Sur les dénominations des jardins en gallo-roman méridional
p. 269-280
Texte intégral
1Le nombre des lexèmes dont dispose le gallo-roman méridional, alias l’occitan, pour exprimer le signifié “jardin” est finalement assez réduit : entre cinq et sept si l’on compte large, c’est-à-dire si l’on prend en compte des dénominations attestées de manière sporadique ou comportant un sémantisme divergeant plus ou moins de celui de “jardin” tel qu’il est communément admis. En outre, parmi ces lexèmes, trois s’imposent immédiatement à l’attention en ce qu’ils occupent majoritairement et massivement le champ onomasiologique et le champ géo-linguistique.
2Le premier est un pur latinisme, regroupant les formes qui procèdent de HORTUS.
3Nous mettrons en seconde place dans notre liste les représentants de CASALIS : les problèmes que posent les continuateurs de cette base sont, comme nous allons tout de suite le voir, autant d’ordre sémantique qu’étymologique.
4Si l’on s’en rapporte aux dictionnaires qui ont accédé au rang d’ouvrages de référence, par exemple le Mistral1 ou le Palay2 pour l’occitan, on voit que les formes gallo-romanes casai, casau, chasal, etc. sont caractérisées par une notable polysémie ; le F.E.W.3, toutefois, dans un notable et méritoire effort de clarification, ramène à deux le nombre des sémantismes fondamentaux : d’une part ceux qui font référence à l’exploitation et à l’habitat ruraux, d’autre part ceux qui concernent plus spécialement les bâtiments comme tels. Du premier groupe de ces sémantismes font partie les valeurs “métairie”, “ferme”, “domaine rural”, “hameau”, “enclos d’une maison, jardin”, tandis que le second groupe comprend les valeurs “petite maison, grange”, mais aussi “emplacement de maison”, et même, dans certaines régions, “maison en ruine, masure”.
5Dire comment ces diverses acceptions se sont développées les unes par rapport aux autres n’est pas aussi simple qu’il y paraît.
6L’adjectif latin CASALIS, attesté surtout dans les traités destinés aux arpenteurs (les gromatici) et dans les inscriptions de basse époque, a, bien évidemment, partie liée avec le substantif CASA : or ce terme, en latin tardif, avait pris la signification de “cour, ferme, bien de paysan”, laquelle s’est transférée au dérivé CASALIS. On admet qu’à partir d’expressions comme finis casalis, un processus de substantivation de l’élément adjectival a pris naissance, avec une préférence marquée pour le nombre pluriel, si bien que l’on trouve chez les Gromatici veteres4 des casales, casalium ou des casalia, casalium désignant les limites d’une propriété ou d’un bien rural. Par une modification plus ou moins poussée de cette acception originelle, “bien ou terrain délimité”, se sont progressivement mises en place les acceptions “ferme, propriété rurale, métairie” et par extension “hameau, quartier rural” ; la valeur “enclos, jardin” s’inscrit sur la même orbite, représentant à la maison ou se trouvant à proximité d’elle”.
7Il est par ailleurs établi que le vocable casalis s’est aussi appliqué, dès le VIe siècle au moins, à des bâtiments, ce qui rend compte de la signification “petite maison, grange”. Le lien entre cette dernière et les significations “masure, maison ruinée” d’une part, “emplacement de maison” d’autre part n’est pas clair. Le rédacteur de l’article du F.E. W. consacré au mot qui nous occupe estime que l’acception “emplacement d’une maison” pourrait être la plus ancienne et avoir elle aussi pour origine une substantivation de l’élément casalis dans une ancienne locution, laquelle aurait pu être quelque chose comme area casalis.
8Occupons-nous du dernier membre de notre triade lexicale, celui que représente par exemple le français “jardin”. Il provient selon toute vraisemblance d’un composé ayant associé latin et germanique, en l’occurrence HORTUS déjà cité, muni d’un qualificatif *GARDINUS, ce dernier s’étant constitué à partir d’un ancien bas francique *gart “jardin” ou *gardo “clôture”, radical que l’on retrouve dans le gotique garda “clôture”, dans l’ancien allemand gart, gardo “jardin”, l’allemand moderne Garten, l’ancien et le moyen français jart, gart “jardin”. La locution *HORTUS GARDINUS se serait trouvée à la longue amputée de son élément initial et donc réduite à *GARDINUS, lequel est à l’origine du terme français “jardin” : Rohlfs a montré dans sa Romanische Sprachgeographie5 que ce mot a été ensuite emprunté par les autres langues romanes et par l’anglais.
9Ces problèmes d’histoire lexicale et sémantique ayant été examinés, voyons ce qu’il en est des faits actuels. Pour la présentation des données, je me servirai comme il est naturel des atlas linguistiques régionaux qui font partie de la série du Nouvel atlas linguistique de la France (N.A.L.F.), soit ceux de la Gascogne de Jean Séguy6, du Languedoc occidental de moi-même7, du Languedoc oriental de Jacques Boisgontier8, de la Provence de JeanClaude Bouvier et Claude Martel9 et du Massif Central de Pierre Nauton10. Je commencerai par la partie centrale du domaine, après quoi je me dirigerai vers ses portions ouest, puis est et enfin nord. Le centre en question est le Languedoc linguistique, couvert, comme je viens de l’indiquer, par l’atlas de J. Boisgontier et le mien.
10Pour ce qui est du Languedoc occidental, la carte I, 236 de mon ouvrage donne à voir que nos trois types lexicaux fondamentaux y sont présents, avec, bien évidemment, de notables disparités quant à la répartition et à l’extension géographique de chacun d’eux. Alors que CASALIS est cantonné dans la portion du bassin de la Garonne comprise entre les départements du Tarn-et-Garonne et de la Gironde, cette zone n’étant pas autre chose, comme nous le constaterons dans un instant, que l’extrémité nordorientale d’une vaste aire constituée par le triangle aquitain dans sa presque totalité, HORTUS et *GARDINUS se partagent le reste du domaine. Les choses, cependant, ne sont pas aussi simples que l’on inclinerait à le croire. Entre la zone occupée par HORTUS et celle de *GARDINUS se trouvent d’importantes aires interférentielles, matérialisées par des tiretés sur la carte de synthèse jointe au présent travail. Dans ces aires, les deux types lexicaux sont en principe co-occurrents ou synonymes, c’est-à-dire qu’ils font l’un et l’autre partie du vocabulaire vernaculaire normal. Mais cette assertion demande à être nuancée. Dans plusieurs des localités de ces secteurs interférentiels, celles dont le numéro de code est surmonté d’un point noir, les informateurs ont nettement déclaré que l’emploi du continuateur de HORTUS est loin d’être aussi fréquent que celui du représentant de *GARDINUS, le premier étant souvent perçu comme archaïque sinon obsolète : autrement dit, aux points d’enquête concernés, HORTUS était en train de sortir de l’usage courant ou venait de le faire au moment où ont été effectués les relevés sur le terrain.
11De plus, dans quelques localités de l’aire *GARDINUS, les enquêteurs ont cherché à savoir si par hasard HORTUS ne serait pas lui aussi connu : les témoins leur ont opposé la plus formelle des dénégations, ce que signifie la lettre grecque Q qui se lit ici ou là. Le fait pourrait être l’indice d’une implantation relativement ancienne de *GARDINUS.
12Quant à ôrta (portion sud-est du domaine), terme que nous donnons en orthographe classique de la langue d’oc, nous allons nous occuper de lui dans quelques instants.
13Quittons maintenant le Languedoc occidental pour nous transporter en Gascogne (cf. carte II, 479 de l’atlas de Séguy, intitulé potager), où il n’est pas difficile de voir que l’on est en présence d’une situation géolinguistique limpide, les 8/10èmes de ce domaine linguistique étant en effet occupés par le continuateur de CASALIS : l’aquitanité de ce type lexical est donc incontestable, ce qui ne veut pas dire pour autant, ainsi que nous allons le constater, que le vocable qui se rattache à ce type soit d’usage exclusif en gascon.
14Dans le coin sud-est du domaine nous avons les extrémités occidentales des grandes aires de HORTUS et de *GARDINUS dont l’implantation, comme nous l’avons déjà expliqué, intéresse essentiellement le Languedoc occidental. De plus, en ce qui concerne la moitié occidentale de la Gascogne, on ne peut pas ne pas faire état de la remarque que voici de Simin Palay : “Le terme (òrt) très usité dans tout le Béarn il y a 50 ans à peine, ne s’entend guère plus maintenant que dans quelques lieux, notamment en Aspe. On l’a remplacé par casàu11”.
15Qu’en est-il du Languedoc oriental ou méditerranéen ? La bipartition du domaine (cf. carte II, 309 de l’atlas de Jacques Boisgontier) est nette, avec, du côté ouest, le type HORTUS, dont l’aire prolonge celle du Languedoc occidental, du côté est le type *GARDINUS.
16La zone interférentielle médiane (tiretés) donne lieu aux mêmes observations que son homologue du Languedoc occidental.
17On notera aussi que dans l’aire de *GARDINUS, le type HORTUS est presque partout refusé par les locuteurs locaux. Toutefois, dans quelques-unes des localités enquêtées, les témoins ont signalé que le continuateur de notre HORTUS est présent dans la toponymie locale ou dans la parémiologie, ce qui est, à l’évidence, la preuve d’un emploi courant à une époque plus ancienne12.
18Le vocable àrta, que nous avons déjà vu apparaître en Languedoc occidental comme désignatif du jardin, existe aussi en Languedoc méditerranéen : mais il y désigne le plus généralement “un grand jardin habituellement exploité par un maraîcher professionnel”13. Cette forme àrta n’est autre qu’une féminisation, intervenue en milieu linguistique occitan, du masculin òrt : il faut rappeler à ce propos qu’en langue d’oc, comme dans d’autres langues romanes, le genre féminin est parfois suceptible de jouer le rôle d’un augmentatif par rapport au masculin correspondantl14.
19Continuons notre périple lexical par la Provence. Il suffira à nos lecteurs de se reporter à la carte 427 de l’Atlas linguistique et ethnographique de la Provence de J.C. Bouvier et C. Martel pour qu’ils se rendent compte que *GARD1NUS occupe en gros les trois quarts occidentaux et sudoccidentaux du domaine considéré, HORTUS appartenant, lui, à la partie alpine de ce même domaine.
20Terminons par le Massif Central. Grâce à la carte 171 de l’atlas linguistique consacré à cette région, on voit que le type HORTUS est celui des deux-tiers occidentaux du domaine pris en compte par ledit atlas (départements de l’Aveyron, du Cantal, de la Lozère, partie extrême-occidentale de l’Ardèche), le reste, c’est-à-dire la Haute-Loire et ce qui, en Lozère, n’est pas dans la zone de HORTUS relevant d’une aire *GARDINUS.
21De l’examen auquel nous venons de soumettre les configurations géolinguistiques actuelles, il ressort au bout du compte et assez clairement que le type HORTUS a été antérieurement connu dans la presque totalité du domaine d’oc, et peut-être jusqu’à une époque relativement récente : autrement dit, c’est un vocable de la meilleure latinité qui s’était au départ imposé. Cette filiation prestigieuse ne l’a pas empêché, dans certaines zones, d’être ultérieurement recouvert par les représentants de *GARDINUS ou de CASALIS.
22Le fait que nous nous trouvions en Gascogne me paraît être une invite à terminer cette communication par quelques remarques d’ordre historique sur le type CASALIS, dont nous avons vu qu’il est à l’origine du type lexical actuellement dominant dans la contrée qui nous accueille. Et d’abord, pour fixer nos idées, relisons ce qu’écrit à son sujet Elisabeth MagnouNortier dans son livre, La société laïque et l’Eglise dans la province ecclésiastique de Narbonne de la fin du VIIIe siècle à la fin du XIe siècle15 : “Le manse rural est tout autre chose, semble-t-il, qu’un assemblage de quelques pièces de terre ou de vigne. Dans l’ancienne Septimanie il ne s’identifie pas au casai, alors qu’en pays toulousain casai paraît bien être l’équivalent du manse septimanien”. L’auteur assortit cette observation d’une note dans laquelle il est rappelé que le vocable mansus n’est employé, sauf exception rarissime, ni dans le Cartulaire du Mas-d’Azil, ni dans celui de Lézat, ni dans celui de Saint-Sernin. A l’inverse, si l’on considère par exemple le cas du Cartulaire de Lézat16 que l’on mentionnait à l’instant, on voit que casai, casalis y est d’un usage parfaitement normal pour désigner le manse. Il suffit d’effectuer quelques sondages dans des documents de la Gascogne la plus intérieure pour donner un intéressant prolongement aux remarques de Mme Magnou-Nortier, c’est-à-dire pour se rendre compte que CASALIS est vraiment et depuis longtemps un terme caractéristique des contrées occidentales de la Gallo-Romania méridionale, bien mieux, qu’il s’agit d’un désignatif essentiellement accroché au monde ouest-pyrénéen et à son piémont, alors que MANSUS n’est que très minoritairement attesté. Je livre le résultat de ces sondages sous la forme d’une statistique, document par document :
23Cartulaire de Berdoues17 : uniquement CASALIS ; aucune mention de MANSUS.
24Cartulaire de Bigorre18 : comme pour Berdoues.
25Cartulaire de la Case-Dieu19 : comme pour Berdoues et Bigorre.
26Cartulaire de Madiran20 : comme les trois précédents.
27Cartulaire de Saint-Mont21 : sont employés CASALIS et MANSUS, avec, semble-t-il, un léger avantage numérique en faveur de CASALIS.
28Cartulaire de Sorde22 : situation comparable à celle de Saint-Mont.
29Livre Vert de Bénac, dénomination consacrée par l’usage du Cartulaire des Vicomtes de Lavedan23 : une seule attestation du continuateur de MANSUS, sous la forme romane mas, et à une date tardive, 1313.
30D’un autre côté, si on interroge la toponymie actuelle, on s’aperçoit que les représentants de MANSUS ne descendent pas au-dessous d’une ligne partant de l’estuaire de l’Adour, traversant la portion méridionale du département du Gers et paraissant ensuite prendre une direction sud-est pour aboutir dans l’Ariège quelque part vers les confins gascono-languedociens. Par conséquent, si l’on réunit les deux séries d’informations, celles qui proviennent des cartulaires et celles que nous apporte la toponymie, la cause paraît entendue : le lexème CASALIS appartient préférentiellement à la Gascogne méridionale, celle qui comprend la zone pyrénéenne proprement dite et ses prolongements septentrionaux immédiats.
31Quant au fait que le produit de CASALIS, dans l’idiome gascon actuel, ne désigne plus que le jardin, il s’agit d’un banal processus d’affaiblissement sémantique. Cependant, malgré cette dégradation d’un sens antérieur, la valeur originelle latine demeure encore partiellement perceptible, je veux dire celle que j’ai précédemment signalée, de terrain ou d’espace délimité voire même clos ou enclos.
POUR LA LECTURE DES CARTES
32On a retenu à titre d’exemple les trois atlas que voici : Jean Séguy, Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, Xavier Ravier, Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc occidental et Jacques Boisgontier, Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc oriental (les indications bibliographiques d’usage sont données dans diverses notes accompagnant le texte de la communication). La zone considérée comprend le tiers sud-occidental et une partie du tiers sud-oriental du domaine linguistique occitan.
33Les dénominations du jardin sont traitées par référence directe aux bases étymologiques, désignées comme suit : C = CASALIS ; H = HORTUS ; *H = *HORTA ; G = *(HORTUS) GARDINUS.
34Localités ou zones circonscrites par du — : coprésence des deux types des aires contiguës, soit par ex. CASALIS et *(HORTUS) GARDINUS au point 24.20 (deuxième de la série des trois cartes : Languedoc occidental), HORTUS et *(HORTUS) GARDINUS dans la zone formée par les points 31.10, 31.11, 31.12 et 81.20 (deuxième carte également).
35Point sur le numéro de code d’une localité : le type HORTUS est archaïque ou arachaïsant dans le parler local.
36Lettre ω : le type HORTUS n’est pas en usage dans le parler local et ses continuateurs ne sont donc pas connus.

GASCOGNE
D’après Jean Seguy, Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, vol. 11, carte 479 : potager.

LANGUEDOC OCCIDENTAL
D’après Xavier Ravier, Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc occidental, vol. I, carte 236.

LANGUEDOC ORIENTAL
D’après Jacques Boisgontier, Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc orientai, vol. II, carte 309.
FORMES IDIOMATIQUES ACTUELLES
37La liste ci-après indique les réalisations les plus fréquentes des continuateurs actuels de CASALIS, HORTUS *HORTA et *(HORTUS) GARDINUS.
38Les domaines concernés sont ceux des atlas de Jean Séguy (Gascogne), Xavier Ravier (Languedoc occidental), Jacques Boisgontier (Languedoc oriental), désignés respectivement par ALG, ALLOc et ALLOr. Le lecteur pourra en outre consulter l’Atlas linguistique et ethnographique du Massif Central de Pierre Nauton.
39Chaque forme est donnée, d’abord dans l’orthographe classique de la langue d’oc, puis dans la transcription phonétique des atlas (système dit Bourcelot-Gilliéron adapté), avec, immédiatement à la suite et après/, la transcription en système dit A.P.I. (Alphabet phonétique international), l’indication de l’atlas ou des atlas dont elle procède (v. abréviations ci-dessus). Le signe (+) après une abréviation d’atlas signifie “forme dominante” ou “forme largement répandue” ou “forme courante”, tandis que le signe (-) signifie “forme n’occupant qu’une portion restreinte du domaine” (aire de relativement petite dimension), le signe (®), signalant, lui, une forme isolée (hapax) ou très rare.
40En ce qui concerne la transposition en A.P.I., on a introduit les adaptations que voici afin de pallier certaines carences inhérentes à ce système
CASALIS
41casau
42[kaz/ ka’zau ] ALG (+), ALLOc(-) ; [kad
/ ka’dau ] ALG (-) ; [kajz
/ka’ʒzau] ALLòc" (-).
43casal
44[kazl / ka’zal] ALLOc (+), A.L.G. (-).
45HORTUS
46òrt
47[òrt/ɔrt] ALLOc (+), ALLOr (+), ALG (-) ; [òr/ɔr] ALLOc (+) ; [wòrt/w ɔrt] ALLOc (+) ; [wòr /w ɔr] ALLOc (+), ALLOr (+) ; [or /or] ALG (©).
48ortet
49[rtét/ur’tet] ALG (©).
50ortéròt
51[rtér
t lurte’rot] ALG (©).
52•HORTA
53òrta
54[rto / ’ɔrto] ALLOc (-), ALLOr (+), ALG (©).
55•(HORTUS) GARDINUS
56jardin
57[jardn jar’din ] ALG (-), ALLOr (-) ; [jardi/ʒar’di] ALG (-), ALLOc (-) ; [djard
n /d ʒaR’diη]] ALLOr (+) ; [dzard
n IdzaR’diη] ALLOr (-) ; (djaṙd
/ [dʒaR’di] ALLOr (+) ; [dzòrd
/dz ɔr’di] ALLOc (+) ; [tsard
/tsar’di] ALLOc (+) ; [tsòrd
/ ts ɔ r’di] ALLOc (+) ; [ t
aṙd
/ tʃaR’d
n] ALLOr (-) ; (t
aṙd
/tʃaR’di ] ALLOr (+) ; [ẓard
/ δ ar’di ] ALLOc (+) ; [ẓòrd
/δ ɔr’di] ALLOc (+).
58dans la forme qui est la sienne : a) Trait sous voyelle : aperture moyenne b) Trait sous consonne : articulation relâchée (spirantisation), c) Signes superposés : réalisation intermédiaire, d) Signe δ : note la simple sifflante sonore interdentale (et non l’affriquée correspondante comme elle le fait normalement dans le système A.P.I.).
59Le classement est fait par bases étymologiques, ce qui permet une confrontation immédiate avec les cartes.
Notes de bas de page
1 Frédéric Mistral, LOU Trésor dóu Felibrige, 1882 et 1886, article casau, chasau, casai, chasal, chasar, chasas.
2 Simin Palay, Dictionnaire du Béarnais et du Gascon modernes, Paris, Editions du C.N.R.S., 1961, s.v. casau.
3 Walther von Wartburg, Franösisches etymologisches Wörlerbuch, vol. Il, s.v. casalis.
4 Edition Lachmann, 1848.
5 Munich, 1971, p. 110, § 78.
6 Jean Seguy, Atlas linguistique et ethnographique de la Gascogne, Paris, Editions du C.N.R.S. (vol. 1 : 1954, réédité en 1965 ; vol. 2 : 1956, réédité en 1967 ; vol. 3 : 1958, réédité en 1968 ; vol. 4 : 1966, réédité en 1985 ; vol. 5 : 1971, rédigé par J. Allières ; vol. 6 : 1973).
7 Xavier Ravier, Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc occidental, Paris, Editions du C.N.R.S. (vol. 1 : 1978 ; vol. 2 : 1982 ; vol. 3 : 1986 ; vol. 4 : en préparation).
8 Jacques Boisgontier, Allas linguistique et ethnographique du Languedoc orientai, Paris, Editions du CNRS (vol. 1 : 1981 ; vol. 2 : 1984 ; vol. 3 : 1986).
9 Jean-Claude Bouvier et Claude Martel, Atlas linguistique et ethnographique de la Provence, Paris, Editions du C.N.R.S. (vol. 1 : 1975 ; vol. 2 : 1979 ; vol. 3 : 1986).
10 Pierre Nauton, Atlas linguistique et ethnographique du Massif Centrai, Paris, Editions du C.N.R.S. (vol. 1 : 1957, réédité en 1972 ; vol. 2 : 1959, réédité en 1976, avec révision ; vol. 3 : 1961, réédité en 1977. Exposé général, table-questionnaire et index alphabétique : 1963).
11 Op. cit., s.v. Ort. Comme vestige de l’état linguistique ancien auquel se réfère Palay, on notera p. ex. les données [or], [urtérot] (ce second “petit jardin”, orthographiquement orlerôt, diminutif de òrt) du point 695 O de l’atlas gascon (Arrens, Hautes-Pyrénées). Dans la même localité a été aussi relevé un [urtét] (ortet, autre diminutif de òrt), qui désigne un gazon entre des roches en montagne.
12 Au point 30.20 de l’atlas languedocien oriental (Saint-Hippolyte-du-Fort, Gard, canton dudit) a été enregistré le proverbe que voici : quand la cabra sauta dins àrt, se lo cabrit i sauta a pas tàrt “Quand la chèvre saute dans le jardin, si le chevreau y saute, il n’a pas tort”. Se dit pour évoquer la force du mauvais exemple.
13 Notice de la carte II, 309 de l’atlas languedocien oriental. L’auteur n’a pas fait figurer les réalisations du vocable òrta dans le corps de sa carte, traitant ce terme sous la forme d’une liste : il indique que òrta a été relevé à la plupart des points audois de son réseau, à quatre points de l’Hérault et à un point des Pyrénées-Orientales. Comme on le voit, l’implantation du terme en question est plutôt méditerranéenne. En ce qui concerne l’atlas languedocien occidental (carte 1, 236), la note relative aux données du point 11.01 (Molleville, Aude, canton de Salles-sur-l’Hers) indique que òrta désigne le grand jardin potager des maraîchers, tandis qu’au point 11.22 (Rodome, Aude, canton de Belcaire) le même terme s’applique à un jardin plus grand que le jardin ordinaire. Cf. aussi la locution per òrta “à la campagne”.
14 Cf. à ce propos p. ex. l’espagnol huerta.
15 Toulouse, Publications de l’Université de Toulouse-le Mirait, série A, tome 20, 1974. La citation vient de la page 131.
16 Dont l’édition complète vient d’être procurée par Anne-Marie Magnou et Paul Ourliac : Paris, Editions du Comité des Travaux historiques et scientifiques (tonte I : 1984 ; tome 11 : 1987). Ce travail a été réalisé dans le cadre des programmes et activités de l’Unité associée 247 (Laboratoire d’Etudes méridionales. C.N.R.S./Université de Toulouse II).
17 Edition abbé Cazauran, La Haye, Nijhoff, 1905.
18 Edition en cours de préparation au Laboratoire d’Etudes méridionales (U.A. 247 : v. ci-dessus note 16).
19 Edition également en cours de préparation au Laboratoire d’Etudes méridionales.
20 Publication partielle in Abbé A. Duffourc, Madiran : la commune, le prieuré, la paroisse, Tarbes, 1908. La copie du document se trouve dans la collection Doat.
21 Edition J. de Jaurgain (avec introduction et sommaires de J. Maumus), Auch-Paris, 1904. V. aussi Ch. Samaran, Le plus ancien cartulaire de Saint-Mont (Gers) XIe XIIe siècles, in Une longue vie d’érudit. Recueil d’études de Ch. Smaran, Genève, 1978, pp. 605-658.
22 Edition P. Raymond, Pau-Paris, 1873.
23 Edition Gaston Balencie, Tarbes, 1910.
Auteur
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