Foires et marchés en Angleterre de 1500 à 1850
p. 153-175
Texte intégral
1La production agricole en Angleterre et dans d’autres régions des Iles britanniques a atteint, entre le début du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle, des niveaux qui l’ont différenciée de celle de la plupart de ses voisins européens. De récents travaux ont identifié les principaux aspects des mutations agricoles ayant engendré ce succès, et présentent des conclusions en bien des points surprenants. Cette contribution tente d’abord de faire l’inventaire de ces différents aspects, de replacer la structure des marchés et des foires, provenant en grande partie de l’époque médiévale, dans le contexte de cette dynamique historique à long terme, avant de procéder à l’évaluation des intéractions entre les foires et marchés et les changements eux-mêmes.
2Cette étude fournit donc tout d’abord un état concis et général des principaux aspects des mutations agricoles en Angleterre, et fournit ensuite une étude documentée des structures des foires et marchés traditionnels réglementés, en prêtant une particulière attention aux aspects temporels et spatiaux de leur distribution. Après avoir identifié les éléments structuraux de base, elle se propose d’analyser les répercussions des facteurs spécifiques du développement agricole sur le système de commercialisation, et d’observer l’influence de ces facteurs et leurs effets sur les rapports entre producteurs, intermédiaires et consommateurs.
I
3Pendant la majeure partie du XVIe siècle, l’Angleterre connut des périodes critiques en matière d’approvisionnement en nourriture, traversant des crises de subsistance périodiques qui caractérisaient aussi la plupart de ses voisins européens. Après le long étiage de la fin du Moyen Âge, la croissance démographique reprit, l’Angleterre contribuant pleinement à ce qu’E. Le Roy Ladurie nomme le deuxième cycle d’expansion néo-malthusien, un cycle qui, comme celui des années 1100 à 1450 promettait d’être « homéostatique ». Au cours de ce siècle, et à l’instar des autres pays européens, on aurait assisté à une accumulation d’éléments prouvant l’existence du mécanisme d’autocorrection mis en évidence par Le Roy Ladurie et Habakkuk : dans une progression normale d’un tel cycle, la diminution graduelle de la population se produit lorsque les ressources alimentaires se raréfient1.
4De fait, pendant la majeure partie du XVIIe siècle, certains éléments du cas de figure anglais semblaient confirmer le fonctionnement d’un tel processus « autocorrecteur ». On pouvait ainsi effectuer une comparaison directe entre, d’une part, les graves problèmes de subsistances des années 1590 et les pénuries de céréales qui s’ensuivirent jusque dans les années 1630, et la situation de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne d’autre part. Pendant les années du milieu du XVIIe siècle, la population anglaise, tout comme celle de l’Europe en général, connut une période de stagnation, avec une augmentation de l’âge au premier mariage, une baisse du taux de nuptialité et un taux de mortalité relativement élevé. Ainsi de prime abord, peu de choses différenciaient la situation de l’Angleterre de celle de ses voisins développés du continent européen. Son agriculture, par exemple, présentait un retard technique par rapport à celle de l’Ile-de-France2.
5Cependant, des recherches plus poussées sur le sujet ont permis d’identifier un certain nombre de différences importantes, mettant en évidence des changements dans l’agriculture anglaise et dans son orientation marchande bien avant les années 1650, et peut-être même dès avant 1600. Malgré la situation nettement précaire des récoltes en Angleterre avant 1640, la situation de pénurie se modifia sensiblement et, peut-être même dès 1631, l’Etat central commença à réduire son intervention en matière de régulation des vivres3. Les changements à long terme des modes de transport, fluvial, côtier maritime et routier qu’on voit se développer dès la fin du XVIe siècle, facilitèrent la distibution des céréales à l’intérieur du pays. Replacée dans un contexte européen, l’Angleterre apparaît, par rapport à la France, comme une entité politique de petite dimension avec une densité de population relativement faible. Dans un tel pays, le développement des technologies des moyens de transport et des services plus performants pouvait d’autant plus facilement contribuer à la transformation totale de l’économie. Ainsi que le suggère Braudel, il se peut que l’Angleterre ait été, fortuitement, une entité politique de taille parfaitement appropriée pour pouvoir bénéficier de la technologie des moyens de communication et de transport existant avant l’ère du chemin de fer ; la France, par comparaison, étant simplement trop grande4.
6Dès la fin du XVIe siècle, un certain nombre de facteurs contribuèrent au développement de la spécialisation locale et régionale en Angleterre et, par conséquent, à celui du rôle des transactions marchandes et des relations entre le monde agricole et le consommateur. Deux autres facteurs de changement renforcèrent cette situation : d’une part, le développement rapide de Londres, et à partir du XVIIe siècle, de la population anglaise dans son ensemble ; d’autre part, l’expansion en milieu rural (ou du moins non-urbain), d’une population non-agricole. Avant d’analyser plus en détail les marchés proprement dits, il est nécessaire de s’interroger sur les implications de ces deux facteurs.
7Les études critiques de Wrigley et de De Vries illustrent assez clairement le premier point. Le processus d’urbanisation de l’Angleterre, très en retard en 1500, se développa passé 1600 avec une rapidité soutenue inhabituelle, ainsi que l’illustrent les chiffres du tableau 1.
8Toutefois, en Angleterre et au Pays de Galles, cette croissance urbaine était à attribuer presque entièrement à la croissance de Londres, au moins avant 1700. La population de Londres, en pourcentage de la population de l’Angleterre, passa de 2,3 % vers 1520 à 5 % en 1600, 9,5 % en 1670, et culmina à 11,5 % en 1750 ; elle se stabilisa en 1750, pour tomber à 11 % en 1800, ceci s’expliquant par une croissance urbaine rapide dans le reste de l’Angleterre7. Cette croissance saisissante et asymétrique représenta un stimulant essentiel pour les agriculteurs anglais, et, comme nous le verrons ultérieurement, elle eut un impact majeur sur les structures préexistantes des marchés et des foires8.
9Le second point est également, en grande partie, à mettre au crédit des recherches de Wrigley. En plus de cette croissance urbaine, on assista également, dans le long terme, à une désaffection pour l’agriculture en-dehors des grandes villes. Jusqu’à 1600 au moins, il se peut que la croissance de Londres ait été le résultat de ce que Peter Clark appelle une « migration de subsistance », phénomène propre aux modèles néo-malthusiens conventionnels présentés plus haut, les mêmes facteurs expliquant en partie le déplacement de la population hors du secteur agricole9. Pour notre étude, ceci signifie par conséquent que l’Angleterre devint moins agricole, et plus industrielle et commerciale. Si l’on considère que pendant presque toute la période étudiée l’Angleterre connut une autosuffisance en denrées alimentaires, on mesure l’accroissement de la production agricole et de la productivité du travail dans ce secteur. Le tableau 2 ci-dessous présente les chiffres les plus significatifs fournis par Wrigley.
10Autrement dit, la population rurale non-agricole passa de 22 % de la population totale en 1600, à 28 % en 1700, et à plus de 36 % en 1800. Le nombre de personnes dépendant de chaque groupe de 100 ouvriers agricoles passa de 132 vers 1520, à 143 en 1600,182 en 1700, et 276 en 180111
11Ceci nous permet de mieux comprendre certains contrastes existant entre l’agriculture anglaise et française. C’est parce que, durant les XVIIe et XVIIIe siècles, l’Angleterre opta de plus en plus souvent pour la spécialisation locale et régionale, qu’elle obtint des résultats aussi flatteurs au regard des pays voisins. Cet élément nous permet aussi de résoudre un paradoxe classique : le recours par les fermiers anglais après les années 1630, caractérisées par une pénurie de main d’œuvre, à des innovations fondées sur l’emploi d’une main d’œuvre abondante. Comme le suggère Andrew Appleby, le fait que, pour sa subsistance, l’Angleterre possédât, par rapport à la France, une marge de sécurité plus importante, était dû en partie à la culture plus intensive de céréales printanières12 ; mais aussi, pour une large part, ce fait découlait de l’adoption d’un « code de bons procédés » qui fut rendue possible par une utilisation plus intensive de la main d’œuvre, plus intensive et plus généralisée qu’il n’était possible de le faire sur l’ensemble du territoire français. La supériorité naissante de l’agriculture anglaise est aujourd’hui en grande partie perçue comme étant le produit d’une meilleure gestion et d’une meilleure utilisation de la terre, ainsi que de l’intensification de l’élevage et des techniques agricoles mixtes simples. La croissance de la production anglaise, tout au moins au début du XVIIIe siècle, ne nécessitait donc pas de rendements meilleurs que ceux obtenus dans les domaines seigneuriaux au cours du XIVe siècle : les principales explications à ce phénomène sont un progrès concentré plutôt que diffus, et la spécialisation plutôt qu’une supériorité technique absolue13.
II
12Le Dr Britnell se livre ici même à une étude de la période ayant donné le jour au marché public réglementé et à la foire, à laquelle nous renvoyons. Notre contribution ne traite pas, non plus, de la longue période intermédiaire des XIVe et XVe siècles ; elle se propose d’analyser le marché et la foire héritiers de ce passé, et tels qu’ils peuvent être observés durant les XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles.
13En décrivant les caractères essentiels d’une série de villes et de marchés résultant d’une longue sédimentation, l’historien se trouve confronté à un difficile problème analytique. En effet, le déroulement multiséculaire des foires et marchés apparaît à son regard comme un bloc unique par l’effet d’un formalisme juridique conservateur empêchant qu’aucune de ses composantes tombe dans l’oubli. Ainsi, la répartition des marchés étudiés par Alan Everitt, figurant sur la carte ci-après, constitue-t-elle sans doute une description excessivement figée des marchés de l’Angleterre et du Pays de Galles qui étaient effectivement en activité durant la période observée, c’est à dire entre 1500 et 1640. Dans un certain sens, la carte d’Everitt et les explications qui en découlent ressemblent à l’interprétation d’une plaque photographique ayant été exposée à la lumière du XIVe siècle, mais n’ayant été développée que deux siècles plus tard. Même ainsi, elle constitue un point de repère essentiel pour notre analyse, et doit le demeurer jusqu’à ce que d’autres recherches parallèles aient produit des observations indépendantes. Alan Everitt pensait certainement que la plupart des marchés qu’il avait localisés étaient en voie de disparition en 1500 ; des recherches ultérieures ont d’ailleurs tendance à renforcer cette idée. La récession de la fin de l’époque médiévale ayant à la fois favorisé les échanges commerciaux de longue distance tout en recréant un degré d’autarcie rurale, bien des marchés recensés en 1500, petits ou en train de végéter, pouvaient être dans cette situation depuis plus d’un siècle14. Ainsi se peut-il que, dès même 1500, plusieurs sites reportés sur notre carte n’aient pas été des centres de commerce de grande importance. Sans prendre en compte cette considération, et en donnant à la localisation d’un marché une valeur nominale, le sud et le centre de l’Angleterre étaient bien dotés de marchés, alors que la zone du nord et de l’ouest était moins pourvue de sites. Les zones de marchés moyennes étaient selon Everitt, de 18 000 hectares en Angleterre, mais de 40 000 hectares au Pays de Galles. Dans certains comtés du sud ou de l’ouest, tels que le Somerset, le Dorset, et le Gloucestershire, de telles zones comptaient moins de 12 000 hectares en moyenne, alors que dans le Yorkshire on atteignait presque les 30 000 hectares15. Ces différences, sans toutefois présenter une exacte symétrie, tendaient à se rapprocher de la distribution des principales formes d’agricultures, les régions d’élevage possédant les zones de marchés les plus vastes, et les régions céréalières les zones les plus petites.
14Les événements des siècles suivants, que nous avons abordés auparavant, eurent des conséquences variées. La croissance de la population et l’accélération de l’activité économique annonçaient, tout au moins pour certains de ces marchés stagnants, un renouveau. Vers la fin du XVIIIe siècle, les mêmes phénomènes se produisirent, et de nouveaux marchés furent créés avec le développement de commerces d’ovins et de bovins, d’un type sensiblement plus capitaliste, comme dans la région de Cambrie (Cumbria), ou dans les régions où le développement industriel ou les nouveaux moyens de transport entraînaient la création de nouveaux villages, tels que Coalbrookdale ou Stourport dans le Shropshire. Comme dans la majeure partie de l’ouest de la France à la même époque, l’intensification de l’agriculture irlandaise fut tardive, et entre 1750 et 1799, quelques 200 nouveaux marchés se virent accorder une patente, ceci correspondent à une réduction de la zone de marché moyenne16. Ainsi les listes des marchés, dressées par la commission royale de 1888-1889 pour l’Angleterre et le Pays de Galles, et celles de 1853 pour l’Irlande, enregistrent-elles la tendance historique séculaire sans pour autant refléter l’existence des centres de commerce en activité à cette époque-là17. Nous reviendrons sur ces sujets ultérieurement, en prenant en considération les intéractions dynamiques entre les changements du monde rural et les structures de commercialisation.
III
15Dans certaines régions du pays, l’étude des foires se révèle problématique pour deux raisons opposées : certaines foires ont pu se tenir officiellement, mais en l’absence de clientèle, tandis qu’un grand nombre d’autres ont pu avoir lieu sans accord ou enregistrement légal officiel. Ce problème était particulièrement notable en Irlande, où les problèmes institutionnels d’obtention de patente auraient pu dissuader les organisateurs de bien des foires de solliciter un accord officiel légal pour cette activité19. Les listes publiées dans les éditions successives des almanachs du XVIIIe siècle, tels Owen’s Book of Fairs, et les détails des lettres patentes répertoriées par la Commission royale de 1888-188920, fournissent des données concernant les foires. De tels documents enregistrent les résultats des permis de foires accordés depuis le Moyen Âge. Cependant, personne n’a, jusqu’à présent, tenté d’effectuer une synthèse de ces données médiévales, si ce n’est le Centre d’histoire métropolitaine, à l’Université de Londres, qui effectue actuellement des recherches sur le sujet21.
16Les données portées sur la carte ci-dessous (fig. 2), montrent la localisation de toutes les foires en Angleterre et au Pays de Galles en 1756. On note ainsi environ 3200 foires situées dans 1528 endroits différents ; un total largement comparable au nombre de 1500 enregistré en Irlande à un moment donné, entre 1600 et 180022. Ce relevé des foires anglaises et galloises prend en compte la croissance post-médiévale, soit une augmentation graduelle de 2 % de 1660 à 1709, et un taux supplémentaire de 4,5 % de 1709 à 1750. La distribution géographique est globalement comparable avec celle de la figure 1, dans la mesure où elle met en évidence une grande densité de foires dans le sud et l’est de l’Angleterre, et parallèlement, une répartition plus clairsemée dans le nord et au Pays de Galles. Cependant, l’on doit observer des différences notables traduisant l’importance relative prise par les foires dans le commerce du bétail. Les zones forestières et les plateaux du sud de l’Angleterre, tels le pays boisé du Kent et du Sussex, les landes et les marais du Devon et du Somerset, les zones marécageuses de l’est de l’Essex, qui toutes comptent un nombre de marchés peu élevé, étaient des régions où, par contre, les foires étaient nombreuses. On peut constater l’évidence de bien des sites de foires dans le nord du Pays de Galles, où peu de marchés apparaissaient dans la figure 1. Un contraste semblable se dégager dans la zone des Pennines du Yorkshire et du Lancashire. La foire, grâce à l’importance grandissante de l’élevage dans l’agriculture anglaise du XVIIe et du XVIIIe siècle, est restée une institution vitale, et explique en partie les différences entre sa distribution géographique et celle des marchés.
17Hormis quelques exceptions, les foires à cette époque n’étaient pas les grands centres saisonniers de transactions commerciales internationales qui avaient caractérisé celles du Moyen Âge central, les foires de Champagne, ou leurs versions anglaises plus modestes de Sturbridge, Weyhill, ou St Ives24. Au lieu de cela, elles répondaient aux besoins plus prosaïques des commerces saisonniers du bétail et des produits bovins, tout en jouant un rôle accessoire, certes, mais cependant notable, dans la distribution des biens de consommation, tels les « chapbooks », et en tenant parfois lieu d’aires de loisirs25. Owen apporte les preuves de la spécialisation par produit des foires, ce qui rend possible la démonstration de types saisonniers différents dans la vente des marchandises principales, et ce qui explique la fréquence saisonnière des foires selon les régions. Ces deux formes d’analyse servent à démontrer la répartition des foires et leur adaptation aux besoins régionaux et saisonniers. Cela est clairement établi par les éléments des figures 3 et 4 ci-après.
18Les statistiques concernant les différents produits (fig. 3), reflètent des types d’événements saisonniers importants et intéressants, qui correspondent d’ailleurs aux tendances de production et de commercialisation des produits eux-mêmes. Si l’on étudie les données relatives à la production ovine et bovine (fig. 3, a et b), on note très clairement l’importance de la saison printanière par rapport à une période automnale plus creuse. Cette tendance reflète les principaux cycles de production : pendant la pleine saison de printemps, on vendait des provisions, les vaches laitières et le bétail jeune, tandis qu’en automne on retrouvait le type habituel de vente de bœufs et de moutons, et la vente de provisions d’hiver. La production des produits laitiers révèle de la même manière le décalage prévisible entre les mois de forte activité de la production de lait et du vêlage en Angleterre, avril et mai, permettant ainsi au fromage de mûrir pour être ensuite prêt à la vente ; les foires lainières, dont la pleine saison était habituellement en juillet, correspondaient exactement au profil saisonnier de la tonte. Les foires chevalines étaient sensiblement moins saisonnières, reflétant la nature de l’élevage de chevaux et de leur vente, ainsi que les produits artisanaux et manufacturés, qui suivaient également, moins nettement que la plupart des produits agricoles, un rythme saisonnier particulier28. Le fait que les foires soient restées des institutions commerciales bien vivantes tout au long de la période considérée et qu’elles se soient maintenues pendant les trois-quarts du XIXe siècle, est à relier à leur flexibilité et à leur capacité d’adaptation aux besoins économiques et saisonniers.
19Ces rythmes saisonniers se reflètent également dans des différences régionales assez frappantes. Les statistiques de la figure 4 font clairement état de la disparité fondamentale entre l’agriculture céréalière du sud et de l’est et la spécialisation pastorale croissante de l’activité agricole du nord et de l’ouest. Ces données permettent de restituer des rythmes saisonniers bien distincts selon les différents pays des Iles britanniques, et d’identifier certains facteurs sous-jacents ayant influencé les mentalités régionales et locales.
20Cet argument est démontré à propos du dernier produit nécessaire aux foires anglaises et galloises, la main d’œuvre. En amalgamant des éléments donnés par Owen et les recherches d’Ann Kussmaul concernant le profil saisonnier de la location de main d’œuvre, l’on s’aperçoit que les contrats de location prédominent en automne dans tout le pays, et plus spécialement dans le centre et au nord, avec une forte période d’activité entre la saint Michel et la saint Martin (soit du 29 septembre au 11 novembre). Une minorité de contrats sont conclus dans une période s’étendant de la Chandeleur (2 février) au mois de mai ; il s’agit surtout dans ce cas de contrats de travail semestriels29. Comme ce fut le cas dans de nombreuses foires, les locations de main d’œuvre, ou « statuts », restèrent en usage bien après 1800 et même jusqu’au début de ce siècle, ainsi dans le nord de l’Angleterre, dans des régions telles qu’East Riding, dans le Yorkshire30. Leur importance est liée à l’augmentation de la productivité de la main d’œuvre, sujet abordé auparavant : les domestiques agricoles travaillant à domicile sont considérés de plus en plus comme étant une source principale d’intensification d’une agriculture fonctionnant d’une manière satisfaisante31.
IV
21Après avoir examiné le contexte dynamique et les structures historiques des foires et marchés, nous pouvons maintenant passer à leur conjoncture et, en tenant compte de ces puissantes influences, examiner la manière dont ces changements sont intervenus. Comment les pratiques commerciales et les relations entre agriculteurs, marchands et consommateurs se sont-elles modifiées durant cette période ?
22Avec un développement urbain rapide, les besoins d’approvisionnement de Londres tout d’abord, et ensuite ceux du cadre grandissant des villes povinciales anglaises stimulèrent le développement d’un ensemble d’agents marchands qui assurèrent l’articulation réelle du marché. À partir de la fin du XVIIe siècle, ces agents du changement opérèrent dans un climat d’intervention réduite du gouvernement, ce qui leur permit de faire fonctionner le marché de manière efficace. En raison de leur popre force de marché, et de systèmes d’information supérieurs, ils se trouvèrent, commercialement parlant, dans une position de domination par rapport aux fermiers : étant en mesure de proposer plutôt que d’accepter des prix déjà fixés, ils pouvaient à moyen terme forcer les producteurs à répondre à leurs demandes. Ces changements furent accompagnés d’améliorations importantes dans les moyens de transport à l’intérieur du pays et dans les communications en général, ce qui eut pour effet d’augmenter l’efficacité de fonctionnement du marché national, de provoquer une intégration bien plus importante du marché rural, et aussi de mettre davantage en relief les disparités régionales dans le domaine de l’agriculture. Vers 1800, on peut attribuer une grande partie de la croissance agricole de l’Angleterre à de tels changements, qui permirent d’employer de façon plus efficace les facteurs de production existants.
23En ce qui concerne les marchés, l’un des premiers symptômes d’un tel changement à avoir été observé fut la propension croissante des guides contemporains à faire la distinction entre le groupe théorique des quelque 800 marchés reportés sur la fig. 1, et les authentiques centres de commerce. Cette piste documentaire est pavée d’incertitudes, puisqu’on est tributaire de la qualité relative des almanachs et guides publiés. Cependant, certains éléments suggèrent fortement un déclin du nombre des marchés, qui seraient passés d’un maximum absolu de 874 en Angleterre et au Pays de Galles vers 1690, à moins de 650 au milieu du XVIIIe siècle. Il se peut que le nombre ait augmenté jusqu’à 720 en 1792 en raison de créations nouvelles et de définitions différentes. Une fois faite la part qui revient à la probable exagération des chiffres de 1500 à 1640, précédemment soulignée, ces données enregistrent le tassement subi par les marchés les moins actifs sous l’impact des changements commerciaux plus vastes.
24Ces chiffres généraux sont confirmés par le témoignage des contemporains. À la fin du XVIIIe siècle, des observateurs tels qu’Arthur Young et les experts du Bureau de l’Agriculture répertoriaient des marchés si petits que c’est à peine s’ils avaient un nom : à Norfolk, en 1804, Young considérait la plupart des marchés autres que ceux de Norwich, Yarmouth et Lynn comme étant « très inférieurs », et le marché de Rothbury (dans le Northumberland), était décrit comme « existant à peine plus que par son nom, ne comptant qu’un boucher vendant quelques carcasses, et qui constitue presque la totalité du marché »32. Ceci illustrait la hiérarchie changeante des marchés, le développement de centres plus importants contribuant à la disparition de marchés moins actifs. John Cannon, citant un exemple dans le Somerset, renforce cet argument :
« Voici (Gladstonbury) un petit marché hebdomadaire du mardi, mais qui commence à 12 heures et finit à midi. C’était auparavant un marché bien fréquenté. Il dut son déclin à Somerton, qui fixa son jour de marché le mardi, alors qu’il était auparavant le lundi. Et l’on observa, depuis la construction des halles avec les pierres du monastère, le dépérissement du marché »33.
25On peut ajouter de nombreux exemples semblables, n’invoquant pas tous des explications divines, pour démontrer cette hypothèse. Les marchands et les agriculteurs, sagaces, perçurent les différences réelles entre les marchés, et créèrent, en en tirant les conséquences pour leurs propres pratiques commerciales, une hiérarchie nouvelle et plus efficace.
26Il ne s’agissait pas, bien sûr, d’un déclin généralisé, puisque dans certaines régions, les demandes accrues de viandes en marchandises, et d’autres facteurs de commercialisation entraînèrent la création de nouveaux marchés. Hawkstead, Ambleside et Shap s’ajoutèrent à la liste des marchés modernes de la région de Combrie entre 1608 et 1687. Le cas des marchés mieux équipés en moyens de transport ; ceux des ports fluviaux ou maritimes, tels Henley, Reading ou Monmouth ; celui des villes possédant des foires et marchés intéressants, comme Somerton ou Aylesbury, sont plus représentatifs, ces marchés ayant développé une puissance économique les différenciant de leurs voisins34.
27On peut expliquer partiellement ces changements par la division de plus en plus marquée existant entre les commerces de gros et de détail, les agents marchands devenant de plus en plus actifs en l’absence de régulation, et achetant en plusieurs endroits pour l’achalandage des marchés éloignés. Alors que de nombreux négociants de ce type continuaient à utiliser le jour du marché comme jour des transactions commerciales, il devint de plus en plus courant, au cours de notre période, de les voir commercer à titre privé, les agents achetant des échantillons de céréales dans une auberge locale, loin de la place publique du marché. la fin du XVIIe siècle, c’était déjà pratique courante, et des contrats engageant des récoltes entières furent ainsi conclus. L’émergence des marchés de l’avenir, corollaire logique de ce procédé, se produisit bien plus tard : ce fut avant tout un phénomène propre au XIXe siècle. Cependant, le développement de ces pratiques eut pour effet significatif une réduction des échanges commerciaux se faisant sur la place du marché, ramenant son rôle à un lieu de transactions mineures et de commerce de détail35. Dans le courant du XVIIIe siècle, le conflit rituel entre consommateurs et marchands, qu’Edward Thompson qualifie d’« économie morale de la foule anglaise », se traduisit souvent par la réinstauration de la « coutume » de la place du marché36. On apportait sur la place du marché de petites quantités de céréales, destinées à la vente aux consommateurs, par action directe, mais « à juste prix ».
28C’est dans l’analyse des fluctuations de prix que l’on trouve le dernier signe tangible de changement des marchés ruraux et de leur intégration dans une économie globale. Le sujet est trop vaste pour être traité ici dans sa totalité. Cependant, on dispose à présent d’un ensemble de statistiques suggérant que les prix en vigueur sur différents marchés se comportaient en général de la même manière, du moins pour les principales céréales telles que le blé, et dans une moindre mesure l’orge et le malt. À partir ce ces données, on est fondé à croire qu’entre 1690 et 1770, date à laquelle les statistiques soulignent une rupture dans la corrélation, puis à partir du début du XIXe siècle, lorsque cette corrélation est rétablie, les marchés de céréales anglais, de plus en plus sensibles aux troubles régionaux et nationaux, ne reflétaient plus uniquement les conditions locales de l’offre et de la demande37. Si des facteurs locaux continuaient à fixer les prix de produits de moindre importance-avoine, seigle, pois, haricots-les statistiques tendent à suggérer que, vers le début du XVIIIe siècle, les marchés anglais étaient déjà loin d’être autonomes. Les points indiqués sur notre carte devenaient les nodules d’un système de plus en plus intégré de distribution des produits.
29Comment les foires et leurs agents commerciaux furent-ils affectés par ces éléments ? En ce qui concerne les transactions de marchandises, il y eut peu de différences. Le bétail resta la clé de voûte du commerce de foire, et prit probablement de l’importance par rapport à d’autres marchandises. Bien que les historiens aient pendant longtemps considéré que les foires bénéficiaient de zones commerciales plus étendues que celles des marchés hebdomadaires, les indices concernant les transactions effectuées lors des foires tendent à suggérer que les vendeurs, mais aussi les acheteurs, venaient principalement des alentours. Environ 60 % des vendeurs et des acheteurs aux foires anglaises venaient d’un périmètre inférieur à 25 km, selon six séries de données couvrant la période 1637-1723, et 90 % parcouraient moins de 40 km, ceci représentant des types de commerce immédiatement identifiables pour les spécialistes de l’époque médiévale38 Ces données sont-elles en contradiction avec celles concernant les marchés, précédemment évoquées ?
30Les éléments de preuve doivent être minutieusement rassemblés. D’après ceux-ci, ces types d’événements ne signifient pas la non-existence du commerce intégré et interrégional par l’intermédiaire de ces foires, mais indiquent plutôt qu’il est nécessaire de rechercher les marchands et agents individuels afin de pouvoir prouver le processus d’intégration, ainsi que que ses facteurs. Peter Edwards, dont la monographie sur le commerce chevalin offre une démonstration très précise des itinéraires des foires visitées par les vendeurs de chevaux et en particulier ceux des comtés du centre de l’Angleterre, a joué un rôle précurseur en effectuant des recherches sur ce sujet. Sans son travail assidu de recoupement des données, les agents faisant leur apparition foire après foire, causant un déplacement national des chevaux vers le sud-est du pays par l’intermédiaire des transactions, n’auraient été recensés qu’a titre de simples individus39. La communauté grandissante des intermédiaires a fourni des éléments d’intégration dont on peut, indirectement, observer le fonctionnement dans les marchés de céréales, en examinant le mouvement des prix.
31Ce phénomène n’était pas limité au commerce chevalin. Au moins à partir du XVIIe siècle, une série de transactions mercantiles semblables entraîna le déplacement progressif des bovins et des bovins des bordures orientales de l’île jusqu’aux étals des bouchers du marché Smithfield à Londres. Les négociants ayant une grande activité commerciale visitaient une série de foires, par exemple dans le nord du Pays de Galles, cherchant à acheter le bétail à bon prix, afin de constituer des troupeaux qui prendraient la destination des terres du centre de l’Angleterre, où les éleveurs les engraisseraient avant de les confier à d’autres revendeurs, avec pour destination finale l’abattoir. Avec leurs bourses bien remplies et une réserve considérable d’informations concernant le marché, de tels négociants étaient très puissants par rapport aux pauvres fermiers gallois dont le paiement du loyer dépendait des ventes saisonnières, qui conditionnaient aussi l’obtention des liquidités nécessaires. Eleveurs et négociants exploitaient donc leur position. Pour l’agriculteur, la date de la foire était un élément critique pour les possibilités de vente : en 1704, les hommes de Newborough (Anglesey) considéraient que la foire de cet endroit, qui se tenait le 10 août, arrivait quatre jours trop tard pour attirer les éleveurs voulant vendre à la foire de la saint Barthélémy de Londres, le 24 août40. Ceci dénonce leur très grande vulnérabilité face à la puissance commerciale des agents, comme le confirment d’autres éléments : en 1735, William Bulkeley identifia le fonctionnement des cercles d’éleveurs à la foire de Newborough, ce qui eut pour conséquence la vente, tout en fin de journée d’un grand nombre de bestiaux à prix réduit41.
32Le fait que de telles méthodes « modernes » de commerce aient pu exister malgré la structure « médiévale » des foires met l’accent sur 1’absence générale de réglementations qui caractérisait ces commerces à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle. Très peu de « Piedpowder Courts »42, juridictions spécialisées responsables des foires, semblent avoir fonctionné comme institutions de contrôle après le début du XVIIe siècle. Au XVIe siècle, nous voyons les gouvernements interventionnistes de Marie et Élisabeth chercher à plusieurs reprises à contrôler intermédiaires et agents, symboles réels des nouveaux paramètres du commerce intérieur. La législation de 1555 et de 1589, introduisant un système de taxe sur la vente des chevaux destinée à réduire les risques de vols, fut sans doute la réglementation la plus efficace parmi un grand nombre de mesures. Cette législation, qui correspondait à un besoin de la communauté, survécut pendant une bonne partie du XVIIe siècle, mais guère plus longtemps ; c’est d’ailleurs l’enregistrement de ces taxes qui fournit la majeure partie des informations que nous possédons sur les vendeurs et les acheteurs mentionnés plus haut. Les réglementations, même celles qui fonctionnaient de façon satisfaisante, ne firent qu’une faible apparition dans le XVIIIe siècle, ce qui souligne d’autant plus la liberté pratiquement sans entraves avec laquelle les intermédiaires établissaient des contacts de foire en foire et dominaient le commerce du bétail après 1700.
33Avec de tels changements dans le monde commercial, les foires fleurirent et survécurent, de plusieurs manières, au marché public traditionnel, bien que celui-ci connût de la fin du XVIIIe à la fin du XIXe siècle, une certaine renaissance comme marché de détail des villes anglaises43. Ce n’est qu’après l’avènement du chemin de fer que se produisit la disparition définitive des foires. La mort lente de Weyhill, déjà florissante au Moyen Âge, et qui fut jusqu’à la fin du XVIIIe siècle une foire et une institution commerciale de première grandeur, illustre un phénomène général. Renommée pour son commerce d’ovins, elle rassemblait un grand nombre d’animaux parqués pour la vente. Ce nombre se maintint jusqu’aux années 1860 à un niveau de 50 à 100 000 par foire, après quoi un irréversible et long déclin l’affecta, jusqu’à la dernière vente qui eut lieu en 1950, et à la tentative de restauration de 1959 qui se solda par un échec44. Cette triste histoire fournit l’épitaphe de cette grande institution de l’Angleterre.
V
34Les conclusions de cette étude seront brèves. Après la récession du bas Moyen Âge, la croissance démographique contribua, à la fin du XVe et au XVIe siècle, à relancer l’activité économique de 1’Angleterre et du Pays de Galles, à l’instar du restant de l’Europe occidentale. Formes médiévales traditionnelles du commerce réglementé, la foire et le marché se redynamisèrent en participant à ce renouveau de richesses. Cependant les comparaisons avec la situation du premier XIVe siècle sont trompeuses étant donné que, dans l’intervalle, les types de commerces s’étaient déjà modifiés et que le ravitaillement à longue distance de Londres en viandes et produits agricoles de grande qualité était devenu plus important, dans une perspective de longue durée, que les signes d’autarcie les plus manifestes45.
35En conséquence, la croissance continue et accélérée des villes fut l’un des nombreux facteurs qui permirent à l’Angleterre et au Pays de Galles de se dégager du second cycle néo-malthusien, un cycle autocorrecteur qui entrava le développement économique de la quasi-totalité de l’Europe au XVIIe siècle. Sous des signes d’une apparente similitude, des changements assez fondamentaux intervinrent en matière de productivité agricole, et ce furent l’efficacité et la flexibilité du système de commercialisation qui encouragèrent leur développement. Avec son marché déjà mieux intégré que celui de beaucoup de ses voisins européens en l’absence relative de barrières douanières intérieures, l’Angleterre put faire abstraction des réglementations du marché, et ce peut-être dès les années 1630.
36Cela rendit plus facile l’adaptation des marchés et des foires à la nouvelle situation économique, et, plus particulièrement, cela aida les foires à demeurer un élément déterminant du commerce intérieur, bien après l’avènement du chemin de fer. Les marchés, cependant, se comportèrent de manière différente. Les transactions commerciales se poursuivirent le jour du marché, mais elles se polarisèrent de plus en plus en deux secteurs différents, les comerces de détail et les transactions mineures, d’une part, les commerces de gros, d’autre part, ces derniers se négociant dans des lieux privés et des salles d’auberges, loin de la place publique du marché. Cette tendance est nettement symbolisée par le rythme croissant auquel se construisirent de nouveaux bâtiments sur des emplacements autrefois réservés aux marchés. Les marchés anglais de la fin du XVIIIe siècle réapparurent sous une nouvelle forme, et avec une nouvelle finalité, comme grands marchés de détail des villes en expansion : cette phase atteignit son apogée avec la glorieuse période du verre et du fer forgé des marchés couverts victoriens. Les foires, par contre, survécurent et prospérèrent jusqu’à leur déclin définitif, qui s’amorça dans la seconde moitié du XIXe siècle. Aucune de ces deux institutions ne survécut tout à fait jusqu’au XXe siècle.
Notes de bas de page
1 Le vaste débat sur ces sujets, d’ampleur européenne, est reproduit et résumé dans l’ouvrage de T.H. Aston et Ch.E. Philpin, éd. The Brenner Debate : Agrarian Class Structure and Economic Development in Pre-Industrial Europe, 1985 : Le Roy Ladurie, p. 102, y fait référence aux arguments énoncés ci-dessus.
2 Comme le suggèrent Le Roy Ladurie et J.P. Cooper dans The Brenner Debate, pp. 105-106 et 187.
3 R.B. Outhwaite, « Death and Government intervention in English Grain Markets, 1590-1700 », dans Economic History Review, 2e série, XXXIV, 1981, pp. 389-406.
4 F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVIIIe siècle, 3, Le temps du Monde, Paris, 1979, pp. 269 et suiv.
5 Tableau extrait de J. de Vries, European Urbanization, 1500-1800, Londres, 1984, p. 39. De Vries emploie une définition très restrictive du terme « urbain », désignant uniquement les villes de plus de 10 000 habitants.
6 De Vries donne les chiffres de l’Angleterre et du Pays de Galles, mais dans le tableau 1, j’ai ajouté les chiffres de l’Angleterre seule provenant du travail de E.A. Wrigley, « Urban Growth and Agricultural Change : England and the Continent in the Early Modem Pediod », dans Journal of Interdisciplinary History, XV, 1987, p. 176. Les sources principales de ses estimations en matière de population sont issues de son propre ouvrage et de celui de C. Phytian-Adams, F.V. Emery, J. Patten, et Penelope Corfiefd.
7 Wrigley, People, Cities and Wealth, p. 162.
8 Ces thèmes sont davantage approfondis dans l’étude classique de Wrigley, « A Simple Model of London’s Importance in Changing English Society and Economy, 1650-1750 », dans Past and Present, 1967, reproduite dans People, Cities and Wealth, pp. 133-156, et qui se trouvent développés dans l’étude de J.A. Chartres, « City and Town, Farmers and Economic Change in the Eighteenth Century », dans Historical Research, LXIV, no 154, 1991, pp. 138-155.
9 Peter Clark, « Migration in England during the Late Seventeenth Century and Early Eighteenth Centuries », dans Past and Present, LXXXIII, 1979.
10 Extrait d’un document non publie présenté a la conférence de l’Association pour l’histoire économique, Liverpool, avril 1990 : je suis redevable au professeur Wrigley de m’avoir permis de citer les conclusions de ses recherches.
11 Wrigley, People, Cities and Wealth, tableau 7.4, p. 170.
12 A.B. Appleby, « Grain prices and subsistence crises in England and France, 1590-1740 », dans Journal of Economic History, XXXIX, 1979, pp. 865-887.
13 La plupart de ces commentaires se fondent sur les premières conclusions d’une étude comparative à long terme très intéressante, établissant un lien entre les études médiévales et modernes, par Bruce et Mark Everton.
14 J.A. Chartres, « Introduction » aux « Agricultural Markets and Trade, 1500-1750 », dans Chapters from the Agrarian History of England and Wales, Cambridge, 1990, p. 4. Ces remarques générales ont été avancées par J. Langdon, Horses, Oxen, and Technological Innovation : the use of Draught Animals in English Farming from 1066-1500, Cambridge, 1986 : recherche mise à jour par B.M.S. Campbell, « Towards and Agricultural Geography of Medieval England », dans Agricultural History Review, XXXVI, 1988, pp. 87-98. On trouvera un excellent exemple d’un très riche commerce de viande de longue distance à la fin du Moyen Âge dans l’étude de Mark Bailey, « The Rabbit and the Medieval East Anglian Economy », dans Agricultural History Review, XXXIV, 1986, pp. 1-20.
15 A.M. Everitt, « The Marketing of Agricultural Produce », extrait de l’ouvrage de Joan Thirsk, éd., The agrarian History of England and Wales, TV, 1500-1640, Cambridge, 1967, reproduit dans l’ouvrage de Chartres, éd. Agricultural Markets…, pp. 47 et suiv.
16 P. O’Flanagan, « Markets and fairs in Ireland, 1600-1800 : index of economic development and regional growth », dans Journal of Historical Geography, XI, 4, 1985, p. 364-378 : et D.M. Dickinson, « Long terme Trends in the Irish Cattle Trade », document non publié, présenté au 9e Congrès international d’histoire économique, Berne, 1986.
17 Ce sujet est abordé ultérieurement, dans la section III de cette contribution.
18 Superposition des cartes extraites de l’ouvrage d’Everitt, Marketing, pp. 17, 19, 22 : je remercie Mme Mc Dermott d’avoir fait la synthèse de ces trois cartes.
19 O’Flanagan, op. cit., pp. 365-366.
20 La Commission Royale a dressé la liste des foires de l’Angleterre et du Pays de Galles à partir de la 3e édition d’Owen, de 1796 : la présente analyse, ainsi que celle de P.R. Edwards, The Horse Trade of Tudor and Stuart England, Cambridge, 1988, utilise la première édition, Londres, 1756.
21 Sous la directions des Drs Derek Keene et Richard Britnell.
22 Chartres, « The Marketing of Agricultural Produce », dans l’ouvrage de Joan Thirsk, éd., The Agrarian history of England and Wales, V,I ii, Cambridge, 1985, reproduit dans l’ouvrage de Chartres, éd. Agricultural Markets and Trade, p.171-193 : O’Flanagan, « Markets and fairs », p. 373.
23 Chartres, Agricultural Markets, pp. 171-175, fournit les cartes des subdivisions à une plus grande échelle, avec une liste détaillée des sites, s’inspirant de l’analyse de William Owen, Owen’s Book of Fairs, Londres, 175.
24 Voir l’étude d’Ellen Wedemeyer Moore, The Fairs of Medieval England : an introductory Study, Toronto, 1985.
25 Margaret Spufford, Small Books and Pleasant Stories : Popular Fiction and its Readership in Seventeeth-Century England, London, 1981, pp. 124-126.
26 Révisé par Chartre, Agricultural Markets, pp. 187-188.
27 Ibid., pp. 189-190.
28 Edwards, Horse Trade, pp. 64-66.
29 Owen, Book of Fairs, passim, répertorie seulement 30 locations de main d’oeuvre se déroulant en septembre et octobre : Ann Kussmaul, Servants in Husbandry in Early Modem England, Cambridge, 1981, Annexe 4, pp. 150-163.
30 Stephen Caunce, Amongst Farm Horses : the Horselads of East Yorkshire, Stroud, 1991.
31 Cet élément est suggéré par les recherches de Paul Glennie, « Continuity and Change in Hertfordshire Agriculture, 1550-1700, I et II », dans Agricultural History Review, XXXVI, 1988, pp. 55-75,145-161.
32 Arthur Young, General View of the Agriculture of the County of Norfolk, London, 1804, p. 490 : J. Bailey et G. Culley, General View of the Agriculture of the County of Northumberland, 3e éd., London, 1805, p. 175.
33 Somerset Ro, « Memoirs of Mr John Cannon », DU/SA 5C/1193, p. 206.
34 Extrait de Chartres, Marketing…, pp. 164-166.
35 Inspiré en grande partie de Chartres, Marketing…, et des éléments auxquels il fait référence dans ce livre.
36 E.P. Thompson, »The Moral Economy of the English Crowd inthe Eiteenth Centur », dans Past and Present, L, 1971 : Chartres, « Cities and Towns… », p. 154 : et W. Thwaites, « Dearth and the marketing of agricultural produce : Oxfordshire, c.1750-1800 », dans Agricultural History Review, XXXIII, 1985.
37 Les travaux de Chartres, Marketing…, et « Cities and Towns… », abordent ce sujet en détail.
38 Chartres, Marketing…, p. 191.
39 Edwards, Horse Trade…, spécialement pp. 77-104.
40 UCNW MSS, Baron Hill, 1708, 1704, 1705, 1715 (1703-4).
41 UCNW MSS, Henblas A 18, Journal de Bulkeley, 15 septembre 1735.
42 Dérivé du latin pede-pulverosus, « pied-poudreux ».
43 Sujet traité dans une monographie récente et importante du regrette Roger Scola, Feeding the Victorian City : the Food Supply of Manchester, 1770-1870, 1992.
44 A.C. Raper, Weyhill Fair, « The greatest fair in the kingdom », Buckingham, 1988, pp. 96-97.
45 La nouvelle étude de D.L. Farmer, « Marketing the Produce of the Countryside, 1200-1500 », extraite de Edward Miller, éd., The Agrarian history of England and Wales, III, 1348-1500, Cambridge, 1991, fait état d’éléments très intéressants sur ce sujet.
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