Saint Laurent
p. 72-73
Texte intégral
Le Montat - Église Saint-Barthélémy
H 195 - L 123
1“Voici misérable que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange”. Telle est l’invitation ironique que fait Laurent couché sur le gril, à son bourreau. D’après l’histoire authentifiée et diffusée par l’Église, cet archidiacre romain fut martyrisé sous le règne de Valérien (253-260). Arrêté après avoir refusé de livrer à l’Empire les biens de l’église dont il avait la garde, il mourut brûlé sur un gril, le 10 août 258. Il semblerait que le récit de ces événements ne soit pas totalement exact. Il n’en reste pas moins que Laurent est un des rares saints romains à avoir reçu un culte officiel dès le IVe siècle.
2Dans le Lot, 3 % des paroisses sont placées sous son vocable. Quelques représentations lui sont également consacrées, en particulier des tableaux. Celui de l’église du Montat s’inspire directement de l’imagerie populaire. Habituellement représenté sur le gril de son supplice, Laurent adopte ici la pose la plus conventionnelle : la main gauche tendue pour appeler à lui les paroissiens, la droite tenant une palme, symbole commun à tous les martyrs.
3Le saint porte son habit de diacre romain : une aube blanche et une tunique, ou dalmatique, rouge. Il occupe le premier plan et s’impose ainsi au regard du fidèle. L’auréole qui entoure sa tête, tournée vers les cieux, est le signe qu’il a obtenu la sainteté grâce à ce sacrifice. Celle-ci s’exprime aussi dans son visage idéalisé, jeune et androgyne. On retrouve d’ailleurs ces caractères sur les statues sulpiciennes du XIXe siècle, celles de Jeanne d’Arc en particulier.
4Quant aux instruments du martyre, l’artiste ne s’est pas contenté de reproduire le gril ; il a aussi peint les braises fumantes d’un foyer. Bien que ces symboles soient nécessaires, leur combinaison difficile avec la figure ne fait que figer davantage l’image, sans compter cette fumée qui disparaît brusquement derrière la silhouette de Laurent ! La rigidité du cadre architectural accroît cette impression d’immobilité. L’aspect très raide de la colonne et du parapet pourrait provenir d’un “agrandissement à la règle” d’un décor, copié sur un modèle plus petit. Seul le paysage, traité moins sommairement, apporte un semblant de vie à la scène.
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