Sur la croissance agricole en Provence
p. 153-167
Texte intégral
1Ceci n’est qu’une courte intervention à partir d’un ancien travail sur la Provence au début du IXe siècle et d’un dossier très récemment réuni autour de l’“incastellamento” à la fin du XIIe siècle. En mettant l’accent sur les deux extrémités de la période, on est amené à poser plus de problèmes sur la croissance agricole pendant le Haut Moyen Age qu’à en résoudre. Je ne prétends donc pas faire une étude exhaustive de la question de la croissance en Provence, mais attirer l’attention sur certains problèmes.
Au tout début du Haut Moyen Age
2Il existe un document exceptionnel sur la Provence au début du IXe siècle, que j’ai étudié il y a quelques années, le polyptyque de Saint-Victor de Marseille, plus précisément la description des dépendants de Sainte-Marie de Marseille faite au temps de l’évêque Vuadaldo aux dates de 813 et 814, l’abbaye et l’évêché étant alors entre les mêmes mains1. Il ne me paraît pas inutile de rappeler certaines de mes conclusions, parce qu’elles sont très proches ce que nous disait ici-même Pierre Bonnassie à propos des paysans défricheurs de l’Espagne du Nord-Est : principalement des individus isolés (hommes ou femmes) ou des couples, accompagnés ou non de leurs enfants, nous disait-il.
3Ce qui nous intéresse ici, c’est qu’une partie des dépendants de Saint-Victor de Marseille n’a pas pu être rencontrée par les enquêteurs et dénombrée avec précision. Il faut savoir en effet que les enquêteurs s’intéressèrent avant tout à l’état de la population et ceci avec une précision jamais atteinte dans les grands polyptyques carolingiens puisqu’ils firent la distinction entre l’enfant au sein (infans ad uber), les enfants (infantes) dont ils indiquèrent non seulement le nom mais aussi l’âge (sauf exception, jamais plus de dix-onze ans) et les jeunes (baccalarii ou baccalaria, bacheliers)2. Mais dans un certain nombre de cas les enquêteurs se contentèrent d’une indication globale sur les enfants sans donner ni leur nombre, ni leur nom, ni leur âge, la formule étant “avec ses enfants” (cum infantes suos). Tantôt la raison est claire puisqu’on sait que les enquêteurs ne les rencontrèrent pas, les parents ou le père ou la mère étant dits à rechercher (ad requirendum). Tantôt la raison est plus ambiguë puisque les parents ne sont pas dits à rechercher ; dans ce cas on en déduit que les enquêteurs n’ont pas pu les rencontrer parce qu’ils étaient trop éloignés, inaccessibles. Presque la moitié des dépendants avec des enfants de moins de douze ans (si on interprète ainsi cum infantes suos), 43 %, sont dans ce cas3. Si on leur ajoute les garçons, les filles et les couples sans enfant qui sont à rechercher, on compte cent-seize individus n’ayant pas pu être rencontrés4. C’est-à-dire 13 % de la population énumérée dans le polyptyque : 23 % des adultes, qu’on peut considérer comme des jeunes adultes puisqu’ils ont en majorité des enfants de moins de douze ans avec eux, 8 % des jeunes et une proportion inconnue d’enfants, sans doute pas loin de la moitié5. La partie de la population qui manque à l’appel se compose donc principalement de femmes ou d’hommes ou de couples avec des jeunes enfants, secondairement de jeunes célibataires. Ils sont absents mais pas vraiment disparus puisqu’on les connaît par leur nom. C’est une population jeune, apte à la conquête des terres et au repeuplement, au dur travail de défrichement, une population de frontière.
4Or la population présente sur les colonicœ, dont on peut très grossièrement étudier la répartition par âge et la fécondité, paraît tout à fait capable d’alimenter un tel mouvement, ceci pour trois sortes de raisons.
5Première raison, la fécondité n’est pas particulièrement faible, elle est tout à fait comparable à celle des régimes démographiques anciens avec alternance rapide de hausse de la natalité et de dépression6. Deuxième raison, la proportion des jeunes célibataires est particulièrement élevée, chez les filles comme chez les garçons, ce qui signifie qu’on se mariait tard et que, souvent, on attendait de pouvoir partir pour avoir des enfants7. Enfin, troisième raison, le taux de masculinité est faible, en particulier chez les enfants8. J’en déduisais une structure de population pionnière. Je me citerai : « La population était si peu fixée qu’elle pouvait bien avoir de nombreux enfants et élever toutes les filles qui naissaient. Elle n’était pas coincée sur des manses, mais prête à peupler d’autres espaces ».
6Ajoutons que de ce point de vue le mouvement semble plus largement entamé dans certaines régions que dans d’autres, en particulier dans les basses Alpes. Les dépendants se répartissent en effet entre treize ensembles de taille inégale (en fait dix car dans trois villae on n’en trouve pas ou quasiment pas) dispersés dans toute la Provence, de la Durance au Var. Le plus grand se trouve dans la région de Digne, il s’agit de l’ager Galadio sur lequel se trouvent presque la moitié des dépendants de Saint-Victor de Marseille, qui se disperse entre une cinquantaine de lieux-dits et compte quatre-vingts colonies ou bergeries9. Or, d’une part les jeunes y sont plus nombreux que la moyenne, d’autre part là se trouvent presque tous ceux dont les enfants n’ont pu être décrits, en particulier de très nombreuses femmes avec leurs enfants. Certains sont isolés, mais d’autres sont en groupe. Prenons l’exemple des colonies et bergeries situées au lieu-dit le Chaudol (la montagne qui aurait donné son nom à l’ager Galadio). Elles sont cinq. La première (no 3 dans l’édition de B. Guérard) est une colonica avec un colon et sa femme, un forgeron et sa femme, un fils à l’école, un fils de sept ans et une fille de six ans, un diacre : un groupe large et stable. Trois autres colonies ou bergeries forment un groupe riche de nombreux enfants, capable par conséquent d’alimenter un mouvement de départ : une colonica (no 66) comprenant un homme à rechercher nommé en premier, un bachelier, un couple avec quatre petites filles (respectivement âgées de dix, cinq et deux fois trois ans) et un enfant au sein ; une bergerie (no 67) comprenant un couple, un fils à rechercher, une fille de quinze ans, deux fils de huit et cinq ans, une fille de trois ans ; une bergerie (no 68) comprenant un couple et trois fils de dix, huit et quatre ans, deux filles de cinq et trois ans et un enfant au sein, deux bachelières, un garçon de huit ans et une fille de sept ans dont on ne voit pas qui sont les parents. En revanche une bergerie (no 72), qui est dite apsta, est probablement typique de populations que je dirais volontiers en déplacement : elle comprend en effet deux femmes, deux hommes et un couple avec leurs enfants qui sont dits à rechercher ; plus des gens qui ne sont pas dits à rechercher, un couple avec un fils et une fille bacheliers, un fils de dix ans, une fille de cinq ans, une bachelière isolée, trois bacheliers, deux couples, un couple avec un enfant au sein, trois femmes avec leurs enfants qui ne sont pas décrits10. Avec dix-sept adultes nommés (mais les cinq femmes et les deux hommes avec des enfants ont probablement un partenaire qui ne dépend pas de Saint-Victor, ce qui ferait vingt-quatre adultes), six adolescents, trois jeunes enfants et huit groupes de frères et sœurs, la bergerie fait penser aux communautés de défricheurs évoquées par Pierre Bonnassie.
7On pourrait multiplier les exemples. Tantôt ce sont surtout des personnes isolées qui sont absentes de la villa, par exemple à Bargemon et Seillans, tantôt plutôt des gens avec leurs enfants, par exemple à Lambesc et Betorrida.
8Il ne fait pas de doute qu’au début du IXe siècle la population est en pleine mutation et que l’exploration des terres neuves commence peut-être. Un démarrage de la croissance agricole est-il en train de s’amorcer ? le polyptyque est un document trop isolé pour pouvoir répondre. Le cartulaire de Saint-Victor de Marseille ne comprend qu’une trentaine de chartes antérieures à l’An Mil sur plus d’un millier, dont la moitié ne date d’ailleurs que des deux dernières décennies du Xe siècle11. Le cartulaire de Lérins n’en compte que neuf sur plus de trois cents12. Seuls le cartulaire d’Apt possède une forte proportion de chartes antérieures à l’an mil, une cinquantaine sur cent-vingt-six, mais dans ce cas aussi la majorité des chartes datent de la fin du Xe siècle13. Alors que les chartes de Catalogne du IXe et du Xe siècle se comptent par milliers et permettent de suivre avec précision la croissance agricole, les chartes provençales sont en nombre infime. On n’en déduira pas que rien ne se produisit pendant ces deux siècles. Mais, s’il y a expansion comme le suggère le polyptyque selon moi, celle-ci se passe de l’écrit.
La question des sources après l’An Mil
9La croissance agricole de la Provence au Haut Moyen Age ne peut donc guère s’étudier qu’à travers les actes des XIe et XIIe siècles. Il est largement admis que ce sont deux siècles de croissance rapide. C’est un fait qu’au tournant du XIe-XIIe siècle commence l’assèchement des marais de la plaine du Bas-Rhône, autour de Montmajour et autour d’Avignon, qui ont pour conséquence la rapide croissance des villes en Provence occidentale – la question a été traitée par Jean-Pierre Poly dans sa thèse, n’y revenons pas14. Mais qu’en est-il des innombrables petites plaines intérieures, des plaines sèches et des vallées de la Provence montagneuse dont l’expansion pouvait se grignoter à travers des initiatives paysannes ? Souvent effleurée, la question n’a jamais été véritablement posée pour elle-même.
10Soulignons d’abord que le cartulaire de Saint-Victor de Marseille est un instrument de travail tout à fait remarquable pour une recherche micro-régionale sur le XIe siècle, beaucoup moins sur le XIIe siècle. Le grand cartulaire, où se trouvent la majorité des actes, qui a été copié à la fin du XIe et au début du XIIe siècle, est en effet une collection de dossiers, possessions après possessions, constitués par la succession des titres de propriétés, classés pas forcément par ordre chronologique mais plutôt par ordre d’importance : par exemple la plus grosse dotation ou bien la fondation du prieuré. Certains folios restèrent en partie en blanc et on y rajouta des actes au XIIe siècle, souvent selon une certaine cohérence – sur la base d’un lien entre l’acte du XIIe siècle et le dossier du XIe siècle. Mais la plupart des chartes du XIIe siècle se trouvent dans un petit cartulaire copié au XIIIe siècle, ou bien sont des pièces isolées que Benjamin Guérard a publiées en appendice. Au total les chartes du XIIe siècle sont beaucoup moins nombreuses que celles du XIe siècle.
11J’ai choisi d’examiner les trois micro-régions pour lesquelles le cartulaires de Saint-Victor nous donne exceptionnellement les moyens de distinguer le processus final des transformations agricoles, dans les années 1170-1180, quand s’achève la mise en place du réseau des villages en Provence. Il s’agit de trois sections de vallée, la moyenne vallée de l’Huveaune avec la construction du castrum de Peypin aux dépens d’Auriol et Saint-Zacharie, la vallée du Colostre en amont de son confluent avec le Verdon avec l’organisation d’un castrum à Saint-Martin-de-Brômes, et enfin la vallée de Rians à hauteur d’Esparron-des-Pallières avec l’édification du village aujourd’hui disparu du Revest d’Esparron.
12A ces trois micro-régions choisies à partir d’un acte isolé de la fin du XIIe siècle, on peut faire correspondre d’importants dossiers datant des années 1030-1060. En ce qui concerne Peypin, il faut consulter le dossier d’Auriol, qui remplit presque trois folios du grand cartulaire (onze chartes) et celui de Saint-Zacharie qui tient autant de place (sept chartes)15. Les deux dossiers s’ouvrent par la plus importante donation, celle de l’archevêque d’Arles, Raimbaud de Reillanne. Peypin ne s’y trouve pas, mais s’y trouve le territoire où le castrum sera construit. La charte qui sanctionne la naissance de Peypin en 1177 se trouve après le serment prêté à Saint-Victor en 1061 par un seigneur d’Auriol16, et la copier à cette page était une manière de souligner l’autorité de Saint-Victor sur le seigneur d’Auriol auquel on reprochait de construire le castrum. Le dossier d’Esparron occupe presque quatre folios (seize chartes)17. Il s’ouvre sur la fondation du prieuré ; mais la charte de fondation du Revest d’Esparron est une pièce isolée que Benjamin Guérard a publiée en appendice. Quant à Saint-Martinde-Brômes, on le retrouve dans le dossier de la vallée d’Archinzosc ou Archincoscho (deux folios, huit chartes, l’une s’intitulant alia de Bromezes), Saint-Martin étant le nom de l’une des quatre églises de la vallée, ecclesie de Castro et valle Archinzosc sancte Marie et sanctorum Petri, Johannis et Martini18. La charte du XIIe siècle est à part, au verso d’un folio resté en blanc, au milieu des confirmations d’églises successivement accordées par les archevêques d’Aix en 1082, 1093 et 1098.
Les premiers indices explicites de croissance
13C’est vers l’Huveaune qu’on peut remonter le plus haut dans le temps, aux alentours de l’An Mil.
14Grâce au dossier d’une villa disparue, Aimes, un dossier très court (deux chartes), on peut remonter jusqu’en 984 : à cette date l’évêque de Marseille établissait une convention avec son père le vicomte par laquelle il lui donnait la moitié de la villa d’Almes pour la reconstruire, propter medium revestendum, et en 1001 l’évêque et le vicomte en rendaient la moitié à Saint-Victor, moitié qu’ils avaient eu propter vestitionis causa19. Non seulement les deux chartes ont l’intérêt de mentionner explicitement un processus de reconstruction, mais elles ont aussi le mérite de définir les limites par rapport aux villae ou castra limitrophes. Dans les deux cas on trouve Auriol tantôt appelée villa, tantôt castrum20. En 984 la villa d’Almes, dite aussi castrum, va jusqu’aux limites de la villa d’Auriol. En 1001 elle est délimitée par une autre villa et trois castra, Gemenos, Auriol et Nans. L’espace géographique de Aimes n’apparaît pas très clairement, il est certainement très vaste et correspond peut-être au bassin de Plan d’Aups au pied de la Sainte-Baume. En ce cas cette petite plaine intérieure aurait été repeuplée et reconstruite dans les dernières décennies avant l’An Mil. Auriol et son territoire bordent donc une zone de reconstruction, ce qui ne signifie pas pour autant que le même processus s’y déroulait. La reconstruction y était peut-être plus ancienne.
15Cependant, deux chartes non datées qui auraient été rédigées vers 1030 prouvent que les moines de Saint-Victor avaient fait peu avant cette date quelques aménagements sur les bords de l’Huveaune, à l’aval. La première charte relate la donation par le vicomte de Marseille d’un moulin où est aménagé un canal, situé à un gué permettant d’aller à la villa Carviliano (le quartier Sainte-Marguerite de Marseille), donc une rivière déjà aménagée, mais récemment puisque l’évêque de Marseille donne en même temps non seulement la dîme sur le moulin mais aussi tout ce que les moines ont édifié autour21. La charte suivante confirme l’œuvre des moines en citant explicitement le moulin sur l’Huveaune et son canal qu’ils ont aménagé avec beaucoup de peine et de frais au gué de Marguerite22. La place de ces deux chartes dans le cartulaire invite à y trouver un processus de reconstruction, puisqu’elles furent copiées au tout début du grand cartulaire, après les privilèges pontifiaux et impériaux et après la fameuse charte de liberté accordée par l’évêque en 1005, suivie de ses donations, charte dont le protocole initial est un historique du monastère qui se termine sur les dévastations des Sarrasins23.
16Mais il ne faudrait pas oublier dans quelles conditions les moines édifièrent le moulin de Sainte-Marguerite : dans une villa où ils avaient pris pied en 1020 avec beaucoup de difficultés à cause de la résistance opiniâtre des alleutiers qui y étaient installés en maîtres, en d’autres termes dans des terres déjà mises en valeur24. Par conséquent, si vers 1030 l’aménagement de l’Huveaune s’est tout récemment amélioré, il paraît difficile de conclure que les rives étaient auparavant des terres vierges ou vides. Bref, peu après l’An Mil la basse vallée de l’Huveaune était probablement déjà très largement exploitée. Or les chartes réunies par le copiste à propos d’Auriol et de Saint-Zacharie prouvent que lorsque l’abbaye prit pied dans la vallée moyenne de l’Huveaune vers 1030, elle y trouvait aussi des moulins déjà installés.
L’état de la croissance dans les années 1030-1060
17Examinons les dossiers copieux d’Auriol et Saint-Zacharie, d’Archinosco et d’Esparron au moment de la main-mise de Saint-Victor. Ils ont en commun plusieurs caractéristiques.
18Tout d’abord il en ressort que partout le paysage est déjà aménagé. Prenons le dossier de Saint-Zacharie et examinons la première charte. On y voit apparaître treize donateurs ou vendeurs, dix-huit terres : un alleu de Raimbaud de Reillanne qui va de la montagne où est adossée l’église à la rivière Savardun et à l’Huveaune, trois braciarias près d’Orgnon, une quarterée de vigne in Graulerias dont l’un des confins est dit “herme”25, trois autres pièces de vigne d’un muid, l’une avec une terre cultivée de même taille, dans trois lieux-dits différents, un manse avec un muid de vigne, deux fois le tiers d’un même moulin, une condamine dans les paluds au-delà de l’Huveaune, treize sétiers de terre cultivée (six sétiers devant l’église de l’est et sept sétiers dans un val, entourés d’une autre terre et d’un fossé), deux donations à l’intérieur des limites de la donation de l’archevêque d’Arles, enfin un défens (devesum) dans les eaux de l’Huveaune. Seul le défens et l’existence d’un herme en confront laissent pressentir une possibilité d’accroissement de l’espace agricole. Quant aux chartes suivantes, elles mettent en place dans des lieux-dits différents huit vignes, quatre terres dépendant de manses, une autre terre, des parts de quatre autres moulin sur l’Huveaune, une terre à côté d’un moulin. Une partie des actes est constitué d’échanges entre des vignes du territoire d’Auriol et des terres labourables du territoire de Saint-Zacharie. Le prieur de Saint-Zacharie semble faire l’acquisition de tous les moulins de l’Huveaune en amont d’Auriol, mais des moulins déjà édifiés26.
19Prenons un autre exemple dans le dossier d’Esparron, qui a l’intérêt de bien mettre en évidence l’ancienneté de l’aménagement. Il s’agit de la troisième donation qui est antérieure à 103227 Le donateur et sa femme donnent d’abord une ancienne villa devenue condamine, terra ubi fuerit villa et est condamina, plus précisément leur part qui consiste en quatre pièces de terre dont les dimensions des quatre côtés sont données en destres. L’une va de la “petite montagne d’Artigues” au cimetière du monastère sur la route d’Artigues à Rians et possède un ancien puits, une autre se trouve sous la même route, une autre se trouve à côté de la route entre deux vignes, et la quatrième, entourée de terres, est près d’une autre route et va jusqu’à une vigne. Aux morceaux de condamine, le donateur et sa femme ajoutent d’autres pièces de terre et de vigne, très soigneusement définies par les terres qui les bordent, dont les propriétaires sont indiqués par leur nom – vingt noms différents apparaissent ainsi une ou plusieurs fois28. Ceci n’empêche pas que les dimensions des quatre côtés soient également données : on distingue ainsi une terre entre une vigne et une source, une vigne sous le castrum d’Esparron, une autre vigne dans un autre lieu-dit (parmi les confronts on note une vigne dont on dit qui l’a plantée), dans un lieudit différent encore une autre vigne dont on dit aussi qui l’a plantée, ailleurs encore une très grande terre bordée par une vigne plantée, une autre terre et une rivière29. On voit que certaines vignes ont été plantées récemment. Mais l’ensemble des parcelles mesurées de façon si précise semble s’insérer dans un paysage dessiné depuis longtemps, marqué par une condamine divisée en quatre morceaux, le vieux puits, le chemin.
20En fait, non seulement les dossiers que j’ai retenus mais tous ceux qui datent de la grande expansion des possessions de Saint-Victor et nous restituent les titres de propriétés lieux après lieux, qui se trouvent tous dans la même fourchette chronologique 1030-1060, plus particulièrement au temps de l’abbé Isarn (mort en 1047), tous les dossiers prouvent que les moines mirent la main sur des terres déjà aménagées30. Ceci ne nous étonne plus, vu les rapports et les communications qu’on vient d’entendre. La croissance serait donc largement antérieure aux années 1030.
21Le deuxième caractère commun à tous ces dossiers, c’est la dispersion des donations entre de multiples lieux-dits et la référence à des villae ou des territoires (les deux mots sont souvent équivalents) dont le nom a disparu. la richesse de la toponymie évoque des terroirs déjà anciens tandis que la disparition des noms s’explique sans doute par le regroupement ultérieur de l’habitat.
22Richesse de la toponymie : la localisation des alleux donnés par Rimbaud d’Arles à Saint-Zacharie en 1033 en est un bon exemple. Ils se trouvent in loco qui vocatur Restonis, in Grauterias, in Guarda fames, ad Poiolo Gauceranni, in causalone, in valle Godomir, ultra Vuelnam31. Prenons un exemple plus modeste avec les vignes situées à Auriol qu’une femme et ses fils reçoivent en échange de la terre au-dessus de l’église de Saint-Zacharie (charte no 102) : elles se trouvent dans un manse qu’on nomme Vengalibenis, et sont toutes situées par rapport à des lieux-dits différents : vineas que nommant de Johana de Ripa, quartairada III ; de Jaudado quartairada I a croso de Gaurinon ; a croso de Symeon, Pontius Gaudaldus quartairata I ; alia quartairata que nommant de Pontio Alda ; alia quartairata, que nominant de Martino fabro, de Amendolario ; alia quartairata, que fuit de muliere Aimarico, que nominant Quairone. On voit que les lieux-dits sont topographiques, par exemple, dans les mêmes chartes on trouve ad Fontem Vuelna (au pont de l’Huveaune), in rivum quern nuncupamus Savardum (à la rivière que nous appelons Savardum), ad camino (au chemin)32
23Mais disparition de certains noms de territoire. J’ai déjà cité la villa d’Almes dont le nom a disparu. De même celui d’Archincoscho où se trouve l’église de Saint-Martin de Bromes qui donna son nom au village33. J’insisterai sur le nom de Solobiis où le seigneur d’Auriol construisit le castrum de Peypin comme on le verra plus loin. Le nom se trouve dans quatre chartes. Il est cité deux fois dans la deuxième donation de Raimbaud d’Arles à l’église d’Auriol, similiter dono de villa Solobii districtum et bagliam et albergariam de medietate ejusdem ville et, un peu plus loin, de supradicto Castro videlicet Auriolis et de appendiciis ejus, hoc est castelli Ornonis, et ville Solobii vel Lasa34. Le nom est alors celui d’une villa mal définie puisqu’elle se confond parfois avec une autre (la villa Lasa, ailleurs citée indépendamment – on considère qu’elle correspond au territoire de Roquevaire35), laquelle villa paraît dépendre d’Auriol. Le nom revient une trentaine d’années plus tard quand un seigneur d’Auriol échange un demimuid de terre contre un demi-muid de vigne in castello Solobio36. C’est alors un castellum, mais on sait que castellum et villa sont souvent mis l’un pour l’autre. Le nom se retrouve trois fois dans la charte de 1177 comme nom de territoire : là se trouve la colline de Peypin sur laquelle est construit un nouveau château, castrum de Podio Pino quodpredictus P. noviter edificaverat in quodam podio territorii castri de Solobii, là le prieur de Saint-Zacharie avait des droits, ut prior quicquid habebat in territorio de Solobiis…, et le partage des droits eut pour conséquence la définition des limites de ce territoire par rapport à Auriol (qu’on fit passer par le ruisseau du Merlançon), Territorium de Solobiis et de Auriol rivus de Merdazo terminat atque dividit37. Enfin, dernière occurrence, le nom se retrouve dans une charte de 1259, mais cette fois comme patronyme, celui du chevalier Geoffroy de Solobiis qui arbitre la fixation des limites entre Gréasque et Fuveaux, où de nombreuses pierres furent posées38. Le nom est sans doute déjà en train de se perdre à cause de la cristallisation de l’habitat en villages. A l’époque moderne le nom n’est plus lié à un habitat, « le nom s’est conservé dans celui de Solobre, donné à la chaîne de collines qui s’étend sur la rive gauche de l’Huveaune, depuis Saint-Estève jusqu’à la Gardy (deux lieux-dits du territoire actuel de Roquevaire) » nous dit B. Guérard dans le dictionnaire géographique publié à la suite du cartulaire de Saint-Victor. Je n’ai pas pu vérifier si le nom était encore connu aujourd’hui, en tout cas il ne se trouve sur aucune carte topographique.
24Le dernier caractère commun à ces dossiers n’étonnera personne : les donations et les ventes viennent d’alleutiers. Jean-Pierre Poly a suffisamment insisté sur cet aspect dans sa thèse pour que je n’y revienne pas39. Notons seulement qu’il est difficile de distinguer des paysans. A côté de quelques hommes de grande notoriété, on trouve des inconnus, mais qui ne sont certes pas sans importance. Tel cet homme qui vend sa part de condamine au prieur de Saint-Zacharie pour un bœuf, un cheval, un verrat et une truie, qui n’est pas le seul exemple d’un homme échangeant de la terre contre des animaux. Les donateurs apparaissent souvent comme de gros exploitants agricoles.
Réaménagements à la fin du Haut Moyen Age
25Après les années 1070, l’obscurité se fait sur nos trois petites régions. Il faut laisser se passer un siècle et attendre le début du règne d’Alphonse 1er pour qu’elles émergent à nouveau dans la documentation et ceci dans des conditions remarquables.
26Dans la vallée de l’Huveaune, il s’agit de la construction d’un château sur une hauteur dans un territoire où le prieuré victorin de Saint-Zacharie avait des droits, que j’ai déjà évoqué ci-dessus. Le château et son lieu-dit, podium pinum, qui donnera Peypin, en français “colline au pin”, lieu-dit qui apparaît pour la seule fois dans le cartulaire de Saint-Victor, se trouve au nord-ouest du castrum d’Auriol, le prieuré de Saint-Zacharie se trouve à l’est du castrum d’Auriol, en amont de la vallée. Le prieur voulait empêcher la construction du château qui se dressait sur le territoire de Solobiis où il possédait la moitié des droits. Le seigneur revendiquait des droits dans la villa de Savart à proximité de l’église de Saint-Zacharie40. Après plusieurs jugements non suivis d’effets, l’affaire fut portée à la cour du comte à Aix, et l’accord se fit sur la base d’une permutation des droits. Le prieur de Saint-Zacharie céda tous ses droits sur le territoire de Solobiis dont les limites orientales en direction d’Auriol furent alors définies comme on l’a déjà vu, ainsi que sur la partie occidentale du territoire d’Auriol. Le seigneur céda tous ses droits à proximité du prieuré, dans la villa de Savart près de l’église, spécialement sur une certaine hauteur (podium specialiter de Carfans, nom apparemment disparu), et dans tous les lieux qui se trouvaient à l’est d’Auriol (le castrum d’Orgnon et ce qui est au-dessus de Salète, a Saletas superius). Et surtout, clause essentielle, le comte accorda aux deux seigneurs le droit de faire venir leurs paysans dans leur seigneurie, possesiones vero rusticorum et colonias licitum dominis, si voluerint, in sua dominicatura convertere. Peut-être pour cette raison le château réussit à cristalliser le groupement de l’habitat – ce qui ne se produisait pas toujours comme le montrent bien les travaux des archéologues41. Le château donna naissance au petit village de Peypin, assez fragile pour disparaître dans la tourmente du XVe siècle, mais pas assez pour disparaître définitivement42. On peut se demander si le prieur ne projetait pas de son côté la construction d’un autre château sur la colline spécialement mentionnée dans la sentence comtale. En ce cas, il semble que le projet resta sans conséquence et le village définitif porte le nom de Saint-Zacharie43. Sans doute le village était déjà là. Les structures de propriété furent certainement bouleversées, le paysage rural le fut aussi, en tout cas à Peypin. Mais rien ne prouve que cette mutation entraîna une croissance agricole.
27Esparron émerge à propos d’un arbitrage de la même cour comtale, à la même date44. Dans ce cas il n’est pas question de château, mais seulement de l’aménagement d’un défens pour restaurer un petit domaine au lieu-dit le Revest, (in restauracione et translacione villule nuper Revestum vocitate). Or, comme dans la charte de Saint-Zacharie, il est convenu que le prieur d’Esparron a le droit d’y faire venir ses hommes et les installer, licitum est et liberum predicte villule homines ad quodam defensum ecclesie Sancte Marie proximum transferre et mansiones ibidem construere. L’entreprise aboutit, puisque le village de Revest d’Esparron est présent dans les enquêtes fiscales du début du XIVe siècle, mais il est minuscule et disparut par la suite45. On est bien dans la dernière phase de la croissance agricole caractéristique du Haut Moyen Age, qui se traduit par la création d’un habitat groupé.
28Saint-Martin de Bromes émerge cinq ans plus tard, en 1182. La charte en question est assez fameuse parce qu’elle a été traduite par Edouard Baratier dans les documents d’histoire de la Provence46. Elle est d’une précision en matière de définition des droits tout à fait exceptionnelle dans le cartulaire de Saint-Victor. On n’y découvre pas exactement la construction d’un castrum mais le règlement des rapports entre les moines de Saint-Victor (représentés par le même prieur d’Esparron), les quatre chevaliers du castrum et les paysans47. Un fait montre bien que le castrum est de construction toute récente, le fait qu’il reste encore à construire la maison des moines, une tour forteresse puisque les murs devront avoir environ huit mètres de haut (quatre cannes), et plus d’un mètre d’épaisseur (quatre pans), que les chevaliers s’engagent à faire édifier. Le fait qu’on prévoit la venue d’autres paysans et la construction de nouveaux moulins par les chevaliers montre qu’on est dans un contexte de croissance. Le fait que les moines se donnent les moyens d’aménager une réserve implique des bouleversements dans les structures agraires48.
29On sait que dans le dossier du XIe siècle il n’est pas question d’un castrum ou d’une villa à Saint-Martin de Bromes mais seulement d’une église. Un siècle et demi plus tard, avec l’appui des quatre petits seigneurs cités dans la charte, si modestes qu’ils ne peuvent pas remplir leurs obligations militaires sans l’aide des moines et qu’on prévoit qu’ils puissent se retirer en cas de guerre sans perdre leurs droits, les moines auront regroupé les paysans dans un nouveau castrum et pour cette raison auront mis par écrit les nouveaux rapports qui découlaient de l’opération. Ils tentent et réunissent ici ce qu’ils n’ont sans doute pas fait à Saint-Zacharie malgré les possibilités que leur laissait l’arbitrage du comte. De cette entreprise, il sortit un village relativement important. En ce cas la construction du castrum renforça le peuplement et alimenta une forme de croissance agricole.
30Or, à la date de 1177, le comte de Provence Alphonse 1er avait non seulement arbitré le conflit entre le prieur de Saint-Zacharie et le seigneur d’Auriol et soutenu le prieur d’Esparron, mais il avait aussi accordé aux moines de Saint-Victor le droit de « construire et édifier de nouveaux châteaux et de nouveaux villages partout où ils voudraient sans qu’on les empêchât d’y transférer leurs dépendants »49. Les co-signataires sont les mêmes que pour les chartes de Saint-Zacharie et Esparron. On est donc amené à supposer dans le dernier tiers du XIIe siècle un processus d’“incastellamento” plus net qu’on l’aurait cru, peut-être favorisé par le comte de Barcelone qui aurait cherché à reproduire en Provence le processus par lequel se développait la Nouvelle Catalogne d’où provenaient les plus fidèles membres de son entourage50. La Provence connaîtrait alors une politique de développement systématique dont les effets restent à apprécier.
31La construction de Peypin et Roquevaire est à peu près contemporaine de la naissance de Rougiers51. De façon plus générale, ces années correspondent à une étape décisive dans l’organisation du peuplement. Cependant les exemples analysés ci-dessus sont les seuls à faire allusion explicitement à un transfert autoritaire des paysans. Faut-il penser que ce sont des cas isolés ? En tout état de cause, ces transformations affectent les structures de peuplement mais n’entraînent pas forcément une croissance de la production agricole.
32Les textes concernant la villa d’Almes et la basse vallée de l’Huveaune peuvent donner à croire qu’aux abords de certaines côtes, la reconstruction et par conséquent la croissance furent peut-être rapidement menées autour de l’An Mil – rappelons que Pierre Bonnassie nous a montré comment la croissance catalane se fit le temps de deux ou trois générations, pas plus. Mais je ne me risquerais pas à généraliser ces remarques à toute la Provence. Les derniers travaux de Michel Fixot montrent qu’on ne peut pas non plus faire de la Provence orientale une terre de reconquête agricole. Il écrit des rives de la Siagne (aux abords de l’actuel Cagnes-sur-mer donc au cœur de la Provence orientale mais aussi à proximité de la côte) que c’est « une région utile et un paysage très humanisé qui apparaît dès cette époque ancienne dans les quelques documents rassemblés au commencement du cartulaire de Lérins. Ce paysage est cultivé, et il évoque aussi un parcellaire complexe et morcelé sans rapport avec ce que seraient des terres abandonnées ou récemment mises en valeur52. » Pourtant l’un des donateurs a fait l’acquisition de ses biens au cours de la guerre menée au nom de saint Mayeul, c’est-à-dire la guerre contre les Sarrasins53.
33Qu’on se tourne vers les possessions de Lérins comme vers celles de Saint-Victor, ce sont des terroirs déjà constitués qui émergent dans l’histoire peu après l’An Mil. Le problème de savoir quand l’essor a commencé reste donc entier. Le mouvement est-il très récent, la Provence est-elle longtemps restée vide à partir des temps carolingiens comme une interprétation très pessimiste du polytyque a pu le faire croire ? Rien n’est moins prouvé. En revanche, il est certain qu’au milieu du XIe siècle, les populations provençales ont trouvé des maîtres – on ne dira pas les maîtres qui leur manquaient ! La domination de l’Eglise s’installe54. Mais si les terres changèrent de main, le système agraire changea probablement moins vite et la croissance agricole proprement dite n’est pas évidente. Quant à l’étape finale, lorsqu’achève de se mettre en place le réseau des villages, elle est de ce point de vue encore très obscure. Que cette étape s’accompagne d’un remembrement des terres et d’un déplacement brutal des hommes, cela fait peu de doute aux environs d’Auriol, à Saint-Martin de Bromes et dans la région d’Esperron. Que le fait soit général reste encore à prouver et une enquête en ce sens connaîtrait beaucoup de difficultés à cause d’une documentation moins riche que pour le XIe siècle. Elle mériterait d’être tentée.
Notes de bas de page
1 La Descriptio mancipiorum ecclesie Massiliensis a été publiée par B. Guérard en appendice au Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, Paris 1857, t. II, p. 633-656. Dans les notes qui suivent, la référence au cartulaire de Saint-Victor se fera sous le sigle CSV. Voir mon étude, “Enfants et jeunes au IXe siècle, la démographie du polyptyque de Marseille (813-814)”, Provence Historique, t. XXXI, fasc. 126, oct.-déc. 1981, p. 355-384.
2 La description est faite par villa, ou villa vel ager (un cas : de villa vel agro Sinaca), ou ager (deux cas : de agro Galadio, de agro Ciliano), chaque villa ou ager consistant en colonicœ, définies par un lieu-dit, un groupe de personnes et une redevance (généralement une brebis). Une proportion variable de colonicœ sont dites apstae. Il est possible que le mot signifie non pas terres abandonnées mais terres dont les exploitants ne seraient pas sur place (voir J.P. Devroey, “Mansi absi : indices de crise ou de croissance de l’économie rurale du Haut Moyen Age” Le Moyen Age, no 3-4, 1976, p. 421-451). On peut remarquer que là où il est possible d’identifier les lieux-dits, on s’aperçoit que les colonicœ du polyptyque sont situées à la limite du saltus dans des zones en hauteur actuellement couvertes de bois et de garrigues, ce qu’on peut interpréter comme le signe d’une activité de défrichement (voir Ch. Heck, “Implantation religieuse et renouveau des campagnes en Provence du XIe au XIIIe siècle : la région de Lambesc”, Archéologie médiévale, tome V, 1975, p. 45 à 72) ; mais justement ces colonicœ sont presque toutes dites apstae, et plutôt que d’y voir le signe d’une catastrophe, ne devrait-on pas faire l’hypothèse que le déplacement de l’habitat vers des sites plus favorisés aurait déjà eu lieu ?
3 On compte cent-trente-huit groupes parentaux (complets ou tronqués) avec des enfants de moins de douze ans (infantes). Dans soixante-dix-neuf cas, 57 % des cas, on nous dit le nom et l’âge de chaque enfant, ou si l’enfant est au sein. Dans cinquante-neuf cas, 43 % des cas, on utilise la formule cum infantes suos. Mais il ne faudrait pas se laisser abuser par la précision des chiffres parce que la distinction des noyaux conjugaux n’est pas évidente quand plusieurs générations s’emboîtent les unes dans les autres au sein d’une famille (voir la réédition du polyptyque dans la thèse de J.Fr. Bregi qui a essayé de reconstituer les familles, Recherches sur la démographie rurale et les structures sociales au IXe s., thèse de doctorat en droit, Parix X, 1975, exemplaire dactylographié).
4 On compte à rechercher vingt adultes sans enfants (neuf hommes seuls, six femmes seules, un couple, et un couple avec un fils que je compte avec les adultes) et vingt-six jeunes (vingt-deux garçons et quatre filles, souvent dits “fils” ou “filles”, presque toujours dits “bacheliers”). Avec les soixante-dix adultes cum infantes suos (quinze couples, vingt-quatre femmes, seize hommes), cela ferait cent-seize personnes connues par leur nom qui n’ont pas pu être rencontrées par les enquêteurs, sur un total de huit-cent-soixante-treize personnes distinguées dans le polyptyque (en comptant les enfants au sein).
5 Sur les huit-cent-soixante-treize personnes distinguées dans le polyptyque, on trouve trois-cent-quatre-vingt-quatorze adultes (individus mariés, veufs ou isolés), trois-cent-quatorze jeunes (fils et filles non mariés en général dits bacheliers ou bacheliers tout court), et cent-soixante-cinq enfants de moins de douze ans (infantes).
6 Voir M. Zerner, art. cit., p. 368-9 : s’il est impossible de calculer le taux de fécondité, on peut néanmoins calculer le rapport entre le nombre des enfants de 0 à 4 ans et celui des femmes mariées, comme l’on fait D. Herlihy et Ch. Klapisch sur les données du catasto florentin de 1427 (Les Toscans et leur famille, Paris 1978). Or ce rapport est du même ordre que celui du catasto dans les villœ de Seillans et Bargemon, où les enfants sont nombreux, rapport élevé nous disent D. Herlihy et Ch. Klapisch parce que le catasto saisit la population alors qu’elle répare les pertes subies pendant la récente attaque pesteuse.
7 Voir ibid., p. 370 : les jeunes du polyptyque, c’est-à-dire les bacheliers et les fils et filles sans enfant, font 38 % de la population présente sur les colonicœ, alors que les jeunes de 11 à 25 ans dans la Toscane du catasto ne représentent que 23 % de la population, en comptant les jeunes mariés (or 30 % des filles sont mariées à cet âge en Toscane).
8 Les enfants de sexe féminin ont été aussi scrupuleusement notés que ceux de sexe masculin. Le taux de masculinité, ou nombre de garçons pour cent filles, est seulement de soixante-quatorze dans la population enfantine.
9 L’ager Galadio comprend outre des colonicœ, des vercarias, probablement des bergeries.
10 CSV, t. II, p. 642, 647, 648.
11 Sur les huit-cent-dix-sept actes du grand cartulaire de Saint-Victor de Marseille (le Chartularium majus copié à la fin du XIe et au début du XIIe siècle) on ne compte que vingt-et-un actes antérieurs à l’An Mil, six diplômes impériaux, une charte de Manasses, deux notices de plaids et une donation pour la période qui va du IXe au début du Xe siècle et onze chartes de donations ou notices datant du dernier tiers du Xe siècle, auxquels il faut ajouter huit actes provenant du fonds des archives de la cathédrale, deux du VIIe siècle, trois de la première moitié du Xe siècle, trois de la fin du Xe siècle (publiés en appendice par B. Guérard, sans compter le polyptyque).
12 Sur les trois-cent-trente chartes ou notices recopiées dans l’ancien cartulaire de Lérins au XIIIe siècle (trois-cent-soixante-quatre si l’on compte dix folios ajoutés après le XVIIe siècle, quand on remplaça la reliure ancienne par une nouvelle), neuf sont antérieures à l’An Mil : un privilège impérial de la fin du VIIIe siècle, trois chartes du IXe siècle et cinq donations des années 990. Le début du XIe siècle est encore très pauvre : seulement sept chartes antérieures à 1025 (Cartulaire de l’abbaye de Lérins, publié par H. Moris et E. Blanc, Paris 1883, première partie, voir l’introduction).
13 Le cartulaire d’Apt, qui n’est connu que par des copies modernes, comprend cent vingt-six actes : cinq actes du IXe siècle, sept actes du premier quart du Xe siècle, quatre du deuxième quart, sept du troisième quart, trente du dernier quart du Xe siècle, dont vingt-trois entre 980 et l’an mil (Cartulaire de l’église d’Apt, édition avec introduction, commentaire et notes par J. Barruol, N. Didier, H. Dubled, Paris, librairie Dalloz, 1967). Voir la belle étude de Y. Codou, “L’habitat au Moyen Age : le cas de la vallée d’Apt”, Provence Historique, t. XXXVIII, fasc. 152, avril-mai-juin 1988, p. 149-164.
14 J.P. Poly, La Provence et la société féodale, 879-1166, Paris 1976, voir le chapitre sur l’accumulation, p. 214-221.
15 CSV, t. I, p. 84 à 95, no 57 à 67 (Auriol) et p. 126 à 135, no 101 à 106 (Saint-Zacharie).
16 La charte de la fondation de Peypin suit la charte no 758 (hec sunt sacramenta de castris sancti Victoris) qui est la transcription du serment prêté par Poncius fils d’Adalgarda pour le castrum d’Auriol, charte qui fait elle-même suite au “dossier Cursonis” (fondation d’un prieuré au mont Cousson près de Digne), où Adalgarda est donatrice.
17 CSV, t. I, p. 288 à 302, no 267 à 282.
18 CSV, t. I, p. 620 à 626, no 623 à 630 (no 628, alia de Bromezes : le ministerial d’Archinocosco renonce à la tasque et à la moitié des droits qu’il percevait sur les hommes, les défens, les rives, la dîme et tout ce qu’il réclamait dans l’obédience de Saint-Martin de Bromes dans le territoire d’Archincosco).
19 CSV, t. I, p. 98, no 70 et p. 96, no 69. Ce type de contrat a été analysé par Jean-Pierre Poly à propos des châteaux et s’apparente à un contrat de comptant, typique d’un processus de reconstruction (op. cit, p. 155).
20 Sur la transformation des villa en castrum au tournant de l’An Mil, voir J.P. Poly, op. cit., p. 125-6, et sur la confusion entre villa, castrum et castellum voir entre autres et en dernier Y. Codou, art. cit., note 13.
21 CSV, t. I, p. 26, no 20 : le vicomte de Marseille Guillaume et son frère Foulques donnent un moulin… de molendino qui est situs justa fluvium Vuelne, ex eadem Vuelna ubi Gerenus fluvius cadit in bedalle de supradicto molendino, ad guadum Vuelne per quod itur ad Carvilianum… de omni decimo supradicti molendini, sive ortorum et pratorum vet arborum et omnium omnino rerum que in supradicto termino monachi sancti Victoris hedificaverunt.
22 CSV, t. I, p. 27, no 21 : le même vicomte et son frère donnent leurs droits sur le moulin : hoc est de ipso molendino quem monachi hedificaverunt cum magno labore, et multis sumptibus construxerunt super fluvium Vuelne, in locum quem vocant Vadum de Margarita, ipsam terciam partem que pertinet ad potestatem, et ipsum bedal, et tota terra que continetur infra ipsum bedal, sic procedit ipse rivus de bedal de ipsa matre, et, circumacto molendino, cadit in ipsam matrem. Est-ce le même moulin que dans la charte précédente ou un autre ?
23 CSV, t. I, p. 18 à 22, no 15 ou carta liberalis.
24 CSV, t. I, p. 35, no 27, vers 1020, redditio de villa Carviliano. Dans la querelle qui les opposa aux moines, après avoir fait traîner les choses, les alleutiers sollicitèrent le jugement de Dieu. Ils contestèrent le premier résultat qui leur était défavorable et firent procéder à un deuxième jugement (par le feu) qu’ils contestèrent encore. Alors les moines apportèrent la châsse de Saint-Victor sur les lieux en litige et provoquèrent un grand rassemblement de peuple et les alleutiers cédèrent enfin. Quelques-uns continuèrent cependant à résister, d’où un troisième jugement (par l’eau). Encore faut-il ajouter qu’une fois l’alleu “récupéré” par les moines, on dut encore recourir à ce type de jugement pour en définir les limites.
25 “Herme” signifie inculte en provençal.
26 Le dossier réuni par les moines sous le titre de Saint-Zacharie est tout à fait semblable à celui du prieuré de Dane analysé par Ch. Heck (Saint-Victor et le mouvement de reconstruction en Provence du Xe au XIIIe siècle, de la Durance à la Touloubre, mémoire de maîtrise soutenu à Aix-en-Provence en 1972 sous la direction de G. Démians d’Archimbaud, repris dans l’article cité dans la note 2). Le prieuré réussit à drainer vers lui toute une série de donations et une demi-douzaine de moulins à eau sur le Touloubre, selon une chronologie très voisine, les donations fondatrices datant du célèbre abbé Isarn, les acquisitions isolées qui les complètent datant de ses successeurs immédiats. Les dossiers de Saint-Gontard et de Lambesc sont aussi très semblables.
27 CSV, t. I, p. 291-3, charte no 269, datée du mois de janvier, la veille du jeudi de l’épiphanie, sous le règne de Raoul (qui meurt en 1032) : donation de Josfredus (Geoffroy de Rians) et sa femme Scocia.
28 De même, dans un mémoire de maîtrise sur les bassins de Brignoles et de Saint-Maximin, soutenu à Aix-en-Provence en 1972 sous la direction de G. Démians d’Archimbaud, Fr. Durand trouve que les donations consistant en pièces de terres s’éparpillent au milieu de multiples possessions différentes, le fait qu’un champ soit entouré de quatre champs appartenant chacun à des propriétaires différents n’étant pas rare (Saint-Victor et te mouvement de reconstruction en Provence : les bassins de Saint-Maximin et Brignoles).
29 Les quatre morceaux de la condamine font, le premier cent-trente-trois destres de côté sur quatre-vingt-dix destres de “front”, le deuxième cent destres de côté sur soixante-trois de “front”, le troisième soixante-quinze destres sur trente-six, le quatrième cent-cinquante destres d’un côté, un blanc pour l’autre côté, sur deux cents destres de “front”. Les autres terres font, la première soixante-dix-sept destres d’un côté, quatre-vingt-dix destres de l’autre et soixante-dix destres de “front”, la première vigne vingt-deux destres des quatre côtés, la deuxième vigne d’un demi-muid fait soixante-deux destres sur treize, la troisième vigne aussi d’un demi-muid fait trente-deux destres sur dix-sept, la grande terre fait dix muids et cent-soixante-dix destres d’un côté, de l’autre cent-quatre, de “front” cent-vingt-quatre destres d’un côté, trois-cent-soixante de l’autre (CSV, t. I, p. 292-3).
30 Voir les dossiers étudiés par Ch. Heck et Fr. Durand cités plus haut, qui s’appuient sur des chartes de donations dont la majorité se trouvent dans la fourchette chronologique 1030-1070 et concernent en général des terres cultivées. Retenons que Ch. Heck trouve peu d’exemples de reconstruction de chapelles, peu de consécrations et retenons sa conclusion : la place exceptionnelle du monde ecclésiastique dans le renouveau de la vie rurale ne saurait faire illusion, l’Eglise n’organise pas véritablement la reconstruction mais se contente d’en être le bénéficiaire indirect en recevant des mains des pieux donateurs la possession de chapelles privées et de terres, recueillant les fruits élaborés d’une conquête laïque déjà ancienne (art. cit., p. 54).
31 CSV, t. I, charte 101, p. 126-129.
32 CSV, t. I, charte 102, p. 129-131.
33 Le nom d’Archinzosc a disparu. Dans le dictionnaire géographique sur lequel se termine la la publication du cartulaire par B. Guérard, on trouve que Archincosc et ses autres formes est à l’origine du lieu-dit Saragousse ou Charagousse sur le territoire de Saint-Martin-de-Brômes. Je note l’existence d’un village pas très éloigné dont le nom s’en inspire forcément, Artignosc-sur-Verdon, qui toutefois se trouve dans une tout autre vallée.
34 CSV, t. I, p. 86, no 58, 1040.
35 Cf. J.H. Albanes, Histoire de la ville de Roquevaire et de ses seigneurs au Moyen Age, 1882, Laffite Reprints, Marseille 1975, et I. Ganet, Le village médiéval de Lasa/Roquevaire dans la vallée de l’Huveaune et la chapelle Saint-Vincent, Mémoire de maîtrise sous la direction de G. d’Archimbaud, Aix-en-Provence, 1978.
36 CSV, t. I, p. 59, no 39, entre 1065 et 1079.
37 Charte de Saint-Zacharie (Var, arr. de Brignoles, c. de Saint-Maximin), CSV, t. 11, p. 102-4, no 759, mai 1177.
38 CSV, t. II, p. 604, no 1130, 1259.
39 J.P. Poly, op. cit., p. 131 et ss., la dégradation de la situation alleutière.
40 Il s’agit de Pierre Bremond d’Auriol, qui figure avec le titre de chevalier comme cojureur du vicomte de Marseille en 1164 (CSV, t. II, p. 580, no 1106), dont le chanoine Albanès (op. cit.) a démontré que le frère, Bertrand, édifiait à peu près à la même époque le château de Roquevaire.
41 Grâce aux travaux des archéologues, spécialement ceux de Michel Fixot et de Gabrielle Demians d’Archimbaud, on commence à bien connaître cette étape, en tout cas en Provence occidentale : au XIe siècle commence un lent mouvement vers le groupement de l’habitat autour de l’église, du prieuré ou du château, où la forme nouvelle du castrum est remise en question jusqu’au milieu du XIIe siècle, sinon même du XIIIe siècle dans le bassin d’Apt, et ne réussit pas toujours (voir G. Demians d’Archimbaud et M. Fixot “L’organisation de la campagne en Provence occidentale : indices archéologiques et aspects démographiques (XIe-XIe siècles)”, Provence Historique, t. XXVII, fasc. 107, janv.-mars 1977, p. 3-23, et M. Fixot, “Bastida de Baniols, Cadrix revisited”, ibid., fasc. 141, 1985, p. 289-298).
42 Voir E. Baratier, La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle, Paris 1961, p. 135 : inhabité en 1400, onze maisons en 1540, dix-huit en 1698, dix-sept en 1728 et vingt-cinq chefs de famille, quarante maisons en 1765.
43 Il semble qu’au prieuré masculin se soit substituée une maison de moniales bénédictines (cf. la charte-partie de 1213, tirée des archives de Saint-Victor, et l’interprétation de Fr. Duplessy, Un prieuré provençal au Moyen Age, les bénédictines de Saint-Zacharie, D.E.S. sous la direction de G. Duby, Aix-en-Provence, 1967).
44 Charte de Revest d’Esparron (Esparron-de-Pallières, Var, arr. Brignoles, cant. Barjols) : CSV, t. II, P. 584-5, no 1110, 21 mai 1177 : le comte de Provence demande à ses fidèles de Rianz et à G. de Simiane de ne pas empêcher la restauration et la translation du petit village de Revest d’Esparron (villule) par le prieur d’Esparron. Les signataires de la charte sont les mêmes que ceux de la charte de Saint-Zacharie.
45 Voir E. Baratier, op. cit., p. 148 : onze feux de queste en 1303-4, inhabité en 1471 et en 1518.
46 Charte de Bromes (Saint-Martin de Bromes, Alpes de Haute-Provence, arr. Digne, canton de Valensole) : CSV, t. I, p. 248-50, no 223, 2 novembre 1182. Traduit par E. Baratier, Documents de l’histoire de la Provence, textes choisis, Toulouse 1971, p. 69-71.
47 Le problème n’était pas de mettre fin à des abus auxquels la charte ne fait pas la moindre allusion mais de définir les devoirs réciproques des moines et des chevaliers et de partager les droits sur les paysans : les quatre chevaliers font hommage et fidélité à l’abbé auquel ils doivent conseil et aide en cas de guerre, mais à ses frais ; ils ont la possibilité de lui rendre le castrum s’ils ne peuvent soutenir une guerre avec obligation pour l’abbé de le leur restituer une fois la guerre terminée ; ils doivent pouvoir servir de fideijusseurs, ils doivent l’héberger lui et sa suite deux fois par an. L’abbé leur doit sa protection. Sur les paysans, les moines ont le fournage mais ils partagent avec les chevaliers les deux porcelets que chaque homme du village doit s’il nourrit un porc. Les moines auront droit à une corvée d’une journée de labour par an et par paysan ayant des bœufs s’ils labourent par leurs propres moyens (si monachi vel clerici eorum colerent terras proprio aratro, omnes rustici de sancto Martino debent eis facere coroatam, per unum diem in anno, qui habuerit boves). Ils partagent les “oblies” sur les paysans actuels et à venir. Les moines partageront avec les chevaliers les quartons sur les vignes même si celles-ci sont plantées sur les terres propres des moines ou des chevaliers (etiam si vinee facte essent in dominicatura monachorum vel militum). Le paroir est aux moines mais le moulin est commun et les chevaliers ne peuvent en construire un autre sans l’avis des moines sur tout le cours de la rivière même en dehors du territoire de Saint-Martin. Les chevaliers doivent construire la maison des moines.
48 Les clauses sur les labours et sur les quartons de vigne montrent qu’une réserve était en projet.
49 Castella construere et villas de novo hedificare et homines suos in predictis castellis et villis sine cujusquam impedimento transferre. Privilège d’Alphonse I : CSV, t. II, p. 298-9, no 902, 21 mai 1177. Les témoins sont les mêmes que dans les chartes no 759 et 1110 : les nobles de la cour, G. à savoir Guerreiat procureur de Provence, A. de Villa Mulorum, G. dal Carraz, G. de Claro Monte, A. de Paladol, B. d’Auriac et plusieurs autres nobles.
50 Voir M. Aurell “Le personnel politique catalan et aragonais d’Alphonse 1er en Provence (1166-1196)”, Annales du Midi, t. 93, no 152, avril-juin 1981, p. 121-139 : quand Alphonse 1er accède à sa majorité il est entouré de chevaliers catalans et quatre membres de son conseil permanent qui le suivent dans ses déplacements sont, nous dit M. Aurell, des parvenus dont les possessions sont en train de s’étendre en Nouvelle Catalogne ; tel est le cas de A. de Villa Mulorum, G. dal Carraz, G. de Claro Monte et A. de Paladol, cosignataires des chartes de Saint-Zacharie et Esparron et du privilège général.
51 Cf. G. Demians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers, Paris, éd. du CNRS, 1980, p. 57, qui ajoute que « la même époque est sans doute marquée aussi par la création des castrums d’Orgnon et de Savart et par le développement des fortifications de Nans ». Voir aussi J.H. Albanes, op. cit..
52 M. Fixot, Le site de Notre-Dame d’Avinionet à Mandelieu, à paraître (cf. les chartes no 1 à 6 du Cartulaire de l’abbaye de Lérins, éd. Moris et Blanc, Paris 1883).
53 Ibidem, charte no 3, p. 3.
54 Le fait, remarqué par Jean-Pierre Poly (op. cit. p. 190), que l’abbé de Saint-Eusèbe d’Apt, élu évêque à Vence, emmène l’un des frères parce que les hommes y étaient rudes et ignorants du bien et de la vie religieuse et découvre que les biens du monastère étaient dévastés signifie seulement qu’églises et monastères avaient perdu leur influence (la charte dit seulement ceci : Qui videlicet Durantus, quia rudes et tocius boni ac religionis ignaros homines terre illius noverat, quemdam fratrem predicti cenobii monachum, nomine Poncium, comitem sibi adscivit- Cartulaire de Lérins, charte no 146, 13 décembre 1005, première de la série des chartes concernant l’évêché de Vence).
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