Annexe
p. 203-303
Texte intégral
CORRESPONDANCE DE L. ROBIN
INTRODUCTION À LA CORRESPONDANCE DE ROBIN
1La correspondance de Robin dont nous disposons présentement - publiée ici in extenso-, comprend vingt-et-une lettres adressées à Gauckler. Une de celles-ci, la plus ancienne, est incomplète. Ces lettres vont du 27 novembre 1904 au 27 mars 1905, soit exactement un laps de temps de quatre mois. La lettre du 12 janvier, très brève, est à mettre à part, son objet est la basilique de Sidi Abich. Le 16 décembre 1904 et le 6 février 1905, Robin écrivit successivement à deux reprises.
2Nous avons intégré la lettre de Gauckler à Robin, en date du 15 février 1905, la seule conservée, et la missive que Robin adressa à Drappier le 25 mai 1905.
3Il n'était techniquement pas possible, pour des raisons de lisibilité du texte, de présenter ces lettres en fac-similé. Il importait cependant que tous les dessins le soient. Les planches d'illustration sont au nombre de sept : fig. 4 et 61-62 au ch. I, fig. 37, 38, 39, 40 ici en Annexe, ainsi que cinq incrustations dans le texte.
4On observera qu'il arrivait à Robin de reproduire deux fois la même mosaïque (cas de l'épitaphe de Reparatus dans les lettres du 16 décembre 1904 et du 17 janvier 1905, de celles d'Emeritus, Felicitas, Felix, le 17 janvier et le 6 février). Nous disposons de la représentation de trente épitaphes différentes. D'autres dessins étaient certainement dans des lettres manquantes de la première période ou de la fin : il fait allusion dans la première lettre du 6 février 1905 à l'épitaphe de l'évêque Honorius, adressée antérieurement.
5La fig. 41 reproduit des mosaïques pour la plupart déjà présentées fig. 40. La lettre du 28 février nous permet de déduire que les dessins de la fig. 41 sont de la main de Drappier.
6En ce qui concerne le texte, notons les observations suivantes :
- la présentation. Le texte de Robin étant reproduit en italique, les quelques annotations indispensables que j'ai dû introduire sont en caractères droits.
- l'orthographe. Robin écrit Uppenna systématiquement avec un seul p.
- les mots soulignés. Il est difficile de déterminer si les mots soulignés l'ont été par l'auteur ou le lecteur. Il y a deux sortes de traits, les traits fins et ceux plus larges au crayon, œuvres de Gauckler, puisque le trait est identique à celui des chiffres de la numérotation des lettres parvenues dans l'année à la Direction des Antiquités (exemple : le nombre 47 sur la fig. 38). Seuls ont été soulignés ici les mots mis en évidence par des traits fins.
- le mot « carnet ». Très souvent à côté de la représentation de mosaïques, il y a le mot « carnet ». L'auteur en est Gauckler. Il n'a donc pas été reproduit.
- la signature. Toutes les lettres de Robin sont évidemment signées. La mention de son nom en fin de lettre n'a ici d'utilité que si des phrases ont été écrites en post-scriptum, pour signifier leur emplacement.
LETTRES DE ROBIN À GAUCKLER
7Seule la dernière page de cette lettre a été, à ce jour, retrouvée. On se reportera à la fig. 4 qui la reproduit en fac-similé. Sous la représentation de la grande mosaïque des Martyrs, dont Robin annonce la découverte, on lit :
8Le croquis rapide est pris sur place. La partie hachurée en rouge n'est pas garantie comme lettres, car elle est recouverte de mortier de ciment, j'ai commandé de l'HCL pour la rendre lisible. La mosaïque a environ 10 mètres carrés (soit à peu près 3 x 3). Les 2 animaux qui sont représentés de grosseur naturelle, paraissent être un renard et un chacal. La lecture se fait suivant les lignes horizontales, malgré la séparation médiane en ornements de mosaïque. Il y a à remarquer sur l'inscription du tombeau les transformations successives du delta qui affecte les formes suivantes : ∆, ∆, D, D,L
9Le L latin n'existe pas sur l'inscription.
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10Enfidaville le 27 novembre 1904
11Enfidaville, le 14 décembre 1904
12Monsieur le Directeur,
13J'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai été atteint il y a quelques jours d'un accès de fièvre paludéenne, fièvres que je conserve depuis mon séjour à la construction du port de Si Abdallah. Je viens seulement de me lever ce matin pour la première fois. Si le temps le permet j’irai demain matin jeudi aux fouilles et vous fournirai de suite un rapport.
14Veuillez agréer Monsieur le Directeur l'expression de mon respectueux dévouement.
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15La fig. 37 reproduit des extraits de la lettre et tous les schémas de Robin.
16Enfidaville, le 16 décembre 1904
17Monsieur le Directeur,
18Comme j'ai eu l'honneur de vous l'indiquer, j'ai été atteint dimanche et jours suivants de fièvres palustres ; je n'ai donc pu lever le plan que je vous avais promis ; je le ferai dimanche prochain 18 courant et vous l'adresserai lundi.
19Je me suis rendu ce matin aux fouilles qui pendant ma maladie avaient été dirigées suivant mes indications. Il a été fait des découvertes assez intéressantes ; cette note n'étant point un rapport, je ne vous en signalerai qu'une partie.
201° Dans l'hémicycle Ouest (rayon = 4 m, 00) une mosaïque dont le milieu manque sur 1 m 30 environ ; les côtés restants représentent des ceps de vigne avec raisins et feuilles de grosseur naturelle (feuilles vertes, feuilles à demi-mûres, feuilles mortes) des grappes de raisin viennent se déverser dans deux vases symétriques de 1 m environ de hauteur. Sur les 2 vases et au point A un paon de grosseur naturelle. (Je ferai s’il est nécessaire le croquis exact de cette mosaïque).
21Se reporter fig. 37 : représentation du vase avec le point A
222° Une mosaïque brisée au milieu. Sujet ornemental assez fin ; au milieu dans un médaillon une bécasse piquant le bec dans la terre.
233° Une mosaïque assez grossière présentant cependant deux particularités :
24(a) Elle est orientée du Nord au Sud (Pour lire l'inscription on regarde le Nord).
25(b) Elle présente au-dessus de l'inscription une croix formée de cubes de mosaïque en verre ayant des reflets d'or. Les lettres de l'inscription étant en cubes de couleurs différentes, elle est assez difficile à lire. Il faudrait la poncer. Pour cela j'attends la visite de M. Sadoux ; j’ai déchiffré à peu près ceci :
26Se reporter fig. 37 : lecture de l'épitaphe de Petrus.
274° Une mosaïque intacte de forme carrée dont le niveau est sensiblement celui du tombeau des martyrs et portant une inscription.
28Se reporter fig. 37 : représentation de la mosaïque de Reparatus.

Fig. 37
295° De nombreuses autres mosaïques avec inscriptions ou ornementales dont je n'ai pu prendre encore le croquis car il faudrait les poncer.
30En levant le plan dimanche je repérerai ces différentes mosaïques.
316° Enfin il a été découvert plusieurs pièces illisibles, une gargoulette et 2 lampes dont je donne le croquis ci-joint. La lampe ronde a été trouvée à 0, 50 plus bas que la lampe allongée. Elle est vernissée (couleur verte).
32Se reporter fig. 37 : forme des deux lampes en fin de lettre.
33J'ai fait dégager à peu près tous les murs extérieurs et intérieurs à 1 m ou 1 m 50 de profondeur et fait de très nombreux sondages. On rencontre des tombes de dispositions très différentes et en assez grande quantité, mosaïques, sarcophages, grandes gargoulettes, tombes recouvertes en tuiles, tombes maçonnées, tombes scellées etc. et tout cela à des étages différents ; de plus il y a des juxtapositions de maçonneries de différents âges, facilement reconnaissables au mortier et à l’appareillage des pierres. Il y a là certainement un monument initial sur lequel et autour duquel se sont greffées des constructions postérieures ; ce monument initial semble être un temple romain car il a été déjà trouvé 6 soubassements et 6 chapiteaux en marbre blanc d’ordre corinthien (à moins que ceux-ci n'y aient été transportés d'un temple voisin).
34Aussi j'ai l'honneur de prier Monsieur le Directeur de bien vouloir faire examiner le plus tôt qu'il lui sera loisible les fouilles commencées afin que je puisse partir dans une direction certaine.
35Les crédits que vous avez bien voulu m'allouer sont épuisés depuis quelque temps. Devant les résultats obtenus j’ai cru devoir continuer les fouilles en attendant l'arrivée de M. Sadoux ; il est dû environ 90 F aux ouvriers qui sont payés par quinzaine.
36Veuillez agréer Monsieur le Directeur l'expression de ma considération distinguée.
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37Enfidaville, le 16 décembre 1904
38Monsieur le Directeur,
39Ayant reçu votre lettre ce soir, j'ai l'honneur de vous remercier des bons souhaits de prompte guérison que vous avez bien voulu m'adresser. Je suis actuellement complètement remis et je pense pouvoir lever dimanche, si le temps le permet, le plan des murs que j'ai fait mettre à découvert.
40En vous remerciant Monsieur le Directeur, je vous prie d'agréer l'expression de mon respectueux dévouement.
41Robin
42Dans la note que j'ai eu l'honneur de vous adresser aujourd'hui, j'ai oublié de mentionner un fait qui pourrait avoir son importance : toutes les mosaïques tombales à inscriptions ou à sujet doivent être lues ou regardées par le spectateur, celui-ci ayant le visage dirigé du côté de l'Ouest ; une seule fait jusqu'à ce moment exception, celle des martyrs ; pour la déchiffrer le lecteur doit avoir la face tournée à l'Est. Il en résulte que les cadavres semblent orientés de l'Est à l'Ouest, la tête étant à l'Ouest pour les tombes ordinaires. La tombe des martyrs serait en sens inverse ; ce retournement ne proviendrait-il pas de ce que, parmi ceux-ci, il y avait un prêtre ?
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43Enfidaville le 5 janvier 1905
44Monsieur
45Ainsi qu'il a été convenu entre nous, j'aurai l'honneur d’aller vous attendre vendredi soir à la gare ou en cas de non arrivée samedi matin.
46J'ai fait une visite rapide aux fouilles ce matin à midi ; il a été découvert à côté de l'ancien baptistère (qui est surélevé) et lui attenant, une construction analogue et de mêmes dimensions, dont le niveau supérieur est celui des grandes mosaïques. Il diffère du précédent en ce que l'orifice est carré ; il a environ 1.70 de profondeur. Ci-joint un croquis. Les enduits et la maçonnerie sont de la bonne époque. Ne serait-ce pas un baptistère du Ier siècle dans lequel on procédait par immersion ?
47Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma considération la plus distinguée.
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48Enfidaville le 12 janvier 1905
49Monsieur le Directeur,
50Conformément à votre télégramme, j'ai l'honneur de vous envoyer copie de l’inscription découverte par M. Cœytaux dans une chapelle byzantine située à Si Abich (2 km 1/2 au Nord d’Enfidaville).
51Cette inscription semble pouvoir se lire
52+ Paulus episcopus primae sedis provinciae Mauritaniae in pace rec(essit) (q)uiebit s(ub) d(ie) XV kalendas Martias.
53Veuillez agréer Monsieur le Directeur l'expression de mon respectueux dévouement.
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54La fig. 38 reproduit la première page de cette lettre et le haut de la page deux.
55Enfidaville 17 janvier 1905
56Monsieur le Directeur,
57J'ai l'honneur de vous communiquer rapidement par croquis quelques-unes des nouvelles mosaïques découvertes. Je donne le texte avec les ornements principaux sans tenir compte des bordures ornementées.
58Légende sous l'inscription de Felix : cf. fig. 38.
59A remarquer sur la mosaïque no 1 la forme du D qui n'est plus le ∆ grec, les L qui ne sont plus le λ et le nombre 8 écrit en lettres contrairement à ce qui se passe pour les autres mosaïques. De plus la croix avec α et ω se trouve au-dessous de l'inscription.
60Légende sous l'inscription d'Emeritus : cf. fig. 38.
61A remarquer le V de presbyter remplaçant le B et le C à queue allongée.
62Légende sous l'inscription de Felicitas : cf. fig. 38.
63A remarquer dans la croix l'alpha en forme de A et dans l'inscription le λ persistant tandis que D est actuel. Cette mosaïque est supportée par un tombeau entouré de tuiles vernissées de 0 m 20 et au-dessous se trouve une autre mosaïque intacte avec inscriptions et dessins dont on ne peut déchiffrer que la partie latérale.
64Légende sous l'inscription des deux audientes, dont Bonifatia : cf. fig. 38.
65Mosaïque à lettres grossières. J'ai reproduit autant que possible la forme des C, des A et des E. Les cubes formant les lettres sont en verre ou matière vitrifiée. Je n’ai pu la déchiffrer.
66Légende sous l'inscription de Reparatus (déjà reproduite dans la lettre du 16 décembre 1904 - cf. fig. 37).
67J'ai reproduit autant que possible la forme des lettres et signes contenus dans la dernière ligne de l'inscription.
68Supposant que ces quelques renseignements pouvaient vous intéresser aux fouilles d’Upenna, j'ai tenu, Monsieur le Directeur, à vous les faire parvenir le plus tôt possible sous forme de croquis. Vous voudrez donc bien m'excuser de vous envoyer des reproductions assez grossières, au lieu de dessins à l’échelle.
69J’aurai l'honneur de vous transmettre, à la fin de cette semaine, des renseignements sur la marche générale du chantier.
70Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.

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71Enfidaville le 22 janvier 1905
72Monsieur le Directeur,
73J'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai trouvé dans la basilique d'Upenna certaines parties recouvertes d'un enduit au mortier de tuileaux, représentant une surface assez importante. A la suite d'un nivellement rapide, j'ai été amené à constater que cette aire se trouvait à un niveau supérieur de 0 m 20 environ à celui des mosaïques déjà découvertes. J’ai en conséquence supposé, qu'à la suite de persécutions et pour empêcher la violation des tombes, les chrétiens de l'époque les avaient fait recouvrir de cimentage. J'ai fait procéder à des sondages qui, conformément à ce que je pensais, m'ont fait découvrir de nombreuses mosaïques qui sont absolument intactes. Je ne vous en expédie pas le texte pour le moment, car 8 seulement sont à nu et rentrent, comme inscriptions, dans la catégorie de celles que je vous ai envoyées. Je vous signalerai seulement une grande mosaïque de 4 m 50/3 m, 50 se trouvant devant le tombeau des martyrs. Elle est intacte et représente des vases avec citrons, grenades, poivrons etc. et contient 3 inscriptions dont une d'évêque reproduite ci-dessous.
74A la suite de ces découvertes successives, je ne vois pas la nécessité d'installer un Decauville ; au contraire il est plus prudent d'opérer par transports à la brouette. Il y a en effet actuellement 5 ou 6 niveaux différents de mosaïques et, vu l'avancement des fouilles, il est presque impossible d'établir maintenant une voie qui aurait été économique pour la couche superficielle.
75J'ai pu retrouver, avec les indications que M. Sadoux a bien voulu me donner, les colonnes et soubassements de la nef centrale de la construction première. Mais mes connaissances en Archéologie ne me permettent pas malgré cela de pouvoir reconstituer le plan d'un bâtiment qui a dû être remanié 3 ou 4 fois. Cependant des remarques au sujet des étages successifs de mosaïques pourraient donner lieu à des constatations utiles. Aussi vous serais-je reconnaissant, Monsieur le Directeur, de bien vouloir visiter les fouilles d'Upenna à la suite des nouveaux travaux que j'ai fait effectuer. J'estime que, jusqu'à ce moment, les documents importants n'ont pas été tous mis à jour et que, grâce à vos indications, le travail pourrait devenir beaucoup plus productif.

Fig. 38
76Votre visite serait d'autant plus nécessaire que la question financière est à régler ; il serait en effet utile dès à présent de savoir quelle somme pourra être dépensée pour ces fouilles et quelles mesures de préservation devront être prises pour la protection des mosaïques.
77Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mon respectueux dévouement.
78Robin

79Je n'ai pu vous expédier cette note qu’aujourd'hui, ayant été obligé de m'absenter 4 jours.
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80Enfidaville, le 6 février 1905
81Monsieur le Directeur,
82J'ai l’honneur de vous faire connaître que, conformément aux indications de M. Sadoux, j'ai fait déblayer une partie de ta Basilique d'Upenna au niveau des mosaïques du baptistère renfermant le tombeau de l'évêque Honorius dont je vous ai adressé précédemment l'inscription. Les murs de la Basilique primitive sont à peu près dégagés et je pourrai en dresser le plan sensiblement exact dimanche prochain 13 février. Je vous le ferai parvenir aussitôt. Il a été découvert dans le déblaiement un certain nombre d’inscriptions sur mosaïques ; je vous fais parvenir les plus intéressantes ; je m'efforce, dans ces croquis rapides, de respecter autant que possible la forme des signes et des lettres.
83J'ai été obligé de m'absenter ces jours-ci pour la construction de la route d'Enfidaville à Zaghouan ce qui fait que je ne vous ai pas envoyé de note plus tôt, mais malgré cela je ne crois pas qu'un rapport d’ensemble puisse être établi à la date de ce jour, au sujet des fouilles d'Upenna. En effet, comme je l'avais précédemment indiqué, les mosaïques se trouvent à 5 ou 6 niveaux différents et il faudrait enlever les couches supérieures pour pouvoir arriver aux inscriptions les plus intéressantes.
84Vous avez bien voulu m'écrire que le Clergé était disposé à faire les frais d'une Chapelle sur l'emplacement du tombeau des Martyrs ; j'estime que c’est une chose réalisable, et que de plus les ruines pourraient être entourées d'une clôture et surveillées par un gardien logé dans une petite construction voisine. Il semble que ces mosaïques, placées dans un musée ou une Eglise, ne présenteraient pas tout l'intérêt qu'elles ont sur place. Le tombeau de ces Martyrs, lorsqu'il serait connu attirerait probablement à Enfidaville suffisamment de fidèles pour assurer le traitement du gardien. Je suis du reste, Monsieur le Directeur, entièrement à votre disposition pour vous fournir le détail des frais relatifs 1° à l'établissement d'une chapelle sur le tombeau des Martyrs 2° à la construction de logement d’un gardien 3° à la clôture des fouilles de la Basilique 4° à la protection des mosaïques découvertes par des châssis vitrés.
85J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint le reçu des dernières sommes que vous m'avez avancées pour les fouilles d'Upenna ; je conserve à votre disposition les feuilles d'attachements de journées d'hommes que je fais tenir à jour par un Surveillant, conformément à la Comptabilité des Ponts et Chaussées (les frais du chantier sont actuellement réglés jusqu'au 31 janvier).
86Conformément aux instructions que vous voudrez bien me donner, je me tiendrai à votre disposition lorsque le temps sera meilleur et le déblaiement plus avancé, pour l'étude définitive du programme des travaux que vous déciderez de faire réaliser dans la Basilique d'Upenna.
87Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
88Robin
89Suit la retranscription de seize épitaphes : cf. fig. 39.
90Légende sous l'inscription de Restutus :
91A remarquer la forme du U et du V de Vixit ; de plus l'ancre qui termine la phrase, c'est la première fois qu'à Upenna ce symbole apparaît.
92On notera que la représentation de cette « ancre » a été barrée probablement par Gauckler et remplacée par une palmette.
93A remarquer :
94Mosaïque (15) La forme du U et du V
95Mosaïques (1 et 9) L'année écrite en toutes lettres au lieu de chiffres romains.
96Mosaïque (8) Les abréviations des lignes 4 et 5 et le B à la place du V
97Mosaïque (13) Très grossière, lettres irrégulières, nom de consonance grecque
98Mosaïque (11) Aucun chrisme et aucun symbole ; dessins géométriques en dessous du cercle ; dans celui-ci aucune croix, simplement le nom de FλORENTINA (J’exagère à dessein la dimension des lettres.) Lettres irrégulières - Au centre de la nef médiane de la Basilique.
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99Enfidaville, le 6 février 1905
100Monsieur le Directeur,
101J'ai l'honneur de vous faire parvenir, ainsi que je vous l'ai indiqué par dépêche, le numéro de l'Avenir du Centre du 5 février, je me permettrai de vous signaler plus particulièrement les paragraphes 1, 2, 3, 4. Je suis absolument désolé de voir que, prenant le Dimanche une distraction intelligente, et qu'à la suite du hasard, et non à cause de mes connaissances archéologiques, j’ai pu arriver à découvrir des inscriptions intéressantes, je me trouve exposé aux appréciations ci-jointes d'un journaliste soussien.
102Vous avez bien voulu me faire donner une autorisation de fouilles pour Upenna et faire mettre à ma disposition les fonds nécessaires aux 1ères recherches. J'ai de mon côté, en supplément de mon service, fait mon possible pour assurer l'efficacité de ces recherches. Malgré cela je me trouve actuellement dans une position fausse vis-à-vis de mes Chefs de Service à la suite des articles de journaux que je vous communique.
103J'ai donc l'honneur de vous prier, Monsieur le Directeur, de bien vouloir me conserver, dans cette affaire, votre haut appui auprès de M. le Directeur Général des Travaux Publics, au cas où il me demanderait des explications.
104Je vous demanderai également de bien vouloir me proposer, si vous le jugez utile, pour les palmes académiques afin de mettre fin aux appréciations fantaisistes auxquelles se livrent un journal et une Société de Sous se pour les fouilles d'Upenna.
105Je vous demanderai de bien vouloir considérer cette lettre comme confidentielle.
106Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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Fig. 39
107Enfidaville, le 7 février 1905
108Monsieur le Directeur,
109J'ai l'honneur de vous proposer, conformément au décret du 7 mars 1886 relatif à la propriété et à la conservation des Antiquités en Tunisie, de bien vouloir faire prendre par le Premier Ministre un Arrêté de classement pour les ruines d'Upenna, visant les Art. 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9 du décret précité. Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’expression de mon respectueux dévouement.
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110Enfidaville, le 9 février 1905
111Monsieur le Directeur,
112En réponse à votre lettre du 8 courant, j'ai l’honneur de vous faire connaître que je vous fournirai divers avant-projets sommaires d'aménagements et de conservation des ruines et mosaïques d'Upenna. J’étudierai ensuite d'une manière définitive le projet que vous déciderez de faire exécuter.
113D'après ce que m'a dit le Curé d'Enfidaville, le Clergé serait décidé à verser des fonds assez importants ; d’un autre côté, j’ai vu M. Gros, Administrateur de la Société de l’Enfida, qui m’a dit que sa Sté participerait aux frais de protection pour 2 ou 3000 f, pour te moment ; j'estime qu'on pourrait lui faire doubler ce chiffre.
114Je vous écrirai plus longuement dimanche au sujet de ces avant-projets.
115Au sujet des mosaïques pour lesquelles vous me demandez des renseignements, j'ai fait les constatations suivantes :
116Mosaïque no 8 Julius Honorius F-λ. M.. // P.P. in pace, lecture certifiée exacte, la dernière lettre n'est pas un R mais un P.
117Mosaïque no 9 Cette mosaïque était recouverte de mortier ; je l'ai fait poncer, et j'ai lu, lecture certaine. CAVDENTIA.
118Mosaïque no 14 (Epitaphe double). Le mot est bien SELVNDA à moins que la partie supérieure du C soit prise dans la ligne supérieure de bordure, ce qui semblerait bizarre puisque cela n'existe pas pour E ; ci-dessous croquis :

119Je vous joins ci-contre les inscriptions de deux mosaïques que j'ai relevées ce matin ; de nombreuses autres ont été trouvées, mais il faut les poncer pour lire les inscriptions (j’ai respecté la forme et l'emplacement de a et m)

Légende sous Lucilianus :
A remarquer le nombre d'années écrit en lettres avec faute d'orthographe
120Les Arabes que j'ai sur le chantier sont très dévoués, je les paie par quinzaine et tiendrais à leur faire la paie le 15, c.à.d. le jour de l’Aïd-el-Kébir.
121Je vous serais donc reconnaissant, Monsieur le Directeur, de bien vouloir me faire envoyer avant cette date le montant de la paye de février ou de la Ire quinzaine de ce mois, soit approximativement 300 f pour le mois complet de février ou 150 F pour la 1ère quinzaine.
122Comme je vous l'ai promis, je vous ferai parvenir dimanche un rapport plus complet.
123Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
124Dans cette lettre, les numéros des mosaïques 8, 9, 14 renvoient à la nomenclature de la première lettre du 6 février.
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125Enfidaville, le 15 février 1905
126Monsieur le Directeur,
127J'ai l'honneur de vous faire connaître que je ne vous ai pas envoyé les renseignements que je vous avais promis pour lundi.
1281° Parce que j'ai 2 routes en construction et que j'ai été obligé de m'absenter pendant tous les premiers jours de la semaine.
1292° Parce que j'ai vu M. Sadoux qui doit se trouver samedi 18 courant à Enfidaville et qui m'a annoncé la visite de Mgr. Tournier. Nous pourrions voir ce jour ce qu'il y a de plus pratique comme aménagement de la conservation sur place des mosaïques, et je vous enverrais un projet avec devis.
130Le travail de déblaiement continue méthodiquement dans les conditions que m’avait indiquées M. Sadoux. Plusieurs mosaïques ont été découvertes, mais elles ont besoin d’être poncées. Je vous ferai parvenir le texte des inscriptions dès qu'elles seront lisibles.
131Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
132Robin
133Le 26 courant (Dimanche) la S.A.S. fait une excursion aux ruines d'Upenna.
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LETTRE DE GAUCKLER À ROBIN
134Tunis le 15 février 1905
135Mon cher monsieur Robin,
136J’ai l'honneur d'attirer votre attention sur le document ci-joint, dont je ne puis admettre ni la forme ni le fond. Je n'ai été avisé, en aucune façon de cette visite aux fouilles que vous dirigez pour le compte de la Direction des Antiquités et à laquelle la S.A.S. n'a pas à prendre aucune part, sinon sur mon invitation. Entre elle et nous, il faut choisir !
137Votre bien cordialement dévoué.
138P. Gauckler
139Ci-dessous le document adressé par Gauckler :
140Société Archéologique de Sousse
141Sousse, le 14 février 1905
142Monsieur et cher Confrère,
143La première excursion de l'année 1905 aura lieu le dimanche 26 février aux ruines de la basilique byzantine d'Upenna, à 5 km d'Enfidaville où M. Robin, membre correspondant de la S.A.S. chargé des fouilles, a mis à jour plus de quarante mosaïques de toute beauté.
144Départ de Sousse par le train de 5 h du matin arrivant à Enfidaville à 7 h.
145Des voitures pour se rendre sur le terrain des fouilles seront mises à la disposition des excursionnistes arrivant par le train de Sousse (7 h du matin) et par celui de Tunis (10 h du matin).
146Un restaurateur d'Enfidaville assurera un déjeuner près des ruines d'Upenna.
147Le retour à Enfidaville pour prendre le train de Tunis (3 h 28 soir) et celui de Sousse (6 h 25 soir) sera assuré dans les mêmes conditions que l'aller.
148« Réduction de 50 % sur le chemin de fer lorsque le nombre d'excursionnistes atteint 10 ».
149Si vous désirez prendre part à cette excursion, je vous prie de me le faire connaître avant le 23 février, en indiquant le nombre des personnes qui vous accompagneront et si vous désirez prendre part au déjeuner.
150Veuillez agréer, Monsieur et cher Confrère, l'expression de mes sentiments les plus dévoués.
151Le Secrétaire Général
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LETTRES DE ROBIN À GAUCKLER
152Enfidaville, le 17 février 1905
153Monsieur le Directeur,
154J'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai reçu ce matin à 7 h 1/2 votre lettre, à laquelle était jointe une convocation de la S.A.S. pour visite aux fouilles d'Upenna le 26 courant. Je ne suis pour rien dans la décision qui a été prise par la S.A.S., et en supposant que ce programme d'excursion ait été projeté, je ne pouvais, comme Conducteur des Ponts et Chaussées, que me mettre à la disposition des notabilités de Sousse venant visiter les ruines.
155Ces fouilles en effet ne sont pas encore officiellement classées, car par lettre en date du 8 février, et à la suite de ma demande, vous vouliez bien m'annoncer qu'elles étaient placées sous enquête de classement depuis 2 mois environ.
156J'estime du reste avoir outrepassé mes pouvoirs en expropriant un Arabe qui avait ensemencé le terrain des fouilles, en donnant des ordres au Khalifa d'Enfidaville au sujet du respect de ces fouilles et en faisant interdire l'accès à tous les visiteurs (M. [illisible], en mon absence, se Test vu refuser par mes ouvriers Arabes aux environs du 15 janvier).
157D'un autre côté, je suis amené à considérer que la 1ère phrase de la convocation de la S.A.S. pour le 26 février peut prêter à équivoque et qu'elle semble, peut-être par défaut de rédaction, laisser croire que les fouilles entreprises à Upenna sont faites sous les auspices et avec les fonds de cette Sté que je suis le promoteur direct de cette excursion.
158Je vous prierai, Monsieur le Directeur, de bien vouloir remarquer par contre que je vous ai fait parvenir, aussitôt reçu, un numéro de l'Avenir du Centre en protestant auprès de vous contre la façon dont ce journal appréciait les découvertes faites à Upenna.
159Je terminerai en vous disant que mon temps est entièrement à votre service. J'ai pu faire, par hasard et en dehors de mon travail, des découvertes relativement intéressantes à l'aide des fonds que vous avez mis à ma disposition ;je vous ai communiqué au fur et à mesure les renseignements utiles sur la marche du chantier avant que personne n'ait pu se les procurer, c'est pour cela que j'en avais fait interdire l'accès ; aussi je suis désolé que vous ayez pu supposer un instant que je sois même amené à choisir entre la Direction des Antiquités, qui subventionne les fouilles d'Upenna, et la S.A.S.
160Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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161Enfidaville, le 19 février 1905
162Monsieur le Directeur des Antiquités et Arts,
163J'ai l’honneur de vous expédier quelques mots rapides pour vous faire connaître que Mgr. Tournier et M. Delattre sont venus ce matin à Enfidaville. J’ai reçu votre télégramme et me suis mis de suite à leur disposition pour la visite des fouilles d'Upenna.
164Au sujet de la mosaïque Julius Honorius F.λ. M.. // P.P. in pace, l'interprétation suivante des majuscules flamen maximus (ou minor) ou martialis, prepositus paraîtrait intéressante ; malheureusement il y a ensuite in pace. J'ai trouvé 4 ou 5 mosaïques très intéressantes que je fais poncer ; l'une indique le nom d'un Lector, grade je crois inférieur au Sous-Diaconat ; d'autres présentent, après le nombre à’années, une inscription de plusieurs lignes, extraite de cantiques ; enfin celle qui me paraît la plus intéressante, donne le nom propre du mort, simplement accompagné du mot In pace. C'est du reste la mosaïque qui se trouve au niveau le plus bas ; elle me paraît devoir dater de la construction de la Ire basilique.
165J'ai trouvé de plus une conduite d’eau aboutissant à la Basilique du côté Ouest et provenant du bassin versant formé par l'Oued El-Klè porté sur la carte au l/50000e sous le nom d Oued El-Jeniane. Cette conduite qui a environ 0.30 de largeur sur 0.45 de profondeur, enduite au mortier de tuileaux et recouverte de dalles, présente des regards ou puisards, situés à des distances variables (les uns à 100 m, les autres à 20 m de distance). J'ai pu suivre ainsi 1 km 1/2 de cette conduite ; j'ai installé de suite 4 hommes pour dégager ces regards ; ils ont de 0.80 à 1 m 00 d’ouverture, il y en a des carrés et des ronds.
166Ce qui m'a fait attacher une certaine importance à cette conduite, c'est que
1671 Aucune source n'est connue aux environs.
1682° C'est que, à la suite d'une simple observation, cette conduite présente des points hauts et bas et constitue des siphons ; ce point pourrait être d'une certaine importance, car j’ai entendu dire que les Romains ne connaissaient pas le siphon. Je vous enverrai des détails précis sur tous ces points, mercredi.
169Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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170La lettre suivante est reproduite fig. 61-62
171S'y reporter pour la représentation des schémas.
172Enfidaville, le 23 février 1905
173Monsieur le Directeur,
174J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre en date du 19 courant ; je vous remercie de m'avoir fait nommer Officier du Nichan Iftikhar et de m'avoir proposé pour les Palmes Académiques. Je m'efforcerai du reste de mériter ces distinctions par les soins que j'apporterai aux travaux que vous avez bien voulu me confier.
175Je n'ai pu, comme je vous l’avais promis, relever mercredi les noms des inscriptions découvertes ; j'ai en effet des travaux assez importants qui ont nécessité mon absence d'Enfidaville pendant les 1ers jours de la semaine. Je passerai Dimanche la journée entière sur le chantier si la S.A.S. ne vient pas, comme je le crois ; je lèverai le plan des maçonneries qui sont actuellement dégagées et lirai les inscriptions.
176J'ai été amené à augmenter l'équipe par suite de la conduite dont je vous parlais dans ma précédente note. J'ai trouvé à 40 m de la Basilique un regard que j’ai fait mettre à jour ; à 1 m 60 au-dessous du terrain naturel se trouvait une conduite orientée de l'Ouest à l'Est (Regard no 5) avec enduit de tuileaux, recouverte de dalles et ayant à peu près 0.40 de large sur 0.50 de profondeur. Ce regard est circulaire et a environ 0.80 de diamètre.
177J'ai fouillé ensuite le regard R1 ; à 3 m 50 au-dessous du sol j'ai trouvé le radier d'une large conduite que les ouvriers continuent à déblayer actuellement et dont je vous envoie une coupe provisoire (le vous enverrai les dimensions exactes Dimanche)
178Le regard voisin du baptistère est circulaire, tandis que les autres sont carrés, avec angles arrondis. Je fais rechercher la conduite aboutissant à ces 5 regards afin de pouvoir faire le nivellement des radiers. Il me semble possible que la conduite principale suive les regards 1, 2, 3, 4 et ait été destinée à alimenter le village construit entre les ruines de la citadelle byzantine et la voie ferrée. La conduite de plus petit diamètre serait un branchement aboutissant au regard R5 destiné à alimenter le baptistère. Le diamètre de la conduite principale (Surface 1 m2 200 environ) paraît considérable, et ne semble pas nécessité par le débit d’une source voisine. Cette section importante comme surface pourrait être expliquée ainsi ; les Romains auraient recueilli à l'aide d'un barrage les eaux tombant sur un bassin versant en quelques heures et qui arrivaient en quantité considérable, de la section de la conduite, ils remplissaient ensuite les citernes d’Upenna à l'aide de cette eau. Je vais faire rechercher le barrage s’il existe.
179Tout cela ne constitue que des hypothèses, je vous donnerai Dimanche des renseignements précis. Je serais cependant heureux que vous puissiez venir aux fouilles et qu'en attendant, vous me fassiez envoyer, en communication si vous le pouvez, un livre traitant des conduites d'eau romaines.
180Ayant augmenté l'équipe pour les recherches de cette conduite, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me faire parvenir 200 f pour la paye de fin de mois.
181Les renseignements que je vous adresse au sujet de cette conduite ne sont que provisoires. Je ne garantirai que ceux que j'enverrai Dimanche ; je vous envoie ces quelques résultats afin que vous puissiez m'indiquer la marche à suivre pour la recherche de la conduite, si vous trouvez ce travail intéressant.
182Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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183Enfidaville, le 28 février 1905
184Monsieur le Directeur,
185J'ai l'honneur de vous faire parvenir par ce même courrier un numéro de « L'Avenir du Centre » et du « Courrier Tunisien » dans lesquels ces deux journaux apprécient les fouilles d’Upenna.
186A la suite de ces deux articles, loin de donner ma démission immédiate de membre de la S.A.S., j'ai tenu à y rester encore quelque temps. Il n’y a en effet, pour démentir ces assertions qu'à apporter un fait matériel. J'écris en conséquence, par ce même courrier à M. Giorgi, VP. de la S.A.S. à Sousse de bien vouloir prier le trésorier de cette Société de bien vouloir m'envoyer une Note certifiant, comme il est exact, qu'il ne m'a jamais été donné aucune Subvention. S'il ne m'est pas donné satisfaction, je provoquerai une réunion de la S.A.S. et je demanderai la nomination d'une Commission qui serait chargée d'examiner la Comptabilité et d'y découvrir si possible (?) un reçu ou un talon de mandat à mon nom.
187Les fouilles d'Upenna continuent méthodiquement. Il a été trouvé à l’Est du baptistère une grande mosaïque de 4 m de côté, au milieu de laquelle se trouve un très beau tombeau.
188Plusieurs autres mosaïques ont aussi été découvertes, mais je ne puis pour le moment en certifier la lecture, car elles sont recouvertes de mortier. J'ai commandé de la pierre ponce pour le nettoyage.
189Je vous en adresse ci-joint quelques-unes qui, je crois ont été également prises en note dimanche par M. Drappier.
190Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
191Les dessins de mosaïques qui constituent la page deux de cette lettre sont reproduits fig. 40.
192Les dessins de Drappier auxquels Robin fait allusion dans le dernier paragraphe sont également conservés dans les Archives de l'INP, sans nom d'auteur, et reproduits ici, fig. 41.
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193Enfidaville, le 12 mars 1905
194Monsieur le Directeur,
195Je n'ai pu vous répondre plus tôt, ayant été fortement indisposé pendant une dizaine de jours.
196Au point de vue priorité de découvertes pour les fouilles d'Upenna, je tiens à vous faire connaître que je possède une lettre du Dr Carton.
1971° En date du 11 juin 1903, dans laquelle il me dit vouloir faire une promenade archéologique avec moi, en me laissant entièrement le soin de la régler. J'ai moi-même choisi Upenna dont le Baptistère était connu de tout le monde. Il a pu m’être dit qu’il y avait probablement quelque chose à trouver à proximité, le moins profane pourrait se livrer à la même hypothèse en admirant la porte triomphale d'Aphrodisium. Cela n'engage à rien.
1982° Une 2e lettre du Dr Carton en date du 6 novembre 1903, écrite à la suite de la visite précitée et disant que l’on pourrait mettre à ma disposition un petit crédit et quelques hommes si des premiers sondages autour du baptistère donnaient des résultats.
1993° N'ayant fait aucun sondage, que j'avais presque moi-même indiqués, après le 6.9bre 1903, il ne m'a été versé aucune subvention par la S.A.S.
200J'ai fait effectuer un sondage unique en 8bre 1904 et je vous en fais transmettre à vous-même le lendemain les résultats. C’est à la suite de ce fait que vous avez bien voulu me faire ouvrir des crédits.

Fig. 40

Fig. 41. Dessins par Drappier de mosaïques d'Uppenna
2014° A la suite de votre dernière lettre et à la date du 1er mars 1905, j'ai écrit à la S.A.S. en la mettant en demeure de justifier les allégations qu'elle avait fait émettre dans un journal local de Sousse ; je demandais l'examen de la comptabilité, un talon de mandat à moi envoyé, ou un reçu de ma main pour fouilles effectuées à Upenna. Le V.P. Délégué m'a répondu par lettre en date du 4 mars 1905, qu'à sa connaissance la SA.S. n'avait jamais affecté de fonds aux fouilles d'Upenna, termes exacts « aux fouilles qui sont faites pour le compte de la Direction des Antiquités ».
202Je vous prierai, Monsieur le Directeur, de bien vouloir considérer les 4 renseignements précédents comme confidentiels, je possède les lettres dont je vous ai cité des extraits. Les prétentions de la S.A.S. sont donc enfantines.
203Je tiendrai à ajouter, une fois de plus, que, si dans ces circonstances, je n'ai pas votre haut appui, je risque fort de recevoir les coups.
204Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Directeur, de bien vouloir venir visiter les fouilles d'Upenna dans le courant de cette semaine. Je pars en effet en études sur la piste de Zaghouan à Enfidaville pour 15 jours le lundi 20 mars.
205J'ai fait déblayer l’entrée de la basilique (côté Est) qui présente des maçonneries et tombeaux assez intéressants (devant le tombeau des martyrs) ; j'ai également découvert de nouveaux regards de canalisation que j'ai fait dégager. Cette conduite peut présenter un certain intérêt. Je vous communiquerai un rapport à ce sujet samedi prochain.
206Je vous prie de bien vouloir me faire parvenir 160 F pour la paye de quinzaine.
207Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
208Robin
209J'apprends au dernier moment qu’un article violent a paru dans « L'Avenir du Centre » au sujet des fouilles d'Upenna. Je vous ferai tenir demain ce numéro.
210J'ai lu l'art, rectificatif du « Courrier Tunisien ».
211[À la cinquième ligne, Robin avait d'abord écrit 11 juin 1904, puis transformé le 4 en 3]
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212Enfidaville le 20 mars 1905
213Monsieur le Directeur,
214J'ai l’honneur de vous envoyer, en même temps que le dernier no de « L'Avenir du Centre » la copie de la lettre que j'ai envoyée ce matin à la S.A.S.
215[Copie de la lettre :
216Monsieur le V.P. délégué de la S. A. S.
217J'ai l'honneur de vous adresser ma démission de membre correspondant de la SA.S. à la suite de l'article « Simple Réponse » inséré dans le Journal « l'Avenir du Centre » « 12 du 19 mars 1905. Cet article, évidemment inspiré par votre Société, me met dans la situation peu honorable d’un Voyageur de Commerce utilisant les frais de déplacement que lui alloue un fabricant pour vendre les articles de la Maison concurrente.
218Or cette allégation, comme vous le savez et comme vous avez bien voulu me l'écrire, est absolument fausse, puisqu'il n'existe dans la Comptabilité de votre Société aucune mention (talon de mandat ou reçu de ma main et justification des dépenses) d’une subvention qui m'aurait été accordée pour les fouilles d'Upenna.
219Il est donc très regrettable que le signataire V.P. de l'article précité qui affirme avoir eu en main les preuves de ce qu'il avance, ait consenti à se dessaisir de documents aussi précieux.
220Veuillez agréer etc.
221Fin de la copie de la lettre.]
222Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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223Enfidaville, le 21 mars 1905
224Monsieur le Directeur,
225J'ai eu l'honneur de vous communiquer hier la copie de la lettre de démission que j'ai envoyée à la S.A.S. Cela ne restera évidemment pas sans réponse ; je pars ce matin en études pour 20 jours sur la route de Zaghouan à 30 k d'Enfidaville. J'espère pendant mon absence pouvoir compter sur votre haut appui. J'ai donné des ordres pour qu'un homme à cheval me transmette de suite sur mon chantier les lettres que vous voudrez bien m'envoyer.
226Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
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227Battaria, le 27 mars 1905
228Monsieur le Directeur,
229J'ai l'honneur de vous accuser réception des pièces que vous avez bien voulu me faire adresser et d'après lesquelles je suis inscrit au Congrès des Sociétés Savantes se tenant à Alger en 1905. Je tiens une fois de plus à vous remercier des marques constantes de bienveillance que vous me témoignez et je ferai tout mon possible pour les mériter.
230Ne pouvant à mon grand regret me rendre à Alger, j'aurai l'honneur de vous faire parvenir aux environs du 10 avril un rapport sur les fouilles d'Upenna (avec plan, croquis, etc.). Je terminerai les études de la route de Zaghouan pour le 5 avril. Je suis actuellement sous la tente. Il serait donc peut-être intéressant de faire ouvrir vers cette époque les tombeaux des Martyrs et des Evêques ; cela permettrait peut-être d'augmenter les documents du rapport.
231Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mon respectueux dévouement.
232Robin
233Je vous serais obligé de bien vouloir me faire parvenir 150 F pour la paie de quinzaine. J'ai fait rechercher la conduite d'eau pour laquelle je vous fournirai une étude.
LETTRE DE ROBIN À DRAPPIER
234Enfidaville, le 25 mai 1905
235Mon cher Monsieur Drappier,
236J'ai l'honneur de vous faire connaître que je viens d'apprendre officieusement (puisque je suis démissionnaire) que des membres de la S.A.S., au nombre de 15 environ, se proposent de visiter, dimanche prochain 28 courant, les ruines d’Upenna. Les mosaïques ne sont pas recouvertes de terre, car j’en assure le gardiennage depuis aujourd'hui par les hommes travaillant à la conduite d'eau romaine, travail pour lequel M. le Dr Génl des Travaux Publics m'a ouvert un crédit.
237Je me trouve par ce fait dans une situation tout à fait fausse. Si, à la suite de la nouvelle de cette visite, je fais recouvrir de terre les mosaïques, n'ayant pas qualité pour cela, je me mets toute la Ville de Sousse à dos. Si d’un autre côté je laisse faire la visite à laquelle je ne puis officiellement m'opposer, M. Gauckler peut y trouver à redire. Par suite il ne peut des 2 côtés qu’en résulter des ennuis pour moi. En attendant j'ai interdit à mes hommes de laver les mosaïques lors de la visite et d'interdire que quelqu'un le fasse.
238Ces fouilles vous appartiennent, puisque le terrain a été exproprié par vous et qu'elles ont été faites avec les fonds de votre Service. Voyez donc ce que vous voulez faire directement ; peut-être serait-il utile que vous veniez samedi soir à Enfidaville ?
239Veuillez agréer, cher Monsieur Drappier, l'assurance de mes meilleurs sentiments.
240Robin
241Veuillez considérer cette lettre comme vous étant personnelle. Je vous enverrai demain la comptabilité. Prière de m'adresser d'urgence la somme de 150 F pour paiement des hommes, [illisible], et porteur d’eau jusqu'au 25 mai, date à laquelle le Service des Antiquités cesse de payer les frais de gardiennage.
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COMMUNICATION PRÉSENTÉE PAR L. ROBIN AU CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES, ALGER, 22 AVRIL 1905 (MANUSCRIT DE LANGRES)
INTRODUCTION À LA REPRODUCTION ET À LA RETRANSCRIPTION DU MANUSCRIT DE ROBIN RELATIF À SA COMMUNICATION AU CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES D’AVRIL 1905, CONSERVÉ DANS LES ARCHIVES DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE DE LANGRES
242• La reproduction du texte de la note est donnée par les fig. 421 à 425.
243• La retranscription indique les différences avec l'édition du bac 1905, p. 368 à 372, de la façon suivante :
- les développements non retenus dans l'édition du BAC sont imprimés en caractères droits. Deux d'entre eux renvoient au calque de Robin (fig. 24 et 57).
- les changements de numéros de mosaïques font l'objet d'une note globale en fin de transcription et sont signalés en tête de ligne par des crochets.
- les différences de formulations de texte qui peuvent présenter un intérêt font également l'objet d'une note globale et sont signalées par des parenthèses. La plus importante est la (12). Dans le manuscrit, la mosaïque « Icosu in pace » et les seize pavements avec l'épitaphe in pace vixit annis ou annos sont au même niveau, c'est-à-dire le plus bas. Dans l'article du BAC, la mosaïque « Icosu in pace » se trouve 0,10 m plus bas que le sol de ces pavements.
244On présentera : article du bac = Art., manuscrit de Langres = ML.
245L'exemplaire du manuscrit totalise treize planches de dessins, réunies ici en sept feuilles (fig. 431 à 437).
246La représentation des mosaïques fut certainement moins attentive que sur les dessins adressés à Gauckler, – dont il orthographie le nom de manière incorrecte – durant les fouilles. Robin n'a pas eu suffisamment de constance pour retranscrire toutes les épitaphes. On observera avec intérêt que l'ordre des représentations des sept derniers pavements de « padulc n prids » à « Quadratianus » (fig. 437,1-7) diffère de celui du bac (comparer les emplacements de « Saturninus » et « ...]s est X [k]alenda[s] Mart[i]as »). L'ordre de succession du bac est conforme à celui des chiffres dans les rectangles du calque. On en déduira donc que dans la copie du manuscrit adressée à son correspondant de Langres, Robin, par rapport à l'original, fait gagner respectivement trois places et une place aux deux mosaïques précitées.
247Les observations concernant telle ou telle transcription (exemple « Rusticus » pour « Rusticilla ») seront faites, s'il y a intérêt, dans le corpus des mosaïques (Upp. II).

Fig. 42 1

Fig. 42 2

Fig. 42 3

Fig. 42 4

Fig. 42 5
NOTE PRÉSENTÉE PAR M. ROBIN CONDUCTEUR DES PONTS ET CHAUSSÉES À ENFIDAVILLE AU CONGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES TENU À ALGER LE 22 AVRIL 1905
248Les ruines de la Basilique byzantine d'Upenna se trouvent situées dans l'Enchir ech Chegarnia, au droit du kil.91 de la route de Tunis à Gabès et à environ 800 m de cette route. Les ruines romaines assez nombreuses à cet endroit sont surplombées par une citadelle byzantine construite avec les pierres des constructions précédentes ; les ruines de cette construction sont très élevées au-dessus du sol et visibles de très loin. Au N.N.O. de cette citadelle et à 200 m environ se trouve un baptistère étoilé signalé en 1881 par [1] M. Cagnat étudié et identifié par M. Gaukler, Directeur des Antiquités en 1895. Aux environs de ce baptistère, quelques gros blocs renversés et quelques affleurements de maçonne- [2] [3] rie. L'un d'eux présentait la forme d'une portion d'hémicycle. Je fus amené un dimanche à effectuer un sondage à l'intérieur de cet hémicycle. Il fut rencontré sous une couche de 0,50 m de terre une 1ère mosaïque grossière ayant comme motif des cercles entrelacés ; cette mosaïque ayant été traversée, les murs de l'hémicycle de 5 m de diamètre furent dégagés, et il fut mis à jour une mosaïque de même grandeur finement dessinée mais malheureusement [4] détruite au milieu sur un mètre de largeur ; les 2 côtés restant représentent des ceps de vigne dont les raisins vont tomber dans 2 grands vases ; sur les ceps, 2 paons de grandeur naturelle.
249Je fis alors un 2ème sondage au droit du baptistère et à 16 m au sud. Je découvris à 2 m environ de profondeur et après avoir percé la mosaïque grossière un tombeau avec épitaphe [1] sur mosaïque (no 10).
250Fortunatus vixit in pace annis LUI recessit III kale iunia
251A la suite de cette découverte et grâce aux indications que M. Gaukler voulut bien me [5] donner, le déblaiement méthodique commença, sous les auspices du service des Antiquités.
252Aujourd'hui le monument est presque entièrement déblayé, excepté l'entrée et le péristyle. Ce bâtiment a fait l’objet de plusieurs remaniements et a donné également lieu à des agrandissements successifs.
253Le monument primitif semble avoir été constitué par une basilique à 3 nefs, large de 12 m et longue de 23 m, la nef principale ayant 5 m de largeur et les nefs latérales 3 m, l'hémicycle qui forme le chœur ayant également 5 m ; l'hémicycle était surélevé d'environ 0,70 m sur le sol de la nef principale. Cette première basilique était orientée de l'Est à l’Ouest, l'entrée était à l'Est. Elle était limitée par les lignes AA' et BB' du plan.
254[6] Au nord de la basilique et communiquant avec elle se trouvait un baptistère de forme [2] carrée et à gradins situé au ras du sol et entouré de mosaïques. L'une d'elles (44) qui à 4 m sur 4,30 m, représente, à la partie supérieure d'un motif ornemental formé de guirlandes, le sujet du cerf et de la biche avec les 2 palmiers. Cette mosaïque se trouve au niveau des mosaïques de le 1ère époque qui sont toutes d'une grande finesse d'assemblage et d’une assez bonne régularité de lettres.
255A la suite de la destruction du premier monument, une seconde basilique, plus grande que la première, semble s'être édifiée sur ses ruines. On retrouve en effet derrière le 1er hémicycle un 2ème de 9 m de diamètre. La largeur totale de ce nouveau bâtiment serait de 19 m. Elle aurait compris une grande nef de 9 m. La grande nef est parfaitement déterminée par des alignements de colonnes en marbre blanc provenant probablement d'un temple païen ou leurs soubassements et 2 nefs latérales de 5 m chacune. (Bâtiment second entre AA' et HH', Grande nef entre EE' et FF').
256Cette nouvelle basilique présente cette particularité c'est qu'une chapelle de 10 m sur 6 m, avec colonnades et autel en hémicycle et communiquant avec la grande basilique, était greffée sur elle dans la partie NO perpendt à Taxe de cette dernière. Un nouveau baptistère [7] est juxtaposé au 1er dont le niveau, au-dessus du 1er, semble appartenir à ce second monument. Ce baptistère est étoilé à 8 places.
257Postérieurement de nombreux agrandissements, ou plutôt juxtapositions, furent effectués, [8] mais à mesure que Ton s'éloigne de la 1ère basilique, l'appareillage des pierres devient plus grossier, le mortier est presque remplacé par du terreau. Les différentes chambres formées par ces agrandissements semblent avoir constitué des chapelles funéraires. En effet dans chacune d'elles se trouvent de nombreux tombeaux, grosses urnes, tombeaux en tuiles et en forme de toit, sarcophages. Il est à remarquer que tandis que tous les tombeaux trouvés dans les 2 premières basiliques sont recouverts de mosaïques, on n’en rencontre aucune sur ces derniers tombeaux.
258Tombeaux
259Les tombeaux sont de plusieurs sortes.
260[9] (1°) Tombeaux en tuiles et en forme de toit. Ils sont très abondants et disséminés un peu partout, ils semblent avoir été employés depuis la première époque jusqu'à la dernière.
2612° Grosses jarres. Même observation que ci-dessus.
2623° Sarcophages. Les mosaïques semblent recouvrir des sarcophages, en effet à plusieurs endroits ceux-ci sont apparents au bord de la mosaïque.
263Quant aux sarcophages sans mosaïque, ils sont de 2 sortes.
264(a) Les uns, les plus anciens, sont formés d'une caisse creusée dans un seul bloc et d'un couvercle d’un seul morceau. Pour quelques-uns, le couvercle possède une rainure de façon qu'il s'encastre dans la caisse. Aux 2 côtés et à chaque extrémité se trouvaient de forts crampons en plomb pour maintenir le couvercle à la caisse.
265[10] Le reste était scellé au plâtre.
266(b) Les autres, de la basse époque, sont formés de pierres de taille juxtaposées, posées verticalement et reposant sur les anciennes mosaïques, ils sont couverts de même.
267Dans le même sarcophage il a été trouvé jusqu'à 8 crânes ce qui fait supposer que les ossements [11] des fidèles, enterrés en cachette au temps des persécutions, étaient ensuite rapportés.
268D'après les mosaïques trouvées et leur niveau relatif, je suis absolument d'accord avec la classification au point de dates que le R.P. Delattre avait établie dans son rapport de 1891.
269Mosaïques
270[3] A. La mosaïque qui paraît être la plus ancienne est la mosaïque (4) Icosu in pace. Elle est du reste au niveau le plus bas des fouilles.
271B. Les mosaïques dont le nom se trouve suivi simplement de in pace vixit annis ou annos [12] se trouvent également au niveau le plus bas, elles sont au nombre de 16 et il est à remarquer que 13 se trouvent dans l'enceinte de la basilique primitive. Ce sont [4] 2, 3,4,5 (à remarquer), 24,11,25,27,28,29,30,31,34,37,38,39
272C. Le nom suivi de Fidelis in pace. Elles sont au nombre de cinq : [13] [5] 6, 13, 19a, 19b, 33
273D. Fidelis in pace et requievit (une seule)
274[6] -8-
275E. 2 mosaïques de la basse époque ne contiennent que le nom ou le nom suivi de in pace
276[7] no 26 iulia Santissima puella in pace
277[8] no 18 Florentina.
278F. Une mosaïque, qui pourtant est celle d'un lecteur, ne contient [pas] le mot in pace.
279[9] Quintus Lector vixit annos XXII et menses V dies X g I
280[10] G. La mosaïque 21 contient la seule formule du même genre trouvée à Upenna.
281Faonius in pace requiescat vixit annis LXXXVX
282[11] H. La mosaïque 22 qui est brisée à la partie inférieure (de la basse époque) commence par les mots
283Quo Vult Deus
284[14] [12] I. La mosaïque 41 qui est du même style que la mosaïque 33 ne présente pas d'épigraphe. [15] Toutes les autres mosaïques, qui sont à un niveau supérieur, ou comme celles des deux évêques, encastrées dans les mosaïques anciennes indiquent soit le jour de la mort soit celui de la déposition.
285Il est à remarquer que la formule vixit in pace, qui ne se trouve jamais à Carthage (R.P. Delattre, Congrès scient, des cath. 1891), se rencontre quelquefois à Upenna.
286[13] Mosaïques : 7, 10, 30, 45.
287La mosaïque la plus intéressante dont il n'a pas encore été parlé est celle des martyrs (no [16] [14] 20). Elle contient les noms de 16 martyrs avec Vindication du jour de leur passion et de leur déposition. Il est à remarquer, ainsi qu'il est indiqué au croquis joint à ce rapport, que les lettres des 2 lignes supérieures sont beaucoup plus petites que celles des 7 lignes inférieures.
288[15] Remarquons pour terminer que la mosaïque no 44 pourrait être celle de l'évêque Honorius, seul évêque connu d'Upenna qui assista au concile de Carthage en 484 ?
1. Différence entre les numéros des mosaïques sur le manuscrit (ML) et dans l'édition du BAC (Art.).
[1| | ML 10-Art. 9 |
[2] | ML 44 - Art. 43 |
[3] | ML 4 - Art. 4 [cf. explication p. 154] |
[4] | ML 2,3,4,5 (à remarquer), 24, 11, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 34, 37, 38, 39 Art. 1 à 4, 10, 22 à 32, 35 à 37 |
[5] | ML 6, 13, 19a, 19b, 33 - Art. 5, 11, 17, 18 ,31 |
[6] | ML 8 - Art. 7 |
[7] | ML 26 - Art. 24 |
[8] | ML 18 - Art. 15 |
[9] | ML omission du numéro - Art. 8 |
[10] | ML 21 - Art.20 |
[11] | ML 22 - Art.21 |
[12] | ML 41 et 33 - Art. 39 et 31 |
[13] | ML 7, 10, 30, 45 - Art. 6, 9, 28, 44 |
[14] | ML 20 - Art. 19 |
[15] | ML 44-Art. 43 |
2. Différences de formulations du texte.
(1) | ML M. Gaukler, Directeur des Antiquités en 1895 |
(2) | Art. (après hémicycle) : avait depuis longtemps frappé mon attention |
(3) | ML Je fus amené un dimanche |
(4) | ML sur un mètre de largeur |
(5) | Art. ajout : et aux frais (du Service des Antiquités) |
(6) | Art. ajout : (baptistère) à immersion |
(7) | Art. ajout : (juxtaposé au premier) et surélevé de 1,20 m |
(8) | ML l'appareillage des pierres devient plus grossier, le mortier est presque remplacé par du terreau |
(9) | ML tombeaux en tuiles et en forme de toit |
(10) | ML le reste était scellé au plâtre |
(11) | ML étaient ensuite rapportés |
(12) | ML (annos) se trouvent également au niveau le plus bas |
(13) | Art. ajout après les nos : Elles sont à un niveau supérieur (Ici encore, même observation que pour le (12), le texte du ML est à préférer car il n'y a pas de différences de niveaux) |
(14) | ML épigraphe |
(15) | Art. ajout : (niveau supérieur) aux mosaïques A, B, C, D, F |
(16) | Art. ajout : Elle a 3 m sur 2,50 m |

Fig. 43 1

Fig. 43 2

Fig. 43 3

Fig. 43 4

Fig-43 5

Fig. 43 6

Fig. 43 7
CORRESPONDANCE DE P. GAUKLER
289Nous disposons de trois lettres de Gauckler concernant Uppenna - adressées à des ecclésiastiques. La liste est certainement incomplète puisque dans sa lettre à Gauckler du 2 janvier 1905, le Père Delattre fait état du mot que vient de lui adresser le Directeur des Antiquités (cf. Correspondance Delattre). Cette lettre de Gauckler ne se trouve pas dans les Archives des Missionnaires d'Afrique.
290La première lettre (Fonds Prélature) répond à une demande de l'abbé Emmanuelli. Le curé d'Enfidaville s'était enhardi à lui écrire directement. L'absence du Père Delattre, alors en Italie, peut-être les encouragements du chanoine Leynaud, sont de nature à expliquer une telle initiative. La réponse de P. Gauckler est positive et va bien au-delà des engagements qu'était tenu à prendre le Directeur des Antiquités. L'église dont il est question était le modeste local d'Enfidaville, alors affecté au culte.
291Les deux lettres de Gauckler au Père Delattre, datées du 14 et du 21 février 1905 (Archives des Missionnaires d'Afrique), constituent les derniers actes conservés d'une correspondance dont le début remonte à plus de douze ans. L'histoire d'un double rendez-vous manqué à Uppenna et à Carthage - chaque fois en deux temps, avec, à Uppenna, l'absence de Gauckler puis de son second Sadoux, lors de la visite du Père Delattre - caractérise au minimum parfaitement l'incommunicabilité entre ces deux personnalités. La responsabilité de Gauckler apparaît en cette circonstance bien engagée. Le Père Delattre avait épinglé, sur la lettre de Gauckler du 14 février, l'entrefilet de La Dépêche tunisienne concernant la visite de MM. Vallé et Gauckler à Carthage. Cet entrefilet est reproduit ici en fin de lettre. Dans les Ecrits du Père Delattre, on lira la réponse de l'ecclésiastique à Gauckler, datée du 16 février.
292Rappel. La lettre comminatoire de Gauckler à Robin, datée du 15 février 1905, a été intégrée à la Correspondance de L. Robin.
LETTRES DE PAUL GAUCKLER
293Lettre adressée à l'abbé Emmanuelli (fig. 8) :
294Tunis le 15 décembre 1904
295Monsieur le Curé,
296En réponse à la demande que vous avez bien voulu m'adresser en date d'hier, j'ai l'honneur de vous faire connaître que je suis tout disposé à orner l'église d’Enfidaville de quelques-unes des mosaïques chrétiennes que les fouilles du Service des Antiquités, dirigées par M. Robin, viennent de mettre à jour à Upenna. Je ne vous promets pas la mosaïque des martyrs, qui constitue un document capital pour l'histoire de l'Afrique chrétienne ; mais je ferai en sorte de concilier, à la fois, les intérêts de la Science et les sentiments très respectables et très légitimes des habitants d’Enfidaville.
297Veuillez agréer, Monsieur le Curé, l'assurance de ma considération très distinguée.
298Le Directeur des Antiquités et Arts
P. Gauckler
————
299Lettre adressée au Père Delattre :
300Tunis, le 14 février 1905
301Mon Révérend Père,
302Je regrette vivement de vous avoir dérangé inutilement, en vous annonçant une visite que le mauvais temps a empêchée, et qui est remise sine die ! Pendant que la Dépêche tunisienne apprend à ses lecteurs que je me promène à Carthage, je suis cloué dans mon lit par une crise aiguë d'entérite causée par la recrudescence du froid, et je me vois forcé encore une fois de renoncer à mon voyage à Upenna. Mr Sadoux me remplacera : il est parti hier soir pour Kairouan, Sousse, El Djem, et compte être Samedi prochain à Enfidaville. Il vous fera connaître par télégramme, à vous, mon Père, et à Monseigneur Tournier, la date exacte de son arrivée là-bas, et sera très heureux de vous y recevoir. La tournée peut se faire en un jour, aller et retour. On peut prendre le train du matin de Tunis. Une voiture vous attendra à la gare pour vous conduire sur le chantier et vous ramener ensuite reprendre le train de trois heures. Vous aurez quatre heures à consacrer à la visite des ruines.
303C'est pour moi un vrai crève-cœur de ne pouvoir faire cette tournée en votre compagnie. Mais vous savez, mon Révérend Père, combien je suis esclave de mon misérable corps, qui ne me laisse jamais oublier que nous ne sommes que poudre et que nous retournerons à la poudre !
304Veuillez agréer, Mon Révérend Père, l'expression de mon respectueux et très cordial dévouement.
305P. Gauckler
306Entrefilet de La Dépêche tunisienne du 14 février 1905, collé par le Père Delattre au haut de la lettre de Gauckler :
307M. Vallé à Carthage
308M. Vallé, ancien ministre de la Justice, a visité, guidé par M. Gauckler, le distingué directeur des Antiquités de Tunisie, les ruines de Carthage et les fouilles qui avaient été faites jusqu'ici et qui ont donné, comme on le sait, les résultats les plus intéressants.
309M. Vallé s'est rendu un compte exact des efforts extraordinaires réalisés par le Service des Antiquités, avec un budget très réduit ; il a été émerveillé par les trouvailles faites, d'un prix inestimable au point de vue historique et archéologique.
310M. Vallé ne quittera Tunis que dans quelques jours.
————
311Lettre adressée au Père Delattre :
312Tunis le 21 février 1905
313Mon Révérend Père,
314J'ai vivement regretté de ne pouvoir vous rencontrer hier à Carthage et d'être ainsi empêché de vous dire combien j'ai été désolé du malentendu qui vous a fait vous croiser avec M. Sadoux, au lieu de pouvoir visiter avec lui la basilique d'Upenna.
315M. Sadoux est très confus de sa maladresse. N'ayant aucune nouvelle de lui depuis huit jours, et venant de recevoir pour lui et son neveu une invitation du Résident général, je lui avais télégraphié de revenir à Tunis Dimanche, ce qu'il aurait fort bien pu faire après vous avoir accompagné aux fouilles. D'autre part, il a pu croire, – étant donné le mauvais temps qu'il faisait samedi, et le changement de date qu'il avait provoqué lui-même au dernier moment pour votre rendez-vous –, que vous étiez empêché de venir. Enfin le curé d'Enfidaville n'a pu le renseigner... et voilà comment on se manque toujours quand on veut se rencontrer dans le bled ! Une première anicroche en entraîne toujours d'autres : et c'est ainsi que M. Drappier, venu tout spécialement Dimanche à Carthage pour vous prévenir de la visite de MM. Pichon et Vallé, s'est vu dans l'impossibilité de remplir la mission dont je l'avais chargé. Or Monsieur le Résident général tenait à vous annoncer lui-même qu’il venait de vous faire inscrire sur la liste des membres du Comité central d'organisation de l'Exposition de Marseille, – qui sera, je l'espère, plus sérieux que les précédents ! – et vous exprimer son désir de voir le Musée dont vous avez la direction participer d'une façon effective à cette exposition. Monsieur Pichon se demandait si vous ne pourriez pas vous dessaisir temporairement de quelques-unes de vos plus belles trouvailles. Je me suis permis de lui faire ressortir le danger qu'il y avait à faire courir à des pièces aussi précieuses tous les hasards et les dangers d'un semblable voyage, et de lui faire comprendre que des moulages bien exécutés suffisent parfaitement à donner l'idée des originaux pour le gros public. Je mettrais, dans ce cas, mon atelier à votre disposition pour toutes les reproductions que vous désireriez faire exécuter : je supporterais les frais de l’opération et vous garderiez la libre disposition du moulage à Tissue de l'Exposition, au cours de laquelle ils pourraient être présentés au public dans une vitrine spéciale et sous la rubrique : « Fouilles du R.P. Delattre à Carthage », ainsi que cela a été fait, d’accord avec vous, à l'Exposition de 1900.
316Mais nous avons le temps de reparler de cette question, puisque l'Exposition n'ouvrira au plus tôt que pendant l'été 1906 ! Je tenais simplement à vous renouveler aujourd’hui par lettre les excuses que je m’étais empressé de vous adresser Dimanche par télégramme, aussitôt que j'ai appris la « gaffe » de Monsieur Sadoux !
317J'ai pu me risquer à Carthage hier à cause de la douceur de la température : mais j'ai été très fatigué au retour, et je ne suis toujours pas brillant !
318Veuillez agréer, mon Révérend Père, l'assurance de mon respectueux et bien cordial dévouement.
319P. Gauckler
————

Fig. 44. Rédaction de la lettre du Ministère de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts adressée à Gauckler, le 17 juillet 1905 (ANF F 17/17236).
P. GAUCKLER : « CHANTIERS D’UPPENNA ET DE SIDI ABICH DIRIGÉS PAR MM. ROBIN ET CŒYTAUX »
320Extrait du manuscrit « Rapport sur les travaux de la Mission archéologique française de Tunisie en 1904-1905 » (p. 16 à 19), ici pages suivantes : fig. 451 et 452 (dossier F17/2969 A. Archives Nationales de France).
321Deux autres basiliques byzantines non moins intéressantes que celle de Tabarka ont été déblayées cette année à peu de distance d'Enfidaville l'une à Uppenna (Henchir Chegarnia) par M. Robin, conducteur des Ponts et Chaussées, l'autre à Sidi-Habich, par M. Cœytaux, directeur de la Société franco-africaine.
322La basilique d'Uppenna semble avoir été construite au temps de Constantin, pour abriter les reliques de seize martyrs africains, jusqu'ici inconnus, dont une inscription en mosaïque énumère les noms, en indiquant le jour de leur passion et celui de leur déposition. L'édifice était entièrement pavé de belles mosaïques décoratives, de tradition toute païenne encore, où vinrent bientôt s'encastrer les dalles tumulaires de nombreux fidèles enterrés ad sanctos, notamment : de deux évêques d'Uppenna, un certain Valeriolus inconnu, et Honorius qui fut exilé en Sardaigne par ordre du roi vandale Hunéric ; de plusieurs prêtres, de catéchumènes du premier degré, audientes, d’un lector, d'une puella, d'un flamine perpétuel converti, au total une cinquantaine de tombes. Sous la domination byzantine, l'église fut complètement remaniée et sensiblement élargie. Le baptistère fut reculé vers l'extérieur, et une cuve circulaire avec absidioles remplaça l'ancien bassin rectangulaire. Enfin le niveau primitif de la nef fut exhaussé et pavé d'une nouvelle couche de mosaïque qui fit disparaître mais assura en même temps la conservation de toutes les œuvres d'art sous jacentes.
323Bientôt de nouvelles mosaïques tumulaires se superposèrent aux anciennes, et la comparaison entre ces deux séries d'époques différentes fournit de précieux jalons pour l'étude de l'évolution qu'a subie du Ve au VII siècle de notre ère la mosaïque romaine en Afrique. A noter surtout dans les motifs les plus récents l'apparition des cubes dorés qui caractérisent la mosaïque purement byzantine, et dont la présence n’avait encore été observée en Afrique que dans un pavement du couvent byzantin de Saint-Etienne découvert en 1902 par M. Gauckler à Carthage.
324La basilique de Sidi Habich, plus petite que celle d'Uppenna et selon toute apparence plus récente, n’a subi aucun remaniement de nature à altérer la pureté de son plan primitif. C'est une église à trois nefs avec autel central, abside réservée au siège de l'évêque, et au fond du chœur, un baptistère dont la cuve cruciforme se rapproche beaucoup de celle de la basilique voisine de l'Oued Ramel. Le sol est entièrement pavé d'une belle mosaïque décorative à médaillons où ont été insérées après coup nombre de mosaïques tumulaires, notamment celles d'un prêtre enterré au milieu de l'abside, d'un ermite, famulus Dei, eremita, et du premier primat qu'un texte épigraphique ait jusqu'ici fait connaître en Afrique : Paulus episcopus primae sedis Mauritaniae.
325L'intérêt historique et religieux qui s'attache aux découvertes d’Uppenna et de Sidi Habich a décidé l'archevêque de Carthage à s'entendre avec la Société franco-africaine pour construire à frais communs une église où seront déposées les reliques des seize martyrs, la dépouille mortelle des prêtres et des évêques, et qui abritera en outre la riche collection des mosaïques tumulaires des deux basiliques, enlevées et remontées dans les meilleures conditions possibles par l'atelier de mosaïstes du Bardo.
326En outre de la découverte d'une basilique chrétienne, les fouilles d'Uppenna ont eu un autre résultat plus pratique et d'une extrême importance pour l'avenir de cette région de TEnfida si fertile à l'époque romaine, et presque désertique aujourd'hui par suite du manque d'eau. L'on a retrouvé à trois mètres sous terre, une canalisation romaine de grandes dimensions qui devait avoir un débit aussi considérable que celui de l'aqueduc de Zaghouan à Carthage, et dont l'état de conservation est tel qu'elle pourra recommencer à fonctionner aussitôt le déblaiement achevé, et la nappe d'eau initiale retrouvée.

Fig. 451

Fig. 452
Fig. 451 et 452 . p. 16 à 19 du "Rapport sur les travaux de la Mission archéologique française de Tunisie en 1904-1905" concernant Uppenna et Sidi Abich. Double du manuscrit de Gauckler (ANF F 17/2969 A). Un trait en marge à droite et l'indication de la page - de l'écriture de Gauckler - indiquent le changement de feuille.
LETTRES DE P. MONCEAUX À P. GAUCKLER, A. MERLIN ET AL PÈRE DELATTRE
INTRODUCTION À LA PUBLICATION DES LETTRES DE MONCEAUX
327Les sept lettres conservées de Monceaux à Gauckler courent sur une période de trois mois et une semaine (30 décembre 1904-6 avril 1905). Elles constituent un tout, même celles qui n'ont pas directement trait à la basilique d'Uppenna (lettre du 21 janvier 1905 consacrée aux inscriptions de Tabarka) et éclairent le climat intellectuel de ce début d'année 1905 où les deux correspondants s'intéressent de si près à l'archéologie chrétienne.
328La lettre de Monceaux à Merlin du 29 mars 1907 nous apprend que Monceaux ne possédait pas encore de cliché de la grande mosaïque des martyrs. Il travaillait jusqu'alors et présentait ses communications au moyen de dessins, dont le texte de la lettre prouve le manque d'exactitude. Nul doute que l'on ne se trouve à une époque charnière où la photo se substitue systématiquement à une représentation manuelle.
329Paul Monceaux évoque, dans sa correspondance au Père Delattre, la basilique d'Uppenna en des termes très succincts, surtout durant la période Gauckler. Dans la lettre du 29 janvier 1905, P. Monceaux ne distingue pas les basiliques d'Uppenna et de Sidi Abich (localisation erronée de la sépulture du primat de Maurétanie). La lettre du 18 avril 1906 fait allusion à la parution des P.V. de la double Mission et aux découvertes de la première inscription des martyrs et de l'invocation de la contremarche.
330Enfin, on lira dans la correspondance du Père Delattre – cf. ci-après –, la retranscription d'un passage de la lettre qu'avait adressée Monceaux au Père Delattre, au début avril 1906, après lecture des P.V. d'une double Mission. Cette lettre n'est pas conservée dans les Archives des Missionnaires d'Afrique.
LETTRES DE P. MONCEAUX À P. GAUCKLER
331Lettre reproduite fig. 28.
332Paris 30 décembre 1904
333Mon cher Gauckler,
334J'ai communiqué aux Antiquaires votre belle inscription d'Uppenna, qu'on a beaucoup admirée, et qui a donné lieu à des discussions intéressantes, notamment sur l'orthographe. J’ai demandé qu'on reproduisît le fac-similé, que j'ai rectifié d'après la seconde lecture, en rétablissant les mots omis ; j'ai pu arranger cela proprement.
335Vous verrez par le Bulletin que je me suis à peu près rallié à votre explication. Dès que j'ai eu la certitude de la présence du passi die, j'ai dû me rendre à l'évidence : il s'agit sûrement de martyrs exécutés en même temps. Je crois donc désormais que le donatisme n'a rien à voir dans ce document. – La seule difficulté est dans la formule du début, qui est employée surtout au ive siècle. A ce propos, je vous soumets une nouvelle hypothèse : les deux premières lignes ne seraient-elles pas plus anciennes ? le idem Saturninus n'indiquerait-il pas un remaniement, et l'addition de nouvelles reliques, précisément les reliques de ce groupe de martyrs exécutés le même jour ? En ce cas, Saturninus presbiter serait plus ancien, et la formule du début n'aurait plus rien de surprenant. L'examen de la mosaïque vous permettra de trancher la question.
336Cordialement à vous, et bonne année.
337P. Monceaux
338- Si vous avez à me communiquer quelques documents sur les inscriptions métriques ou les inscriptions de martyrs, vous seriez bien aimable de ne pas tarder ; car je vais rédiger ces chapitres, dès que j'en aurai fini avec le tome III de mon Histoire ; ce qui arrivera bientôt.
————
339Paris 16 janvier 1905
340Mon cher Gauckler,
341Je vous remercie très vivement de me donner la primeur de toutes ces belles découvertes, qui m'intéressent au plus haut point, et qui intéressent aussi, par contrecoup, notre Société des Antiquaires. J'ai communiqué, la semaine dernière, l'épitaphe de l'évêque Honorius, qui paraît bien être l’Honorius de 484. Je compte communiquer dans deux jours l’épitaphe de l'évêque Paulus, qui est un document de premier ordre. J’en ai secoué ma grippe pour l’étudier. Je crois que l'étude directe de la mosaïque confirmera votre impression première, et que l'épitaphe date du temps de Justinien. La formule in vace requievit nous reporte au Ve ou au vie siècle. La croix grecque, en Afrique, ne semble pas antérieure au milieu du Ve siècle ; le monogramme constantinien, quand il est accompagné d’un symbole comme la croix, n'a plus guère de valeur chronologique. Reste le prime sedis provincie Mauretaniae. La Sitifienne ecclésiastique apparaît en 393 ; et il y a eu 2 Maurétanies religieuses jusqu'à l'arrivée des Byzantins. Le document serait donc antérieur à 393 ou postérieur à 533. Je crois que l'on doit écarter la première période : à cause des symboles et formules ; et aussi pour une raison historique, rien ne prouvant que la Césarienne ait eu un primat au IV‘ siècle (les documents du temps d'Augustin connaissent des provinces sans primat). L’épitaphe doit donc être postérieure à 533. Je me figure que notre Paulus est un évêque intronisé ou appuyé par les conquérants byzantins en pays maure, puis chassé avec eux.
342Encore une fois, merci, et cordialement à vous. Tâchons de guérir nos grippes respectives. C’est plus difficile à Paris, où nous avions cette nuit dix degrés de froid.
343Paul Monceaux
344- Vous parlez, dans un de vos derniers mémoires, d'une mosaïque tombale inédite de Carthage. Tâchez de la publier bientôt, dans l’intérêt de mon recueil.
————
345Paris 21 janvier 1905
346Mon cher Gauckler, Merci encore pour tous ces aimables envois. Vous êtes décidément dans une période bénie pour l'épigraphie chrétienne. les découvertes de Tabarka paraissent, elles aussi, fort intéressantes ; et vous aurez la matière d’un joli mémoire. Voici le renseignement demandé.
347Dans aucune inscription d'Afrique, je n’ai encore rencontré la formule Dei famula. - Les religieuses sont appelées : sanctimonialis (Satafis et divers textes littéraires) ; castimonialis (Theveste) ; ancilla Christi (Satafis, Tingis) ; puella sacra (Carthage) ou peut-être simplement puella (Trabraca, Girba) ; virgo sacra (Carthage), virgo Deo sacrata (Theveste), sacra virgo (Theveste), sacra Dei (Benian). - J'ai souvent pensé que servus Dei. à partir du ve siècle, désignait un moine ; cependant, je n'en ai pas la preuve formelle, et, en 324, dans la dédicace d’Orléansville, servum Dei paraît désigner l’évêque.
348En somme, je serais assez embarrassé, si j’avais à commenter vos inscriptions de Tabarka. Rien assurément ne prouve que Dei famula ou puella désigne une religieuse. Cependant ce n’est pas impossible. Remarquez, au no 3 :////dicata (peut-être [virgo] dicata) ; au no 2 : Victoria mater, Dei famula. Dès le temps d'Augustin, le mot mater désigne la supérieure d'un couvent. - Mais comment expliquer l’Ecclesia mater ? Je souhaite que de nouvelles découvertes viennent trancher toutes ces questions.
349En tout cas, ce groupe d’inscriptions est fort curieux, et va enrichir encore le formulaire épigraphique de Thabraca. J'aurai grand plaisir à lire votre mémoire là-dessus.
350Cordiale poignée de mains et bonne santé.
351Paul Monceaux
————
352Paris 26 janvier 1905
353Mon cher ami,
354J'ai reçu à l'improviste ma nomination de membre de la Commission de l’Afrique. Je sais à qui je dois cet honneur, et je vous suis très reconnaissant pour cette délicate attention. D’après ce qu'on m’a raconté, votre proposition a eu un succès instantané. M. de Saint Arroman l’a transmise au Comité, qui Ta approuvée à l'unanimité ; et la nomination a été signée le lendemain. Grâce à vous, je serai dorénavant plus près de la source des nouvelles africaines, et j’aurai le plaisir d'enregistrer régulièrement vos découvertes.
355Merci pour le renseignement que vous m’avez envoyé sur la mosaïque de Carthage. Je supposais qu’elle portait une inscription. Du moment qu'elle est anépigraphe, elle n'entre plus dans le cadre de mon recueil, qui est avant tout épigraphique.
356En revanche, si vous avez quelque document relatif à des inscriptions métriques chrétiennes ou à des martyrs, vous seriez bien aimable de me le communiquer prochainement. Je commencerai la rédaction définitive de ces deux chapitres, dès que j'en aurai fini avec le tome III de mon Histoire littéraire, c'est à dire dans trois semaines environ. Auriez-vous notamment une photographie des belles mosaïques de Carthage où figurent Stephanus et autres martyrs ?
357J'espère que la grippe va enfin vous rendre votre liberté. Je vous donne le bon exemple, car je suis à peu près guéri.
358Merci encore pour votre si amicale initiative, et cordiale poignée de mains.
359Paul Monceaux
————
360Paris 29 janvier 1905
361Mon cher Gauckler,
362Nos lettres se sont croisées une fois de plus. Comme vous l'avez vu, j’ai été avisé directement par le ministère de ma nomination au Comité. Et je vous renouvelle tous mes remerciements.
363Votre basilique d'Uppenna est décidément une mine inépuisable ; et vous aurez là les éléments d'une belle monographie. Si vous continuez, vous allez trouver toute la série des évêques. Baleriolus est, je crois, un inconnu ; d'après la forme du chrisme et des caractères, il doit dater aussi de l'époque vandale ou byzantine. Dans le pavement inférieur, vous allez peut-être rencontrer les tombes du ive siècle.
364Je vous suis très reconnaissant de me tenir ainsi au courant de vos découvertes, qui m'intéressent très vivement, et plus que personne. Il est certain qu'elles intéressaient beaucoup aussi la Société des Antiquaires. J’ai communiqué les deux premières inscriptions ; je m’apprêtais à présenter et à commenter l'épitaphe du primat, quand j'ai été arrêté par un petit incident. Nos confrères de l'Institut et du Comité ont paru trouver que ces communications successives faisaient double emploi avec celles du Comité, et en défloraient un peu la nouveauté. Je ne suis pas de cet avis, d'autant mieux que nous ne nous adressions pas au même public. Pourtant, je n'ai pas voulu passer outre, et je ne sais trop que faire. Tout cela, naturellement, soit dit entre nous. Pour vos communications aux Antiquaires, mieux vaudrait peut-être que vous rédigiez vous-même la notice ; et je me contenterais d'en donner lecture. Il vous serait facile ainsi d'éviter ce double emploi, si redouté en haut lieu.
365J'espère que vous êtes enfin délivré de votre grippe, et que vous allez bientôt pouvoir vous remettre en campagne. Je vous envoie, avec mes remerciements, tous mes souhaits de bonne santé et de belles trouvailles.
366Cordialement à vous
367P. Monceaux
————
368Paris 25 février 1905
369Mon cher ami,
370Vous avez juré de me combler d'honneurs. Je viens à peine de faire mes débuts au Comité, et voilà que vous m'annoncez une cravate de commandeur ! Je vous remercie infiniment pour toutes ces preuves d’amitié, et aussi pour votre lettre si affectueuse, où vous évoquez nos vieux souvenirs d'Alger. La suite de la carrière n'a peut-être pas répondu tout à fait aux promesses de ce temps-là ; mais c'est presque le lot commun dans l'Université, où l'on sait d’ailleurs s'armer de philosophie et faire bon visage à la fortune. Je suis d’autant plus reconnaissant à ceux qui, comme vous, ne jugent pas les gens d'après le nombre des galons. A ce titre, cette cravate de commandeur, dont s'effraie un peu mon cou, me sera particulièrement chère ; et je vais me mettre en règle avec la chancellerie. Je ne pourrai regarder ce s insignes sans penser à vous.
371J'espère que le soleil de Carthage va enfin rétablir votre santé. Mais ne vous surmenez pas trop dans vos prochaines campagnes. Vous avez remporté tant de victoires archéologiques, que vous avez le droit de vous accorder un peu de repos. Si vous ne réussissez pas à vous reposer tout à fait, travaillez quelque temps à huis clos, et donnez-nous le volume sur les basiliques.
372Pour mon compte, je suis depuis longtemps délivré de ma grippe, en dépit des brumes d’un hiver maussade. J'ai terminé le tome III de mon Histoire, dont j’ai remis le manuscrit au Comité. J'espère que vous verrez le volume vers la fin de l'année. Je vais m'occuper maintenant de publier deux ou trois séries d’inscriptions ; puis je m'attaquerai au donatisme, dont je vais chercher à reconstituer la littérature. Vous voyez que je n'aurai pas le temps de m'ennuyer.
373Avec mes affectueux remerciements, agréez, mon cher Gauckler, mon cordial souvenir et mes vœux de bonne santé.
374Paul Monceaux
375- En même temps que votre lettre m'est arrivé un nouveau garçon. Il s'appellera Paul, comme vous et moi.
————
376Lettre reproduite fig. 35.
377Paris 6 avril 1905
378Mon cher Gauckler,
379On m'a chargé au Comité de faire un rapport sur les intéressantes séries d’inscriptions d'Uppenna que vous avez récemment envoyées. En attendant l'étude complète que vous nous donnerez un jour sur cette basilique, je voudrais résumer les premiers résultats des fouilles, rappeler les précieux documents déjà publiés, etc. Les inscriptions paraîtraient d'autant plus intéressantes, qu’elles seraient replacées dans leur cadre archéologique. Si vous n'avez pas d’objection à ce projet, vous seriez bien aimable de m'envoyer une Note, prête pour l'impression, que je reproduirais sous votre nom en tête de mon rapport. Si vous n'avez pas le temps de rédiger complètement cette Note, tâchez de m'envoyer au moins les renseignements indispensables : circonstances des fouilles, plan de la basilique, date approximative de l'édifice ; caractères, description sommaire et place des mosaïques. Si vous aviez déjà fait relever le plan de la basilique, on pourrait le reproduire dans le Rapport.
380Il va sans dire que j'annule moi-même ma requête, si vous avez l'intention de publier prochainement votre étude sur Uppenna et sa basilique. Mais vous êtes tiraillé en tout sens par tant d’occupations, de fouilles et de travaux divers, que la basilique d'Uppenna pourrait attendre longtemps son tour. Or, ces découvertes forment un ensemble si intéressant, qu'il serait regrettable de ne pas en donner dès maintenant un aperçu provisoire.
381En tout cas, je dois déposer mon rapport à la séance de mai. Tâchez donc de m’envoyer la Note ou les renseignements en question avant la fin d'avril. Si, par hasard, vous aviez reçu de nouvelles inscriptions d'Uppenna, vous pourriez me les envoyer directement ; je les joindrais aux précédentes, et l'ensemble en serait encore plus imposant.
382Je regrette de ne pouvoir vous rejoindre au Congrès d'Alger. Cette petite excursion va vous procurer un repos relatif. Je vous souhaite donc bon voyage, et bonne santé. – Cordialement à vous,
383P. Monceaux
384- J'ai adressé, il y a cinq semaines, à la Chancellerie du Nichan les pièces demandées. Depuis, je n’ai entendu parler de rien. Je souhaite que le dossier ne se soit pas égaré.
385- Auriez-vous par hasard une photographie de votre mosaïque des martyrs de Carthage ? Tout en corrigeant les épreuves du tome III de mon Histoire littéraire, je prépare pour la Revue archéologique le recueil des inscriptions de martyrs, et aussi les inscriptions métriques.
LETTRE DE P. MONCEAUX À A. MERLIN
386Paris 29 mars 1907
387Mon cher Merlin,
388Je vous remercie vivement pour votre aimable envoi. Les photographies sont superbes, et elles me seront fort utiles. Celle des martyrs permet de rectifier sur deux points le texte publié :
3891. 2 : Presbiter, au lieu de presbyter
3901.7 : agustas, au lieu de augustas.
391Si vous avez l'occasion de faire photographier d'autres monuments chrétiens, notamment la mosaïque tumulaire du primat de Maurétanie, trouvée à Sidi-Habich, je serais heureux d’en avoir une épreuve. Vous vous rappelez, d'ailleurs, que, pour ne pas grever votre budget, je dois vous rembourser les frais de tirage.
392J’ai appris avec plaisir les belles découvertes de Bulla Regia. Je ne doute pas que votre prochaine campagne soit fructueuse, comme à l’ordinaire. Nous venons d’apprendre• que le P. Delattre avait découvert à Carthage un véritable document historique, relatif à sainte Perpétue et à ses compagnons.
393Avec mes remerciements et bien cordialement à vous.
394P. Monceaux
395J'attends votre retour pour vous offrir la suite de mon Enquête épigraphique. J’espère avoir reçu alors le tirage à part du gros mémoire sur les inscriptions de Martyrs et reliques.
EXTRAITS DE LETTRES DE P. MONCEAUX AU PÈRE DELATTRE
396Paris 15 janvier 1905
397… Je suis au courant des découvertes récentes d'Uppenna, que j’ai même signalées aux Antiquaires. En revanche, je regrette qu'on ne nous donne pas des renseignements plus précis sur les Catacombes de Sousse. C'est là une grosse découverte. Je connais seulement deux inscriptions provenant de ces Catacombes : les deux inscriptions qui ont été reproduites dans les C.R. de l'Acad. des Inscriptions en 1903. Il est à souhaiter que vous passiez un jour par là...
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398Paris 29 janvier 1905
399... J’ai reçu des nouvelles des fouilles d'Uppenna. Outre la grande inscription des martyrs et diverses épitaphes, on y a découvert depuis un mois, trois mosaïques tombales d’évêques ; l'un d'eux était un primat de Maurétanie, episcopus prime sedis provincie Maurétanie*. C'est là un texte fort important pour l'histoire de l’organisation ecclésiastique...
400[* Monceaux reproduit l'orthographe de l'épitaphe]
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401Paris 18 avril 1906
402.. Le recueil des inscriptions des martyrs est terminé depuis quelques semaines, et je dois le présenter prochainement à l'Institut en raison de son importance particulière. Mais j'y joindrai, en supplément, le document de Rouis, avec vos deux dernières inscriptions d'Uppenna, et une autre inscription d'Algérie, encore inédite, où figure un saint Donatianus. En tout, environ 120 documents, dont beaucoup de grande importance. Ce sera une nouvelle contribution à l'histoire du Martyrologe africain, seulement, je soupçonne un certain nombre de ces soi-disant saints, d'être des martyrs donatistes...
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ÉCRITS DU PÈRE DELATTRE
INTRODUCTION AUX ÉCRITS DU PÈRE DELATTRE
403Les dix-sept écrits du Père Delattre, que j'ai rassemblés, n'ont pas l'unité des lettres de Robin ou Monceaux à Gauckler.
404Quatre proviennent des Archives de l'INP : deux lettres adressées à Gauckler, deux à Merlin.
405Sept sont conservés à la Prélature : six sur sept ont été rédigés pour le chanoine Pavard au moment où la Commission ecclésiastique éprouvait des difficultés à mettre la dernière main au texte définitif des P.V. d'une double Mission (cf. ch. IV : « La Commission ecclésiastique et la recherche des reliques »).
406Six sont conservés aux Archives des Missionnaires d'Afrique à Rome. Ce sont, pour l'année 1905, les deux lettres au Père de Catteville, un de ses anciens amis du Grand séminaire de Rouen, composées après les venues du Père Delattre à Uppenna en février et juin-juillet 1905, et – hors correspondance – la note d'invocations et de résolutions, rédigée au terme de sa retraite spirituelle de septembre 1905, dans laquelle il est fait référence à la double Mission à Uppenna. Pour 1906-1907, nous disposons de trois lettres adressées à l'abbé Leynaud les 5 janvier 1906, 28 juin 1906 et 29 janvier 1907. Ces trois lettres ont été rassemblées dans le dossier de la correspondance Delattre-Leynaud tapée à la machine, peut-être par Mgr Labbe. Je ne reproduis ici, de ces six lettres ou notes composites, que les paragraphes concernant Uppenna (à noter que dans sa correspondance, le Père Delattre orthographie Uppenna ou Upenna).
407Malgré leur diversité, ces documents méritaient d'être présentés ensemble. Les lettres ou petits mots sur des cartons ont été composés très rapidement, les indications qu'ils donnent n'en sont pas moins précises. La note hors correspondance, d'une tonalité bien différente de celle des autres écrits, est très suggestive de l'état d'esprit de ce religieux, l'année des fouilles de la basilique.
408Nos remarques liminaires concernent quatre lettres :
- celle du 16 février 1906 au chanoine Pavard comporte au crayon de grands X qui barrent la plupart des paragraphes. Le chanoine Pavard éliminait ainsi les passages au fur et à mesure qu'il en reportait la teneur dans la version définitive des P.V. La dernière partie de cette lettre est composée d'une feuille à part, le Père Delattre se met à la place du chanoine Pavard et dicte trois notes !
- la carte du 10 avril 1906, adressée au chanoine Pavard, contient principalement la retranscription d'un passage de la lettre que Monceaux lui a adressée après la lecture des p.v.
- A. Merlin a adressé, le 12 juin 1906, deux lettres au Père Delattre (se reporter aux textes dans la Correspondance de A. Merlin). La lettre du Père Delattre, datée du 13 juin 1906, constitue une réponse à la première lettre.
- l'allusion à Cagnat dans la lettre à Merlin du 13 juillet 1906 s'explique par le fait que René Cagnat était le beau-père d'Alfred Merlin.
LETTRES DU PÈRE DELATTRE
409Lettre adressée à P. Gauckler. fig. 29 :
410St-Louis de Carthage, le 2 janvier 1905
411Monsieur le Directeur,
412Je m'empresse de vous remercier de vos excellents souhaits et de l'autorisation de fouiller que vous m'avez adressés. Merci également pour la peine que vous avez prise de relever la copie de l’intéressante liste de martyrs. C'est une bien précieuse découverte. Je suis de votre avis, cette mosaïque avec la croix latine ne peut appartenir au ive siècle. Le vie siècle lui convient parfaitement et l’épitaphe de l'évêque Honorius semble bien confirmer ce sentiment. Elle paraît aussi devoir écarter l'origine donatiste du monument. J assisterai volontiers à la levée de la mosaïque et à l'ouverture des tombes et je vous remercie bien sincèrement de l'offre que vous me faites. Je crois d'ailleurs que Mgr l’Archevêque désire lui-même se faire représenter et a déjà songé à me désigner pour cette mission. Votre aimable invitation ne pourra que le confirmer dans ses intentions et je m'en réjouis grandement. Il sera intéressant de relever minutieusement toutes les circonstances et les détails de la recherche et de la reconnaissance des reliques qui doivent exister sous cette importante mosaïque. Dès que les mosaïques de Tabarka seront montées, je me ferai un devoir d'aller les voir.
413Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, avec l'expression renouvelée de mes vœux et de mes remerciements, l'assurance de mes sentiments de respectueux attachement.
414A.-L. Delattre
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415Lettre adressée à P. Gauckler :
416St-Louis de Carthage, le 16 février 1905
417Monsieur le Directeur,
418Je vous remercie de l'information que vous me donnez au sujet de la visite d’Upenna. Je me tiendrai prêt. Il est vraiment fâcheux que le mauvais état de votre santé ne vous permette pas de voyager par cette température glaciale. La note de la « Dépêche tunisienne » mentionnant votre promenade à Carthage et les appréciations flatteuses de M. Vallé sur vos découvertes, ne manque pas de piquant. Et dire que les journalistes ont la prétention de documenter le public. C'est ainsi qu'ils font parfois de la science et ils se gardent bien de rétracter leurs assertions fautives. Ils manquent à la vérité et cela ne paraît pas les inquiéter. Il n'y a vraiment de réelle science que celle qui est faite avec conscience. Aussi je me défie des articles de journaux qui trop souvent ne donnent la note exacte ni des choses ni des faits.
419Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, avec mes souhaits de prompt rétablissement, l'expression de mes sentiments de très respectueux attachement.
420A.-L. Delattre
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421Extrait de lettre adressée à l'abbé de Catteville :
422St-Louis de Carthage, le 24 février 1905
423Bien cher ami,
424... Dimanche, j’étais à 100 kilomètres de Carthage. J'étais allé visiter la tombe de 16 martyrs que l'on vient de découvrir dans les ruines d’une basilique tout entière pavée de mosaïques funéraires. Il y a là des tombes d'évêques, de prêtres, d’un lecteur, etc. Je dois y retourner pour assister à l'ouverture des tombes. J’étais sur la route de Sousse et j'ai profité de ce voyage pour aller visiter les catacombes d Hadrumète qui sont aussi fort intéressantes. Il y a là comme curé un prêtre très zélé avec lequel je suis très lié. Nous avons été autrefois ensemble près du cardinal Lavigerie : si vous veniez en Tunisie, je vous montrerais toutes ces merveilles, gens et choses...
425A.-L. Delattre
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426Lettre adressée à Mgr Pavy ou à Mgr Tournier :
427St-Louis de Carthage, le 11 juin 1905
428Monseigneur,
429Après avoir vu hier Mgr l'Archevêque et m'être entretenu avec Sa Grandeur de ses intentions au sujet d'Upenna, j’ai rencontré M. Sadoux. Il nous conseille de nous rendre à Enfidaville mercredi dans l'après-midi de façon à pouvoir consacrer la journée de jeudi à l'ouverture et à l'examen des tombes. J'en ai informé aujourd'hui même M. Raoul et M. Pavard.
430J'écris de suite à M. le Curé d'Enfidaville pour le prier de retenir des chambres à l'hôtel. Mgr l'Archevêque m'avait dit hier que nos dépenses seraient à la charge du diocèse. Tout semble s'annoncer pour le mieux. Puissions-nous contribuer à faire glorifier Dieu dans ses martyrs !
431Veuillez agréer, Monseigneur, l'hommage de mes sentiments de profond respect et de religieux attachement.
432A.-L. Delattre
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Extrait de lettre adressée à l'abbé de Catteville :
St-Louis de Carthage, le 31 juillet 1905
Bien cher ami,
... Je vous disais ces choses et d'autres encore, mais pour avoir été trop bavard, je ne pus achever ma lettre et j'étais à la veille d'un départ. Je devais aller assister à 100 kilomètres de Tunis à l'enlèvement d'une mosaïque mentionnant 16 martyrs. Elle recouvrait peut-être les reliques, et Mgr l'Archevêque avait nommé une commission dont j'avais l'honneur de faire partie. Nous ne découvrîmes pas de reliques certaines, mais une seconde mosaïque mentionnant les mêmes martyrs. Un rapport fut rédigé sur cette opération et sur l'ouverture de deux sépultures d'évêques ayant vécu au ve siècle. Mgr l'Archevêque nous confia une seconde mission et cette fois on trouva une 3e inscription se rapportant encore aux martyrs...
433A.-L. Delattre
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434Extrait de lettre adressée au chanoine Leynaud :
435St-Louis de Carthage, le 5 janvier 1906
436Bien cher ami,
437... Je crois que le double rapport de la Mission ecclésiastique d'archéologie chrétienne à Upenna ne tardera pas à paraître...
438A.-L. Delattre
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439Carte adressée au chanoine Pavard :
440St-Louis de Carthage, 22/1/06
441Cher Monsieur le Chanoine,
442Je suis allé hier voir M. Marcille pour lui donner lecture de sa note. Il a demandé de faire la correction que j'ai indiquée au crayon. Ce matin, on me remet un mot de lui, que je m'empresse de vous envoyer. Il vous sera facile de faire la double correction qu'il demande encore. J'espère que les notes ajoutées et les corrections ont votre agrément. Si vous aviez des raisons de ne pas les accepter, je vous serais reconnaissant de me les faire connaître. J'ai pensé qu’il était bon d'accompagner le nom de M. Raoul de son titre de vicaire général. Quant à mon nom, vous ne trouverez pas mauvais, j'espère, qu'il soit la reproduction de ma signature si j’avais signé les procès-verbaux de ma plume. Bien affectueusement à vous en N. S.
443A.-L. Delattre
444L'abbé Leynaud m'écrit qu'il vient de trouver l'épitaphe suivante : T.E.D.Q.V.I.
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445Carte adressée au chanoine Pavard :
446St-Louis de Carthage, 3 février 1906
447Cher Monsieur le Chanoine,
448J'ai lu ce matin la nouvelle que vous me communiquez. Cette découverte est assurément très intéressante. Il y aurait un travail à faire sur tous les points que traverse la voie ferrée entre Tunis et Constantine, et qui sont riches en souvenirs chrétiens. Cela aiderait les personnes pieuses qui se rendent d'une ville à l'autre à sanctifier leur voyage et à leur apprendre les noms d'un grand nombre d'églises et surtout ceux d'un plus grand nombre de saints. Voilà une étude qui devrait vous tenter lorsque nos procès-verbaux d’Uppenna auront paru. Ce serait une œuvre d’édification.
449Vous avez appris (et je sais que vous avez envoyé vos condoléances) la triste mort de deux de nos confrères, les Pères Vellard et Comtes. Un télégramme arrivé cet après-midi nous informe que malgré les actives recherches du bureau arabe de Biskra les corps n'ont pas encore été retrouvés. Vous connaissiez bien, je crois, le P. Vellard. Je n’ai pas besoin de recommander leurs âmes à vos prières. Tout à vous de cœur en N.S.
450A.-L. Delattre
451Quand M. l'abbé Raoul nous réunira-t-il pour en finir avec le texte de nos procès-verbaux ?
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452Carte adressée au chanoine Pavard :
453St-Louis de Carthage, 14 février 1906
454Cher Monsieur le Chanoine,
455Un malentendu m'a empêché de me trouver hier à la réunion projetée par l'abbé Raoul. J'avais lu dans sa lettre : train de 2 heures au lieu de train de 9 heures. Je suis allé frapper hier deux fois à votre porte sans avoir la bonne fortune de vous trouver. Il est entendu avec l'abbé Raoul que nous nous réunirons demain (jeudi) dans la matinée. Cette fois j'arriverai par le train de 9 heures. Puissions-nous en finir une bonne fois avec nos rapports. Il faudra, je crois, ou supprimer complètement les notes de Mgr Toulotte ou les faire précéder de quelques lignes résumant l'idée de l'abbé Raoul. Si nous nous égarons dans les hypothèses, nous n’en sortirons pas. Je vous dis ces choses afin que vous sachiez ma manière de voir et que vous puissiez y réfléchir pour terminer demain cette rédaction. – L'abbé Raoul m'a dit que les clichés faisaient le meilleur effet.
456Respectueux et affectueux sentiments
457A.-L. Delattre
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458Lettre adressée au chanoine Pavard :
459St-Louis de Carthage, le 16 février 1906
460Cher Monsieur le Chanoine,
461Je vous ai parlé hier d'un saint de Palerme dont le nom est encore une variante de Quodvultdeus. C’est saint Golbodaeus dont l'Eglise de Palerme célèbre la fête le 9 décembre avec ses deux compagnons Eustotius et Proculus. (cf. Officia propria sanctorum civium et vatronorum urbis Panormi 1888, p. 52). La légende dit d'eux : saeculo tertio in lucem editi. Certainement au iiie siècle on devait appeler ce saint Quodvultdeus et non Golbodaeus. – A ce propos, je dois vous dire que Quobulus n'a pas été trouvé à Carthage, mais que c'est un nom que j'ai relevé dans la liste des évêques d'Afrique (Morcelli). Il ne faudra donc pas mettre trouvé à Carthage.
462Voici encore quelques renseignements dont il serait bon de tenir compte s'il en est temps encore, au moins par une courte mention.
463Voici le nom d'un 17e saint d'Uppenna : Julianus. Il y a une vingtaine d'années, M. Mangiavacchi communiquait à M. de La Blanchère « l'estampage d'un fragment d’une tombe chrétienne trouvée à Henchir-Chigarnia (Uppenna) ».
464Le Père Delattre reproduit la transcription de l'inscription rapportée par Cagnat dans le BAC 1889 – se reporter aux P.V. d'une double Mission, p. 9 (ici p. 272).
465Pour moi la 3e ligne doit se compléter ainsi : Hic sunt reliquiae... Le nom de Julien est certain. La disposition de l'inscription avec la croix latine qui coupe les lignes est à rapprocher de la grande inscription en mosaïque.
466Au sujet de Paulus et de son titre de Primat, voici encore un document à utiliser. M. Paul Monceaux dans le IIIe tome de l'Histoire littéraire de l'Afrique chrétienne, arrivé hier ici, dit :
467« Augustin est le premier qui nous parle des Primats de Césarienne (Epist. 59,1) ; il donne à l'évêque de Césarée le titre de Metropolitanus (De gestis cum Emerito, 1). Il y avait peut-être encore là une anomalie ; les conciles de la fin du ive siècle semblent distinguer entre les provinces qui avaient un premier siège et celles qui n'en avaient pas. »
468Il ajoute en note à propos de l'épitaphe de Paulus : « L'inscription ne distingue pas entre les Maurétanies ; elle appartient probablement à une époque où une seule province ecclésiastique portait ce nom. Elle date sans doute de la période byzantine, pendant laquelle les documents ne mentionnent qu'une seule Maurétanie. Cette conclusion s'accorde avec les caractères de la mosaïque, des symboles et des formules de l'épitaphe. » (p. 88)
469Pour la conclusion finale, je ne me souviens plus si j'ai écrit les seize martyrs. Il vaut mieux effacer le nombre et parler seulement des martyrs. P. Monceaux est aussi d'avis que Petrus et Paulus sont les noms des apôtres. Dans ce cas, il convient d'être prudent. Qu'en pensez-vous ?
470Le Dr Nicolle a trouvé des fibres végétales provenant assurément d'un tissu, aussi bien dans le contenu du coffret que dans celui de l'amphore. Mais il a trouvé dans le contenu de l'amphore une matière qui n'existe pas dans celui du coffret. Il se réserve de l'analyser.
471Les renseignements que je vous donne pourront peut-être encore être utilisés en deux ou trois lignes en tout, pour compléter les détails mis en note. Je voudrais aller vous dire tout cela de vive voix, mais je ne puis aller à Tunis aujourd'hui. Il me semble important de mentionner Julianus, la ressemblance dans la disposition de l'inscription avec la croix latine et le titre de Metropolitanus donné à l'évêque de Césarée.
472Tout à vous de cœur en N. S.
473A.-L. Delattre
4741re note. On connaissait déjà le nom d'un saint d'Uppenna ; Julianus.
4752e note. L'inscription brisée mentionnant Julianus est disposée comme dans la grande mosaïque à droite et à gauche d'une croix latine.
4763e note. (Après l'opinion de Dom Leclerc, ajouter :) M. Paul Monceaux signale cependant un texte de s. Augustin dans lequel le titre de Metropolitanus est donné à l'évêque de Césarée.
477(Si j'avais sous la main les épreuves je mettrais ces quelques additions directement à la place. Vous trouverez d'ailleurs facilement où il convient de le faire, si vous les adoptez).
478A.-L. Delattre
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479Carte adressée au chanoine Pavard. fig. 36 :
48027/3/06
+
481Analyse de la substance brune mêlée à la poussière grisâtre que renfermait l'amphore.
482« L'analyse chimique des fragments de substance brune n'a donné qu'une seule indication utile : la présence de chrome, sans doute a rapport avec la présence d'une matière colorante (encre ?) ».
483Tel est le résultat obtenu à l'Institut Pasteur. J’ai pensé que vous seriez bien aise de le connaître pour le conserver dans les archives concernant notre Mission.
484Votre bien dévoué
485A.-L. Delattre
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486Carte postale adressée au chanoine Pavard - timbre de la poste : 10 avril 1906 :
487Extrait d'une lettre de M. Paul Monceaux au R.P. Delattre
488« Vos procès-verbaux d'Uppenna m'ont beaucoup intéressé. D'abord, c'est un modèle de critique précise et prudente. Ensuite, j'y ai trouvé beaucoup de renseignements précieux, dont j'ai fait mon profit ; je venais justement de terminer le recueil des inscriptions de martyrs ; j'y joins un résumé de votre Enquête, avec le texte des deux inscriptions nouvelles. Sur la question des reliques, je suis absolument de votre avis ; pour le moment, il est prudent « de s'abstenir de toute induction hasardée ». Quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces découvertes présente le plus grand intérêt. »
489J'ai écrit à l'auteur de ces lignes de ne pas trop se presser de donner le bon à tirer du recueil d’inscriptions dont il parle, parce que, sans être prophète, je pouvais lui dire qu'il apprendrait bientôt la nouvelle d’une intéressante inscription de martyrs trouvée en Algérie. Et sur ce, Saintes fêtes de Pâques.
490A.-L. Delattre
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491Lettre adressée à A. Merlin :
492St-Louis de Carthage, le 13 juin 1906
493Monsieur le Directeur,
494Je vous remercie de m'avoir écrit au sujet des mosaïques d'Uppenna. Je vais communiquer à Mgr l'Archevêque votre lettre et celles que vous avez adressées à M. Cœytaux. Seulement je suis bien pris aujourd'hui et demain par une cérémonie de première communion. Peut-être ne pourrai-je voir Mgr l'Archevêque que vendredi. En tout cas je souhaite que le Service des Antiquités soit bien d'accord avec l’Archevêché et l'Administration de l’Enfida, pour cette question des mosaïques qu’il est urgent de faire lever le plus tôt possible. Je crois qu’il n'y aura pas de difficulté. Dès que j'aurais vu Monseigneur, je vous ferai part de sa réponse.
495Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de mes sentiments de très respectueux attachement.
496A.-L. Delattre
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497Extrait de lettre adressée à l'abbé Leynaud :
498St-Louis de Carthage, le 28 juin 1906
499Bien cher ami,
500... La semaine prochaine, je serai sans doute avec l'abbé Pavard à Upenna, pour la levée des mosaïques. Si je puis pousser jusqu'à Sousse, je le ferai avec joie...
501A.-L. Delattre
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502Lettre adressée à A. Merlin :
503St-Louis de Carthage, le 13 juillet 1906
504Cher Monsieur,
505C'est avec joie que j'ai appris votre succès. L'heureuse nouvelle n'a fait que confirmer les prévisions. Il n’y avait pas de doute à avoir. Mais cela est fait et vos nombreux amis se réjouissent de votre titre de Docteur-ès-Lettres que vous avez si bien mérité. Agréez donc nos bien sincères félicitations.
506Je suis allé cette quinzaine avec l'abbé Pavard à Uppenna. Il y faisait une chaleur qui nous a fatigués. La mosaïque en avant du baptistère a été levée. Il y avait au-dessous à quelques centimètres de profondeur deux dalles funéraires en mosaïque, l'une et l'autre incomplète, car elles étaient coupées par le mur de la salle. En voici la copie :
507SECVNDIANVS
508eTRESTVTACOMPA
509///EIVSINPACE P
510Haut. des lettres, 0 m 13
511IRENEP uella ?
512INPAce
513Haut, des lettres, 0 m 08 à la 1re ligne, 0 m 09 à la seconde.
514On a ouvert devant nous la tombe du prêtre Emeritus, celle du diacre Crescentius et celle de Julius Honorius FL M PP. Ces sépultures ne renfermaient que des restes de squelettes en mauvais état de conservation avec quelques traces d'étoffe.
515On trouvera assurément d'autres mosaïques, au fur et à mesure que le brave Fino avancera son travail.
516Veuillez agréer, cher Monsieur, avec l'expression renouvelée de mes félicitations, l'assurance de mes sentiments de très respectueux et sincère attachement.
517A.-L. Delattre
518Nous avons eu l'occasion de corriger les copies données précédemment de plusieurs épitaphes. D'ailleurs, comme toutes les mosaïques vont être levées et conservées, il sera facile d'avoir des copies exactes. Mes hommages, je vous prie, à M. Cagnat et mes meilleurs souvenirs autour de vous.
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519Extrait de lettre adressée à l'abbé Leynaud :
520St-Louis de Carthage, le 29 janvier 1907
521Bien cher ami,
522Je rentre à l’instant d'Enfidaville et je vous envoie la lettre ci-jointe qui vous permettra de pouvoir m'apporter les deux pièces du Musée de Sousse que je désire faire paraître d’abord dans un article, puis dans mon travail d'ensemble sur le culte de la Ste Vierge en Afrique dont les dessins sont déjà à la gravure. J'espère que vous m'apporterez les deux pièces en question.
523Mgr Tournier, l'abbé Raoul, Mr Merlin, Mr Peters et votre serviteur étaient hier à Enfidaville pour arrêter le placement des mosaïques dans la nouvelle église.
524A.-L. Delattre
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HORS CORRESPONDANCE
525Extrait des résolutions du Père Delattre,
au terme de sa retraite spirituelle du 16 septembre 1905.
526St-Louis de Carthage, le 16 septembre 1905
527Deo gratias ! C'est par cette acclamation que saint Cyprien accueillait la sentence de mort prononcée contre lui et c'est aussi par ce cri de reconnaissance que je termine cette retraite en la fête du glorieux évêque-martyr de Carthage.
528…
529Deo gratias ! pour le pèlerinage à Rome, à l'occasion des fêtes du cinquantenaire de la proclamation du dogme de l'immaculée Conception, pour ma participation aux travaux du Congrès marial, pour l'audience de Pie X, pour l’assistance à la cérémonie de canonisation des saints Alexandre et Gérard Majella, pour mes visites aux Sanctuaires de Rome, de Naples et de Sicile (centenaire du martyre de sainte Lucie), pour mon voyage à la Maison Mère et mon pèlerinage à Notre-Dame d'Afrique, pour ma double mission à la basilique des martyrs d'Upenna, pour mon étude sur le culte de Marie à Carthage et en Afrique, étude à laquelle j'ai continué de travailler toute l'année et que je compte poursuivre ; enfin, pour avoir échappé jusqu'à ce jour à la persécution menaçante.
530Si nous ne sommes pas inquiétés pour la propriété et la conservation de nos collections, je fais la promesse de célébrer dix messes d'actions de grâces à l’autel de la Sainte Vierge, si je suis encore à Carthage et de faire placer au dit autel dans la Primatiale un grand ex-voto qui pourra être conçu en ces termes :
† A MARIE IMMACULÉE NOTRE DAME DE CARTHAGE TÉMOIGNAGE D'AMOUR et de vive RECONNAISSANCE
† AMOUR ET ACTION DE GRÂCES A MARIE IMMACULÉE REINE DE L'AFRIQUE pour sa constante protection t SCT MARIA ADIUVA NOS † 1875

Fig. 46. Demande pressante de l'abbé Emmanuelli adressée le 2 décembre 1906 au Père Delattre, au verso d'une carte postale de la société Lumière à Lyon, représentant la grande mosaïque des martyrs d'Uppenna, dressée verticalement.
ARTICLE DE « L’AVENIR DE CENTRE » DE 5 FÉVRIER 1905
CHOSES DU CENTRE
531A l'Enfida – L'ancienne Upenna – Découvertes archéologiques passionnantes – Une protestation – Les Beaux-Arts et le Centre – Rendons à César ce qui est à César.
532La Tunisie, on le sait, reste la terre classique des souvenirs romains et byzantins dispersés en de nombreuses ruines, rencontrées à chaque pas ; et le Centre – aujourd'hui endormi en un sommeil léthargique administrativement entretenu – reste la contrée la plus riche, la plus peuplée de ces vestiges qui témoignent de l’antique prospérité du sol, de son activité et racontent l’histoire d'un glorieux passé.
533Comment, en effet, ne pas rester rêveur devant la masse imposante de l'amphithéâtre d'El-Djem découpant dans l'azur du ciel sa silhouette, puissante encore, d’arcades et de gradins au milieu des gourbis arabes d'aujourd'hui qui, écrasés, paraissent plus petits encore et ressemblent à des habitations de pygmées ? Comment ne pas être pris d'un saisissement profond, en même temps que d'une tristesse poignante en foulant le sol de Sbeitla où dorment dans le silence des siècles plus de dix-sept villes, autrefois intensément peuplées, aujourd'hui mornes et désertes ? Comment ne pas faire revivre les temps anciens en parcourant ces vastes catacombes qui forcent l’admiration et dont les loculi muets restent comme la preuve de la vitalité perdue de l’ancienne Hadrumète ? Comment aussi ne pas rester frappé d'étonnement en parcourant ce vaste domaine de l'Enfida où sont répandues, sur toutes les parties de la propriété, les ruines de villes, de forteresses, de ponts, de barrages, de villas, de tombeaux, qui attestent combien sont véridiques les assertions des historiens romains qui comptaient une trentaine de villes d'Hadrumète à Carthage « toutes peuplées pour le moins de dix mille habitants ».
534Où sont les fastes d'antan.
535Et, de tout ce que nous connaissons, le dernier mot n'est pas dit. Chaque jour amène une découverte nouvelle, et la résurrection archéologique de cette contrée si riche se poursuit presque providentiellement, pourrions-nous dire, apportant toutes au monde savant des surprises inattendues.
536Les ruines nous reprochent notre indolence et clament encore la grandeur de l'époque romaine que nous ne ferons jamais revivre... nous sommes trop civilisés.
537C’est ainsi que le sol de l'Enfida vient encore de révéler un de ses secrets.
538En poursuivant ses fouilles dans l'antique Upenna, ville importante jadis sur laquelle ne s'élève plus aujourd'hui que l'enchir Chegarnia, à l'ouest de la route de Sousse à Tunis et à 6 kilomètres nord-ouest du centre d'Enfidaville et où déjà d'intéressantes découvertes avaient été signalées, M. Robin vient de mettre à jour le pavement d'une ancienne basilique remontant à l'époque byzantine, ainsi que diverses mosaïques.
539L’une d’elles, située à deux mètres de profondeur, était recouverte d’une autre mosaïque plus grossière ; puis d'autres sondages firent trouver, tout à côté, aux abords immédiats d'un baptistère identifié par M. Sadoux, deux autres couches superposées de mosaïques, l’une très grossière à simples ornements géométriques, l'autre plus ancienne et beaucoup plus soignée présentant un bouquet de fleurs dans un encadrement formé d’entrelacs. Entre les deux pavements des colonnettes et des chapiteaux de marbre blanc provenant probablement d'un cancel ou d’une balustrade entourant le chœur et divers autres fragments d’architecture très soignés.
540A trente mètres au sud, ce fut une nouvelle mosaïque tumulaire marquant l'emplacement du tombeau d’un évêque vénéré, nommé Honorius qui assista, si nous en croyons les souvenirs évoqués par M. Hannezo, au Concile de 484.
541Un sondage pratiqué sur l'emplacement présumé de l'autel mit à jour une mosaïque carrée de trois mètres de côté à peu près intacte, bordée d'un feston à fleurons de style purement byzantin et dont le champ est partagé par une grande croix gemmée. Dans la partie supérieure sont deux sujets allégoriques que l’on suppose être des agneaux accompagnés des palmes du martyre ; au-dessous les noms des seize martyrs qui subirent tous ensemble le dernier supplice et dont les reliques furent déposées en terre dans la basilique elle-même.
542Cette mosaïque dernière, de toute beauté et peut-être unique au monde, a fait l’admiration de tous ceux, savants ou profanes, qui ont pu la voir sur place.
543Puis, à côté, M. Robin a découvert un grand sarcophage long de 1m80 recouvert d'une dalle monolithe et anépigraphe scellée au plomb et contenant un squelette intact sans aucun mobilier funéraire. Au-dessous du sarcophage, à 3 mètres de profondeur, on trouva encore d’autres tombeaux recouverts en tuiles contrebutées, remontant probablement à l'ère païenne, puis, enfin, en arrière de l'abside, furent mis à jour un tombeau maçonné renfermant deux squelettes, et un sarcophage monolithe renfermant les ossements de plusieurs personnes avec huit crânes dont quelques-uns, grâce à l'étanchéité de la fermeture, possèdent encore des touffes de cheveux.
544On se trouve donc devant un tout complet, de saisissante expression et qui conserve un cachet d'autant plus artistique, d'autant plus émotionnant que la couleur locale vient encore y ajouter un charme plus particulier, plus grandiose aussi.
545Or, on devine facilement combien fut vive notre émotion lorsqu'on nous affirma que les intentions de la Direction des Beaux-Arts étaient de faire procéder le plus tôt possible à l'enlèvement de cette mosaïque pour la transporter au Musée du Bardo.
546Quels vandales que ces savants !
547On ne voit pas bien, en effet, ce que ferait cette mosaïque, figée dans les cadres froids des salles tristes et solitaires du musée tunisien, et c’est à se demander si ce n'est pas commettre une hérésie archéologique que de transporter ces restes – dépouilles mortuaires opimes convoitées par l'administration – au milieu des monnaies, des lampes, des bijoux, des miroirs, etc., qui ornent des vitrines savamment collectionnées.
548Aussi l'émotion reste forte dans la région, dans le Centre même trop souvent dépouillé de ses richesses, qui protestent en entier contre la prétention émise de vouloir, dans l'intérêt de l'art, déflorer ainsi un des plus beaux monuments des premiers âges du catholicisme.
549Pourquoi, nous disent les archéologues, les visiteurs, émietter ces richesses lorsqu'au contraire il serait si facile de continuer des fouilles qui promettent des surprises nouvelles ou qui, tout au moins, permettront de dégager une basilique entière formant un ensemble digne de solliciter l'attention de la science et de retenir le touriste ?
550Pourquoi, nous disent d'autres personnes, ne pas essayer, en ce lieu sanctifié par la mort, de faire revivre les souvenirs si glorieux des temps passés, des temps de persécution contre l’idée nouvelle, symbolisée en une religion qui chanta, la première au monde, l'hymne de fraternité et de concorde. Nombreux seraient ceux qui coopéreraient de grand cœur à une réédification partielle de la basilique byzantine, créant ainsi, en cette terre de Byzacène un lieu de pèlerinage où les vivants du vingtième siècle viendraient rendre visite aux disparus de ce cinquième siècle qui, avec Genseric, Zénon et Hunéric, vit l’invasion vandale et l'épanouissement sanguinaire du schisme arien.
551La Société Franco-Africaine, possesseur du vaste domaine de l'Enfida, est elle-même trop fortement intéressée pour consentir de gaieté de cœur à l’enlèvement de ces richesses archéologiques qui consacrent son histoire et font revivre son antique prospérité.
552Et nous-mêmes ne pourrions laisser s'accomplir cette spoliation arbitraire sans protester de toutes nos forces.
553Le Centre possède déjà, parce qu’on n’a pu les transporter au Bardo comme les mosaïques de Virgile et d'autres, comme les statuettes, comme les monnaies trouvées dans notre sol – des attractions célèbres dans le monde entier, des ruines imposantes, telles que le Colysée d'El-Djem, les nécropoles et les catacombes de Sous se dont les travaux de déblaiement, sous l’inlassable activité de M. l'abbé Leynaud, embrassent maintenant six grandes galeries souterraines bordées de tombeaux et toutes emplies d'un silence recueillant. Plus tard, quand le rail sillonnera les plaines de Sbeitla et de Feriana, le touriste oubliera les mosquées de Kairouan dans la contemplation de ce qui fut l'ancienne Suffitula où dorment au soleil les ruines de l'arc-de-triomphe d’Antonin, monumental encore, d’aqueducs anciens, des restes de thermes, du Forum, l’arc de Dioclétien, des temples et des basiliques, ce qui fut, en un mot, la capitale du grand roi de Gergès.
554C'est pour cela aussi que nous n’admettons que sous bénéfice d'inventaire l'affirmation qui nous est faite des intentions de la Direction des Antiquités et des Beaux-Arts ; nous avons trop confiance en la sollicitude éclairée de M. Gauckler, le distingué directeur de cette administration, qui a été parfois un des plus chaleureux défenseurs de nos richesses archéologiques, pour ne pas espérer que, cette fois encore, il saura échapper à la tentation, si excusable chez les savants, de chercher à conserver près de lui un trésor si envié et un sujet d'étude si précieux.
555Il le laissera à la communauté, à notre région, qui, conservant ce souvenir à côté d'autres, lui en gardera une fidèle et sympathique reconnaissance.
556Nous apprenons, d'autre part, que M. Robin doit publier le résultat de ces fouilles si intéressantes dans un des prochains numéros du Bulletin de la S.A.S., à qui revient l'initiative des travaux ayant amené cette belle découverte.
557C'est en effet en juin dernier que le dévoué président de la S.A.S., M. le Dr Carton, passant à l’Enfida avec son régiment pour se rendre à La Goulette et s'appuyant sur une fouille faite auparavant par M. Sadoux, indiqua comme méritant d'être exploré le point fouillé depuis par M. Robin. Il ajoutait que la S. A.S. lui ferait volontiers les avances nécessaires, non pour une fouille ou un dégagement, mais pour de premières recherches.
558Certainement la S.A.S. eut pris ces fouilles à sa charge si l’état de son budget le lui avait permis. Mais on sait que tous les fonds dont elle dispose sont, en dehors du Bulletin, consacrés à une œuvre tout particulièrement soussienne. La S.AS. n'entreprendra, en effet, pas d'autres recherches considérables tant que l'ensemble si intéressant que constituent les catacombes n'aura pas été complètement mis en état.
559Nous adressons donc au nom de notre ville, tous nos remerciements à la vaillante Société qui, non contente de faire connaître, par ses publications, le nom de Sousse et les découvertes qui s'y font, non contente de consacrer toutes ses ressources à des travaux qui ajoutent aux attraits de notre cité, s'emploie, faute de ne pouvoir faire plus elle-même, à pousser aux recherches et à diriger tous ceux qui s'intéressent au passé de notre région, ajoutant ainsi, dans un même but, toute l'influence morale dont elle dispose à son activité matérielle.
560CANDIDE
ARTICLE DE « L’AVENIR DE CENTRE » DE 14 MAI 1905
VANDALISME !
561On nous en apprend une bien bonne, à mettre de plus à l'actif de notre extraordinaire Direction des Antiquités et des Beaux-Arts.
562Cette dernière aurait, paraît-il, décidé d'enlever les mosaïques si intéressantes découvertes récemment à Upenna, dans le domaine de l'Enfida, et de les transporter à Tunis... pour y être restaurées.
563L'excuse est sublime de naïveté ou bien encore de cette candeur dont est pleine l'âme de M. Gauckler, lequel n'avouera jamais que ces magnifiques souvenirs du siècle byzantin, découverts dans le Centre, sont encore une fois réservés au Bardo, chapelle-marabout où, à l'abri des critiques, le distingué directeur des Antiquités peut pontifier à son aise.
564Nous protestons contre cet acte de vandalisme officiel dicté par de simples motifs de fatuité ou de névrose archéologique. Les mosaïques de l'Enfida doivent rester à l'Enfida qui n'est pas assez riche pour se laisser dépouiller aussi bénévolement et, avec tous ceux qui s'intéressent à la reconstitution de notre histoire ancienne, nous estimons que la célèbre mosaïque des Martyrs chrétiens sera mieux à sa place en servant de parvis à la future église de l'Enfida que reléguée dans une des salles désertées du Bardo. Les touristes et les savants trouveront ainsi dans leur visite à la basilique reconstituée un cachet et une couleur locale que l'on chercherait vainement dans le mausolée officiel dont M. Gauckler est l'ombrageux gardien.
565A moins, cependant – et cela est possible – que ce dernier ne tienne à cette mosaïque des Martyrs que pour, dans la restauration, faire suivre de son nom la liste des bienheureux qui, du haut de leur céleste demeure, demeureront passablement ahuris de cette addition... avant la lettre.
PROCÈS-VERBAUX DES TRAVAUX DE UA COMMISSION ECCLÉSIASTIQUE D’ARCHÉOLOGIE CHRÉTIENNE AUX RUINES D’UPPENNA
PRÉCISIONS À PROPOS DES P.V. D’UNE DOUBLE MISSION
566Le principe de la reproduction des p.v ., publiés en 1906, ayant été retenu, il est apparu que la meilleure solution résidait dans un assemblage par feuilles de photocopies de deux pages de l'opuscule. La question s'est posée de l'insertion ou non des paragraphes consacrés aux investigations du 6 juillet 1905 à la basilique de Sidi Abich. Ces pages, 26 à 31, ont été conservées pour ne pas rompre l'intégralité du texte et parce que les autres documents présentés ici, le p.v . de la troisième Mission, les lettres de Monceaux, une lettre de Robin, font des allusions à cette basilique.
567Le texte imprimé des p.v . commençait page 5, les pages 14,18, 24 étaient vierges.
568Deux croquis d'ensemble des travaux des 15-16 juin et 5 juillet 1905 sont insérés pages 13 et 25. Je n'ai pas fait précéder ici d'un numéro de figure la reproduction de ces croquis aisément repérables grâce aux numéros de pages des p.v. afin de ne pas charger la présentation d'un document imprimé. Ils seront reproduits, dans le Upp. II, ch. IV, fig. 1421 et 1471, avec les dessins conservés à la Prélature, qui ont précédé la mise au point définitive.
569Une photo prise par le chanoine Raoul, très instructive, a été insérée dans le fascicule des p.v ., peut-être au dernier moment puisqu'elle n'a pas bénéficié de la numérotation des pages (elle était disposée entre les pages 22 et 23). Sa présence dans les p.v ., avec l'indication du nom de l'auteur du cliché, avait sans doute également pour objet de manifester l'apport de cet ecclésiastique aux résultats de la Mission alors qu'il avait toutes les raisons de ne pas reconnaître l'expression de sa pensée dans le développement des p.v. consacré aux reliques. Ce document est d'une grande importance, je le présente ici agrandi (fig. 48) et nous l'analyserons au ch. III de Upp. II (fig. 1491-2).
570Il était intéressant de rechercher si des différences sont perceptibles entre les premières compositions du texte et l'écrit imprimé.
571On peut reconstituer ainsi la démarche du chanoine Pavard. À partir de notes prises sur le site dans des conditions de grand inconfort, notes qui ont disparu, le chanoine Pavard rédigeait le soir même ou le lendemain un avant-projet, sans doute en concertation avec les autres membres de la Commission. Celui-ci était considéré comme suffisamment précis pour qu'il soit spécifié sur le premier p.v . « fait et signé à Uppenna » (sans doute dans un local mis à leur disposition par les responsables du domaine de l'Enfida), « fait et signé à Enfidaville » sur le second p.v . Cette version avait donné lieu à une première lecture, les ratures, les surcharges, quelques développements en marge, le prouvent – cf. fig. 47, la page une, particulièrement surchargée, de la minute, rédigée le soir même.
572À partir de ce texte, le chanoine Pavard présente un projet « soumis à l'approbation de Mgr Combes ». C'était en réalité une pieuse formalité1. Six mois après, en février 1906, les trois membres de la Commission se retrouvent pour mettre au point la version définitive qui sera imprimée. Il n'y a aucun changement pour tout ce qui touche à l'observation des découvertes, cela aurait été d'ailleurs en contradiction avec l'apposition « fait et signé à Uppenna » ou « à Enfidaville »2. Mais tout ce qui est en notes dans l'édition définitive et qui doit beaucoup à l'érudition du Père Delattre, ainsi que le résultat de l'analyse des substances trouvées dans l'urne et l'amphore, s'intègrent en phase finale, au moment (voire la veille ou le lendemain) des ultimes réunions d'harmonisation, comme nous l'avons observé au ch. IV.
573Tel qu'il se présente, l'avant-projet lui-même – c'est-à-dire la première rédaction sur place – réserve cependant deux surprises et la seconde est considérable :
574– La présence de développements dans la marge qui ne seront pas intégrés dans le projet soumis à Mgr Combes. Il s'agit de formules de politesse concernant Robin3 ou Gauckler4. La disposition initiale de ces ajouts laisse supposer qu'ils avaient été placés là, accompagnés d'une sérieuse interrogation sur leur opportunité.
575– L'intention initiale de rédiger un compte rendu de fouilles plus bref. En effet, le rappel du texte de la grande mosaïque des martyrs (à la hauteur de la page neuf dans les p.v .) était suivi de la phrase : « Les fouilles terminées et les ossements mis à découverts, la Commission constate que ou ils sont mélangés, ou ils sont chacun dans une auge ou dans une urne. »
576Il y avait ensuite cinq lignes écrites au crayon puis à moitié effacées et barrées, et ce paragraphe :
577« Aussitôt faites et consignées sur le Procès-Verbal les constatations ci-dessus, la Commission fait procéder à la fermeture de la (ou des) tombes. Elle ordonne qu'un travail de maçonnerie soit exécuté pour mettre les Saintes reliques à l'abri des déprédations possibles ou des intempéries atmosphériques. Elle ne se retire qu'après l'ouvrage terminé. »
578Immédiatement après, était annoté « fait et signé à Uppenna le xviie jour des Kalendes de juillet ».

Fig. 47. p.v . d'une double Mission. Première rédaction du chanoine Pavard - page 1.
579Dans une première approche donc, la Commission n'avait soit pas prêté l'attention requise, soit pas évalué l'importance de ce qui apparaissait sous la grande mosaïque des martyrs, soit pas jugé nécessaire d'en faire état.
580Très vite pourtant ses membres se ravisèrent puisque le texte de l'avant-projet se poursuit par « Dès que la mosaïque fut levée » et les paragraphes qui suivent à partir de la page 9.
581Il n'en subsiste pas moins une pénible impression d'improvisation. Le travail de maçonnerie pour mettre « les Saintes reliques » à l'abri de déprédations possibles fut-il exécuté alors que nous savons que les reliques - c'est-à-dire le coffret et l'amphore - ont été amenées à Enfidaville puis à Tunis ?
PRÉCISIONS PORTANT SUR LA RETRANSCRIPTION DU P.V. DE LA TROISIÈME MISSION
582Je me suis efforcé de reproduire le texte du chanoine Pavard dans son intégralité. Les représentations des inscriptions sont celles de son manuscrit inédit. L'auteur ne s'intéressait qu'à la partie supérieure et à l'épitaphe des mosaïques funéraires, le compartiment inférieur est donc oublié.
583L'indication des dimensions en mètre, centimètre est quelque fois excessivement abrégée. Ainsi « 0,24 centimètres », « 0,05 centimètres » doivent être compris comme 0,24 mètre ou 5 centimètres.
584Des hésitations sont perceptibles pour l'emploi de majuscules ou de minuscules dans les titres ecclésiastiques (évêque, prêtre, diacre) et dans certains mots (basilique, mosaïque etc.)...
585On distinguera les notes du chanoine Pavard, en caractères italiques comme l'ensemble de la retranscription de son texte, et les très rares notations que j'ai insérées lorsque se posait un problème de lecture ou de signification. Ainsi nomme-t-il par exemple « Ditalis » le défunt Vitalis de Sidi Abich. Ces notations sont précédées de l'astérisque, contenues à l'intérieur de parenthèses et imprimées en caractères romains.
586Le chanoine Pavard avait écrit plusieurs avant-projets de ce ProcèsVerbal. Par contre, le style de l'appendice qualifie une rédaction moins élaborée. Les informations proviennent des lettres de l'abbé Emmanuelli et non d'une observation personnelle, ce qui était le cas pour le compte rendu des travaux de la troisième Mission. Cela explique qu'il se propose de demander des précisions supplémentaires et qu'il utilise des points d'interrogation...
587En 1972, j'avais pu compulser à la Prélature de Tunis un avant-projet du texte de la troisième Mission un peu plus détaillé que la version définitive. Faute d'avoir pu, à l'époque, en faire une photocopie, j'avais recopié le texte et pris en calque les schémas. Cet avant-projet n'ayant pu être consulté en 1994 et 1995, je me suis résolu à intégrer les quelques notes et les schémas que Ton ne retrouve pas dans la version définitive. Un encadré les individualisera. Pour éviter toute confusion, le texte des légendes qui était de la main du chanoine Pavard sera présenté en caractères d'imprimerie. On n'attendra pas, en raison de ces conditions de reproduction, une précision rigoureuse pour la forme des lettres de ces dessins (ou pour la représentation des filets de la bordure de la mosaïque « .. in pace » fig. 52) que l'auteur n'avait d'ailleurs pas cherché à restituer avec la plus grande minutie.
588Ces dessins ont cependant un intérêt car ils nous permettent, faute de cliché, de situer les emplacements de quelques tombes ou mosaïques, les unes par rapport aux autres, deux par deux ou trois par trois. Ils restituent le souvenir de deux mosaïques disparues (fig. 52, 56). Je n'ai toutefois pas reproduit les inscriptions de mosaïques conservées au musée d'Enfidha ou pour lesquelles nous avons une photo plus probante, lorsque l'auteur ne les avait pas intégrées dans la version définitive.








Fig. 48. Agrandissement du cliché du chanoine Raoul, inséré en encart entre les pages 22 et 23 des P.V. d'une double Mission. La photo a été prise le 5 juillet 1905. Le pavement du chœur oriental a été cassé ; au premier plan apparaît le tombeau de l'évêque Baleriolus, à gauche "la tombe du jeune adulte enduite de ciment". Au deuxième plan, la grande mosaïque des martyrs a été enlevée ainsi que la mosaïque de l'absidiole. La fin de l'évocation tatis suae beatissimis marturibus apparaît.





PROCÈS-VERBAL D’UNE TROISIÈME MISSION ARCHÉOLOGIQUE AUX RUINES DE LA BASILIQUE D’UPPENNA (ENFIDAVILLE) 5-9 JUILLET 1906
589Arrivés à Enfidaville le 4 juillet, au soir, le R.P. Delattre et le Chanoine Pavard, se trouvaient le 5 juillet, dès le matin, aux ruines de la Basilique d'Uppenna, accompagnés de Mr l'Abbé Emmanuelli, Curé de la Paroisse d'Enfidaville.
590Absents : Mr le Chanoine Raoul, Vicaire Général, en congé ; Mr le Chanoine Leynaud, Curé de Sousse, empêché.
591Le but de cette nouvelle Mission était : 1 ° d'explorer de nouveau les abords des tombes de l'Evêque Honorius et de l'Evêque Baleriolus, conformément aux conclusions des précédents Procès-Verbaux de la Commission ecclésiastique d'Archéologie chrétienne ; 2° de surveiller l'enlèvement des mosaïques tombales gracieusement mises, par Mr le Directeur du service des Antiquités et Arts, à la disposition de l'Administration diocésaine et de la Société Franco-Africaine, et destinées à orner l’église en construction du village d'Enfidaville. Mr Pradère, Conservateur du Musée Alaoui assistait par délégation à la première séance.
5925 juillet - Le matin nous explorons le sol de la salle contiguë aux Baptistères. La position de la salle où se trouvait cette tombe, immédiatement en avant de l'un et de l'autre baptistère des deux basiliques successives, le sujet décoratif de la mosaïque représentant la montagne sainte avec les quatre sources symboliques auxquelles viennent se désaltérer un cerf et une biche, enfin la tombe elle-même de l'évêque Honorius creusée au centre de ce tableau nous faisaient désirer d'étudier ce qu'avait pu renfermer la salle sous sa mosaïque. N'y avait-il pas chance d’y rencontrer quelque document se rapportant aux martyrs honorés dans cette église ? La même question se posait pour le compartiment de la tombe de l'évêque Baleriolus.
593Autour de la tombe d'Honorius, deux mosaïques tombales sont découvertes, sous de la terre rapportée mélangée de gravois. Toutes deux sont perpendiculaires au mur de gauche de la salle introduisant à celle des Baptistères.
594La première située près de la porte d'entrée, révèle l'inscription suivante :

595Cette inscription entourée d'une guirlande en torsade ou en tresse est un peu engagée sous le mur de gauche. De ce côté la guirlande a été détruite, pour creuser les fondations du mur, et la lettre R/terminant le mot COMPAR/a disparu. Ce qui reste de la mosaïque mesure 1 ml2 de longueur. Les lettres hautes de 0 m 13 sont en cubes noirs et le monogramme en cubes rouges.
596Le soir fut découverte la seconde inscription. Elle est située parallèlement à la première, mais vers l'angle gauche du mur.

597A la première ligne les lettres hautes de 0 m 08 sont à distance normale, à la seconde ligne elles mesurent 0 m 09 et sont très écartées symétriquement. Cette inscription, outre la bordure qui circonscrit le tout, est encadrée de quatre motifs fusiformes de 4 à 5 rangs de mosaïque polychrome. Elle a, comme la précédente, été brisée à sa partie droite, pour la construction du mur. Ainsi réduite dans sa longueur, la mosaïque mesurait encore 1 m 20. Sa largeur était de 0.80. Il est à remarquer que son inscription fait face à celle de SECVNDIANVS. Un intervalle de 0.25 seulement sépare ces deux mosaïques. Leur texte se lit en sens inverse l'un de l'autre.

Fig. 49. P.V. de la troisième Mission (5-9 juillet 1906), page 1 du manuscrit du chanoine Pavard.
598Non intégré dans la version définitive :

Fig. 50
599Le 6 juillet, le R.P. Delattre et le Chanoine Pavard, fatigués, n'allèrent pas, le matin de ce jour, aux Ruines d’Uppenna. M’l'Abbé Emmanuelli s'y rendit seul. Il fit explorer l'espace non fouillé la veille dans le compartiment d'Honorius, entre le mur extérieur et le mur de droite. Rien n'y fut découvert ; et le travail fut arrêté, dès que parut le sol naturel.
600Passant ensuite à la tombe de l'évêque Baleriolus, il en fit explorer les abords. On ne trouva pendant un certain temps, que de la terre rapportée ; puis il suspendit les travaux, lorsqu'il crut reconnaître une murette parallèle au tombeau.
601Pendant ce temps, le Chef de Chantier, Mr Fino, procède à l’enlèvement de la mosaïque tombale du prêtre EMERITVS et de celle du diacre CRESCENTIVS (65 ans) et de son fils BRVTTANICVS (28 ans).
602Le soir, la Commission procède à l'exploration de la tombe du prêtre EMERITVS. La couche de béton sur laquelle reposait la mosaïque, et une couche de terre étant enlevées, apparaît le sarcophage. Un espace de 0 m 25 le séparait de la dalle funéraire en mosaïque5 Il est recouvert de grandes tuiles posées à plat en deux couches. Les extrémités sont angulaires. Il mesure 1m 70 de longueur sur 0 m 40 de largeur intérieure – sa profondeur est de 0 m 33. Ce sarcophage monolithe, en pierre de Takrouna, présente cette particularité qu'étant trop court pour les dimensions du corps qu'il doit contenir, on a taillé aux pieds de haut en bas une ouverture de 0 m 25 dans laquelle s'engageait le bas des jambes. Les ossements sont recouverts par un effondrement de la couverture et mélangés à de la terre. Ils sont très friables, le crâne renversé en arrière est en grande partie détruit : il n'en reste qu'une partie de la face et le frontal. Les arcades sourcilières sont très accentuées. Tous les ossements se brisent au contact des mains.
603Aux pieds, à travers l'entaille signalée ci-dessus, apparaît l'intérieur (nous le croyons du moins à ce moment) d'une tombe transversale d'où l'on retire des ossements presque pulvérisés. Mais, lorsque nous la faisons ouvrir, nous constatons que ce n'est pas une tombe, mais un dépôt d'ossements de grandes personnes et d’enfants, mélangés pêle-mêle avec de la terre. Ce sarcophage est parallèle / et distant seulement de 0 m, 05 centimètres / au sarcophage en saouan. à la tête arrondie ouvert devant Mgr l'Archevêque de Carthage, le 18 mai 1905. Ce sarcophage dans lequel, nous dit-on, reposaient plusieurs squelettes6 est en pierre de Saouan, et n'a pas été dressé extérieurement. Il mesure intérieurement 1 m 90 de longueur, 0 m 98 aux pieds et 0 m 44 vers la tête. L'épaisseur des parois est de 0 m 10.
604Son couvercle d’un seul morceau, également arrondi à la tête, mais sans encastrement, est resté en place. Il mesure 2 m 10 de longueur.
605Séparée par cette dernière sépulture de la tombe du prêtre EMERITVS, apparaît la sépulture du diacre CRESCENTIVS et de son fils BRVTTANICVS.

606Lettres en cubes rouges hautes de 0 m 05.
607Dégagée du blocage en béton très dur, dans lequel elle est noyée, cette tombe se présente sous la forme de tuiles disposées en toiture (trois de chaque côté, formant ensemble une longueur de 1 m 75) recouvrant les ossements qui reposent directement sur des tuiles posées à plat. Elle est fermée aux deux extrémités par des tuiles semblables aux précédentes posées sur champ7.
608La coupe triangulaire de cet abri funéraire donnait 0 m 55 de hauteur et une base de 0 m 35 seulement. C'est, on le voit une sépulture très modeste et très simple. On n'y remarque aucune trace d'effraction ; et elle est si intacte qu'elle laisse supposer que les deux corps y ont été ensevelis en même temps. Du reste l'épitaphe mentionnant les deux noms est unique et n'a jamais été retouchée. Elle a été conçue et exécutée d'un seul jet. Quelle serait la cause quasi simultanée de la mort du père et du fils ? Là demeurera l'énigme. Quoi qu'il en soit, le fait n'en est pas moins constant. Les deux corps sont couchés en long l’un sur l’autre. On constate quelques traces d'étoffe. Le crâne du corps supérieur se trouve sur le thorax du corps inférieur. Les os des deux personnages, affaissés par la destruction du temps, se confondent de telle sorte qu'il n'est pas possible de distinguer les uns des autres, quoique apparaissant en double sans aucun conteste.
609Non intégré dans la version définitive :

Fig. 51
6107 juillet - Matin -
611Au chevet de l'inscription QVINTUS LECTOR8 etc., lecture de la mosaïque tombale RVSTICI-L1A, mentionnée dans la note de Mr Robin sur la Basilique Byzantine d'Uppenna. page 7, no 5. Cette lecture rétablit ainsi le texte :

lettres en cubes certs, hautes de 0 m 08
Note 59
612Après cette restitution, on découvre, aux pieds de l'épitaphe de Zarzio. le long du mur un sarcophage sans inscription. C'est un monolithe, en pierre de Takrouna, mesurant intérieurement 1 m75 de longueur sur une largeur inégale de 0 m 42 à la tête et de 0 m 39 aux pieds. Sa profondeur est de 0 m 35, l'épaisseur des parois de 0 m 075. Il est arrondi aux deux extrémités. Son couvercle long de 1 m 85, large de 0 m 55, épais de 0 m 20 est monolithe, à deux pentes et à angles aux deux extrémités.
613Ce sarcophage contient les restes d'un corps posé à plat, la tête du côté de l'abside ; et à partir du bassin, jusqu'aux pieds, étaient déposés des ossements mélangés pêle-mêle.
614En tête de la tombe de RVSTICILIA, nous découvrons un fragment d’inscription en mosaïque, dont il ne reste que la dernière ligne tronquée, IN PACE. Celle-ci est accostée d'une fleur à droite et à gauche. Le tout est inscrit dans un double encadrement dont l'extérieur est en forme de torsade et l'intérieur composé d'un motif grec.
615Non intégré dans la version définitive :

Fig. 52
616Cependant nous revenons à la tombe de l'Evêque Baleriolus, pour continuer l'exploration commencée la veille en présence de Mr l'Abbé Emmanuelli, et abandonnée par lui, avons nous dit plus haut, à la découverte, croyait-il, d'une murette.
617Celle-ci n'existe pas réellement ; il s'agit simplement d'une pierre plate de quelque dimension.
618Nous reprenons donc les fouilles pour étudier le dépôt d'ossements découvert, lors de notre mission de l'année précédente, aux pieds de la tombe de l'Evêque.
619Après avoir fait placer de côté et d'autre les pierres plates qui formaient en élévation le sarcophage, nous trouvons trois tuiles qui faisaient le fond de la tombe. Elles reposent sur un mince lit de béton. Le tout enlevé, nous avons le regret de ne rien constater de plus qu'à notre dernière mission.
620Nous nous trouvons en présence du sol naturel.
621Pendant ces diverses opérations Mr Cœytaux fait explorer une absidiole située en dehors et au sud de la Basilique. On y découvre deux dalles en pierre recouvrant deux tombes ; et nous partons avant qu'elles aient été ouvertes et étudiées.
622Le soir, qui est un samedi, nous quittons Enfidaville pour Sousse où nous devons passer la journée du dimanche 8 juillet. Nous nous proposons de visiter les Catacombes, et particulièrement quelques inscriptions et sarcophages récemment découverts par M. le Chanoine Leynaud.
6239 juillet – Matin – Partis de Sous se, à la première heure, dès notre arrivée à Enfidaville, nous nous rendons aux Ruines d'Uppenna. Mr le Chanoine Leynaud et Mr l'Abbé Emmanuelli nous accompagnent.
624Depuis longtemps intrigués par la présence dans la Basilique d'une inscription relatant la sépulture d'un Flamen Maximus Perpetuus.

625Dans l’Antiquité le Flamen perpetuus était chargé du culte public. Le pretre avait le pas sur les pontifes. Lorsque le christianisme eut pénétré presque partout dans l’Afrique romaine, ce titre n’ayant plus aucun rapport avec le paganisme continua à être porté par l'aristocratie municipale, même dans des localités chrétiennes. C’est ainsi que déjà, en Tunisie, avant les découvertes d'Uppenna, on avait trouvé à Haïdra, l'antique Ammaedara l'épitaphe d'un flamine chrétien.
626Au-dessous d’une croix monogrammatique accostée de l'alpha et de l'oméga, entre deux palmes on lit l'inscription suivante10 :

627Ce Flamen perpetuus mourut donc à l'âge de 72 ans, la 4e année du règne d Hildéric (525 526). Mr de Rossi a publié une longue notice sur les flamines chrétiens11.
628En explorant la tombe du Flamen Maximus perpetuus on ne tarde pas à constater que cette sépulture a été établie sur une épaisseur de 0 m 23, à travers une mosaïque plus ancienne. Dégagé du béton et de la terre qui le recouvrent, le couvercle nous apparaît en deux morceaux. Ce sont deux grands fragments de dalles différentes, scellés au mortier et mesurant ensemble 1 m 90 de longueur. Le scellement opéré à 0m95, les unit à égale distance de la tête et des pieds. L'épaisseur de ces dalles est de 0 m 20 centimètres et leur largeur de 0 m 52.
629Quant au sarcophage en pierre de Takrouna, mesurant 1 m 90 de longueur sur 0 m 40 de largeur, il est légèrement arqué à la tête et aux pieds. La corde de l'arc est cependant moins longue que la largeur de la cuve, de sorte que les angles subsistent. Cette cuve n'est pas monolithe, mais se compose de deux pièces d’égale longueur, qui réunies ensemble forment le sarcophage entier.
630Près de l'angle gauche et de la tête du mort existe, à fleur du fond, un trou rond de 0,03 m à 0,04 de diamètre traversant le sarcophage de part en part. On dirait un petit conduit. Est-ce un accident de la pierre ? Il ne le paraît point. A-t-il été creusé à dessein ? Qui saurait le dire ? Et quel en aurait été l'usage ?
631Aux pieds, la tombe taillée de chaque côté à angle droit, sur une longueur d'environ 0 m 05 centimètres, s'évase en forme d'arc. Le mort a été déposé les bras étendus le long du corps. On distingue quelques traces d'étoffe.
632Le crâne s'est affaissé et est en morceaux. Les seules parties un peu conservées sont la colonne vertébrale, les bras, le bassin et les genoux ; mais les ossements sont très friables et ne décèlent rien de particulier. Aucun objet ne les accompagne. Une photographie fut prise par Mr l'Abbé Emmanuelli.
633Non intégré dans la version définitive :

Fig. 53
634Nous explorâmes ensuite deux tombes perpendiculaires à celle du Flamen perpetuus.
635C'est d'abord, correspondant aux pieds de la dite sépulture, la tombe de LVCILIANVS, mort à l'âge de 52 ans.

636La mosaïque est sur un léger béton épais seulement de 0 m 01 à 0 m 02 et reposait sur une couche de terre rapportée facile à remuer.
637Le sarcophage a été fermé à l'aide d'une dalle irrégulière et de deux pierres informes. Détail curieux, qui montre une fois de plus combien les tombes de la Basilique d'Uppenna ont été utilisées à plusieurs reprises, la cuve funéraire longue intérieurement de 1 m 90, large de 0 m 42 et profonde de 0 m 25, est formée sur une longueur de 1 m 50 d'un sarcophage incomplet dont la partie des pieds a été taillée dans toute sa hauteur et supprimée. Le reste de la cuve a été obtenu à l’aide d'une maçonnerie.
638Non intégré dans la version définitive :

Fig. 54

Fig. 55
639La tombe perpendiculaire à la tête est celle de RESTVTVS, mort à l'âge de 60 ans.

640La mosaïque a été exécutée sur une construction très dure en blocage au béton de 0 m 70 d'épaisseur. Au-dessous avait été apporté un lit de terre meuble d'environ 0.10 centimètres, au-dessous duquel apparaît l'arête des tuiles disposées en forme de toit. Nous les laissons en place.
641Note non intégrée dans le rapport définitif, seulement dans l'avant-projet et « dans la copie envoyée à Mgr Combes » :
Au cours des travaux exécutés dans la basilique d'Uppenna, pendant ces quelques jours, nous avons étudié certaines inscriptions tombales, jadis relevées par M. Robin, Conducteur des Ponts et Chaussées à Enfidaville et publiées par lui dans le BAC.
* (On se reportera pour la lecture de Robin à la fig. 23.)
Il nous a été donné de lire certaines d'entre elles d'une façon un peu différente ou de relever quelques inexactitudes matérielles. Nous avons plus haut rétabli celles concernant RUSTICIXIA
nous sommes longtemps arrêtés à ARICTECIUS ZARZIO. Nous avons pendant un certain temps cru pouvoir lire ARCHITECTUS ; mais rien ne nous permettant de justifier cette interprétation, nous en sommes revenus à la lecture primitive. Toutefois nous observons à la deuxième ligne que la 1re et la 4e lettres ont été lues et traduites inexactement. Ce ne sont pas deux Z simples mais bien deux Z barrés par le milieu et qui représentent la lettre D. Cette particularité plusieurs fois reconnue, l'a encore été récemment à Carthage où l'on trouve ZIACONUS. C'est donc DARDIO qu'il faut lire et non ZARZIO.
Au no 8 de la note de M. Robin, l'inscription est présentée comme entière alors qu'en réalité elle est mutilée sur toute sa partie gauche, mutilation qui a généralement supprimé la première lettre de chaque ligne. De plus l'interprétation de la dernière ligne est fautive.
* (Le dessin reproduisait la transcription de la mosaïque de Quintus lector par Robin et l'épitaphe réelle.)
Au bas de l'inscription FELIX IN PACE de Robin no 11 on trouve le monogramme constantinien entouré d'unecouronne.
Le no 21 lu par Robin
QVO
VVLT
DEVS
contient réellement la lettre A en fin de première ligne et nous lisons :

Au no 24 de la même page la forme matérielle de l'inscription doit être ainsi rétablie :
* (La Commission corrige la répartition par lignes des lettres de Iulia san(c)tissima puella.)
La dernière ligne du no 26 même page contient deux II et doit se lire :

Le no 35 ne porte pas ONIOR en dernière ligne mais QVATVOR. Il se rétablit ainsi :
* (La Commission rectifie l'épitaphe de CRESCENTIA.)
Dans le fragment no 40, la première lettre de la seconde ligne est un R barré R pour Requievit :

Le no 41, même page, est d'une lecture très fautive et inachevée. La Commission a fait marteler toute l'inscription, en partie couverte de ciment pour la rétablir en entier :

la suite du texte dans les notes du Père Delattre
642Nous avons eu le regret de constater la perte irréparable d'une jolie tombe cubique, à angles arrondis, située dans la grande nef, contre l'édicule de l'Evêque HONORIVS. La forme, et elle était la seule de ce genre, rappelait celle des sarcophages de Tabarka. Toute en mosaïque la couleur dominante était l'azur. L'inscription tronquée conservée heureusement par Mr Robin, no 33, page 11, portait :

Fig. 56
643Le tout est malheureusement effondré.
644L'heure avancée nous ramène à Enfidaville que nous quittons l'après-midi pour retourner à Tunis.
645Conclusion
646Dans notre brochure intitulée : Procès-Verbaux d'une double Mission Archéologique aux Ruines de la Basilique Uppenna (16 juin et 6 juillet 1905) nous écrivions, page 16 : « De l'avis unanime de la Commission, ces deux récipients, coffret et amphore, ont dû renfermer chacun un document relatif à l'exécution de l'une et l'autre mosaïques commémoratives des Martyrs, le coffret étant à la seconde ce que Tarnphore était à la première. Cette opinion est subordonnée à une analyse ultérieure que la Commission demande à Monseigneur l'Archevêque de faire effectuer ».
647Cette analyse ne fut pas faite tout d'abord, mais seulement un simple examen microscopique. Cet examen concluait : « Dans ces conditions, il est bien difficile d'identifier ces débris et de leur assigner une origine particulière. Il y a cependant plus de probabilité pour que ce soient les restes du tissu constituant le parchemin, que du tissu musculaire. De plus, l'absence de débris d'ossements est absolument constatée. »
648Cette conclusion corroborait l'opinion de la Commission, à savoir que « ces deux récipients ont dû renfermer chacun un document... »
649Depuis, ces mêmes débris confiés à Mr le Docteur Nicolle, Directeur de l'Institut Pasteur de Tunis, ont été soumis par lui à une analyse chimique. Le résultat de cette deuxième épreuve a été que l'on ne trouvait à travers ces débris que du chrome. / J'en pourrai donner le texte in extenso à mon retour à Tunis.
650Le chrome n'est autre chose que la couleur (l'encre) employée sur le parchemin pour établir les documents supposés. Donc, sans vouloir rien affirmer positivement, toutes les présomptions (Avis conditionnel de la Commission – Examen microscopique – Analyse chimique) concouraient à la même conclusion : Le coffret et l’amphore ne contenaient pas d’ossements ni de chairs, mais deux documents écrits sur parchemin, pour perpétuer le souvenir des circonstances dans lesquelles ont été successivement exécutées les deux mosaïques commémoratives des Martyrs, dans la Basilique d'Uppenna.
651De plus, malgré les fouilles effectuées à plusieurs endroits de la Basilique, et plus spécialement autour des tombes des Evêques HONORIVS et BALERIOLVS, malgré toutes nos recherches méticuleuses, il ne nous a pas été donné de trouver la moindre trace des Reliques des Quatorze Martyrs. Aucune de nos observations des choses et des lieux, aucune de nos investigations approfondies ne nous a rien décelé les concernant.
652La grande Mosaïque rectangulaire (comme probablement la petite demi-circulaire) indiquait simplement leurs noms : HEC SVNT NOMINA MARTVRVM... et ne recouvrait pas leurs reliques. Heureux sommes-nous de connaître leurs noms autrefois spécialement vénérés à Uppenna et maintenant dans le reste de l'Afrique française et chrétienne. Si nous n’avons pas le bonheur de posséder leurs corps, Dieu qui en garde depuis quatorze siècles le secret nous les révélera au dernier jour.
653Enfidaville
654Le VII des ides (9) de juillet 1906
655Le secrétaire
APPENDICE
656Au départ de la Commission l'enlèvement des mosaïques de la Basilique d'Uppenna n'était pas terminé. La continuation des travaux fut opérée sous la direction de Mr l'Abbé Emmanuelli, Curé d'Enfidaville, membre de la Commission diocésaine d'Archéologie qui fit procéder ensuite à la même opération dans la Basilique de Sidi-Abich. Dans l'une et l'autre des Eglises, il fit explorer les tombes, et eut ainsi la satisfaction de découvrir des sépultures avec inscriptions en mosaïques cachées sous celles du niveau supérieur.
657Voici le détail de ses découvertes, tel qu'il ressort de sa correspondance au R.P. Delattre :
65811 juillet 1906 - Découverte d'une mosaïque nouvelle avec l'inscription suivante, dont la partie supérieure manque :
///////////// | ||
V A D I V S | noir | Hauteur des |
D O N A T I | rouge | lettres 0.08 |
A N V S | noir | |
V I X I T | rouge | |
A N N I S | noir | (Demander à Mr le |
X X X S E T | rouge | |
D I E S X (c ( ?) | noir | nombre de Dies) |
659Curé de préciser le L'inscription de Felicianus, rapportée plus haut d'une façon incomplète, se termine, grâce aux soins minutieux de Mr Emmanuelli qui fait dégager l’obstacle, par ces lignes :

66013 juillet - Découverte, sous le sarcophage en pierre d'Aïn-Garci ouvert le 18 mai 1905 en présence de Mgr l'Archevêque de Carthage, d'une inscription (probablement incomplète ou mal reproduite) en lettres rouges, de 0.08 de hauteur ainsi conçue :

661A côté fut trouvé un petit sarcophage que Mr le Curé suppose avoir servi de mangeoire à cause écrit-il de la anse ? (illisible)*
662* (« Illisible » entre parenthèses est de la main du chanoine Pavard. Le mot anse avec le point d'interrogation occupe l'espace d'un mot effacé et n'est pas de la même graphie.) En voici les dimensions :
Extérieur : | Longueur = 0.90 | Largeur = 0.50 |
Intérieur : | Longueur = 0.70 | Largeur = 0.35 |
Profondeur : | Intérieure = 0.20 | Extérieure- 0.25 |
663Le même jour fut découvert, sous la mosaïque d'où on a enlevé la petite croix byzantine (Je – Abbé Pavard – suppose qu'il s'agit de la croix en cubes dorés recueillie par M. Robin), un sarcophage de 2 m 50 de longueur totale, 0.73 de largeur, 0.60 de profondeur avec une épaisseur de 0,11, 1/2. Il était recouvert par trois dalles de 0.23 d'épaisseur.
664« Dans le sarcophage, écrit Mr le Curé d’Enfidaville, il y avait deux cadavres d'où j'ai recueilli des fragments d'étoffe. Le sarcophage primitivement ne devait avoir que 2 m 26 et, étant trop court, il a été allongé de 0.24 centimètres.12 »
66525 juillet - Au matin de ce jour Mr l’Abbé Emmanuelli fait procéder à l'ouverture du tombeau de Quadratianus. Constatation surprenante ! A cinq centimètres au-dessous de l'inscription tombale il y en avait une autre relatant le même Quadratianus. Voici les deux textes comparés :

666* (Une feuille insérée dans le manuscrit du P.V. de la troisième Mission rectifie l'erreur commise par le chanoine Pavard dans les mentions « mosaïque supérieure » « mosaïque inférieure » de Quadratianus.
667Elle semble être de la main de Mgr Labbe qui avait constitué un inventaire des mosaïques d’Uppenna et l’avait adressé à l’INAA.
668Voici le texte :
669N.B. : il semble bien que l’indication ci-contre mosaïque inférieure, mosaïque supérieure soit fautive parce que
6701° plus bas l'auteur parle d'une faute qui aurait pu se glisser et aurait été corrigée ; or la faute VX serait dans la nouvelle mosaïque et non dans l'ancienne, ce qui n'est pas logique.
6712° La Semaine paroissiale de Tunisie 21 février 1909 page 1239 donne comme plus ancienne et plus profonde la mosaïque qui porte recessit.
6723° Mr Emmanuelli (lettre du 9 mars 1907) déclare que la mosaïque portant « recessit » a été trouvée sous la 1ère et qu'il l'a fait placer dans le vide de la 1ère.
6734° M. Gauckler ne connaît que celle de « depositus » ce qui laisse supposer qu’il n'a connu que la 1ère : celle du dessus.
6745° Il en est de même de Robin).
675Retour au texte du chanoine Pavard :
676Note- Une explication est à demander à M. le Curé pour préciser la matérialité de ces deux textes. S'ils sont exacts, il n'est pas admissible que Quadratianus soit mort le lendemain de sa sépulture (Recessit VX Kal Oct.- Depositus die X g Kal. Octobres). On ne peut expliquer cette anomalie que 1° par l’oubli de la date par la famille, 2° par une fausse interprétation du mosaïste, 3° par la brisure d'une partie de la mosaïque supérieure, par exemple, si après le V de la 6ème ligne, il y avait deux II. Encore est-il bon de remarquer qu'il y aurait une faute de latinité dans l'un et l'autre cas. VX et VIIX traduisant quinzième et dix-septième ne sont pas corrects. Au contraire le X g de la mosaïque inférieure se manifeste dans une parfaite correction.
677Si ces deux inscriptions superposées à 0,05 cent sont une vraie surprise archéologique, leur existence, outre les contradictions ci-dessus mentionnées, n'en demeurent pas moins une énigme. On la résoudrait facilement par cette remarque qu'à une certaine époque le sol de la basilique a été surélevé. Mais ici, il faut un témoignage de Mr le Curé mentionnant qu'il a constaté cette surélévation (de 0,05 cent.) sur toute la surface du pavement.
678Le style des deux inscriptions pourrait encore entrer en ligne de compte. Par exemple, la famille peu satisfaite de la facture de la première n'en a-t-elle pas fait exécuter une seconde plus artistique ? Mais il reste toujours la question du niveau. Enfin, ce Quadratianus, dont les épitaphes ne mentionnent pas la qualité, était peut-être un homme considérable, honoré ou aimé à ce point que, à la suite du recouvrement de sa mosaïque tombale, on a voulu perpétuer son souvenir par une nouvelle inscription. Enfin encore, ne pourrait-on pas supposer que la 1ère inscription étant fautive dans l’hypothèse, la famille a voulu exhiber une date authentique. Mais demeure toujours la question du niveau du sol.
679En fin de compte tout ceci n'est que suppositions gratuites sans valeur historique. Il n'en demeure pas moins que le fait méritait d'être constaté, car c'est vraiment, selon l'expression de Mr le Curé une véritable surprise.
680Cette découverte met fin, pour le moment du moins13 aux travaux de la Basilique d'Uppenna, à part ce détail que Mr le Curé d'Enfidaville n'a rien trouvé dans le tombeau du lecteur (?).
681Le lendemain de ce jour Mr Lino, le mosaïste, doit se rendre à la Basilique de Sidi-Abich.
6821er août.- Le mosaïste y travaille depuis huit jours. Il a procédé à l'enlèvement de la grande mosaïque (Je = Abbé Pavard = suppose que c'est la mosaïque qui sert de pavement à la basilique, abstraction faite des mosaïques tombales) puis à celles avec inscriptions tombales, de Ditalis,* (il faut lire Vitalis) de Renovatus et de Faustinas. Le 1er août, M'l’Abbé Emmanuelli a fait ouvrir le tombeau de Ditalis famulus Dei et celui de Renovatus. « Avant d’arriver au tombeau, écrit-il, (lequel ?) on a enlevé une couche de sable rouge de 0.70. Le tombeau est recouvert d’une grande et petite dalle en pierre noire ; il paraît être un sarcophage coupé en deux. Les ossements sont intacts. J'ai pu recueillir le crâne et ai fait recouvrir le tombeau en cas qu'on veuille ramasser les ossements. Le tombeau de Revocatus est en tuile, les ossements bien conservés, et j'ai pris aussi le crâne que je garderai précieusement. Demain matin aura lieu l’ouverture du tombeau du prêtre Faustinus dont je tâcherai de prendre tous les ossements. »
6833 août.- Le tombeau du prêtre Faustinus ouvert le 2 août en présence de Mr l'Abbé Emmanuelli, est en tuiles. Pour l'atteindre il a fallu démolir 0.70 centimètres de maçonnerie qui le recouvrait. Le squelette était bien conservé. Mr le Curé d'Enfidaville a recueilli le crâne et les deux fémurs. Il a fait recouvrir le reste pour pouvoir le conserver en cas de besoin.
684Le 3 août *(lecture incertaine 3 ou 5 août), Mr l’Abbé Emmanuelli a fait creuser une tranchée à l’endroit supposé de l'emplacement de l’Autel. Rien n'a été découvert. Cet insuccès corrobore celui de la Commission, lorsque le 6 juillet 1905 elle fit opérer un sondage à la place du Ciborium (Procès-Verbaux etc. pages 30 et 31).
685Dans sa lettre du 1er août, Mr l'Abbé Emmanuelli, parlant de travaux ultérieurs à exécuter à la Basilique d'Uppenna, émet l'opinion « qu'il faudra un travail monstre pour tout dégager et pouvoir fouiller ensuite. »
6869Xbre 1906
687A. Pavard
CORRESPONDANCE DE A. MERLIN AL PÈRE DELATTRE
688A. Merlin a successivement adressé deux lettres, le 12 juin 1906, au Père Delattre, concernant le transfert des mosaïques d'Uppenna à la nouvelle église d'Enfidaville. La première lettre intègre, sous forme de pièces justificatives, le double de deux lettres à M. Cœytaux, régisseur du Domaine de l'Enfida, expédiées les 15 mai et 5 juin 1906. La deuxième lettre du 12 juin se réfère à la réponse du Conseil d'Administration de la Société franco-africaine de l'Enfida donnée par M. Cœytaux et parvenue à la Direction des Antiquités, après le départ de la première lettre au Père Delattre. Cette lettre de la Société franco-africaine, datée du 11 juin 1906, est reproduite dans le Courrier de la Société franco-africaine à la Direction des Antiquités et Beaux-Arts. Rappelons également que la réponse du Père Delattre à la première lettre de Merlin se trouve dans les Ecrits du Père Delattre.
689La lettre de A. Merlin au Père Delattre, datée du 17 juillet 1906, constitue une réponse à celle du Père Delattre rendant compte, le 13 juillet 1906, de la visite à Uppenna (se reporter aux Ecrits du Père Delattre).
690(Lettres de Merlin, conservées aux Archives des Missionnaires d'Afrique ; lettres de la Société franco-africaine et du Père Delattre, conservées aux Archives de l'inp.)
LETTRES DE A. MERLIN AU PÈRE DELATTRE
691Tunis, le 12 juin 1906
692Mon Révérend Père,
693Comme vous avez eu l'obligeance de venir me voir au mois d’avril je crois, de la part de Monseigneur l'Archevêque, au sujet des mosaïques chrétiennes d'Uppenna, je désire vivement vous mettre au courant de la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui, en vous priant de vouloir bien faire connaître à Sa Grandeur, si vous le jugez opportun, l'état actuel des pourparlers.
694Ainsi que je vous l'avais dit, je comptais être en mesure d'envoyer notre mosaïste à Enfidaville vers le début de juin. Aussi, quand j'ai été informé exactement de son retour de Sfax ici, j'ai adressé une lettre à Mr. Cœytaux pour lui préciser, comme je l'avais fait à vous-même, les conditions dans lesquelles ce travail pouvait être exécuté et quelle serait la participation de la Direction des Antiquités. Vous trouverez ci-joint copie de cette lettre sous la date du 15 mai.
695Quand Fino a été revenu, j'ai envoyé à Mr. Cœytaux une seconde lettre, le 5 juin, dont je vous fais parvenir également la copie, pour lui demander si Fino pouvait se rendre à Enfidaville tout de suite ou quel jour, à partir du 11 juin, il devrait le faire.
696Cette lettre, comme la première, est jusqu'ici restée sans réponse. J’ignore par [suite ?] les intentions de la Société franco-africaine, si ces messieurs persistent ou non dans leur projet de faire enlever et remonter dans la nouvelle basilique des mosaïques antiques ; d'un autre côté, je ne sais ce qu’ils sont disposés à faire pour cela et je ne puis commencer le travail sans que les conditions dans lesquelles il doit être effectué soient convenues et la participation de chacun des intéressés réglée par un accord.
697Je souhaiterais vivement pour ma part qu'une solution intervînt à bref délai afin que soient sauvegardés à l'avenir ces intéressants pavements et je vous serais tout à fait reconnaissant de ce que vous pourriez faire pour hâter l'entente définitive entre l'Archevêché et la Société franco-africaine.
698Je suis heureux de cette occasion qui m’est offerte de me rappeler à votre bon souvenir et de vous faire agréer l'assurance de mes sentiments de respectueux dévouements.
699Veuillez croire, mon Révérend Père, à l’expression de ma profonde et sincère sympathie.
700A. Merlin
701Justificatif 1
702Lettre de Merlin à Cœytaux :
703Tunis, le 15 mai 1906
704Monsieur,
705J'ai reçu, il y a quelque temps, la visite du R.P. Delattre qui est venu me parler des mosaïques d'Uppenna et du désir que le Domaine de l'Enfida et l'Archevêché auraient de pouvoir les abriter dans ta nouvelle église qui va être construite ; il me demandait si et dans quelle mesure nous pourrions contribuer à cette œuvre. Voici ce que je lui ai répondu : je mettrai bien volontiers à la disposition de la Cie de l'Enfida et de l'Archevêché, notre mosaïste du Bardo ; je prendrai à la charge de la Direction des Antiquités le paiement du déplacement de cet ouvrier pendant le temps que durera l'enlèvement des mosaïques, mais c'est tout ce que je puis faire et il ne me serait pas possible de supporter les frais causés par cette opération : fourniture de main-d’œuvre auxiliaire, menues dépenses (toile, planches, colle...). D'autre part, pour le montage des panneaux, je prêterais de grand cœur notre ouvrier, et même, si loisible, son fils, mais leurs journées pendant cette nouvelle période seraient à la charge de la Cie de l'Enfida et de l'Archevêché, comme la fourniture du plâtre ou ciment, bois, etc. nécessaires à cette fin.
706Ces conventions ne sont d'ailleurs que l'écho des conversations que vous avez eues l'an dernier avec M. Sadoux. Il nous paraîtrait très utile de ne pas attendre les chaleurs pour procéder à ce travail et nous croyons qu'il serait bon de commencer tout à fait au début de juin.
707Justificatif 2
708Lettre de Merlin à Cœytaux :
709Tunis, le 5 juin 1906
710Monsieur,
711Comme suite à ma lettre du 15 mai, j'ai l'honneur de vous faire connaître que notre mosaïste pourra être à votre disposition aux conditions que je vous ai énoncées, à partir du lundi 11 courant.
712Je vous serais très reconnaissant de me faire savoir si vous comptez l'utiliser dès maintenant ou si vous préférez attendre un autre moment pour l'enlèvement des mosaïques d'Uppenna. J’aimerais être fixé sur ce point le plus tôt possible pour régler en conséquence le travail de cet ouvrier et savoir quand il aura à se rendre à Enfidaville.
713A. Merlin
————
714Tunis, le 12 juin 1906, 3 h.
715Mon Révérend Père,
716Je me suis trop pressé de vous écrire ce matin, car je viens de recevoir, par le courrier de cet après-midi, une lettre de M. Cœytaux. Tout est arrangé ; le Conseil d'Administration de la Société franco-africaine adhère aux propositions que je lui ai soumises et me demande d'envoyer notre mosaïste pour faire le travail. M. Cœytaux me demande seulement de remettre l'opération au mois de juillet, car d’ici là, il est trop occupé pour faire seconder utilement Fino.
717Comme vous le voyez, la question est maintenant réglée et j'espère que tout ira bien désormais.
718Croyez, mon Révérend Père, à l'assurance de mon plus respectueux dévouement.
719A. Merlin
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720Malesherbes (Loiret), le 17 juillet 1906
721Mon Révérend Père,
722J'ai été tout à fait sensible à vos aimables félicitations et je ne veux point tarder à vous en remercier. Croyez que j'ai été très touché de votre lettre et recevez l'expression de toute ma gratitude pour la part que vous voulez bien prendre à cet événement. Je ne vous cacherai pas que je suis fort aise d'être débarrassé et que je me réjouis d'en avoir fini avec ce dernier examen, qui, pour n'être pas terrible, ne laisse pas que d'être malgré tout un examen et comme tel une épreuve ennuyeuse. Enfin, c'est fini maintenant !
723Je vous remercie aussi de tous les détails que vous m'envoyez sur votre visite à Uppenna. Ce que vous me dites de la chaleur que vous avez eue ne me surprend qu'à moitié car M. Sadoux l'an dernier en avait déjà beaucoup souffert. J'espère que la fatigue qui en est résultée pour vous et M. l'abbé Pavard, n'a pas persisté et est aujourd'hui disparue. J'espère aussi que l'avenir nous ménage encore, à mesure que Fino va continuer à enlever les mosaïques, d’intéressantes découvertes.
724En vous remerciant encore, mon Révérend Père, je vous prie d'agréer l’assurance de mes sentiments les meilleurs et les plus respectueusement dévoués.
725Mon beau-père me prie de vous adresser de sa part son meilleur souvenir et ma femme se joint à moi pour vous renouveler nos respectueux et sincères hommages.
726A. Merlin
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COURRIERS DE LA SOCIÉTÉ FRANCO-AFRICAINE À LA DIRECTION DES ANTIQUITÉS ET BEAUX-ARTS
727Marseille, le 27 juin 1905
728Monsieur le Directeur,
729Nous avons eu l'honneur de vous informer, en son temps, de la découverte que nous avons faite de mosaïques sur le plateau de Sidi-Abbiche.
730Il nous paraît impossible de les maintenir dans le statu quo, exposées à toutes les intempéries et nous avons eu la pensée qu'il serait possible d'en assurer la conservation en les transférant dans une église qui pourrait être construite ad hoc.
731Nous avons soumis cette idée à Monseigneur l'Archevêque de Carthage qui a bien voulu nous faire connaître qu'il donnerait son assentiment et qu'il contribuerait volontiers avec notre Société à l'édification d’une église affectée au culte catholique sur le territoire du village d'Enfidaville.
732Nous avons appris qu'une découverte du même genre a été faite à Upenna dont les mosaïques pourraient, ce nous semble, être groupées avec celles de Sidi-Abbiche pour faciliter l'érection d'un monument qui reconstituerait autant que faire se pourrait la basilique dont nous croyons avoir retrouvé les traces à Sidi-Abbiche.
733Nous prenons la liberté, Monsieur le Directeur, de vous demander si vous ne voyez aucun inconvénient à la réalisation de cette idée et, dans l'affirmative, s'il entrerait dans vos vues de nous donner votre concours et dans quelle mesure.
734Il va sans dire que nous serions prêts à nous soumettre au contrôle que votre Administration croirait utile d'exercer tant sur le déplacement que sur la translation et la reconstitution de ces anciens vestiges du passé.
735Nous vous serions reconnaissants, Monsieur le Directeur, de nous faire connaître la décision que vous prendrez au sujet de ces propositions auxquelles nous espérons que vous voudrez bien réserver un favorable accueil.
736Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de notre haute considération.
737L'Administrateur Délégué
738Monsieur le Directeur des Antiquités et Beaux-artsTunis
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739Marseille, le 27 juillet 1905.
740Monsieur le Directeur,
741Nous avons reçu la lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous adresser à la date du 16 courant.
742Nous sommes heureux que vous veuillez bien donner, en principe, votre adhésion à la proposition que nous vous avions soumise de faire transporter, à Enfidaville, les mosaïques byzantines de Sidi Abiche et d'Upenna et nous vous remercions du concours que vous voulez bien nous promettre de votre atelier de mosaïstes, aux fins d'enlever, de transporter et de remonter les œuvres d'art en question dans la basilique que nous avons formé le projet d'édifier à Enfidaville.
743Il va sans dire que leur conservation demeurera placée sous le contrôle de votre Direction et nous sommes prêts, également, en ce qui nous concerne, à ce que la propriété de ces pavements reste réservée à l'Etat tunisien. Nous nous ferons un plaisir de soumettre à votre examen les plans de la future église : mais les ressources que l'Archevêché et notre Société peuvent, à raison de moitié chacune, consacrer à cette édification ne nous permettront probablement pas de confier l'élaboration des plans à un architecte aussi éminent que celui que vous voulez bien nous désigner, ni à tel autre de ses confrères.
744En tout état de cause, nous allons, sans perdre de temps, soumettre, à Monseigneur l'Archevêque, nos propositions en vue de la solution des questions que comporte cette affaire et nous sommes d’accord avec vous pour estimer qu'il y aurait lieu d'aboutir dans le plus bref délai possible.
745Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de notre haute considération.
746Le Président du Conseil d'Administration
747Monsieur le Directeur des Antiquités et Arts Tunis
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748Lettre reproduite fig. 9.
749Marseille, le 2 septembre 1905
750Monsieur le Directeur,
751Nous avons l'honneur de vous confirmer la lettre que nous vous avons adressée à la date du 27 juillet, en réponse à la vôtre du 16 du même mois.
752Afin de pouvoir donner suite à nos projets de construction d'une chapelle à Enfidaville, où seraient transférées les mosaïques d'Uppenna et de Sidi-Abbiche, pourriez-vous nous faire connaître, le plus approximativement possible, la dépense qu'entraîneraient leur enlèvement, leur transport et leur reconstitution ?
753Cette donnée nous serait nécessaire pour nous permettre d'établir un compte de prévisions et faire dresser un plan.
754Nous vous remercions des renseignements que vous voudrez bien nous donner et vous prions d’agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de notre haute considération.
755Le Président du Conseil d'Administration
756Monsieur le Directeur des Antiquités et Arts Tunis
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757Marseille, le 21 septembre 1905
758Monsieur le Directeur,
759Nous avons l'honneur de vous confirmer notre lettre du 2ct.
760Nous n’avons pas encore reçu la réponse de l'Archevêché au sujet de sa participation à la construction de l'Eglise d'Enfidaville.
761Mais, d'après les renseignements qui nous ont été transmis par Monsieur Cœytaux, notre Régisseur, nous avons tout lieu de croire que sa participation à la moitié de la dépense de 40 000 francs nous est assurée.
762Dans ces conditions, nous sommes disposés à faire mettre, le plus promptement possible, la main aux travaux de construction de l'Eglise dès que nous aurons reçu la réponse de Monseigneur l'Archevêque.
763Si votre Direction persiste à considérer qu'elle ne peut contribuer par une allocation de fonds aux travaux que nous allons entreprendre, nous comptons, tout au moins, que les mosaïques restant sous votre contrôle, votre Administration gardera à sa charge toutes les dépenses qu'auront occasionnées leur enlèvement et leur reconstitution.
764Nous vous serons reconnaissants, Monsieur le Directeur, de vouloir bien nous faire connaître aussitôt que possible que nous sommes bien d'accord à ce sujet.
765Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de notre haute considération.
766L'Administrateur Délégué
767Monsieur le Directeur des Antiquités et Arts Tunis
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768Enfidaville, le 11 juin 1906
769Monsieur,
770En réponse à votre lettre du 5 courant, nous avons l'honneur de vous faire connaître que notre Conseil d'Administration a accepté de participer à la dépense de frais d’enlèvement des mosaïques d'Upenna, comme vous nous l'avez proposé.
771Vous pourrez nous envoyer le mosaïste dès le premier Juillet car d’ici cette époque nous sommes trop occupés pour pouvoir le seconder utilement.
772Veuillez agréer, Monsieur, les assurances de nos sentiments les plus distingués.
773Pour le Régisseur Général.
774Monsieur Merlin, Directeur des Antiquités et Arts en Tunisie Tunis
Notes de bas de page
1 En retour, concernant le premier P.V. : « L'Archevêque de Carthage remercie M. le chanoine Pavard de cette intéressante communication et demande des nouvelles de sa santé. » Pour le deuxième P.V. : « L'Archevêque de Carthage n'a rien à dire sur le présent rapport sinon qu'il le trouve très bien fait et très intéressant. Il s'empresse d'adresser à l'auteur ses félicitations sincères. »
2 Quelques formulations sont différentes, mais c'est affaire de style. Les deux propositions les plus dissemblables que j'ai rencontrées se situent dans le texte des P.V. de la deuxième Mission, p. 21-22. La phrase « La suite des recherches fait découvrir sur la paroi du mur vertical qui séparait de l'absidiole notre compartiment une inscription dont il ne reste malheureusement que la dernière ligne » était initialement : « La suite des recherches amène la découverte sur le mur vertical rejoignant l'absidiole d'une inscription... »).
3 « Aux félicitations que mérite M. Robin pour sa découverte, il s'impose de joindre les remerciements et les éloges de l'Administration diocésaine pour sa persévérance dans les recherches qui l'ont amené à découvrir la tombe des seize martyrs absolument médite et pour le service qu'il a ainsi rendu à l'histoire de l'ancienne Eglise d'Afrique et au siège établi de Carthage aussi bien qu'à la Religion catholique elle-même. »
4 Au sujet de Gauckler, on se reportera aux précisions contenues dans notre ch. I, p. 68-69 n. 86.
5 Celle-ci mesurait 2 m 10 de longueur et 1 m de largeur.
6 Un autre sarcophage de pierre grise découvert précédemment à droite de l'abside, renfermait, nous a-t-il été dit, huit crânes avec autant de squelettes.
7 Ces tuiles portent sur une face deux diagonales tracées à l’aide des doigts sur l’argile encore fraîche. C'est la lettre χ initiale du mot χριοτος que les fidèles aimaient à tracer sur leurs poteries.
8 Dans l'épitaphe du Lecteur Quintus tous les E à part un de forme lunaire sont figurés par des I traversés au milieu par une petite barre horizontale.
9 La lettre A de la deuxième ligne n'est pas suivie du V lié *(sic).
10 C.I.L VIII, 10516.
11 Bull di arch. crist.1878, p. 25-36 - 1888, p. 63.
12 Il me paraît utile de demander à M’le Curé de quelle matière était ce sarcophage et de quelle façon il a été allongé. Serait-ce un sarcophage tronqué que l'on a allongé par de la maçonnerie comme celui que nous avons découvert te 9 juillet 1906 (Abbé Pavard).
13 C’est ce qui laisse supposer le début de la lettre du 1er août et que confirme la fin de cette même lettre.
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