Imaginaire forestier, défrichement : sur la toponymie ancienne du site de la bastide de Marciac
p. 77-87
Texte intégral
1L’auteur de la communication qui va vous être présentée n’est pas historien de son métier et entend, par conséquent, bien se garder d’usurper une compétence disciplinaire qui n’est pas la sienne. Quant au propos essentiel de cet exposé, il est d’essayer, à partir d’un cas particulier et avec l’aide de la toponymie, de mettre en valeur les rapports entre imaginaire et réalité en ce qui regarde la manière dont, pendant une partie de l’époque médiévale, a été perçu l’univers des espaces forestiers et/ou incultes. Le moment et le donné historiques pris en considération sont ceux qu’a étudiés, dans des travaux qui font autorité et référence, Charles Higounet1 : la fondation des bastides du sud-ouest de la France, notamment après 1250-1260, c’est-à-dire à un moment où le mouvement en question atteignait son apogée.
2C’est par la lecture d’un bref extrait du paréage de la bastide de Marciac (1er août 1298) que nous entrerons dans le vif du sujet. Les parties concourant à l’acte, soit le prieur de l’abbaye norbertine de la Case-Dieu, le comte de Pardiac et Guichard de Marciac, sénéchal du roi de France pour le Toulousain et l’Albigeois2, parmi les intentions dont elles créditent leur initiative fondatrice, en affichent une que le texte exprime de la manière que voici : « ad extirpandum speluncas latronum, murtrierorium et malefactorum de illis partibus »3.
3L’historiographie locale et régionale a fait son profit de ce trait. Cet espace originel, antérieur à la bastide, peuplé de toutes sortes d’individus indésirables, on se l’est représenté comme une énorme forêt, un endroit que l’on redoute parce qu’on le connaît mal, un lieu totalement différent des terroirs familiers. Un érudit du xixe siècle, l’abbé Larroque, écrit dans un travail consacré au sénéchal cofondateur, Guichard de Marciac, que « à quelques kilomètres du mamelon où, tout récemment, s’était élevée la bastide de Beaumarchès, dans la plaine traversée par le Bouès et l’Arros, presque à égale distance du château des comtes de Pardiac et la célèbre abbaye de la Case-Dieu, s’étendait une vaste et profonde forêt pleine de marécages. Ces lieux humides et fangeux servaient d’asile à une troupe de voleurs et de bandits, si nombreux à cette époque, et pour qui la vie errante et libre menée sous les feuilles des bois était pleine de charmes. Du sein de cette retraite, où la vindicte publique ne pouvait guère les atteindre, ces malfaiteurs fondaient à l’improviste sur l’homme des champs au milieu de son travail, ou sur le piéton aventureux qui montait vers le castel ou cheminait tranquillement vers le monastère ». Reprenant alors au pied de la lettre le texte de la charte de paréage, l’abbé Larroque ajoute, sur un ton dramatique : « Les vols, les assassinats, les désordres de toute espèce étaient si fréquents que la forêt avait reçu le nom sinistre de repaire de brigands, spelunca latronum. Une terreur panique régnait donc sur le pays ; rarement les habitants osaient se hasarder dans le voisinage de leur propre demeure4. »
4Un peu plus de cent ans plus tard, dans les Actes de la 128e session du Congrès archéologique de France (1970), Paul Mesplé, décrivant l’église Notre-Dame de Marciac et renvoyant, du reste, à l’article de l’abbé Larroque, tient le même genre de discours que son prédécesseur : « Marciac est une bastide créée à la fin du xiiie siècle pour assainir matériellement et moralement une grande forêt qui, pleine de marécages et infestée de brigands, avait reçu le surnom significatif de spelunca latronum5 ».
5Les historiens locaux ne sont pas en reste, donnant à cette forêt originelle une allure quelque peu fantastique. Un érudit marciacais, Henri Carrère, dans une monographie restée en partie inédite, affirme qu’« une raison majeure détermina le choix de l’emplacement où devait s’établir la bastide : il était urgent, dit le paréage, de faire disparaître ces bois inextricables, devenus un repaire de voleurs et de meurtriers, afin que l’on puisse vivre en paix sous l’égide du roi et de son sénéchal6. » Un autre érudit marciacais, que nous n’avons pas réussi à identifier, a lui aussi laissé une monographie de l’histoire de Marciac. L’auteur de ce travail se laisse carrément aller à l’extrapolation et à l’amplification épique : « La paroisse de Marciac, écrit-il, date comme la ville de l’année 1298. A cette époque, une forêt de châtaigniers couvrait la plaine du Boués entre le château féodal des comtes de Montlezun-Pardiac et la célèbre abbaye de la Case-Dieu. Douze kilomètres séparaient le manoir du monastère et une route à peu près directe traversant la forêt allait de Montlezun à la bastide récente de Beaumarchéz, en longeant l’abbaye et ses vastes cultures. Vers le milieu du xiiie siècle, une bande de brigands très redoutés s’était établie dans les bois et, pour chasser ces malfaiteurs de leurs retraites, le comte de Montlezun-Pardiac, d’accord avec le personnel (sic) du monastère de la Case-Dieu, se décida à défricher la forêt et à bâtir une ville ou bastide sur le territoire déboisé.7 »

Localisation des habitats anciens du site de Marciac : 1. Localisation certaine ; 2. Localisation non entièrement établie mais très probable.
6Il est certes très vrai que l’on rencontre dans des chartes de paréages de bastides la référence à la forêt qui aurait originellement occupé l’emplacement de la ville que l’on veut faire venir au jour et la référence aux bandits qui auraient pris la sylve comme refuge : précisons toutefois que les textes comportant conjointement les deux mentions en cause sont, en fait, l’exception, alors que, dans pas mal d’entre eux, il est simplement question, soit de l’étendue boisée antérieure à la bastide — ce cas est même le plus fréquent —, soit des populations indésirables dont nous avons déjà parlé. Prenons quelques exemples.
7A Beauchalot (Haute-Garonne), le site dévolu à la nouvelle ville est réputé se trouver « in loco mugis y doneo pro conslructione unius bastide ei totam tonsuram nostri nemoris vel foreste vocale de Jol pro fundatione et populatione » (8 mars 1324)8. Pour Fleurance (Gers) a persisté le souvenir d’une immense forêt occupant la rive gauche du Gers : ce massif boisé aurait porté, avant la fondation de la bastide (vers 1280), le nom d'Aigueval. En ce qui concerne Castillonnès (Lot-et-Garonne), lisons ce qu’écrivait, voici maintenant un siècle, le prédécesseur de Charles Higounet, A. Curie-Seimbres, dans son fameux Essai sur les villes fondées dans le Sud-Ouest de la France aux xiiie et xive siècles sous le nom générique de bastides9 : « Ce chef-lieu de canton, dans l’arrondissement de Villeneuve-sur-Lot, fut une bastide fondée sur un terrain de frontière indécis, à côté de la rivière le Dropt, entre le Périgord et l’Agenais, où elle vint remplacer une forêt qui servait de repaire au brigandage.10 » Les textes accompagnant l’acte fondateur de nos bastides méridionales, même s’ils comportent une part de vérité quant à la matérialité des faits, ne doivent cependant pas faire entièrement illusion. Ces mentions répétées de forêts et de bandits sentent, si j’ose ainsi m’exprimer, le topique. Pour s’en convaincre, il suffit par exemple de rappeler que l’expression spelunca latronum de la charte de Marciac (et d’autres) n’est qu’un réemploi pur et simple de ce qui est dit dans un passage célèbre de l’Evangile de Matthieu, XXI, 13 : « Domus mea orationis vocabitur ; vos autem fecistis illam speluncam latronum. » Quant à l’importance réelle des massifs forestiers qui auraient préexisté ici ou là, la toponymie ancienne du site de Marciac est peut-être susceptible de nous fournir quelques indications.
8La bastide de Marciac a été édifiée à l’endroit où la vallée du Boués est rejointe par celle de son affluent de rive gauche, le Laüs. Mais le territoire qui fut imparti à la nouvelle cité par le paréage de 1298 et qui correspond au territoire communal actuel11 est passablement étendu, englobant des quartiers de hauteurs, de bas-fonds, et aussi des portions de plaines le long de l’Arros et du Boués. Il n’est pas sans intérêt de noter qu’à l’époque gallo-romaine et à celle qui l’a immédiatement précédée, la région de Marciac a connu un peuplement qui semble n’avoir eu rien de négligeable : en font foi les toponymes celtiques de Tourdun et de Monlezun12 et les toponymes gallo-romains tels que Juillac, Andenac, Cornac, Scieurac, Marsan, Gajan, Samazan, Sérian13.
9Mais venons-en à la toponymie médiévale, celle qui nous intéresse ici au premier chef : pour l’étudier, nous avons essentiellement eu recours au cartulaire de l’abbaye de la Case-Dieu, document qui, malheureusement, ne nous est accessible qu’à travers la copie établie au xviiie siècle par le fameux feudiste bigourdan d’adoption, Jean-Baptiste Larcher14. Nous avons aussi utilisé les pouillés et listes de bénéfices existants, qui sont, pour le diocèse métropolitain d’Auch, du xiiie siècle15.
10Occupons-nous d’abord du secteur situé en gros à l’ouest, au sud-ouest et pour partie au sud de la bastide. Il est traversé par une double ligne de hauteurs, d’une part celle qui sépare le bassin de l’Arros de celui de Boués, d’autre part celle qui sépare la vallée du Boués de celle de son affluent de rive gauche, le Laüs, et dont l’extrémité septentrionale, précisément, domine l’emplacement choisi pour y établir la ville. Dans cette zone, et antérieurement à la fondation de Marciac, se trouvait un groupe d’habitats (terme, territoria, villae, villaria dans le latin des chartes) dont les noms nous ont été conservés : Andenac, dont il était question voici un instant, (la) Tapie ou (la) Tapia, Bergonhan ou Bergoyhan, Caumont, Sent-Jori ou Senjori, (les) Pojoos.
11A Andenac, les Prémontrés de la Case-Dieu avaient établi l’une de leurs granges ; ils en avaient aussi créé une autre, celle du Houga16, très proche du lieu où allait être édifiée la bastide : nous apprenons, du reste, par le texte du paréage que l’apport des moines de la Case-Dieu consistait pour partie en cinq cents arpents de champs et de bois prélevés sur les terrains dépendant directement de ces deux granges d’Andenac et du Houga et sur des terrains limitrophes17.
12Au midi d’Andenac, se trouvait la Tapie. Son terroir occupait une portion de la serre dont nous parlions il y a un bref moment, celle qui fait séparation entre la vallée de l’Arros et le bassin du Boués : du côté du levant, il arrivait jusqu’à la ligne de crête ou peut-être même la dépassait légèrement ; du côté du couchant, il atteignait le cours de l’Arros et même celui du Lascors, englobant de ce fait un morceau de l’interfluve se déployant entre ces deux cours d’eau18. L’église de la Tapie était placée sous le vocable de sainte Catherine d’Alexandrie : or, dans la matrice cadastrale de Marciac établie au xixe siècle, mention est faite d’un lieu-dit « Sainte-Catherine » (section A du plan cadastral), ce qui, sans aucun doute, nous indique où était bâtie l’église, le toponyme en question désignant un quartier partant du sommet de la serre et occupant un morceau de sa pente occidentale, celle qui fait face à l’Arros et au Lascors. Un dénombrement des biens de la Case-Dieu, effectué à la fin du xviie siècle, en 1688, nous apprend aussi que, dans la microtoponymie locale, on avait fini par distinguer un la Tapie-Dessus et un la Tapie-Débat19, les adverbes « dessus » et « débat » signalant peut-être, conformément à l’usage linguistique de l’idiome vernaculaire (gascon), l’orientation d’un quartier par rapport à l’autre, soit la Tapie du sud (la Tapie-dessus) et la Tapie du nord (la Tapie-Débat)20, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une mention concernant le niveau d’une partie par rapport à l’autre : la Tapie-Dessus = « la Tapie d’en haut » et la Tapie-Débat = « la Tapie d’en bas ». Quant au mot Tapie ([tapyo] dans la prononciation de l’occitan actuel, laquelle ne semble guère différente de ce qu’elle devait être au Moyen Age), il peut, soit désigner le torchis ou le pisé — le mot qui nous occupe ferait donc référence au mode de construction des maisons —, soit s’appliquer à une levée de terre, soit, enfin, comporter une valeur orographique, le vocable étant dans ce cas l’un des appellatifs d’un tertre ou d’une éminence. Signalons enfin que dans un titre du cartulaire de la Case-Dieu la Tapie est qualifiée d’endomenjadura21, terme perpétuant le souvenir d’un ancien indominium, et que dans un autre titre du même cartulaire il est question du château de la Tapie22.
13Qu’en est-il des autres lieux ? Un jugement de 1290 sur la Tapie entre la Case-Dieu et la communauté de Juillac, son seigneur compris, s’exprime de la manière que voici : « Predictum vero territorium (c’est-à-dire la Tapie) confrontatur cum terra de Andenac ex una parte, et cum terra de Senjori ex altera, et cum terra de Bergoyhano ex alia.23 » Ces indications, en dépit de leur relative précision, sont précieuses : essayons par conséquent d’en tirer le meilleur parti possible.
14Le cadastre de Marciac du xixe siècle, une fois encore, va nous aider pour les localisations : on relève en effet en section D3 un « Saint Georlis » (le document donnant aussi l’équivalent français ou francisé de ce toponyme, soit « Saint Georges »), lequel, bien évidemment, est le même que le « Sent Jori » ou le « Senjori » médiéval. La forme « Saint Georlis » se trouve déjà dans le cadastre de l’ancienne perche de Marciac (1713), accompagnée de la forme « Saint Jorli », le lieu en question faisant à ce moment-là partie du « parsan de Caumont », dont il sera plus loin question. Le quartier de Saint-Georlis est au sud de la Tapie, sur le côté gauche de l’actuelle route Marciac-Maubourguet-Pau : le terroir de l’ancien village occupait donc lui aussi une portion du flanc occidental de la serre portant la Tapie et, comme sa voisine, faisait face à l’Arros et au Lascors.
15S’agissant de Bergonhan, si l’on tient compte des localisations déjà acquises et si l’on s’en rapporte au jugement de 1290 plus haut cité, il ne pouvait que se trouver au levant de la Tapie, sur le penchant oriental de la serre que nous avons précédemment mentionnée : une localisation en direction du point cardinal opposé, c’est-à-dire vers l’ouest après la Tapie est à exclure totalement, les terres au-delà de l’Arros et du Lascors étant hors du comté de Pardiac et appartenant à la Rivière-Basse, d’obédience béarnaise au moment de la fondation de Marciac, détachée qu’elle avait été de la Bigorre en 125 624. Le territoire de Bergonhan, très vraisemblablement, atteignait le cours du Laüs et peut-être même le dépassait du côté de l’est.
16Caurnont est le nom porté par la section D du cadastre de Marciac du xixe siècle, dans laquelle nous avons aussi, comme nous le signalions ci-dessus, Sent Jori/Saint Georlis : il s’agit de la portion sud-ouest de l’actuel territoire communal. Ce toponyme persiste dans l’usage actuel (prononciation gasconne locale : [kaumun] ou [kaumunt] < CALVO MONTE. Le cartulaire de la Case-Dieu mentionne un château de Caumont25, tandis qu’un acte de vente du début du xvie siècle indique que ce terroir arrivait lui aussi jusqu’à Arros à l’ouest : ce qui veut dire, compte tenu de la topographie locale, que celui de Sent Jori, sur son levant et son midi, était contourné par celui de Caumont26. Ajoutons que Caumont était bordé sur sa limite nord par Bergonhan.
17En ce qui concerne les Pojoos, les choses sont un peu plus compliquées : un acte de 1267 du cartulaire de la Case-Dieu précise que le territoire de Sent Jori était compris entre celui de Caumont (voir le paragraphe précédent) et celui des Pojoos (« Quae terra sita est inter terram de Pojoos, ex una parte : et terram de Caumont, ex altéra »)27. Il en résulte, nécessairement, que les Pojoos étaient situés au couchant de Sent-Jori. Or, dans ces parages, au lieu de tertres ou éminences que l’on pourrait s’attendre à y voir si l’on se réfère au sens du toponyme (Pojoos est une formation comportant le radical PODIU), on ne rencontre qu’un terrain plat, s’étirant le long de l’Arros et dans une partie de l’interfluve Arros-Lascors. En réalité, du point de vue lexical et sémantique, la difficulté n’est qu’apparente : il faut se souvenir que les vocables gascons formés à partir du radical PODIU, notamment sous la forme podja (francisée en poutge), peuvent désigner le talus de la rive d’un fleuve, c’est-à-dire un accident de terrain bien modeste, si on le compare à une colline ou à une serre : le fait est bien attesté en domaine linguistique gascon, comme nous l’avions montré dans un travail de 195728. Si l’on considère, en outre, que le suffixe -ONE, dont procède le -oo(s) final de Pojoos, a souvent une valeur diminutive (cf. auseron < AUCELLU + ONE)29, on ne s’étonnera plus que notre toponyme se soit appliqué à un détail topographique plutôt humble. Quoi qu’il en soit, d’autres toponymes apportent la preuve de l’existence d’un ancien habitat sur la portion des rives de l’Arros et du Lascors faisant face à Sent Jori : on relève, en effet, dans le livre-terrier de Marciac de 1713, que nous avons déjà mis à contribution, des lieux-dits fort significatifs, tels « à las bastides de l’Arros », « à las gelles de l’Arros », « à la caussade de l’Arros et à la cournère du Lascord ».
18A propos de ces toponymes, remarquons au passage que le nom de Bergonhan et celui des Pojoos semblent avoir disparu depuis pas mal de temps de la mémoire collective. Quant à la Tapie, quelques personnes d’âge avancé en ont, semble-t-il, encore le souvenir.
19Il est également intéressant de noter qu’un acte du cartulaire de la Case-Dieu30, mettant dans une même liste les terroirs de la Tapie, Caumont, Bergonhan, Sent Jori et les Pojoos et énonçant globalement leurs limites, fait arriver leur emprise jusqu’à la rivière du Boués : il suffit de reporter cette donnée sur une carte pour immédiatement s’apercevoir que la zone ainsi indiquée mordait très largement sur le massif forestier qu’une certaine tradition historiographique donne comme antécédent à la bastide de Marciac.
20Par ailleurs, le rôle de la taxe des bénéfices du diocèse d’Auch, rôle établi au xve siècle et inséré dans le cartulaire du chapitre d’Auch, le fameux Livre rouge31, comporte l’article que voici : « Capellanus de Marciaco cum ecclesiis de Daunes et de Tanic »32. Il se trouve, d’un autre côté, que des historiens locaux, sans faire état de leurs sources, mentionnent un habitat que les uns appellent Daunes, les autres Garros : il aurait occupé l’extrémité septentrionale de la serre séparant la vallée du Boués de celle du Laüs, site dont nous avons déjà parlé. Une église, sous le patronage de saint Martin, aurait existé à cet endroit. A notre avis, la localisation proposée par nos historiens locaux a toutes les chances d’être exacte. Le nom de Daunes n’a pas survécu dans la toponymie actuelle : en revanche, le quartier qui nous occupe est desservi par un chemin de crête dit de « la serre de Garros », tandis que le flanc occidental du coteau est dit « Saint-Martin », tant dans le cadastre de Marciac du xixe siècle que dans le livre-terrier de 1713.
21Daunes, qui selon toute vraisemblance devait être prononcé [daunes], est à notre avis bâti sur le radical daun- < DOMINE (cf. gascon moderne dauna, « dame, maîtresse de maison »), muni du suffixe -és < ENSE(M), lequel exprime l’appartenance sociale, ethnique ou géographique (cf. pagés < PAGENSE(M), Oloronés, « Oloronais », etc.33 : le toponyme Daune [daunés] pourrait donc, lui aussi, perpétuer le souvenir d’une ancienne terre indominicale.
22Transportons-nous maintenant sur les hauteurs qui se trouvent à l’est et au nord-ouest de Marciac, et qui correspondent au flanc oriental/nord-oriental de la vallée du Boués. Dans ces parages, à environ 800 mètres à vol d’oiseau du centre de la bastide, se trouvait le lieu de Gajan. Comme Andenac et Bergonhan, ce nom d’origine gallo-romaine avait survécu, désignant un habitat dont il est question dans le cartulaire de la Case-Dieu34. Le toponyme en question est, comme Caumont, encore dans l’usage35. De plus, si l’on en croit le livre-terrier de Marciac de 1602, Gajan est encore, au tout début du xviie siècle, une paroisse autonome, dont l’église était dédiée à saint Jean-Baptiste. Non loin de Gajan, et dans la direction du Cau (partie de l’actuelle commune d’Armous-et-Cau, canton de Bassoues), existait un autre habitat, auquel les documents anciens donnent le nom de Damies36.
23Qu’en est-il de la petite enquête toponymique à laquelle nous venons de nous livrer ? De manière absolument incontestable, elle nous renvoie l’image d’un espace qui, bien avant que n’existe la ville de Marciac, est déjà très fortement marqué par l’occupation humaine. Dans ces conditions, on en vient à se demander si les créateurs de la bastide n’ont pas tout simplement utilisé ce qui restait encore de terrain disponible : l’acte fondateur de 1298 serait alors l’ultime épisode de l’appropriation et de la mise en valeur du site. Mais les historiens sont bien mieux placés que les toponymistes pour dire ce qu’il en est vraiment. Quant à la forêt originelle, elle était peut-être bien moins épaisse et bien moins périlleuse que ce qu’on en a dit37.
Notes de bas de page
1 Travaux pour une grande part rassemblés dans Paysages et villages neufs du Moyen Age, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 1975.
2 Représentés par le frère Sanche de Montesquieu, syndic de la Case-Dieu, le chevalier Bernard de l’Isle, sénéchal du comte de Pardiac, Arnaud-Guilhem III, et Hugon de Marciac, chanoine de Lyon (canonico Lugdunensi, dit le paréage), fondé de pouvoir de Guichard de Marciac.
3 Pour le texte du paréage de Marciac, voir abbé J.-J. Monlezun, Histoire de la Gascogne, Auch, 1849, p. 241-255. Traduction du passage cité : « Afin d’extirper de ces régions les cavernes de voleurs, de meurtriers et de malfaiteurs. »
4 Abbé P. Larroque, « Guichard de Marciac et la bastide de même nom qu’il a fondée vers la fin du XIIIe siècle », dans Bulletin du Comité d'histoire et d’archéologie de la province ecclésiastique d’Auch, Paris-Auch, 1862 et 1863.
5 P. 33-42.
6 Henri Carrère, « Histoire de Marciac », dans Bulletins mensuels de la Voix de Notre-Dame de la Croix du canton de Marciac, 1927 à 1931.
7 Des copies de cette histoire de Marciac, sans nom d’auteur, nous ont été communiquées par notre compatriote marciacaise, Mme Pujade, que nous remercions bien vivement. Sur ce problème du manteau forestier de la Gascogne médiévale, voir aussi Benoît Cursente, Les castelnaux de ta Gascogne médiévale, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 1980, p. 25-26. Le lien entre forêt et banditisme est parfois mis en valeur s’agissant de la période marquée par la fondation des Sauvetés : il en va ainsi à Sainte-Foy-de-Peyrolières (HauteGaronne) dont il est dit, dans un acte de donation transcrit par Jaurgain (La Vasconie, étude historique et critique, Paris, 1902, t. II, p. 24), que « Nam tunc nulla ibi erat habitatio hominum, exceptio latronum in silvis latentium » ; voir, à ce propos, Paul Ourliac, « Les Sauvetés du Comminges. Etudes et documents sur les villages fondés par les Hospitaliers dans la région des coteaux commingeois », dans Recueil de l'Académie de Législation, 1947, t. XVIII, p. 23-147.
8 Trésor des Chartes, registre 65 primo, pièce 62.
9 Toulouse, 1880.
10 Curie-Seimbres, op. cit., p. 228. Curie-Seimbres signale que la charte concernant la création de Castillonnès est analysée et traduite par Ducourneau, Guyenne monumentale, t. I, 2e partie, p. 26. Parmi d’autres exemples, voir encore Curie-Sembres, op. cit., p. 106-107, au sujet d’un paréage entre Jourdain de Loubret, sénéchal de Philippe de Valois, et l’abbé d’Obazine : cet abbé « avait offert au roi l’association sur plusieurs lieux et terres que son monastère possédait entre le Lot et la Dordogne ad finem quod una vel plures fierent bastite communes in foresta des Damos... ut peregrinantibus et aliis viatoribus securus possit patere transitas... ubi nonnullos audivimus depredatos et interfectos mercatores, peregrinos et alios viatores ».
11 Le texte du paréage définit le territoire imparti à la bastide de Marciac de la manière que voici : « ...inter caminum romaeum sancti Jacobi, quo itur de Montelugduno versus salvam terrain de Ripparia a parte superiori, ex parte una, et a parte inferiori ex parte altera inter fines et limites comitatus Pardiaci, qui protenduntur usque ad com tatum Armaniaci et Fezensiaci ; ex alia parte usque ad fines dicti comitatus Pardiaci usque ad serram Rippariae nobilis dominae Guillelmae de Montecatheno... et ex alia parte inter terras et honores dominorum de Lauraeto, et dominorum Sancti Christophori et de Petrucia... ». Le chemin de Saint-Jacques marquant la limite méridionale (a parte superiori) du territoire de la bastide est un tronçon de la voie jacobite dite via arelatensis ou via tolosana : voir, à ce sujet, Gilbert Loubès, « Routes de la Gascogne médiévale », dans L’homme et la route en Europe occidentale au Moyen Age et aux Temps modernes, Actes des deuxièmes journées internationales d’histoire, Centre culturel de l’abbaye de Flaran (Gers), 1980, p. 33-35.
12 Pour la localisation des toponymes cités, se reporter à la carte I.G.N. au 1/25 000e, feuilles Vic-Bigorre, 1-2 et 3-4, et Plaisance, 5-6 et 7-8. En ce qui concerne l’élément celtique en Gascogne, voir Xavier Ravier, « Toponymes en dunu(m) dans le domaine aquitano-gascon et configurations géo-dialectales modernes », dans Annales de l’Université de Toulouse-Le Mirait (Via Domitia, XX-XXI, 1978), p. 118-138.
13 Le hameau d’Andenac a été rattaché, au cours du xixe siècle, à la commune de Juillac ; Cornac, ancienne châtellenie des d’Antras, fait partie de la commune de Ricourt et, pour partie, de celle de Marciac ; il y avait encore une église à Cornac à la fin du xive siècle ; Scieurac : partie de l’actuelle commune de Scieurac-et-Flourès, canton de Marciac ; Marsan : en Marciac, au sud de la ville ; Gajan : son emplacement est indiqué dans le texte de la communication ; Samazan : écart de la commune de Saint-Justin, canton de Marciac ; Sérian : partie de la commune de Blousson-Sérian, canton de Marciac.
14 Le Cartulaire de la Case-Dieu se trouve dans la compilation à laquelle Larcher a donné le nom de Glanage : manuscrit déposé à la Bibliothèque municipale de Tarbes. Pour les titres intéressant la Case-Dieu, voir les tomes IV, V, VI, X du Glanage. Au sujet de l’abbaye de la Case-Dieu, voir abbé Joachim Gaubin, Abbaye de la Case-Dieu, Toulouse, 1903 ; la référence correspond au premier fascicule de ce travail ; le second fascicule, annoncé par l’auteur, n’a jamais paru ; l’abbé Gaubin se livre à une analyse-paraphrase des titres de la Case-Dieu : il convient d’utiliser avec quelques précautions les résultats du labeur de ce digne ecclésiastique ; voir aussi du même, La Dévèze. Histoire féodale, municipale et civile, Auch, 1882, surtout la partie initiale de l’ouvrage.
15 Ch.-Edmond Perrin et Jacques de Font-Réaulx, Pouillés des provinces d’Auch, de Narbonne et de Toulouse, Paris, 1972.
16 « ... grangiarum de Falgario et de Andenaco... », dans le texte du paréage ; « Moulin du Héouga » dans le cadastre de Marciac de 1837. Voir aussi note suivante.
17 « Dictus procurator et sindicus domini abbatis et conventus monasterii Casae-Dei, prose et nomine quo supra, dedit et concessit de terris propriis et nemoribus dicti monasterii, grangiarum de Falgario et de Andenaco et des aliis terris eisdem contiguis, quingenta arpenta terrae ad mesuram seu perticam bastidae Gimontis... » (Paréage de Marciac.)
18 Que le territoire de la Tapie arrivât jusqu’à Lascors, c’est ce que montre la mention que voici du Nécrologe de la Case-Dieu pour le mois de janvier : « 13. Idibus commemoratio... Guillelmi de la Tapie, ad succerrendum, pro quo Bernardus Baquer dedit unum diurnale terrae a Prat lonc dedens lo Lascorr. » « ... dedens lo Lascorr » : cette locution gasconne signifie « en-deçà du Lascors », c’est-à-dire, si l’on considère la géographie locale, entre l’Arros et le Lascors, ce second se trouvant à l’ouest de la première. Signalons aussi que, face à la Tapie, la limite communale de Marciac, sur une partie de la longueur, dépasse l’Arros et atteint le Lascors. A propos de l’hydronyme Lascor(s), voir Xavier Ravier, « Sur les plus anciens toponymes de la basse vallée de l’Arros », dans Actes des cinquième et sixième journées des archéologues gersois (Marciac/Plaisance-du-Gers), 1983 et 1984, p. 35-59 (édité par les soins de la Société archéologique et historique du Gers, Auch, 1985). Voir aussi Xavier Ravier, « Toponymes gascons en-r final sensible. Un fait de substrat aquitano-pyrénéen », dans Symbolae Ludovico Mitxelena septuagenario oblatue (édités par José L. Melena), Euskal Herriko Unibertsitatea/Universidad del Pais Vasco, Vitoria, 1985, p. 741-752.
19 Le dénombrement de 1688 porte : « Item, je déclare audit nom qu’il appartient audit abbé les fiefs de Gaumont, du Propi, de St Jory, Tapie-Dessus, Tapie-Debat, Andenac et la Barte de Juillac, tous en un tenant... » (Larcher, Glanage, VI, p. 397 sq.)
20 Voir, à ce propos, Xavier Ravier, « L’expression de l’orientation dans le domaine linguistique gascon », dans Xe Congrès international de linguistique et philologie romanes, Strasbourg, 1962. Actes, Paris, 1965, p. 1305-1323.
21 Confirmation des possessions de l’abbaye de la Case-Dieu par le comte de Pardiac, Cartulaire de la Case-Dieu (Larcher, Glanage, V, p. 232 sq.).
22 Titre que Larcher n’a pas transcrit, notre feudiste s’étant contenté d’en faire une brève analyse : il s’agit d’une donation à la Case-Dieu par Assaut de Peyrusse, dame de Tourdun, du village et du château de la Tapie. Voir Glanage, X, p. 204.
23 Cartulaire de la Case-Dieu (Larcher, Glanage, VI, p. 60 sq.).
24 Le texte du paréage de Marciac définit comme suit Tune des limites du territoire de la bastide : « ... usque ad fines dicli comitatus Pardiaci usque ad serram Rippariae nobilis dominae Guillelmae de Monthecateno, quam modo tenet egregius vir, dominus comes Fuxi. » Guideline de Moncade : Tune des filles de Gaston VII de Moncade-Béarn (1229-1290). Sur l’emplacement de Bergonhan, tel que nous le restituons, se trouvent les lieux-dits « Richelle » et « Castay », mentionnés par les cartes Cassini (avec indication d’un manoir pour Richelle) et I.G.N. au 1/25 000e. Le terrier de 1713 porte : « Richelle dans la Parroisse (sic) de Marciac ».
25 Approbation par le comte de Pardiac des donations et ventes faites à la Case-Dieu par la famille de Laguian, Cartulaire de la Case-Dieu (Larcher, Glanage, VI, p. 60 sq.).
26 « ... retro in omnibus et per omnia cum fluvio predicto vocato La Ros et ad longum ejusdem fluvii... », acte de vente du terroir de Caumont par Bernard, vicomte de Rivière, seigneur de Labatut, sénéchal d’Armagnac, en faveur du noble Bernard de Serinhac, habitant de Marciac, 1er février 1504. Larcher, Glanage, V, p. 284. Caumont est lui aussi porté sur la carte de Cassini.
27 Donation de la terre de Sent Jori à la Case-Dieu par Arnaud Guillaume de Ricourt ; Larcher, Glanage, V, p. 284.
28 Xavier Ravier, « A propos de quelques microtoponymes de la région tarbaise et de leur signification », dans Annales de la Faculté des Lettres de Toulouse (Via Domitia, IV, 1957), p. 83-97.
29 Pour les continuateurs romans du suffixe -ONE(M), voir Gerhard Rohlfs, « Beitrage zur Kenntnis des Pyrenäenmundarten », dans Revue de linguistique romane, VII, 1933, p. 119-169. Traduction espagnole par Luis Marquez Villegas, sous le titre « Los sufijos en los dialectos pirenaicos », dans Pirineos, 1951, p. 467-526.
30 « ... Quae territoria sunt a strata Sancti Jacobi, quae vadit a Ponte Saunerii versus castrum Salvaeterrae inferius, et ab aqua vocate Boez usque ad terminos comitatum Pardiniaci et Biguorrae... ». Confirmation par Catherine de Laguian des donations faites par ses ancêtres à la Case-Dieu (Larcher, Glanage, V, p. 282). Le chemin de Saint-Jacques, désigné dans cet extrait, est le même que celui qui est donné comme limite méridionale de Marciac dans le paréage de 1298 : voir, ci-dessus, note 11. Pour l’emplacement du « Ponte Saunerii », voir carte I.G.N. au 1/25 000', feuille Vic-Bigorre 3-4, le moulin dit « Moulin de Sauné », sur le cours du Boués entre Tillac et Marciac.
31 Abbé J. Duffour, Livre Rouge du chapitre métropolitain de Sainte-Marie d’Auch, Paris-Auch, 1907.
32 Duffour, op. cit., la mention qui nous intéresse se trouve dans ce que l’auteur appelle « Quatrième pouillé du diocèse d’Auch », II, p. 368-390, lequel correspond au pouillé publié sous le titre de « Taxe des bénéfices du diocèse (d’Auch), xve siècle », par Ch.-Edmond Perrin et Jacques de Font-Réaulx, op. cit., p. 329 (pour la référence complète, voir, cidessus, note 15) : selon ces auteurs, Daunes (qui est écrit par erreur « Daugnes » dans la table de leur volume) avait statut d’ecclésiaste. En ce qui concerne Tanic, ils se contentent de reprendre l’identification proposée par l’abbé Duffour, selon qui le nom en question serait celui de la chapellenie de Taré, dans l’église de Marciac : nous ne sommes pas en mesure de nous prononcer sur cette identification qui nous paraît tout de même surprenante.
33 Pour le suffixe -és < ENSE(M), voir Rohlfs, op. cit., note 29.
34 Transaction entre Arnaud de Troncens et Bernard, abbé de la Case-Dieu sur la terre de Gajan en Pardiac, 1326, Cartulaire de la Case-Dieu, (Larcher, Glanage, V, p. 160 sq.).
35 Dans le cadastre de Marciac de 1834, un chemin de la section B est dit « chemin de Gajan » ; dans le cadastre de 1965, le toponyme en question devient le « chemin rural no 44 dit de Gazan ».
36 Voir, en particulier, l’attestation du comte de Pardiac que Dodocius de Sarriac avait accordé le pacage dans ses terres à la Case-Dieu, 1270, Cartulaire de la Case-Dieu (Larcher, Glanage, p. 199 sq.).
37 Se pose à ce propos le problème des modifications de l’espace habité dans leurs relations avec les mouvements démographiques. Voir, sur le sujet, la remarque de Ch. Higounet, qui vient en conclusion d’un développement consacré à la question : « ... le mouvement de fondation des bastides a, sans doute, à la fois regroupé — pour les raisons qu’on a vues plus haut — une population rurale encore éparpillée malgré les premiers efforts des sauvetés et des castelnaux, et absorbé un certain surplus démographique, moins important qu’il aurait pu paraître à première vue » ; voir « Pour l’histoire de l’occupation du sol et du peuplement de la France du Sud-Ouest, du xie au xive siècle », dans Paysages et villages neufs du Moyen Age, p. 395.
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