Saint Michel archange
p. 68-69
Texte intégral
Saint-Michel-Loubéjou - Église Saint-Michel
H 149 - L 104
1Ce drôle de guerrier ailé au visage de garçonnet et au corps d'athlète est un archange. Et pas n'importe lequel ! Le tableau de Saint-Michel-Loubéjou nous présente en effet le prince des anges, le chef de l'armée céleste : l'archange saint Michel. Il est représenté de façon traditionnelle : après avoir vaincu le diable, saint Michel, vêtu en soldat, vient de le précipiter en Enfer. L'archange tient un crucifix, recouvert d'un étendard blanc sur lequel est écrit : “Qui est ut Deus” (“Qui est semblable à Dieu” traduit en hébreu par “Micha El”). A sa gauche, deux angelots tiennent une balance. L'artiste fait référence aux deux rôles joués par Michel dans l'Apocalypse (xii, 7-9) : d'une part, saint Michel, le guerrier, le défenseur des croyants ; d'autre part, saint Michel, le psychopompe, celui qui conduit les morts et pèse les âmes le jour du Jugement Dernier.
2Cette image de juge et de protecteur a fait de Michel un saint très populaire en France dès le VIe siècle. Saint céleste, les lieux qui lui sont consacrés sont souvent localisés sur des hauteurs. Le mont Saint-Michel en est l'exemple le plus célèbre. A partir de la Guerre de Cent Ans, il est considéré par les rois de France comme grand saint protecteur de notre pays. Au XIXe siècle, son culte est réactivé pour des raisons politiques tout à fait nouvelles. En effet, en cette période de remise en question de l'Église par les anticléricaux et les positivistes, saint Michel est, selon un thème cher au XIXe siècle, l'ange gardien des fidèles, celui qui protège leurs âmes du Mal et de l'incroyance. Il symbolise aussi l'Église combattante et conquérante qui piétine et renverse ses adversaires et détracteurs.
3Le tableau de Saint-Michel-Loubéjou est certes une œuvre naïve et maladroite, mais il cherche avant tout à être efficace en permettant aux fidèles une lecture immédiate. L'emploi de couleurs vives et irréelles et la représentation mièvre des personnages montrent l'influence sur cette production locale des images pieuses reproduites en série et diffusées dans les villes et les campagnes par les colporteurs. Ces formes de piété démonstrative et théâtrale puisent leurs sources dans l’idéologie ultramontaine, adoptée et développée par l’Église française entre 1840 et 1880.
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