L’iconographie du travail viticole en France et en Italie, du xiie au xve siècle
p. 9-48
Texte intégral
1La part importante que tient la viticulture dans l’agriculture médiévale se retrouve dans l’iconographie contemporaine. En effet outre les nombreux thèmes bibliques en rapport avec la vigne, les calendriers consacrent au moins une ou deux scènes, pour la plupart d’entre eux, aux divers travaux nécessités par la vigne1. A la fin du Moyen Age, les livres profanes, mais aussi la reprise des auteurs antiques ou encore les nombreuses copies du Traité d’Agriculture de Pier’ de Crescenzi2 multiplient les enluminures relatives à la vigne.
2Or, jusqu’à ces dernières années, ces images ont peu retenu l’attention des chercheurs. Les historiens de l’art ont bien étudié ces témoignages figurés, par exemple les calendriers, mais avant tout pour les comparer à l’ensemble de la production artistique médiévale3 ; ils se sont peu souciés de l’apport qu’ils pouvaient constituer pour l’étude de la vie matérielle. Quant aux historiens, ils se contentèrent longtemps d’utiliser les illustrations comme une documentation à l’appui d’un discours fondé sur d’autres sources. Excepté quelques rares travaux datant du début du siècle4, ce n’est que récemment que ces représentations furent prises en compte pour elles-mêmes, afin de mieux approcher la quotidienneté du paysan médiéval. On peut citer notamment les ouvrages ou articles de S. Epperlein, G. Romano, A. Guidotti, G. Jaritz, C. Frugoni ou M. Baruzzi5. Je me permettrai deux remarques. D’abord ces recherches restent rares. Surtout pour que l’inconographie fournisse des documents fiables, il convient de ne pas sous-estimer ses limites (lacunes, stéréotypes et copies, échelle hiérarchique, maladresses des artistes ou contraintes des programmes décoratifs par exemple). C’est pourquoi ces images doivent être impérativement mises en parallèle avec les textes ou les découvertes archéologiques.
3Plusieurs modes de plantation apparaissent par exemple dans l’illustration de la vie de Noë ou du Traité d’Agriculture de Pier’ de Crescenzi6. Avant même la plantation, le paysan défonce la terre, creuse de larges tranchées ou des fosses7 ; ces travaux préparatoires sont peu spectaculaires et n’ont pas retenu l’intérêt des artistes. C’est la plantation proprement dite qui est figurée dans un Traité d’Agriculture de Londres8 où, côte à côte, un vigneron prépare un trou avec une bêche, le pied sur l’épaule de l’outil, tandis que son compagnon, à genoux, enfonce dans un trou un sarment entouré d’une motte. Autour d’eux, des corbeilles en osier pleines de terre contiennent les pieds de vigne. Le conseil de Pier’ de Crescenzi de planter deux sarments par trou ne semble donc pas suivi. Pourtant dans un Miroir Historial9, si Noë plante un jeune cep dans une fosse circulaire, deux jeunes pieds se dressent dans le trou voisin (fig. 1). Des vignes déjà couvertes de raisins jouxtent la nouvelle plantation et indiqueraient comme période de plantation l’été ou le début de l’automne, époque peu plausible, cette opération s’effectuant en hiver. Il est vrai que nombre d’images avaient d’abord un but didactique et juxtaposaient ainsi, dans la même scène, des actions successives. Ce souci relatif de réalisme se retrouve dans un Ancien Testament10 où Noë, à l’aide d’une bêche renforcée, plante un cep d’un diamètre imposant et déjà chargé de raisins. Dans ces divers manuscrits, ce sont la houe ou la bêche renforcée, plus rarement le bigot, houe à deux dents, qui servent à défoncer le sol. Ces trois outils sont d’ailleurs auprès de Noë11 (fig. 1), tandis que le foret métallique inventé par Pier’ de Crescenzi n’est jamais représenté, pas plus que les paysans en train de fumer le pied des ceps.

Fig. 1. — Paris, BN, Fr. 50, f. 32. Plantation de vignes par Noë.

Fig. 2. — Chartres, Notre-Dame, porche du transept nord, mois de mars Taille de la vigne avec une serpe à dos tranchant.

Fig. 3. — Bominaco, Chapelle San Pellegrino, mois de février. Taille de la vigne avec une serpe à dos tranchant.

Fig. 4. — Vézelay, Sainte-Madeleine, mois de mars. Taille de la vigne avec une serpe sans dos tranchant.

Fig. 5. — Paris, BN, Lat. 873, f° 3.
Taille de la vigne avec une serpe sans dos tranchant.
4A travers l’iconographie, le renouvellement des vignes semble dû essentiellement au bouturage de sarments. Le provignage est peu figuré, tandis que les sources écrites le décrivent comme le système de reproduction de la vigne le plus facile et le plus courant. Par ailleurs aucune indication n’est fournie sur le greffage, alors même que Pier’ de Crescenzi énumère au moins onze sortes de greffes.
5Les vignes sont taillées plusieurs fois par an, notamment en automne après les vendanges, en tout cas dans les régions chaudes comme l’indique Pier’ de Crescenzi ; mais c’est la taille la plus importante, à la fin de l’hiver ou au début du printemps, dite taille sèche, qui est toujours évoquée, en particulier dans les calendriers où la date est aisément repérable. La vigne du Traité d’Agriculture de la Vaticane12 dont les feuilles ont une découpe réaliste, à l’exception du rameau qui est en train d’être taillé, témoignerait-elle alors de la suppression des branches mortes, une fois la végétation reprise, ou bien révélerait-elle seulement la maladresse de l’enlumineur ? Ce travail est à la charge des hommes, sauf dans le Pier’ de Crescenzi de Chantilly13 où c’est une femme qui taille la vigne.
6A travers les illustrations, l’outillage offre une certaine diversité. En fait dans 55 % des calendriers aussi bien français qu’italiens, le paysan utilise une serpe dont la forme remonte au moins à l’Antiquité romaine. Il s’agit de l’ancienne falx vinatoria, serpe à croc unique, caractérisée par une lame tranchante, ou talon, sur la partie dorsale (fig. 2). Si toute ces serpes comportent bien les trois éléments essentiels : taillant, talon et croc ou bec, elles présentent entre elles une extrême variété, en raison sans doute de leur fabrication artisanale, mais aussi d’habitudes culturales diverses et d’un souci d’adaptation aux différents vignobles. La lame, d’ordinaire large pour supporter le talon, d’une faible courbure, est pratiquement dans l’alignement du manche (fig. 2). Pourtant sur le vitrail de Chartres ou à Aoste14, elle s’incurve sensiblement. De dimensions très restreintes dans les Heures de Rohan15, à Bominaco (fig. 3) ou à Paris16, la lame est renflée comme celle d’un couteau. Le talon de la serpe, assez semblable à celui d’une hachette, permet de couper les parties mortes du cep. De forme variable, le plus souvent trapézoïdale (fig. 2), quelquefois presque triangulaire, il est plus ou moins saillant. Il se situe généralement au niveau du tiers supérieur de la lame, plus rarement au milieul17 Exceptionnellement à Bominaco (fig. 3), il se détache près de la courbure, très haut sur la lame, tandis que, dans un Barthélemy l’Anglais d’origine française18, prolongeant le dos de la lame, il dessine une sorte de pique. La lame est toujours emmanchée à soie sur un manche en bois, une virole consolide parfois le raccordement19.
745 % des calendriers français et italiens montrent un autre type de serpe : ces outils, munis d’un croc, mais sans dos tranchant, offrent, comme les précédents, plusieurs variantes dans les détails. Certains ressemblent à un couteau à la lame très incurvée à son extrémité, la partie inférieure étant presque dans le prolongement du manche20 (fig. 4), alors que d’autres sont nettement arqués dès la base21 (fig. 7). Les lames sont plus ou moins larges : particulièrement fines à Vézelay (fig. 4) ou Plaisance, elles mesurent le plus souvent entre 3 et 4 cm mais peuvent atteindre jusqu’à 6 ou 7 cm22 (fig. 5). Ces serpes sont pourvues d’un croc unique et emmanchées à soie. Sur le vitrail de Notre-Dame de Paris, la fixation est renforcée par une double virole23 (fig. 7).
8Ces serpes, sans dos tranchant, s’adaptent mieux à certains vignobles dont la végétation luxuriante pourrait être abîmée ou même coupée par le talon mais elles ne permettent pas de supprimer les branches mortes du cep. Un outil complémentaire, par exemple une serpe à dos tranchant, est donc nécessaire pour ce travail précis. Or, sur les documents iconographiques tant français qu’italiens, aucun des paysans qui emploient la serpe à dos non tranchant ne porte sur lui ce second instrument. Cependant dans une copie d’un Traité d’Agriculture24, un vigneron rejette derrière la tête un outil à la lame triangulaire dont le manche, d’environ un mètre, s’emboîte grâce à une douille dans la lame tandis que c’est une hachette qui est prête à trancher un sarment dans un Livre d’Heures conservé à Paris25 (fig. 6). Ces instruments servent à abattre les gros rameaux morts. Il est à noter enfin qu’aucun calendrier français ou italien ne figure de serpe à deux crocs, avec ou sans talon, alors que cet outil est attesté par les fouilles dès l’Antiquité.
9Vouloir déterminer avec précision l’aire d’utilisation de ces deux types de serpe à travers l’iconographie semble une tentative vouée à l’échec. La serpe à dos tranchant, par exemple, se retrouve aussi bien à Strasbourg qu’à Pouligny-Saint-Martin en Mayenne, à Bominaco qu’à Aoste. Toutefois à Chartres, les trois calendriers qui illustrent la taille de la vigne montrent chacun la serpe à dos tranchant.
10Ces serpes, les vignerons s’en servent pour plusieurs opérations dont trois sont essentielles : l’ablation des sarments inutiles par le croc de l’outil, la taille des branches à fruit par le taillant et la suppression des parties mortes du cep par le talon. Les calendriers mettent en scène les deux premières tâches, mais la dernière fait défaut.

Fig. 6. — Paris, BN, Lat. 1404, f° 4. Ablation des sarments morts de la vigne avec une hachette.
11Au porche nord de la cathédrale de Chartres (fig. 2), pour couper des rameaux inutiles, le paysan debout, la jambe gauche avancée, a pris, de la main gauche, un sarment qu’il courbe légèrement vers la serpe à dos tranchant tenue de la main droite à l’oblique par rapport à la branche. La lame est sous la branche, le bec maintient le rameau et le paysan tire la serpe à lui, de bas en haut. Le même geste est repris par de nombreux calendriers, avec quelques variantes. C’est généralement au-dessus de la serpe que le vigneron retient le sarment de sa main gauche26. Plus rarement27, le rameau à couper est saisi au-dessous de l’outil (fig. 4). Sur ces différentes images, les serpes sont à dos tranchant ou non ; cette partie n’interfère pas dans l’opération en cours.
12Dans d’autres cycles, grâce au taillant de la serpe, le paysan taille une branche à fruit. Ainsi sur le vitrail de Notre-Dame de Paris, dans un Livre d’Heures conservé à Châlons28 ou le Missel de Poitiers29 (fig. 5), le rameau à couper est dans le creux du taillant, la serpe placée obliquement par rapport à la branche. Le vigneron incline le sarment de la main gauche, au-dessus de la serpe et tire l’outil à lui, faisant ainsi travailler toute la longueur du taillant. Sur un calendrier italien30, le paysan s’apprête à tirer la serpe pour sectionner le sarment encore près du manche. D’autres calendriers italiens, par exemple à San Martino de Lucques ou Bominaco (fig. 3), indiquent une gestuelle différente. La serpe, le croc dirigé vers la terre, est levée à l’oblique au-dessus du sarment. Cette dernière technique est plus difficile, pour ne pas abîmer le plant. Il est à remarquer que cette pratique est limitée à quelques calendriers italiens.
13Les cycles marquent fortement la différence entre les pieds de vigne déjà taillés et les rameaux à la végétation encore foisonnante qui ont besoin d’être raccourcis : les artistes soulignent ainsi le rôle de la tâche accomplie. Pourtant, dans la majorité des calendriers, les sarments coupés sont encore d’une certaine longueur ; il semble donc que les vignerons adoptent le principe d’une taille longue.
14Après la taille, on ramasse les sarments coupés pour en faire des fagots qui seront utilisés dans le four ou la cheminée. Ce sont presque toujours les femmes qui sont chargées du sarmentage31. Elles suivent le vigneron et rassemblent les sarments avant de lier les fagots32. Une fois le travail terminé, elles les emportent sur l’épaule33. Cette tâche n’est pas illustrée avant le XVe siècle, période où les personnages et surtout les femmes se multiplient dans les calendriers ; cette scène connaît une plus grande faveur en France qu’en Italie.

Fig. 7. — Paris, Notre-Dame, rose occidentale, mois de mars. Bêche renforcée et taille de la vigne avec une serpe à dos tranchant.

Fig. 8. — Parme, Baptistère, mois de février. Façons avec bêche à poignée axiale
15Tout au long de l’année les façons se répètent. Peu frappantes, les artistes leur ont souvent préféré la taille de la vigne, plus caractéristique des travaux agricoles printaniers. Toutefois le travail du sol est loin d’être absent de l’iconographie médiévale, souvent associé à la taille. Pour améliorer la croissance, la terre est remuée en profondeur, puis en surface, afin de détruire les parasites ; les pieds des ceps sont déchaussés et chaussés successivement. On pratique plusieurs façons. La première s’effectue en général juste après la taille, en mars ou en avril ; à la deuxième, moins profonde, en mai, les tiges déjà longues et encore fragiles risquent d’être cassées. Enfin suivant les régions, une ou deux autres façons occupent le paysan durant les mois de juillet et août34. Quand une date est repérable sur une illustration, c’est toujours la première façon ou fouissage, qui est représentée en février ou mars, à la même époque que la taille : c’est la façon la plus pénible, la terre étant tassée par le froid.
16Selon les documents figurés, cette tâche n’est jamais exécutée avec un araire ou une charrue. La bêche est l’instrument le plus utilisé d’après les calendriers français et italiens des XIIe et XIIIe siècles. La partie travaillante de ces bêches est d’un seul tenant, sans dent. Elle peut être triangulaire, comme sur la rose de Notre-Dame de Paris (fig. 7) et dans une Histoire Naturelle de Pline, d’origine italienne, datant du début du XVe siècle35, ou bien rectangulaire, par exemple à Crémone ou à Parme (baptistère) (fig. 8), entièrement en bois, comme dans ces deux derniers cycles, ou renforcée, par exemple sur les deux premiers. Un manche, en bois tourné, de quatre-vingts centimètres à un mètre trente prolonge la lame. Parfois à l’extrémité supérieure, une poignée axiale facilite la préhension (fig. 8). Aucune de ces bêches ne possède d’appui-pied. Dans la majorité des cas, l’homme fend et retourne la terre en détachant des mottes qu’il rejette derrière lui. Le paysan tient de sa main gauche l’extrémité du manche et de l’autre le milieu. Un pied sur l’épaule de l’outil, une jambe fléchie, il double ainsi la force de ses bras par le poids du corps (fig. 8).
17Cependant certains paysans, comme celui du Psautier de Stuttgart36 qui remonte au IXe siècle, se servent d’une houe (fig. 9). La lame métallique est triangulaire, l’extrémité acérée. L’emmanchement est à douille et un coin enfoncé dans l’extrémité du manche maintient la lame fixe. Des instruments, à la lame semblable, se retrouvent sur quelques images des XIIe et XIIIe siècles37 ; si, pendant cette période, la houe reste minoritaire, à partir du XIVe siècle, les vignerons, tant en France qu’en Italie, emploient presque tous cet outil qui permet un travail plus rapide et plus profond que la bêche. Pourtant la houe est mal adaptée aux terres compactes, car elle tasse le sol, le paysan piétinant la terre déjà retournée. D’ailleurs pour le même champ, on pouvait faire usage des deux instruments38, comme en témoigne un Livre d’Heures39 où un vigneron se sert d’une bêche à côté d’un compagnon qui utilise la houe.

Fig 9. — Stuttgart, Württ. Lanesbibl., Fol. 23, f° 96 v°.
Façons de la vigne avec une houe à lame tirangulaire.

Fig. 10. — Paris, BN, Lat. 873, f° 28 v°
Façons de la vigne avec une houe à lame rectangulaire.
18Généralement la partie travaillante de la houe est de forme triangulaire, avec de larges épaules40. La lame peut également être - approximativement - rectangulaire41 (fig. 10). Jamais elle ne comporte de dent. L’angle qu’elle forme avec le manche est presque droit. Rarement, comme dans un Missel de Poitiers du XVe siècle42 (fig. 10), le manche adopte une ligne légèrement recourbée. L’emmanchement est le plus souvent à douille43 (fig. 10) ou moins fréquemment en forme de col de cygne44, qui permet de passer plus facilement sous les vignes. Le vigneron pioche la terre au pied du cep, en tenant des deux mains le manche de l’outil ; souvent deux hommes s’activent face à face45 (fig. 10).
19La houe à deux dents ou bigot, nécessaire pour les terres très caillouteuses, n’apparaît jamais dans l’iconographie pour les façons. Si un vigneron d’un Traité d’Astrologie allemand du XVe siècle46 se rend au champ, une serpe à vigne et un bigot à la main, ce dernier instrument n’est pas figuré en situation de travail et se retrouve uniquement dans les scènes de plantation des vignes (fig. 1).
20En complément des façons, les vignerons devaient transporter de la terre aux ceps plantés sur un coteau, d’autant plus soumis à l’érosion de ruissellement que la multiplicité des façons, en ameublissant le terrain et en éliminant la couverture végétale, rendait les sols vulnérables47. Dans le Bréviaire Grimani48, il est vrai d’origine flamande, près de deux hommes qui défoncent la vigne, deux paysans montent des hottes d’osier pleines de la terre entraînée au fond de la parcelle.
21Une fois les façons terminées, le vigneron plante les échalas qui, chaque année, étaient arrachés et triés. Ceux qui étaient en bon état étaient conservés après avoir été aiguisés, les nouveaux étaient préparés tout au long de l’hiver. On les écorçait et les épointait, comme le montrent quelques calendriers italiens antérieurs au XIVe siècle. C’est à l’aide d’un grand couteau à l’extrémité échancrée49 que le paysan d’une Bible italienne50 taille un échalas posé sur un petit billot cubique. Parfois c’est une serpe qui est utilisée pour ce travail51. Cette tâche ordinaire des journées hivernales ne fut pas reprise dans l’iconographie postérieure, à l’opposé du sarmentage.

Fig. 11. — Parme, Baptistère, mois d’août.
Cerclage d’un tonneau avec deux maillets.
22Les échalas plantés, les branches fruitières sont courbées et attachées avec un brin d’osier. D’après les sources écrites, ce sont des femmes qui sont chargées de ce travail minutieux. Or, sur un Calendrier Ephéméride français du début du XVIe siècle52, quatre hommes sont en train de fixer des branches de vigne autour de hauts échalas.
23Sur d’autres tâches nécessaires à l’entretien du vignoble avant les vendanges, les enlumineurs font également l’impasse. C’est ainsi que le sarclage ou le désherbage ne sont jamais représentés, tout comme l’épamprage des vignes, travail le plus souvent réservé aux femmes.
24Les tâches qui incombent ensuite aux vignerons sont en rapport direct avec la vendange ou la vinification, par exemple, l’entretien du matériel vinaire, notamment la réparation des tonneaux qui n’a été que très rarement illustrée en France53. Par contre les sculpteurs italiens, à la suite de Benedetto Antelami, reprennent régulièrement ce motif à la fin du XIIe siècle, pour symboliser le mois d’août. Simultanément les miniaturistes introduisent le cerclage des tonneaux parmi les besognes estivales. Ce thème iconographique se maintient aux XIVe et XVe siècles en Italie, tandis qu’en France, il persiste à être ignoré : seules les Heures de la Duchesse de Bourgogne54, sans doute d’origine picarde, datant du milieu du XVe siècle, figurent au mois d’août plusieurs tâches de tonnellerie avec abondance de détails, mais cette scène évoque des artisans plutôt que des vignerons s’affairant avant les vendanges.
25Si le cerclage des tonneaux est la dernière étape de la fabricaton des vaisseaux, ce travail se répète ensuite régulièrement afin de réparer les dommages subis par le bois des tonneaux : il faut ajuster, resserrer les cercles ou remplacer ceux qui se cassent et pourrissent. Si cet entretien s’échelonne sur toute l’année, il est particulièrement pressant durant la période précédant les vendanges. Pier’ de Crescenzi, dans son Traité d’Agriculture, note d’ailleurs qu’avant les vendanges55, les paysans doivent non seulement réviser les tonneaux, mais les corbeilles et tous les récipients qui vont être utilisés. Il convient également de procéder à leur nettoyage.
26Pour fixer les cercles des tonneaux, le paysan se sert d’un maillet de bois de forme parallélépipédique. Sur plusieurs images, le vigneron n’a pour instrument que ce maillet avec lequel il martèle directement les cercles, mais sur la plupart des illustrations, un autre outil permet d’obtenir une meilleure prise pour ajuster les cercles, tout en évitant de les endommager. Quelquefois il s’agit, comme sur le baptistère de Parme (fig. 11) ou dans un Bréviaire de la BN56, d’une seconde masse, plus petite, que le paysan appli que contre les cercles à remplacer. Plus fréquemment il a recours à une chasse ou chassoir57, coin en bois parallélépipédique, qui se termine parfois en biseau (fig. 12). Le paysan tient le chassoir de la main gauche sur le bord du cercle qu’il veut introduire et frappe avec son maillet, en ayant soin de faire glisser son coin le long du cerceau. C’est le plus souvent le cercle supérieur que le vigneron bat, mais dans plusieurs cycles, ce sont les cercles médians qui sont réglés, sans doute pour recaler l’ensemble du cerclage.

Fig. 12. — Forli, Bibl. Com., ms. 853, mois d’août.
Cerclage d’un tonneau avec un maillet et un chassoir.
27D’après ces documents, les activités des artisans-tonneliers et des paysans-vignerons étaient étroitement mêlées. Si le tonnelier fabriquait les tonneaux et était parfois requis pour les gros travaux, le paysan effectuait l’essentiel des réparations. Le fait que cette tâche soit intégrée aux calendriers paraît le confirmer, tout comme le prouvent plusieurs inventaires. Ainsi A. Guidotti58 relève dans maints inventaires paysans des outils, des cercles, des douves ou d’autres matériaux exigés par les travaux de tonnellerie, ce qui laisse supposer que les paysans participaient bien à l’entretien des vaisseaux vinaires.
28Les scènes de vendanges montrent simultanément deux tâches complémentaires : le ramassage des grappes et leur transport jusqu’à la cuve à fouler. Dans les cycles des XIIe et XIIIe siècles, la main-d’œuvre est presque toujours uniquement masculine, alors que les sources écrites contemporaines indiquent qu’à cette occasion toute la famille, y compris les enfants, était mobilisée. La femme qui cueille le raisin dans un Martyrologe de Saint-Germain-des-Prés59 du XIIIe siècle est une exception. Il est vrai que les calendriers de cette période ne figurent que fort rarement les femmes au travail. Postérieurement, suivant l’évolution générale de l’enluminure, les scènes de vendanges se peuplent de plusieurs personnages : si les vendanges sont encore exécutées par des hommes, quelques femmes s’activent souvent à leurs côtés. Ainsi dans un Livre d’Heures conservé à Cambridge60, hommes et femmes sont éparpillés dans la vigne. Plus souvent les tâches sont réparties : les femmes coupent les grappes tandis que les hommes portent les récipients61 jusqu’aux charrettes. Rares sont les femmes qui amènent une corbeille vers la cuve à fouler62. Pourtant sur certaines illustrations du XVe siècle, la vendange est uniquement symbolisée par une femme63 (fig. 13) : seule, la robe relevée dans la ceinture, elle coupe les grappes de raisin.

Fig. 13. — Paris, BN, Lat. 924, f° 9. Femme vendangeant avec une serpette.

Fig. 14. — Dijon, BM, ms. 141, f° 73.
Vendanges avec un couteau que le vendangeur tire à lui.
29D’après les calendriers, les vendanges sont effectuées en septembre en Italie, plus généralement en octobre en France. Dans 40 % des calendriers français et italiens des XIIe et XIIIe siècles, la cueillette s’effectue à la main. Ce pourcentage est un peu moins élevé dans les images postérieures. Cependant cette pratique se perpétue et sa gestuelle reste immuable durant tout le Moyen Age, aussi bien en France qu’en Italie. Par exemple dans les cycles sculptés du XIIIe siècle de Semur-en-Auxois ou de Brescia, le vigneron saisit délicatement, entre le pouce et l’index de la main droite, la grappe que l’autre main soutient pour qu’elle ne s’égrène pas. Un panier est déjà sous la grappe, notamment à Angers ou à Parme (cathédrale). Nous retrouvons des gestes identiques aux XIVe64, XVe65, comme au XVIe siècle66.
30En fait, dans la majorité des cas, le vendangeur s’aide d’un outil tranchant, surtout à la fin du Moyen Age. Il s’agit d’un couteau sur de nombreuses représentations italiennes, plus rarement en France67. Ces couteaux ont un bord coupant bombé, l’autre étant rectiligne. Au XIIIe siècle, ces instruments présentent souvent une extrémité échancrée68 (fig. 14) qui ultérieurement se transforme en une pointe tranchante69 (fig. 15). Déjà sur le Psautier d’Utrecht70, du IXe siècle, le vendangeur utilise un couteau de ce type. Parfois les deux bords sont incurvés71. Tantôt le vigneron pousse la lame pour couper la tige de la grappe, comme dans un Pline conservé à Holkham Hall72 (fig. 15), tantôt il tire le couteau vers lui pour trancher le pédoncule73 (fig. 14).
31Les grappes peuvent également être détachées avec une serpette. Relativement rare aux XIIe et XIIIe siècles74, cette technique devient fréquente, surtout en France, aux XIVe et XVe siècles. Attestée en Italie, la serpe reste moins employée que le couteau. Sur le calendrier sculpté de Senlis, datant du XIIIe siècle, la lame, de quinze centimètres de long et de trois centimètres de large, se termine par un croc pointu ; une virole fixe le manche au tranchant. Deux siècles plus tard, la forme n’a guère varié, sur des Heures de la BN75 (fig. 13) où l’outil comporte une lame courte et large, prolongée par un petit manche. Certaines serpes76 sont assez différentes : la lame est plus longue, de faible largeur et la courbure peu importante ; le manche peut être long et légèrement incurvé. Il est vrai que les artistes pouvaient faire preuve de maladresse ou même d’ignorance, comme l’indiquerait le mois d’octobre d’un Livre d’Heures77 où le vigneron se sert d’une serpe à dos tranchant pour vendanger. A travers l’iconographie, pour couper les raisins avec la serpe, les gestes varient peu : si la serpe est placée tantôt sous la grappe, tantôt au-dessus, le pédoncule est toujours dans le creux ou à l’extrémité de la lame et l’outil tiré vers le vendangeur.

Fig. 15. — Holkham Hall, Bibl. Leicester, ms. 394, livre 22. Vendanges : le couteau est poussé pour couper la tige de la grappe.

Fig. 16. — Chantilly, Condé, ms. 1362, f° 9. Vendanges transportées par des chevaux et une charrette.
32Comme pour les serpes à tailler, une carte de répartition de l’outillage pour la cueillette du raisin paraît difficile à établir. Chaque vendangeur semble avoir ses habitudes : ainsi le paysan de la cathédrale de Parme détache les grappes à la main tandis que celui du baptistère de la même ville se sert d’un couteau.
33Quel que soit l’outil, les attitudes des vendangeurs se ressemblent. Légèrement penché en avant, la jambe droite fléchie, l’homme courbe le sarment au-dessus de l’instrument ; une comporte est posée sous le cep pour recevoir le raisin. Rares sont les vignerons qui sont montés dans l’arbre autour duquel est enroulée la vigne comme dans l’Encyclopédie de Raban Maur78. Plus souvent le vendangeur est debout au milieu des ceps ou encore un genou à terre pour cueillir sous les branches les plus basses79. Parfois il a grimpé sur une échelle pour atteindre les hautes grappes des treilles80 (fig. 18).
34Les paniers que les paysans tiennent à la main, ceux qui sont déposés sur le sol à proximité des pieds de vigne ou encore ceux qu’on a suspendus sont très divers, tant par leurs formes que par leur contenance (fig. 13). Une fois remplis, ils sont déversés dans des cuviers (fig. 16) ou des hottes81 qui seront transportés jusqu’à la cave à fouler. Ces hottes sont cylindriques ou tronconiques, en osier tressé (fig. 25) ou constituées d’éclisses de bois (fig. 18 et 22), consolidées ou non dans leur partie inférieure par une épaisse planche en bois. L’usage s’en répand peu à peu assez tardivement durant le Moyen Age. Les miniatures des XIVe et XVe siècles montrent bien l’emploi croissant de la hotte : nombreuses sont les enluminures de Flandres ou de France qui symbolisent la vendange par un homme qui apporte une hotte vers la cuve à fouler. Ce récipient est beaucoup plus rare sur les images italiennes, bien qu’il figure souvent dans certains manuscrits comme les Tacuinum Sanitatis, mais pour d’autres récoltes.
35Les paysans portent également sur leur dos des corbeilles en osier tressé ; ils les maintiennent par un bras replié ou des deux mains. En fait les vide-paniers utilisent plus souvent des cuves. De section circulaire, elles sont fabriquées avec des douelles, puis cerclées. Leur hauteur varie de vingt à cinquante centimètres. Elles peuvent être munies d’oreilles ou de poignées latérales. Les vendangeurs italiens semblent particulièrement priser les comportes en osier aux parois bien renflées82 (fig. 21), alors qu’en France n’existe aucune représentation de tels récipients.

Fig. 17. — Amiens, Notre-Dame, mois de septembre. Foulage à l’aide de deux pilons.

Fig. 18. — Paris, Arsenal, ms. 5064, f° 68. Vendanges, foulage, dégustation du vin nouveau.
36Enfin le raisin est souvent transporté à la cuve à fouler dans d’imposantes corbeilles munies de poignées ou d’immenses panières en osier tressé. Le portage est alors effectué par deux hommes grâce à un bâton enfilé dans les anses des récipients83. Ce n’est qu’au XIVe, surtout au XVe siècle que les animaux participent au transport. De vastes cuviers sont accrochés aux bâts d’ânes ou de chevaux, ou encore deux bœufs84 ou deux chevaux tirent des charrettes85 (fig. 16) sur lesquelles sont placées deux ou trois énormes cuves. Parfois le raisin est déversé directement dans la charrette comme dans le Bréviaire Grimani86.
37En fait le foulage, souvent associé aux vendanges, était précédé par une première opération effectuée sur le raisin. Une fois cueillies et transvasées dans les cuves, les grappes, sous leur propre poids, laissaient écouler un premier jus, la mère-goutte qui donnait le vin le plus apprécié. Cette action n’apparaît jamais dans l’iconographie qui préfère montrer le vigneron en pleine action.
38En France comme en Italie, quelle que soit l’époque, la majorité des fouleurs opèrent dans des cuves cylindriques constituées de douelles. De taille variable, le diamètre va de soixante-dix centimètres environ jusqu’à un mètre cinquante. Alors que les cuves des XIIe et XIIIe siècles sont le plus souvent hautes et de faible circonférence (fig. 17), à la fin du Moyen Age, elles gagnent en diamètre (fig. 25). La plupart des cuves sont parfaitement cylindriques87, mais plusieurs d’entre elles ont des parois légèrement inclinées : elles peuvent s’évaser vers le haut88 (fig. 18) ou plus rarement s’élargir à leur base, par exemple dans deux Tacuinum Sanitatis d’origine italienne89.
39Les cuves sont toujours cerclées. Généralement deux ou trois cercles consolident les extrémités inférieure et supérieure (fig. 25), moins fréquemment le milieu (fig. 17). De fines ligatures d’osier maintiennent le cerclage pour la plus grande part d’entre elles.
40Il arrive que la cuve, en France comme en Italie, soit munie dans sa partie supérieure de deux poignées en bois90 (fig. 18). Exemple unique, dans un calendrier anglais91, de chaque côté de la cuve, une douve se prolonge vers le haut ; l’extrémité de ces deux douelles est trouée, permettant ainsi le passage d’une barre transversale qui donne plus d’assise au fouleur.

Fig. 19. — Londres, BL, Add. 18850, f° 9. Foulage dans une cuve munie d’un déversoir et posée sur un petit plancher l’isolant du sol.
41Si jusqu’au XIVe siècle, la majorité des cuves reposent à même le sol, au XVe elles en sont souvent isolées par de simples cales (fig. 25) ou deux poutres (fig. 18) ou encore des billots de bois comme dans les Tacuinum Sanitatis. Plus exceptionnellement un petit plancher est surélevé sur des cales92 (fig. 19).
42Il est surprenant que les cuves soient presque toujours représentées sans moyen de versage. Ainsi sur aucune des cuves aussi bien françaises qu’italiennes des XIIe et XIIIe siècles ne figure de déversoir (fig. 17). Est-ce là une simplification de la part de l’artiste ou bien fallait-il renverser le récipient pour transvaser le liquide ou encore vider la cuve avec un pot ? Pourtant quelques cuves de la fin du Moyen Age sont pourvues d’une goulotte saillante dans leur partie inférieure (fig. 19). Un petit cuvier ou un gros pot est alors placé dessous pour recueillir le jus de raisin93. Néanmoins ce dispositif, même à la fin du Moyen Age, reste nettement minoritaire.
43Ces cuves attestent une pérennité de formes remarquable ; les variantes suivant les régions ou même les pays sont minimes. Cependant en Italie, sur plusieurs calendriers, la cuve à fouler est en pierre, alors qu’aucun exemple n’est connu en France. Ces cuves sont assez nombreuses durant le XIIIe siècle en Italie, mais disparaissent presque totalement par la suite. Leurs parois sont parfaitement lisses. Elles peuvent être cubiques comme à Fossa (fig. 20) ou dans un Psautier conservé à Florence94, présenter des parois évasées, par exemple à Otrante, ou encore une ouverture hexagonale, notamment à Pérouse où les bords supérieur et inférieur sont soulignés d’une moulure, alors qu’à San Saba de Rome, la cuve est parallélépipédique. La plupart d’entre elles possèdent une bonde et un récipient posé dessous reçoit le jus.
44Enfin deux calendriers italiens montrent une cuve particulière que mentionne Pier’ de Crescenzi dans son Traité d’Agriculture. Il s’agit d’une caisse en bois ou graticula. Dans le calendrier de Forli95 (fig. 21), cette caisse repose elle-même sur une cuve, grâce à deux longs brancards. Les parois latérales et le dessous de la graticula sont percés de nombreux trous pour permettre au jus de couler. L’installation est un peu différente au mois de septembre d’un Bréviaire conservé à Sienne96 : une cuve cylindrique est placée sur deux tréteaux au-dessus d’une cuve de forme et de taille identiques. Ces systèmes présentent l’avantage d’obtenir un vin qui peut fermenter longtemps sans risque d’attraper un goût âpre. En effet comme l’explique J.-L. Gaulin, des éléments solides très fins qui ont pu passer dans la cuve forment un chapeau flottant sur le moût qui sera ainsi protégé des atteintes de l’air. On a vu dans la graticula italienne soit un outil pour érafler sommairement la vendange, soit une étape intermédiaire entre le simple foulage aux pieds et l’emploi du pressoir qui apportait un gain certain de productivité97.

Fig. 20. — Fossa, Santa Maria ad Cryptas. Foulage dans une cuve maçonnée avec déversoir.
45Le plus souvent le foulage se déroule, en France comme en Italie, en plein air. La cuve est à proximité des vignes et le foulage a lieu en même temps que les vendanges (fig. 25). Toutefois à partir du XVe siècle, fréquemment en France, plus rarement en Italie, le fouleur s’abrite sous une grange (fig. 19), quelquefois dans le bâtiment où est installé le pressoir ou du moins dans une pièce réservée aux tâches viticoles comme l’indiquent les nombreux tonneaux entreposés (fig. 24).
46Ce travail est toujours l’affaire des hommes. Parfois pour s’aider, le fouleur tient en main un98 ou deux pilons de section circulaire99 (fig. 17). Il arrive que deux hommes s’activent côte à côte dans la même cuve100. Le paysan est enfoncé dans la cuve jusqu’aux genoux ou même jusqu’aux cuisses. Généralement il se tient des deux mains au bord de la cuve afin de se maintenir en équilibre (fig. 19 et 25). Il peut aussi aider le vendangeur à transvaser le contenu de son panier ou de sa corbeille à l’intérieur de la cuve.
47Après le foulage à la cuve, le moût de raisin est écrasé dans le pressoir qui n’est figuré dans les calendriers ou les scènes viticoles qu’à partir du XVe siècle, tant en France qu’en Italie. Pourtant cet instrument est l’élément essentiel de plusieurs thèmes iconographiques, comme le Pressoir Mystique dont des ébauches remontent au XIIe siècle ou le Pressoir de l’Apocalypse illustré depuis le Xe siècle. Si, en raison de leur continuité chronologique, ces représentations permettent de saisir une évolution technologique, il est plus difficile de les utiliser pour étudier les procédés de vinification, la symbolique religieuse étant très contraignante.
48Il n’est pas possible à travers l’iconographie de connaître le statut de ces instruments qui sont le plus souvent abrités sous la grange où ont lieu les travaux de vinification101 (fig. 16). Mais ils pouvaient être aussi placés sous une construction légère, au milieu des vignes, comme sur les fresques de la Torre dell’Aquila du château de Trente (fig. 22).
49A travers l’iconographie, le pressurage s’exécute tantôt en même temps que le foulage102, tantôt simultanément au transvasement dans les tonneaux103 (fig. 23). Il est curieux de noter que c’est uniquement à travers ces images de pressoir qu’apparaît la fabrication du vin blanc104 (fig. 23). En France comme en Italie, la majorité des pressoirs sont à balancier. Ils se composent d’un arbre mobile, muni d’un contrepoids que l’on manœuvre grâce à la vis située à son extrémité (fig. 22). Les formes en sont variées, d’autant qu’il faut bien constater que les artistes les représentent avec quelque fantaisie. Leur étude typologique serait ici hors de propos. Un autre type de pressoir, à vis centrale, reste plus rare. Un Livre d’Heures conservé à Londres105 (fig. 23), du début du XVIe siècle, montre cet instrument d’un rendement inférieur à celui du pressoir à levier, mais d’un coût mieux adapté aux exploitations moyennes. D’après l’iconographie, son usage semble pourtant exceptionnel aux XVe et XVIe siècles.

Fig. 21. — Forli, Bibl. Com., ms. 853, mois de septembre. Vendanges et foulage dans une graticula.

Fig. 22. — Trente, fresque de la Torre dell’Aquila. Pressoir à vis et à balancier.
50C’est toujours un homme qui fait fonctionner le pressoir, ce travail exige une grande force physique ; généralement il actionne l’écrou de la vis. Pour les pressoirs à balancier, un levier est enclenché dans l’extrémité inférieure de la vis. Tantôt le paysan manœuvre seul106, tantôt deux hommes se partagent la tâche107 (fig. 22). Dans le pressoir à vis centrale, une barre traverse la tête renforcée de l’extrémité inférieure de la vis ; deux hommes la mettent en mouvement108 (fig. 23).
51A travers les images, les scènes relatives à la vinification sont assez rares et surtout offrent peu de diversité. Par exemple le nettoyage des récipients vinaires, jugé important par Pier’ de Crescenzi109, n’est qu’exceptionnellement évoqué dans les enluminures. Surtout les miniatures n’apportent aucune information complémentaire sur les précautions à prendre pour éviter que le vin n’aigrisse ni sur les multiples adjuvants pour améliorer les crus, alors que le Traité d’Agriculture y consacre plus de vingt chapitres. Il est vrai que ce sont là des préoccupations du vigneron qu’il est difficile de traduire graphiquement. La seule tâche fréquemment figurée, autant en France qu’en Italie, l’ouillage, consiste à remplir de vin le tonneau, au fur et à mesure que le niveau baisse ; d’une part le vin travaille, d’autre part une partie du liquide est absorbée par les parois de bois par suite de l’évaporation. Il semble pourtant que les gestes de l’ouillage puissent parfois être interprétés comme des soutirages, opération de transvasement d’un fût dans l’autre, afin de débarrasser le vin de sa lie et donc de l’améliorer. Bien qu’ouillage et soutirage se répètent, la scène se situe généralement au mois d’octobre dans les calendriers des XIIe et XIIIe siècles ; ultérieurement les enlumineurs l’associent au foulage. Assistons-nous alors à la mise en tonneaux du vin nouveau ? Pourtant le jus écoulé des cuves à fouler devait fermenter plusieurs jours avant d’être entonné.
52D’après les illustrations, avant le XIVe siècle, l’ouillage a toujours lieu en plein air. Postérieurement les paysans peuvent s’installer devant la grange à fouler110, mais le plus souvent ils opèrent dans le bâtiment où sont rangés les tonneaux, à côté du fouleur111.
53Dans la plupart des cas, le vigneron debout transvase dans un tonneau, à l’aide d’un entonnoir, le vin contenu dans un récipient qu’il tient de ses deux mains. Il est rare que deux hommes s’entraident pour verser le liquide dans le fût. Cependant sur la sculpture, il est vrai maladroite du portail de Saint-Denis, un vigneron, assis à califourchon sur un tonneau, a saisi le col d’une énorme cruche tandis que son compagnon, derrière le fût, se penche pour soulever le fond du pot. Le récipient dont le liquide est déversé dans l’entonnoir peut être aussi bien un tonnelet112 (fig. 24) qu’un simple seau de bois, un cuveau, un pot tronconique en bois113 (fig. 23) ou encore une cruche114. Dans le Terrier de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés115, c’est un moine qui incline un cuvier au-dessus du tonneau, alors qu’un jeune garçon lui apporte un seau plein de vin. La forme des entonnoirs qui servent à transvaser le liquide peut également varier : coniques116 (fig. 25) ou quadrangulaires117 (fig. 24), ils sont toujours en bois.

Fig. 23. — Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°. Pressoir à vis centrale, ouillage et dégustation du vin nouveau.

Fig. 24. — Paris, Arsenal, ms. 438, f° 9. Foulage en grange et ouillage

Fig. 25. — Paris, BN, Lat. 9471, mois de septembre. Foulage et ouillage en bordure de vigne.
54La vinification terminée, le paysan goûte le vin nouveau très peu de temps après le transvasement dans les fûts. Aux XIIe et XIIIe siècles, sur plusieurs miniatures, le fouleur, dans sa cuve, est déjà en train de boire le premier jus écoulé, une écuelle à la main118. Certains enlumineurs des XIVe et XVe siècles sont plus réalistes ; le vin nouveau est goûté lors de l’entonnage ou de l’ouillage ; une scène peut même être consacrée à ce moment qui est pour le vigneron l’aboutissement et la récompense de toutes ses peines. Une copie du Traité d’Agriculture119 montre un cellier (fig. 18). Un paysan, un pichet à la main, a tiré du vin d’une énorme barrique. Face à lui, un autre personnage teste le vin dans une écuelle en étain. En fait c’est le seigneur qui a le plus souvent la primeur de la production de son domaine120 (fig. 23 et 24). Par exemple dans un Tacuinum Sanitatis121, un tonneau ayant été mis en perce par un paysan dans le cellier, deux jeunes nobles boivent du vin dans des gobelets en verre.
55Pour conclure, si quelques séquences font défaut, les images suivent bien les tâches multiples des vignerons tout au long de l’année. Certes elles gomment les particularismes locaux, mais, tant pour l’outillage que pour certaines techniques, elles se répètent avec assez de diversité pour écarter sans équivoque la qualification de poncifs et acquérir la valeur des documents. A condition d’être prise en compte avec une extrême prudence et d’être mise en parallèle avec les autres sources contemporaines, l’iconographie ne saurait être négligée. Car elle a le privilège que la vie y éclate et que le labeur du vigneron médiéval y soit saisi dans sa gestuelle quotidienne.
Notes de bas de page
1 P. Mane, Calendriers et techniques agricoles (France-Italie, XIIe-XIIIe siècles), Paris, 1981.
2 P. Mane, L’iconographie des manuscrits du Traité d’Agriculture de Pier’ de Crescenzi, dans Mélanges de l’Ecole Française de Rome, Moyen Age, Temps modernes, 97 (1985), pp. 727-818.
3 Par exemple J. Le Sénécal, Les occupations des mois dans l’iconographie du Moyen Age, dans Bulletin de la société des antiquaires de Normandie, 35 (1921-1923), pp. 1-131 ; P. Brandt, Schaffende Arbeit und bildende Kunst, Leipzig, 1927 ; J. C. Webster, The labors of the months in antique and medieval art to the end of the twelfth century, Princeton, 1938 ; O. Pächt, Early italian nature studies and the early calendar landscape, dans Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 12 (1950), pp. 13-47 ou encore B. Bresciani, Figurazioni dei mesi nell’arte medioevale italiana, Vérone, 1968.
4 G. Dalmasso et A. Marescalchi, Storia della vite et del vino in Italia, Casale Monferrato, 1931-1939, 3 vol.
5 E. Sereni, Storia delpaesaggio agrario italiano, Bari, 1961 ; S. Epperlein, Der Bauer im Bild des Mittelalters, Leipzig, 1975 et Bauerliche Arbeitsdartellungen auf mittelalterlichen Bildzeugnissen. Zur geschichtlichen Motivation von Miniaturen und Graphiken vom 9. bis 15. Jahrhundert, dans Jahrbuch für Wirtschaftsgeschichte, 1976, pp. 181-208 ou G. Romano, Documenti figurativi per la storia delle campagne nei secoli XI-XVI, dans Quaderni storici, 31 (1976), pp. 130-201 ; M. Baruzzi, Iconografia e storia agraria : le occupazioni dei mesi nell’arte medievalepadana, Bologne, Thèse de l’Université, 1976 ; A. Guidotti, Agricoltura et vita agricola nell’arte toscana del tre e quattrocento, dans 8e convegno internazionale del centro italiano di studi di storia e d’arte, Pistoia, 1977, pp. 53-89 ; C. Frugoni, Chiesa e lavoro agricolo nei testi e nelle immagini dell’età tardo romanica, dans Medioevo rurale, Suite trace della civiltà contadina, Bologne, 1980, pp. 321-341 ou G. Jaritz, Realienkunde der bäuerlichen Welt des Spätmittelalters zum Aussagewert von Bildquellen, Schriftzeugnissen und Ergebnissen der Wüstungsarchäologie, dans Mittelalterliche Wüstungen in Niederösterreich, Vienne, 1982, pp. 151-1965.
6 Le chapitre 9 du livre 4 est consacré à la plantation de la vigne.
7 Selon les conseils de Palladius repris par Pier’ de Crescenzi qui insiste sur les deux premières méthodes (Cf. J.-L. Gaulin, Maîtrise de l’Université de Paris I, p. 90)
8 BL, Add. 19720, livre 4.
9 Paris, BN, Fr. 50, f° 32.
10 Paris, BN, Fr. 1753, f° 5 v°.
11 Paris, BN, Fr. 50, f° 32.
12 Vat. Lat. 1530.
13 Condé, ms. 340, livre 4.
14 Sur un Psautier conservé à Léningrad, Bibl. Saltykov, Q. v. 1, 114, f° 2, la lame est presque perpendiculaire au manche : n’est-ce pas le fait d’un artiste malhabile ?
15 Paris, BN, Lat. 9471, f° 4.
16 BN, Lat. 886, f° 5.
17 Comme à Modène ou Aoste.
18 Paris, BN, Fr. 9140, f° 185 v°.
19 Paris, BN, Lat. 12834, f° 40.
20 Autun, Vézelay ou Pérouse.
21 Paris (vitrail) ou Laval.
22 Par exemple à Paris (vitrail), Mimizan ou Paris (BN, Lat. 873, f° 3), la longueur dépassant alors les 40 centimètres.
23 C’est une simple virole qui consolide l’emmanchement à Paris, BN, Lat. 924, f° 3.
24 Londres, BL, Royal 14 E VI.
25 BN, Lat. 1404, f° 4.
26 Par exemple à Pérouse, Pouligny-Saint-Martin ou Modène et dans le Psautier d’Ingeburg (Chantilly, Condé, ms. 9, f° 4 v°), ou Heures de la collection Zwemmer, mars.
27 Comme à Pritz, Aoste, Autun.
28 BM, ms. 337, f° 2.
29 Paris, BN, Lat. 837, f° 3.
30 Paris, Arsenal, ms. 438, f° 3.
31 Exceptionnellement ce sont deux hommes qui confectionnent et portent les fagots dans des Heures conservées à Besançon, BM, ms. 127, f° 3.
32 Par exemple Paris, BN, Lat. 920, f° 7, Lat. 1178, f° 3 ou encore NAL 3115, f° 3.
33 Paris, BN, Lat. 9474, f° 6.
34 M.-T. Lorcin note que les vignerons du Lyonnais ne déchaussent les pieds de vigne que deux fois en cours d’année, alors que ceux de la région parisienne le font trois fois et ceux du Bordelais quatre fois (Le vignoble et les vignerons du Lyonnais aux XIVe et XVe siècles, dans Actes du 2e congrès des médiévistes : le vin au Moyen Age, Grenoble, 1971, p. 19).
35 Londres, Victoria et Albert Mus., L 1504-1896, livre 23.
36 Württ. Landesbibl., Fol. 23, f° 96 v°.
37 Comme Léningrad, Bibl. Saltykov, Q.v.I, 67, f° 2, Paris, BN, Lat. 11560, f° 74, Oxford, Bodleian, Bodl. 270 b, f° 10 ou encore sur le calendrier peint de Brinay.
38 G. Durand note que, dans le Lyonnais, la première façon se fait à la bêche pour briser et aérer le sol compact à la fin de l’hiver, les autres à la houe ou fessou pour entretenir et sarcler le sol (Vin, vigne et vignerons en Lyonnais et Beaujolais (XVIe-XVIIIe siècles), Paris-La Haye, 1979, p. 310).
39 Aujourd’hui de localisation inconnue, mois de mars.
40 Chantilly, Condé, ms. 65 (1284), f° 3 v° ou ms. 1362, f° 3, Paris, BN, Lat. 9471, f° 4 et Lat. 10421, f° 2 ou dans un Livre d’Heures italien Paris, Arsenal, ms. 438, f° 3.
41 Paris, BN, Lat. 873, f° 28 v° ou Lat. 1173, f° 2.
42 Paris, BN, Lat. 873, f° 28 v°.
43 Par exemple à Paris, BN, Lat. 10421, f° 2 ou Lat. 873, f° 28 v. et Arsenal, ms. 438, f° 3.
44 Paris, BN, Lat. 9471, mars.
45 Chantilly, Condé, ms. 1362, f° 3 ou Paris, BN, Lat. 873, f° 28 v°.
46 Paris, BN, All. 106, f° 251 v°.
47 G. Durand, id. ibid., p. 310.
48 Venise, Marciana, Lat. 1, 99, mars.
49 L’outil est semblable dans le Martyrologe d’Adone conservé à la bibliothèque capitulaire de Crémone.
50 Paris, BN, Lat. 320, f° 305 v°.
51 Rome, Vatican, Reg. Lat. 1263, f° 65 v° ou Paris, BN, NAL 214, f° 14.
52 Paris, BN, Fr. 1872, f° 5.
53 Les calendriers du Martyrologe conservé à Chartres (BM, 4) et de celui de l’abbaye de Solignac (Paris, BN, NAL 214) sont en réalité deux copies du calendrier de Saint-Mesmin (Rome, Vatican, Reg. Lat. 1263), cycle exécuté au début du XIe siècle dans le pays de Loire.
54 Chantilly, Condé, ms. 1362, f° 8.
55 Dans le chapitre 2 du livre 12 mais aussi dans le livre 4, chapitre 20.
56 Paris, Lat. 760, f° 4 v°.
57 Par exemple à Vérone, Bobbio ou encore Forli (Bibl. Com., ms. 853, mois d’août).
58 Agricoltura e vita agricola nell’arte toscana del tre e quattrocento, dans 8e Convegno internazionale : Civillà ed economia agricola in Toscana nei secoli XIVe-XVe, Pistoia, 21-24 avril 1977, p. 76.
59 Paris, BN, Lat. 12833, f° 66 v°.
60 Fitzwilliam Mus., ms. 1058-1958, f° 13 ou dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, Chantilly, Condé, ms. 65, f° 9 v°, mais aussi dans les Heures de Rohan, Paris, BN, Lat. 9471, f° 13 ou dans le Bréviaire Grimani, Venise, Bibl. Marciana, Lat. I, 99, septembre.
61 Paris, BN, Lat. 921, f° 9 ou Oxford, Bodleian, Douce 10, septembre.
62 Comme dans un Tacuinum Sanitatis (Paris, BN, Lat. 9333, f° 52 v°) ou sur un Calendrier Ephéméride qui date, il est vrai, du début du XVIe siècle (Paris, BN, Fr. 1872, f° 10 v°).
63 Paris, BN, Fr. 857, f° 54 v° ou Lat. 924, f° 9, mais aussi Lat. 18233, f° 66 v° ou encore Londres, coll. Zwemmer, Heures, septembre.
64 Oxford, Bodleian, Douce 38, septembre.
65 Heures de Rohan, Paris, BN, Lat. 9471, f° 13.
66 Cambridge, Fitzwilliam Mus., ms. 1058-1975, septembre.
67 Déjà aux XIIe et XIIIe siècles, 50 % des calendriers italiens montrent cet usage, alors qu’en France, seuls les vignerons de Vézelay ou de Moutiers-Saint-Jean y ont recours.
68 Dijon, BM, ms. 141, f° 75 ou ms. 173, f° 32. Cette forme se retrouve au XIVe siècle dans un Pline italien, Milan, Ambrosiana, E 24 inf., f° 141.
69 Paris, BN, Lat. 912, f° 9 ou Londres, Victoria et Albert Museum, ms. 1504-1896, livre 14.
70 Bibl. Univ., ms. 32, f° 73 v°.
71 Bruxelles, Bibl. Royale, ms. 9392, f° 24 v°.
72 Bibl. Leicester, ms. 394, livre 22.
73 Dijon, BM, ms. 141, f° 75 ou Londres, Victoria et Albert Museum, L 1054-1896, livre 14.
74 En France et en Italie, seuls les calendriers monumentaux de Senlis, Pritz ou Crémone et un Psautier de Paris, BN, Smith Lesouëf 20, f° 5 v° ou l’Hortus Deliciarum (aujourd’hui disparu) la représentent.
75 Paris, Lat. 924, f° 9.
76 New-York, Pierpont Morgan Libr., ms. 638, f° 3, XIIIe siècle.
77 Paris, BN, Lat. 10533, f° 10.
78 Montcassin, Bibl. Monastère, ms. 132.
79 Paris, BN, Lat. 10541, f° 10 ou Lat. 9140, f° 186 v°.
80 Par exemple dans un Traité d’Agriculture conservé à l’Arsenal, ms. 5064, f° 68 ou Paris, BN, Lat. 10567, f° 105 v°.
81 Paris, BN, Lat. 921, f° 9 ou Lat. 10567, f° 105 v°.
82 Comme sur les calendriers sculptés d’Arezzo ou de Ferrare ou dans le calendrier de Forli, ms. 853, septembre.
83 Déjà dans le Psautier d’Utrecht, Utrecht, Bibl. Univ., ms. 32, f° 73 v° ou un Missel conservé à Paris, BN, Lat. 16827, f° 19 v°.
84 Comme dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, Chantilly, Condé, ms. 65, f° 9 v°.
85 Dans les Heures de la Duchesse de Bourgogne, Chantilly, Condé, ms. 1362, f° 9.
86 Venise, Marciana, Lat. I, 99, septembre.
87 Seules deux cuves sont de forme ovale : dans un Livre des propriétés des choses, Paris, BN, Fr. 9140, f° 361 v° et sur les stalles de la Trinité de Vendôme.
88 Comme Paris, BN, Lat. 17319, f° 27 ou Arsenal, ms. 5064, f° 68 et Chantilly, Condé, ms. 86, septembre.
89 A Vienne, ONB, SN 2644 et Paris, BN, Lat. 9333, f° 52 v°.
90 Paris, Arsenal, ms. 5064, f° 68 ou dans un Pline d’origine italienne, Londres, Victoria et Albert Mus., L 1504-1896, livre 14.
91 Oxford, Corpus Christi Coll., ms. 285, septembre.
92 Par exemple à Londres, BL, Add. 18850, f° 9.
93 Le Mans, BM, ms. 104, f° 181, Londres, BL, Add. 18850, f° 9 ou Paris, BN, Lat. 1404, f° 9, Fr. 1872, f° 10 v°, Lat. 1156 B, f° 9 ou encore Lat. 9474, f° 12.
94 Bibl. Laurenziana, acq e doni 181, f° 5.
95 ms. 853, septembre.
96 Bibl. Com., ms. X.1V.2, f° 5.
97 Cf. J.-L. Gaulin, Sur le vin au Moyen Age, Pietro de’ Crescenzi lecteur et utilisateur des Géoponiques traduites par Burgundio de Pise, dans Mélanges de l’Ecole Française de Rome, Moyen Age, Temps modernes, 96 (1984), p. 114.
98 Florence, Bibl. Laurenziana, acq e doni 181, f° 5 ou Paris, BN, Lat. 11560, f° 105 v° et Lat. 10526, f° 18.
99 Mosaïque d’Otrante, mois de septembre.
100 Comme dans un vitrail de Chartres ou le manuscrit français de Paris, BN, Fr. 1872, f° 10 v° et italien de Sienne, Bibl. Com., ms. X.1V.2, f° 5.
101 Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°, Paris, Arsenal, ms. 5064, f° 68 ou Chantilly, Condé, ms. 1362, f° 9.
102 Paris, BN, Fr. 9140, f° 361 v°.
103 Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°.
104 Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v° ou fresque du château de Trente.
105 BL, Add. 24098, f° 27 v°.
106 Paris, BN, Fr. 9140, f° 361 v°.
107 Paris, BN, NAL 1673, f° 76 ou fresque du château de Trente.
108 Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°.
109 Livre 4 chapitre 20.
110 Comme à Londres, BL, Add. 35313, octobre.
111 Par exemple Paris, BN, Lat. 9474, f° 12, Lat. 10555, f° 10 ou NAL 3027, f° 5.
112 Comme dans le Livre d’Heures de l’Arsenal, ms. 438, f° 9.
113 Munich, Bay. St. Bibl., ms. 23638, octobre ou Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°.
114 Léningrad, Bibl. Saltykov, Q. v. L, 114, f° 5 v° ou Paris, BN, Lat. 10555, f° 10.
115 Paris, Arch. Nat., AE II 1367.
116 A San Martino de Lucques, Léningrad, Bibl. Saltykov, Q. v. L, 67, f° 5 v° ou Paris, BN, Lat. 9471, septembre.
117 Par exemple à Sens, Moutiers ou dans les manuscrits bien postérieurs de l’Arsenal, ms. 438, f° 3 ou BN, Lat. 9474, f° 12.
118 Par exemple dans les psautiers de Léningrad, Bibl. Saltykov, Q. v. L, 24, f° 6, de Paris, BN, Lat. 1328, f° 5 v° ou encore de Chantilly, Condé, ms. 9, f° 7 v°.
119 Paris, Arsenal, ms. 5064, f° 68.
120 Par exemple dans les manuscrits de l’Arsenal, ms. 438, f° 9 ou Londres, BL, Add. 24098, f° 27 v°.
121 Paris, BN, NAL 1673, f° 77.
Auteur
Chargée de recherches au CNRS.
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