Sainte Germaine de Pibrac
p. 86-87
Texte intégral
1855
Montdoumerc - Église Saint Laurent
H : 288 - L : 177
1“Ouvre ton tablier” hurla la méchante femme en agrippant le bras de la petite bergère qu'elle s'apprêtait à battre. A l'instant même où Germaine l'ouvrit, le miracle s'accomplit. Les croûtons de pain qu'elle avait pris à l'insu de sa marâtre pour les apporter aux pauvres s'étaient transformés en une brassée de roses. Les mendiants, témoins de la scène, s'agenouillèrent.
2C'est le miracle de sainte Germaine le plus connu que nous rapporte ici le tableau de Taillade réalisé en 1855, après la béatification de 1854. Germaine Cousin, née en 1579 à Pibrac en Haute-Garonne est au XIXe siècle très populaire dans toute la région. Mais au-delà du simple récit d'un miracle connu de tous, ce tableau montre aux fidèles la jeune bergère comme l’un des exemples de la sainteté féminine - avec la mère, Marie, la pécheresse repentie, Madeleine... - : la jeune fille pure et soumise à Dieu. Elle est d'ailleurs représentée dans une pose très conventionnelle et peu réaliste : elle se tient debout, les bras légèrement entrouverts, la tête gracieusement penchée, telles ces Vierges sulpiciennes qui décorent toutes les églises de France. A travers cette représentation de la jeune vierge charitable, c'est aussi l'image de la vertu paysanne que l'Église veut mettre ici en avant, à l'opposé de l'immoralité des classes ouvrières désormais éloignées d’elle.
3Les autres personnages n’échappent pas à la convention : à droite de la sainte figure, la marâtre armée d'un bâton, incarnant le Mal. A ses pieds à gauche sont représentés les pauvres et les moutons évoquant l'humilité et la douceur, autrement dit le Bien. L’emploi de couleurs vives et d’une dominante bleutée, le traitement vaporeux de l'arrière-plan, rappellent les scènes champêtres du XVIIIe siècle, dans une tentative pour situer historiquement le personnage. Il ne s'agit plus là d'une jeune martyre d'une Antiquité lointaine, mais d'une pauvresse appartenant à un passé beaucoup plus proche des fidèles.
4L'on ressent dans ce tableau non seulement la présence divine dont les signes saturent le paysage - dans une brume légère, la croix de carrefour, l'église et l'arbre renaissant à la vie - mais également une tension dramatique exprimée par le rayon isolant la jeune bergère et matérialisant sa sainteté.
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