De la différence en linguistique et au-delà
p. 133-140
Texte intégral
Introduction
1On connaît l’affirmation de Saussure : « dans la langue, il n’y a que de la différence ». Cette observation fournit, sans doute, l’une des caractéristiques les plus fondamentales de la structuration des sons du langage (les phonèmes) et de celle du lexique également. Elle dit la façon dont s’articulent entre eux lesdits phonèmes ou les mots qui composent le lexique des langues naturelles. Pour nous le remettre en mémoire, avant d’entrer dans notre propos lui-même, nous allons faire un bref rappel, à l’aide d’exemples de phonèmes d’abord et de lexèmes ensuite. Dans le premier cas, par exemple avec les consonnes /b/ et /p/ ou /m/ et /n/, on sait que le seul trait de sonorité ou voisement différencie les deux premières, caractérisées par ailleurs par leur trait commun de bi-labiales. Les deux consonnes suivantes, nasales toutes deux, sont différenciées quant à elles par le seul trait de point d’articulation, labiodental pour /n/ et bi-labial pour /m/, comme pour /b/ et /p/ qui, par contre, ne sont pas nasales mais orales. Ainsi, par cette seule différence phonémique, passe-t-on du mot mu à nu, par exemple. Si, maintenant, pour le lexique, nous examinons le paradigme (terme saussurien lui aussi) des noms formant le champ lexical relatif à l’idée d’« habitation », en français, nous aurons notamment : maison, palais, cabane, chaumière. Et, là encore, par le seul trait, sémantique cette fois, de « demeure somptueuse » distinguera-t-on palais de maison, tandis que la chaumière, de par le matériau de son toit qui en est une caractéristique suffisante, sera alors distinguée de la maison ordinaire ou de la cabane couverte d’un autre matériau. Ainsi, chacun de ces termes n’est que ce que ne sont pas les autres termes regroupés au sein du même paradigme (champ lexical)1. Il ne peut être autrement défini que par une différence, celle qui l’affecte par rapport à tous les termes qui entrent en concurrence avec lui au moment du choix que fait le locuteur pour ses besoins discursifs. C’est donc cette différence, soit phonémique, soit sémantique qui constitue ce que l’on appelle le trait distinctif pertinent entre deux éléments (ici, phonèmes ou lexèmes). Et comme on va le voir, le trait n’est jamais pertinent que parce qu’il est distinctif.
1- La différence dans le lexique grammatical (les grammèmes)
2En grammaire, dans l’enseignement d’une langue particulièrement, il convient de bien mettre à jour les traits pertinents qui commandent le choix des formes : cela revient à débarrasser la description ou analyse grammaticale de tout ce qui n’est que contextuel et ne peut que compliquer leur acquisition par un apprenant. Un seul exemple : l’idée de « durée » d’un état donnée naguère (et parfois encore aujourd’hui...) comme un critère d’emploi du verbe attributif ou copule ser en espagnol, par opposition au verbe estar. Il est évident que la durée (état permanent ou non) n’a rien à voir avec l’emploi desdits verbes. En effet, on peut aussi bien avoir des énoncés tels que Mi abuelo está siempre enfermo – El piso está siempre vacío, où ces états durent, face aux énoncés avec ser qui, eux aussi, représentent des façons d’être qui peuvent être permanentes, en tant que qualités caractéristiques notamment (Fulano es muy tranquilo). Et même, il est possible d’avoir avec ser des emplois pour lesquels l’attribut exprime des qualifications vérifiables de façon intermittente et non pas permanente : Pocas veces fue bueno conmigo face à son contraire Siempre fue bueno conmigo. Il est clair que ce qui commande l’emploi de ser ici est le trait de « qualité caractérisante » de l’humain que véhicule un adjectif tel que bueno, dans cette sorte d’acception, ce que nous formalisons en disant que cet adjectif possède le trait [+ inhérent], contrairement, donc, à un adjectif tel que vacío/lleno qui comporte le trait [– inhérent] qui commande, lui, l’emploi du verbe estar. On aura également les adjectifs qui peuvent représenter tantôt une caractéristique inhérente, tantôt une façon d’être dépendant d’un facteur externe et pour lesquels seul le contexte permet de le décider (ces adjectifs seront alors marqués + ou – inhérent) : c’est par exemple le cas de joven, gordo, pour les personnes, qui acceptent les deux combinaisons. Et c’est là tout le fonctionnement de ce système de l’attribution avec un adjectif, en espagnol. On voit bien que tout ce qui fait la durée n’a aucune pertinence dans ce fonctionnement grammatical et qu’il faut le bannir de l’analyse (et de l’enseignement !). Ce faisant, nous avons mis à jour ce qui fait la différence entre l’attribution par ser et celle par estar dans le système grammatical espagnol. Et c’est par elle et elle seule que passe le choix discursif arrêté par le locuteur.
3Un fonctionnement tout aussi exemplaire, pour notre propos, est celui que présentent les prépositions dans la référence spatiale notamment. En espagnol2, les deux prépositions fondamentales qui servent à localiser, a et en, forment une « opposition », suivant la terminologie linguistique courante, c’est-à-dire se différencient par un trait. Par l’examen contrastif d’exemples d’énoncés tels que (Fulano) está en casa/en el patio et (Fulano) sale al patio mais aussi (Fulano) está (tomando el fresco) a la puerta de casa/a mi lado – on voit que en implique une vision d’intériorité (ou intériorisation) de l’entité localisée par rapport à un lieu d’espace contenant, alors que a apparaît lorsqu’est dit un déplacement (salir a) ou bien quand la localisation est relative à un lieu conçu comme une « limite » (côté, bord, porte). Dès lors, ce qui apparaît être le véritable trait distinctif entre a et en n’est que l’idée d’« intériorité » pour en et de « non-intériorité » (ou d’« en-deçà de la limite ») pour a, puisque aussi bien quand l’espace est vu soit comme le lieu atteint par un déplacement, soit comme un lieu qui délimite un espace ultérieur, c’est abstraitement un seul et même concept qui est en cause, celui de la « limite simple » pour reprendre le terme de Bernard Pottier (1962), par rapport à laquelle on localise avec « non-intériorité », autrement dit, « en-deçà de la limite ». La description grammaticale, ce faisant, si elle gagne en abstraction – ce qui peut paraître une difficulté – gagne aussi beaucoup en simplicité et, en définitive, en efficacité quant à l’apprentissage, parce que les règles d’emploi des formes ne comportent alors plus d’exceptions : elles traduisent très exactement des régularités de fonctionnement linguistique.
2- La différence de connotation dans le lexique (lexèmes)
4En prenant le terme de connotation dans sons sens le plus habituel3, c’est-à-dire la part de la signification d’un mot qui s’ajoute au signifié stricto sensu, distinguée ainsi de la dénotation qui serait comme l’invariant de cette signification, on peut voir que le rôle de la différence, dans le choix discursif d’un énonciateur, est fondamental. Car c’est elle, en effet, et elle seule qui détermine ce choix. C’est elle que l’on trouve dans la distinction entre registre « normal » ou « standard », d’une part, et « familier » ou « argotique », d’autre part. On parlera aussi bien de « connotation familière/argotique » pour tel ou tel terme que l’on emploiera à la place d’un autre désignant bien le même référent mais qui appartient, lui, au registre standard ou « soutenu ». C’est alors le contexte, la situation d’énonciation, le parti-pris du locuteur, qui doit conduire au choix du ou des termes. Personne n’est censé parler de la même façon en toutes circonstances, employer les mêmes mots uniformément ; les professeurs et les étudiants le savent bien. Mais cette différence que chacun est tenu de faire dans le respect des usages linguistiques sociaux exige une connaissance et une maîtrise suffisantes du vocabulaire pour effectuer les choix lexicaux discursifs à bon escient. C’est ainsi que l’on est souvent étonné ou choqué devant tel ou tel mode d’expression qui trahit soit une méconnaissance de la valeur des termes retenus, soit une transgression (volontaire) de l’usage discursif social. À titre d’exemple, nous avons entendu récemment une journaliste dire aux informations de France Infos, en parlant du voyage du président américain G. Bush en Israël, que c’était « la première fois qu’il y met les pieds » (au lieu de « qu’il y vient en visite /qu’il visite le pays »...), ignorant manifestement la connotation péjorative que comporte l’expression ou locution (lexie) mettre les pieds et, ce faisant, s’écartant de la neutralité de ton qui sied au journaliste d’informations.
5Certes, une évolution normale de l’usage linguistique veut que les termes d’abord familiers ou argotiques puissent devenir standards et académiques : ce fut le cas naguère de mots comme cambrioler qui, au départ, étaient propres au « milieu » marseillais, dérivés du provençal (la cambra = la chambre), pour désigner cette activité de monte-en-l’air. Mais, là encore, on observe souvent le cas de locuteurs qui, au lieu d’utiliser le terme que nous appelons standard – c’est-à-dire non argotique ou non « familier »– que réclame la situation de discours, en choisissent un de ce second type, se trompant de registre, par ignorance de la différence concernée. On le voit notamment, pour le français, avec des étrangers (qu’on entend s’exprimer à la radio notamment), qui ont appris ce lexique d’argot par leurs contacts avec les natifs mais n’ont pas appris à faire la différence avec les mots du registre standard, qu’ils n’ont d’ailleurs peut-être pas encore appris...
6C’est également un trait de connotation « familier » qu’il faut attribuer aux formes tronquées du lexique, certaines anciennes comme prof, d’autres aujourd’hui de plus en plus nombreuses comme apport, pub, ou p’tit dèj (qui suppose une forme pleine aberrante déj’ner, comme s’il existait le verbe j’ner !). Cette grandissante « économie » dans les formes lexicales vient de ce qu’on se presse de plus en plus, même pour parler... Et cette connotation « familier » des formes tronquées semble souvent oubliée par certains locuteurs sur les ondes, y compris les journalistes des informations, qui ne prennent pas la peine de châtier leur langage (un journaliste de France Infos, par exemple, a dit « les allocs » en parlant d’allocations versées à un certain titre)...
7Un autre cas de différence qui ne concerne pas le sens purement dénotatif d’un terme ou d’une expression, nous est fourni par la paire à moitié plein / à moitié vide. Il s’agit d’une différence qui ressortit au plan argumentatif du discours. Nous prendrons un exemple tiré d’un roman américain traduit en français. On peut y lire ceci :
Le téléphone intérieur sonna. « Votre voiture est en bas, Monsieur le Député, annonça le portier.
– Merci, je descends ».
Sam posa son verre à moitié plein sur le bar et alla prendre sa veste et son manteau dans la chambre.
8Le choix de « à moitié plein » pour le verre que le personnage abandonne avant de partir est dû au fait que l’on s’attend normalement à ce que le verre soit bu entièrement dans ce genre de situation. C’est un contretemps qui vient contrarier le cours habituel de l’action concernée (boire entièrement) et l’anomalie est donc que le verre soit encore relativement plein, ce que l’énoncé doit indiquer, tandis que « à moitié vide » ne saurait l’exprimer.
3- La différence relative au “genre” en tant que type de discours
9À côté de la linguistique dite « de phrase » ou qu’on peut aussi qualifier de grammaticale stricte, a pu se développer une linguistique s’intéressant aux contraintes dérivées du type de discours, également appelé « le genre »4. Un exemple d’analyse des traits différenciateurs concernant les pronoms personnels en français nous est proposé par Simon Bouquet dans l’article déjà cité5. À titre d’exemple, nous indiquerons simplement que la différence sémantique observable pour un énoncé comme : Voulez-vous encore de la soupe ? – adressé par une mère à ses enfants – et le même énoncé prononcé par un serveur, au restaurant, à l’adresse de clients, tient au trait [gen + Politesse], que l’auteur appelle « trait générique distinctif porté par l’énoncé » (p. 39). En l’occurrence, il s’agit, comme on l’aura compris, du genre discursif défini par les échanges sociaux courants (hors famille et cercle intime) en français, dans lequel le vouvoiement est de rigueur.
10Nous avons nous-même, dans une étude consacrée au choix de la préposition dans les compléments de matière ou de matériau, en français, montré le rôle du genre dans certains cas6. Nous dirons simplement ceci : pour un énoncé tel que « Les canyons de béton du centre-ville, encaissés par les gratte-ciel, baignaient dans une lugubre lueur crépusculaire » (à nouveau une traduction d’un roman américain7), alors que « les canyons en béton » serait grammaticalement possible mais nettement moins naturel ici, le choix de la préposition de obéit à une contrainte non strictement grammaticale, d’un autre ordre et qui ressortirait au « genre ». Pour nous citer :
La phrase nous décrit un coin du centre de Los Angeles, il s’agit d’un contexte purement descriptif et les entités y sont présentées avec leur trait caractéristique ou dominant : dans ce cas, pour ces "canyons" que forment les rues encaissées, c’est le matériau (le béton) qui permet de les identifier comme des artères urbaines et non de véritables défilés naturels. Le modifieur constitué de la préposition de plus le nom de matériau représente un complément de nom, dans la terminologie traditionnelle, que l’on peut considérer comme celui de l’identification, sans plus, dans le cas le plus général. Cela nous amène sur le terrain de ce qu’on peut analyser comme des “contraintes de genre”, c’est-à-dire des choix de formes linguistiques nettement dominants à partir d’un contexte donné (celui que constitue le genre de discours en cause, tel que narration, description comme dans notre exemple, etc.)8.
11Avec cette sorte de différence, qui concerne le niveau ou registre de langue, le ton (ironie, humour), le « genre », on a affaire à ce que l’on rangeait traditionnellement dans une « stylistique de la langue », par delà la stricte composante grammaticale. Fondamentale dans l’étude littéraire des textes, elle se trouve être, suivant l’appellation de Saussure, « l’autre moitié du langage »9, autrement dit encore ce qui ressortit à « la parole » et que, depuis, on a plus généralement appelé le « discours ».
4- La différence et la traduction
12On comprend que le traducteur, s’il veut rester le plus fidèle possible au texte (écrit ou oral) de départ, doit être particulièrement attentif à respecter ou restituer (quand il faut une transposition) cette différence que nous venons d’illustrer. Comme, ainsi qu’on l’a vu, on se situe au-delà du sens de l’énoncé dans ce qu’il a de strictement ou de globalement référentiel, le traducteur peut être tenté ou involontairement conduit à négliger cette part de la représentation linguistique. Ou bien, contraint à faire des choix, le traducteur peut ne pas opérer la meilleure des restitutions, en proposer une subjective, arbitraire, critiquable... Nous avons en tête l’exemple de la traduction d’un roman américain à succès (Le diable s’habille en Prada) qui nous a semblé particulièrement contestable dans le choix de la forme des dialogues qui a été retenue en français. Il s’agit de personnages qui sont des employés d’une célèbre entreprise américaine, tous diplômés de l’enseignement supérieur, également des enseignants et étudiants d’un niveau avancé (doctorants). Or, quel langage leur est prêté dans les nombreux dialogues du livre ? Celui du jargon actuel le plus trivial d’une certaine catégorie de personnes, surtout jeunes, qui ne peuvent faire une phrase sans y placer un « super », un « génial » et, pire, un « cool ». Bien sûr, le langage publicitaire censé être très « branché » en est un des véhicules les plus courants. Nous rappelons ici que le super en question remplace n’importe quel adjectif, de quelque domaine que ce soit, y exprimant uniquement la connotation « positif » (un paysage est super, telle personne est super, le repas est super, etc.) : c’est donc le plus extrême appauvrissement du vocabulaire auquel on puisse aboutir. Également, il se substitue au quantificateur très (« super bon » et « super mauvais »). Bref, dans certaines pages du livre on trouve ce terme utilisé une douzaine de fois, assorti de ses proches parents (génial, cool), et cela se répète tout au long du roman. Pourtant, nous ne croyons pas que l’usage social de ce jargon ait gagné à ce point les catégories de personnes dont il est question, même si le phénomène de mode est bien réel, alimenté constamment par la publicité, répétons-le. Il s’agit donc d’un choix délibéré du traducteur que nous trouvons particulièrement inopportun, sinon néfaste, contribuant à répandre encore plus cette mode langagière.
13Fidélité et transposition sont deux exigences de la traduction mais, entre les deux, il y a place pour le meilleur et le pire.
5- La différence, moteur de l’innovation lexicale (les néologismes)
14Nous ne parlerons que des emprunts lexicaux à une langue étrangère, phénomène bien ancien et constant dans l’histoire des langues et très actuel comme on sait. Mis à part le progrès technique et l’apparition de machines ou d’appareils nouveaux qu’il entraîne, auxquels on doit donner un nom, c’est à travers le contact des cultures que se produit aussi l’apparition de termes nouveaux dans une langue, empruntés tels quels ou bien quelque peu adaptés à la phonétique ou à l’orthographe de la langue d’accueil. Le français, depuis le xixe siècle surtout, a abondamment emprunté à l’anglais et les exemples sont dans toutes les têtes. Il s’agissait, jusqu’à une certaine époque, de mots ou expressions traduisant des pratiques sociales, sportives entre autres, propres au mode de vie britannique et donc que l’on s’attachait à suivre tout en les désignant par leur appellation d’origine (week-end, football, rugby...). C’était donc une différence d’ordre social, avec l’existence d’un référent particulier dans le cadre de vie pris comme modèle, qui entraînait l’utilisation du nom correspondant. Ce phénomène d’imitation sociale, de grande ampleur, a lui-même été appelé d’un terme d’emprunt, le snobisme. Au plan de la langue, il s’agissait d’une sorte d’enrichissement concomitant. Mais où cela se gâte, c’est lorsque le mot d’emprunt vient se substituer au mot propre alors qu’il n’existe pas de différence entre les deux pour ce qui est de la signification, sinon parfois un signifié plus large qui correspond à ceux de deux termes, par exemple, de la langue d’accueil. Un cas de ce genre s’observe aujourd’hui pour le nom challenge, utilisé dans certains milieux tels que ceux de la finance et de l’économie et, partant, celui de la publicité. Dans le domaine du sport, les choses sont un peu différentes : le terme y est utilisé depuis longtemps dans le sens précis de trophée à disputer (par exemple dans une compétition de pétanque) et il est prononcé à la française depuis toujours. Dans les autres cas, le phénomène est bien plus récent et surtout totalement injustifié puisqu’il se traduit normalement par défi ou enjeu suivant le contexte. Ici, le snobisme aidant, on l’entend souvent prononcé à l’anglaise. On ne peut pas parler, dans ce cas, d’enrichissement du lexique français. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un phénomène de contact de langues, d’un mélange, d’un envahissement d’une langue par l’autre, qui peut être le symptôme d’une certaine domination culturelle et linguistique allant à l’encontre de la diversité, laquelle, à nos yeux, est la seule vraie richesse des sociétés humaines. En somme, et pour conclure sur ce point, on y voit pointer le risque de l’uniformisation linguistique et, donc, culturelle ; or, comme l’a dit le poète, « l’ennui naquit un jour de l’uniformité »...
Conclusion
15La différence est donc d’abord le principal facteur du fonctionnement linguistique, elle est le critère du bon choix discursif aussi, elle est particulièrement à l’œuvre dans le phénomène sociolinguistique de variété lexicale spécifique à un milieu donné (jeunes, cercle d’amis, etc.) que constitue un argot, un jargon, une modalité de langue familière... On le conçoit, ne pas faire la différence dans tous les cas cités auparavant représente soit une erreur, soit une sorte d’infraction sociale, ou une manifestation de mauvais goût. Nous pensons également à la propension actuelle à la grossièreté ou à la familiarité déplacée, très répandues dans les interventions radiophoniques et télévisées. Et, à ne pas vouloir « faire la différence », on tombe dans l’indifférence, à laquelle notre époque semble bien prédisposée, nivelant par le bas, comme toujours.
Bibliographie
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Bibliographie
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Notes de bas de page
1 C’est ce que l’on appelle « la théorie de la valeur » de Saussure. Cf. cette explication, par exemple, donnée par Simon Bouquet : « [...] la théorie saussurienne de la valeur aura jeté les bases d’une description grammaticale du monde des concepts. Cette grammaire est celle qui, posant la différencialité comme caractéristique générale du système symbolique de la langue, construit celui-ci comme un objet homogène et, partant, descriptible selon la logique de ’traits’ sémiques oppositifs » (S. Bouquet, 2004, p. 31).
2 Cf. notre analyse des compléments de lieu, dans M. Camprubi, Études fonctionnelles de grammaire espagnole.
3 Cf. notamment sur le signe, G. Mounin.
4 Un numéro de la revue Langages intitulé « Les genres de la parole » (n° 153, mars 2004) est consacré à cette problématique.
5 Cf. note 1.
6 M. Camprubi, à paraître.
7 Tami Hoag, La dernière course, Sélection du Livre, Paris – Bruxelles – etc., mai 2006, p. 11.
8 Camprubi, à paraître.
9 Cf. une citation de S. Bouquet, op. cit., p. 40, extraite des Écrits de linguistique générale de F. de Saussure, p. 273.
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