Remarques sur les moulins médiévaux en Rhénanie
p. 77-95
Texte intégral
Pour une géographie historique des moulins
1Lorsque Charles Higounet, en 1961, a tracé un programme concis à l’intention des études futures de géographie historique, il n’a pas oublié les moulins. « La géographie historique de l’énergie et de l’industrie, écrit-il, reste la parente pauvre de ces études. Avec celle des bras [et des animaux], la seule énergie a été longtemps fournie par les moulins : une place importante devra, par conséquent, être accordée, dans cette rétrospective, à ces modestes machines1. »
2Entre-temps, la crise des années 1970 aidant, nous avons appris bien des choses. C’est une véritable vague d’études consacrées aux moulins de tous ordres qui a déferlé sur l’Europe. Sur un plan plus théorique on signale des systèmes énergétiques même pour le Moyen Age. Deux physiciens et un historien français nous ont appris qu’il convient de parler de « convertisseurs d’énergie » dès les temps les plus reculés2. On peut admettre aussi, avec Jean Gimpel, une révolution industrielle du Moyen Âge et découvrir des régions auxquelles cette conception s’applique3. Mais lorsqu’on trouve en d’autres endroits une affirmation que Marc Bloch n’aurait jamais acceptée, à savoir que la véritable expansion du moulin à eau ne se situerait qu’au XIe-XIIe siècle, je suis moins d’accord. Je tenterai donc d’ajouter aux arguments déjà avancés à l’exemple de la Neustrie, d’autres preuves tirées cette fois-ci de la région rhénane4.
3Supposer pour l’Europe occidentale, de la fin du Ve siècle à l’an 800, l’existence de quelques dizaines de moulins seulement, alors que la période des incursions normandes, sarrasines, hongroises au IXe-Xe en aurait créé des centaines, et le XIe siècle plus d’une dizaine de milliers, suppose que l’on confonde les dates de la première mention avec celles de la première construction d’un moulin. Les témoignages écrits n’y sont pas vus dans leur contexte géographique et historique, mais simplement comptés et parfois extrapolés d’une manière qui inquiète5.
4Quant à la Rhénanie de la rive gauche, d’occupation romaine et franque, où les auteurs croient pouvoir constater une progression analogue à leur thèse favorisant le XIe siècle, il faut bien avouer que les recherches nécessaires pour une géographie du moulin y sont à peine entamées. Personne n’a examiné par exemple avec le soin nécessaire, les milliers d’actes qui nous proviennent des archives de l’abbaye de Lorsch ; j’en donnerai donc quelques échantillons à la fin de cet article. Les moulins des chartes et des polyptyques de Fulda, acquis par l’abbaye dès la seconde moitié du VIIIe siècle, viennent d’être examinés, mais de manière encore sélective6. Pour les moulins du monastère lotharingien de Prüm, nous voyons déjà mieux. Echternach et Saint-Maximin de Trèves par contre attendent toujours le chercheur averti qui saura tirer tout le parti possible d’une documentation apparemment tardive, mais reflétant la réalité d’un âge bien antérieur7.
5Si une telle enquête d’ensemble n’est toujours pas faite, c’est qu’elle n’est guère à la portée des débutants. Tout un arsenal de méthodes mises en place par la géographie historique doit être maîtrisé. L’une d’elles consiste à faire bon usage de la toponymie. Charles Higounet confronté à la tâche d’étudier les moulins à eau de l’Allemagne médiévale aurait probablement commencé par là. Il aurait cartographié les toponymes contenant l’élément molina, molendinum, Mülln, Mühle. Il aurait trouvé des dizaines de formes en ancien allemand (VIIIe-Xe siècles) à commencer par mulin, mulne, encore proches du bas latin molina. Le dictionnaire des toponymes de Förstemann (1916), en un coup d’œil, lui aurait fourni les références de neuf endroits appelés Mülln au VIIIe-IXe siècle. Le même dictionnaire lui aurait donné dix-neuf Mühlheim ou Müllheim, et en plus vingt-quatre Mühlhausen d’après des textes et documents de la même époque. Förstemann connaît enfin vingt-sept cours d’eau appelés mulinbach, en bas allemand mulenbecke, -beck, -becchi, en néerlandais molenbeek auxquels correspond, en ancien wallon, tout un groupe de moulinbaix8.
6Ce matériel toponymique remonte donc pour la majeure partie à la période du haut Moyen Age. Des pagi francs sont désignés dans le même sens par Mulahgowe, Mulehkewe, Moilla, Molensis pagus. Plus tard, en Rhénanie surtout, les noms de famille enchaînent ; on trouve des familles nobles au nom de Millendonk, Molbach, Molenvelde, Mulstroe, à ne pas oublier Henri de Müllenark, archevêque de Cologne de 1225 à 1238, qui nous ramène évidemment au toponyme qui a donné son nom à la famille de Müllenark.
7À part la toponymie, ce sont les documents juridiques qui fournissent les dates essentielles témoignant de l’existence ancienne d’un moulin et de son histoire. En Rhénanie, la publication de ces actes est loin d’être achevée. On peut présumer que les textes essentiels des temps anciens, XIIe siècle compris, sont imprimés quelque part. À partir du XIIIe, Lacomblet et Beyer-Elsterer-Goerz, éditeurs des recueils d’actes les plus importants, ont laissé bien des lacunes ; on s’intéressait aux généalogies princières, à leurs destinées politiques, les moulins paraissaient quantité négligeable. La fragmentation territoriale aussi rend difficile la recherche des textes complémentaires. Les recueils particuliers d’une ville, d’un monastère, sont pourtant nombreux et rendent le meilleur service9. Quant aux polyptyques rhénans, ils sont relativement rares. J’ai déjà évoqué celui de Prüm, de grande importance pour l’ensemble du domaine qui s’étend du Rhin Moyen, en haut de Mayence, jusqu’à l’Ardenne belge et de là jusqu’à Arnhem à l’Est des Pays-Bas10.
8Une tâche à laquelle il est rarement préparé attend enfin l’historien des moulins. Elle est pourtant indispensable, car il s’agit de l’hydrographie des cours d’eau, qui sont les moteurs des roues. Les moulins, a-t-on dit, « épousent » le cours et le régime capricieux des ruisseaux, des rivières et des fleuves. Un petit cours d’eau demande nécessairement la construction d’un type de moulins bien différent de celui installé sur un fleuve ou une rivière moyenne. Cela va sans dire. Il faut néanmoins des informations concernant la courbe de dénivellation du cours d’eau, et on devrait connaître son étiage, son débit moyen, ses maxima, les dangers qu’il représente et surtout les travaux d’aménagement hydraulique qu’il exige pour rendre possible l’installation d’un moulin sur un emplacement sûr. L’aménagement de biefs mérite une attention primordiale.
9En France, une information élémentaire sur la nature particulière des rivières est fournie par le vieux Dictionnaire géographique et administratif de la France, dirigé par Adolphe Joanne (sept vols, Paris 1890-1905). En Allemagne, rien de tel n’existe en bibliothèque. Il faut s’adresser soit à l’Institut fédéral d’hydrologie à Coblence (qui renseigne sur les cours d’eaux majeurs, navigables ou partiellement navigables), soit contacter les services régionaux ou locaux, souvent remaniés dans leur compétence, mais formant toujours un Verband qui porte le nom du principal cours d’eau, tels le Erftverband ou le Wasserverband Eifel-Rur, les institutions responsables des deux rivières dont nous allons nous occuper maintenant.
Moulins et biefs de moulins sur l’Erft
10Entre Cologne et Aix-la-Chapelle les eaux s’écoulent soit vers le Rhin, soit vers la Meuse. L’Erft, affluent du Rhin, qui s’y jette près de Neuss en face de Düsseldorf, est une fille des montagnes moyennes formant le massif de l’Eifel. Le système entier de cette rivière, avec ses moulins, a été étudié récemment dans un livre de Ralph Kreiner11. Notons d’abord comme observation d’intérêt général qu’à l’instar de la plupart des autres rivières, l’Erft se subdivise en trois secteurs principaux, le secteur supérieur (33,8 km) à dénivellation très forte (376 m, pente moyenne 11,12 %), l’Erft moyenne (66,4 km) à dénivellation déjà réduite (79,5 m, pente moyenne entre 2,18 et 0,39 %), enfin l’Erft inférieure (31 km de longueur, 23,6 m de dénivellation, 0,76 % de pente moyenne). Kreiner a montré non seulement une corrélation à relever entre la pente de chaque secteur et le nombre des moulins installés, mais aussi une opposition très nette des techniques et des distances entre les moulins telles que ces distances résultent du tableau suivant12.
km | moulins | roues | pente par moulin (m) | |
Erft supérieure | ||||
a) Erft de l’Eifel | 22,5 | 7 | 20 | 18,38 |
b) Grand bief (EMB) | 11,3 | 23 | 23 | 2,77 |
Erft moyenne | 66,4 | 26 | 48 | 3,06 |
Erft inférieure | 31,1 | 9 | 26 | 2,62 |
11De telles corrélations sont à relever évidemment pour chaque cours d’eau. Elles ont des répercussions sur la densité des emplacements de moulins, la dimension des roues, la hauteur des chutes et le mode d’amener l’eau sur les roues. Elles influencent la capacité des machines et leur rendement économique. Sur l’Erft supérieure, les chutes maximales atteignent 4,50 m (sur les affluents au XIXe siècle plus de 8 m) ; sur l’Erft inférieure, les chutes se contentent de 1,60 m, voir 1,02 m. La construction des moulins doit en tenir compte : dans le secteur supérieur, les roues sont installées le long des biefs ; sur l’Erft inférieure on barre la rivière entière. Beaucoup plus grosse maintenant et devenue paresseuse, elle ne tolère plus qu’un effort bien étalé. Vu leur débit important, les moulins de plaine sont néanmoins des installations plus grandes et plus puissantes que celles de l’Erft supérieure13.
12Touchant encore la section supérieure, une particularité saute aux yeux. C’est la présence du Grand bief à moulins (EMB = Erftmühlenbach) : sur 11 km de longueur, on compte vingt-trois moulins, en moyenne donc un moulin tous les 500 m. En fait, les emplacements sont groupés près de deux villages ; les chutes en résultent, très inégales, entre 1,09 et 3,15 mètres. Aussitôt que l’Erft a percé le dernier massif de l’Eifel, le bief, long de 11,5 km, est détourné du lit principal de la rivière. Une vanne lui assure un débit régulier de 500 l/sec., alors que la rivière, en été, peut tomber à sec ou recevoir, après un orage, un flot de 30 000 l/sec. Ce grand bief, à la fin du XVIIIe siècle, compte vingt-trois sites de moulins. Les entreprises se groupent, à Stotzheim (sept), à Kuchenheim (six). Cette densité, selon Kreiner, serait unique en Allemagne, pour un cours d’eau de plaine.
13La genèse du grand bief de l’Erft (s’agit-il d’un canal ?) a prêté à discussion. Quatre villages placés sur ses bords remontent à l’âge mérovingien. L’étude des dépôts de limons a prouvé l’existence d’un bras naturel, un bras aux méandres nombreux, coupés et rectifiés seulement au XVIIIe siècle.
14Les premières mentions de moulins sur ce cours d’eau remontent à 893 (polyptyque de Prüm). Elles permettent de supposer un cours régularisé dès le VIIIe-IXe siècle, mais le bief s’étendait-il déjà sur toute la longueur que nous lui connaissons ? Ce n’est qu’au cours du XVe-XVIe siècle qu’il atteint le maximum de son activité industrielle : moulin à huile en 1444, moulin à aiguiser le fer en 1564, moulin à foulon en 1571, moulin à tan vers 1660-1670. Le bief déjà existant attirait les artisans avant que ceux-ci ne s’installent sur les autres cours d’eau du système de l’Erft. Notons aussi que les emplacements des usines sont indiqués à l’époque napoléonienne sur la carte du colonel Tranchot, carte établie sous sa direction par des militaires français. Une description de 1841 fournit la hauteur des chutes14.
Le bief de Lendersdorf sur la Roer (all. rur)
15Un bief comparable à celui de l’Erft, accompagnant lui le cours parallèle de la Roer, permet d’étudier les mêmes problèmes en proportions plus grandes. Vers 1800, la carte de Tranchot lui donne une longueur d’environ 23 km (plus du double du EMB). La pente totale comprend environ 40 m. De nouveau, il faut distinguer le travail naturel de la rivière et celui de l’homme15. L’étude des dépôts de limons n’ayant pas été faite pour ce bief, nos conclusions ne reposent que sur l’aspect des méandres, l’action des affluents venant du sud-ouest, l’ancienneté des toponymes et l’âge des premières mentions de moulins. Une esquisse simplifiée aidera à suivre nos observations.
16D’abord le barrage de tête. Il se trouve au niveau 140 dans une position encore plus caractéristique que celle du barrage de l’EMB, c’est-à-dire juste à la sortie des montagnes : s’il remontait au XIe siècle, comme semble l’indiquer au premier abord la présence des moulins à Lendersdorf et l’arrivée des chanoines de Saint-Adalbert d’Aix-la-Chapelle, experts de travaux hydrauliques, vers l’an mil, ce barrage qui dirige les eaux de la Roer vers le bief serait un ouvrage énorme pour cette époque ; sa longueur barrant un cours d’eau violent atteint un centaine de mètres. On n’exclut donc pas une origine plus tardive.
17Plus au Nord, le premier bief de Lendersdorf (formé peut-être d’abord par les seules eaux venant de Kufferath) a dû s’arrêter au confluent avec le ruisseau de Birgel. La section suivante, celle de Gürzenich, épouse, on le voit, le niveau de terrain ; les premiers moulins, les moulins industriels, y surgissent au XVe-XVIe siècle. C’est à cette époque là, pour avoir l’eau nécessaire, qu’on a dû faire le joint avec la section de Lendersdorf moyennant un pont-acqueduc sur le ruisseau de Birgel.
18Le village de Mariaweiler (cimetière du VIIe siècle, en 973 Miluchwilre, plus tard Mirweiler) a profité également d’un bras latéral de la Roer. Son premier moulin n’apparaît qu’au XIe siècle (1060). Là encore il faut tenir compte d’un affluent mineur, celui de Derichsweiler, de même que la section de Merken est renforcée par les eaux de Schlich et de Echtz.
19Le toponymiste averti aura observé sur la carte la fréquence des noms en -ich/-iacus et weiler/-villare sur un plateau lœssique où la production de céréales a dû être importante depuis l’apparition des domaines antiques. Les premiers moulins à farine devraient donc remonter eux aussi très haut, alors que la création d’un bief continu, long de 23 km, n’intervient qu’à la fin du Moyen Age, probablement à l’initiative des ducs de Juliers intéressés à promouvoir les moulins industriels de leur territoire.
20Au début du XIXe siècle, Lendersdorf a reçu un grand laminoir de la maison Hoesch. C’est alors que, définitivement, le nom de Lendersdorfer Teich (Teich étang, tiré de la présence d’un barrage et de digues) a été appliqué à l’ensemble du plus long bief de la Roer. Un premier règlement commun des meuniers du bief de Lendersdorf est daté de 1556. On y mentionne la totalité du bief entre Lendersdorf et Merken.
Moulins à eau près de Tolbiac/Zülpich
21Les lecteurs français familiers de l’histoire de Clovis, vainqueur des Alémans près de Tolbiac (all. Zülpich), se demanderont peut-être ce qu’il en est de l’économie ancienne de ce lieu célèbre et de ses moulins à eau. Retenons donc d’abord que Zülpich, situé entre deux affluents de l’Erft en une position fortifiée, se trouve sur un plateau où passe la route romaine reliant Cologne à Trèves16. Tout autour, les noms de villages donnant sur –iacus / -ich pullulent. Füssenich à l’Ouest, Nemmenich à l’Est, vers 1800, sont les plus grands ; encore y a t-il Merzenich, Sintenich, Löwenich, Ülpenich, Elvenich, Bessenich, Hertenich, Burwenich (carte de Tranchot, Kreiner, p. 294-295).
22Où trouver alors les capacités de meunerie pour tous ces villages ? Deux affluents de l’Erft passent près de Zülpich, la Neffel au Nord, le Rotbach au Sud-Est. Les mentions les plus précoces de moulins à eau appartiennent encore au IXe siècle, 855 deux fois, 893 une fois, ce qui n’exclue pas que les premières installations remontent nettement plus haut. Kreiner (p. 89) fait valoir qu’à la différence de la Lex Salica, des lois wisigotiques, alémanniques, bavaroises, la Lex Ribuaria qui touche la Rhénanie du Nord ne contient aucune disposition concernant les techniques de l’eau et les moulins. Faut-il en conclure que les Romains et les premiers Francs, à l’époque mérovingienne, n’en auraient pas connu, alors que des moulins à eau perfectionnés sont attestés sur la Moselle dès le IIe siècle par l’archéologie, dès le IVe siècle par un texte d’Ausone ? Des fragments de meules trouvés près de Juliers en dimensions correspondant plutôt aux moulins à eau viendront étoffer cette discussion. Les arguments tirés du silence des textes juridiques n’y suffiront plus.
23Au XIIe siècle, la construction d’un moulin neuf près de Zülpich demandait déjà un investissement énorme du fait de la nécessité de créer un bief nouveau. Celui-ci réduisait les possibilités d’arrosage des prés. Il provoqua de ce fait des réactions violentes même de la part du mayeur nommé par l’archevêque. C’est ce que montre, vers 1144/1146, une lettre de l’abbé de Steinfeld, prémontré, adressée à l’archevêque de Cologne : « Secus eandem villam [Tulpetum]... villicus... fossatum nostrum fregit et aquam extra suum cursum emisit17. »
24Notons enfin l’utilité de plusieurs moulins donnés en 814 à l’abbaye de Prüm sur un affluent de l’Erft supérieure qui, malgré les gels sévères de cette vallée étroite en hiver, ne s’arrêtait de couler et faisait donc tourner les roues, alors que celles de la rivière principale à Münstereifel (dépendance de Prüm) étaient gelées pendant longtemps18.
Moulins industriels sur la rive droite du Rhin inférieur
25Dans ces régions forestières du pays de la Sieg, des comtés de Berg et de Mark, le relief est accidenté et bien arrosé. Une infinité de forges, de fonderies, d’ateliers sidérurgiques de toutes sortes, y a rempli de bruits divers les étroites vallées jusqu’au XXe siècle. De quand datent toutes ces usines ?
26Pour le pays de la Sieg, une carte déjà vieille de cinquante ans marque les dates de leur première mention dans les documents écrits. Presque toutes sont du XIVe siècle. Par leur nombre les moulins à fer l’emportent. Le terme allemand est Blashütte, la roue à eau faisant travailler les soufflets pour faire fondre le fer dans les fours de coulée19. Les emplacements montent jusque dans les vallées hautes des plus petits affluents. C’est seulement la Sieg elle-même et son gros affluent venant de Hilchenbach qui, d’après cette carte, avaient assez de force pour soulever les lourds marteaux, les Hammer marqués dans les documents depuis 144420. Une mine de fer est mentionnée en 1298, une autre en 1313 ; l’archéologie en a montré de beaucoup plus anciennes. Un texte de 1313 donne le premier moulin à fer, une masshutte sur le Weisbach, à l’Est de Siegen. Toutes ces dates restent bien dans la norme européenne21.
27Alors que les données du pays de la Sieg étaient connues depuis longtemps, les textes offraient peu d’informations sur l’introduction de la force hydraulique dans la métallurgie des régions situées plus au nord : comté duché de Berg, comté de Mark. Ce sont pourtant ces régions là qui devaient jouer un rôle important dans la fabrication d’acier, de la tôle, des fils de fer, de tranchants de toutes sortes : faucilles, faux, couteaux, épées ; en France, on comparera avec la région de Saint-Étienne.
28Pour le sud du comté de Mark, on a commencé vers 1960 par un inventaire archéologique des bas foyers, voir bas fourneaux, à réduction directe du minerai. Les restes des haldes de scories, inventoriées près des petits cours d’eau dans les forêts, sont apparues en nombre extrêmement élevé (plus de 1500)22. Dans ce contexte ont été découverts et fouillés les premiers fourneaux à soufflerie hydraulique. À part leurs scories vitrifiées et les soubassements des fourneaux, quelques fouilles ont donné de la céramique médiévale et des restes de charbon de bois, avec possibilité de dater ceux-ci par l’analyse au C 14. Ces dates ont fait sensation : pour les couches inférieures de certains crassiers elles révèlent un début de l’activité de l’usine vers 1215, alors que les couches supérieures montrent leur abandon vers la fin du XIVe s.23. On a donc systématisé cette recherche, on l’a étendue aux régions limitrophes du comté de Berg. Des fonds de vallées transformées en vastes réservoirs d’eau à l’époque moderne (Talsperren) ont été explorés lors des périodes de réfection de ceux-ci. Une équipe de l’université de Münster a renforcé et complété les travaux de Sönnecken et de Knau, les pionniers locaux24. Les analyses des archéo-métallurgistes ont perfectionné la connaissance des procédés de fonte. Mais le résultat décisif dans le contexte de l’histoire des moulins consiste à reconnaître le nombre et la densité des roues hydrauliques mises au service de la production de fer. Qu’il s’agisse des cours supérieurs de la Wipper, de la Kerspe, des rivages de la Volme, Agger, Bigge, Lister, les inventaires archéologiques nous communiquent partout la même image, une succession de fours à masse (Stücköfen) ou fours de coulée (Flossöfen) hauts d’environ 3,50 à 5 mètres, accompagnés parfois d’un foyer d’affinage (Frischfeuer), de traces de biefs, toujours de scories, alors que les rares restes de céramiques et de charbon de bois permettent une datation soit directe, soit par analogie25. Toutes ces installations supposent l’emploi de roues à eau dont les traces ont évidemment disparu.
29D’autres usines hydrauliques, plus récentes, ont pris la succession des moulins à soufflerie médiévaux sur une partie des emplacements. Mais l’époque d’occupation la plus intense des sites reste celle des XIVe-XVIe siècles. C’est ainsi que sur la Wipper, Sönneken et Knau enregistrent des scories de fours à masse pour les niveaux 375, 370, 365, 360, 350, 345, 342, 340, 335, 330, 325. Ces niveaux devraient correspondre à près de dix souffleries hydrauliques pour juste 50 mètres de dénivellation sur la haute Wipper.
30Des niveaux analogues sont enregistrées dans les listes publiées pour la Kerspe, la Lingese, la Jubach, et enfin la Kierspe où on avait trouvé, dès 1967, les restes d’un four de coulée près de Haus Rhade, avec céramiques et charbon de bois allant du XIIe au début du XVe siècle. Un four découvert dans le fond du barrage de la Jubach, en 1992, est plus grand et d’un type différent (type de Lapphyttan, Suède). Des influences de plusieurs régions sidérurgiques européennes semblent donc s’être relayées dans cette région relativement centrale, bien que retirée et peu connue longtemps. La région de la haute Volme a profité d’une période assez prolongée de bien-être, voir de richesse, avant de payer l’abondance passagère par l’épuisement des ressources de bois à charbon et de constater la dénudation des massifs forestiers26.
Moulins « carolingiens » du Rhin moyen : la documentation du monastère de Lorsch
31Revenant vers les temps de la première documentation écrite, cette fois ci dans les zones de colonisation ancienne sur le Rhin moyen, en haut de Mayence, nous trouvons un terrain de recherche encore largement inexploré. Un énorme cartulaire de l’abbaye de Lorsch (Laurissa, au diocèse de Worms, mais sur la rive opposée du fleuve), nous servira de fournisseur principal d’informations27. Quelques uns des moulins mentionnés sur la rive gauche, entre 767 et 783, ont été signalés ; il faut y ajouter les toponymes de Mühlheim/Eis (766) et de Mühlhausen près de Landau (800)28. Cependant les mentions de la majorité des 3836 entrées, classées pour la plupart selon les unités administratives du temps, les pagi carolingiens (all. Gaue) attendent toujours une présentation qui devrait tirer profit de tout l’arsenal méthodique disponible.
32Pour donner le goût sur le seul plan de la répartition et des dates, je m’adresserai ici à deux pagi de la rive droite du Rhin, et c’est de préférence les sites où les cours d’eau sortent des vallées de l’Odenwald vers la plaine qui nous retiendront.
Moulins de Lorsch au Lobdengau
33Le pagus de Lobodunum, pays de la Lobde, affluent du Neckar, est un vieux pays agricole organisé autour d’un centre administratif romain, l’actuel Ladenburg, entre Mannheim et Heidelberg. Le nom moderne est Lobdengau29. L’abbaye de Lorsch (fondée en 764, promue monastère royal dès 774) y a trouvé de très nombreux donateurs. Pour les premières années, son cartulaire a enregistré près de 550 titres (nos 274 à 818) et ce n’est pas tout : les actes de la place principale, Weinheim, y manquent. Dans ce vieux pays, la concurrence entre seigneuries est d’ailleurs grande ; M. Schaab signale en particulier l’église de Worms. Quant aux sites de plaine, à part Feudenheim (auj. Mannheim : un tiers de moulin et deux serfs, no 516), il faut relever Wieblingen, où Lorsch est chargé de construire une vanne et un moulin apparemment sur le Neckar en 790 (nos 711, 715). Puis viennent, du sud au nord, les lieux situés en bordure de montagne juste au-dessus de la plaine à la sortie des rivières. Wiesloch, en 801, est déjà un des derniers témoins : on y trouve un manse seigneurial, avec un moulin et cinq manses serviles (no 809). Schriesheim, à la sortie de la Lobde dans la plaine, a été donné à une autre abbaye récente, celle d’Ellwangen, diocèse d’Augsburg, fondée en 764. Lorsch y reçoit néanmoins un moulin dès 767 et trois autres moulins nettement plus tard, en 877 (nos 418, 40). Plus au nord, c’est Lorsch qui prédomine, à part trois emplacements colonisés au temps de Charlemagne par des Saxons captifs et où Lorsch ne prend pied que plus tard. En 877, un domaine avec 13 familles de serfs et deux moulins lui est donné par un personnage au nom de Liuthar (no 40).
34Reste Weinheim, la grande inconnue pour cette première époque en ce qui concerne ses moulins. Donné en 790 par le comte Raffold avec toute sa marche et tous les cours d’eau, situé à la sortie de deux cours d’eau (ceux de la Weschnitz et de son affluent le Gundelbach) que suivent deux routes en montée vers l’intérieur de la montagne, cet endroit où un marché du mercredi ne tardera pas à se développer, refuse de trahir son secret. Est-ce parce que Lorsch y a perdu le bannus aquarum (l’abbaye s’en plaint en 1111, no 142) ? On ne trouve donc rien parmi les 550 actes du pagus, rien non plus dans la liste des manses (no3651)30. Mais une autre liste attribuée par M. Schaab au XIe siècle est enfin plus loquace : « In Winenheim sunt LII mansi quorum solvit quilibet porcum [...], XXVIII mansi solvunt XXXVIII parveredos, X situlas vini (chevaux de courrier et sceaux de vin), XVI mansi solvunt XVI boves [...]. De VIII molendinis saginari debent VIII porci. » Il y a donc bien huit moulins à cet endroit important (no 3669), et le service qui leur est imposé correspond à un régime que Charlemagne, dans son Capitulare de villis, avait imposé aux moulins du fisc.
Moulins de Lorsch dans le rheingau supérieur : Bensheim et Pfungstadt
35Le pagus Rinensis, celui de l’abbaye de Laurissa/Lorsch elle même, couvre une zone de la plaine du Rhin qui est plus humide. À l’époque romaine, par rapport à Lobodunum, elle a été moins mise en valeur. Au VIIIe siècle, la fondation du monastère devait sans doute contribuer à faire avancer les choses. Dans le cartulaire, la section du Rheingau supérieur est pourtant plus courte. On y trouve une centaine d’actes (les nos 167 à 273) alors que pour le Lobdengau on en compte 544 et pour le Wormsgau près de 120031. Ces chiffres trompent. Numériquement le pagus où se trouve l’abbaye ne ressort moins fort que parce que les biens y sont plus homogènes et plus étendus. Il ne faut donc pas d’actes spéciaux pour s’assurer un manse nouveau ou un part de moulin. Tel est déjà le cas de Heppenheim, en face du monastère vers l’est. Ce village de transition entre la montagne et la plaine est donné en bloc, en 773, par le roi, le futur Charlemagne. Sa donation embrasse l’ensemble, il n’est pas besoin de spécifier les appendices. Dans le chapitre du pagus Rinensis, Heppenheim manque donc totalement, de même que Weinheim manque dans celui du Lobdengau.
36Bensheim sur la Lauter, à 5 km plus au Nord, trahit généreusement ses secrets. Ses trente actes appartenant à une quinzaine d’années du VIIIe siècle (765-780) sont une aubaine pour la recherche historique (nos 231 à 265). Nous y apercevons une marche déjà largement mise en valeur, et on continue d’y travailler. Les moines reçoivent une série de pourpris, de terres à dessécher au bord de la Lauter, de même sur d’autres cours d’eau. Plusieurs moulins à eau existent : Udon fils de Landon en donne au moins deux en 765 ; Autrand le prêtre et son frère en font autant en 772 ; Dietlind, un an après, sauve l’âme de son fils en cédant les biens qui lui sont venus soit par son mari, soit par ce fils : cases, champs, eaux, fariniers. Il y a donc bien six à huit moulins déjà existants, et l’abbé, à six kilomètres de là, en a grand besoin parce que l’emplacement de son monastère ne se prête pas facilement à la construction de moulins et qu’il faut nourrir une communauté nombreuse, des hôtes de qualité également32.
37Pfungstadt, 15 km plus au Nord sur une route Nord-Sud bien fréquentée, la prétendue Bergstrasse, se présente encore dans une situation hydrographique absolument analogue à celle de Schriesheim, Weinheim, Heppenheim, Bensheim. De nouveau, on y trouve un cours d’eau sortant avec fracas de la montagne de l’Odenwald. Il faut le domestiquer par un bief. Avant Pfungstadt, on ajoute un canal de délestage menant directement au Rhin.
38Voyons les donateurs au même endroit : en 785, Garnier/Wernherius, un personnage noble, offre à Lorsch huit manses entiers ; le septième de ces manses, appelé Frickolveshuba, est pourvu de trois moulins, plus duo loca ad molina facienda. Ce cas paraît représentatif : le monastère reçoit des moulins, elle veut en ajouter.
39Au même endroit, en 804, un couple donne ses biens, deux manses avec les manants, un manse avec le moulin et le meunier au nom de Baudouin, iuxta fluvium Mutdaha, sur la Modau. Puis en 836, toujours à Pfungstadt, un autre donateur, Francon, ajoute un cinquième moulin avec l’emplacement où le moulin est construit33. Pfungstadt comme tant d’autres emplacements à la sortie des rivières dans la plaine est devenu un centre important où l’énergie hydraulique est utilisée dès les premiers temps carolingiens. L’installation de nouvelles roues s’y poursuit.
40L’abbaye de Lorsch est devenue désormais un des monastères les plus en vue de l’Empire carolingien. On la comparera à Corbie où l’abbé Adalard a pris, lui aussi, des initiatives en vue d’assurer les besoins en pain de ses moines et de ses hôtes. Là où Lorsch pouvait recourir à d’autres réserves hydrauliques, l’abbé de Corbie faute de telles réserves devait faire des calculs. Là enfin où les archives et le polyptyque de Prüm fournissent des dates du IXe siècle, Lorsch en a gardé pour le VIIIe.
41La thèse qui attribue au XIe siècle seulement la première grande vague de construction des moulins à eau en Europe devient ainsi de moins en moins probable34. La Rhénanie s’est couverte de moulins à eau dès le VIIIe-IXe siècle, partiellement bien avant, et dans les forêts des chaînes moyennes de la rive droite du Rhin, des moulins à fer de divers types ont suivi à partir du XIIIe, en grand nombre.
Notes de bas de page
1 Ch. Higounet, « La géohistoire », dans L’Histoire et ses méthodes, dir. Ch. Samaran, Encyclopédie de la Pléiade, Paris, 1961, p. 81.
2 J.-U. Debeir, J.-P. Deléage, D. Hémery, Les Servitudes de la puissance. Une histoire de l’énergie, Paris, 1986.
3 J. Gimpel, La Révolution industrielle du Moyen Âge, Paris, 1975.
4 D. Lohrmann, « Le moulin à l’eau dans le cadre de l’économie rurale de la Neustrie (VIIe-IXe siècles »), dans La Neustrie. Les pays au nord de la Loire de 650 à 850, publié par H. Atsma, t. I, Sigmaringen, 1989, p. 364-404. Cf. ID., « Travail manuel et machines hydrauliques avant Tan Mil », dans Le Travail au Moyen Âge. Une approche interdisciplinaire, publié par J. Hamesse et C. Muraille-Samaran, Louvain-la-Neuve, 1990, p. 35-47.
5 Debeir, Deléage, Hémery, Les Servitudes..., p. 125, sur la base de la thèse toujours inédite de Robert Philippe (1981). À la page 125, les auteurs citent aussi la Rhénanie. Mes remarques s’appliquent aux moulins céréaliers. L’essor du moulin industriel (pilons, foulons, broyeurs, etc.) suit une autre chronologie. Là, le Xe-XIIe siècle est effectivement un point de départ en Europe.
6 U. Weidinger, Untersuchungen zur Wirtschaftsstruktur des Klosters Fulda in der Karolingerzeit, Stuttgart, 1981.
7 L. Kuchenbuch, Bäuerliche Gesellschaft und Klosterherrschaft im 9. Jahrhundert. Studien zur Sozialstruktur der Familia der Abtei Prüm, Wiesbaden, 1978. Cf. R. Kreiner (note 11) et H. Kühn, « Wassermühlen rheinischer Klöster vor 1300 », dans Abdijmolens tussen Rijn en Schelde, dir. Th. Coomans, Leiden, 2001 (à paraître).
8 E. Förstemann, Altdeutsches Namenbuch II : Orts– und sonstige geographische Namen,3e éd., Bonn, 1916, col. 332-340. Dans la toponymie allemande, je ne trouve pas encore des noms formés sur un type particulier de roue hydraulique telles les roues à augets ou roues à choiseuls/chéziaux, tirés du latin caùcellum, qui ont donné des noms de lieu comme Choisel, Choiseau, le Choisel, etc. enregistrés déjà par Auguste Longnon et commentés par L. Carolus-Barré, « Notes de toponymie meunière. Choisel, choisellier, comporté, moulins à eau », Mélanges de linguistique et de littérature romanes offerts à Mario Roques, t. IV, Paris, 1952, p. 13-25. Pour Mühlhausen/Thuringe, fondé au début du XIIIe siècle par des Francs soutenus par un charpentier bavarois spécialiste des moulins, voir les remarques de Marc Bloch, Mélanges historiques, t. II, Paris, 1963, p. 801, où il ajoute, note 3 : « Par l’exemple de Mühlhausen, on voit tout le profit que l’histoire de la propagation du moulin pourrait retirer d’une étude systématique de la toponymie. »
9 L’Allemagne n’a pas de bibliographie spéciale qui donnerait un répertoire complet de ses cartulaires sur le modèle du célèbre ouvrage de Henri Stein pour la France. On consultera H. Oesterley, Wegiveiser durch die Literatur der Urkunden-Sammlungen, 2 vol., Berlin, 1886, et R. Schieffer, « Neue régionale Urkundenbücher und Regestenwerke », Blatter für deutsche Landesgeschichte, t. 127, 1991, p. 1-18 (appendice de 74 publications des années 1970-1989). Voir aussi D. Lohrmann, « Évolution et organisation interne des cartulaires rhénans du Moyen Âge », dans Les Cartulaires. Actes de la Table ronde organisée par l’École nat. des chartes réunis par O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse, Paris, 1993, p. 79-90.
10 Les polyptyques « rhénans » de Prüm, Echternach, St-Maximin de Trèves et leurs mentions de moulins à eau seront présentés dans H. Kühn, Wassermühlen rheinischer Klöster vor 1300...
11 R. Kreiner, Stüdte und Mühlen im Rheinland. Das Erftgebiet zwischen Münstereifel und Neuss vom 9. bis 18. Jahrhundert, Aachen, 1996 ; cf. compte-rendu français par J.-Cl. Hocquet dans Revue du Nord, t. 81, 1999, p. 204.
12 Kreiner, p. 64 (chiffres relevés fin XVIIIe-début XIXe siècle).
13 Kreiner, p. 62-65.
14 Kreiner, p. 100-108
15 P.-J. Droste, Teiche’ und Wassermühlen an der mittleren Rur in den Kernlanden des Herzogtums Jülich (8.-18. Jahrhundert), Thèse Aix-la-Chapelle, 1999 (à paraître).
16 Kreiner, p. 289-308
17 Texte plus complet dans Kreiner, p. 299.
18 Kreiner, p. 91, 110, 180, 190, 201. Le ruisseau, aujourd’hui Eschweilerbach, venait du village de Nöthen ; d’où son nom ancien Nocera.
19 Pour la terminologie cf. M. Arnoux, « Moulins à fer et procédé indirect. Énergie hydraulique et innovation dans la sidérurgie européenne (XIIe-XVIe siècle) », dans Water control in Western Europe, twelfth – sixteenth centuries, dir. E. Crouzet-Pavan, J.-Cl. Maire-Vigueur, Proceedings XIth International Economic History Congress, B 2, Milan 1994, p. 29-40.
20 Carte munie de dates par P. Fickeler, publiée par H. Kellenbenz/J.H. Schawacht, Schicksal eines Eisenlandes, Siegen, 1974, p. 43.
21 Dates de base pour le Siegerland dans H. SCHUBERT, Geschichte der nassauischen Eisenindustrie, 1937, et M. Döring, Eisen und Silber, Wasser und Wald. Gruben, Htitten und Hammerwerke im Bergbaurevier von Müsen, Kreuztal, 1999. Mises au point plus générales concernant l’introduction des soufflets actionnés par la roue à eau : T.S. Reynolds, « Iron and Water : technological context and the origins of the water-powered iron mill », dans Medieval Iron in Society. Papers presented at the symposium in Norberg. Jernkontorets forskening, t. 34, 1985, p. 61 et s. ; A. Jockenhovel, « Der Weg zum Hochofen. Die Zeit der spätmittelalterlichen und frühneuzeitlichen Massenhütten », dans B. Pinsker (ed.), Eisenland, zu den Wurzeln der nassauischen Eisenindustrie, Wiesbaden, 1995, p. 83-98 (exposé dense et très clair, bonne explication de la terminologie allemande, par exemple « Massenhütte » tiré du lat. « massa ferri » d’où allem. « Masseln » plus « Hütte », usine.
22 Liste des travaux du pionnier de ces recherches, M. Sonnecken, dans Jockenhövel (note 21), p. 96-97, no 8.
23 Résumé dans M. Sonnecken/H.L. Knau, « Grabungsberichte der Massenhütten im Raum Kierspe », dans H.L. Knau/R. Potyka (éd.), Kierspe. Wirtschaft – Kultur – Geschichte, Stuttgart, 1994 (Deutscher Sparkassenverlag), p. 407-446 et p. 467-500 (catalogue). Le lecteur français s’adressera en premier lieu à H.L. Knau, D. Horstmann, M. Sonnecken, « Production de fonte dans la haute vallée de la Volme : Contribution à l’histoire de la sidérurgie en Westphalie occidentale », dans P. Beck (dir.), L’Innovation technique au Moyen Âge. Actes du VIe Congrès internat, d’archéologie médiévale, Paris, 1998, p. 152-159.
24 Chr. Willms, « Archäologische Erforschung von zwei frühen Hochöfen in der Kerspetalsperre », Der Märker, t. 46, 1997, p. 11-15.
25 Sonnecken et Knau, Grabungsberichte (note 23).
26 Voir à ce propos les redevances énormes payées par des sidérurgistes du comté de Mark entre 1067 et 1450 : H.L. Knau/M. Sönnecken, « 825 Jahre Meinerzhagen », Der Märker, t. 49, 2000, p. 16-25. Les mêmes auteurs viennent de publier un « Katalog der Rennhütten und wassergetriebenen Werke im Raum Meinerzhagen », en appendice à 75 Jahre Meinerzhagener Baugesellschaft, Stuttgart, 2000 (Deutscher Sparkassenverlag) : catalogue de 345 numéros, belle présentation cartographique.
27 Codex Laureshamensis, éd. K. Glöckner, 3 vol., Darmstadt, 1929 (réimpr. 1975). Je citerai la numérotation continue des actes.
28 F.W. Weber, Die Geschichte der Mühlen und des Müllerhandwerks der Pfalz, Otterbach bei Kaiserslautern, 1978.
29 Cf. M. Schaab, « Lobdengau », dans R Knöpp (dir.), Die Reichsabtei Lorsch, t. I, Darmstadt, 1973, p. 539-577.
30 Ce cerisier, daté vers 800, est analysé par F. Staab, « Die wirtschaftliche Bedeutung der Abtei Lorsch », dans Geschichtsblätter des Kreises Bergstrasse, t. 22, 1989, p. 5-36, et ID, « Aspekte der Grundherrschaftsentwicklung von Lorsch, vornehmlich aufgrund der Urbare des Codex Laureshamensis », dans W. Rösener (dir.), Strukturen der Grundherrschaft im frühen Mittelalter, Gottingen 1989, p. 285-334.
31 Cf. F. Knöpp, « Der Oberrheingau », dans Die Reichsabtei Lorsch, t. I, p. 373-424 (no 29).
32 Une séparation des menses, abbatiale et monastique, n’existe pas encore.
33 Je suspends ici l’analyse des mentions de moulins du pagus Rinensis, elle reste donc incomplète.
34 Quant aux pierres à meules qui ont été évoqués au colloque de Flaran dans la contribution d’Alain Belmont, je note que la Rhénanie ancienne utilisait surtout les meules de la région de Coblence-Andernach. Grâce au transport commode sur le Rhin, la lave des pierres de Niedermendig et Mayen était appréciée dans toute l’Europe du Nord, du Danemark au nord de l’Angleterre. Alcuin en parle dans une lettre adressée au roi Offa ; J. Parkhouse décrit les fragments trouvés au port de Dorestad, et St. Lebecq, avec toutes les explications nécessaires, donne une carte de répartition des meules trouvés dans son beau livre sur les Marchands et navigateurs frisons, t. I, Lille, 1983, p. 77.
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