L'homme au péril de l'eau dans les plaines littorales des anciens Pays-Bas au début du Moyen Âge1
p. 27-42
Texte intégral
1Le sujet que je m'apprête à traiter devant vous, ou plutôt son insertion dans un colloque sur les catastrophes naturelles dans l'histoire de l'Europe médiévale et moderne, pose en préalable un problème d'ordre sinon épistémologique, du moins sémantique. Il me semble que dans le concept de « catastrophe naturelle » intervient une donnée subjective, celle de la perception par l'homme d'un événement inattendu, subit, dans tous les cas destructeur, généralement éphémère dans son processus, même s'il génère quelquefois les conséquences les plus durables pour ses victimes. Le milieu dont je vais vous parler est un milieu de basse plaines littorales – lieu de rencontre entre une côte très plate, située sur des kilomètres de profondeur au-dessous du niveau des marées les plus hautes, et de basses vallées fluviales au cours souvent indécis –, dans lequel les inondations peuvent être le produit du mouvement intempestif des eaux continentales autant que des eaux marines. Or, dans l'un comme dans l'autre registre, il put y avoir des phénomènes soudains, à l'ampleur et aux conséquences en tout cas imprévisibles – crue exceptionnelle ici, grande marée déferlante là –, qu'on considérera résolument comme des catastrophes naturelles ; mais il put y avoir aussi des phénomènes lents, au processus séculaire, capables de modifier à terme les conditions de vie des populations, voire même les conditions d'habitabilité de régions entières, mais qui n'ont pas eu nécessairement d'effets traumatisants sur les hommes – je veux parler des déplacements latéraux des basses rivières, avec les phénomènes corrélatifs d'alluvionnement, particulièrement importants dans la zone du grand delta conjoint de la Meuse et du Rhin (par exemple sur le Rhin à hauteur de Dorestad, où pédologues et archéologues ont constaté le progressif glissement du Kromme Rijn vers l'est à partir du VIIIe siècle1, mais aussi de ce qu'on convient d'appeler les transgressions marines, c'est-à-dire les phases de submersion générale et séculaire des plaines littorales par suite du relèvement du niveau de la mer. Il semble que dans ces derniers cas, il faille faire le partage entre les processus à long terme, qui n'intéressent qu'indirectement notre sujet, et les accidents – par exemple la rupture de cordons littoraux, ou celle de bourrelets alluviaux – qui annoncent l'enclenchement des processus séculaires ou scandent leur développement, et qui dans tous les cas doivent être considérés, parce qu'ils ont été perçus comme telles, comme des catastrophes naturelles. Or ce sont les sources écrites qui se font plus que les autres l'écho de l'éventuel traumatisme subi par les populations ; c'est pourquoi une attention particulière leur sera accordée. Mais comme elles sont peu nombreuses et de surcroît peu loquaces, l'écohistorien intéressé par ces questions se devra de faire dialoguer ses sources avec les découvertes des archéologues, des palynologues, des pédologues, des géomorphologues, et autres géographes du quaternaire.
Transgressiefasen en stormvloeden : transgressions marines et raz-de-marée
2Or les uns et les autres sont en train de nous faciliter la tâche, dans la mesure où ils tendent à remettre en cause le concept même de transgression marine, en tout cas en ce qui concerne les périodes les plus récentes, celles justement qui commencent à être documentées par les sources écrites2. En effet, alors qu'on convenait volontiers il y a encore une vingtaine d'années qu'entre grosso modo le IIIe et le XIIe siècle de notre ère, les côtes méridionales de la mer du Nord avaient été affectées par les dernières « phases transgressives subatlantiques » comme les appelle Elisabeth Gottschalk3, à savoir ce qu'on considère en France et en Belgique comme la deuxième et comme les phases A et B de la troisième transgression flandrienne ou dunkerquienne, et aux Pays-Bas respectivement comme la transgression romaine tardive, la transgression carolingienne/ottonienne et la transgression médiévale tardive4, il semble désormais que si la deuxième eut vraisemblablement lieu – entre, disons, 250 et 6005 –, les deux phases successives de la troisième, qu'on imputait l'une aux IXe-Xe siècles, l'autre aux XIe-XIIe siècles, correspondraient en fait à de simples raz-de-marée, aux effets certes catastrophiques, mais en tout cas limités dans l'espace et dans le temps : cela faisait d'ailleurs pas mal de temps qu'un archéologue comme A.E. van Giffen avait noté que telles accumulations sédimentaires identifiées dans le sous-sol des Pays-Bas et traditionnellement imputées à des phénomènes transgressifs, donc généraux et durables, étaient totalement absentes dans la plaine littorale d'Allemagne du Nord, ce qui aurait dû suffire à remettre en question le concept de transgression, en tout cas son application aux époques les plus récentes6.
Le milieu naturel
3Dépassant ce débat qui n'en est plus un, je dois maintenant m efforcer de présenter à gros traits les caractères et la dynamique de ce milieu, d'autant plus livré à la pression des conditions naturelles, singulièrement du mouvement des eaux marines et fluviales, qu'aucune digue a fortiori aucune poldérisation, n'a encore été entreprise avant les environs de l'an mil – si l'on excepte quelques tentatives, partielles autant qu'éphémères, de canalisation de certains secteurs du delta su Rhin, faites en particulier par les Romains au Ier siècle ap. J.-C. Parler de conditions naturelles, c'est pour commencer rappeler quelques principes de physique élémentaire. Les eaux marines et fluviales charrient toutes sortes d'alluvions qui, dès que la rapidité du courant diminue, tendent à être déposées au fond et sur les bords du courant : ce sont des matériaux d'origine généralement détritique, certains plus ou moins lourds (galets, graviers, sables grossiers), d'autres plus ou moins fins (sables fins, argiles). Quand le courant est violent, il est capable de les transporter tous sur de longues distances ; s'il commence à diminuer, il se délestera d'abord des matériaux les plus lourds ; quand il ralentit sa course et atteint ses ultimes limites avant de refluer, il abandonne les plus légers. Toute la plaine littorale est faite de ces accumulations sédimentaires récentes, majoritairement déposées par la mer, mais aussi par les rivières qui s'y jettent. Non seulement celles-ci circulent à l'intérieur des chenaux qu'elles ont elles-mêmes tracés à travers leurs propres alluvions, mais la mer même pénètre parfois très loin à l'intérieur des terres, en particulier aux plus hautes marées, grâce aux chenaux qu'elle aussi a creusés dans ses alluvions, et qui, par de multiples ramifications ou passes, aboutissent à des criques où éventuellement ses eaux s'attardent et stagnent. Survient une forte crue, ou une puissante marée, les bourrelets alluviaux qui limitent les chenaux sont éventrés, ceux-ci voient leur tracé, quelquefois leur orientation générale modifiés,. Qu'aient lieu le raz-de-marée du siècle ou les débordements à répétition des basses rivières, c'est toute la géographie littorale qui peut être bouleversée : d'où le caractère extrêmement difficile, presque aléatoire, de toute tentative de chronocartographie.
4Du moins les caractères physiques du milieu littoral restent-ils toujours les mêmes, répartis en plusieurs zones aux contours d'autant plus changeants que les fleuves, qui les coupent à la perpendiculaire, leur ajoutent leur propre force de destruction et leur propre alluvionnement. Il y a la zone aval que les spécialistes appellent parfois l'infralittoral, qui consiste d'une part dans le cordon sableux qui fait face à la mer – plage, parfois muée en dune si le niveau moyen des hautes marées est resté stable durant de longues périodes et que la force éolienne a permis l'accumulation sur de grandes épaisseurs d'énormes quantités de sable – et d'autre part dans tout ce qui est en communication directe et constante avec la mer, à savoir le réseau des chenaux, passes et criques, où la force des flux de marée amène une sédimentation de galets, graviers et sables grossiers. La zone médiolittorale, l'estran si l'on veut, est celle qui est recouverte deux fois par jour par la marée, qui y laisse des alluvions chargées d'humidité et y détermine un milieu de boues plus ou moins compactes, gagnées à une vie animale élémentaire, et auxquelles est universellement attaché le nom d'origine frisonne de slikke. La zone supralittorale quant à elle, zone amont, si elle a pu être régulièrement immergée par le passé, ne l'est plus qu'exceptionnellement, à l'occasion des plus fortes marées : un peu plus élevée que la slikke, éventuellement enrichie par des apports d'origine continentale qui ont pu accélérer le processus d'exondation, dans tous les cas donnant prise à une végétation herbacée, faite de plantes halophiles (du grec hals, halos, sel) depuis les salicornes en aval jusqu'aux arroches pourpières, lavandes de mer et autres zostères en amont, qui contribuent à ma formation d'un riche humus, cette zone consiste pour l'essentiel en un vaste pré-salé, qu'on appelle en Allemagne Marschen, en Frise kwelder, mais auquel s'est universellement imposé dans le langage des géographes le nom néerlandais de schorren7. Ces faciès d'origine récente, constitués par les dépôts associés aux dernières immersions sous les eaux d'origine marine ou fluviale, ont recouvert les surfaces plus anciennes qui, elles, ont souvent été transformées à l'occasion des phases de retrait de la mer, du fait de la croissance de la végétation et de la stagnation d'eaux de plus en plus douces à l'abri des bourrelets alluviaux, en vastes tourbières, qui en certains endroits ont, du fait de la tourbification, pris une forme bombée suffisamment élevée pour avoir résisté à toute immersion jusque dans la proximité immédiate du cordon littoral (ainsi, à l'actuelle frontière franco-belge, dans la région dite des Moëres (cf. l'allemand Moor, tourbière), ou encore entre Bruges et Meetkerke8, mais qui surtout constituaient l'essentiel du paysage situé immédiatement en retrait des schorren de la zone supralittorale, parfois jusqu'à la limite méridionale de la plaine maritime, c'est-à-dire à l'affleurement des sables du Pléistocène.
La situation à l'aube du Moyen Age : le legs de la deuxième transgression dunkerquienne
5La deuxième transgression dunkerquienne, qui dura grosso modo du milieu du IIIe siècle à la fin du VIe, et fut sans doute amplifiée par le démantèlement d'une partie de l'ancien cordon des dunes littorales, partagé maintenant en un long chapelet d'îles, eut des effets bien plus considérables que ceux de la première : c'est par exemple ce que laissent entendre les recherches pédologiques et archéologiques faites dans la plaine littorale belge9, qui a été submergée jusqu'à cinq à dix kilomètres du tracé actuel du rivage, et où même un gigantesque chenal, inexistant lors de la transgression précédente, a été ouvert jusqu'à une vingtaine de kilomètres à l'intérieur des terres dans le secteur de l'Yser. Depuis la Belgique, peut-être même depuis l'Audomarois, jusqu'à l'Allemagne du Nord, il s'est ainsi trouvé, coïncidant ou non avec d'anciens estuaires, de vastes chenaux, véritables vecteurs des effets de la marée loin à l'intérieur des terres : outre celui de l'Yser, entre La Panne/Nieuwpoort au nord et Dixmude au sud ; on en relève un autre en Belgique, qui cette fois emprunte un chenal préexistant, entre Oostende/Knokke et Bruges10 ; aux Pays-Bas, au-delà du grand delta, il y avait les échancrures de la Zuyderzee, de la Middelzee (où se jetait la Boorne) et de la Lauwerszee11 ; en Allemagne, si les vastes estuaires de l'Ems et de la Weser servaient déjà de chenaux de pénétration à la mer, les poches adjacentes du Dollart et de Jade n'avaient pas encore été ouvertes – elles ne le seraient que bien plus tard, peut-être en 1287 pour le Dollart12 ; par contre un troisième chenal, aujourd'hui invisible sur la carte, avait été ouvert entre les deux estuaires entre Harlesiel et Wittmund13. Toute la basse plaine littorale, jusqu'à une partie de la plaine tourbeuse, fut submergée par la deuxième transgression. Indubitablement, l'occupation humaine fut mise à mal par les mouvements de la mer ; mais il est archéologiquement difficile, voire impossible, de leur imputer telle ou telle désertion d'habitat, même s'il est tentant d'établir un lien entre la deuxième transgression et :
le retrait de toute occupation romaine au sud de la plaine littorale à partir de la fin du IIIe siècle ;
les migrations anglo-friso-saxonnes vers la Grande-Bretagne qui culminèrent au Ve siècle du village sur butte (ou terp) de Feddersen Wierde fouillé par Werner Haarnagel tout près de Bremerhaven, et où le dernier niveau d'occupation paraît avoir été abandonné dans un contexte qui n'avait rien de catastrophique14.
6En tout cas, il semble qu'au terme de la deuxième transgression l'occupation humaine fût limitée à quelques îlots mieux protégés par leur altitude relative que le reste de la plaine maritime environnante15 – comme paraît l'attester la cartographie des découvertes d'époque « mérovingienne » faites aux Pays-Bas16 –, et que, plus ponctuellement, elle ne fut rendue possible que par le surhaussement des buttes artificielles. Ainsi à Ezinge (province de Groningen), fouillé avant la guerre par A.E. van Giffen, la réoccupation du terp à la fin du IVe et eu Ve siècle a fait suite à une destruction de l'habitat due non pas à la transgression marine, mais à un incendie général qu'on doit peut-être associer aux mouvements des peuples anglo-saxons en direction de l'ouest : mais seul l'exhaussement du terp autorisa la reconstruction de l'habitat17. Comme on le verra plus loin, la présence de buttes suffisamment élevées était en effet la condition sine qua non de la survie des communautés dans un tel milieu.
7Condition nécessaire, mais pas suffisante : bien des buttes furent définitivement emportées, ou nivelées, en particulier celles qui se trouvaient dans le tracé des nouveaux chenaux de pénétration de a mer ; et il faudrait attendre le reflux général pour qu'une réoccupation fût possible, en provenance des quelques îlots de résistance évoqués tout à l'heure, en particulier de ceux que les sources protomédiévales montrent surpeuplés, comme le Westergo et l'Oostergo, c'est-à-dire le vieux cœur historique de la Frise étudié par Slicher van Bath18.
8C'est dans ce contexte de reconquête de la plaine maritime que survint le premier raz-de-marée – et non plus transgression – évoqué avec quelque précision par les sources écrites, le premier qui puisse être véritablement considéré comme une catastrophe naturelle à l'époque dont j'ai choisi de m'occuper.
Les grands raz-de-marée d'après les sources écrites
9Grâce à Elisabeth Gottschalk19, il n'est pas malaisé de recenser les raz-de-marée enregistrés par les sources écrites. L'historienne néerlandaise récemment disparue a montré que toutes les traditions relatives à des inondations avant le IXe siècle, et rapportées à satiété par les compilateurs depuis la Chronique de Frise d'Andreas Cornelius (publiée en 1597), sont fausses. Grâce aux Annales dites de Xanten, dont la rédaction dans les années 830 à 860 aurait d'après Heinz Lowe été assurée à Lorsch, par un ancien bibliothécaire de Louis le Pieux nommé Gerward, qui connaissait bien les Pays-Bas, une première lumière peut être jetée sur les raz-de-marée. Il y en aurait eu successivement en 834, 838 et 868 :
en 834, « aquae inundaverunt super terram ». Où ? Aucune précision n'est donnée, mais le contexte immédiat indique un raid viking sur Dorestad, donc dans la région du delta du Rhin ;
en 838, « le 7 des calendes de juillet, un immense tourbillon de vent se leva, tel que le flux de la mer(fluctus maris) s'engouffra au-delà des limites habituelles du littoral (inundabant supra terminos et litus), et détruisit malheureusement (miserabiliter) une quantité innombrable d'hommes et d'habitations dans les villae et les vici qui avaient été investis (circumpositis) » ;
en 868 (la plume est alors tenue par un inconnu, témoin d'importants événements qui se sont déroulés à Xanten), « le 15 des calendes de mars, sainte nuit de la septuagésime, une comète a été aperçue venant du nordouest (visa est ab aquilone et occidente), qui provoqua aussitôt une levée inhabituelle des vents et une immense inondation qui tua nombre d'imprudents (inprovidi) »20.
10De ces trois inondations, une seule se trouve confirmée par une autre source, et mérite de ce fait d'après Elisabeth Gottschalk d'être prise au sérieux (il est vrai que des deux autres, on ne sait trop s'il s'agit d'inondations maritimes ou continentales, c'est celle de 83821. Elle est en effet parvenue à la connaissance du rédacteur des Annales dites de Saint-Bertin, à cette époque (835-861) Prudence, alors un proche du palais qui deviendrait en 846 évêque de Troyes22. Or Prudence fait un rapport plus circonstancié encore que celui de Gerward : « Le septième jour des calendes de janvier, c'est-à-dire le jour de la passion du bienheureux martyr Stéphane, la Frise presque entière fut touchée, contre l'usage des marées (contra morem maritimorum aestuum) par une inondation telle que le pays fut presque nivelé par d'énormes quantités de sable : elle détruisit tout ce qu'elle atteignit, tant les hommes que les animaux et que les maisons ; le nombre des victimes fut rapidement (diligentissime) évalué à 2 437 »23.
11Il faut désormais attendre le XIe siècle pour trouver de nouvelles mentions de raz-de-marée. Plusieurs Annales (celles de Lobbes, celles du Mont-Blandin dites de Gand, celles de Quedlinburg) font état d'une grande inondation d'origine marine le 28 septembre 1014 qui paraît avoir surtout affecté la Flandre et la Zélande, Walcheren en particulier24. Les Annales de Gand évoquent, et elles seules le font, un énorme raz-de-marée le 2 novembre 1042, dont on doit penser qu'il affecta surtout la Flandre, et peut-être aussi la Zélande25.
12C'en est fini pour le XIe siècle ; il faut désormais attendre le XIIe siècle (en particulier 1134, surtout en Flandre avec l'élargissement du Zwin, et 1170, depuis la Hollande stricto sensu jusqu'aux environs d'Utrecht) pour avoir des mentions explicites de raz-de-marée dans les anciens Pays-Bas26.
Les crues catastrophiques dans les sources écrites
13Les sources du premier Moyen Âge, certes souvent écrites loin de la mer, seront-elles plus prolixes pour évoquer les crues des rivières ? Une fois de plus, rien n'est sûr avant le IXe siècle, même s'il n'est pas exclu que le « grand globe de feu » vu au-dessus de Tours en 583, et qui provoqua d'après Grégoire de Tours27 les débordements de la Seine et de la Marne, eût quelque effet sur les rivières des anciens Pays-bas. Rien ne dit non plus que la grande crue du Rhin consécutive, suivant les Annales regni Francorum, aux pluies surabondantes tombées sur les Alpes en 815, eût des effets jusque dans la région de son delta. Par contre, si, comme le dit la même source, c'est tout le royaume franc qui fut touché par le même phénomène, provoqué par des pluies inhabituelles et un hiver particulièrement rigoureux, successivement en 820 et 822, il est probable que les Pays-Bas furent alors concernés28. Les débordements de la Meuse près de Liège notés par les Annales dites de Saint-Bertin en 858, et du Rhin près de Xanten notés par les Annales dites de Xanten en 864 et 873 peuvent bien, eux aussi, avoir produit leurs effets jusque dans la plaine littorale29.
14Il faut attendre l'année 886 et les excellentes Annales de Fulda pour rentrer dans le domaine des quasi certitudes, dans la mesure où il nous est rapporté qu'il plut tant dans les mois de mai, juin et juillet de cette année-là que nombre de fleuves débordèrent, et qu'en particulier le Rhin sortit de son lit « ab ortu suo usque ad introitum maris »30.
15Une note de l'évêque Radbod d'Utrecht, dont l'authenticité est mise en doute par Elisabeth Gottschalk31, fait mention d'un prodige qui serait apparu dans le ciel d'Utrecht en 900, et qui aurait été suivi d'un cortège d'intempéries, depuis la levée de vents soudains jusqu'à des crues catastrophiques32. En réalité, on doit rapprocher cette note d'un passage des Annales de Sainte-Marie d'Utrecht qui évoque à l'année 904 un lapsus stellarum (une chute d'étoiles), qui fut suivi de l'inondation des fleuves33. C'est la seule mention explicite de crue catastrophique dans les Pays-Bas au cours du Xe siècle, mais il n'est pas exclu que les phénomènes similaires notés ailleurs (en Allemagne, dans le nord de la France, en Belgique surtout, par exemple sous la plume de Sigebert de Gembloux pour l'année 988) eurent un écho dans les régions littorales des anciens Pays-Bas34. On peut dire la même chose pour le XIe siècle, où les Annales Blandinienses et Sigebert de Gembloux notent des phénomènes de crue, dans l'espace belge en particulier, en 1003, 1014, 1086, 1094-1095, 109735.
Les conséquences et les réponses des hommes
16Il se peut donc que les inondations dues aux crues des rivières, dont, certes, on entrevoit plus qu'on ne voit les effets sur les régions littorales des anciens Pays-Bas, aient beaucoup plus scandé la vie des populations du premier Moyen Âge que les raz-de-marée et autres ondes de tempête, qui furent finalement peu nombreux, quoique beaucoup plus dévastateurs. Si ceux-ci n'eurent jamais, passée la deuxième transgression, un impact général sur l'ensemble des bas pays, ils eurent parfois une importance macrorégionale. Ainsi les recherches pédologiques suggèrent-elles que la grande inondation de 838, dont le centre de gravité s'est situé le long des côtes de la Hollande, a eu une onde de choc sensible jusqu'en Zélande, et même jusque dans la région de Bruges – mais sans doute pas au-delà36. Les conséquences physiques de ces phénomènes, d'origine marine autant que fluviale, purent être considérables, telles d'ailleurs qu'un simple raz-de-marée, par exemple celui de 838, a pu être interprété par les pédologues comme une véritable transgression – en l'occurrence la phase A de la troisième transgression dunkerquienne –37. Autant dire que les effets de tels cataclysmes sur le terrain, tels qu'ils sont livrés aujourd'hui à l'observation des pédologues et des archéologues, ne furent pas nécessairement différents de ceux qu'ont engendrés les phénomènes à long terme : ouverture de nouveaux chenaux ou élargissement des anciens (on a évoqué en cours de route le cas de l'Yser, du Zwin, ou de la Boorne/Middelzee), dépôts alluviaux parfois considérables, ensablement de régions entières, véritables phénomènes de captures hydrologiques, abandon d'eau stagnantes... Dans tous les cas, les conditions de vie des populations ont été modifiées : l'ensablement du Kromme Rijn et le gonflement simultané des eaux du Lek, à une date qu on ne situe par précisément, mais à tous les coups à la fin du IXe siècle, ont fait perdre à Dorestad les avantages d'un site de tête de delta, et du coup les privilèges d'une situation exceptionnelle qui en avait fait le grand port du septentrion carolingien38. De même, le raz-de-marée de 838 a laissé en Zélande et dans la région située au nord de Bruges de nombreux marisci, ou eaux stagnantes, que nous donnent à connaître les archives des monastères de Saint-Pierre de Gand, de Saint-Bavon, de Saint-Amand et même de Saint-Denis, ou encore de la cathédrale de Tournai39, qui expliquent l'apparition dans la deuxième moitié du IXe siècle, entre Bruges et la mer, du « pagus Flandrensis » qui tire son nom (signifiant « terre inondée ») de l'existence de ces nombreux marais favorables au développement de l'élevage, surtout ovin40.
17On entrevoit ici comme ailleurs comment l'homme a su s'adapter sur le long terme à des conditions de vie extrêmement changeantes. Il faut dire qu'à l'inondation même il semble avoir toujours voulu donner une explication rationnelle : si les sources écrites, certes émanées d'un milieu qui ne se trouvait pas en première ligne, associent de temps à autre l'arrivée de la catastrophe à des prodiges venus du ciel, elles invoquent de manière presque systématique la levée de la tempête, la poussée des vents, la violence des marées, l'acharnement des pluies... L'homme, du coup, a pu essayer de donner une réponse adaptée à un cataclysme qu’il subissait, mais dont il pouvait expliquer l'origine immédiate – en organisant son habitat, et bientôt tout son espace, en fonction de la menace de l'eau. En effet, dès leur première installation dans les basses plaines littorales, vers le milieu du premier millénaire av. J.-C, les communautés pastorales avaient pris soin de s'établir sur les points les plus hauts d'une topographie au premier regard tout à fait uniforme, en l'occurrence sur les anciennes crêtes alluviales laissées par la mer ou par les basses rivières : les archéologues allemands parlent alors de Flaschsiedlungen. C'est l'expérience des plus grosses marées qui les ont amenés à surhausser leur habitat, donnant ainsi naissance à ces buttes artificielles, appelées dans les temps protohistoriques Wurten (ou Wierder, ou Warden), mais qu'on a pris l'habitude de désigner par le mot frison terpen (sg. terp, qui, équivalent du dorp néerlandais, ou du Dorf allemand, signifie village)41 : on en a eu un exemple avec Ezinge, village qui, depuis sa création vers 300 av. J.-C. jusqu'à son réinvestissement au Ve siècle, a connu plusieurs niveaux d'occupation, dont trois ont été précédés d'un relèvement systématique de la butte, par accumulation de mottes de tourbe rapportées42.
18Dans les îlots d'occupation évoqués plus haut où les populations ont résisté aux assauts de la deuxième transgression, nombre de terpen ont été rehaussés. D'autres ont été créés de toutes pièces au cours du premier Moyen Âge dans des régions nouvelles, en bordure ou dans les anciens chenaux de marée naturellement asséchés, ou encore à l'abri des cordons dunaires comme dans le nord de la province de Noord-Holland – ainsi à Warmenhuizen, Avendorp et Schagen, dont les fouilles très partielles ont montré qu'ils remontaient au Xe siècle43, ainsi surtout au lieu-dit Het Torp dans la commune de Den Helder, où une fouille plus systématique dirigée en 1965-1966 par W.A. Van Es a montré que sur un site occupé au début de la période carolingienne, chaque maison a été dans un second temps surélevée, avant que, vers le XIe siècle, un terp commun, de forme elliptique (375 m sur 250 m) et haut de 2,50 m, ne fût édifié et enveloppât le tout44. Le même schéma de développement, scandé par les élévations successives à la suite des plus hautes marées, a été observé ailleurs, par exemple à Leens, dans la province de Groningen45.
19Dans tous les cas, les fouilles de terpen ont révélé une parfaite adaptation de l'habitat à l'environnement : il s'agissait d'un habitat d'éleveurs adonnés à l'exploitation pastorale du pré-salé. Les seules cultures autorisées l'étaient sur les pentes du terp, dans les enclos entourant les maisons et disposés de façon radiale à partir du sommet, où ont été retrouvées de multiples traces d'exploitation légumière, fruitière et même céréalière46. Mais il a fallu attendre la poldérisation pour que l'exploitation céréalière gagnât véritablement la plaine. Déjà l'homme avait essayé d'exploiter plus rationnellement le pré-salé, en y élevant pour la sauvegarde du bétail et à l'image des terpen des vlucht – ou vliedbergen, c'est-à-dire des monts-refuges – ainsi en Zélande ou en Flandre dès le VIIIe siècle47. Puis en élevant, dès les alentours de l'an mil, des digues individuelles autour de certaines exploitations isolées, comme on en a remarqué en Flandre zélandaise en bordure du Zwin, ainsi à Yzendijke48. Plus tard dans le courant du XIe siècle, il apparaît en Flandre belge que plusieurs fragments de digues individuelles ont été reliés les uns aux autres, ce qui suppose l'intervention d'une autorité supérieure, en l'occurrence comtale. Il fallut en tout cas attendre le XIIe siècle pour qu'on passât de la conception d'un endiguement défensif à un endiguement offensif, destiné à gagner par des travaux d'assèchement (incluant tout un système de digues, d'écluses, de canaux d'écoulement mis en communication avec la mer, et bientôt de moulins) des schorren encore livrées aux plus grandes marées : ainsi naquirent (par exemple en Belgique dans les golfes du Zwin et de l'Yser) les premiers polders – mot qui, venu du vieux-germanique polla qui pourrait signifier quelque chose comme terre exondée, apparaît dans les sources dans le deuxième quart du XIIe siècle49.
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20Le bilan, somme toute impressionnant, des mesures prises par les hommes pour conjurer les effets des inondations, et bientôt pour conquérir de nouvelles terres sur la mer, ne doit pas nous faire perdre de vue que, dans leur soudaineté, les raz-de-marée et autres inondations liées à la rupture des cordons littoraux ou des bourrelets alluviaux furent sûrement traumatisants – et pas seulement pour les victimes. La façon dont Prudence de Troyes s'est fait l'écho du cataclysme de 838, peut-être surtout l'extrême précision de ses données chiffrées, dont on ne sait trop s'il faut les prendre au sérieux, ne laisse pas de surprendre.
21En attendant, il y eut sans doute des mouvements de panique, mais aussi parfois une véritable organisation des secours. Ainsi les Annales d'Egmond relatent l'inondation qui ravagea le Kennemerland, disons l'actuelle province de Noord-Holland, à la Toussaint de 1170. L'événement est tardif par rapport à nos préoccupations, mais le texte, écrit peu après le cataclysme et dans un monastère tout proche, mérite d'être cité : « l'inondation survint de manière si imprévue que les animaux furent noyés et que les hommes et les femmes eurent du mal à conserver leur vie et celle de leurs enfants sous le toit de leurs maisons ; d'ailleurs beaucoup plus auraient péri noyés s'ils n'avaient été secourus avec une grande sollicitude par les naves dunenses »50. On ne sait trop ce qu'étaient ces « navires des dunes »51, mais, d'où qu'ils vinssent, ils suggèrent la remarquable capacité d'organisation des populations confrontées à un environnement aussi hostile.
22Il faut dire que peu de régions d'Occident ont été autant affectées par les catastrophes naturelles que les plaines du littorales des anciens Pays-Bas, et que peu de paysages ont été autant façonnées que celui-là par les réponses que les hommes tentèrent de leur opposer
Bibliographie
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Annexe
Notes de bas de page
1 Van Es 1990, p. 153.
2 Voir par exemple Gottschalk, 1980, p. 25.
3 Gottschalk, 1980, p. 21.
4 Voir par exemple Gottschalk, 1971. Introduction, p. VII.
5 Schoorl, 1980, p. 123.
6 D'après Gottschalk, 1971. Introduction, p. VIII, note 1.
7 Lebecq, 1980, pp. 134-135.
8 Verhulst, 1966, p. 16 ; et Verhulst, à paraître.
9 Ryckaert, 1980, pp. 75 sq (et les cartes des pp. 76 et 78).
10 Verhulst, 1966, p. 20 et Verhulst, à paraître. Ryckaert, 1980, p. 78.
11 Schoorl, 1980, pp. 135-137 ; Lebecq, 1983, vol. 1, p. 122 ; Heidinga, 1987, p. 177.
12 Gottschalk, 1971, p. 49.
13 Kossack, Behre et Schmid, 1984, pp. 51-83 et cartes no 14.
14 Haarnagel, 1977, pp. 253 sq ; et W. Haarnagel et P. Schmid, contributions à Kossack, Behre et Schmid, 1984, pp. 196-212.
15 Verhulst, à paraître ; Heidinga, 1987, p. 177.
16 Voir la carte de Heidinga, 1987, p. 177.
17 Van Giffen, 1936.
18 Slicher van Bath, 1965.
19 Gottschalk, 1971, passim.
20 Cf. éd. Reinhold Rau, 1960, pp. 342 et 360-362.
21 Gottschalk, 1971, pp. 17-18.
22 Sur Prudence, voir Nelson, 1991, pp. 7-9.
23 Grat, Vielliard et Clémencet, 1964, p. 28.
24 Gottschalk, 1971, pp. 43-45.
25 Gottschalk, 1971, pp. 47-49.
26 En particulier d'après les Annales d'Egmond. Voir Verhulst, 1990, p. 53 ; Verhulst, à paraître ; Lebecq, 1983, vol 2, p. 344.
27 Grégoire de Tours, Decern Libri Historiae, VI 25. Voir Latouche, 1963, vol 2, p. 41.
28 Gottschalk, 1971, pp. 14-16.
29 Gottschalk, 1971, p. 31.
30 Gottschalk, 1971, pp. 33-34.
31 Gottschalk, 1971, pp. 36-37.
32 Lebecq, 1983, vol. 2, pp. 379-380.
33 Lebecq, 1983, vol. 2, p. 345.
34 Gottschalk, 1971, pp. 38-39.
35 Gottschalk, 1971, pp. 42-54.
36 Verhulst, à paraître.
37 Gottschalk, 1980, p. 25.
38 Lebecq, 1983, vol. 1, pp. 149-160 et 273-275 ; Van Es, 1990, p. 153.
39 Verhulst, 1990 et Verhulst, à paraître.
40 Verhulst, à paraître.
41 Lebecq, 1980, p. 126.
42 Van Giffen, 1936.
43 Van Es, 1973, p. 338.
44 Van Es, 1973, pp. 338-339.
45 Van Es, 1973, p. 344.
46 Lebecq, 1980, p. 144.
47 Trimpe-Burger, 1957-1958 ; Verhulst, 1990, pp. 20 et 51 ; Verhulst, à paraître.
48 Verhulst, 1990, p. 52 ; Verhulst, à paraître.
49 Verhulst, 1990, p. 53 ; Verhulst, à paraître.
50 Lebecq, 1983, vol. 2, p. 345.
51 Discussion dans Lebecq, 1983, vol. 1, p. 165.
Notes de fin
1 Je dédie bien volontiers ce rapport à Adriaan Verhulst, que j'ai dû remplacer presque au pied levé, et qui a eu la gentillesse de me communiquer avant sa publication le chapitre « De Kustvlakte langs de Nordzee » qu'il a écrit pour la remise à jour en néerlandais de son histoire du paysage rural en Flandre de l'époque romaine au XVIIIe siècle, et qui doit paraître prochainement sous le titre Lansschap in Vlaanderen. Crédit communal, Bruxelles.
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