Belles foires et marchés du Berry xive-xvie siècle
p. 85-103
Texte intégral
« En la dite ville (de Dun-le-Roi) y a marchez et bonnes foyres franches, où abordent les Bourbonnoys, Berruyers et Limosins… »
1Pour se rendre au marché de Vatan, en 1365, deux pauvres valets laboureurs, Étienne Chapitre et Guillaume Fougereul eurent la funeste idée de partir de nuit… « pour doubte des gens d’armes qui estoient ou pays et gastoient et robaient ledit pays »… Il est bien connu que les brigands ne courent les chemins qu’en plein jour, au su et au vu des populations. Pris pour ceux qu’ils voulaient éviter – ou imiter, qui sait-, menacés et poursuivis sur leur route par un habitant d’un des village traversés, ils jetèrent l’importun dans un puits. Leur malheureuse aventure est racontée dans une de ces lettres qui font la joie des amateurs de fait divers médiévaux1. La suite de l’affaire importe peu ici, ce qui m’intéresse c’est le marché où se rendaient nos lascars : leur lieu de résidence n’est pas donné, ils sont partis « de leur maison où ils demouraient », mais la rencontre avec leur tourmenteur-victime se fit à Vouhet2, à plus de 8 km de Vatan, et l’épisode final de la dispute mortelle eut lieu aux portes mêmes de la ville3. De fait, sans ce texte, nous ne saurions pratiquement rien du rôle que ce marché hebdomadaire continuait à jouer pour les paysans, même en temps de guerre.
2Appartenant pour partie aux chanoines de Saint-Laurian, et à la famille de Saint-Palais4, les foires et marchés de Vatan ne sont pas des espaces « francs », aussi ne sont-ils pas notés dans les descriptions historiques du Pays de Berry, mais ce n’est pas pour autant que les paysans ne s’y rendaient point.
3Le premier tableau que l’on peut dresser des foires et marchés berrichons nous est offert par les géographes du XVIe siècle, Jean Chaumeau5 et Nicolas de Nicolay6. Tous deux parcoururent, intellectuellement sinon en tous lieux physiquement, la province de chef-lieu en chef-lieu, et prirent note des foires et marchés qui seraient, aux dire de ceux qui les renseignaient, dotés de franchises7. Ces réunions étaient donc, théoriquement, moins grevées de charges et par conséquent plus avantageuses à la fois pour les marchands et les chalands…
4À en croire ces textes, vingt et une ville du Berry auraient reçu le bénéfice d’un marché hebdomadaire (ou bi-hebdomadaire) et d’une ou plusieurs foires franches. On trouve bien évidemment dans cette liste tous les sièges de ressorts royaux comme Bourges, Vierzon, Issoudun, Mehun, Dun-le-Roi, et même Concressault, dont certains avaient connu la création de foires alors qu’ils n’étaient pas encore du domaine8. Figurent également les châtellenies traditionnelles : Argentan, Sancerre, Les Aix et la Chapelle d’Angillon, Châteauneuf, Lignières, La Châtre, Le Châtelet, Boussac, Châteaumeillant car ces privilèges de franchises marchandes demeurent des traces évidentes du pouvoir des grandes familles châtelaines des XIIe et XIIIe siècles, les Blois-Sancerre, les Sully, les Culant et les Chauvigny, – même si Châteauroux ne reçut de Charles VII, à la demande de Guy II de Chauvigny, ses foires et marchés qu’en 1432. La Thaumassière avait déjà souligné le rôle des seigneurs et la relation entre les privilèges de foire et les franchises9. Enfin, on rencontre quelques lieux plus inattendus à première vue : Bommiers, Montfaucon, Sainte-Sévère. Ils sont en fait le reflet de l’expansion des familles seigneuriales de la fin du Moyen Âge. Les La Trémoïlle ont obtenu en 1484 de n’avoir pas moins de quatre foires dans la petite seigneurie de Bommiers, la seule qu’ils possédaient en Bas-Berry10 ; un souci semblable aurait amené les comtes de Sancerre, comme ils le tentèrent d’ailleurs pour leur terre bourbonnaise de Meillant, à attirer à Montfaucon neuf foires annuelles11, encore était-ce en relation de proximité avec leur seigneurie de Baugy ; Louis de Sancerre, pour sa part, réussit à provoquer à Sagonne à partir de 1383-1384 l’institution de quatre foires ainsi que d’un marché hebdomadaire, certainement en récompense de ses exploits militaires mais également en compensation de sa modeste dotation de cadet12. On peut simplement se demander si ces fondations ont eu réellement un résultat autre qu’une satisfaction d’orgueil nobiliaire, si ces foires étaient autres choses que des marchés un peu plus importants que les rencontres coutumières des paysans et négociants du crû.
5Ainsi, la géographie des foires berrichonnes du milieu du XVIe siècle reflète-t-elle la situation féodale de la fin du Moyen Âge, répartition qui coïncide également avec les zones de peuplement, c’est-à-dire que gens et échanges se regroupent soit en périphérie de la province : Pays fort, et Boischaut (du sud), soit sur les voies traditionnelles de circulation, de l’Orléanais au Bourbonnais par Vierzon et Bourges, ou la route du Limousin par Argenton enfin la voie secondaire du Poitou, par Issoudun13 (carte I).
6Au hasard des textes d’autres lieux de foire que ceux des géographes officiels apparaissent. Faut-il penser qu’ils ne sont pas « francs » ? Les chartes de franchises qui nous les signalent parfois, insistent pourtant sur les protections accordées aux transactions, ainsi à Lury-sur-Arnon, Châteauneuf-sur-Cher, Selles-sur-Cher. Ces lieux considérés comme secondaires ne possèdent en général qu’une ou deux foires annuelles : deux à Jars en Pays fort14, à Mezières-en-Brenne15, à Saint-Palais sur la route Bourges-Paris, celles-ci au bénéfice de l’archevêque16. À Genouilly et à Graçay, elles furent installées assez tôt par la famille de Graçay17, mais nous ne les connaissons guère qu’après l’acquisition de la seigneurie par Jean de Berry18. Vatan avait, au moins sa foire aux chapons du 18 novembre19. Il n’est pas jusqu’à la mystérieuse ville « disparue » de Venou qui n’ait eu ses trois foires20. Enfin, quelques textes, entre autre les dénombrements de fiefs, permettent de repérer des foires dont la documentation ne permet pas de préciser si elles avaient des correspondantes à d’autres dates au même lieu. Dans la plupart des cas elles prennent place dans des seigneuries de moyenne importance, soit tenues par des branches cadettes (le Lys Saint Georges21, Sainte-Sévère, Saint-Brisson, Vesdun,22 Cluis dessus…), soit dans des bourgs dépendants de plus vastes ensembles dotés déjà de foires (Boulleret23, Charpaigne et Dampierre-en-Crot24 en Sancerrois, ou Anjoin dans la baronnie de Graçay). Ces foires annuelles ou bisannuelles viennent en fait renforcer les échanges dans les régions déjà desservies, accentuent l’impression de vide des Champagnes berrichonnes et confortent l’étroite liaison de la domination sociale et de l’activité économique25. Comment faire en tous ces coïncider ces quelques remarques avec les théories, appliquées certes pour des périodes postérieures, sur la géographie des lieux d’échanges26 ?
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7À en croire nos descriptions du XVIe siècle, l’activité était intense, toutes ces foires attiraient quantités de produits, de marchands et d’acheteurs : tout au long de l’année il était possible de « faire grand trafique et négociation ». En faisant la récollection des différentes dates qui nous sont connues27, on peut constater que les saisons se valent presque : il y a en moyenne huit à neuf foires chaque mois à l’exception du mois de décembre qui n’en connaît que quatre, avec, en compensation, les importants rassemblements de Bourges à la saint Ladre (le 17, saint Lazare) et de Dun-le-Roi pour la saint Thomas (le 2). À l’inverse, la période de Pâques, à la fin de l’hiver connaît une animation particulière : les Rameaux (Pâques fleuries), la Saint-Marc, la Saint-Georges marquent les mois de mars et avril. Les foires semblent battre leur plein en mai et juin, rattachés aux fêtes de Pentecôte et de la Trinité d’une part et au solstice d’été de l’autre (Saint Jean-d’été et Saint-Pierre-Saint-Paul). En juillet, il faut attendre la fin des foins et des moissons et les célébrations en l’honneur de Sainte Madeleine (le 22) et de sainte Anne (le 26). Après un temps occupé aux récoltes, les échanges reprennent au cours de la seconde quinzaine d’août (entre la Saint-Symphorien le 22 et la Saint-Fiacre le 31). Le terme traditionnel de la Saint-Michel aux derniers jours de septembre se trouve prolongé au début d’octobre jusqu’à la Saint-Denys (9 octobre). L’automne n’est pas une saison propice aux déplacements des paysans retenus par les travaux des champs, et les foires rurales ne se tiennent pas au fort des vendanges et des labours, ainsi, entre la Saint-Denis et la dernière semaine de novembre (Saint-André), les fêtes de la Saint-Martin semblent être plus urbaines (Bourges). Le calendrier berrichon est finalement bien classique, le sanctoral respecte les rythmes agraires, avec simplement quelques fantaisies locales pour la fixation des quantièmes : saint Biaise, patron des tondeurs (3 février) est préféré à la Chandeleur pour les créations de la fin du Moyen Âge (Châteauroux, Vierzon) en raison sans doute de la « folie du mouton » qui s’est emparée du Berry. Quelques manifestations sont plus nettement patronales : Saint-Georges-sur-Arnon et le Lys-Saint-Georges tiennent leur foire annuelle le 23 avril, Saint-Satur le jour de la dédicace de son église. L’archevêque de Bourges a fixé à la Saint-Palais (le 10 mai) l’une des deux manifestations annuelles du bourg du même nom, l’abbaye de Saint-Gildas près Châteauroux a, naturellement, choisi le 30 avril. Vierzon consacre à ses foires deux fêtes de saint Pierre, l’apôtre était le patron du monastère autour de laquelle la ville s’était principalement développée28. Subtilement, Maray, dépendance du chapitre de Sainte-Croix d’Orléans, avait dû marquer sa sujétion par le choix de la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre)29. Bourges, en ce domaine, manifeste une certaine originalité qui distingue nettement la capitale de la province, avec ses prérogatives tout à fait urbaines, des autres villes qui, il faut bien le dire, sont essentiellement des bourgs un peu plus complets que les autres. Six foires pour Bourges, trois rattachées aux saints fondateurs de l’église des Bituriges dont trois importants monastères ou chapitres portent les noms : saint Oustrille (25 mai), saint Ambroix (16 octobre)30, saint Ursin (9 novembre), cette dernière date permettant de faire ce que nous appelons aujourd’hui un « pont », avec la foire peut-être plus ancienne encore, placée sous les auspices de saint Martin.
8Ainsi les foires du Berry arrivaient-elles à combiner de façon adroite les exigences du calendrier agricole avec la satisfactions des particularismes paroissiaux.
9Les marchés de leur côté se tenaient à jours fixes, mais rares sont les textes qui permettent de déterminer lesquels ! Par exemple la lettre de rémission citée plus haut ne nous donnait pas de précision en ce qui concerne Vatan. Les quelques recoupements qui ont pu être faits montrent que le jour le plus répandu est le samedi. Aubigny, Vierzon, Sainte-Sévère, comme Bourges, Châteauroux et Sancerre consacrent ce jour au marché, et l’on voit dans les comptes seigneuriaux que le samedi est chômé pour les travailleurs des vignes du Sancerrois ce qui leur permettait de se rendre en ville, et quand, en 1298, Jean 1er de Sancerre avait accordé aux habitants de Beaulieu-sur-Loire un marché hebdomadaire, il avait été précisé que ce dernier ne saurait se tenir le même jour qu’à Sancerre, c’est-à-dire le samedi31. C’est un souci semblable de garantir une certaine activité qui amena Charles VII quand il institua en 1447 dans cette seigneurie le marché du lundi, à interdire tout marché à deux lieues autour de Nançay. Faute d’une quantité suffisantes de données il est difficile de dresser une statistique, le vendredi est cependant absent des jours d’échange de denrées et de manipulations monétaires, on peut voir qu’il en était de même quand les foires étaient fixées à un jour précis de la semaine, transformant parfois le marché hebdomadaire en rassemblement de plus grande envergure (annexe II). On peut le constater par exemple à Boussac, où trois des quatre foires remplaçaient un jour de marché ordinaire. Qu’en était-il quand la fête à laquelle était rattaché une foire tombait le jour de la mort du Seigneur ? On fermait vraisemblablement les yeux devant la transgression d’une coutume qui semble voir été locale et ne subsiste plus à l’époque contemporaine32.
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10Les descriptions du XVIe siècle se plaisent à relever les excellentes conditions matérielles qui caractérisent les villes et bourgades qui accueillent les foires : Sancerre a des « halles grandes et spacieuses » qui offrent leur couvert pour déployer les marchandises, les Aix ont des halles « fort grandes et larges », quant à Issoudun – on notera les efforts de style de J. Chaumeau – il s’y trouve des lieux propices « que vulgairement on appelle halles ». La Châtre se distingue par l’ampleur de sa place du marché au milieu de laquelle se dressent les halles de la boucherie. L’attention portée à ces édifices montre que dans les agglomérations modestes ces bâtiments réservés à la protection et aussi à la surveillance des marchandises n’étaient pas choses si courantes : des halles à Châteauroux, non encore signalées comme élevées par Chaumeau, étaient promises aux drapiers par l’acte de fondation ; à défaut le seigneur de Chauvigny avait garanti de fournir du « bois pour faire [leurs] loges et étaulx à chacune foires et marchés »33. À la fin du XVIIIe siècle La Thaumassière rappelait encore qu’à l’origine de Saint-Amand, alors en Bourbonnais, il y avait une place où se tenaient les foires du seigneur d’Orval, sur l’autre rive du Cher, « et où l’on avait bâti quelques maisons, boutiques et échoppes pour la commodité des marchands »34. À Aigurande, ce sont les habitants qui s’engagent en 1475 à favoriser une construction35. Les halles sont donc en Berry, à la fin du Moyen Âge encore rares et leur édification est un acte de foi en la vigueur des transactions à venir, même au plus fort de la guerre. C’est ainsi qu’il faut interpréter la réorganisation du foirail de La Châtre vers 1430 quand les foires et marchés furent déplacés du cimetière vers l’espace nouvellement protégé entre les murailles anciennes et les neuves, lieu et place « public », devant la halle de la boucherie36.
11Les foires d’Argenton sont caractéristiques de la pérennité des lieux d’échange antiques : la première avait lieu le 22 août dans la ville, mais celle de la fin septembre se tenait à Saint-Marcel, l’Argentomagus de l’antiquité. Il semble bien que celles d’Orval, qui devaient donner naissance à Saint-Amand-Montrond aient pu trouver leur origine dans le lieu antique de Drevant. Il y a déjà un demi siècle que R. Crouzet avait relevé la particularité de la foire de Maray qui se tenait dans une prairie tout à fait hors du village37.
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12Il est pratiquement impossible de mesurer, tant qualitativement que quantitativement, le trafic qui pouvait passer aussi bien par les foires que par les marchés : nous n’avons pas de registres de loydes (droits sur les marchandises) et la plupart des chiffres sont globaux et qui plus est représentent en général les adjudications de ferme des revenus seigneuriaux. Il faut en revenir encore aux généralisations de nos deux géographes du XVIe siècle pour comprendre quelles sont les transactions qui paraissaient fondamentales à leurs yeux. En ce qui concerne les produits agricoles, on voit assez nettement que le bétail (aussi bien le gros que le « menu ») est présent en Pays-fort (Sancerre) et dans la bordure sud (Lignières, Argenton38, Boussac, Le Châtelet), régions de prairies où le bocage a commencé à se renforcer, sinon même à se former, à la fin du Moyen Âge. Ce gros bétail, nous le retrouvons également en Boischaut du nord : en juin 1372 le receveur de Jean de Berry acheta à la foire de Vierzon dix « bœufs arables » afin de remonter une des métairie de la seigneurie de Graçay39. Pour les produits du sol, il faut distinguer les régions productrices et celles qui reçoivent « d’autres lieux plus fertiles de Berry »40 les denrées indispensables. Sancerre vend du vin, Boussac et La Châtre en reçoivent, les vignes locales étant insuffisantes, cela ne veut pas dire que les tavernes du sud berrichon servent des vins de la Loire, leurs achats venaient sans doute de la vallée de la Creuse, autour d’Argenton. Issoudun est un marché où se vendent des blés, ceux de la champagne berrichonne eux aussi revendus à la périphérie de la province. Enfin viennent les laines, ce que nos géographes appellent « lanifices » : Bourges qui en reçut ses armes, Châteauroux où les règlements font de 40 toisons la base d’imposition41, Vierzon, Aubigny, et à un moindre degré Sancerre, reçoivent les toisons fournies par les bergeries aux centaines de têtes. Les produits fabriqués échappent pour la plupart à nos recenseurs, ceux-ci ne semblant s’intéresser qu’à ce qui sort du sol de la province. Les draperies étaient commercialisées à Bourges et Châteauroux, on ne saurait affirmer que ce fût au profit des seuls revendeurs et chalands urbains, à Sancerre et Aubigny on peut affirmer qu’elles étaient offertes aux rustres.
13À ces produits, Chaumeau ajoute avec une sorte de délectation gourmande les merveilles que la sauvagine des forêts permet d’apporter aux tables bourgeoises, sans doute a-t-il fréquenté le marché des Aix-d’Angillon, proche de sa résidence berruyère et a-t-il enregistré les proies offertes aux étalages : « [on y trafique] de toutes matières de victuailles comme lièvres, levrau, conils, lappins, hérons, butors, aigrettes, plongeons, oyes, oysons, cannes, canards sauvages et domestiques, sarcelles, ioudelles, poulies de rivères, poulies, chapons, perdrix, bécasses, grives, merles, pluviers, allouettes et toutes espèces de voletailles… »42. Sans doute le caractère fort aristocratique et un peu mécanique de l’énumération (faute de grives on mangera des merles…) prête-t-il à sourire, mais l’abondance des noms reflète sans doute l’impression de variété éprouvée devant les beaux tableaux de chasse solognots proposés à la vente. Avec un peu moins de verve, une liste voisine est évoquée pour La Châtre, preuve encore de l’impression de plus grande richesse qu’offraient les « pays » où se mêlaient bois et prairies43.
14Mais nos géographes ne voient et ne citent pas tout. Bien d’autres produits et artefacts étaient disponibles sur les étaux et sous les halles, sans que l’on puisse en évaluer aucunement la quantité. Quelques listes permettent d’aborder les principales denrées susceptibles de passer sous les yeux des acheteurs, elles présentent à la fois un caractère idéal puisqu’elles visent à une certaine exhaustivité, et dans le même temps elles sont bien le reflet de ce que des clients auraient aimé trouver sur le champ de foire. Une première liste est la Pancarte des droits du roi à Vierzon44, une seconde est celle qu’ont dressée les merciers du Berry et le procureur de Guy de Chauvigny après la création du marché et des foires de Châteauroux en 143245, on pourrait en trouver bien d’autres encore, ainsi dans les coutumes locales de Châteauneuf-sur-Cher46. Les points communs à ces listes sont nombreux, même en enlevant les marchandises de base que nous avons déjà évoquées (blés, cheptel, laines, vin, draps), et on y trouve en particulier les garnitures de lit (couettes, couvertures et coussins), le fer et objets de fer et d’acier, les futailles et bois à cuves, les paniers et osiers, et les matières grasses : huile, poix, graisse. Le caractère original de Vierzon réside ici dans la mention détaillée des poissons frais d’une part (saumons, aloses et lamproies), ou de conserve d’autre (seiches et harengs). Les particularités de Châteauroux étaient, par comparaison, les roues et meules de moulin, et tout ce qui touche à l’habillement : linge, pelleterie, chapellerie et friperie. Il ne faudrait pas en conclure qu’on ne trouvait de quoi se vêtir ailleurs…
15Les listes destinées à la perception des aides dues au seigneur à Châteauroux montrent également les différences entre les simples marchés et les foires : les taxes des secondes sont doubles des premières dans la plupart des cas, mais certaines denrées ne sont taxées qu’en raison de leur présence en foire : les poteries de terre, les « fer, acier, batterie d’airain et autre métal », les futailles, roues de charrettes et douves de tonneau. La présence de ces équipements particuliers de préférence lors des assemblées fériales, semble être confirmée par les comptes de Sancerre : en 1340, quand le receveur achète les couteaux destinés à l’aîné des garçons du comte, c’est à la foire Saint-Gilles47. À Vierzon, le receveur de Jean de Berry pour Graçay ne s’est pas contenté d’acheter des bêtes de labour, il a également fait l’acquisition de deux charrettes, de l’équipement complet d’une charrue et d’un araire « et autres garnisons neuves à faire labourage »48, cela signifie bien que la foire était alors le lieu des expositions des équipements modernes et aussi celui où pouvaient s’exercer des comparaisons entre les marchandises et des concurrences tant en qualité qu’en prix.
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16D’où venaient marchands et marchandises ? Aux marchés, essentiellement les « marchands et paysans de toutes les villes châtellenies et paroisses circonvoysins », ainsi que Chaumeau nous le rappelle pour ce marché des Aix qu’il semble si bien connaître. Le compromis de Châteauroux nous précise que les merciers du Berry seront obligés de se rendre aux foires et marchés de cette ville si, étant à cheval, ils s’en trouvent éloignés de moins de cinq lieues, et « s’ils sont de pied » à moins de trois lieues. Les deux valets de Vatan dont nous ignorons s’ils étaient vendeurs ou acheteurs répondaient au second cas de figure. On retrouve ici les distances considérées dans le monde d’ancien régime comme les limites de « rentabilité » du déplacement49.
17Les plaidoyers destinés à soutenir la fondation d’un marché ou d’une foire, les règlements visant à protéger les artisans insistent, tout comme les auteurs des descriptions panégyriques du XVIe siècle, sur l’attrait qu’exercent ces activités en dehors de la province. En 1488 à Châteauroux, les drapiers cherchent à contrôler l’excellence du travail des tisserands du plat pays sous le prétexte que l’affluence des marchands de Limousin, Auvergne, Marche, Savoie, Italie et pays lointains facilite l’introduction de draps de médiocre qualité au sein des productions de qualité de la ville50 D’autres provinces viennent également, nous dit-on, ceux qui fréquentent les foires et marchés d’Aigurande (Berry, Saintonge et Limousin), ou de Dun ; c’est bien également ce qu’avaient espéré, mais à une bien autre échelle, les gens de Bourges en essayant de maintenir, après 1484, le glissement des foires de Lyon vers la capitale du Berry, en vain. Le rayonnement interrégional du Berry demeurait des plus modestes et si l’on en peut juger avec quelques exemples concrets, et non avec les désirs des édiles ou les illusions des polygraphes, les bourgs et petites villes ne drainaient guère au delà des cinq lieues déjà évoquées. Quand, au milieu du XIVe siècle, les receveurs des comptes de Sancerre achètent à la foire de la Saint-Gilles des fourrures ou des robes pour leurs maîtres c’est à des marchands de Cosnes (11 km) ou de la Charité (21 km) qu’ils ont affaire51. Et la mention d’achat à la foire de la Saint-Sylvain à Genouilli, de douze pourceaux à engraisser pour l’hôtel de la duchesse de Berry à Mehun, nous montre que plusieurs des vendeurs y venaient tout bonnement depuis la baronnie de Graçay (8 km). On voit d’ailleurs à cette occasion également que le valet chargé de la transaction n’a pas eu besoin de moins de sept vendeurs, pour arriver à sa douzaine de porçins et que le prix de ces bêtes (20 à 38 sous pièce) variait presque du simple au double52.
18Ce serait donc à un constat de médiocrité de l’aire d’attraction de ces foires et marchés ruraux du Berry auquel nous arriverions, démentant l’optimisme des descriptions officielles. Une nuance s’impose : nous ne possédons peut-être pas tous les éléments pour en juger et on ne saurait être trop prudent. En effet, les textes ne nous donnent que rarement les moyens de compter les marchands forains présents aux foires et marchés ruraux, or dans les cas où ces dénombrements sont possibles on peut éprouver quelques surprises. Lors des deux premiers exercices du receveur du duc Jean à Graçay, le chapitre des redevances de foires a été particulièrement développé53. La foire de la Saint-Sylvain à Genouilli accueillit en 1372 trente-cinq merciers et marchands de chandelles, dont huit femmes, six drapiers à étaux payant un sou et vingt-et-un autres drapiers, tanneurs et fourreurs ne payant que trois deniers, quarante-et-un « panetiers et femmes, marchands d’aulx et de oignons »54, deux ta verniers vendant le vin en charrette, deux marchands de bourses55, un de cercles de futailles, soient cent onze marchands ayant acquitté les droits des trois jours de foire. L’année suivante, les merciers étaient également trente-cinq, mais il n’y a que six noms communs avec la liste précédente, seuls deux drapiers sont revenus et ont dressé leurs étaux56, tandis que des trente-trois autres se contentant d’un espace à prix réduit, deux étaient déjà présents l’année passée, quarante-et-un panetiers, tous nouveaux, compensaient l’absence des boursiers et des marchands de cercles. Finalement, en 1373 on pouvait trouver cent dix-sept forains, mais avec un taux de renouvellement de plus de 90 %. Deux remarques paraissent s’imposer, dont la première est que le champ de foire de Genouilly devait être, tout au moins ces deux années-là étonnamment bien rempli. N’oublions pas pourtant que nous avons affaire à une bourgade qui comptait en 1565 deux cent seize feux57. Dans ces conditions cet afflux de commerçants est entièrement à mettre sur le compte de l’attrait nouveau qu’a dû représenter la prise de possession par le duc de cette terre où un château pouvait accueillir le nouveau maître et où ce dernier semblait avoir l’intention de faire des travaux d’aménagement. Les résultats ne durent pas être entièrement à la hauteur des espérances, si l’on en juge par le taux de remplacement des marchands d’une année sur l’autre. Hélas pour nous, le receveur se lassa de dresser des listes nominatives et désormais les redevances de foires du lieu furent mises aux enchères, comme les autres rentes « muables ».
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19Faute de mercuriales, il est impossible de mesurer les prix des denrées telles qu’ils se présentaient dans les foires et marchés, il est également malaisé de retracer l’évolution générale de l’activité des échanges, néanmoins certaines tendances, dans le long terme sont décelables à travers les comptabilités seigneuriales.
20À Sancerre, le comte percevait les droits de la foire « Neuve » du 4e lundi après Pâques), et jusqu’au troisième tiers du XIVe siècle, ceux de la foire de la Saint-Gilles. À Graçay, le duc, puis les chanoines de la Sainte-Chapelle de Bourges, ceux des foires de Genouilly (jusqu’en 1407), de Graçay et d’Anjoin. Malgré les lacunes, il est ainsi possible de suivre les chiffres absolus du rapport des foires au moins pendant tout le XVe siècle, et également de voir la place que ce revenu tient dans les recettes.
21À Sancerre, les droits de foire de la Saint-Gilles qui rapportaient entre quatre et cinq livres annuelles au début du XIVe siècle, furent donnés à la maladrerie de la cité à partir de 1376-1377, à charge pour l’hôpital de reverser au comte une rente de 16 livres, somme qui n’apparaît plus après 1470. En revanche, la foire Neuve continua de figurer dans les relevés. Les chiffres malgré les importantes lacunes montrent trois choses : d’abord, les revenus des foires ont subi par deux fois une dégringolade spectaculaire, une première fois au milieu du XIVe siècle en chutant de 301t. aux environs de 101 t., ensuite dans les années 1420, en passant de 151 t. à une seule. Cela n’est pas une découverte et correspond à ce que l’on sait des fluctuations françaises de la fin du Moyen Âge. Ensuite, ce qui ne représente pas non plus une révélation, les reprises n’ont pas, dans les deux cas permis de retrouver les chiffres d’avant les désastres. S’il y a reprise en 1375 et 1400, elle ne parvient pas même au niveau des plus mauvaises années du début du XIVe siècle ; et la reconstruction d’après la guerre de Cent Ans ne manifeste qu’un relèvement, en se tenant autour de 7 à 81 t. La dernière chose à noter est la place ténue que ces foires tiennent dans l’ensemble des revenus comtaux. Au moment où les chiffres absolus nous semblent les plus favorables, soit avant la guerre, la peste et les malheurs du milieu du XIVe siècle, les droits de foire ne représentaient déjà que 1 % des revenus comtaux ; après les conflits ils ne parviendront pas à dépasser 0,9 %, et se tiendront en général aux alentours de 0,7 % entre 1450 et 1500. Finalement, la seule période où les foires semblent avoir vraiment participé à l’effort de remise en ordre économique de Sancerre se situe dans les années 1375-1395, quand leur apport aux recettes a atteint 3,6 % (1377) et même le record de 8,4 % (1392).
22Le schéma proposé par Graçay ne peut être entièrement superposé au précédent, d’abord parce que nos sources commencent avec un demi-siècle de retard sur le cas envisagé plus haut et ne permettent pas de prendre la mesure de la première crise. Nous prenons les foires au moment où le Berry se libère des routiers et des Anglais, offrant ainsi un champ plus libre aux transactions. En revanche nos données sont plus cohérentes et moins lacunaires, elles permettent en particulier de faire des moyennes décennales du rapport des fermes de la foire de Graçay58. On constate ainsi le maintient de l’activité des foires de Graçay, après un coup de fouet assez bref, apporté par la prise en main des officiers du duc, à un niveau à peu près constant entre 1380 et 1430. La crise, alors même que la situation du « roi de Bourges » s’améliore, est sévère, les revenus des foires chutent des deux tiers. Ce que montrent, en outre, les registres c’est que le marasme des échanges se prolonge jusque vers 1480 et que la reprise demeure modeste. Le pourcentage dans les revenus ne cesse de décroître passant de 1,1 % à 0,6 % entre 1380 et 1440, et au moment de la reconstruction, particulièrement exemplaire sous la férule des chanoines, les foires de Graçay ne comptent plus que pour 0,08 % des recettes, autrement dit, rien.
23Le Berry médiéval ne brille guère par l’activité de son négoce rural, les foires et marchés de ses petites villes et bourgs sont à l’usage modeste d’une clientèle qui n’y satisfait que des besoins indispensables et médiocres. Le véritable marché qui est celui des laines, du vin et des blés se situe à Bourges, sans doute, mais surtout hors du circuit des places et des halles. Les négociants s’entendaient directement avec les décimateurs, les receveurs seigneuriaux et les gros exploitants pour acheter dans les greniers les caves et les bergeries les produits qui faisaient la richesse rurale des pays de Berry59.
Annexe
Annexe I. Calendrier des foires en Berry (XIVe-XVIe siècles)
(M = date mobile)
Janvier | 1 | Châteaumeillant | le premier de l’an |
5 | La Châtre | veille des Rois | |
10 | Montfaucon | saint Guillaume | |
14 | Aubigny | saint Hilaire | |
18 | Montfaucon | Chaire de saint Pierre | |
Vierzon | saint Pierre | ||
Châteauneuf | saint Leobon (Libert) | ||
22 | Dun | saint Vincent | |
25 | Issoudun | saint Paul | |
Février | 1 | Sagonne | veille de la Chandeleur |
3 | Châteauroux | saint Biaise | |
Le Châtelet | “ | ||
Châteauneuf | “ | ||
Concressault | “ | ||
Vierzon | “ | ||
24 | Montfaucon | saint Matthias | |
M | Aubigny | Brandons (mercredi des cendres) | |
M | Mehun | Brandons | |
M | Châteauroux | lendemain des Brandons | |
Mars | M | Issoudun | lundi de la mi-carême |
M | Dun | samedi quinzième jour avant Pâques | |
Mars/avril | M | Sancerre | samedi de Pâques fleuries |
M | La Châtre | " | |
M | Lignières | lundi de Pâques fleuries | |
M | Boussac | lundi après les Rameaux | |
Avril | 23 | Saint-Georges/Arnon | saint Georges |
Lys-Saint-Georges | “ | ||
24 | Issoudun | vigile de saint Marc | |
25 | Montfaucon | saint Marc | |
Le Châtelet | “ | ||
30 | Saint-Gildas | saint Gildas | |
Avril/mai | M | Sancerre | quatrième lundi après Pâques |
M | La Chapelle d’A. | cinquième jeudi après Pâques | |
M | Concressault | lundi des Rogations | |
M | Châteauneuf | “ | |
Mai | 1 | Les Aix d’A. | le premier jour de mai |
Issoudun | “ | ||
Lignières | “ | ||
Sainte Sévère | “ | ||
Anjoin | saint Sigismond | ||
3 | Châteaumeillant | sainte Croix de mai | |
4 | Genouilli | saint Sylvain | |
10 | Saint-Palais | saint Hilaire | |
16 | Jars | seizième de mai | |
20 | Bourges | saint Oustrille | |
Mai/juin | M | Lignières | jeudi avant Pentecôte |
M | Sagonne | mercredi avant Pentecôte | |
M | Vierzon | mardi après pentecôte | |
M | Boussac | jeudi après Pentecôte | |
M | Dun-le-Roi | lundi après la Trinité | |
Juin | 11 | Montfaucon | saint Bamabé |
14 | Lignières | saint Cyr | |
M | Boussac | jeudi avant la saint Jean | |
23 | Issoudun | veille de saint jean | |
25 | Lignières | lendemain de saint Jean | |
29 | Montfaucon | saint Pierre de juin | |
Châteauneuf | saint Pierre | ||
“ | Vierzon | “ | |
“ | Dampierre en Crot | “ | |
“ | Graçay | “ | |
30 | Châteauroux | saint Martial | |
Juillet | 3 | Le Châtelet | saint Martial |
21 | Sagonne | veille de la Madeleine | |
Issoudun | “ | ||
22 | Argenton | sainte Madeleine | |
Le Châtelet | “ | ||
Mezières-en-Brenne | “ | ||
Boulleret | “ | ||
25 | Mezières-en-Brenne | saint Christophe | |
Août | 1 | Vierzon | saint Pierre d’août |
10 | Bourges | saint Laurent | |
15 | Saint Brisson | ||
16 | Châteaumeillant | saint Roch | |
Jars | lendemain de la Sainte-Marie d’août | ||
22 | Genouilli | saint Symphorien | |
Concressault | “ | ||
Châteaumeillant | “ | ||
24 | La Châtre | saint Barthélemy | |
29 | Les Aix | décollation de saint Jean | |
31 | Châteauroux | saint Fiacre | |
Septembre | 1 | Sancerre | |
Argenton | |||
7 | Issoudun | ||
M | Boussac | ||
14 | La Chapelle d’A. | ||
Maray | |||
21 | Saint-Palais | saint Matthieu | |
M | Lignières | jeudi avant saint Michel | |
29 | Aubigny | saint Michel | |
Châteaumeillant | “ | ||
M | Saint-Marcel | samedi après saint Michel | |
M | Dun | lundi après saint Michel | |
Sainte-Sévère | en septembre | ||
Octobre | 9 | Montfaucon | saint Denis |
Issoudun | “ | ||
Argentan | “ | ||
16 | Bourges | saint Ambroix (jusqu’au 23) | |
18 | Saint-Satur | dédicace | |
Concressault | octobre | ||
Novembre | M | Pont-Chrétien | lundi après Toussaint |
Le Châtelet | “ | ||
9 | Bourges | saint Ursin | |
11 | Bourges | saint Martin | |
Aubigny | “ | ||
18 | Vatan | ||
M | Châteaumeillant | octave de saint Martin | |
24 | Montfaucon | lundi après saint Martin | |
25 | Issoudun | saint Clément | |
29 | Sagonne | sainte Catherine | |
30 | Châteauroux | veille saint André | |
Le Châtelet | saint André | ||
Mehun | “ | ||
M | Boussac | “ | |
jeudi avant la sainte Valérie en décembre (1er déc.) | |||
Décembre | 1 | Saint-Christophe-en Baselle | saint Eloi |
11 | Lignières | quinzième jour devant Noël | |
17 | Bourges | saint Ladre | |
21 | Dun | saint Thomas |
Annexe II. Jours de marché et foires mobiles
Notes de bas de page
1 An JJ 100, no 420, la lettre est de juin 1367, mais les événements rapportés datent de « deux ans en ça ». Le marché de Vatan se tenait le mercredi (A.D. Indre, G 343).
2 Vouhet, dans le texte Voet, ham, Cne de Paudy, cton Vatan, arr. d’Issoudun, Indre.
3 Jarondelles se trouve aujourd’hui inclus dans la commune de Vatan.
4 A. Gandilhon, « Les terres de Vatan et de Graçay et le duc Jean de Berry », Mém. soc. des antiquaires du centre, t. XXX, 1906, pp. 55-86.
5 Jean Chaumeau, Histoire du Berry, Lyon, 1560.
6 Nicolas de Nicolay, Description du Berry et diocèse de Bourges, ed. Vayssière, Moulins, 1889(1ere éd. 1667).
7 Jean Chaumeau, « Foires franches et libres de toute exaction », op. cit., p. 116. L’auteur précise d’ailleurs que ses informations ne sont pas vraiment garanties : « Sans ce qu’aucun se puisse servir en preuve de mon présent discours ».
8 La foire de la Saint-Paterne d’Issoudun fut créée par Raoul 1er d’Issoudun en 1018 et ensuite donnée ensuite à l’abbaye Notre-Dame du lieu (cf. G. Devailly, Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe siècle, Paris-La-Haye, 1973, p. 227).
9 La Thaumassière, Coutumes locales de Berry et celles de Lorris commentées, Bourges, 1679, p. 37 : « Les seigneurs établissaient autrefois, de leur seule autorité des foires en leurs terres, lors principalement qu’ils affranchissoient leurs sujets ».
10 AD Indre, inv. série A, p. 81*, demande de Charles de La Trémoïlle, en sus du marché hebdomadaire du mercredi.
11 Jean Chaumeau, Histoire du Berry, p. 253. Ces foires étaient fixées a la saint Marc (25 avril), la saint Barnabé (11 juin), la sainte Anne (29 juin), la chaire de saint Pierre (18 janvier), la saint Pierre de juin (29 juin), la saint Denis (9 octobre), la saint Matthias (24 février), la saint Clément (23 novembre), la saint Guillaume (10 janvier).
12 AN, JJ 124, no 286 (1384). Sagonne en pays de coutume bourbonnaise, ne faisait pas partie du patrimoine de Sancerre dans lequel Louis n’avait reçu que les très modestes seigneuries de Charpignon et Barlieu.
13 R.H. Bautier, « Recherches sur les routes d’Europe médiévale », bull. phil. et Hist., 1960, vol. I, pp. 99-249.
14 La Thaumassière, Histoire de Berry, t. III, p. 159. Foires le 16 mai et le 16 août.
15 Nicolay, Description…, chap. XLI. Deux foires l’an, une en mai, l’autre à la Madeleine (22 juillet). Cf. A. Fievez et J.F. Lalange, La châtellenie de Mézières-en-Brenne, mém. maîtrise, Tours, 1990, p. 147.
16 Foires accordées par François 1er, en décembre 1519, à la saint Palais (10 mai) et la saint Matthieu (21 septembre) (AD Cher, G51*).
17 La Thaumassière, Cout. loc., pp. 86-88, juin 1246, affranchissement de Graçay par Pierre de Graçay : protection des gens allant et revenant des foires et marchés, d’autre part les gens de Graçay ne pouvaient être saisis, à l’exception des garanties de vente en foire et des délits de foire.
18 AD Cher, 8 G 249, et surtout 8 G 2119, où les revenus de foire figurent dans les comptes rendus au duc, cf. infra.
19 AD Indre, Inventaire-sommaire Série G, 1903, G. 343 (aujourd’hui en déficit) : privilèges de la ville de Vatan accordés par Pierre de Saint-Palais et Raoul de Culan en 1269.
20 AD Cher, E 173, cf. J. Favière et J.Y. Ribault, « Une énigme à la frontière du Bourbonnais et du Berry : la ville morte de Venou ». Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, no 4,1966, p. 25.
21 AN JJ 69, no 305, (Vallée, no 2817), juillet 1335 : Philippe VI autorise Pereau de Ceris à tenir une foire annuelle à la Saint-Georges et à y faire dresser un cep où exposer les malfaiteurs.
22 . La Thaumassière, Cout, loc., p. 103, novembre 1275, les coutumes données par Renoul III de Culan, accordent un marché le mardi et le conduit de foire.
23 AD Cher, 6 F 101, (1324), comptes de Sancerre : revenu de la foire de Boulleret versé au comte de Sancerre, et 6 F 110, fo 1, qui précise la date de la Sainte-Madeleine.
24 AD Cher, C111, fo 32 v°.
25 Les comptes de la seigneurie de Culan à la fin du Moyen Âge mentionnent des droits de foire, mais ne nous disent pas quand et en quel lieu elles se tiennent ADC E 601 (1499), comptes rendus à Michelle de Culan, f° 97v° : « visitation de foires ». Les « bons auteurs » ne signalent pas de foire franche à Culant.
26 B. Berry, Geography of Market Centers and Retail distributions, Englewood Cliffs, 1967.
27 Voir le calendrier en annexe.
28 Un acte – faux – du cartulaire du XIIe siècle attribue à l’époque carolingienne (mai 844) le don des foires bis in duabus festivitatibus sancti Petri, aux moines de Dêvres, prédécesseurs des bénédictins de Vierzon (G. Devailly, Cartulaire de Vierzon, Paris, 1962, p. 119).
29 R. Crozet, « La foire de Maray », Mémoires de la Société des sciences et lettres du Loir-et-Cher, t. XXVIII, 1930, p. 175.
30 La foire de Saint-Ambroix, quelque peu tombée en désuétude, fut relancée vers 1520 par l’abbé du monastère, Jean Turpin. (Journal de Delacroix, dans Journal de Jehan Glaumeau, Bourges, 1541-1562, éd. Hiver, Bourges, 1868, pp. 146-149).
31 La Thaumassière, Histoire de Berry, t. II, p. 257.
32 Une rapide étude statistique pour l’Indre de la fin du xixe siècle, montre que sur trente et un marchés locaux signalés par E. Hubert, huit avaient lieu le vendredi (E. Hubert, Dictionnaire historique de l’Indre, Paris, 1889, rééd. Paris, 1985).
33 Hubert, Cart., p. 237.
34 La Thaumassière, Histoire de Berry, t. III, p. 142.
35 Hubert, Cart., p. 265.
36 AD Indre, G 60, juillet 1444, acte rapportant à quinze ans auparavant la translation du lieu de foire.
37 Loir et Cher, canton de Mennetou, arrondissement Romorantin. Hélas, on ne trouve pas de trace d’un quelconque Lendy qui eût permis de trouver une belle origine à cette foire (cf. A. Lombard-Jourdan, Montjoie et Saint-Denis, le centre de la Gaule aux origines de Paris et Saint-Denis, Paris, 1989).
38 J. Chaumeau, Histoire du Berry, p. 264, [Argenton…] « pour le trafique et négociation dudit bestail et autres marchandises y a cinq foires… ».
39 8 G 2119, « Dépenses pour la métairie de Villeperdue : à Jaunet Boileseigue pour avoir achapté à Vierzon, à la foire qui fut Saint-Pierre-saint-Paul en juin 1372, vi bœufs arables […] À Jean Jagaut pour ii bœufs arables […] À Jean Colas alias Bourbonnois, chanoine de N.-D. de Graçay, ii bœufs… ». Comme on peut le constater, les foires de Graçay et de Genouilly ne dispensaient pas de se rendre à une vingtaine de kilomètres pour acheter des bêtes de labour qu’il aurait peut-être été possible d’acquérir sur place ! Comme le fait remarquer D. Margairaz « il est absurde d’obliger un acheteur et un vendeur originaires de la même localité à se déplacer au marché… » (in « Le réseau des foires et des marchés », Annales esc, 1986, no 6, p. 1220).
40 J. Chaumeau, Histoire du Berry, p. 265. à Boussac, « la plus grande trafique et négociation des habitants d’icelle châtellenie est en vente… de bleds et vins qu’ils amènent d’Issouldun, Chasteauroux et autres lieux plus fertiles de Berry ».
41 Hubert, Cart., P… 237, « Chacun vendant laine, s’il n’a que toison un denier et au dessus de XL toisons jusqu’à un millier, deux deniers »… (1433).
42 J. Chaumeau, op. cit., p. 253.
43 Id., p. 266 : « Le marché royal et franc en ce lieu […] marchanx et paisans qui y apportent vendre… chevreau, cochon, lieupvres, conniz, canars, oysons, poulies, perdrix, bécasses et autres espèces et sortes de victuailles et voletailles à grand marché ».
44 AD Cher, C 754 (xviiie sicèle), « Pancarte des droit deüs au roy nostre sire à cause de la terre et seigneurie de Vierzon. Extrait d’une vieille pancarte du 24 octobre 1430 ».
45 Hubert, Cart., p. 237.
46 La Thaumassière, Cout. loc., p. 163 (article V de la coutume confirmée en 1567).
47 AD Cher, 6 F 102 rolle 23 : « Por les coteaus Johan de Sancerre achapté à la SaintGilles… xx s.t ».
48 AD Cher, 8 G 2119 (année 1372), f° 9 : achat à Jean Harpi, charron, de deux charrettes et une paire de roues, à Robin de Coulon, marchand, de deux grands coutres, deux « poez », la « garnison de une charrue et un hareau », à Jaunet Boislegue dix courroies à lier les bœufs, à Jean Coquin, une charrue, un « hareau » et six jougs… « lesquelles parties… ont été données à Odenet Gonerat et Etienne Albant, adcensateurs de la métairie » (de Villeperdue), le tout pour une somme totale de 47 lt.
49 D. Margairaz, « Le réseau des foires… », op. cit., p. 1128 : « Même si l’état des chemins peut influer de façon sensible sur la durée réelle du trajet, cinq lieues sont de toutes façons considérées comme une distance excessive ».
50 Hubert, Cart., pp. 273-274.
51 AD Cher, 8 F 101, (1335), rolle 18.
52 AD Cher, 8 G 2119 fo 225 (1377). La dépense est d’ailleurs cancellée, geste commenté d’un quod sine mandato ».
53 AD Cher, 8 G 2119, f o 28 (1371-1372), et f° 56 (1372-1373).
54 De fait, on ne trouve que six femmes dont rien ne précise les dentées qu’elles vendent.
55 Macé Boursier et la « bourssière de Virzon ».
56 Perrin Jagaut et Martin Bigot que l’on retrouve tout au long des comptes : ce sont les « familles bourgeoises » de la baronnie de Graçay, cf. F. Michaud-Fréjaville, « Enchères et enchérisseurs à Graçay au temps du duc Jean », Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, no 75,1983, pp. 15-38.
57 G. Dupâquier, Statistiques démographiques au bassin parisien, Paris, 1972, p. 127. À la même époque, Graçay n’avait que 97 feux (id., p. 355). On peut rappeler ici que « .[…] Il n’y a de bourgs […] que si autour de lui, des villages ou hameaux utilisent ses marchés, ses foires, ses rendez-vous… », F. Braudel, l’Identité de la France, t. I, Espace et histoire, Paris, 1986, p. 141.
58 Voir chéma II en annexe.
59 Un seul exemple ici suffira : en 1492 à Graçay, la recette des blés était de 1595 setiers, on en a vendu 1322 – soit 82,9 % –, la somme ainsi obtenue, 7501 t., représente 31 % de la recette de deniers… (AD Cher, 8 G 2166).
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