Technique agricole, cultures nouvelles et economie rurale en Flandre au Bas Moyen Age
p. 51-67
Texte intégral
1Moyen Age se sont modifiées ces dernières décennies1. L’image optimiste que Slicher van Bath en avait donné fluctue depuis entre un optimisme encore plus grand et le scepticisme2. Néanmoins, on manque d’études systématiques sur la question. Quoique dans le rapport que nous présentons, l’accent soit mis sur la région que nous avons étudiée dans une zone de travail plus large, à savoir les châtellenies d’Audenarde et d’Alost3, les autres régions du comté ont aussi été intégrées dans cet article surtout grâce à l’utilisation d’un certain nombre de sources encore inédites, ce qui nous permet de prendre position dans le débat du rendement de l’agriculture avec plus de conviction. Dans la dernière partie de ce rapport, nous proposons quelques éléments d’une explication économique des évolutions attestées.
L’importance des cultures pratiquées
2Donnons d abord un court aperçu sur les cultures les plus répandues et sur leur importance relative.
La culture des légumineuses
3La culture des légumineuses est considérée comme étant au coeur des progrès agricoles. Quoique leur apport direct au rendement des céréales ait récemment été mis en doute4, leur importance pour l’élevage est incontestée. Dès le XIIIe siècle au moins, toutes sortes de légumineuses ont été introduites dans la rotation des cultures de l’Artois à la Zélande : les pois, les fèves, les vesces et les féveroles étaient les plus importantes. Ces deux dernières étaient cultivées exclusivement comme fourrage pour les animaux. Pois et fèves avaient une utilisation mixte et étaient en partie destinés à la consommation humaine. Les qualités de cette culture sont connues et on a souvent mentionné le fait que les légumineuses améliorent la richesse du sol. Souvent, au XVe siècle, les chaumes étaient enfouis.
4Une carte, faite sur la base de données diverses, montre l’importance des légumineuses en Flandre dès le XIIIe siècle (figure 1)5. Des proportions de plus de 30 ou 40 % des surfaces cultivées n’étaient pas exceptionnelles, surtout dans les zones aux sols lourds où les très grandes exploitations étaient nombreuses. On peut comparer la part de la culture des vesces, qui étaient les légumineuses les plus communes en Flandre, avec celle qu’elles atteignaient en Angleterre où elles n’ont jamais couvert plus de 4 % de la surface cultivée6. Dans la Flandre sablonneuse, la culture des légumineuses était moins populaire, ce qui ne veut pas dire que l’agriculture y était pratiquée d’une manière plus rudimentaire. Les légumineuses sont cultivées dans la sole de mars, mais dès la dernière moitié du XIIIe siècle, on les semait aussi dans la jachère longue. Quand ces cultures sont-elles devenues populaires ? Au moins dès le XIIIe siècle ; bien qu’une comparaison soit dangereuse, si l’évolution avait été parallèle à celle de la région de Norfolk en Angleterre — la seule région de l’Europe du Nord comparable à la Flandre au Moyen Age — la deuxième moitié du siècle aurait été décisive7. Je crois pourtant que les sources disponibles nous montrent au moins une diversification des légumineuses du XIIe au XIIIe siècle8.

Fig. 1. - L’importance des légumineuses au bas Moyen Age.
Limites du comté de Flandre. Pourcentage des terres ensemencées dans quelques régions et quelques exploitations directes : 1. Saint-Georges (exploitation, année 1315) ; 2. moyenne pour la châtellenie de Furnes (1550-1564) ; 3. Bourbourg (exploitation, 1315) ; 4. Saint-Pierre Brouck (exploitation, 1315) ; 5. Saint-Omer (dîme, 1466) ; 6. Zudausques (dîme, 1399) ; 7. Vlissegem (exploitation, 1333) ; 8. Zuienkerke (exploitation, 1333-1358) ; 9. Otene (exploitation, 1295) ; 10. Frankenijk (exploitation, 1295) ; 11. moyenne approximative pour la châtellenie de Gand (XVe siècle) ; 12. Machelen (exploitation, 1317-1325) ; 13. Sint-Denijs-Boekel (dîme, 1536) ; 14. moyenne pour la châtellenie d’Audenarde (exploitations, XVe siècle) ; 15. Ninove (exploitation, 1454-1475) ; 16. Avelgem (exploitation, 1317-1325) ; 17. Mouscron (exploitation, 1450 env.) ; 18. Festubert (dîme, 1324-1328).
La culture des navettes
5Les historiens comme Slicher van Bath et Paul Lindemans, ont, dans leur jugement de l’agriculture flamande, attribué beaucoup d’importance à la culture de la navette9. Les navettes étaient cultivées différemment selon leur destination. Semées d’une manière très dense, elles étaient utilisées surtout comme fourrage vert pour les animaux ; la plante était alors semée comme culture dérobée dans la courte jachère d automne, après la récolte des grains d’hiver et avant l’ensemencement des cultures de printemps ; on gagnait ainsi une récolte et le bétail engraissait en même temps les champs. Semées d’une manière beaucoup moins dense avant l’hiver, elles étaient cultivées pour les navets ou turnips, consommés aussi bien par l’homme que par les animaux ; si on les laissait monter en graine pendant le printemps qui s’ensuivait, les semences donnaient de l’huile10.
6La chronologie de ces types divers de culture dans les champs est mal connue. Une hypothèse attractive serait de faire remonter toutes ces pratiques au XIIIe siècle comme l’a proposé van Uytven — vu l’importance de cette période pour l’évolution de l’agriculture flamande. Néanmoins, je n’ai pas trouvé de preuves pour appuyer cette thèse11. Au contraire, j’ai cru pouvoir discerner, dans l’état actuel de la recherche, une évolution du XIIIe au XVIe siècle. Dans la région de Gand, jusque vers le début du XVe siècle, la navette était exclusivement cultivée comme plante oléagineuse. Bien entendu, les produits résiduels comme les tourteaux étaient utilisés comme fourrage. Dans ce cas, on la semait presque toujours dans la sole des cultures de printemps — et non sur la jachère. Ce n’est que pendant les dernières décennies du XVe siècle que l’on trouve dans les sources les traces d’une culture de la navette comme fourrage vert, et cela seulement sur les champs des gros agriculteurs. Vers 1420, on la cultive dans les champs pour la racine, et cela aussi bien comme culture dérobée que comme culture semée dans la jachère longue. Mais c’est surtout au XVIe siècle, que j’ai pu constater une extension considérable de cette plante destinée alors à la consommation humaine plus qu’à la nourriture des animaux. Ceci était sans doute une réponse à la hausse contemporaine de la population et à la fragmentation des exploitations. Une réduction de la culture de l’avoine en a résulté, ce qui nuisait à l’élevage. Pour résoudre ce problème, on a opté pour une culture qui évitait la diminution des superficies cultivables. Il est d’ailleurs significatif qu’au même moment on voit une extension des prairies artificielles (les “dries”), comme on le montrera ci-après.
7Le tableau ci-dessous12 illustre cette évolution :
La culture de la navette en Flandre (XIIIe-XVIe siècle)
période | destination de la culture | place dans le plan de la rotation |
phase 1 : XIIIe-XVIe s. | graine de navette (huile+tourteaux de navette) | sole de printemps |
phase 2 : 1420-XVIe s. | turnips (petites exploitations) | jachère longue (culture dérobée) |
phase 3 : 1480-XVIe s. | fourrage vert (grandes exploitations) | jachère longue (culture dérobée) |
phase 4 : fin XVIe s. | le colza remplace la graine de navette pour l’huile | jachère longue |
La culture des plantes tinctoriales
8Parmi les plantes industrielles, les plantes tinctoriales ont droit à une grande attention. Trois types de plantes tinctoriales étaient répandues en Flandre au bas Moyen Age : la guède, qui donne un colorant bleu, la garance qui donne une couleur rouge et la gaude qui donne une couleur jaune (voir figure 2).

Fig. 2. - La présence des plantes tinctoriales en Flandre au bas Moyen Age.
1. limites du comté de Flandre ; 2. garance ; 3. guède ; 4. gaude.
9La garance était très répandue dans la zone côtière de la Flandre maritime. Sa culture exigeait beaucoup de soins et était surtout faite par des petits paysans. La garance avait des qualités très appropriées à cette région. Des sources plus tardives montrent qu’elle donne un bon rendement sur des sols lourds comme ceux des “polders”. De plus, la garance est la plante qui s’adapte le plus facilement aux sols salés et c’est pour cela qu’elle est cultivée dans des polders nouvellement endigués13. Comme matière colorante utilisée dans l’industrie drapière, sa culture suit l’évolution conjoncturelle de la production textile. La plus ancienne mention date de 1173 et on en trouve beaucoup au XIIIe siècle14. Pendant le XVe et le XVIe siècle cependant, cette culture a perdu de son importance, parallèlement à la décadence de l’industrie drapière des villes. Dans la région de Lille, la production d une autre plante tinctoriale, la guède, remonte au XIIIe siècle. Sa culture se pratiquait également sur les petites exploitations15.
10La même évolution s’est probablement produite avec la gaude dans la région d’Audenarde où elle est attestée dès le début du XIVe siècle. Là aussi la culture a diminué au cours du XVe siècle, mais probablement la gaude n’a-t-elle jamais connu la même importance que la guède16.
11Il semble donc que ces végétaux aient connu leur essor principal au XIIIe siècle. Néanmoins, il serait faux de considérer le fait seul de l’adoption des plantes tinctoriales comme une manifestation d’une agriculture avancée. G. Sicart a démontré pour le Toulousain qu’à cette époque, une agriculture rudimentaire pouvait accueillir des plantes tinctoriales17.
La culture du lin
12Bien que le lin ait été cultivé dès le haut Moyen Age dans nos régions, sa culture a joué un rôle encore beaucoup plus important dans l’histoire de l’agriculture flamande de l’Ancien Régime18. Contrairement a ce qui a été dit à propos des plantes tinctoriales, le lin a connu une expansion du XIVe au XVIe siècle ; expansion parallèle à celle de l’industrie rurale du tissage de la toile.
13La première phase d’expansion est probablement liée au fait que, dès la fin du XIIIe siècle, les grandes villes ont essayé de prohiber le tissage de la laine à la campagne. La ville d’Ypres n’a pas abouti, mais son grand concurrent Gand a bien réussi à démolir par la force les métiers des tisserands de laine dans son "quartier"19.. En 1314, Gand recevait le privilège de l industrie drapière dans un rayon de 25 km autour de la ville20. On a très peu de documents sur l’industrie rurale drapière avant cette date, mais le spécialiste H. Van Werveke admit que cette activité rurale s’était développée surtout au XIIIe siècle, ce qui me semble logique. C’est précisément dans cette zone de 25 km autour de Gand que l’industrie de la toile s’est le plus densément diffusée et développée après le XIVe siècle (voir figure 3) ! Cela conforte donc l’hypothèse selon laquelle l’industrie rurale du tissage de la toile est venue remplacer la draperie — contrairement à ce qui a été écrit par le spécialiste en cette matière Et. Sabbe21. La compatibilité de diverses branches de l’industrie du textile a d’ailleurs été démontrée pour le début du XIXe siècle. A cette époque, de nombreux travailleurs de l’industrie rurale de la toile ont été employés dans les premières manufactures de coton de la région de Gand. L’industrie des toiles a encouragé la culture du lin tout d’abord dans la région même. Dans cette première phase, les paysans se procuraient ainsi leur propre matière première. La culture du lin était donc en premier lieu une activité des paysans modestes. C’est ce que prouve un document de 1381 dans lequel on voit que les petits paysans de la région d’Audenarde produisaient déjà de grandes quantités de lin22. En 1390, un fragment des Customs Accounts prouve qu’à la fin du XIVe siècle l’exportation de la toile flamande vers la ville de Londres était déjà d’une importance considérable23.

Fig. 3. - La culture du lin et la fabrication de la toile en Flandre à la fin du XVIIIe siècle.
1. limites du comté de Flandre ; 2. région de production de toiles ; 3. région de culture du lin (d’après C. Vandenbroeke, De linnennijverkeid, dans C. Gyssels et L. Van Der Straeten, Bevolking, arbeid en tewerkstelling in West-Vlaanderen (1796-1815), Gand, 1986, p. 139).
14Une deuxième vague de progrès de la culture du lin s’est manifestée au début du XVIe siècle. Entre 1501 et 1510, on compte déjà 37 % de bourgeois forains de la ville d’Audenarde possédant un métier à tisser, entre 1541 et 1550, 47 %. On réservait alors une moyenne de 10 % de la superficie agricole à la culture du lin. C’est presqu’un maximum “physique” puisque on ne peut semer le lin qu’une fois tous les 6 ans au même endroit24.
15En ce qui concerne le pourcentage de leurs terres utilisé pour la culture de lin, il existait une différence entre les grandes et les petites exploitations. Ces dernières cultivaient proportionnellement plus de lin que les grandes, exception faite de celles de moins d’un demi-hectare, appartenant à des ouvriers agricoles. Celles-ci cultivaient un maximum de céréales panifiables25. Le lin n’était probablement pas un produit d’une grande importance commerciale. La tendance est présente chez toutes les catégories d’exploitants à semer du lin sur 0,3 à 0,4 ha. J’ai pu calculer que cette superficie est exactement la surface nécessaire pour permettre l’engagement de toute une famille dans les divers stades de la fabrication du tissu, de la fibre à la toile. Et c’était la toile qui était vendue. Il semble que l’industrie rurale avait pour premier but de résoudre la question du sous-emploi agricole dans les saisons mortes.
16On peut donc conclure que l’origine de l’extension de la culture du lin en Flandre intérieure est liée plus qu’on ne l’a supposé jusqu’à aujourd’hui, à l’industrie drapière. Ce n’est qu’une réponse à un acte politique de la ville de Gand en 1314. La deuxième période d’expansion peut, elle aussi, être mise en relation avec le déclin de la draperie urbaine, sans toutefois exclure d’autres facteurs.
Le colza
17Le colza était cultivé dans les régions maritimes au XIIIe siècle26. Peut-être cette culture se pratiquait-elle sur les sols tourbeux qui y étaient très répandus. Il est possible que le colza, une fois les couches supérieures de tourbe brûlées, ait été une des première plantes à être ensemencée, comme ce fut le cas plus tard en Angleterre27. Cette plante, cultivée comme plante fourragère — pour les moutons — et pour sa graine oléagineuse, a peut-être disparu au bas Moyen Age, parce que, à cette époque, les sols tourbeux n’étaient plus que rarement cultivés à la charrue28. Elle fut réintroduite à la fin du XVIe siècle, cette fois partout ailleurs en Flandre, pour remplacer la navette comme productrice d’huile29. Dès ce moment-là, on ne cultivait presque plus la navette que pour la consommation humaine.
Les céréales “classiques”
18Le froment, le seigle et le méteil étaient cultivés comme céréales d’hiver respectivement dans les régions aux sols lourds, sablonneux et mixtes30. Parmi les céréales d’été, l’avoine prenait la première place avant les légumineuses dont nous avons déjà parlé et avant l’orge. Les rendements à l’hectare avaient atteint des niveaux très élevés. Si on ne tient compte que des terres ensemencées, ils étaient, en Flandre française, probablement les plus élevés d’Europe : A. Derville l’a démontré. Des rendements de 20 à 30 hl à l’hectare pour les céréales d’hiver n’y étaient pas exceptionnels. Mais en Flandre intérieure, ils étaient également respectables, avec une moyenne de 17 hl/ha. Dans la région côtière, les rendements étaient un peu plus bas, autour de 12 hl/ha, ce qui renforce l’idée que la culture des légumineuses n’avait pas d’influence directe positive sur le volume de la production céréalière31.
19Mais tous ces chiffres sont en fait relatifs et ne donnent qu’une image très partielle de la productivité du sol ! Il faut prendre aussi en compte dans une évaluation de l’agriculture, l’extension ou la diminution de la surface cultivée et l’assolement. Ainsi, les différences régionales seraient sans doute réduites. Je crois, par exemple, qu’il n’est pas impossible que la jachère ait été au bas Moyen Age encore beaucoup plus importante dans la Flandre française que dans la Flandre intérieure, ce qui se reflétait dans les rendements : le “braakkoren” (blé après jachère longue), qui donne un meilleur rendement à l’hectare, y était beaucoup plus commun que le “stoppelkoren” (blé après blé) qui rend moins à l’hectare et qui était devenu une pratique normale en Flandre intérieure (sablonneuse). De futures recherches le montreront.
20Mais, avant d’aborder la question de l’assolement, achevons notre aperçu général des cultures avec quelques mots sur l’avoine. Cette graminée commune en Flandre est souvent à tort considérée comme une céréale de peu de valeur. En réalité, ses rendements à l’hectare étaient encore beaucoup plus élevés que ceux des céréales d’hiver32. Exprimé en valeur monétaire, le rendement était très proche de celui du seigle. Comme les coûts de production étaient beaucoup plus bas, la productivité de travail était similaire à celle du seigle33.
21Depuis le XIIe siècle au moins, la rotation triennale — au niveau des exploitations — s’est répandue en Flandre. Des atteintes à ce système peuvent être constatées dès la deuxième moitié du XIIIe siècle. On essayait alors surtout d’élargir la superficie agricole en cultivant une partie de la jachère.
22Jusqu’ici on n’avait que peu de preuves de la mise en culture de la jachère avant le milieu du XIVe siècle. Outre les deux données de 1226 dans le nord de l’Artois, on n’en trouvait pas plus de trois mentions ! L’une dans un contrat pour une exploitation à Ennetières-en-Weppes en 1259, une autre en 1286 dans le Tournaisis. Ces cas ont été relevés par Alain Derville. La troisième occurrence concerne la ville de Bourbourg et a été découverte, il y a longtemps, par Henri Pirenne ; elle date de 132834. Deux documents, jusqu’à maintenant inconnus des historiens, nous ont donné la possibilité de tripler ou peut-être de quadrupler le nombre d’atteintes connues au système de la rotation triennale (voir fig. 4).
23Le premier document est un dossier de confiscations fait pour le comte de Flandre après les émeutes en 1315. Ce dossier fournit des descriptions assez détaillées d’exploitations agricoles, surtout pour les châtellenies de Bourbourg, Bergues-Saint-Winnoc et Ypres35. L’autre est un document unique qui date de 1295 : un compte privé d’un bourgeois de Gand, nommé Hues de le Volrestrate. Ces données concernent Factuelle Flandre zélandaise36.
24Les résultats de l’analyse des deux documents sont réunis dans le tableau suivant, dans lequel les pourcentages des cultures semées sont indiqués par exploitation :
Dossier de confiscations de 1315
25Châtellenie de Bourbourg
26Exploitation d’un bourgeois à Bourbourg : 183 gemeten
38 gemeten | blé | 21 % |
44 “ | avoine | 24 % |
42 “ | “grains ronds” | 23 % |
24 “ | pâturage | 13 % |
25 “ | jachère | 19 % |
27Exploitation de Wouter Babel à Saint-George : 10,5 gemeten
3,5 gemeten | blé | 33 % |
4 | légumineuses | 38 % |
3 | avoine | 29 % |
28Exploitation à Saint Pierre-Brouck : 24 gemeten
6 gemeten | blé | 25 % |
8 “ | vesces | 33 % |
4 “ | avoine | 17 % |
6 “ | jachère | 25 % |
29Exploitation à Saint-Nicolas : 9 gemeten
2 1/2 gemeten | avoine | 28 % |
1 | avoine | 16 % |
21/2 “ | blé | 28 % |
2 1/2 “ | vesces | 28 % |
30Compte de l’exploitation en faire-valoir direct de Hues de le Volrestrate, bourgeois de Gand, 1295.
31Châtellenie des Quatre Métiers (aujourd’hui Flandre zélandaise).

Fig. 4. - Les plus anciennes mentions d’atteintes à la jachère.
1. Oisy (1226) ; 2. Marquion (1226) ; 3. Ennetières-en-Weppes (1259) ; 4. Otene (1295) ; 5. Axel (1295) ; 6. Frankendijk (1295) ; 7. Tournaisis (1286) ; 8. Saint-Georges (1315) ; 9. Saint-Nicolas (1315) ; 10. Pitgam (1315) ; 11. Saint-Pierre Brouck (1315) ; 12. Zuienkerke (1300) ; 13. Bixschote (1315) ; 14. Vlamertinge (1315) ; 15. Bas-Warneton (1315). Les données marquées par ? sont moins sûres.
32Exploitation à Frankendijk : 183 gemeten
70 gem. 75 roeden | froment | 38 % |
53 gem. | avoine | 29 % |
60 gem. | fèves, féveroles (cruut) | 33 % |
33Exploitation à Otene (Noten) : 177 gemeten
64 gem. 145 r. | froment | 36 % |
42 gem. 112 r. | avoine | 24 % |
40 gem. 164 r. | fèves | 23 % |
30 gem. | féveroles (cruut) | 17 % |
(1 gemet = 300 roeden = 0,44 ha)
34Les conclusions sont claires : dans les exemples présentés, la rotation triennale n’existe pas au niveau de l’exploitation.
35Pour la période postérieure à 1370, les données se multiplient énormément ; les contrats de baux deviennent nombreux dans les archives. Déroyer, c’est-à-dire changer la rotation des roies est autorisé dans la plupart des contrats. Refroissier, c’est-à-dire mettre en culture la jachère est souvent explicitement permis. Divers contrats de parcelles dans la région d’Audenarde rélè¬ vent des rotations complètement atypiques au XVe siècle37. Quelques règles seulement y étaient encore respectées :
Village | Superficie* | Rotation** | Date*** |
Zegelsem | 4b. 3,5dw.5,5dw. | seigle-céréale d’hiver | 1403 |
Kruishoutem Leupegem | 3,5b. | lin après céréale d’été peut-être cultivé chaque année | 1402 |
Gijzelbrechtegem | 3 dw. | lin- blé | 1410 |
? | lb. moins 17r. | graine navette - blé | 1418 |
? | 3,5b. 17r. | 0,5 b. vesce - blé | 1419 |
0,5 b. avoine-blé | |||
Herlegem (Kruishoutem) | lb. | 0,5 b. lin - avoine | 1419 |
? | 13b. ldw. | 1,5 gaude - blé | |
0,5 b. navette-blé | 1420 | ||
Gijzelbrechtegem | 3dw. | lin- blé | 1424 |
Kruishoutem | 0,5 b. 16 r. | blé- blé | 1424 |
Gijzelbrechtegem | 3dw. | lin- blé | 1430 |
Wortegem | courtil | blé- lin - blé | 1461 |
Kaster | 75 r. | pois- blé | 1511 |
* 1 bonnier = 4 dachwand = 400 roeden = 1,44 ha
** Sur deux années consécutives
*** 1re année du bail.
36Une pratique attestée dans les grandes exploitations mérite l’attention, c’est la culture déjà mentionnée du stoppelkoren, ou soile après soile, qui était très répandue en Flandre sablonneuse. On en trouve des preuves dans les contrats dès 1370. Il ne me semble pas invraisemblable que cette pratique ait été commune dans la région d’Ypres au plus tard dès 131538. Dans les rotations des petites exploitations, la part des céréales panifiables était devenue au bas Moyen Age encore plus importante. C’est ce qu’une analyse de baux de parcelles a révélé.39
37Ce qui vient d’être dit ne signifie pas que la jachère avait disparu, certainement pas chez les grands fermiers. Pour le XVIe siècle on voit même un renouveau de la jachère. Voici les pourcentages de blé après jachère longue dans la région d’Audenarde :
1410-1419 | 33 % |
1420-1429 | 25 % |
1430-1443 | 44 % |
1460-1472 | 54 % |
1562-1567 | 59 % |
38Comment faut-il expliquer cela ? Le contexte flamand caractérisé par une possibilité restreinte d’extension et de diminution de la surface cultivée doit être ici pris en compte comme on va le voir.
La culture temporaire : le dries, trieu ou tries
39C’est par l’extension ou la diminution des terres en jachère d’une part et par le nombre de terres en tries d’autre part, que le paysan flamand pouvait adapter le volume de la production.
40Les vrais défrichements étaient devenus rares après 1250 et les terres abandonnées au bas Moyen Age, elles aussi. Mais les terres n’étaient pas cultivées aussi intensivement les unes que les autres. Durant les phases de bonne conjoncture, les terres marginales étaient cultivées d’une manière plus intensive à l’aide du “système à dries”, une sorte de Koppelwirtschaft ou culture temporaire. Ce système était déjà pratiqué au XIIIe siècle et connut un nouvel essor au XVIe siècle. Une fois de plus, la région d’Audenarde nous servira de témoin pour illustrer l’évolution des pourcentages de terres à tries40 :
1397-1409 | 4,9 % |
1410-1419 | 1 % |
1420-1429 | 3,1 % |
1430-1443 | 6,3 % |
….. | |
1460-1472 | 11,3 % |
….. | |
1562-1567 | 13,2 % |
41Normalement, ces prairies artificielles, les trieux, où le bétail pâturait les mauvaises herbes, étaient labourées à la charrue après 3 à 9 ans pour une période identique. Les terres marginales exigeaient également plus de jachère quand elles étaient mises en culture : c’est pour cette raison que la jachère s’étendait à nouveau quand plus de terres étaient cultivées.
Note sur l’évolution de l’outillage agricole
42En général, les instruments aratoires ont peu évolué ; par contre, un réel progrès semble avoir été réalisé dès avant la fin du XIIIe siècle dans plusieurs régions flamandes, grâce au remplacement, pour la moisson, de la faucille par la sape (néerlandais : pik, zicht) et par la faux. En Angleterre, la faucille est restée l’instrument par excellence jusque dans le courant du XVIe siècle. La sape, mentionnée près de Lille en 1295, mais aussi près d’Audenarde en 1317, permettait une récolte plus rapide que la faucille41. Une seule personne coupait le blé et préparait en même temps les gerbes. Avec la sape, le moissonneur pouvait couper plus bas alors qu’avec la faucille on ne coupait que les épis. Ainsi, la plus grande partie de la paille ne restait désormais plus sur les champs, mais était utilisée à l’étable pour la préparation du fumier. Le progrès que constituait la sape bénéficiait donc non seulement à la productivité du travail, mais aussi à la productivité du sol, par l’intermédiaire de l’élevage à l’étable, dont la sape semble avoir été, tout comme la culture des plantes fourragères, le corollaire42. La sape avait un dernier avantage : elle donnait la possibilité aux agriculteurs de cultiver leurs champs en billons (flamand : bedden) : d’étroites bandes, légèrement ondulées qui favorisaient le drainage et la possibilité de sarcler (voir figure 5).

Fig. 5. - Miniature (1500 env.) (Bréviaire de la collection Mayer van den Bergh). Remarquez la sape et les “billons”.
Quelques élements d’une explication des évolutions agraires dans le contexte économique
43L’évolution décrite doit être expliquée dans son contexte économique. Je me borne ici à donner quelques éléments43.
44Premièrement, j’ai pu affirmer que le bilan de la crise du bas Moyen Age est relativement positif en ce qui concerne l’économie rurale flamande. La Flandre a donc moins souffert de la crise que les autres régions européennes. Même pendant la crise, des phases B de demi-long terme étaient toujours suivies de phases A, toujours plus courtes que les premières.
45Comme ailleurs, la période précédant la crise, le XIIIe siècle, et celle qui la suivit, le XVIe, furent des périodes où la conjoncture était favorable, avec des prix agricoles en hausse. Les théories existantes pour expliquer l’essor de l’agriculture flamande sont insuffisantes. Si l’on veut bien me suivre et admettre qu’une grande partie des innovations techniques peuvent être situées au XIIIe siècle, on doit supposer logiquement que la théorie de Slicher Van Bath qui voit dans la crise elle-même l’origine des nouvelles techniques doit être rejetée44. Il y a quelques années, Derville a insisté sur la qualité du sol et des conditions pédologiques de la région, mais cette théorie, elle aussi, est maintenant dépassée. D’autres comme Irsigler ont insisté sur l’importance de l’influence du marché urbain45.
46La demande suscitée par les villes aurait eu pour conséquence l’intensification de l’agriculture. A lui seul, ce facteur ne semble pas satisfaisant, puisqu’il reste alors à expliquer pourquoi d’autres régions urbanisées en Europe, comme par exemple l’Italie du Nord, n’ont pas vu se développer une agriculture de caractère aussi avancé. C’est pourquoi le facteur géographique ne joue pleinement son rôle qu’en relation avec la structure de l’économie rurale qui a favorisé le niveau de l’investissement dans l’agriculture flamande. Je finirai ce rapport en résumant et simplifiant quelques idées à ce sujet.
47Le niveau des investissements46 était d’une importance particulière pour toute intensification de l’agriculture. Une hausse de ce niveau stimule conjointement l’invention et l’introduction de nouvelles techniques et cultures. Déjà avant le bas Moyen Age les structures de l’économie rurale en Flandre étaient favorables à un haut niveau d'investissement.
48Il faut d’abord mentionner que le degré élevé d’urbanisation a favorisé une circulation monétaire intensive à la campagne. Les besoins monétaires des seigneurs ont provoqué l’imposition en argent de nombreux cens, rentes, baux, etc. (plus de Geldrenten que de Naturalrenten). Il semble qu’une des caractéristiques fondamentales de la féodalité du XIe au XIIe siècle n’était pas le prélèvement arbitraire (comme on l’a souvent écrit), mais le prélèvement fixe. Cela a incité les seigneurs à encourager les paysans aux défrichements. Les prélèvements, en effet, ont subi — surtout en Flandre — des dépréciations progressives dues à la hausse des prix. Les seigneurs ont réagi de plus en plus contre cette évolution, lorsque les défrichements ont pris fin, vers la fin du XIIIe siècle.
49Cependant, en Flandre, il ne leur était guère possible de réagir contre ce processus néfaste pour leurs ressources.
50Pourquoi ? La concurrence entre les couches supérieures de la société qui possédaient les terres et le pouvoir — l’Etat, les seigneurs, la bourgeoisie et le clergé — a contribué à déterminer le niveau du prélèvement47. C’était surtout de la lutte entre les grandes villes et le pouvoir central que la Flandre a pu profiter, malgré les guerres civiles entre ces deux pouvoirs. C’étaient les villes qui avaient le pouvoir dans la représentation des Etats et c’étaient elles qui réussirent à limiter les exigences du fisc. D’autre part, le comte a toujours essayé de limiter la vente aux bourgeois de terres à la campagne. C’est aussi à cause de la lutte entre les villes, les seigneurs et le comte, que l’institution de la bourgeoisie foraine a pu se développer dès le début du XIIIe siècle. Cela a donné aux paysans aisés la possibilité de s’opposer à toute forme d’exploitation illégale. Enfin, dès le XIIe siècle, seigneurie foncière et seigneurie banale se trouvaient dissociées entre les mains de seigneurs différents. Des changements radicaux de structures dans la seigneurie foncière en étaient devenus difficiles. Voici donc une nouvelle illustration de l’influence indirecte de la présence des villes dans la région étudiée. Vu que le niveau du prélèvement était devenu très bas en Flandre pendant la deuxième moitié du XIIIe siècle — nulle part ailleurs on ne trouve la même situation — les paysans ont investi “en profondeur”.
51Les villes apportaient d’autres avantages aux paysans, pendant les phases A. La concentration des marchés urbains en Flandre concède à la terre cultivée une plus-value. Il est probable que pendant les phases de prospérité, la demande en produits agricoles augmentait. Cette valeur ajoutée a crû davantage dans les régions urbanisées que dans les régions moins urbanisées où le commerce intermédiaire était plus important, etc. En Flandre, les paysans eux-mêmes ont dû profiter plus largement de cette hausse de valeur ajoutée à cause du “falling rate of feudal levy”. C’est aussi pour cette raison qu’en Flandre les paysans étaient poussés à l’investissement, d’autant plus que la bourgeoisie était prête à investir dans la terre de manière indirecte, notamment par la vente de rentes constituées ! La vente de rentes constituées comme forme de crédit était déjà très populaire en Flandre vers 130048. Des communications présentées au récent congrès d’histoire économique de Louvain, ont confirmé mes idées sur le fait que beaucoup de ces rentes étaient achetées pour investir49.
52Voici quelques éléments que nous croyons d’une importance fondamentale pour expliquer le haut niveau de la technique agricole décrite plus haut.
Conclusion
53Nous ferons cinq remarques en guise de conclusion :
L’intensification de l’agriculture flamande est un processus qui a commencé au XIIIe siècle. Le plus grand progrès a probablement déjà été effectué avant la crise du bas Moyen Age, ce qui n’exclut pas que des pratiques se soient généralisées pendant la crise et que quelques nouvelles cultures importantes comme le lin et la navette, aient alors connu un certain essor. Le développement le plus important de ces deux cultures se produisit néanmoins pendant l’autre phase A : le XVIe siècle. Beaucoup de techniques introduites en Angleterre aux XVIIe-XVIIIe siècles et dont on a souvent dit qu’elles avaient été inventées en Hollande, venaient en réalité de la Flandre où elles étaient pratiquées dès le Moyen Age.
Même avant le début du XIVe siècle, l’actuelle frontière franco-belge n’était pas une frontière sur le plan de l’intensification, comme l’a suggéré Derville. Il me semble même que l’agriculture en Flandre intérieure et maritime était au moins aussi avancée, peut-être plus qu’en Flandre française.
Considérer le XIIIe siècle comme une période d’expansion pour la région étudiée veut dire qu’on ne pourra plus faire appel, comme l’avait fait Slicher van Bath en son temps, à la crise économique du bas Moyen Age pour expliquer l’intensification de l’agriculture flamande50.
Une caractéristique importante de l’agriculture flamande est sa grande flexibilité. Celle-ci est due au fait que les coutumes (Flurzwang, etc.) n’ont pas freiné le développement. Le volume de la production fut moins fonction de l’étendue de la surface cultivée (il n’y eut pas ou peu de Wüstungen) que de l’intensité de la culture. Les fluctuations de celle-ci résultaient de l’augmentation ou de la diminution des années de jachère et de l’utilisation des terres comme prairies temporaires (trieu).
Le haut niveau de l’agriculture flamande ne doit donc pas être expliqué seulement par sa situation géographique. La structure de l’économie rurale était au moins aussi importante.
Notes de bas de page
1 Cet article concerne l’ancien comté de Flandre et non la Flandre dans son sens moderne qui couvre plus de la moitié de la Belgique actuelle. Une partie du nord de la France était intégrée au comté. Je remercie vivement Mme Claire Billen qui a corrigé mon français et m'a fourni certaines données ainsi que M. F. Brumont qui a revu le manuscrit.
2 B. H. Slicher Van Bath, The rise of intensive husbandry in the Low Countries, in Britain and the Netherlands. Paper delivered to the Oxford-Netherlands Conference, 1960, pp. 130-153 ; J. Lindemans, Geschiedenis van de landbouw in België, Anvers, 1952, 2 vol. reste un ouvrage fondamental ; un optimisme encore plus grand pour la région de la Flandre française, surtout lilloise, dans les articles d’Alain Derville, en particulier : La réduction des jachères au Moyen Age dans la Flandre wallone, Bulletin du Centre d’Etudes Médiévales et Dialectales de l'Université de Lille- III, 1, 1978, pp. 1-10, également : Dîmes, rendements en blé et “révolution agricole” dans le nord de la France au Moyen Age, Annales ESC, nov.-déc. 1987, pp. 1411-1432. Cet auteur reste néanmoins sceptique pour ce qui concerne la Flandre intérieure (voir son compte-rendu du livre récent d’A Verhulst, Précis d'histoire rurale de la Belgique, Bruxelles, 1991, publié dans Revue du Nord, tome LXXII, juillet-sept. 1990, pp. 638-639). A. Verhulst a modifié son pessimisme exprimé dans son article Het probleem van de verdwijning van de braak in de Vlaamse landbouw (XIIIe-XVIIIe eeuw), Natuurwetenschappelijk Tijdschrift, 38, pp. 213-219, pour adopter une vision beaucoup plus optimiste dans son livre cité ci-dessus et dans L'intensification et la commercialisation de l’agriculture dans les Pays-Bas méridionaux au XIIIe siècle, La Belgique rurale du Moyen Age à nos jours. Mélanges offerts à Jean-Jacques Hoebanx, Bruxelles, 1984, pp. 89-100. Une opinion intermédiaire est exprimée dans les articles très bien documentés de M. J. Tits-Dieuaide, par exemple, L’évolution des techniques agricoles en Flandre du XIVe au XVIe siècle, Annales ESC, 1981, pp. 362-381. Deux textes importants pour le Brabant ont été présentés par R. Van Uytven : Vroege inbreuken op de braak in Brabant en de intensieve landbouw in de Zuidelijke Nederlanden tijdens de dertiende eeuw, Bulletin de la Soc. Belge d’Etudes Géographiques. SOBEG, 1984-1, pp. 63-72.
3 Région sur laquelle nous avons fait notre thèse de doctorat, publiée en néerlandais : Landbouwekonomie en bevolking in Vlaanderen gedurende de late Middeleeuwen en het begin van de Moderne Tijden. Testregio : de kasselrijen van Oudenaarde en Aalst, Gand, 1988, 2 vol.
4 Notamment en ce qui concerne leur apport d’azote au sol : voir R. C. Allen, The “capital intensive farmer” and the English agricultural revolution : a reassessement, Discussion Paper, no 87-11, 1987 (référence empruntée à B. Campbell, voir note 6).
5 Sources des données mentionnées sur la carte :
Vlissegem et Zuienkerke : J. Mertens, De laatmiddeleewse landbouweconomie in enkele getneenten van het Brugse Vrije, Louvain, 1970 ;
Saint-Omer, Zudausques, Festubert : A. Derville, Dîmes, rendements, art. cit. ;
Ijzendijke, Otene : Archives Générales du Royaume, Chambres des Comptes, Comptes en rouleaux no 183 ;
Sint-Denijs-Boekel. Ninove, châtellenie d’Audenarde, Avelgem, Machelen, Landbouwekonomie.... op.cit., vol. 2 ;
Mouscron : Archives de l’Etat à Courtrai, Fonds d’Ennetières, no 631 ;
Châtellenie de Fumes : P. Vandewalle, De geschiedenis van de landbouw en de kasselrij Veurne (1550-1645), Bruxelles, 1986 ;
Saint-Georges, Bourbourg, St-Pierre Brouck : Archives Départementales du Nord, B 6949 ; Châtellenie de Gand : Archives de la ville de Gand, série 301.
6 B. M. S. Campbell, The diffusion of vetches in medieval England, The Economic History Review, 2'série, vol. XLI, no 2,1988, pp. 143-208, spécialement p. 195.
7 Ibid.
8 Au XII'siècle, les pois étaient probablement prépondérants ; voir, par exemple, le compte général de 1187 du comte de Flandre, édité par A. Verhulst et M. Gysseling, Le Compte Général de 1187 sous le nom de “Gros Brief’et les institutions financières du comté de Flandre au XIIe siècle, Bruxelles, 1962. Nous projetons une étude plus approfondie de l’agriculture flamande avant le bas Moyen Age.
9 B. H. Slicher Van Bath, art. cit., p. 139.
10 E. Leplae, Traité d’agriculture générale et de cultures spéciales, 3e éd., Louvain 1933 vol. II, p. 437.
11 R. Van Uytven, Vroege inbreuken..., art. cit.
12 E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking, op. cit., vol. II, pp. 725-733.
13 Sur la présence de la garance en Flandre maritime, il existe un article intéressant de J. Mertens, De meekrapteelt in de omgeving van Brugge vooral in de 14de en 15de eeuw Het Brugs Ommeland, XXI, 1981, pp. 259-282 et Centre Belge d’Histoire Rurale, no 69. Sur le fait que la plante s adapte bien aux terres salées, A. Vierling, Tractaet van Dyckagie, éd. par J De Hullu et A.G. Verhoeven, La Haye, 1920, p. 286.
14 J. Mertens, art. cit., p. 262.
15 A. Verhulst, L’intensification..., art. cit., p. 95.
16 E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., vol. II, p. 721.
17 G. Sicard, Les techniques rurales en pays toulousains aux XIVe et XVe siècles d’après les contrats de métayage, Annales du Midi, tome LXXI, 1959, pp. 82-86.
18 Il existe une monographie sur l’histoire du lin en Belgique : E. Sabbe, De Belgische vlasnijverheid, 2 vol., Bruges, 1943-1945.
19 E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., vol. II, p. 1011.
20 H. Pirenne, Recueil de documents relatifs à l'histoire de l’industrie drapière en Flandre Bruxelles, tome II, p. 413.
21 E. Sabbe, Geschiedenis, op. cit., pp. 71-78.
22 Archives de l’Etat à Gand, Bisdom, B 3482.
23 R. Van Uytven, Een statistische bijdrage tot de geschiedenis van de linneninvoer in Engeland in de laatste jaren der XIVde eeuw, in het bijzonder vanuit de Nederlanden, Bijdragen tot de Geschiedenis van het oud Hertogdom Brabant, XIII, 1961, pp. 31-41.
24 E. Leplae, Traité d’agriculture, op. cit., II, p. 402.
25 Dans la région d’Audenarde ; voir E. Thoen, Landbouwekonomie..., op. cit., vol. II, p. 998.
26 La plus ancienne mention date de 1283 ; voir F. Vandeputte, Chronicon monasteriï Aldenburgenses majus, Gand, 1843, p. 998.
27 R. Butlin, The restructuring of the agrarian landscape of Fen and Fen-edge settlements in north-east Cambridgeshire c. 1700-1914, à paraître dans Papers of the “Permanent European Conference for the Study of the rural landscape”, 1990, 6 août-1er septembre, Wageningen-Gand. Je remercie B. Augustyn pour cette référence.
28 Mais au contraire, utilisées comme tourbières ; voir, par exemple, B. Augustyn, Traces of the proto-industrial organisation of the medieval northflemish peat region. Test-case Kieldrecht, a peat-diggers village ca. 1400, in H. J. Nitz, The medieval and early moderne rural landscape of Europe under the impact of the commercial economy, Gottingen, 1987, pp. 61-73.
29 P. Lindemans, Geschiedenis van de Landbouw..., op. cit., tome II, pp. 270-274.
30 Les terres lourdes sont présentes notamment dans la Flandre du sud limoneuse et dans les polders de la région maritime. La Flandre sablonneuse s’étend aux alentours de Gand et dans la région située entre Gand et Bruges.
31 Pour les rendements, voir une vue d’ensemble dans A. Verhulst, Précis d’histoire rurale..., op. cit., p. 100.
32 Voir E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., vol. II, pp. 716-718 et p. 815.
33 Les coûts de production pour les céréales d'hiver étaient certainement plus élevés, les sols qui leur étaient destinés étant normalement labourés quatre fois contre deux fois pour ceux qui allaient recevoir des céréales de printemps.
34 H. Pirenne, Le soulèvement de la Flandre maritime de 1323-1328, Bruxelles, 1900, p. 208.
35 Source : voir note 5.
36 Idem.
37 Il s’agit de contrats tirés de l’administration des orphelins ; pour les références exactes : E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., vol. II, p. 744.
38 Sur le stoppelkoren, voir J. Lindemans, Geschiedenis..., op. cit., vol. I, p. 108 ; source : voir note 5.
39 E. Thoen, Landbouwekonomie en Bevolking..., op. cit., vol. II, p. 697.
40 Sur la nature des terres à tries, beaucoup de conceptions erronées ont eu cours (voir, par exemple, J. Boon, Het probleem “Dries” in de Middeleeuwse landbouw in Vlaanderen, Handelingen van de Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, Nieuwe reeks, XIX, 1965, pp. 31 - 46). Je crois avoir prouvé que les dries étaient des prairies artificielles temporaires, mais qui n’étaient pas semées de graminées (Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., vol. II, pp. 766-780).
41 E. Thoen, Landbouwekonomie en bevolking..., op. cit., pp. 766-780.
42 Les avantages de la sape ont été exposés clairement par A. Verhulst, Précis..., op. cit., pp. 128-129.
43 Plus d'information sur la conjoncture et la structure de l’économie agraire dans un résumé de ma thèse : E. Thoen, Economie rurale et démographie en Flandre pendant le bas Moyen Age et le début des Temps modernes. Test-case : les châtellenies d'Audenarde et d’Alost (fin du XIIIe-première moitié du XVIe siècle), dans E. Aerts-m. Van Der Wee, éds., Recent doctoral research in economic history, Louvain, 1990, pp. 31-39.
44 B. H. Slicher Van Bath, The rise of intensive husbandry..., art. cit.
45 F. Irsigler, “Die Gestaltung der Kulturlandschaft am Niederrhein unter dem Einfluss stUdtischer Wirtschaft”, dans H. Kellenbenz, éd., Wirtschaftsentwicklung und Unweltheeinflussung (14-20 Jahrhundert), Wiesbaden, 1982, pp. 173-174.
46 Peuvent être considérés comme investissements tous les frais des paysans, hormis les prélèvements et les achats pour la consommation. Voir G. Bois, Crise du féodalisme. Economie rurale et démographie en Normandie orientale du début du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle, Paris, 1976, p. 190. Une comparaison de mon modèle avec celui de Guy Bois a été faite dans : Landbouweconomie en bevolking in Vlaanderen gedurende de late middeleeuwen en het begin van de moderne tijden. Verduidelijkingen van het verklaringsmodel en bedenkingen bij twee recensies, Bijdragen en Mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden, 107, 1992, pp. 74-84.
47 R. Brenner, Agrarian class structure and economic development in pre-industrial Europe, Past and Present, LXX, février 1976, pp. 30-75.
48 G. Des Marez, Le problème de la colonisation franque et du régime agraire en Belgique, Bruxelles, 1929, p. 169-175 (concernant le village de Lampernisse).
49 B. Poulsen, 16th century peasants and credit. Some danish evidence, rapport dactylographié, Louvain, 1990. Voir aussi : P. Servais, La rente constituée dans le ban de Herve au XVIIIe siècle, Bruxelles, 1982.
50 Ce qui confirme les idées d’A. Verhulst, L’intensification..., art. cit.
Auteur
Chercheur qualifié au FNRS, Université de Gand.
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