Moctezuma à table dans les chroniques espagnoles
p. 287-301
Texte intégral
1Avec la conquête et la colonisation de Mexico, commence à se poser le problème du vocabulaire employé pour construire des liens entre le monde occidental et le monde préhispanique, de plus en plus distant. À la différence de Cortès ou de Bernai Díaz del Castillo, dont les écrits sont remplis de souvenirs immédiats ou lointains de ce qu’ils virent ou de ce à quoi ils assistèrent, Cervantes de Salazar ou Francisco Hernández ne peuvent décrire une époque qu’ils n’ont pas connue (étant arrivés en Nouvelle-Espagne en 1527 ou en 1570), ou bien Gómara et Herrera un pays qu’ils ne connaissent pas de visu. Il leur faut assumer le défi de construire une vision rétrospective de l’époque aztèque. Pour cela, ils utilisent les souvenirs des autres (quand ils font des enquêtes ethnohistoriques)1 ou ils s’inspirent des ouvrages publiés (Cortès en 1524, López de Gómara en 1552) ou manuscrits (Motolinía et Sahagún pour Francisco Hernández, Ojeda pour Cervantes de Salazar et Salazar pour Antonio de Herrera). Ou encore ils observent la noblesse indienne coloniale pour en inférer les coutumes de la royauté préhispanique, comme le fait Las Casas à propos des repas royaux : « Lavábase al principio y al fin del corner y del cenar el rey, y creo, por lo que he visto, que también los otros señores en las otras salas, cada uno según su grado y estado »2. On souligne la grandeur de Moctezuma par celle de son palais (aux ailes innombrables), de ses serviteurs ou des détails similaires : « y tantos hombres de servicio en cada parte, que se mostraba bien la grandeza de aquel Principe »3 ; « jamas se cerraba la despensa y botillería, por lo que de ordinario entraba, y por lo que se sacaba »4.
2Les chroniqueurs espagnols cherchent à assimiler la royauté indienne de Moctezuma à la royauté occidentale, pour mieux souligner la grandeur de celui qu’ils ont vaincu. Ils s’intéressent ainsi aux pratiques royales de commensalité. Et le repas du roi finit par ressembler au spectacle que donnaient les monarques européens : « Levantados los manteles, llegaban las mugeres que durante la comida [h]abían estado en pie a darle agua manos, y con esto se yvan todos sino los que eran de guarda »5. A. Ballesteros avait déjà repéré, avec ironie, en 1936, les étranges similitudes avec la cour de Charles Quint. Et S. Rose a très bien démontré le modèle que suit implicitement Bernai Díaz del Castillo dans son portrait de Moctezuma, lui faisant respecter les règles énoncées par Las Siete Partidas6.
3Les anachronismes sont cependant difficiles à démontrer quand il s’agit de coutumes mal documentées côté préhispanique. C’est pourquoi nous avons préféré nous centrer sur les ’ tables’ et la vaisselle, éléments matériels plus faciles à repérer quand ils envahissent l’espace préhispanique dans les chroniques coloniales.
4Insensiblement, et parfois involontairement, le chroniqueur trébuche dans sa reconstitution et introduit des anachronismes par l’emploi d’un mot erroné (table, chaise, nappes, chaussures, dépôt de boissons)7. Mais aussi tout simplement par le souci de conformer la royauté indigène à la royauté occidentale (contemporaine ou biblique). On observe souvent ces anachronismes dans des chapitres inspirés par Cortès8 et Gómara (« La limpieza y majestad con que se servía a Moctezuma »), repris par des chroniqueurs postérieurs comme Las Casas9, Cervantes de Salazar (« De la manera de servicio que Moctezuma tenía en su corner »)10 ou Herrera (« De la manera como se servía Motezuma en su comida, quando daba audiencia [...] »)11. Ce qui n’exclut pas des détails dans des chapitres moins thématiques.
Absence de meubles dans les palais préhispaniques ?
5Très rapidement la royauté préhispanique pose le problème des regalia ou attributs du pouvoir. Et par conséquent celui de l’occidentalisation de Moctezuma. On peut se demander en quoi consistait l’intérieur d’un palais aztèque préhispanique. Cette question se heurte immédiatement à l’une des caractéristiques de la culture indigène : l’absence quasi générale de meubles, comme pourrait le confirmer (la schématisation graphique empêche une affirmation plus catégorique) une scène célèbre du Codex Xolotl dans laquelle Nezahualcoyotl invite à manger les soldats tépanèques venus le tuer, et en profite pour s’échapper par la salle du trône12. On admet l’absence de certains meubles dans les palais indiens, comme le fait Bernai Díaz pour les lits :
Nos llevaron, donde tenía hechos grandes estrados y salas muy entoldadas de paramentos de la tierra para nuestro capitán, y para cada uno de nosotros otras camas de esteras y unos toldillos encima, que no se da más cama por muy gran señor que sea, porque no las usan13.
6Même Herrera s’efforce en 1601 de restituer la vision correcte du palais où furent logés les conquérants espagnols :
Y lo que era mucho de ponderar, q[ue] con ser tan grande la casa, estaba toda ella sin quedar rincó[n] muy limpia, lucida, esterada, y entapizada co[n] paramentos de algodón, y pluma de muchas colores, con camas de esteras co[n] sus toldillos encima, porq[ue] a nadie se daba más cama por gran señor que fuesse : porque no la usaban14.
Il ajoute une précision sur les lits indiens :
Las camas no respondían a la soberbia de la casa y adereço della, porque eran pobres y malas : eran de mantas sobre esteras, o sobre heno, o esteras solas ; las más delgadas, puestas sobre las más gruessas : porque en aquel tiempo, poco regalo y policía tenían los Indios. Ahora algunos de ellos que son ricos, usan algunas camillas de madera, con un colchon, y una manta, que tienen por mucho regalo15.
7Mais ce qui caractérisait les palais aztèques au moment de la Conquête est ensuite limité aux maisons des Indiens du peuple, comme si les chroniqueurs officiels avaient besoin de meubles pour nourrir leur description des palais de Moctezuma :
Las casas de sus moradas son de adobes y madera, y tan pequeñas, que en un día se puede hacer una ; las puertas y ventanas dellas muy pequeñas ; ningún adereszo tienen, sino sola una estera, que llaman petate, por cama16.
8Antonio de Solís échappe à cette tendance (très certainement parce qu’il se base sur la chronique de Bernai Díaz del Castillo publiée en 1632), en indiquant encore en 1684 l’absence de meubles indigènes dans le palais où furent logés Cortès et ses troupes :
Algunas salas, que tenían destinadas para la gente de más cuenta, estaban adornadas con sus tapicerías de varios colores, hechas de aquel algodón a que se reducían todas sus telas, más o menos delicadas : las sillas de madera, labradas de una pieza : las camas entoldadas con sus colgaduras en forma de pabellones ; pero el lecho se componía de aquellas sus esteras de palma, donde servía de cabecera una de las mismas esteras arrollada. No alcanzaban allí mejor cama los príncipes más regalados, ni cuidaba mucho aquella gente de su comodidad, porque vivían a la naturaleza, contentándose con los remedios de la necesidad : y no sabemos si se debe llamar felicidad en aquellos bárbaros esta ignorancia de las superfluidades17.
9La royauté indigène pose le problème de l’absence de trône et de couronne. Le tepotzo icpalli (ou siège à dossier) et le petlatl (ou natte) sont des éléments peu adéquats pour manifester la royauté parce qu’ils sont faits de joncs ou roseaux tressés. La vaisselle n’est qu’en tecomate ou calebasse, voire en céramique indienne. Pour souligner la richesse et la puissance de Moctezuma, il faut donc valoriser les éléments et la symbolique indiens. Beaucoup de chroniqueurs s’avèrent incapables de le faire. Ou bien la traduction pose également des problèmes aux chroniqueurs espagnols. Et, en partant de bases concrètes, nous pourrions signaler comment les mots icpalli, petlatl et tecomatl ont pu rendre difficile la description de la monarchie indienne. Faute de place, nous nous centrerons sur les ’tables’ et la vaisselle.
’Tables’
10La déformation du passé préhispanique récent par des emprunts ou des analogies avec la société coloniale est une caractéristique de certains chroniqueurs coloniaux, moins regardants que d’autres sur la précision des détails. Elle débouche régulièrement sur des anachronismes. Ainsi la description des activités de Moctezuma pendant ou après son repas est parfois totalement occidentalisée, malgré la prudence initiale de Cortès18 et la volonté d’historien de López de Gómara :
tras esto se sentaba, y luego llegaba el maestresala [nous soulignons], y echaba una red de palo, que separaba la mesa de la gente, para que no se echasen encima ; y él solo ponía y quitaba los platos, pues los pajes no llegaban a la mesa ni hablaban palabra19.
11Introduire une table dans le monde préhispanique peut faire sourire ; mais ce meuble fausse toute la description du dîner royal, affaiblie par la connotation occidentale des autres termes choisis.
12Dans le vocabulaire de Molina le mot nahuatl pour table reprend le terme espagnol de ’mesa’, indiquant ainsi l’absence d’un tel meuble à l’époque préhispanique : « Mesa donde comemos : tlaqualoni mesa. Tlapechtli »20. Suivent neuf sortes de tables différentes qui incluent toutes l’emprunt linguistique de ’ mesa’ dans leur traduction en nahuatl. Seul le terme tlapechtli pourrait renvoyer à un éventuel équivalent préhispanique. Mais il désigne aussi l’estrade, voire la tribune d’église en bois. Pour les nappes on trouve également un autre néologisme (« mesa tlapachiuhcayotl »), mais aussi un autre équivalent possible : « tlatlapachiuhcayotl.manteles »21. Pour Bernal Díaz, témoin direct, de telles tables ont existé, mais molles et basses, donc distinctes :
y él sentado en un asentadero bajo, rico e blando, e la mesa también baja, hecha de la misma manera de los asentaderos, e allí le ponían sus manteles de mantas blancas y unos pañizuelos algo largos de lo mismo, [...] y es, que le servían al Montezuma estando a la mesa cuando comía, como dicho tengo, otras dos mujeres muy agraciadas22.
13Comme l’indique l’adjectif ’molles’, elles ne correspondent pas à des meubles en bois. Mais elles le deviendront dans les chroniques plus tardives du XVIIIe siècle.
14Dans un premier temps Cortès ne mentionne pas de table, mais un coussin de cuir pour siège de Moctezuma :
Poníanle todos los manjares juntos en una gran sala en que él comía, que casi toda se henchía, la cual estaba toda muy bien esterada y muy limpia y él estaba sentado en una almohada de cuero, pequeña, muy bien hecha.
15Il contribue ainsi à orientaliser la cour aztèque avec l’équivalent aztèque de poufs turcs. Gómara (et derrière lui Cervantes de Salazar, qui le copie jusque dans ses explications de vocabulaire) étendra cet aspect matériel à la table, non mentionnée par Cortès. Il sait très bien qu’il n’y a pas de table ni de bancs préhispaniques, mais il ne trouve pas un autre terme pour désigner ces éléments :
La mesa era una almohada o un par de cueros de color ; la silla, un banquillo bajo, de cuatro pies, hecho de una pieza, cavado el asiento y muy bien labrado y pintado ; los manteles, pañizuelos y toallas de algodón, muy blancos, nuevos, flamantes, que no se ponían más que aquella vez23.
16Cette déformation peut se comprendre par l’absence d’expérience de terrain de Gómara qui n’a jamais été en Amérique. La mention de nappes efface dans l’esprit du lecteur espagnol toute réticence à assimiler le meuble préhispanique à une table. De plus la répétition du mot table, sans explications sur sa forme ou consistance, contribue à renforcer dans l’esprit du lecteur l’existence de meubles préhispaniques.
17On observe cependant encore une certaine prudence dans les descriptions. Elle ne sera pas suivie par Cervantes de Salazar, pourtant humaniste érudit (premier professeur de latin à l’Université de Mexico) et possédant une longue expérience de la Nouvelle-Espagne. Il copie le texte de Gómara, y compris son explication sur la ’table-coussin’, mais il y ajoute des déformations par le simple fait de changer des termes comme ’red de palo’ par ’baranda de madera’, ’gente’ par ’caballería’, ’descalzos’ par ’sin zapatos’ :
Sentado a la mesa, el maestresala cerraba una baranda [nous soulignons] de madera, que dividía la sala, para que la caballería que acudía a verle comer no embarazase la mesa, y él solo ponía e quitaba los platos, que los pajes no llegaban a la mesa ni hablaban palabra. Estaba sin zapatos24.
18La répétition du mot table et le changement de vocabulaire contribuent à accentuer l’image d’une cour aztèque proche des cours occidentales.
19La précision de Gómara sur la ’table-coussin’ ne disparaît pas pour autant : en 1601 Herrera, chroniqueur officiel de la Couronne d’Espagne, commence encore sa description du repas royal par une indication sur les tables et chaises copiée littéralement sur Cervantes de Salazar (et indirectement sur Gómara) :
la mesa era una almohada, o un par de cueros de color. La silla, un banquillo baxo, hecho de una pieça, cavado el asiento, labrado y pintado quan ricamente ser podía : los manteles, pañizuelos, y touallas, eran de algodon muy sutil mas blancos que la nieve : y puestos una vez nunca se ponían otra, gozaban dellos los camareros y oficiales de boca25.
20La description du service est également copiée littéralement sur Salazar. Elle généralise le mot table, sans explications :
Sentado a la mesa, el Maestresala cerraba una baranda de madera, que dividía la sala, para que la nobleza que acudía a verle comer no embaraçase la mesa, y él solo ponía los platos y los quitaba26.
21Herrera corrige simplement ’caballería’ en ’ nobleza’, pour éviter la confusion instaurée par Salazar.
22Dans ses Antigüedades de la Nueva España (rédigées entre 1570 et 1576), Francisco Hernández généralise lui aussi le terme de ’ table’. La traduction en castillan peut être trompeuse, mais le texte original rédigé en latin emploie bien à deux reprises le terme ’mensa’ pour la table en tant que meuble :
mensas sternere [nous soulignons] dapibusque multiplicibo, onerari erat frequens, atque consuetum. [...] Exempta vero fame, et mensis iam remosis cum quopiam para sito placide iocabatur27.
Era frecuente y acostumbrado poner las mesas [nous soulignons] dentro de la cámara real, cargadas con muchos manjares. [...] Cuando había saciado su hambre y se habían quitado las mesas, bromeaba plácidamente con un truhán28.
23Apparemment il semble penser à des tables que l’on peut mettre et enlever (« Quitadas las mesas e idos todos »)29, et non à un meuble fixe. Ce qui correspond à l’usage de l’époque en Europe où l’on « dresse la table ». Et plusieurs fois il emploie le terme de ’tréteaux’ ou ’angarillas’, comme pour rappeler cet aspect provisoire de l’installation. Sa description du repas royal s’inspire de Gómara et copie donc les mêmes données et le même vocabulaire, qu’il agrémente de précisions comme les peaux de cerfs ou de tigres :
Se sentaba solo a la mesa pero con gran pompa y abundancia de todo género de comida exquisita. La mesa era un cojín de pieles de ciervos o de tigres teñidas de diversos colores. Se sentaba en un banquito de palo de cuatro pies, pequeño y bajo y adornado con hermosos dibujos e imágenes. Los manteles, las toallas y las servilletas eran de algodón, nuevas todos los días y blanquísimas, porque no se ponían más que una sola vez en la mesa30.
Llegaba el mayordomo y circundaba la mesa con una reja de madera para que la increíble multitud de hombres presente no fuese pesada y molesta al rey mientras cenaba. Este maestresala y no otro cualquiera traía y llevaba los manjares. El resto de los criados y de la turba presente a la cena del Señor, ni se acercaban a la mesa31. Encontraba las viandas puestas sobre las mesas32.
24Le meuble apparaît également dans le logement réservé à Cortès à Mexico, le jour de son entrée en novembre 1519 : « Se pusieron las mesas con la vajilla de oro de las angarillas. Saciaron los españoles su hambre »33. Le sens du mot est vaste, puisqu’il est également employé à plusieurs reprises pour décrire la pierre de sacrifices : « Además había entre la escalera y los altares, una mesa de piedra fija al suelo sobre la que extendían a los que iban a inmolar »34.
25La ’table’ royale ou cérémonielle s’oppose à l’absence totale d’équivalent pour le peuple indien : « El piso les sirve de mesa donde puercamente y sin ninguna limpieza ni urbanidad, toman sus alimentos y limpian con paños los restos de la comida »35. Ainsi les citations antérieures maintiennent une ambiguïté volontaire, grâce à l’emploi du terme ’table’, justifié par le refus d’admettre que les rois aztèques aient pu, eux aussi, manger sur le sol. Apparemment, l’auteur admet cette coutume et la dénonce pour les Indiens du peuple, mais il ne la généralise pas à l’ensemble de la noblesse indienne, et surtout au roi.
26Las Casas semble être le seul à admettre que la table se trouvait à même le sol. Il le fait dans l’épisode de la première rencontre entre les ambassadeurs aztèques et Grijalva en 1518 :
y en el mismo suelo estaba la mesa, que era una manta muy hermosa, y sobre ella ciertos vasos de barro, bien hechos, a manera de escudillas hondas, llenas de aves cortadas por menudo, con su caldo oloroso, como hecho potaje en cazuela36.
27Cependant Las Casas, malgré ses tentatives de coller au plus près de la réalité indienne, tombe lui aussi dans le même piège du vocabulaire et introduit des tables préhispaniques : « ni en el servicio de la mesa real había ninguna falta, porque en todas las salas y mesas [nous soulignons] había sus diligentes servidores »37.
28Gómara généralise la table à l’ensemble de la société aztèque dans son chapitre sur le mariage et les noces, en parlant de ’ dresser la table’38. Mais cette expression pose plutôt le problème de la distinction dans l’emploi du terme table, entre le meuble et l’expression figée (mettre, dresser, défaire la table etc)39. Ce terme peut parfois n’avoir qu’un sens figuré et non concret : « Y ésta era la mayor pitanza o potaje que él tenía y a su mesa se servía »40.
29L’exemple de la vaisselle est donc plus probant en matière d’anachronismes.
Vaisselle : de la calebasse à la vaisselle d’or
30Certains chroniqueurs signalent l’usage de xicalli ou calebasses pour boire ou manger. D’autres l’oublient ou préfèrent le taire pour mentionner à la place une vaisselle en or préhispanique, plus conforme aux modèles occidentaux de royauté.
Calebasses :
Bernal Díaz admet la présence de jicales et de poterie de Cholula :
y cuatro mujeres muy hermosas y limpias le daban aguamanos en unos como a manera de aguamaniles hondos, que llaman jicales, y le ponían debajo para recoger el agua otros a manera de platos [...]. Servíase con barro de Cholula, uno colorado y otro prieto41.
31Il renvoie au mot xicalli que Molina traduit par « vaso de calabaça »42, donnant également une autre équivalence : « xicaltecomatl » que les chroniqueurs espagnols n’emploient pas (tecomatl étant le mot nahuatl pour désigner un « vaso de barro, como taça honda »)43. Dans son édition de 1555, on trouve des traductions pour désigner la vaisselle : « vaso. Tecomatl » ; « vaso de barro çoquitecomatl » ; « vaso para manjares. Mulcaxitl »44.
32Gómara fait avec la vaisselle la même chose qu’avec la table, utilisant la terminologie européenne, sans poser d’équivalences ou construire de ponts : « Los platos, escudillas, tazas, jarros, ollas y demás servicio era todo de barro y muy bueno, si lo hay en España, y no servía al rey más que para una comida »45. On peut remarquer qu’il exclut les calebasses de cette énumération.
33D’autres chroniqueurs comme Las Casas tentent d’éviter cette occidentalisation. Dans son Apologética Historia Sumaria, il ajoute des précisions pour éviter toute confusion :
Entraban trecientos mancebos o pajes, cada uno con su vasija de barro de diversas hechuras en lugar de escudillas y platos [nous soulignons], muy bien hechas y muy pintadas y bien capaces, llenas de manjar, y poníanlas todas en una sala muy grande donde solía comer, toda muy limpia, esterada [...] Cada una de aquellas vasijas llenas de manjar ponían sobre un braserillo muy hermoso de brasa, porque el manjar no se enfriase46.
34Cette précision est due au fait que Las Casas se base sur la description de Cortès47. Pour la boisson, Las Casas poursuit la même volonté de rendre l’aspect indien aux récits déjà nombreux sur le règne de Moctezuma. Pour cela, il ajoute des explications et une terminologie en nahuatl qui lui permettent de comparer la vaisselle préhispanique avec l’orfèvrerie de la Renaissance :
Estas vasijas o tazas, que llaman xícaras, son de cierta especie de calabazas, muy diferentes de las de Castilla y muncho mejores, y son tan pintadas por de fuera y por de dentro, que beberán cualquiera señor con ellas como si fueran de oro o de plata48.
35Fray Diego Durán, vers 1581, procède encore à cette comparaison entre calebasses préhispaniques et orfèvrerie de la Renaissance :
Tributaban otras jícaras grandes y llanas, que las tenían como acá tenemos las fuentes de plata [nous soulignons], o platos grandes para sacar la comida a la mesa y para dar aguamanos. Daban también unas jícaras con sus asas, muy curiosas, como calderetas49.
36On trouve une donnée similaire sous la plume de Gonzalo Fernández de Oviedo dans son Sumario, édité en 1526, à propos des calebasses de la Terre Ferme :
De las cuales hacen vasos para beber, como tazas, y en algunas partes de Tierra Firme las hacen tan gentiles y tan bien labradas y de tan lindo lustre, que puede beber con ellas cualquier gran príncipe ; y les ponen sus asideros de oro, y son muy limpias, y sabe muy bien en ellas el agua, y son muy necesarias y útiles para beber, porque los indios en la mayor parte de Tierra Firme no tienen otros vasos50.
37Ces explications disparaissent parfois dans les textes postérieurs. Ainsi Herrera en 1601 n’adopte pas l’équivalence proposée par Las Casas et préfère mentionner, comme l’a fait Cervantes de Salazar, l’existence d’une vaisselle d’or et d’argent :
El mesmo Maestresala servía la copa, que era una xicara de diversas hechuras, unas vezes de plata, otras de oro : y algunas de calabaza, y otras de conchas de pescados, de estrañas hechuras51.
38Ou bien il ne précise pas que le vin est du pulque, pour mieux assimiler Moctezuma à un grand roi antique ou européen : « y por eso se llevaban siempre tres mil platos de comida, y tres mil vasos con vino »52. Solís, en 1684, signale encore l’emploi de jícaras par Moctezuma, qu’il mentionne avec la boisson du cacao : « Al acabar de corner tomaba ordinariamente un género de chocolate a su modo, en que iba la sustancia del cacao batida con el molinillo hasta llenar la jícara de más espuma que licor »53. Mais il préfère plutôt insister sur la qualité de la céramique, tout en admettant, dans sa description du marché de Mexico Tenochtitlan, la présence d’une vaisselle d’or royale :
Eran muy de reparar los búcaros y hechuras esquisitas de finísimo barro que traían a vender, diverso en el color y en la fragancia, de que labraban con primor estraordinario cuantas piezas y vasijas son necesarias para el servicio y el adorno de una casa : porque no usaban de oro ni de plata en sus vajillas, profusión que sólo era permitida en la mesa real, y esto en días muy señalados54.
39Et quand il décrit la royauté de Moctezuma, il inclut des noix de cocos comme celles des cours d’Europe, ce qui permet de mieux ancrer Moctezuma dans une royauté occidentale :
Los platos eran de barro muy fino, y solo servían una vez, como los manteles y servilletas, que se repartían luego entre los criados : los vasos de oro sobre salvas de lo mismo ; y algunas veces solía beber en cocos o conchas naturales costosamente guarnecidas55.
40On observe ainsi chez certains chroniqueurs officiels espagnols l’incapacité de mettre en valeur un objet trop simple pour être considéré comme royal. Ils oublient ce faisant le travail d’ornementation qui pouvait magnifier de tels objets. Nous renvoyons à la coupe de Schwarzenbach du musée de Prague pour un équivalent celte du xicalli mexicain56.
Vaisselle d’or :
41Cervantes de Salazar mentionne des calebasses pour boire le cacao, mais lors des enterrements de seigneurs et non pour la table de Moctezuma : « echábanles en la sepoltura muchos tamales, frisoles, xícaras de cacao y otras comidas »57. Il les connaît donc mais préfère les exclure des regalia. Cette exclusion a un autre but : souligner la grandeur de Moctezuma avec l’affirmation de sa vaisselle d’or et d’argent.
42Quand Las Casas essayait de comparer la beauté de la céramique indienne avec la vaisselle d’or européenne, Gómara et Salazar affirment que Moctezuma possédait une vaisselle d’or, comme tout monarque européen. Gómara continue à se référer à des sources imprécises (« dicen que »), pour protéger sa crédibilité d’historien : « También ténia vajilla de oro y plata grandísima, pero poco se servía de ella : dicen que por no servirse dos veces con ella, que parecía bajeza »58. Curieusement, Bernal Díaz ne corrige pas Gómara sur ce point, et réserve la vaisselle d’or pour le cacao, sans préciser d’éventuels problèmes d’emploi : « y de cuando en cuando traían unas copas de oro fino, con cierta bebida hecha del mismo cacao, que decían era para tener acceso con mujeres »59.
43Mais sous la plume de Salazar, quinze ans environ après la publication de Gómara, tout devient réalité, et on va jusqu’à inventer un usage spécifique justifiant la possession d’une telle vaisselle d’or et la conciliant avec la coutume préhispanique avérée de ne pas se servir deux fois du même récipient :
Tenía también muy gran vaxilla de oro y plata, de diversas figuras de animales y fructas ; no se servía delta en el comer [nous soulignons] ; la causa era por no servirse con ella dos vezes, que parescía baxeza ; llevábanla, empero, cuando era menester, o toda o parte, a los sacrificios y fiestas de los dioses60.
44Cette contradiction est due au fait que l’auteur sait que Moctezuma ne pouvait pas toucher ou revêtir deux fois le même objet ou vêtement61. Mais il veut manifester sa grandeur avec un élément indispensable aux seigneurs et rois européens : la vaisselle d’or et d’argent. Il crée ainsi le paradoxe d’un seigneur préhispanique qui emporterait partout sa vaisselle en métal précieux, sans jamais s’en servir. En 1601 Herrera copie presque littéralement cette invention de Salazar, censurant seulement les formes de fruits. En la divulguant (son livre sera imprimé, à la différence du manuscrit de Salazar), il lui accorde également son crédit de chroniqueur officiel de la Couronne62. Et sous la plume de Francisco Hernández, cette vaisselle d’or devient réalité, bien que son emploi continue à poser problème :
Las cazuelas, escudillas, ollas, tinajas, jarros y los demás vasos de barro, no inferiores a los nuestros se ponían sólo una vez y no se usaban más. No faltaba la vajilla de oro y piedras preciosas, por el contrario era muy numerosa, pero nunca la usaban, ya sea porque les gustara más la de barro, o porque una vez ensuciada con las viandas no podía ser llevada de nuevo a la mesa, lo que podían conseguir fácilmente usando las de barro63.
45Pour Bernal Díaz ces pichets en or pour le cacaco étaient donnés aux bouffons et aux bossus :
Y algunas veces al tiempo del comer estaban unos indios corcovados, muy feos, porque eran chicos de cuerpo y quebrados por medio de los cuerpos, que entre ellos eran chocarreros ; y otros indios que debían de ser truhanes, que le decían gracias, e otros que le cantaban y bailaban, porque el Montezuma era muy aficionado a placeres y cantares, e a aquéllos mandaban dar los relieves y jarros del64
cacao .
46En cherchant à décrire Moctezuma comme un grand seigneur65, Cervantes de Salazar débouche sur des anachronismes précoces ou ne corrige pas ceux de Gómara. Les exemples de ce type sont innombrables (vergers66, chapelles67, cheminées68) et débouchent sur une acculturation livresque.
Conclusion
47On peut ainsi constater comment la description officielle caractéristique de Moctezuma s’occidentalise peu à peu, avec l’appui décisif de chroniqueurs officiels sans expérience directe du Mexique (Gómara, Herrera, Solís) et la curieuse passivité de ceux qui ont l’expérience novohispanique coloniale (Cervantes de Salazar).
48Une vérification des multiples traductions de Gómara permettrait d’observer la diffusion de la ’ table’ préhispanique entre le XVIe et le XVIIe siècles. C’est au XVIIIe siècle que cette erreur se généralisera, par le biais des Français. L’abbé Prévost dans son Histoire générale des voyages publiée en 1754 indique :
Il mangeoit seul, & quelquefois en public ; mais toujours avec le même air de grandeur. [...] Avant que de se mettre à table, Motezuma faisoit la revue de tous les mets, qui étaient rangés d’abord autour de la salle, sur plusieurs buffets. [...] Le reste était distribué entre les Nobles de sa Garde ; & cette profusion, qui se renouvelloit tous les jours, étoit la moindre partie de la dépense ordinaire de sa table, puisque tous ceux que leur devoir appelloit autour de sa personne étoient nourris au Palais. La table de l’Empereur étoit grande, mais fort basse ; & son siège n’étoit qu’un tabouret69.
49L’auteur glisse des expressions « se mettre à table », ou « dépense de sa table » vers le meuble concret. Le seul bémol devient l’indication d’une taille fort basse. Mais les indications d’Herrera publiées au début du XVIIe siècle, sont reléguées en note comme curiosité : or ce sont elles qui mentionnent encore un coussin en lieu et place de la table, et un petit banc.
Herrera fait un assez curieux détail de la manière dont Motezuma étoit servi : La table, dit-il, n’étoit qu’une sorte de coussin, ou une paire de peaux rouges. La selle, sur laquelle il étoit assis, étoit un petit banc tout d’une pièce, creusé à l’endroit où il s’asseaoit, façonné & richement peint. Les nappes & les serviettes étoient de coton, fort déliées, plus légères que la neige, & ne servoient qu’une seule fois pour lui70.
50Le texte principal ne parle donc que d’un meuble bas. C’est l’époque où les représentations du Grand Temple de Mexico, des idoles ou du Tzompantli sont devenues totalement farfelues et baroques (cf. planches 14 à 16 du tome 12 de l’Abbé Prévost). Malgré les prudences relatives des chroniqueurs espagnols, le pas est désormais franchi. Quelques décennies plus tard (1787-1792), Diego Panes fera représenter, dans une des 700 illustrations de son Teatro de Nueva España en su gentilismo y conquista, une aquarelle de Moctezuma assis à une table basse en bois, couverte d’une nappe blanche.
Notes de bas de page
1 Nous n’analyserons pas les versions de Sahagún et autres chroniqueurs religieux (hormis Las Casas et Gómara), nous contentant de chroniqueurs conquistadors, laïcs ou officiels. López de Gómara est un chroniqueur religieux atypique puisque édité et n’ayant pas été en Amérique.
2 B. de Las Casas, Apologética Historia Sumaria, México, UNAM, 1967, t. 2, p. 380 (lib. III, cap. 211).
3 A. de Herrera, Historia general de los hechos de los Castellanos en las islas i Tierra Firme del Mar Océano, Madrid, Imprenta real, 1601, p. 226 (Década II, lib. VII, cap. 5). Nous avons opté pour la versión origínale du texte et non l’édition de 1936, qui certes remet les accents, mais oublie par exemple la majuscule sur Príncipe ou propose une ponctuation parfois différente.
4 A. de Herrera, op. cit, p. 230 (Década II, lib. VII, cap. 7). Cf. H. Cortés, Cartas de Relación, Madrid, Historia 16, 1985, p. 140 : « Había cotidianamente la despensa y botillería abierta para todos aquellos que quisiesen comer y beber ».
5 A. de Herrera, ibid., p. 230 (Década II, lib. VII, cap. 7). Cf. F. López de Gómara, La Conquista de México, Madrid, Historia 16, 1986, p. 168 (Limpieza y majestad con que se servía a Moctezuma).
6 S. Rose-Fuggle, « ’Era el gran Montezuma...’ : el retrato en la Historia verdadera de Bernal Díaz del Castillo », Cultures et sociétés. Andes et Méso-Amérique. Mélanges en hommage à Pierre Duviols, R. Thiercelin (éd.), Aix-en-Provence, Université de Provence, 1991, v. 2, p. 703. Elle compare avec pertinence la Partida II, Título V, Ley II (« Cómo el rey debe de ser mesurado en comer et en beber ») et la Partida II, Título VII, Ley V (« Qué cosas deben costumbrar los ayos a los fijos de los reyes para ser limpios et apuestos en el comer ») avec la lenteur, le calme de Moctezuma á table, et le fait qu’il se lave les mains avant et après les repas, et les essuie dans un tissu et non sur ses vêtements.
7 Respectivement « mesa, silla, manteles, zapatos, botillería ».
8 H. Cortés, Cartas de relación, p. 140 (2a carta-relación, 30 octobre 1520).
9 B. de Las Casas, op. cit., p. 379-380 (lib. III, cap. 211).
10 F. Cervantes de Salazar, Crónica de la Nueva España, Madrid, BAE, 1971, t. 1, p. 311-312 (Lib. IV, cap. 4). Cervantes de Salazar reformule la versión de Gómara qu’il suit de prés et amplifie.
11 A. de Herrera, op. cit., p. 229-231 (Década II, lib. VII, cap. 7). Herrera peut éventuellement s’inspirer de la versión encore manuscrite de Bernal Díaz (qui ne sera publiée qu’en 1632). II préfère recopier quasiment à la lettre le texte encore inédit de Cervantes de Salazar (et donc – indirectement ? – celui de Gómara).
12 Scène 090 : L dans la classification de Marc Thouvenot. Les soldats mangent á même le sol, sans table apparente : seul un siège en osier bas, au ras du sol est dessiné, et face à eux un molcajete ou récipient contenant des aliments.
13 B. Díaz del Castillo, Historia verdadera de la conquista de la Nueva España, Madrid, Historia 16, 1984, t. 1,p. 315 (cap. 88).
14 A. de Herrera, op. cit., p. 226 (Década II, lib. VII, cap. 5). cf. F. López de Gómara, La Conquista de México, 1986, p. 164 (Oración de Moctezuma a los españoles) : « y estaba toda ella muy limpia, lucida, esterada y tapizada con paramentos de algodón y pluma de muchos colores, que era todo cosa de mirar ».
15 A. de Herrera, ibid., p. 234 (Década II, lib. VII, cap. 9).
16 F. Cervantes de Salazar, op. cit., p. 128 (Lib. I, cap. 15).
17 A. de Solís, Historia de la conquista de Mexico, Mexico, Ed. Innovación, s.f., p. 187 (lib. III, cap. 10).
18 La seule occurrence du mot ’table’ dans les Cartas de relatión de Cortès apparaît lorsque Grijalba fait du troc avec les Indiens dans la Baie de San Juan de Ulúa et pour cela fait sortir une table : « y sacó una mesa en que puso ciertas preseas ». Il s’agit d’un meuble espagnol et non indien. H. Cortés, op. cit., p. 47 (Première lettre, Veracruz, 10 juillet 1519).
19 F. López de Gómara, op. cit., p. 167 (Limpieza y majestad con que se servía a Moctezuma).
20 Fray A. de Molina, Vocabulario en Lengua Castellana y Mexicana y Mexicana y Castellana, México, Porrúa, 1992, [1571] fol. 84v.
21 Fray A. de Molina, op. cit., fol. 82r.
22 B. Díaz del Castillo, op. cit., t. 1, p. 323 (cap. 91). En ne parlant pas de table de cuir ou coussin, il corrige implicitement le récit de Gómara, déjà publié.
23 F. López de Gómara, op. cit., p. 167 (Limpieza y majestad...). Cf. F. Cervantes de Salazar, Crónien..., t. 1, p. 311 (Lib. IV, cap. 4) : « La mesa era una almohada o un par de cuero de color ; la silla un banquillo baxo de cuatro pies, hecho de una pieza, cavado el asiento, labrado y pintado cuan ricamente ser podía ».
24 F. Cervantes de Salazar, op. cit., p. 311 (Lib. IV, cap. 4).
25 A. de Herrera, op. cit., p. 229 (Década II, Lib. VII, cap. 7).
26 A. de Herrera, ibid., p. 229 (Década II, lib. VII, cap. 7). cf. F. Cervantes de Salazar, Crónica..., t. 1, p. 311 (Lib. IV, cap. 4).
27 De Antiquitatibus Novae Hispaniae Authore Francisco Hernando ; Códice de la Real Academia de la Historia en Madrid, edición facsimilar. México, Talleres del Museo Nacional, 1926, fol. 54r. Faute de temps, nous n’avons pas pu vérifier la justesse de notre paléographie pour les déclinaisons et le découpage de certains termes.
28 F. Hernández, Antigüedades de la Nueva España, Madrid, Historia 16,1986, p. 111 (lib. II, cap. 3).
29 F. Hernández, op. cit., p. 114 (lib. II, cap. 5).
30 F. Hernández, ibid., p. 112 (Lib. II, cap. 4).
31 Ibid., p. 113 (Lib. II, cap. 4).
32 Ibid., p. 111 (Lib. II, cap. 3).
33 Ibid., p. 216 (Libro de la conquista de la Nueva España).
34 Ibid., p. 126 (Lib. II, cap. 10). Cf. p. 160 : « arrastraban a los enemigos cautivos por los cabellos hasta una mesa de piedra de dos pies un cuarto más o menos de alto, y pie y medio de ancho, donde se les debían de abrir los pechos » (Lib. III, cap. 6). Cf. cap. 16, cap. 19, etc. Notons que si le terme de ’ table des sacrifices’ est correct, il ne correspond cependant pas du tout à la forme étroite de la pierre de sacrifices aztèque.
35 Ibid., p. 71 (lib. I, cap. 12).
36 B. de Las Casas, op. cit., t. 3, p. 212 (lib. III, cap. 112). Il s’inspire de la Première lettre du 10 juillet 1519, mais indianise la table espagnole que le texte mentionnait.
37 B. de Las Casas, Apologética Historia Sumaria, México, UNAM, 1967, t. 2, p. 379 (lib. III, cap. 211).
38 F. López de Gómara, op. cit., p. 447 (ritos del matrimonio) « Entre tanto que pasaban todas estas cosas y ritos de desposorio, bailaban y cantaban los convidados, y en alzando la mesa, les hacían présentes porque los había honrado ».
39 Porter, alzar, quitar la mesa, etc.
40 Fray D. Durán, Historia de las Indias de Nueva España, México, Porrúa, 1984, p. 483 (cap. 65).
41 B. Díaz del Castillo, op. cit., p. 323 et 324 (cap. 91).
42 Fray A. de Molina, op. cit., fol. 158v.
43 Ibid., fol. 93r.
44 Ibid., fol. 116r.
45 F. López de Gómara, op. cit., p. 168 (« Limpieza y majestad... »).
46 B. de Las Casas, Apologética..., t. 2, p. 379 (lib. III, cap. 211).
47 H. Cortés, Cartas de relación, p. 140 (2a carta-relación, 30 octobre 1520).
48 B. de Las Casas, op. cit., t. 2, p. 380 (lib. IIII, cap. 211). Cf. Cervantes de Salazar.
49 Fray D. Durán, op. cit., t. 2, p. 207 (cap. 25).
50 G. Fernández de Oviedo, Sumario..., 1963, p. 97-98 (cap. 73).
51 A. de Herrera, op. cit., p. 229 (Década II, lib. VII, cap. 7).
52 Ibid., p. 230 (Década II, lib. VII, cap. 7).
53 A. de Solís, op. cit., p. 208 (lib. III, cap. 15).
54 A. de Solís, ibid., p. 198 (lib. III, cap. 13).
55 Ibid., p. 208 (lib. III, cap. 15).
56 Tasse en bois ronde couverte de feuilles d’or ciselées qui dessinent un magnifique motif végétal, elle servait pour boire le vin (ou l’hydromel), équivalent occidental en boisson sacrée, du cacao mesoaméricain.
57 F. Cervantes de Salazar, op. cit., p. 145 (Lib. I, cap. 31).
58 F. López de Gómara, op. cit., p. 168 (« Limpieza y majestad... »).
59 B. Díaz del Castillo, op. cit., p. 324 (cap. 91).
60 F. Cervantes de Salazar, op. cit., p. 312 (Lib. IV, cap. 4).
61 Ce qu’atteste Cortès dans sa deuxième lettre : « y con la toalla que una vez se limpiaba nunca se limpiaba más, ni tampoco los platos y escudillas en que le traían una vez el manjar se los tornaban a traer, sino siempre nuevos y así hacían de los brasericos [...]. Vestíase todos los días cuatro maneras de vestiduras, todas nuevas y nunca más se las vestía otra vez », op. cit., p. 140.
62 « Los platos y todo el servicio era de barro muy bueno, y no se servía al Rey más de una vez : tenía muy gran baxilla de oro y plata, con diversas figuras de animales ; no se servía della por no usarla dos vezes, porque se tenía por bajeza ; llevanla toda o parte della a los sacrificios y fiestas de los dioses », A. de Herrera, op. cit., p. 230 (Década II, lib. VII, cap. 7).
63 F. Hernández, op. cit., p. 113-114 (lib. II, cap. 4).
64 B. Díaz del Castillo, op. cit., p. 324 (cap. 91).
65 « Pues era tan gran Príncipe y lo sabía tan bien ser, que hay pocos en la gentilidad que con él se puedan igual », op. cit., t. 1, p. 310 (Lib. IV, cap. 3).
66 F. Cervantes de Salazar, op. cit., t. 1, p. 320 (Lib. IV, cap. 12).
67 Ibid., p. 320 (Lib. IV, cap. 12).
68 Ibid., p. 323 (Lib. IV, cap. 15).
69 Abbé Prévost, Histoire générale des voyages, Paris, 1754, t. 12, p. 532.
70 Op. cit., t. 12, n. 46 p. 532.
Auteur
Université de Toulouse
IRIEC-Toulouse
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