La croissance agricole en Allemagne au haut Moyen Age
p. 103-115
Texte intégral
1Au même titre que la Gaule, la Germanie occidentale a connu, à l’époque romaine, une occupation dense par des villas rurales tendant parfois à des dimensions et un confort étonnants1. A partir du IIIe siècle, on le sait bien, cette civilisation agraire subit une crise très grave, suivie presque partout de la disparition des villas et de la formation encore hésitante d’habitats nouveaux. Ce mouvement de formation de villages s’est développé dans les zones d’ancienne occupation romaine à partir du VIe siècle. Dès le VIIe, il s’est amplifié et étendu au-delà du Rhin, si bien que les textes du VIIIe témoignent déjà d’une activité très importante de mise en valeur et qu’à la fin du premier millénaire le pays entier sera loin de l’état où l’avait décrit Tacite à son début : aut silvis horrida aut paludibus foeda.
2Cette évolution a été décrite longtemps à partir de l’alternative d’une réoccupation des terres précoce, après le départ des Romains, ou, d’autre part, d’un abandon prolongé avec changement de structures complet : continuité ou discontinuité, selon le goût. L’archéologie du Haut Moyen Age, très active, a montré cependant les dangers de toute généralisation dans ce domaine. D’une échelle presque “nationale”, elle est passée aux régions et même à des zones d’observation ne couvrant plus qu’environ 200 kilomètres carrés2. Dans un pays géographiquement aussi déchiqueté que l’est l’Allemagne, il est évident qu’une recherche rigoureuse n’a guère de possibilités de procéder autrement.
3Toute tentative de synthèse semble prématurée dans ces conditions. Des essais ont été proposés néanmoins à deux reprises : pendant les années 1950 dans un ouvrage considérable du géographe Otto Schlüter3, et, après lui, sur une base plus exclusivement constituée par les découvertes du sol et de la palynologie, dans un mémoire très dense de l’archéologue berlinois Eike Gringmuth-Dallmer4. La carte de ce dernier a été reproduite en 1980 par Jean Chapelot et Robert Fossier dans leur beau livre sur Le village et la maison au Moyen Age5. Elle se propose de montrer la répartition des objets trouvés qui peuvent être datés du Ve au VIIe siècle. C’est donc par cette carte qu’il faut commencer.
I. — Evolution du peuplement (Ve-VIIe siècles)
4Pour établir sa carte de 1971, E. Gringmuth-Dallmer admettait comme principe que le nombre des découvertes archéologiques transposées sur la carte reflète l’intensité approximative du peuplement. Dans cette perspective, la carte montre la très nette différence qui oppose les zones d’occupation romaine (ou voisines de celles-ci) aux vastes régions de l’ancienne Germania libera où seule la côte de la mer du Nord, la Thuringe et quelques avancées le long des affluents du Rhin ont gardé un peuplement assez stable pour avoir laissé des traces dans le sol. En fait, il faut avouer tout de suite (l’auteur le fait lui-même) un état d’avancement très inégal des inventaires archéologiques jusqu’en 1971 : cet inconvénient se manifeste tout particulièrement en Westphalie et en Bavière ; ailleurs, comme dans le Palatinat, la Hesse ou dans d’autres parties de la Bavière, les inventaires consultés datent des années 1930 et ne reflètent plus l’état des découvertes actuelles6. Le nombre des cantons qui ne se signalent par aucune découverte malgré un état satisfaisant des inventaires (entre autres presque tout le territoire de la RDA) est par contre significatif lui aussi, et ceci d’autant plus qu’il correspond aux données géographiques, soit à la qualité défavorable des sols dans les massifs montagneux, soit à des plateaux où l’eau manque en superficie et qui ne furent occupés de ce fait que beaucoup plus tard (cas des plateaux loessiques de Magdebourg qui se rapprochent ainsi du cas de la Beauce).
5S’il s’avère ainsi que des zones entières de montagnes moyennes ou de plateaux dépourvus d’eau n’ont laissé pratiquement aucune trace d’occupation durable pendant la période allant de 400 à 700, il faut bien conclure que l’engouement des Germains pour la création d’habitats stables dans ces régions à dû être encore très réduit.
6Un inconvénient plus sensible que l’auteur signale également, est constitué par le fait que la carte de Gringmuth-Dallmer synthétise les données de trois siècles entiers et que les découvertes sont loin de se répartir équitablement sur cette période à la fois longue et mouvementée. Les trouvailles du sol n’attestent souvent qu’une occupation bien limitée dans le temps. C’est ainsi qu’aux approches de la mer du Nord, les témoins relativement nombreux du Ve siècle ne sont que les héritiers d’énormes habitats antérieurs, florissants aux IIe, IIIe, IVe siècles, mais abandonnés par la suite, soit que la mer les ait engloutis, soit que leurs populations anglo-saxonnes aient cherché fortune outre-mer sur l’île britannique7. Plus au centre, le bassin de Thuringe, avec onze sépultures de nobles datées du Ve-VIe siècles, souvent accompagnés de chevaux, dix autres sépultures et deux places-fortes du VIIe, reflète la réalité de la puissance de cette peuplade et l’intérêt qu’offrit le bassin thuringien après 535 aux conquérants francs8. Plus au sud enfin, dans la zone comprise entre le Main et le Danube, le peuplement franc ne commence qu’au VIIe, et les cercles noirs marqués sur la carte ne représentent que la première étape d’une avance méthodique qui se poursuit plus activement au VIIIe siècle9.
7Dans les zones romanisées, en Rhénanie surtout, l’habitat du VIIe siècle montre un réseau beaucoup plus dense que celui formé par le nombre bien inférieur de sites encore isolés du VIe. C’est ainsi qu’une carte établie dès 1950-1951 pour la Rhénanie inférieure n’enregistre que vingt-huit sites francs à proximité du fleuve où le sol n’est pas le plus léger, mais très fertile (limons argileux) et où on profite à la fois de bonnes communications en bateau et de la survie de centres plus importants comme Cologne, Neuss, Gellep, Xanten ou Nimègue. Ce n’est alors qu’au VIIe siècle que les cimetières attestent la présence d’habitats francs sur les terrasses plus élevées, les sols sableux ou les plateaux loessiques de la région de Jülich10. D’autres sols, plus pauvres, avaient accueilli, à l’époque romaine, de nombreuses exploitations à caractère artisanal (production de fer, de verre ou de terre cuite). Mais abandonnés à la suite de la demande réduite du marché urbain, ces centres n’ont point été réaménagés par les Francs, sauf peut-être par quelque forgeron ou charbonnier isolé. L’abandon a favorisé la formation de vastes massifs forestiers, la formation du Kottenforst près de Bonn, du Hambacher Forst près de Jülich, du Hürtgenwald près d’Aix-la-Chapelle11
8Pour la région de Trèves, l’écart qui sépare les habitats gallo-romains de leurs successeurs gallo-francs est généralement beaucoup moins sensible, voire même inexistant. Il y a eu néanmoins des déplacements fréquents des sites romains vers les fonds de vallée. Le nombre des habitats a presque doublé au VIIe siècle par rapport au VIe, et les deux tiers de ces habitats subsistent toujours sous forme de villages12.
9Au VIIe siècle, c’est surtout une population plus nombreuse qui se trouve enterrée dans les cimetières. En Rhénanie, la hausse reste dans les limites d’un accroissement naturel : à Junkersdorf, taux de croissance estimé 1,1 ; à Mungersdorf (Cologne), 1,6. Mais le pays classique des cimetières à rangées se trouve bien dans le Sud-Ouest ; c’est l’Alémannie et c’est là où les hausses de la population remarquées pour le VIIe siècle sont les plus fortes : Herten près de Lörrach aurait connu un taux de croissance de 3,0 par rapport au VIe, Bulach près de Zurich, de 4,5, Hailfingen, près de Tübingen, de 5,9. Pour le centre de Bavière, nous n’avons pas de données comparables. Les cimetières de la région de Munich n’apparaissent qu’au VIIe siècle, signe du fait peut-être que les Bavarois sont arrivés relativement tard dans cette région13.
10Dans les zones non-romanisées la vague de peuplements neufs attestés par les cimetières commence à faire son apparition au VIIe siècle. Dans la partie occidentale de la région comprise entre Main et Danube, je le notais, un front de cimetières probablement franc se manifeste déjà, mais il sera porté beaucoup plus en avant au siècle suivant14, alors que partout ailleurs les inhumations postérieures au VIIe ne contiennent plus d’éléments permettant de les dater et cessent donc d’être des témoins du peuplement. Ce sont les témoignages écrits qui viennent alors à la relève.
11Avant de les examiner, retenons encore que plusieurs diagrammes de pollens établies par les paléo-botanistes viennent étayer les conclusions tirées de l’études des cimetières. L’ouest de la plaine fertile de Münster (Westphalie) a donné, dans le Zwillbrocker Venn, une courbe céréalière, qui commence dès la fin du VIe siècle15. Non loin de là, sur le site de Warendorf (Ems), il faut relever les nombreux bâtiments agricoles, dont vingtcinq grandes maisons mesurant entre 14 et 29 mètres de long sur 4,5 à 7 mètres de large. Certaines, en forme de bateau, remonteraient à la seconde moitié du VIIe siècle. A la fin du siècle suivant, les offensives menées par les troupes de Charlemagne ont amené l’abandon complet de la place de Warendorf, ce qui a entraîné un déplacement de l’habitat successif et permis la découverte en 195416 Mais combien nombreux sont les cas où l’occupation postérieure rend impossible toute fouille à grande échelle. Warendorf n’a donc guère été un cas isolé aux VIIe-VIIIe siècles.
II. — Extension des cultures et mise en valeur des grands massifs forestiers à l’est du Rhin (VIIIe-IXe siècles)
12Pour aborder ce grand sujet qui n’a guère encore trouvé la synthèse qu’il mérite dans le cadre de l’Allemagne entière, nous choisirons ici les régions de l’Odenwald et de la Hesse où la recherche est la plus avancée et la documentation la plus riche. C’est à partir de 772 que la mise en valeur des grandes marches forestières du Odenwald est confiée à quatre établissements ecclésiastiques : évêché de Worms, abbayes d’Amorbach, Fulda, et surtout, Lorsch. Selon le géographe Hans Jürgen Nitz, Lorsch procède à la création de villages où les parcelles, encore relativement larges et brèves, partent des maisons allongées le long des routes ou des chemins. Pour l’Europe occidentale, ce serait la première manifestation des célèbres Waldhufendörfer. Les villages créés par Amorbach groupent les maisons davantage autour d’une place centrale, mais tracent aussi des bandes régulières, larges et courtes, alors que d’autres habitats créés par des nobles locaux offrent un parcellaire moins planifié17.
13Les travaux de Franz Staab sur la société de la vallée moyenne du Rhin à l’époque carolingienne (1975) montrent que le rôle de la noblesse laïque dans toute la région a été considérable lui aussi et que ces gens disposaient à leur tour de gros moyens18. Prenons un lieu de défrichement classique au nom de Dornheim, près de Darmstadt, en bordure de l’Odenwald. Dornheim, c’est le correspondant du toponyme Epinoy (Spinetum), très fréquent en France. En 822, Engilhelm et sa femme, Moda, tous les deux genere spectabiles, y cèdent à Lorsch, outre un manse dominical avec une casa optima et d’autres édifices, trois manses serviles, une terre arable et, in eadem marcha, trois bifangs19. Ces bifangs ne constituent pas une particularité germanique ; le terme correspond au français pourpris (porprisum), et au latin captura. L’essentiel est qu’un autre personnage au nom de Gerolt, mentionné à plusieurs reprises, donne à l’abbaye de Fulda un quatrième bifang situé au même endroit. Le contexte est très clair : duo iugera excultae terrae et unam capturam in circuitu illorum iugerum sitam. Ce village de défrichement existe apparemment depuis un bon bout de temps (VIIe-VIIIe siècles) ; ses terres arables s’élargissent toujours20.
14Non loin de là, à un endroit appelé Geroldeshusa (maisons du même Gerolt), l’abbaye de Lorsch reçoit un bifang voisin d’un bifang Engilhelmi,… et omne edificium quod in illo constructum est loco, id est casam, horreum…21. Ces bifangs du Oberrheingau se rapprochent donc effectivement de ce qu’on appellera plus tard des novalia. Franz Staab montre en outre comment les mêmes Gerold, Engilhelm et d’autres nobles ont procédé à des mises en valeur en d’autres endroits. Il les désigne dès lors comme “entrepreneurs de défrichement” (Rodungsunternehmer). Le plus célèbre parmi eux dans la région de l’Odenwald serait Einhard, le biographe de Charlemagne. En 815, celui-ci reçut une partie de la marche de Michelstadt, en plein milieu du massif forestier, avec soixante-quatre mancipia et des défrichements déjà entamés. Lorsque quatre ans plus tard, Einhard cède ce bien à l’abbaye de Lorsch, le nombre des serfs s’élève à désormais 100 personnes utriusque sexus22.
15La région de la Wetterau, au nord-est de Francfort, avait connu, à l’époque romaine, un grand nombre de villae que la chute du limes au IIIe siècle a vouées à l’abandon presque sans exception. Le Haut Moyen Age y a repris la colonisation assez tôt, mais le nombre des bifangs mentionnés dans les actes de Fulda après 800 est toujours considérable (vingt-et-un pour la seule période comprise entre 802 et environ 840). Nous y trouvons alors un Rodenhusen, un Rodoheim, un Richarteshusen, et il est curieux de relever un personnage au nom de Einhart de Wetereiba qui transmet, à Dieu et à saint Boniface (le saint de Fulda), bona sua, LXX iugera et duas capturas et de pratis ad XXX carradas et XXIIII mancipia. A en croire Edmund Stengel, l’éditeur des actes de Fulda pour le VIIIe siècle, il pourrait s’agir du père du biographe de Charlemagne qui grandit à Fulda, y écrivit des actes et possédait des biens dans la Wetterau. Dans le texte on notera la part très grande des terres déjà cultivées (soixante-dix iugera) qui ont été simplement élargies en deux endroits par des défrichements supplémentaires23.
16Poussant plus loin vers l’est et le nord, nous trouvons des défrichements aussi nombreux, mais pas toujours terminés comme dans ce cas, près de Schweinfurt, où le travail d’extirpation et de nivellement est bien décrit ; le promoteur laïc, Adalman, abandonne l’entreprise après l’achèvement de quinze iugera, laissant quinze autres aux soins de l’abbaye de Fulda24. Dans la même région, un village a été créé par des Souabes défricheurs (Suaberoden) ; un homme seul au nom de Rantpraht ne cède pas moins de dix captures25.
17Plus au nord, au milieu de la vaste forêt de Buchonia (forêt de hêtres), les analyses polliniques de la Röhn donnent les premiers essarts céréaliers aux alentours du VIIIe siècle26. L’endroit de Fulda même (Eihloha - forêt de chênes) n’a point été inhabité avant l’arrivée des moines vers 742, puisque le maire du palais Carloman mentionne des résistances contre le projet de fondation. Sturmi, le premier abbé, passant dans ces régions à la recherche d’un emplacement, rencontre un homme capable de lui indiquer les noms que les montagnes, torrents et sources y portent déjà. On se trouve d’ailleurs près d’une voie de passage vers la Thuringe qui garde de nos jours encore une importance stratégique considérable.
18Les environs de cette vaste région restent sous l’emprise des bois. Dès la fin du VIIIe siècle, les textes signalent l’existence de captures ou bifangs, mais ces captures gardent visiblement une tout autre configuration que celles des anciennes régions romaines (Oberrheingau, Lobdengau, Wetterau). A 20 kilomètres du sud de Fulda27, la capture d’Elma, sur un affluent de la Kinzig, est décrite, en 796, de la même manière qu’une villa : cum omnibus adiacentiis suis, id est arealis, campis, silvis, pratis, pascuis, aquis aquarumque decursibus, et quicquid in eadem captura ad meam proprietatem ex paterna haereditate pertinere dinoscitur28. On voit doncque la capture, le bifang, ne représente point ici un simple champ défriché situé en marge des terres de culture plus ancienne ; il s’agit plutôt d’une grande exploitation créée au cours du VIIIe siècle que le donateur a hérité de son père et où il y a tout : emplacements de maisons avec jardins, champs, bois, près, pâtures, droits d’eau, etc. Elma paraît être la première des grandes capture. L’un des membres en a fait le tour (capturant circumduxit), mais on ne voit guère des travaux de défrichement entrepris par ces nobles qui se font dédommager, en 827, par des bijoux d’or, six épées, plusieurs pallia, des bœufs et des chevaux. La capture est donnée par contre à Fulda, ut illam… colatis illiusque utilitatem habeatis semper29.
19Ces grandes captures, nous ne les considérons que comme le premier indice d’une mise en valeur systématique des vastes massifs boisés situés au milieu de l’ancienne Germania libera. D’autres seraient à signaler plus à l’ouest, sur la Weil dans le Lahngau30, plus au nord près de Fritzlar, appartenant à Hersfeld, enfin un pourpris ouvert dans la région de la Buchonia par un Saxon, Amalungus, qui a quitté le parti des insurgés31. Sa présence renforce l’impression que tout ce mouvement d’emprise et de mise en valeur du pays, au centre de la Hesse, est relié aux activités militaires de Charlemagne et de ses prédécesseurs à l’encontre des Saxons. Plusieurs de ces expéditions franques ont été lancées à partir de Mayence à travers la Hesse. Les actes de Fulda contiennent douze mentions de bifangs dès le VIIIe siècle, et plus de trente-six pour les trois ou quatre décennies qui suivent31. Une capture peut être divisée en parts : un tiers, un quart, un sixième. Les synonymes sont bifanc (en langue saxonne), porprisum, ambitus, caeptum, captura. Dans les zones d’ancienne culture comme le Oberrheingau ou la Wetterau, capture peut être synonyme d’essart, mais il faut que le contexte le suggère, comme il le fait pour les deux captures du père d’Einhard : LXX iugera et duas capturas et de pratis ad XXX carradas. Ailleurs, ce sont des zones plus ou moins grandes où alternent encore les champs nouveaux, les bois, les landes ou les fonds marécageux.
20A propos des marécages, il convient de relever encore que les actes de Lorsch et Fulda contiennent des preuves très nombreuses d’aménagements hydrauliques des cours d’eau et de terrains humides pour créer d’une part de larges prés (surfaces exprimées en carradae) et d’autre part les moulins nécessaires à la transformation des produits céréaliers. Dans un marais de la grande capture de Burghaun, près du Hünfeld, ce sont précisément les serfs de Fulda qui ont commencé l’aménagement32. Bien des moulins de Lorsch situés sur les pentes de l’Odenwald, de la forêt du Palatinat et de la Wetterau, ont été donnés auparavant par des possesseurs laïcs ; ils remontent de ce fait assez loin au VIIIe siècle, sinon plus haut. Le moulin de Fulda fut créé vers 750 après détournement d’une partie de la rivière sur environ 1500 mètres ; il avait fallu déblayer plus de 3400 m2 d’éboulis, ce que l’abbé fit réaliser par des ouvriers spécialisés (congregatis quantis potuit fossatoribus)33. A partir de Fulda, la technique a irradié sur les gigantesques possessions de cette abbaye. Dès le VIIIe siècle, la toponymie du pays entier fournit une série considérable d’endroits appelés Mulin, Mülln, Muliheim, Mulihusa, Mulenbach ou Mulipach34. Le mouvement s’est propagé jusqu’en Thuringe où Marc Bloch notait déjà la présence de la future ville de Mühlhausen. Je ne répéterai donc pas le récit du prisonnier bavarois chargé d’y construire un moulin au service des Francs. Des fouilles ont révélé entre-temps les fonds de cabanes du VIIIe siècle appartenant à cette place importante35.
21Dans les pays de plaine, nombreux sont les bras de rivière aménagés dès le VIIIe siècle en vue d’une installation de moulins ou de la création de viviers. Le polyptyque de Prüm atteste des travaux du genre à la sortie des rivières de l’Eifel vers la plaine rhénane36, et très nombreux sont les actes qui placent les mots cum exitibus et regressibus à la suite de la célèbre formule cum aquis aquarumve decursibus, farinariis ou molendinis. Les exitus et regressus ne seraient-ils pas, dans ces cas-là, de simples détournements de l’eau ? Ces aménagements supposent de toutes manières un très gros effort qui reflète une croissance agricole en cours et la disponibilité d’une main-d’œuvre nombreuse. Il est à regretter qu’aucune étude représentative n’ait été consacrée encore à ce sujet.
III. — L’extension de la viticulture (VIe-XIe s.)
22C’est là encore un vaste sujet où il y a un problème de continuité depuis l’époque romaine. Cette continuité est même plus marquée et plus sûre que dans le domaine des aménagements hydrographiques. La vigne romaine sur les bords de la Moselle et du Rhin est fortement attestée. Ausone la confirme pour la fin du IVe siècle, Venance Fortunat pour le VIe. Aux dires de ce dernier, la vigne à cette époque grimpe même les coteaux les plus abrupts :
Aspera mellitos pariunt sibi saxa racemos
et cote in sterili fertilis uva placet.
23Les vendanges se font également sur les pentes les plus raides :
Inde coloratas decerpit vinitor uvas
rupibus adpensis pendit et ipse legens37.
24Et à en croire Fortunat, l’évêque de Trèves, Nicetius, opère des défrichements pour planter des vignes nouvelles là où il y avait auparavant des buissons : vinea culta viret, quo fuit ante frutex.
25A la fin du VIe siècle, la Lex Ripuaria mentionne que les Francs commencent à investir dans la vigne : si quis villam aut vineam… ab alio comparaverit,…
26Jusqu’à la fin du VIIIe siècle, dans le Palatinat, quatre-vingt-trois villages sont connus pour avoir produit du vin. Près de Mayence, la vigne s’étend : une capture est mentionnée à côté d’une vigne plus ancienne. Nous sommes dans une région de grande tradition viticole où les Francs se sont installés depuis le IVe siècle. En toute logique, à Verdun (843), cette partie de la rive gauche de Rhin est donc attribuée à Louis le Germanique, propter vini affluentiam.
27A la même époque, sur la rive opposée, la vigne commence sa longue progression à travers presque toutes les provinces de l’Allemagne médiévale. Vers 630, dans le Lobdengau cité tout à l’heure à propos des défrichements, Dagobert aurait attribué des vignes à l’église de Worms ; la donnée n’est pas totalement sûre. Mais en 766 on cède une vigne, tenentem scamellum unum, ainsi qu’une terre ad vineam faciendam38. Au nord-est de Francfort (Wetterau, 779), Lorsch tient deux vignes, sans doute récentes, dans un village au nom de Waldorph ou Waldorfa (village forestier). Le pays de Bade connaît vingt-trois endroits à viticulture mentionnés dès les VIIIe-IXe siècles, le Würtemberg dix-huit.
28Avec la Franconie orientale, nous nous engageons de nouveau dans l’ancienne Germania libera. L’introduction de la vigne y est attribuée aux missionnaires chrétiens de la vallée du Main : vers 770-80, sept localités au moins ont planté des vignes d’après les actes de Fulda et de Würzburg. Plus au sud, la région de Freising est christianisée par saint Corbinien ; le missionnaire arrive vinearum plantons copiam, alors que saint Emmeran arrivant à Ratisbonne sur le Danube, y trouve des vignes existantes.
29La Hesse orientale connaît sa première vigne d’après un acte de 786 ; le toponyme est encore suggestif : c’est un village sur la Werra au nom de Dorndorf (Epinay). La région de Weimar-Iéna (Thuringe) est atteinte au plus tard en 887 (Goethe envoie encore, à son fils, des grappes d’Iéna). Plus loin vers le nord-est, la Saxe a son vin au Xe siècle (cinq endroits cités en 973). Dresde est atteinte vers l’an 1000, la Poméranie vers 1127 par son missionnaire, l’évêque Othon de Bamberg, la Silésie en 1124, et le Brandebourg vers 116039.
30Reste une région dont les vins comptent parmi les meilleurs et les plus célèbres de toute l’Allemagne, une région située en face du palais de Charlemagne à Ingelheim. On comprend que les viticulteurs du Rheingau, ceux de Rüdesheim, Oestrich, Winkel, se soient reportés au grand empereur pour expliquer l’origine de leur vin sur les pentes des monts du Taunus, mais il n’en est rien : Geisenheim en 777 et 788 n’a pas de vignes ; deux mentions du IXe siècle remontent à des actes faux. Il faut attendre 1074 pour voir l’archevêque de Mayence concéder la montagne de Rüdesheim à des vignerons : terram illam montuosam et incultam eis concessimus, ut earn excolerent et in usum vinearum redigerent40.
Conclusions
31Après une période de presque quatre siècles de récession, récession à rebondissements, mais lente et inexorable, le VIIe siècle apporte enfin un renversement de la tendance de longue durée. La population remonte, ce n’est pas seulement le nombre des inhumations qui augmente. Au VIIIe siècle, les pollens céréaliers commencent à attester l’extension des cultures dans les zones de montagne : Odenwald, Röhn, forêts de Thuringe, Ardennes, Eifel, etc.,41. La seconde moitié du VIIIe siècle amène un procès de concentration des habitats, très sensible dans la plaine du Oberrhein42, alors que sur les hauts plateaux boisés de l’Odenwald, dans les profondeurs de la Hesse et de la Franconie orientale, des promoteurs laïcs, suivis par plusieurs grands monastères, lancent des opérations de grande envergure qui sont représentées le mieux par le terme de capture, terme ambigu cependant en ce sens qu’il peut désigner à la fois un défrichement dans le pourtour des champs anciens et une zone très vaste où la description des limites suggère une extension allant jusqu’à un espace de 80 kilomètres carrés. Tout ne sera pas défriché dans une telle zone de mise en valeur : on créera des voies de passage, des zones de pâtures, des prés, des retenues d’eau ou des détournements, et on profitera des produits de la forêt : chasse, fourrures, glandée ou collecte des faînes. Mais de tout cela, nous savons encore très peu, comme nous obtenons peu de renseignements, dans les sources du IXe siècle, sur les rendements des cultures. Retenons donc encore que la valeur d’une telle capture est rétribuée sous forme d’objets : palliums, épées.
32Et c’est dans ce contexte que Fulda acquiert d’autre part des lieux ubi ferrum in terra invenitur (à ce qu’on dit une surface d’environ 15000 m2), que l’abbaye reçoit ailleurs une villa… ubi plumbum operari potest, qu’elle possède des salines, des moulins, des plantations de pommiers, des alpages dans les Vosges et bien d’autres choses, si bien que la lecture de ses actes et inventaires ne produit pas l’impression d’un simple feu de paille de la conjoncture. Le pays a souffert par la suite, sous la pression des Vikings et des Hongrois, mais ce recul de la conjoncture a été plus court et moins sensible que dans la Lotharingie et dans la Francie occidentale.
Notes de bas de page
1 Contributions de divers auteurs sur l’occupation du sol dans les provinces du Rhin et du Danube jusqu’au Noricum dans H. Hinz (éd.), Germania Romana, t. III, Heidelberg, 1970, (Beiheft 7 de la revue Gymnasium). Bonnes synthèses également par E. Böttger, “Die Landwirtschaft”, dans R. Günther et H. Köpstein (éd.), Die Römer an Rhein und Donau, Wien-Köln, 1975, p. 138-188, et dans E. Ennen-W. Janssen, Deutsche Agrargeschichte, Wiesbaden, 1979, p. 72-86. Selon M. Gechter et J. Kunow, “Zur ländlichen Besiedlung des Rheinlandes in römischer Zeit”, dans Bonner Jahrbücher, t. 186, 1986, p. 377-396, le plus grand nombre de villas en Rhenanie a été atteint vers 200.
2 Walter Janssen, “Römische und frühmittelalterliche Landerschließung im Vergleich”, dans W. Janssen-D. Lohrmann, Villa-curtis-grangia. Economie rurale entre Loire et Rhin de l'époque gallo-romaine aux XIIe-XIIIe siècles, Munich, 1983, p. 81-122.
3 O. Schlüter, Die Siedlungsräume Mitteleuropas in frühgeschichtlicher Zeit, 3 vol., Remagen, 1952-58. Cf. M. Born, Die Entwicklung der deutschen Agrarlandschaft, Darmstadt, 1974, p. 15-17.
4 E. Gringmuth-dallmer, “Zur Kulturlandschaftsentwicklung in frügeschichtlicher Zeit im germanischen Gebiet”, dans la Zeitschrift für Archäologie, t. 6, 1972, p. 64-90. Des considérations complémentaires, également très bien illustrées par de nombreux graphiques, ont été publiées par le même auteur sous le titre “Zur regionalen Siedlungsstruktur der Merowingerund Karolingerzeit”, dans Zeitschrift für Archäologie, t. 19, 1985, p. 51-81. Voir aussi du même, Die Entwicklung der frühgeschichtlichen Kulturlandschaft auf dem Gebiet der DDR, Berlin, 1983.
5 J. Chapelot et R. Fossier, Le village et la maison au Moyen Age, Paris, 1980, p. 57-68. Paru en même temps et complémentaire : P. Donat, Haus, Hof und Dorf in Mitteleuropa vom 7.-12. Jahrhundert, Berlin, 1980.
6 Cf. entre autres K. Schwarz, “Der frühmittelalterliche Landesausbau in Nordost-Bayern archäologisch gesehen”, dans : Ausgrabungen in Deutschland, t. 2, Mayence, 1975, p. 338-409 (nombreuses cartes et figures) ; U. Dahmlos, Archäologische Funde des 4. bis 7. Jahrhunderts in Hessen, Marbourg, 1979.
7 H. Jankuhn, Archäologie und Geschichte, t. 1, Berlin-New-York, 1976, p. 287 ss., avec nombreuses références ; cf. Chapelot et Fossier (supra, n. 5), p. 106-110. Une documentation très complète est fournie par G. Kossack, K.-E. Behre, P. Schmid (éd.), Archälogische und naturwissenschaftliche Untersuchungen… im deutschen Küstengebiet vom 5. Jahrhundert vor Chr. bis zum 11. Jahrhundert nach Chr., t. 1, Ländliche Siedlungen, Bonn, DFG, Acta humaniora, 1984 ; pour le manque d’habitats du Ve au VIIe siècle voir ibid. p. 211 s. Jankuhn, op. cit., p. 247 s., signale deux cimetières (Mahndorf et Galgenberg, près de Brême et de Kuxhafen) où un nombre réduit d’inhumations se maintient aux VIe-VlIe siècles.
8 E. Gringmuth-dallmer, “Zur Siedlungsgeschichte Thüringens im frühen Mittelalter”, dans Zeitschrift für Archäologie, t. 19, 1985, p. 225-232.
9 K. Schwarz (supra n. 6), p. 339 ; cf. Jankuhn (supra, n. 7), p. 258, fig. 11, ou J. Hoops, Reallexikon der germanischen Altertumskunde, 2e éd., t. 1, Berlin-New-York, 1973, p. 615, fig. 139.
10 K. Böhner, “Archäologische Beiträge zur Erforschung der Frankenzeit am Niederrhein”, dans Rheinische Vierteljahrsblätter, t. 15/16, 1950-51, p. 19-38. Id., “DIe Merowingerzeit am Niederrhein” dans Führer zu vor- und frühgeschichtlichen Denkmälern, t. 14, Mayence, 1969, pp. 66-98.
11 W. Janssen, supra, n. 2.
12 K. Böhner, Die fränkischen Altertümer des Trierer Landes, t. 1, Berlin, 1958, p. 282-358 ; cf. Id. dans F. Petri (éd.), Siedlung, Sprache und Bevölkerungsstruktur, Darmstadt, 1973, p. 375 s., et Chapelot et Fossier (supra, n. 5), p. 59. Dans les montagnes de l’Eifel, à 420 mètres NN, un diagramme de pollens céréaliers montre un départ très net vers les VIIe-VIIIe siècles (Gringmuth-dallmer, Kulturlandschaftsentwicklung, supra, n. 4, p. 75, fig. 9.
13 P. DONAT - H. ULRICH, “Einwohnerzahlen und Siedlungsgrösse der Merowingerzeit”, dans Zeitschrift für Archäologie, t. 5, 1971, p. 234-265 ; cf. ID., dans HOOPS, Reallexikon, t. 2, 1976, p. 349-353, et CHAPELOT-FOSSIER, p. 60 s. Je donne ici un tableau permettant de mieux voir la répartition régionale des cimetières et le nombre réel des inhumations par rapport au nombre estimé des morts.
14 Supra, n. 9.
15 Gringmuth-Dallmer, Kulturlandschaftsentwicklung (supra, n. 4), p. 74, fig. 5, d’après E. Burrichter. Pour une information plus systématique cf. E. Lange, Botanische Beitrage zur mitteleuropaischen Siedlungsgeschichte, Berlin, 1971, et R. Noel, Les dépôts de pollens fossiles, Turnhout, 1972, (Typologie des sources du Moyen Age occidental, fasc. 5), p. 14 s.
16 W. Winkelmann, “Die Ausgrabungen in der frühmittelalterlichen Siedlung bei Warendorf, Westf.”, dans : W. Krämer (éd.), Neue Ausgrabungen in Deutschland, Berlin, 1958, p. 492-518 ; cf. Chapelot et Fossier (supra, n. 5), p. 79-88. Les fouilles ont révélé au total cent-quatre-vingt-six bâtiments.
17 H.-J. Nitz, “Die Siedlungstätigkeit der Lorscher Benediktiner im Odenwald”, dans Geschichtsblätter für den Kreis Bergstraβe, t. 14, 1981, p. 5-30. Le contraste est net par rapport aux champs beaucoup plus allongés des zones d’occupation ancienne (H.-J. Nitz, Historisch-genetische Siedlungsforschung, Darmstadt, 1974, p. 334-360). L’inventaire archéologique de R. Koch, Bodenfunde der Völkerwanderungszeit aus dem Main-Tauber-Gebiet, 2 vol., Berlin, 1967, ne donne aucune découverte dans cette zone.
18 F. Staab, Untersuchungen zur Gesellschaft am Mittelrhein in der Karolingerzeit, Wiesbaden, 1975, p. 313-331.
19 Codex Laureshamensis, éd. K. Glöckner, t. 2, Darmstadt, 1933, p. 19, no 199 (a. 822).
20 Codex diplomaticus Fuldensis, éd. E.F.J. Dronke, 1850 (réimpr. Aalen, 1962), p. 171, no 377 (a. 818).
21 Codex Laureshamensis, t. 2, p. 26, no 217 (a. 829).
22 Ibid., t. 1, p. 299-304, no 19-21 ; cf. F. Staab (supra, n. 18), p. 321 s.
23 Urkundenbuch des Klosters Fulda, éd. E. Stengel, t. 1, Marbourg, 1904-58, p. 454, no 390.
24 Cod. dipt. Fuld., éd. Dronke, p. 167, no 352 : in marca Geltresheim, XXX iugera, XV iam stirpata et ad arandum in planitiemque campi parata, et alia XV adhuc silvis occupata.
25 Traditiones et antiquitates Fuldenses, éd. E.F.J. Dronke, 1844 (réimpr. Osnabrück, 1966), p. 27, no 69-70 ; p. 71, no 141. Un grand nombre d’autres témoignages tirés des actes de Fulda, Lorsch, Wissembourg, St-Gall, a été réuni déjà par W. Arnold, Ansiedelungen und Wanderungen deutscher Stämme, zumeist nach hessischen Ortsnamen, 2e éd., Marbourg, 1881, p. 255 ss.
26 Cf. R. Noël, Les dépôts de pollens (supra, n. 15), p. 76 s., d’après H.U. Steckhan, dans Flora, t. 150, 1961, p. 514-551.
27 Stengel, Urkundenbuch Fulda, t. 1, p. 346-350, no 241-243 (a. 7 %).
28 H. Hildebrandt, Regelhafte Siedlungsformen im Hünfelder Land, Marbourg, 1968, et Id., “Breitstreifenaltfluren”, dans Mainzer Naturwiss. Archiv, t. 12, 1974, p. 94 ss.
29 Cod. dipt. Fuld., éd. Dronke, p. 207, no 471 (ca. 827) ; cf. Stengel, Urkundenbuch Fulda, p. 397-400, no 275 (a. 801), et M. Gockel, “Die Träger von Rodung und Siedlung im Hünfelder Raum in karolingischer Zeit”, dans Hessisches Jahrbuch für Landesgeschichte, t. 26, 1976, p. 1-24 (carte).
30 Cod. dipl. Fuld., éd. Dronke, p. 178, no 395 (a. 821).
31 Stengel et Dronke, passim. Pour la Hesse en général cf. les importantes contributions de W. Schlesinger, H. Ament, K. Weidemann, R. Gensen, N. Wand et F. Schwind dans le volume Althessen im Frankenreich, éd. W. Schlesinger, Sigmaringen, 1975, ainsi que U. Dahmlos, Archäologische Funde des 4. bis 9. Jahrhunderts in Hessen, Marbourg, 1979.
32 Isti coeperunt illam capturam inprimitus ad Suuarzesmuore (Cod. dipt. Fuld., éd. Dronke, p. 207, no 471).
33 J. Vonderau, Die Gründung des Klosters Fulda und seine Bauten bis zum Tode Sturms, Fulda, 1944, p. 33-35 et fig. 24-25. MGH, Scriptores, t. 2, p. 375.
34 E. Förstemann, Altdeutsches Namenbuch, t. 2, Bonn, 1916, col. 332-340.
35 Handbuch der Historischen Stätten, t. 9, Thüringen, éd. H. Patze, Stuttgart, 1968, p. 286. Pour les liens entre la création d’habitats et la construction de moulins dans la région de Trèves cf. Böhner, Fränkische Altertümer (supra, n. 12), p. 302 ss., cas de Niederemmel, Temmels, Mühlheim, Nittel, etc.
36 Carte de répartition dans L. Kuchenbuch, Bäuerliche Gesellschaft und Klosterherrschaft im 9. Jahrhundert, Wiesbaden, 1978, p. 283.
37 Venance Fortunat, Carmina, 10, 9, 37-42, éd. F. Leo, MGH, Auctores antiquissimi, t. 4, Berlin, 1885, p. 243. La plupart des auteurs n’admettent une extension des vignes aux côtes raides des vallées rhénanes que pour une période beaucoup plus tardive. Dans ce qui suit, je résume quelques-unes des données fondamentales compilées par F. von Bassermann-jordan, Geschichte des Weinbaus, t. 1, Frankfort, 1923, p. 63-148.
38 Le latin des vignerons romains a laissé des traces dans la langue courante de la région ; c’est ainsi que scamellum a donné l’allemand Schemel qui signifie précisément quatre rangées de ceps.
39 Tout ceci d’après Bassermann-jordan, supra, n. 38.
40 Gudenus, Codex diplomaticus Moguntinus, t. 1, Göttingen 1743, p. 381, no 142 ; cf. Bassermann-Jordan, t. 1, p. 92 s., 132.
41 Cf. supra, n. 15, E. Lange. A signaler aussi que l’ancien haut allemand connaît de nombreuses mentions du mot mist correspond à l’engrais (lat. stercus, fimum, laetamen, rudus). L’ancien haut allemand mistunnea, misterhufo correspond au latin sterquilinium, gor ou mist rindiro, à stercus boum, deisc fehes à stercus animalium/Viehmist. Par contre mergil < lat. margila (fr. marne) n’apparaît pas avant le XIe siècle. H. Tiefenbach, “Bezeichnungen für Mist und Dünger im Althochdeutschen”, dans H. Beck, H. Denecke, H. Jankuhn (éd.), Untersuchungen zur eisenzeitlichen und frühmittelalterlichen Flur in Mitteleuropa, t. 2, Göttingen, 1980, p. 45-54.
42 Cartes très instructives opposant l’habitat dispersé du VIe-VIIe siècles à l’habitat du VIIe-IXe, plus concentré, dans Gringmuth-Dallmer, Zur regionalen Siedlungsstruktur (supra, n. 4), p. 62-63.
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