L’agriculture et les plantes nouvelles en Angleterre aux xvie et xviie siècles
p. 69-80
Remerciements
Je tiens à remercier mon ami, le professeur Carlo François, pour la traduction de mon rapport.
Texte intégral
1Devant le titre de cette communication*, beaucoup d’historiens anglais s’attendraient normalement à une dissertation au sujet des plantes découvertes dans le Nouveau Monde ; ils seraient peut-être même tentés de s’exclamer : “Ah, c’est de la pomme de terre dont vous allez parler !”. En fait, on ne trouvera rien dans cet essai sur cette plante si ce n’est pour rappeler qu’elle fut introduite en Irlande à la fin du XVIe siècle et qu’elle y connut manifestement un grand succès, car les soldats de Cromwell en virent des champs entiers en 1650. En revanche, en Angleterre, elle n’eut aucun succès jusqu’à ce qu’elle put y réapparaître, dans le Nord, en 1664, en provenance d’Irlande1. Ce qui importe plus que l’introduction des plantes du Nouveau Monde, c’est celle des plantes et des types de culture en provenance du continent européen aux XVIe et XVIIe siècles ; ces apports eurent de profondes répercussions sur l’agriculture anglaise telle qu’elle se pratiquait alors et devait être pratiquée dans les siècles à venir. En effet, la révolution agricole anglaise, comme on l’appelle couramment, n’aurait pas pu se produire au XVIIIe siècle sans les apports européens antérieurs. L’agriculture anglaise doit beaucoup à celle du continent ; c’est de là que vinrent beaucoup de plantes et d’idées nouvelles au sujet des méthodes de culture2.
2Quels étaient donc ces plantes et ces types d’agriculture, et comment se sont-ils infiltrés en Angleterre ? Les Anglais du début du XVIe siècle s’intéressaient vivement aux méthodes auxquelles avaient recours les nations du continent pour résoudre toutes sortes de problèmes économiques communs. Cela se manifeste plus clairement sous le règne d'Henri VIII ; à ses yeux, François Ier était, en quelque sorte, le monarque idéal et il l’a imité d’ailleurs de beaucoup de manières. Les relations avec l’Espagne furent tout aussi étroites pendant la durée du mariage d’Henri et de Catherine d’Aragon. C’est pourquoi, quand les ministres d’Henri VIII avaient un nouveau problème économique à résoudre, une des premières questions qu’ils ne tardaient pas à se poser, était celle de savoir comment on se tirait d’affaire en France, en Espagne ou ailleurs. En matière d’agriculture et d’horticulture, il est évident que l’intérêt qu’Henri VIII portait personnellement aux fruits et aux légumes nouveaux lui venait de ses rencontres à l’étranger. La première eut lieu à la cour de François Ier, si bien que quand il visita Calais en 1534, le lord député, Lord Lisle, reçut l’ordre de ramasser tous les artichauts disponibles et de les réserver pour le roi : “c’est là son ordre particulier”, dit la lettre de Calais. L’artichaut était alors, en Angleterre, une chose tout à fait nouvelle3.
3La seconde influence fut celle de Catherine d’Aragon, élevée à Grenade, comme on le sait, cette ville qui surabondait en fruits et en légumes, cultivés habilement par des Maures. Selon la légende, elle se trouva dépourvue de belles et bonnes laitues quand elle débarqua en Angleterre et dut en faire importer de Hollande.
4L’intérêt qu’Henri VIII manifesta pour les fruits et les légumes nouveaux fut certainement favorisé par ses contacts avec les pays étrangers. C’est pourquoi nous ne nous étonnons pas de lire sous la plume de Charles Estienne que “le feu Roy François, père des sciences... par certains salaires et sommes de deniers proposés et donnés à plusieurs pérégrinateurs a fait que notre France a été enrichie de plusieurs plantes, herbes, et arbres exquis, desquels auparavant non seulement la figure et culture nous étaient du tout inconnues, mais aussi les noms d’iceux”4. Cela explique sans doute aussi pourquoi Thomas Cromwell, principal ministre d’Henri, acceptait les semences qu’il recevait des voyageurs ; le roi d’Angleterre imitait les pratiques et les usages du roi de France5. Finalement, étant donné l’intérêt personnel d’Henri pour l’horticulture, il devint de bon ton pour la haute et la petite noblesse de s’y intéresser tout autant. Les courtisans s’empressèrent de créer des potagers et de planter des vergers avec l’aide de jardiniers français et hollandais et l’on se mit à importer une grande quantité de fruits et d’herbes potagères de France et des Pays-Bas.
5Mais l’on objectera peut-être que c’est là le domaine de l’horticulture et non celui de l’agriculture ; cependant, la première a exercé une grande influence sur la seconde. Avant le XVIe siècle, le menu peuple ne disposait que d’un choix assez limité de légumes : les oignons, les poireaux, l’ail et le colewort (c’est-à-dire les feuilles vertes d’une espèce rudimentaire de chou). Ceux-ci poussaient dans les jardins potagers et servaient à faire le pottage, une soupe aux légumes. En général, alors, les herbes potagères et les fruits n’étaient pas considérés comme des denrées très nourrissantes et on les associait au régime alimentaire des classes pauvres. Cependant, les moines et les nonnes s’étaient toujours intéressés à leur consommation durant tout le Moyen Age. Cet intérêt remontait à l’idéal original de pauvreté qui animait les monastères et les couvents, mais on ne tarda pas à y adjoindre un souci professionnel de productivité et d’amélioration des méthodes de culture ; à la dissolution des monastères, sous Henri VIII, les moines disposaient de vergers qui contenaient des espèces de grande valeur, qui allèrent peupler et renouveler les vergers du roi et ceux de la haute noblesse6.
6C’est ainsi que sous l’influence des pays étrangers, l’Angleterre vit se développer, au XVIe siècle, dans les domaines des courtisans un style nouveau d’horticulture qui se révéla de la plus haute qualité en ce qui concerne les plantes comme en ce qui concerne les types de cultures. On se mit à creuser le sol arable, on le fuma différemment, on l’ensemença à la main, on le sarcla soigneusement ; peu à peu, on prouva que quelques ares ou quelques hectares fertiles étaient capables de produire davantage. Mais ces leçons n’auraient pas été aussi efficaces si elles s’étaient confinées aux espaces exigus des potagers familiaux et aux enclos des vergers des grands domaines de l’aristocratie. L’afflux des réfugiés venus de France et de Hollande, pour motifs religieux, fut encore plus démonstratif quand les exilés d’Outre-Manche se mirent à cultiver leurs propres légumes dans les villes anglaises, telles que Londres, Cantorbery et Norwich. A Sandwich, dans le Kent, ces réfugiés établirent un véritable centre commercial des produits du jardinage, d’où il était possible de ravitailler le port de Londres en précieuses racines qu’on acheminait par caboteur7.
7L’introduction du navet dans la rotation des champs entre 1630 et 1670 se fit à l’imitation des réfugiés hollandais d’Angleterre orientale qui cultivaient des racines pour alimenter leurs familles. En 1575, un commentateur anglais fit observer que les étrangers installés à Norwich creusaient beaucoup d’arpents de sol pour enfouir des racines dont les pauvres, parmi eux et parmi les Anglais de la même ville se nourrissaient. William Folkingham soulignait déjà dans ses écrits l’excellence de la carotte de Sandwich. Dans les années 1620-1630, les racines étaient déjà une récolte agricole et non plus horticole. La tradition du gardiennage des vaches chez les exilés des Pays-Bas est à l’origine de la consommation des racines en guise de fourrage en Angleterre8.
8Un grand pas en avant s’accomplit ainsi sous l’influence des Hollandais vers la création du système de quadruple rotation du Norfolk qui fut plus tard extrêmement populaire : des navets d’abord, puis de l’orge, puis encore des semences (en particulier du trèfle) et, enfin, du froment. Cette rotation finit par rallier les suffrages des cultivateurs anglais et influença même les changements qui se produisirent dans l’agriculture du continent au XVIIIe siècle. Avant que les racines ne fussent introduites des Pays-Bas dans les assolements, les rotations en usage en Angleterre étaient simples : une saison de céréales de printemps (avoine et orge) succédait à une saison de blés d’hiver (froment et seigle) et était à son tour suivie d’une année de jachère ou d’une culture de fèves, de pois ou de tout autre légume ayant la propriété de fixer l’azote.
9Mais, de plus en plus, à mesure que les gentilshommes anglais s’intéressaient au progrès agricole et qu’ils observaient avec plus de curiosité les types étrangers d’agriculture, ils s’ouvrirent à l’idée qu’on pouvait pratiquer des rotations très inhabituelles qui encourageaient le recours plus fréquent à des récoltes d’espèces nouvelles. Mais avant de parler des assolements qui aidèrent à libérer l’agriculture des vieilles routines, il faut s’étendre quelque peu sur les nouvelles cultures. Jusqu’ici cette communication n’a concerné que des légumes qui étaient du ressort de l’horticulture à l’origine et qui furent ensuite plantés dans des champs ouverts et qui — comme c’est le cas pour le navet — connurent un grand succès en tant que fourrage pour le bétail. Simultanément, d'autres espèces nouvelles apparurent sur les marchés anglais, par des voies diverses.
10Compte tenu des échanges commerciaux incessants entre la Pologne et la Russie d’une part et l’Angleterre de l’autre, par le port de Danzig, au XVIe siècle, on pourrait être porté à croire que des plantes nouvelles se sont frayé un chemin à partir de l’Europe du nord-est. Mais la seule qui ait pu être importée à cette époque fut le sarrasin, ou blé noir qui se récoltait en faibles quantités en Russie aux XIIIe et XIVe siècles et qui fut importé dans les pays de l’Est par des marchands grecs. Cette céréale devait être appelée à jouer un rôle plus grand par la suite dans le régime alimentaire russe et on en trouvait aussi en Hollande. Si le sarrasin ne s’est pas implanté immédiatement, c’est-à-dire au XVe siècle, en Europe occidentale, cela s’explique probablement par le fait qu’il n’y eut pas de sévère disette de froment à cette époque9.
11Konrad Heresbach, grand propriétaire terrien de Clèves, auteur des Quatre Livres d’Agriculture, publiés en 1570, explique que le sarrasin était une récolte nouvelle en Allemagne à cette époque et qu’il avait été récemment introduit de Russie “et des régions nordiques”. Il s’était fort répandu parmi le peuple et on l’utilisait pour engraisser les cochons et pour en tirer du pain ou des boissons dans les années de disette10. Il est donc possible que le blé noir ait été aussi introduit dans l’est de l’Angleterre au XVIe siècle en provenance de Russie, mais par l’intermédiaire de l’Allemagne du nord et de la Hollande, ou bien est-il venu de France ? Son appellation française suggère une origine nord-africaine (tout comme sa désignation espagnole de trigo morisco), mais les Anglais l’appelaient souvent “blé français”. Une référence isolée au sarrasin dans le comté de Norfolk en 1480 suggère qu’il aurait été importé de Hollande, bien que ce soit seulement à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècles que l’on puisse faire mention d’une récolte importante en East Anglia, favorisée par des sols secs et sablonneux. On l’utilisait pour nourrir les porcs et la volaille, cet élevage devenant une spécialité de cette région. Comme en Allemagne, le blé noir servit aussi, mélangé à l’orge, à faire du pain dans les années de disette. On estimait qu’il enrichissait le sol ; on le cultivait donc sur les terres en jachère et on l’enfouissait par la suite11.
12En ce qui concerne d’autres cultures nouvelles, en provenance de l’étranger, tout semble indiquer qu’elles arrivèrent des Pays-Bas ou de France et, dans beaucoup de cas, je crois même que c’est à la fois et simultanément à ces deux pays que nous en sommes redevables. A une exception près, tous ces produits agricoles étaient utilisés dans l’industrie et les circonstances qui les firent rechercher sur le territoire anglais étaient identiques à celles qui avaient présidé à leur introduction sur le sol de France et sur celui des Pays-Bas. Ils furent d’abord importés en Angleterre et, ensuite, des marchands au courant du commerce extérieur encouragèrent et aidèrent les premiers producteurs de ces nouvelles plantes. C’est toujours dans le voisinage des ports de mer que l’on trouve ces négociants. La politique du gouvernement anglais a, elle aussi, joué un rôle important ; elle avait été formulée sous le règne d’Henri VIII pour réduire les importations d’outre-mer, en favorisant la production nationale, ce qui signifiait qu’il fallait encourager la culture du pastel, de la garance, du chanvre, du lin et des oléagineux ; le meilleur de ces derniers se trouva être la graine de colza. Il est bien possible que le houblon ait figuré aussi sur la liste officielle, de manière à réduire le volume de ses importations, mais les documents de la politique gouvernementale ne le mentionnent pas de manière explicite12.
13On peut s’étonner d’entendre dire que le pastel, la garance, le chanvre et le lin étaient des plantes nouvelles. On les trouvait déjà — ici ou là — auparavant, le chanvre et le lin bien plus souvent évidemment que le pastel et la garance. Mais quand on envisagea de produire ces plantes en quantités industrielles, l’entreprise prit des dimensions telles qu’on peut parler de cultures nouvelles. On les traita comme telles et des experts spécialisés furent appelés de l’étranger pour en enseigner la culture aux Anglais.
14Le pastel en est le meilleur exemple quand on s’adresse à des historiens français. L’Angleterre du XVe siècle dépendait du pastel importé de Toscane et du Piémont sur des vaisseaux qui partaient de Gênes et jetaient l’ancre à Southampton. Après 1450, le pastel arrivait aussi de Toulouse et les quantités importées de France s’accrurent quand les guerres d’Italie perturbèrent l’approvisionnement habituel ; c’est alors que l’inflation fit hausser le prix du pastel français et qu’il devint si cher que les Anglais voulurent le cultiver eux-mêmes13.
15Plusieurs historiens se sont attachés à décrire les itinéraires suivis par le pastel européen de pays en pays, d’Allemagne, c’est-à-dire d’Erfurt, de Gotha et d’Arnstadt, puis de Cologne vers le Brabant et la principauté de Liège jusqu’en Hollande et en Picardie ; de même, d’Italie, le pastel était arrivé en France14. Enfin, en 1584, trois hommes d’affaires associés, près de Southampton, avec un partenaire appelé Henry Bretayne, un Français sans contredit, firent construire des moulins où on moulait les feuilles de pastel pour en faire des boules destinées aux teinturiers. Il est vraisemblable que c’est dans cette région que la culture du pastel continua par la suite, car le comté de Hampshire était celui où le pastel était le plus abondant en 1585 quand on se livra à une enquête. Cette culture connut une expansion remarquable après 1579 quand survinrent une hausse du prix du pastel étranger et une baisse très marquée du prix des céréales. Dès 1585, le pastel était très répandu sur les côtes méridionales et dans les vallées des fleuves, s’avançant en direction des centres textiles où se fabriquaient les draps de laine, les toiles de lin et de chanvre et les bas tricotés. Bientôt, la culture du pastel s’étendit aux Midlands et aux régions de l’Est et du Nord15.
16Le sol destiné à recevoir le pastel fut d’abord le vieux pâturage au bord des fleuves ; on s’aperçut qu’il s’appauvrissait très vite et qu’on ne pouvait produire le pastel longtemps au même endroit. Par la suite, il trouva place dans le système de rotation ; il venait d’abord pendant deux ou trois ans quand on voulait se débarrasser de l’herbage originel. Le pastel réduisait l’excès de richesse du sol et le préparait à l’ensemencement en blé. Il devait être semé avec soin et il donnait une récolte au même titre que les légumes, ce qui soulignait les bénéfices de la culture horticole. De plus, celle-ci exigeait beaucoup de main-d'œuvre, et procurait de l’emploi à de nombreux pauvres qui en profitaient largement ; quand le pastel était cultivé dans des communautés puritaines, il est possible qu’il ait été choisi de propos délibéré par les grands fermiers et propriétaires pour procurer de l’emploi aux pauvres16.
17Le pastel demeura longtemps un produit agricole précieux, sur des sols qui s’adaptaient bien aux exigences de l’agriculture alternée et cela se vérifia surtout dans les comtés des Midlands. Après deux ou trois récoltes de pastel, on cultivait du froment ou de l’orge un an ou deux, puis on laissait l’herbe repousser pendant sept ou huit ans. Il rendit aussi service aux agriculteurs des régions marécageuses de l’Est et c’est là que le dernier cultivateur de pastel ferma boutique en 193217. L’indigo ne supplanta pas le pastel ; les teinturiers continuèrent à utiliser et à mélanger les deux, mais à en juger par les villes où une grande quantité de pastel anglais était expédiée, on peut penser que celui-ci n’était pas utilisé pour teindre les draps de meilleure qualité.
18La culture de la graine de colza répondit à une autre nécessité économique quand le prix de l’huile d’olive importée obligea les Anglais à chercher des produits de remplacement. On avait occasionnellement cultivé le colza dans l’Angleterre orientale au XIIIe siècle et l’huile de colza était importée de Hollande vers le milieu du XVe siècle. Il n’est donc pas surprenant que les premières expériences de culture de colza aient eu lieu à proximité du port de King’s Lynn, dans le nord du comté de Norfolk, en 1551 ; ces premiers essais avaient dû être recommandés par des marchands qui avaient vu les champs de colza des Pays-Bas. Dans les années 1570-80, des hausses de prix encouragèrent la production locale et il est presque certain que des immigrants hollandais et flamands furent à l’origine de la culture du colza dans les plaines marécageuses du Lincolnshire dès 1579. A cette date, le propriétaire d’un moulin à huile de la banlieue de Londres s’approvisionnait en colza dans ce comté et les fabricants de savon de Londres achetèrent de grandes quantités d'huile. Dès 1600, l’huile de colza se répandit particulièrement vite dans les marais de l’est de l’Angleterre. Les Hollandais drainèrent et asséchèrent ces régions qui furent ensuite offertes à des fermiers hollandais qui, tout naturellement, utilisèrent les rotations qu’ils connaissaient.
19Les Français étaient aussi réputés comme experts. Benedict Webb qui, dans sa jeunesse, avait fait son apprentissage chez un marchand français et avait passé quatre ou cinq ans en France et en Italie entre 1579 et 1584, retourna en France par la suite pour y obtenir la maquette d’un moulin à huile qui devait être construit à Kingswood, dans le Wiltshire. Il entreprit aussi la culture de son propre colza. A partir des années 1620-1625, la production d’huile de colza avait fort progressé et Webb avait des concurrents dans le Gloucestershire et au Pays de Galles. A la fin du XVIIe siècle, le colza était cultivé partout dans l’est de l’Angleterre, du Yorkshire à l’Essex, aussi bien que dans quelques comtés occidentaux des Midlands. Cette culture s’était intégrée avec succès dans une autre rotation, favorable à un sol soumis à l’agriculture alternée. Le pré était labouré pour recevoir l’orge ou l’avoine ; ensuite, il recevait le colza que des moutons pouvaient brouter en automne et qui pouvait encore produire la graine en été ; cette année-là était suivie de quatre années consacrées à la culture des céréales (d’habitude le blé ou l’avoine) ; après quoi, le champ redevenait pâturage. En alternance, la semence de colza succédait immédiatement à l'herbage quand celui-ci avait été labouré ; ensuite, on semait du froment, de l'avoine ou du seigle, et quand un autre cycle était accompli le champ redevenait pâturage. Le préjugé en défaveur de l’huile de colza s’estompa graduellement et au XVIIIe siècle elle fut utilisée aussi pour l’éclairage des mes ; le résidu qui sortait des moulins servait à engraisser le bétail18.
20La garance a été une autre plante tinctoriale cultivée dans l’est de l’Angleterre ; bien qu’elle ait connu moins de succès que le pastel, son histoire illustre en détail certains aspects significatifs du développement des plantes nouvelles. La garance indigène, en tant que colorant — elle servait déjà de remède — était nécessaire pour remplacer les approvisionnements hollandais qui se faisaient plus rares ou plus coûteux lors des années maigres. Le gouvernement favorisa cette entreprise dans les années 1560-1570 et de nouveau dans les années 1620-1630 ; au cours de cette seconde période, un teinturier anglais envoya un jeune homme en Zélande, aux Pays-Bas donc, pour qu’il se familiarisât avec cette culture et qu’il apprît à en sécher les racines et à les moudre pour en extraire le colorant. Ses lettres de 1622-1624 décrivent sa pénible expérience. Il ne séjourna pas en Zélande une année entière, mais il s’y rendit à sept reprises et à des saisons diverses pendant 16 mois. Ensuite, il engagea un Hollandais qui l’aida à cultiver la garance en bordure des marécages du Kent19.
21Les primes d’encouragement eurent un effet bénéfique pour la culture de la garance auprès d’autres fermiers de l’est de l’Angleterre ; un Hollandais de Barnes, le long de la Tamise, avait aussi des plantations. Mais la garance n'eut pas le succès du pastel ; cependant elle prospéra soudain à Wisbech, dans le Cambridgeshire, de 1661 à 1680 environ et, de nouveau, après 1760 à Faversham dans le Kent ; dans les deux cas, cette prospérité était due à une hausse spectaculaire des prix, l’offre ne satisfaisant plus la demande. Après 1760 la demande européenne s’accrut de façon remarquable car les cotonnades imprimées, dont le dessin imitait les calicots des Indes, connurent une grande vogue : on avait grand besoin de garance. Chaque pays de l’Europe occidentale s’empressa d’en développer la culture, y compris la France, en Provence et en Alsace d’abord, puis en Normandie et dans le Poitou. La hausse des prix encouragea cette production ; un document de 1765 rapporte que les prix avaient augmenté de 40 à 100 %. Mais le succès des producteurs anglais ne dura que douze ans et ils se plaignaient amèrement du fait que leur gouvernement ne les avait pas soutenus. En revanche, le gouvernement français aida les producteurs de garance et cette entreprise prospéra ici jusqu’au moment où le colorant fut produit chimiquement après 1874 et cette culture cessa complètement20.
22Les autres productions industrielles nouvelles, à l’histoire desquelles il faut faire allusion brièvement, sont le chanvre, le lin, le houblon et le tabac, et, parmi les moins prospères, le carthame pour son colorant rose et le mûrier pour nourrir le ver à soie. Le chanvre et le lin n’étaient pas des plantes nouvelles, mais on en encouragea la culture en quantités industrielles, et tandis que le tissage bénéficiait du savoir-faire des immigrants, il est fort probable également, sans qu’on puisse en faire la preuve que ces deux plantes profitèrent aussi de leur expérience en matière de culture. Le lin avait pris place dans une rotation hollandaise, sans doute inconnue auparavant des Anglais21.
23La culture du houblon débuta autour de 1524 quand un nombre considérable de Flamands vinrent s’établir dans le Kent. Cet événement faisait suite à des décennies au cours desquelles des brasseurs flamands et hollandais avaient ouvert des brasseries dans les villes anglaises, avant même que les persécutions religieuses ne les obligent à chercher un refuge en Angleterre. En 1549, le gouvernement offrit de l’argent pour allécher les houblonniers étrangers ; en 1572, Leonard Mascall fit paraître un livre qui décrivait la culture du houblon telle qu’elle était pratiquée en Flandres. Dans ce cas, les Flandres furent, semble-t-il, la première source de connaissance. La culture du houblon se répandit alors dans le sud-est de l’Angleterre, dans le Norfolk et dans le Suffolk ; mais, plus tard, au XVIIe siècle, une hausse des prix attira un plus grand nombre de houblonniers, et la plante se répandit aussi dans le Worcestershire et le Herefordshire (dans les Midlands), faisant une sérieuse concurrence aux houblonniers du Kent. Ils se multiplièrent aussi aux abords de Cantorbery où une autre vague de réfugiés français s’établit après la révocation de l’Edit de Nantes22.
24Le tabac était aussi une plante nouvelle ; sa culture fut introduite en champ ouvert en 1619, après des années dans les jardins. Ses pionniers furent des Anglais commerçant avec des marchands des Pays-Bas ; ils avaient certainement vu cultiver le tabac à Amersfoort. C’est donc en Hollande qu’ils avaient appris cette culture. Mais ils la pratiquèrent dans le Gloucestershire au milieu de gens qui commerçaient avec la Virginie et avec les Indes orientales si bien que les semences nouvelles leur parvenaient directement du Nouveau Monde. Cependant, l’année suivante, cette culture fut interdite pour protéger la Compagnie de Virginie contre ses concurrents européens et les gentilshommes durent cesser de cultiver le tabac. On ferma pourtant les yeux quand le tabac se répandit un peu partout en Angleterre en secret, formant ce que l’on a nommé “la moisson du pauvre”. Il ne fut finalement éliminé qu’en 1690 après que, durant de longues années, il ait été piétiné chaque été par les troupes gouvernementales. On pourrait croire que le climat britannique était loin de favoriser la culture du tabac ; il y avait pourtant assez d’Anglais avides de fumer ce tabac indigène, moins cher, que les détaillants avaient l’art de mélanger habilement avec celui de Virginie23.
25La production de soie échoua elle aussi à cause du climat anglais et des caprices des printemps. Cependant, la campagne du mûrier commença avec l’aide des Français et fut encouragée avec enthousiasme par le roi Jacques Ier à l’exemple du roi de France. Jacques Ier fit importer de grandes quantités de mûriers du Languedoc ; des spécialistes français vinrent élever des vers à soie dans les palais royaux et ils parcoururent le pays pour prendre les commandes des mûriers et montrer comment on devait filer la soie. Tout au long du XVIIe siècle, on pensa que cette entreprise réussirait et on planta de très nombreux mûriers. Mais la production de la soie n’était considérée que comme un passe-temps de gentilhomme, malgré la fierté que manifestait le porteur d’un gilet de soie qu’il avait fait fabriquer lui-même chez lui. Il fut vite manifeste que les mûriers encombraient les vergers et occupaient un espace qu’il valait mieux consacrer à la culture plus profitable d’autres fruits24.
26Les belles années expérimentales des cultures nouvelles se prolongèrent pendant le XVIe et la première moitié du XVIIe siècle. Mais la culture du carthame (carthamus tinctorius) fut une expérience exceptionnelle ; elle fut lancée autour de 1663 pour produire un colorant rose pâle pour les rubans de soie. Le pionnier de cette entreprise, Eustace Burnaby, avait appris à le cultiver en Alsace et, dix ans plus tard, il prétendit qu’il allait en moissonner 120 hectares. Mais la main d’œuvre était moins chère en Allemagne et l’expérience échoua. Comme Burnaby mourut à Coventry en 1684, on peut penser qu’il avait été teinturier de profession. Mais ce n’est pas sûr ; son testament indique qu’il s’était intéressé également à la production de l’“orge français” (tritico-speltum), une espèce d’orge présentant certaines des caractéristiques du froment et qui donnait des récoltes exceptionnellement abondantes25.
27Eustace Burnaby s’intéressait visiblement à deux cultures nouvelles et peut-être même à d’autres encore. Les efforts qu’il fit pour diversifier sa production se produisirent au moment opportun car les prix anglais du grain baissèrent fortement dès 1650 et beaucoup de fermiers cherchèrent des alternatives plus rentables qui leur permettraient d’augmenter le maigre profit qu’ils tiraient de leurs cultures conventionnelles. Cela explique bien sûr l’expansion des houblonnières plus tard au cours du XVIIe siècle ainsi que l’expansion des vergers et l’extension de l’implantation en plein champ des légumes, de la garance et du pastel. Ces plantes étaient plus rentables que les grains et cette vérité était abondamment proclamée et répétée dans les livres d’agriculture de l’époque26.
28Les cultures nouvelles dont nous avons parlé furent introduites en Angleterre à titre expérimental et souvent grâce aux démonstrations faites par des spécialistes venus de France ou des Pays-Bas. Des cultures comme celles du colza, du pastel et du sarrasin avaient déjà, en fait, pris racine dans certaines contrées du continent européen dès le XVe siècle, c’est-à-dire à une époque antérieure, quand l’alternance des cultures s’était déjà avérée nécessaire pour faire face à un semblable effondrement de la demande de grain. Les étrangers qui cultivaient ces plantes en Angleterre tiraient donc parti de leur longue expérience et ils inspiraient confiance. Cependant, on aimerait savoir avec plus de précision comment ces cultures se sont établies en Europe occidentale et d’où elles arrivèrent au XVe siècle, ou auparavant27.
29Une des plus importantes leçons que les Anglais apprirent de l’étranger concerne le domaine de la flexibilité des rotations. L’Anglais qui alla observer la culture de la garance en Zélande, par exemple, en rapporta la rotation suivante : colza, garance, de nouveau colza, puis encore garance, après quoi, on cultivait du froment pendant deux ou trois ans. L’assolement décrit par le gentilhomme anglais Richard Weston, voyageant en Brabant et en Flandre dans les années 1644-1649, est plus significatif encore ; il s’agit d’une rotation adaptée à un sol sablonneux couvert de bruyère analogue à celui dont il était propriétaire dans le Surrey. Elle faisait se succéder du lin, des navets, puis de l’avoine ou du seigle et ensuite, quatre années de trèfle. Cela donnait à réfléchir ! Il remarqua qu’un hectare de lin rapportait autant que quatre ou cinq hectares du meilleur blé et qu’il était très utile pour l’industrie hollandaise des toiles. Le trèfle était cultivé, soit pour en extraire les semences, soit pour nourrir le bétail. Les navets nourrissaient les gens et les animaux et, bouillis, ils étaient particulièrement bons pour nourrir les vaches et engraisser le bétail. Une telle rotation était tout à fait inconnue en Angleterre28.
30La valeur que les étrangers établis en Angleterre attribuaient au lin et aux navets était évidente. Leur contribution à la culture du trèfle provenait du même intérêt. Il figurait parmi les mélanges de semences à foin utilisées par les Anglais, mais le trèfle seul n’était pas spécialement cultivé. L’intérêt pour le trèfle, comme pour le sainfoin et la luzerne, fut sans aucun doute stimulé chez les gentilshommes par leur passion pour les chevaux d’origine italienne, espagnole ou française ; il en venait aussi des Pays-Bas. De nouvelles notions sur le régime alimentaire de l’animal furent introduites du même coup en Angleterre. Les Anglais furent impressionnés, par exemple, par la grande sollicitude des Espagnols pour leurs chevaux — les nourrissaient-ils de luzerne ou de trèfle ? on peut se le demander. Dans les années 1620-1630, c’est des Français que la haute et la petite noblesse anglaise apprirent la valeur du sainfoin dont on importa la semence. Des graines de trèfle furent importées de Hollande ; le rapport de Weston sur la rotation qui incluait cette plante ainsi que ses plaidoyers vigoureux en sa faveur, aboutirent à en faire l’essai et à systématiser son emploi après 1650 pour en répandre la culture à l’aide de questionnaires. Ces questionnaires faisaient part d’expériences tentées par des cultivateurs et s’en faisaient les propagandistes. Peu après, en 1663, parut un manuel de conseils aux cultivateurs : il militait en faveur de la plante et en assura le succès tout particulièrement dans l’ouest des Midlands29.
31Dans les plaines marécageuses de l’Angleterre où des immigrants hollandais s’étaient installés comme cultivateurs, des Anglais eurent la chance d’observer de très près les rotations inhabituelles pratiquées par les étrangers. Entre 1640 et 1642, des fermiers hollandais de Hatfield Chase s’acquittaient de leurs loyers en nature, en avoine, lin, froment, seigle, orge et colza. Cela signifie que deux des cultures favorites des étrangers étaient en place. Si on choisit à dessein les inventaires après décès des fermiers portant des noms apparemment étrangers de l’Angleterre orientale, on se fait une idée plus précise de l’impression profonde que leurs pratiques excentriques avaient faites sur les Anglais parmi lesquels ils vivaient. Dans le Norfolk et le Suffolk, ces fermiers cultivaient le colza, la vesce — une autre espèce de fourrage qui apparut d’abord dans certains domaines monastiques au début du XIIIe siècle, venue, je crois, de France —, des racines, du houblon et du sarrasin. De plus, ces fermiers étrangers possédaient de la volaille en grande quantité. Leurs fermes se distinguaient des autres ; elles avaient un cachet étranger30.
32Ainsi, la distance qui sépare la rotation que Weston observa en Hollande et la rotation quadriennale du Norfolk n’était pas énorme. Celle que Weston vit en Hollande comprenait le lin, les navets, l’avoine — ou le seigle —, puis 4 années de trèfle ; celle du Norfolk, plus tardivement : les navets, l’orge, des semences qui étaient normalement du trèfle — et enfin du froment. Quand cette rotation devint une pratique routinière dans les sols légers de l'est de l’Angleterre et quand elle fut exportée ensuite en Europe, elle portait un nom anglais, mais beaucoup d’expérience étrangère avait façonné son ancienneté.
33Enfin, quelques-unes des cultures nouvelles originaires de l’Europe exigeaient des soins extrêmement attentifs, notamment des sarclages incessants et les durs travaux de la récolte. Cela s'appliquait non seulement aux légumes dont le rendement à l’hectare donna lieu à beaucoup de discussions, mais aussi au pastel et au houblon. Cela contraignit aux innovations ; on comprit qu’on avait intérêt à ensemencer et à cultiver en rangs comme faisaient les jardiniers sur leurs petites parcelles. Voilà une autre leçon apprise des étrangers ; il en résulta cette invention anglaise, la machine à cultiver les rangées de plantes dans les champs du XVIIIe siècle31.
34Bref, les plantes nouvelles introduites en Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles amenèrent dans leur sillage un vaste ensemble de pratiques qui ouvrirent les yeux des ruraux et provoquèrent des modifications profondes des systèmes agricoles anglais. La plupart de ces changements ont leur origine sur le continent européen où on les avait pratiqués et adaptés de longue date. A leur tour, les fermiers anglais les remanièrent encore et, à peu près un siècle plus tard, ces fermiers anglais purent, à leur tour, permettre aux pays du continent de bénéficier de leur propre expérience.
Notes de bas de page
1 W. Coles, Adam in Eden, Londres, 1657, p. 33 ; également, J. Thirsk, ed., The Agrarian History of England and Wales, vol. V, 1640-1750, Cambridge, 1984, Part I, pp. 23-24 et 64, Part II. pp. 562-563 et 402.
2 Deux essais récents rassemblent les témoignages sur les influences étrangères sur l’horticulture et l’agriculture anglaises : M. Thick, Root crops and the feeding of London’s poor in the late sixteenth and seventeenth centuries, in J. Chartres et D. Hey, eds, English rural society, 1500-1800, Cambridge, 1990. pp. 280 et 283-284 et J. Thirsk, Rural migration in England : the long historical perspective, in A. Mollett, ed.. Migrants in agricultural development, Londres, 1991.
3 M. ST Clare Byrne, ed., The Lisle letters, Chicago, 1981, II, p. 203 et aussi I, p. 479.
4 C. Beutler, Un chapitre de la sensibilité collective : la littérature agricole en Europe continentale au XVIe siècle. Annales E.S.C., 28e année, no 5, 1973, p. 1287.
5 Letters and papers of Henry VIII, VI, 1533, p. 72.
6 C. Dyer, Jardins et vergers en Angleterre au Moyen Age, in Flaran 9. Jardins et vergers en Europe occidentale (VIIIe-XVIIIe siècles), Auch, 1987, pp. 145-164 ; T. Mc Lean, Medieval English gardens, Londres, 1981 ; J. Harvey, Medieval gardens, Londres, 1981.
7 M. Thick, Market gardening in England and Wales, in J. Thirsk, ed., The Agrarian History..., op.cit., V, II, pp. 503-506.
8 M. Thick, Root crops..., art.cit., pp. 279-284.
9 R. E. F. Smith et D. Christian, Bread and salt, Cambridge, 1984, pp. 5 et 24.
10 C. Beutler et F. Irsigler, Konrad Heresbach (1496-1576), Rheinische Lebensbilder, Band 8, Cologne, 1980. p. 91 et K. Heresbach, Foure bookes of husbandry, reprint no 323, Da Capo Press, Amsterdam, 1971, p. 31.
11 B. Campbell, Agricultural progress in medieval England : some evidence from eastern Norfolk, Economic History Review, XXXVI, I, 1983, p. 41 ; J. Thirsk, ed., The Agrarian History..., op. cit., IV, Cambridge, 1967, pp. 172-173.
12 J. Thirsk, Economic policy and projects. The development of a consumer society in early modem England, Oxford, 1978, passim.
13 Ibid., passim ; j’écrirai une plus longue histoire du pastel en Angleterre dans mon Agriculture Alternative.
14 A. Rach, Die zweite Blütezeit des Erfurter Waidhandels, Jahrbuch fiir Nationalökonomie und Statistik, tome 171, 1959, pp. 25 et suiv. ; W. Mägdefrau, Zum Waid - und Tuchhandel thüringischer Städte im späten Mittelalter, Jahrbuch fiir Wirtschaftsgeschichte, II, 1973, pp. 131-148 ; E. LEE, Woad from Città di Castello, 1476-1484, Journal of European Economic History, 11, no 1, 1982, pp. 141-156.
15 J. Thirsk, Economic policy, op. cit., pp. 27-30.
16 E. Kerridge, The agricultural revolution, Londres, 1967, pp. 209-211 ; J. Thirsk, Economie policy, op. cit., pp. 18-22.
17 N. T. Wills, Woad in the Fens, Long Sutton (Lincs.), 1979, passim.
18 J. Thirsk, Economic policy, op. cit., pp. 68-72.
19 Ibid. ; j’écrirai plus longuement à ce sujet dans mon Agriculture Alternative.
20 J. Thirsk, Agrarian History, op. cit., V, II, p. 341 ; K. G. Ponting, Madder, International Dyer, 24 june 1977, pp. 17-21. Pour un témoignage indirect de la demande grandissante de garance en Europe, voir S. D. Chapman et S. Chassagne, European textile printers in the eighteenth century, Londres. 1981, pp. 204, 6, 12 et 217.
21 J. Thirsk, Economic projects, op. cit., pp. 40-41 et 73-75 ; R. Weston, A Discours of husbandrie used in Brabant and Flanders, Londres, 1652, pp. 7, 8, 13 et 18-19 ; E. Kerridge, op. cit., p. 85 pour les rotations avec lin dans le Suffolk, un comté où les étrangers s’établirent très tôt.
22 D. A. Baker, Agricultural prices, production and marketing, with special reference to the hop industry : North-East Kent, 1680-1760, New York, 1985, chapitres 9-11.
23 J. Thirsk, New crops and their diffusion : tobacco-growing in seventeenth-century England, in Id., The rural economy of England. Collected essays, Londres, 1984, pp. 259-285.
24 J. Thirsk, Agrarian History, op. cit., V, II, pp. 538 et 549.
25 Calendar of State Papers Domestic, 1663-1664, p. 217 ; 1661-1662, p. 480 ; Public Record Office, PROB 11/376.
26 J. Thirsk, Agrarian History, op. cit., V, II, pp. 542-571.
27 Slicher Van Bath, The agrarian history of western Europe, AD. 500-1850, Londres, 1963, pp. 264-275 ; F. Irsigler, Intensivwirtschaft, Sonderkulturen und Gartenbau als Elemente der Kulturlandchaftsgestaltung in den Rheinlanden (13-16 Jahrhundert), in A. Guarducci, ed., Agricoltura e trasformazione dell’ambiente, secoli XIII-XVIII, Atti delle Settimane di Studio 11 Prato 1979, pp. 719-747.
28 R. Weston, op. cit., p. 7.
29 G. Schröder-lembke, Die EinfIhrung des Kleebaues in Deutschland vor dem Auftreten Schubarts von dem Kleefelde, Studien zur Agrargeschichte. Quellen und Forschungen zur Agrargeschichte, Band 31, Stuttgart, 1978, pp. 133-145 ; J. Thirsk, Agrarian History, op. cit., V. IL pp. 553-556 et 568.
30 Public Record Office, Londres, SP 46/88, ff. 173ff ; J. Thirsk, Rural migration in England, op. cit. Au sujet des Français qui venaient comme fermiers à Hatfield Chase, dans les marais de l’Angleterre orientale, voir Calendar of State Papers Domestic, 1636-1637, p. 12.
31 J. Thirsk, Agrarian History, op. cil., V, I, pp. 581-586.
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