fredrikstad, une ancienne forteresse, qui devint le nouveau centre industriel, précisément parce qu’il n’y avait pas de chutes d’eau et que cette ville manquait de scieries. Mais comme Fredrikstad s’est bâtie sur l’estuaire du plus grand fleuve norvégien avec un accès direct aux ressources en bois les plus importantes du pays, et que, par ailleurs, son développement était lié à sa fonction de port d’exportation, il existait dans cette ville des conditions très favorables à l’édification d’une industrie du bois moderne fondée sur des scieries à vapeur.
9Les planches qui y étaient produites furent exportées vers les marchés étrangers, notamment l’Angleterre où les ventes devaient atteindre des niveaux impressionnants. De fait, les exportations vers l’Angleterre, qui constituait le marché principal des planches norvégiennes, augmentèrent de plus de 300 pour cent entre 1860 à 1880. Le marché français n’était pas non plus en reste puisqu’il représentait le deuxième marché mondial pour ce type de produit au milieu du XIXe siècle : en moins de vingt ans, le volume des exportations norvégiennes vers la France fut ainsi doublé. Cet essor fut particulièrement profitable à Fredrikstad qui était devenue à la fin des années 1880 la ville principale des scieries en Norvège, au point qu’elle est connue depuis lors comme la « ville de planche ».
10Un trait intéressant de l’industrialisation de Fredrikstad est que les pionniers ne venaient ni de Fredrikstad, ni des autres villes de la région, ni non plus de la capitale, mais de la région de Drammen. Plus de la moitié de ceux qui établirent une scierie à vapeur dans la région de Fredrikstad entre 1860 et 1875 venait en fait de cette région. On disait à Fredrikstad que même les assistants de bureau en étaient originaires. Un autre trait caractéristique était que les membres de ce groupe n’étaient pas issus de vieilles familles patriciennes, mais provenaient au contraire, pour la plupart, des communes rurales qui entouraient la ville de Drammen. En s’installant à Fredrikstad et en y développant des activités commerciales, ils ont par conséquent réussi à s’extraire de la société paysanne et à y trouver une source d’existence nouvelle.
11Plus singulier encore, les membres principaux de cette communauté appartenaient au mouvement de Hauge, un mouvement de réveil religieux, qui joua un rôle important en Norvège au XIXe siècle. Dans la littérature scientifique, la relation entre religion et économie est bien connue depuis que Max Weber a élaboré son schéma d’analyse montrant combien la morale religieuse protestante a encouragé le capitalisme.5 Or, il est certain que les valeurs religieuses jouèrent également la fonction de règles culturelles au sein du mouvement de Hauge. Il fallait d’abord être assidu au travail comme au temple, car on considérait que « l’oisiveté est la mère de tous les vices » et qu’il était bien vu d’encourager les activités industrielles. Il fallait aussi faire valoir son talent ou ses compétences, signe que les règles de la bourgeoisie de Drammen étaient en parfaite adéquation avec l’enrichissement personnel et l’accumulation de capital. En outre, la pratique religieuse a apporté aux groupes indigènes une sorte de légitimation face à l’élite privilégiée, qui a elle-même permis au groupe d’acquérir une reconnaissance sociale, condition première à la prospérité des affaires et à la mobilité sociale.6
12Le groupe de Drammen était composé d’un réseau élargi de familles qui, en plus de doter ses membres d’une légitimité sociale, a aussi contribué – en tant qu’institution – à résoudre les problèmes pratiques inhérents à la fondation des industries nouvelles, celui notamment de leur financement. Contrairement à plusieurs autres pays d’Europe, aucun système de banques destiné à soutenir l’industrialisation, à l’image du Crédit Mobilier en France, ne s’est jamais développé en Norvège. En règle générale, les entreprises y étaient financées par le capital privé et le réinvestissement des bénéfices au sein des firmes, c’est-à-dire l’autofinancement. À cause de l’insuffisance des institutions bancaires, la famille est donc devenue le canal le plus important pour la constitution de capital. Lorsque de grands investissements devenaient nécessaires, il n’était pas rare que plusieurs familles unissent leurs forces à cette fin, de sorte que le système des possessions croisées connut une forte augmentation à la fin du XIXe siècle. Pour autant, les firmes étaient organisées comme des sociétés anonymes d’un point de vue formel.7
13Cette forme de financement a très bien fonctionné lorsque l’industrie moderne du papier a été fondée au début des années 1870. Une fois encore, les membres de la bourgeoisie « haugienne » jouèrent un rôle essentiel parmi les pionniers : ils investirent tout d’abord dans le cours d’eau de Drammen, puis permirent à cette région d’occuper une place dominante dans cette industrie qui fut pendant la première moitié du XXe siècle l’industrie d’exportation la plus importante de la Norvège.
14Cependant, ce processus d’industrialisation se distingue de celui des scieries à vapeur par un groupe d’entrepreneurs beaucoup plus diversifié. Cette complexité a aussi créé un plus grand dynamisme.
Tableau 1. Les groupes sociaux qui ont participé au processus d’industrialisation en Norvège au XIXe siècle
Type de groupe | Mode d’industrialisation |
1. Familles patriciennes | Industrie du papier |
2. Bourgeoise « haugienne » | Scieries à vapeur, industrie du papier |
3. Entrepreneurs ruraux | Scieries à vapeur, industrie du papier |
4. Ingénieurs | Industrie du papier, hydro-électricité |
15Un nouveau groupe d’entrepreneurs se distingua également hormis la bourgeoisie de Hauge, celui des ingénieurs. Ces hommes avaient aussi pour une large part des origines rurales. Quelques-uns avaient suivi leurs études en Allemagne, d’autres en Norvège, où ils avaient reçu une éducation technique élémentaire. Les représentants des vieilles familles patriciennes, que des ingénieurs optimistes persuadèrent souvent de s’engager dans les affaires, constituaient un troisième groupe clairement identifiable. Le quatrième et dernier groupe regroupait quant à lui des entrepreneurs originaires des communes rurales de la région de Drammen. Ces derniers formaient en réalité la première génération d’entrepreneurs, activité qui leur avait permis d’accumuler un certain capital dans l’industrie des scieries. Pourtant, ils n’avaient joué aucun rôle pionner dans cette industrialisation, se contentant de celui d’épigones, et étaient pour cette raison moins bien considérés socialement que, par exemple, la bourgeoise de Hauge, sans doute parce qu’ils suivaient une approche nettement commerciale dans leurs relations industrielles, aux antipodes du paternalisme pratiqué par la bourgeoisie « haugienne ».8
16Ce modèle d’implantation se répéta sur d’autres cours d’eau de Norvège, comme dans la région de Skien et celle d’Østfold où les représentants des différents groupes se réunissaient de temps à autre. En règle générale, cette sorte d’alliance était passée entre les représentants de la bourgeoisie et des entrepreneurs ruraux, mais il arrivait aussi que les familles patriciennes fussent associées au troisième groupe. Ainsi, après trois ou quatre générations d’activités économiques, plusieurs familles du groupe de Hauge finirent par obtenir un statut social plus élevé, voire par être acceptées par certaines familles patriciennes.
Un ordre industriel distinct
17Cette manière de contrôler et de coordonner les activités économiques a produit une rationalité distincte. Même si la plupart des entreprises étaient établies comme des sociétés anonymes, elles étaient dominées par une seule famille ; par conséquent, la firme familiale devint une institution centrale dans l’industrialisation de la Norvège. Deux traits marquants les caractérisaient : le premier était que, en dépit d’une possession croisée étendue, la famille dominante maintenait un contrôle complet sur l’entreprise ; le second était lié à la manière dont les familles industrialistes définissaient leurs activités commerciales. De façon générale, elles limitaient leurs activités à l’exploitation du bois et tendaient à une forte spécialisation, phénomène qui se renforça au fil du temps aux dépens de la diversification.
18Cette inclination marquée en faveur de l’exploitation du bois avait quelque chose d’impressionnant, même dans le contexte nordique, lorsque l’on suit les stratégies de croissance qui furent adoptées par les entrepreneurs norvégiens. Leur préférence allait à une expansion géographique de leurs domaines soit par l’acquisition de nouvelles parcelles, soit par de nouvelles fondations, en direction de l’est, d’abord en Suède, où la première acquisition de scierie à vapeur eut lieu en 1854 dans l’Ångermanland, puis en Finlande et en Russie. La scierie fondée à Kotka en Finlande en 1871 par Hans Gutzeit mérite une attention particulière, car il s’agit là d’une entreprise remarquable qui devait faire partie plus tard d’un grand groupe industriel acheté par l’État finlandais en 19219. Très récemment, l’entreprise dirigée par l’un des descendants, Enso Gutzeit, devait réaliser une fusion avec le groupe suédois, Stora, en 1997 pour ainsi former la seconde plus grande entreprise de l’industrie du papier dans le monde10.
19L’engagement industriel des Norvégiens à l’étranger s’accéléra fortement dans les années 1880 en direction de la Russie et s’acheva avec la fondation d’une grande papeterie au bord de la Neva à 50 kilomètres de Saint-Pétersbourg au cours de la Première Guerre mondiale. Ce succès économique ne devait toutefois guère durer en raison de la révolution bolchevique qui entraîna la nationalisation de toutes les possessions norvégiennes par le nouvel État soviétique. Il n’en demeure pas moins que l’expansion norvégienne qui a commencé vers la fin du XIXe siècle et qui s’est terminée avec la Grande Guerre a suivi le modèle classique de l’internationalisation économique11.
20Dans le contexte norvégien, cette internationalisation présente un caractère spectaculaire et constitue à ce jour un phénomène assez unique dans l’histoire économique nationale. De fait, en règle générale, l’économie norvégienne n’a jamais eu de réelle tradition à l’internationalisation jusqu’à l’explosion de la mondialisation dans les années 1990. Du point de vue des investissements, les entrepreneurs des scieries et de l’industrie du papier de la fin du XIXe siècle ont autre chose de remarquable, à savoir qu’ils ont préféré investir dans les mêmes systèmes de production à l’étranger avant d’investir dans de nouvelles industries en Norvège, témoignant ainsi d’une forme de conservatisme très forte. Si l’on contemple enfin les processus d’industrialisation qui se sont déroulés en Norvège simultanément, on se rend compte que leurs stratégies proposent une autre explication de ce que s’est passé.
21Les années 1890 ont été marquées par l’essor rapide de l’énergie hydro-électrique qui, comme on l’a vu précédemment, a été possible grâce au capital étranger à une époque où la Norvège manquait nettement des ressources financières nécessaires. Or les investissements des industriels du papier décrits ci-dessus posent clairement la question de la réalité de ce fait. De toute évidence, le développement de leurs activités démontre que l’appel au financement étranger n’a pas nécessairement résulté d’un manque de capital au niveau local ou national, mais des préférences exprimées par la bourgeoise locale. En d’autres termes, la culture locale a fortement influé sur les processus d’industrialisation et par extension sur la structure industrielle de la Norvège.
22Le contrôle complet qu’exerçaient les familles sur ces entreprises avait aussi pour conséquence de créer une véritable aversion vis-à-vis de la prise de risque et n’était pas sans renforcer leur conservatisme naturel. Le fait est cependant que le système norvégien manquait cruellement des institutions spécifiques essentielles au financement de l’industrialisation et que les entreprises ne trouvaient pas toujours les partenaires avec lesquels elles auraient pu partager les risques, comme cela fut fréquemment le cas dans l’industrialisation allemande pour laquelle ce type d’association joua un rôle majeur. En outre, la volonté d’autonomie et de contrôle voulue par les familles n’encouragea certainement pas la participation du capital étranger de ce type d’entreprise. A cet égard, il est clair que l’autonomie était une valeur constitutive de la société norvégienne, et plus précisément encore un élément essentiel de la mentalité et des coutumes rurales. En comparaison avec d’autres pays d’Europe, les paysans norvégiens jouissaient d’une bien plus grande liberté que leurs lointains cousins du continent ou d’Angleterre, notamment parce que la propriété rurale libre y était très répandue. La volonté d’autonomie traduit donc un trait de mentalité profondément enraciné que l’on retrouva également dans d’autres processus économiques comme celui de l’industrialisation.
Une structure d’entreprises petites et moyennes
23Même si l’industrialisation norvégienne a connu une expansion assez forte à la fin du XIXe siècle, la plupart des entreprises étaient en réalité de taille modeste et appartenaient à la catégorie des petites et moyennes entreprises (PME), situation qui a perduré jusqu’à ce jour en dépit de l’émergence de quelques grandes entreprises au siècle suivant. Tel fut particulièrement le cas de certaines régions où se développa ce mode d’industrialisation, à l’image de Møre, la plus connue d’entre elles, dans le Nord-Ouest de la Norvège, que l’on considère aujourd’hui encore comme la région des entrepreneurs par excellence. Mais avant de discuter de l’industrialisation de M øre, nous aimerions d’abord évoquer le développement des petites entreprises dans la région d’Østfold.
Østfold : des industries mécaniques
24Østfold était et demeure toujours l’une des provinces les plus industrialisées de la Norvège. Comme nous l’avons vu précédemment, l’industrialisation y connut un fort dynamisme dès 1860. Hormis l’industrie du papier, Østfold concentrait aussi une production considérable dans la construction navale et les industries chimiques, électrochimiques et électro-métallurgiques. Si la structure de ces industries était fondée sur la grande entreprise et l’industrialisation à grande échelle, celle-ci n’excluait pas l’existence des établissements de taille plus réduite, particulièrement dans l’industrie métallurgique et l’industrie du bois et des meubles. Les premières créations eurent lieu vers la fin du XIXe siècle et se multiplièrent rapidement au début du XXe siècle de manière concentrée à Fredrikstad et aux alentours de cette ville12.
25L’une des raisons de cette concentration était liée à la présence de la grande industrie, car l’industrie à grande échelle représentait un marché important pour une partie de la petite industrie. Une autre raison était qu’une des grandes entreprises, Fredrikstad mekaniske Verksted (FMV), un chantier naval, fonctionnait comme un pôle de développement pour divers types de compétences. Ainsi, plusieurs des petites entreprises qui avaient essaimé à Fredrikstad, étaient nées de l’initiative d’anciens ouvriers qualifiés formés par la FMV.
26Même si Fredrikstad possédait une base industrielle, ce qui explique le développement et le succès des petites entreprises au niveau local, le contraste vis-à-vis de Halden n’en est pas moins remarquable. Halden était aussi une ville industrielle considérable, mais contrairement à Fredrikstad une pareille industrialisation fondée sur la petite entreprise n’y avait pas lieu, y compris dans l’industrie du bois ou la production de meubles, qui étaient par nature indépendantes de la grande industrie. À Fredrikstad et dans d’autres lieux de l’Østfold, on assista ainsi à l’essor de la production de biens de consommation, tels que les ustensiles de ménage, les meubles, les bicyclettes, et plus tardivement, les cuisinières électriques, les machines à laver, etc.
27L’opposition observée dans les processus d’industrialisation semble s’expliquer par les différences dans la structure sociale et la culture de ces deux villes voisines. Halden avait une structure sociale très hiérarchique que dominait du point de vue politique et économique un groupe restreint de familles, et c’est de ce petit cercle fermé que venaient toutes les initiatives économiques de grande ampleur. À Fredrikstad, en revanche, la population était en grande partie issue d’une immigration considérable, y compris les élites dirigeantes qui appartenaient à des groupes diversifiés d’un point de vue social. Contrairement à Halden, un groupe exclusif n’était donc pas en position de monopoliser les fonctions gouvernantes. Dans le même temps, la mobilité sociale et géographique qui caractérisait cette ville a permis l’essor d’une culture plus ouverte, plus libérale, qui a engendré une atmosphère favorable à la création d’entreprises. En somme, comme le dit l’un de ces entrepreneurs, « l’initiative était contagieuse et le courage s’en trouva augmenté ». Cette atmosphère permit de ce fait la réalisation du rêve des ouvriers qualifiés de devenir autonomes, ainsi que la mobilité sociale. Après tout, être maître de sa propre maison avait toujours été le but principal dans la société paysanne traditionnelle, et ce désir d’autonomie demeurait encore l’un des principaux moteurs de l’industrialisation. Toutefois, de tels processus supposent des cultures qui permettent l’autonomie. Or, contrairement à l’est de la Norvège, on trouve dans l’ouest du pays des structures sociales qui à un degré plus élevé ont permis et accepté des formes d’autonomie sociales et économiques, notamment la région de Møre.
Møre : la production des meubles
28Contrairement à l’est de la Norvège, qui est relativement favorisé en matière d’agriculture, l’ouest du pays possède assez peu de terres cultivables. La topographie y est en effet caractérisée par des montagnes hautes et des fjords qui morcellent le paysage dans toutes les directions, et les exploitations agricoles y sont généralement plus petites en comparaison de celles de l’est du pays. Néanmoins, l’accès aux ressources de la mer du Nord a permis depuis des générations le maintien sur place de petites exploitations agricoles dans une région assez marginale du point de vue géographique grâce à la combinaison traditionnelle de l’agriculture et de la pêche. De là sans doute une société rurale avait une structure sociale plus égalitaire que dans l’est de la Norvège et un christianisme fondé sur le puritanisme qui a probablement contribué à homogénéiser le sud de la région13.
29Cette économie fondée sur la pluriactivité exerça une grande influence jusqu’à l’entre-deux-guerres et permit d’intégrer le surplus de la croissance de la population qui autrement émigrait vers les États-Unis. Lorsque les autorités américaines fermèrent les frontières à la fin des années 1920, cette dernière possibilité cessa de jouer le rôle de soupape de sûreté démographique, et le chômage se développa rapidement dans les villes et dans les régions industrielles en Norvège. À cela également ne contribua pas peu la chute de l’emploi dans les pêcheries résultant d’un processus de concentration14.
30Dans cette situation de crise, des entreprises se sont pourtant développées dans la région de M øre. Dans les années 1930, aucune autre région en Norvège ne connut d’aussi grande croissance économique que les entreprises de M øre. Celles-ci étaient particulièrement fortes dans l’industrie des meubles. En une dizaine d’années, 144 nouvelles usines furent établies, et au début des années 1950 la région de Møre comptait autant d’employés dans cette branche d’activité que le reste du pays tout entier, notamment à Ørsta, Stranda et Sykkylven où la plus grande partie de la production était concentrée15. Curieusement, la production de meubles est devenue l’activité la plus importante pratiquement par hasard : en 1908, un cours de vannerie fut organisé à Stranda auquel participa un des ouvriers d’une de ces localités qui créa plus tard son propre atelier dans le but de fabriquer des objets en vannerie, y compris des chaises. Le saule et les roseaux constituaient l’essentiel des matières premières nécessaires, et même s’il fallait les importer, celles-ci étaient bon marché.16 Durant les années difficiles de l’entre-deux-guerres, les progrès réalisés par cette entreprise ne passèrent pas inaperçus et amenèrent d’autres entrepreneurs à suivre la même voie. En 1929, trois ateliers furent installés à Sykkylven, puis en quelques années, grâce à « l’effet de voisinage », de nombreux habitants de Møre – un foyer sur deux – développèrent leur « entreprise domestique », de sorte que près d’une vingtaine d’usines de meubles étaient en activité avant 1939 à Sykkylven, une commune comptait à cette même époque moins de 2400 habitants17. L’une de ces entreprises était le fabricant Ekornes, établi en 1934, qui devait occuper dans l’après-guerre le premier rang dans son secteur et acquérir une dimension internationale, grâce notamment à son fauteuil « Stressless » lancé en 1971.
31L’un des fondements du dynamisme social de cette industrialisation était le désir de rester autonome. La qualité égalitaire de la structure sociale a permis à un tel processus d’avoir lieu, car les petites entreprises n’étaient pas en conflit avec les valeurs des communautés locales. Au contraire, les petites entreprises autonomes ont contribué à préserver la structure sociale, grâce entre autres au mode de financement qui a été privilégié. De fait, les premières sociétés ont été fondées comme des sociétés anonymes d’ouvriers qui conjuguaient garantie de l’emploi et investissement individuel, le capital provenant le plus souvent des familles elles-mêmes18. Ainsi, des relations fortes entre les entreprises et les communautés se sont développées, qui ont aussi influencé les relations industrielles locales19.
32Par voie de conséquence, la solidarité des communautés avec les entreprises a conduit à un rejet et donc à l’échec du mouvement ouvrier dans cette région de Norvège. Le fait est que le bien-être de tous étant étroitement dépendant de leur réussite économique, il arriva parfois que les employés, pour assurer leur emploi et la survie des fabriques, acceptent de voir fluctuer leurs salaires jusqu’à descendre sous la barre de ceux pratiqués dans les autres usines du pays. Cette solidarité a cependant apporté aux entreprises de M øre un avantage compétitif, car elles pouvaient vendre leurs produits plus bas que ceux de leurs concurrents. De plus les gens de la région étaient – et sont toujours – connus pour leur éthique très haute du travail, leur assiduité et leur modestie. Le christianisme puritain a de toute évidence contribué à renforcer leur sens de la discipline.
33L’identité locale forte a, en d’autres termes, soutenu la structure sociale et les valeurs traditionnelles. Même dans une situation hiérarchique comme celle de la relation entre employeur et employé ces règles persistent : on se tutoie et on s’appelle par son prénom. Il est tacitement admis par la population que tous possèdent la même origine sociale ; même « les capitalistes vivaient comme des pauvres, mais ils sont devenus riches ».20 Aujourd’hui, les nouvelles formes de propriété inhérentes à la mondialisation sont clairement considérées comme une menace pour les valeurs de la communauté.
Conclusion
34Il est classique dans la science historique norvégienne de souligner l’absence d’une haute bourgeoisie pour expliquer les traits caractéristiques du développement économique national, en particulier sa structure industrielle décentralisée21. Il nous semble pour notre part plus pertinent d’opter pour une logique sociale plutôt que pour un déterminisme économique pour comprendre le développement norvégien. Dans cette présentation, nous avons mis en relief certains facteurs sociaux et culturels dans des processus divers d’industrialisation en Norvège. Nous avons d’abord souligné l’importance de la mobilité sociale et l’aspiration des divers groupes ruraux à l’ascension sociale. Le premier groupe s’est élevé grâce au commerce et aux scieries traditionnelles au lendemain des guerres napoléoniennes après que l’absolutisme a été aboli. Un trait caractéristique de ce groupe était son appartenance au mouvement du réveil religieux de Hauge et sa réussite économique qui lui permit d’accumuler un important capital grâce au commerce, aux scieries et à la navigation. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce groupe a investi du capital dans de nouvelles industries. Au cours de cette période, un nouveau groupe d’entrepreneurs issus des communautés rurales de l’est du pays a participé à l’industrialisation fondée sur l’exploitation du bois. Un trait commun de ces groupes était leur inclination forte à l’exploitation des ressources naturelles, du bois, associée à des stratégies de croissance privilégiant l’expansion géographique, à l’origine par ailleurs d’un puissant conservatisme. Un autre groupe est constitué des ouvriers qualifiés qui ont développé leurs propres entreprises autonomes, mais qui contrairement aux premiers, ont généralement limité leurs activités à de petites et moyennes entreprises. Ce processus d’industrialisation fut plus étendu dans l’Ouest du pays en raison d’une structure sociale plus égalitaire que dans l’est du pays. En outre, le processus d’industrialisation dans l’ouest a aussi soutenu la structure sociale dans la mesure où une sorte de spécialisation de production s’est développée dans ces régions marginales pour résoudre les crises durant l’entre-deux-guerres.
35Nous avons également souligné l’importance de la famille. L’entreprise familiale a été l’institution clé dans ces processus d’industrialisation, notamment parce qu’elle a influencé la manière dont on a développé les activités commerciales. La peur de perdre le contrôle de la société est, en effet, un trait général des entreprises familiales, et celles-ci hésitent par conséquent à accepter du capital étranger ou à emprunter au-delà du raisonnable. D’une certaine manière, la question du financement a donc freiné le développement et la faculté d’innovation de ces entreprises et a de la même manière diffusé une sorte de conservatisme. Comme l’a dit un représentant d’une vieille famille patricienne : « Ce n’est pas le propre du capital que de jouer le rôle d’entrepreneur ».22 Il existe aussi un rapport fort entre la famille et l’entreprise : l’entreprise a bien sûr pour but de procurer les ressources économiques nécessaires à toute la famille, mais elle sert aussi d’identité et de statut à ses membres. Elle ne doit donc pas avoir pour objectif premier les affaires ou l’enrichissement.
36Un objectif social de ce type n’est pas spécifique à la société norvégienne, l’idéal du petit producteur indépendant est également très présent en France au XIXe siècle et encore dans la première moitié du XXe siècle. La France apparaît comme une « démocratie de petits propriétaires » et dans le domaine industriel les PME prédominent jusque dans les années 1960 dans la structure des entreprises23. Ainsi, comme en Norvège, l’entreprise symbolise un patrimoine qu’il faut préserver et transférer à ses enfants, raison pour laquelle l’indépendance de l’entreprise apparaît comme essentielle.
37Une autre circonstance qui contribue à renforcer ce système des unités autonomes est le manque d’institutions de crédit qui pourraient partager les risques. Ce trait est particulièrement mis en relief dans les cas de grands investissements et de projets innovants nécessitant d’importants capitaux. Parce que les risques se concentrent généralement sur les unités économiques autonomes, les entreprises familiales, la communauté économique au sens large, ont développé une aversion profonde pour la prise de risque ; d’où le choix de l’exploitation des ressources naturelles qui était considérée comme la meilleure manière de faire des affaires, et aussi la plus sûre.
38Aujourd’hui, l’économie de la Norvège est dominée par le secteur du pétrole, une industrie récente au regard de l’histoire puisqu’elle est apparue dans la première moitié des années 1970. Pourtant, celle-ci porte bien en elle un trait caractéristique de l’histoire économique norvégienne : l’exploitation des ressources naturelles et l’exportation des matières premières et des produits semi-finis. Dans le contexte nordique, la Norvège se distingue des autres pays par sa structure industrielle : tandis que la Norvège a conservé sa structure traditionnelle, la Suède, le Danemark et la Finlande ont diversifié et ont valorisé leurs produits. Dans le cas de la Norvège il semble que le phénomène de « path dependence » demeure très actif, et on comprend d’autant mieux, nous semble-t-il, l’intérêt d’analyser la situation actuelle dans une perspective historique de longue durée qui fasse appel non seulement à des critères économiques, mais aussi et surtout à des constantes sociales.
Bibliographie
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Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Les ouvrages principaux liés à cette tradition sont : Whitley (ed.) 1992, Hollingsworth et al. 1994, Hollingsworth et Boyer 1997, Crouch et Streeck 1997, Whitley 1999, Maurice er Sorge 2000, Hall et Soskice 2001, Morgan, Whitley and Moen (eds.) 2005.
2 Hodne (1981, Bergh et alii 198. Pour l’aspect technologique voir Bruland 1989 et pour l’hydroélectricité la thèse inédite de Bertrand de Lafargue, Investissements extérieurs et concurrence franco-allemande. La Norvégienne de l’Azote, 1886-1920, Lille III, 1986.
3 Voir Sejersted 1993.
4 Moen 2004, ibid. pour ce que suivi dans cette section.
5 Weber.
6 Dans leur étude Davidoff et Hall (1987) indiquent que demande de reconnaissance presque toujours a une base moral.
7 Moen 1998.
8 Moen 1993.
9 Moen 1998.
10 Moen et Lilja 2001.
11 Voir Jones 1996.
12 Voir Moen 2004, ce que suit est basé sur cette etude.
13 Løseth 1996, p. 250.
14 Løseth 1996, p. 203, Høidal 1990, p. 38.
15 Høidal 1990, p. 44.
16 Høidal 1990.
17 Ibid.
18 Ibid.
19 Høidal 1990, p. 47.
20 Løseth 1996, p. 250.
21 Voir Sejersted 1993.
22 Moen 2004.
23 Djelic 1998, p. 47.
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