Chapitre IV. Les enseignements des fastes du ve siècle
p. 157-173
Texte intégral
Un problème de lecture ?
L’état de la question
1Pour dater la création des premières tribus rurales, L. R. Taylor1, A. Alföldi2, M. Humbert3 ont tous trois invoqué les Fastes consulaires des premiers temps de la République : la similitude des noms portés par dix des tribus, et par des consuls bien attestés par les Fastes, y invite expressément. Or, ces trois auteurs y ont trouvé des arguments en faveur de trois datations radicalement différentes : il y a là, à l’évidence, un problème de lecture des Fastes, qu’on ne saurait esquiver.
L’interprétation de L. R. Taylor
2L. R. Taylor, comme tous les auteurs qui, avant elle, avaient traité de la question, tenait pour gentilices les noms de seize des dix-sept premières tribus rurales (seule, la tribu Clustumina aurait reçu un toponyme) ; elle admettait d’autre part que ces tribus avaient dû être créées au moment où les gentes dont elles recevaient les noms étaient à l’apogée de leur puissance : dans cette perspective, les Fastes consulaires, en permettant l’identification des gentes prééminentes dans les premières décennies de la République, pouvaient être très riches d’enseignements. De façon quelque peu paradoxale, L. R. Taylor a cru y trouver la preuve de la datation non pas républicaine, mais royale, et plus précisément servienne, de quinze de ces tribus : seules les tribus Claudia (à nom gentilice) et Clustumina (à nom topographique) auraient été instituées peu avant 493 av. J.-C.4
3Sa conviction était fondée sur deux arguments.
4Sa fidélité déclarée aux informations que livre la tradition5 – et particulièrement aux enseignements de Tite-Live sur l’existence de vingt et une tribus en 4956 – lui faisait en effet exclure une datation plus tardive que cette année, qui devait constituer un terminus ante quem indiscutable. Il convenait donc de prendre en compte les Fastes consulaires des années antérieures. Or, quatre seulement des tribus portaient les noms de consuls bien attestés entre 509 et 495. Pourtant les Fastes consulaires livraient les noms, pour ces mêmes années, d’un bien plus grand nombre de puissantes familles, capables dans le même temps de gérer de nombreux consulats : si ces familles n’avaient pas donné leurs noms à des tribus, ce ne pouvait être que parce que les tribus avaient été créées avant leur émergence, et que, par conséquent, elles l’avaient été à l’époque royale7 Cette conviction était renforcée par la dénomination de six tribus8 qui ne se retrouvait en aucune façon dans les Fastes de ces années, non plus d’ailleurs que par la suite : l’absence de ces noms ne pouvait s’expliquer, pensait-elle, que par la disparition d’autant de gentes, dont la prépondérance appartenait à une époque révolue.
5Tout renvoyait par conséquent à la même idée d’une création royale des seize premières tribus rurales : il convenait de la rapporter, selon toute vraisemblance, à Servius Tullius et à son activité censoriale.
Les analyses proposées par A. Alföldi
6A. Alföldi, en suggérant – et en démontrant – le caractère topographique des noms de tribus inconnus des Fastes, a privé ce raisonnement d’un de ses arguments essentiels9. Quant au reste, M. Humbert a montré le caractère fallacieux de l’argument par l’absence de certains noms, en lui opposant l’un d’eux, celui des Valerii10. Il est vrai que la prépondérance de cette famille, qui n’a pas donné son nom à une tribu, est bien attestée par les Fastes entre 509 et 495. Mais au début de la République, cette prépondérance était déjà ancienne11, et remontait à Titus Tatius, si Ton en croit la tradition. Rien n’autorisant à penser que cette famille avait subi une éclipse au cours du VIe siècle, et singulièrement sous Servius Tullius, l’argument par l’absence de ce nom parmi les noms de tribus, s’il vaut contre une datation au début de la République, vaut tout aussi bien, par conséquent, contre une datation royale, serait-elle servienne.
Les critiques de M. Humbert
7Cependant M. Humbert, remarquant d’autre part la pérennité, bien avant dans le Ve siècle, de toutes ces familles qui, pourtant, n’ont pas donné leur nom à une tribu, en vient à préconiser le recours à l’ars ignorandi12 : « À l’époque de Servius Tullius, en 493 ou dans la deuxième moitié du Ve siècle l’absence de certains noms ne s’explique pas ». L’essentiel lui paraît en définitive la correspondance globale entre les données des Fastes et les enseignements de la tradition sur les tribus : « Le chiffre de vingt et une tribus atteint en 493, selon la tradition commune à Tite-Live et Denys d’Halicarnasse, s’intercale très bien dans ce contexte. Pour la plupart, le nom des tribus nouvelles s’explique par les listes consulaires de l’époque [...] ».
8On le voit, M. Humbert ne tente pas une analyse systématique des données des Fastes : est-ce prudence, ou méfiance à l’égard d’une documentation somme toute très discutée ?
Une autre lecture des Fastes est-elle possible ?
9Il me paraît pourtant que l’on peut opposer au pessimisme d’une telle argumentation trois objections.
L’« absence » de certains noms
10Convient-il, en premier lieu, de raisonner en termes d’« absence » de certains noms ? En vertu de quels critères décèlera-t-on ces « absences » ? N’y a-t-il pas, sous-jacente à une telle approche, l’idée implicite que toutes les familles gentilices importantes – assez pour figurer dans les listes consulaires – devaient donner leur nom à une tribu ? C’est, me semble-t-il, un tel postulat qui inspire L. R. Taylor, quand elle affirme que si les tribus ‘gentilices’ avaient été créées au début du Ve siècle, elles auraient été bien plus nombreuses. Et M. Humbert ne raisonne pas très différemment, lorsqu’il oppose à la thèse d’une création des tribus dans le dernier tiers du Ve siècle le fait que des familles prépondérantes alors n’ont pas donné leur nom à une tribu : ces familles, écrit-il, « n’auraient donc pas participé au vaste mouvement de l’extension des tribus si on le place à cette date »13.
11Or, on voit mal sur quels indices repose une pareille reconstruction, que démentiraient au demeurant les leçons du passé : ainsi, même si le nombre de cent trente-six gentes patriciennes, avancé par la tradition pour la fin de l’époque royale, est discutable et discuté14, il suggère pour le système des curies – au nombre de trente seulement, dont vingt-trois à noms gentilices, on s’en souvient15 – l’idée de regroupements de gentes sous les noms d’un petit nombre d’entre elles, pour la dénomination des curies. Et Ton ne saurait exclure sans autre examen la possibilité d’un processus analogue, pour la création des tribus à noms gentilices16 : en fait on ignore tout des critères qui ont pu présider au choix de telle ou telle gens, pour donner son nom à une tribu.
Les enseignements de la lex Publilia de 471
12Ma seconde objection tient à l’analyse que j’ai tentée des événements de 473-471, tels que les rapportent Tite-Live et Denys d’Halicarnasse : des événements qui ont conduit, avec la lex Publilia, à l’établissement des assemblées tributes comme assemblées de vote pour l’élection des ’magistrats de la plèbe’ ; on l’a vu, de tels épisodes paraissent bien contredire l’existence des tribus gentilices à ce moment – et, a fortiori, en 493. Si l’on admet simplement qu’il puisse y avoir là au moins un problème, une incertitude, sur l’existence de vingt et une tribus en 493 av. J.-C, on sera conduit, je pense, à prendre en compte les Fastes non seulement des deux premières décennies de la République, mais aussi ceux des décennies suivantes, ne serait-ce qu’à titre de vérification.
Un problème de méthode de lecture ?
13De là ma troisième objection à la pratique de l’ars ignorandi que, de façon quelque peu sceptique et désabusée, M. Humbert préconise : dans la perspective que je viens de définir, peut-être n’est-on pas contraint sans espoir de renoncer tout à fait aux enseignements de ces listes de magistrats auxquelles, sauf peut-être pour les tout premiers collèges, on tend à accorder aujourd’hui de plus en plus de crédit17. Mais si, parce qu’on les tient pour largement authentiques, on y cherche des éléments de connaissance, alors il convient de les traiter avec la même rigueur qu’on le ferait de n’importe quelle autre documentation : on ne saurait se borner à y puiser des arguments partiels – et donc toujours sujets à caution – pour y trouver une confirmation précaire de « conclusions » déjà acquises ; on ne saurait d’ailleurs pas davantage exclure, a priori, que les Fastes puissent infirmer des interprétations suggérées par d’autres sources, et, en particulier ici, celle que j’ai cru pouvoir proposer de la lex Publilia : si cela était, il faudrait alors, de toute évidence, analyser les contradictions éventuelles, et peut-être reconsidérer toute la question.
14Il convient donc, à mon sens, plutôt que de raisonner en termes d’« absence » de certains noms, d’appuyer la réflexion sur ce constat clairement établi, je pense : parmi les familles consulaires dont les Fastes ont gardé le souvenir – et dans lesquelles on reconnaît de grandes familles patriciennes – dix seulement ont donné leur nom à une tribu. L’important est de savoir quelle signification accorder à ce constat. Si l’on admet – à titre d’hypothèse de travail – que la création de ces dix tribus à noms gentilices a pu coïncider avec un moment plus particulièrement caractérisé que d’autres par la domination des dix gentes éponymes, on a tout lieu d’en rechercher des indices dans les Fastes : existe-t-il donc, dans la succession d’abord des consulats, puis, à partir de 443 av. J.-C, des tribunats militaires à pouvoir consulaire, une période plus nettement marquée par la prédominance des dix noms que l’on retrouve aussi dans la dénomination des tribus ? S’il en est ainsi, n’aurait-on pas là un indice de grande importance pour dater la création de ces tribus ?
Les informations données par les Fastes de 509 à 367 av. j.-c.
Familles dominantes et noms de tribus
Une évolution chronologique ?
15Si l’on établit, pour comparaison, le tableau des magistratures obtenues entre 50918 et 36719 d’une part par les familles dont on retrouve les noms dans la dénomination des tribus, d’autre part par les autres familles patriciennes, une lecture immédiate impose une évidence, que l’on n’aurait peut-être pas attendue : il n’y a pas concordance étroite entre gentes prévalantes au premier siècle de la République, et gentes éponymes de tribus. Les deux ensembles présentent d’étroites analogies, et l’on voit figurer dans les deux cas des gentes de fortune politique fort éphémère, aussi bien que d’autres dont la puissance s’affirme nettement sur toute la période. Une lecture plus attentive, cependant, permet de déceler des évolutions qui ne sont pas sans signification.
16Au cours d’une première période, qui va de 509 à 486, on peut décompter les noms de vingt-quatre familles, pour quarante-huit consulats : parmi elles, quatre familles éponymes de tribus, avec cinq consulats ; mais pendant le même temps, les Valerii ont obtenu six consulats et une sinon deux dictatures, les Larcii quatre consulats et peut-être deux dictatures, les Postumii trois consulats et une dictature, les Verginii quatre consulats, les Lucretii trois consulats et les Minucii trois encore... : ces six familles, avec leurs vingt-trois consulats et leurs cinq dictatures, démontrent une éclatante supériorité pendant cette période, qui ignore encore les noms de six des gentes éponymes. Si donc la création des tribus « gentilices » a eu lieu au cours de ces années, force serait d’admettre – conclusion paradoxale que L. R. Taylor, on l’a vu, refusait20 – que le choix des noms de tribus s’était porté sur les gentes de moindre importance, six d’entre elles n’étant pas même parvenues à gérer un seul consulat.
17Mais les années qui suivent 48521 voient se modifier cet état de choses : l’une des plus grandes familles non-éponymes, celle des Larcii, disparaît définitivement de l’histoire après un consulat en 490, et les Tullii, qui avaient obtenu un consulat en 500, quittent aussi la scène politique sans retour, tandis que les Aquilii s’effacent pour presque un siècle. Rien de tel pour le groupe des familles éponymes, qui perdure et s’enrichit de trois nouveaux noms : deux en 485 et un troisième en 484. À partir de ce moment cependant, et pour quelque vingt ans, le poids politique respectif des deux groupes de familles, qui évoluent de même façon, est assez peu différent : tous deux s’accroissent de noms nouveaux, et les familles les plus anciennes maintiennent désormais leur puissance.
18C’est après 460 que semble se préciser une emprise plus nette des gentes éponymes sur la direction politique de l’État – pendant la période, donc, qui prépare l’établissement, en 451, d’un décemvirat législatif, renouvelé en 450, mais supprimé en 449, pour laisser place à la « restauration » de la République. Les quinze années qui suivent 460 apparaissent en effet, comme en d’autres domaines, des années cruciales. On y relève d’abord, en 458, l’accès possible au consulat des Papirii, qui fourniront en tout cas un consul en 444 et, en 443, l’un des deux premiers censeurs de l’histoire de la Ville22 ; or, de plus – le fait est remarquable, et il conviendra d’y revenir – les Anciens affirmaient qu’en 509, déjà, un Papirius avait été pontifex maximus et un autre rex sacrorum23. En 455, d’autre part, les Romilii apparaissent avec un consulat, et fournissent un des décemvirs du premier collège décemviral – pour disparaître ensuite sans retour – ; enfin les Sergii font leur entrée dans les Fastes avec le second collège décemviral ; or, leur apparition scelle la liste des gentes qui ont donné leur nom à une tribu.
19On observera encore que six noms figurent parmi ceux des décemvirs législatifs : trois – les Veturii, les Claudii et les Romulii – dans le premier collège, et, outre Appius Claudius qui demeure, trois autres – les Fabii, les Cornelii et les Sergii (qui font alors leur apparition) – dans le second. Mais si le premier collège comporte, du côté des gentes non éponymes, un Postumius, un Sulpicius et un Manlius, issus d’anciennes et puissantes familles, on y voit figurer aussi un Genucius, issu de la « plèbe » selon toutes probabilités, et un Curiatius et un Sestius qui, les premiers de leur gens, ont accédé au consulat en 453 et en 452, pour tomber dans l’oubli aussitôt après ; quant au second collège, on y trouve du côté des gentes non éponymes de tribus, associé aux quatre représentants de gentes éponymes et à cinq plébéiens, le seul Minucius, qui disparaît ensuite des Fastes24.
20La comparaison d’ensemble est instructive : sur vingt charges décemvirales, sept ont été obtenues par des gentes éponymes de tribus, et six autres par des plébéiens ; des sept dernières, quatre ont été à des familles dont la fortune n’a duré que quelques années ; trois seulement ont été à de très grandes familles – qui n’ont pas donné leurs noms à des tribus. En outre, un Menenius est consul en 452, un Horatius en 44925 : en quatre ans apparaissent (ou réapparaissent) les noms de huit des dix familles éponymes de tribus ; un neuvième, celui des Papirii – qui ont peut-être obtenu un consulat en 458 – s’affirme, après un consulat en 444, avec une censure en 443 ; mais peut-être la fortune des Papirii n’est-elle pas alors nouvelle, puisque, on l’a vu, la famille passait pour avoir fourni le premier pontifex maximus de la République. On serait donc tenté de placer dans les années très proches du milieu du Ve siècle la création des tribus à noms gentilices, si l’absence d’un nom, celui des Aemilii, n’invitait, là encore, à ne pas lier trop étroitement dans le temps exercice d’une haute magistrature et capacité à donner son nom à une tribu.
21Est-il possible de préciser davantage ?
Pour une première interprétation
22La dernière magistrature certaine26 exercée par un Aemilius avant la période décemvirale est un consulat que gère en 467 Titus Aemilius Mamercus. Or, au témoignage de Tite-Live comme de Denys d’Halicarnasse27, ce dernier donne alors son appui à une loi tribunicienne de partage agraire, et la loi est promulguée. Mais sur l’initiative de Quintus Fabius, qui est l’autre consul, les terres partagées seront celles que Rome a récemment confisquées aux Volsques, et non pas des terres romaines : elles serviront à la fondation de la colonie romano-latine d’Antium, ouverte aux Romains, aux Latins, aux Volsques et aux Herniques. Et l’on remarquera au passage que ce territoire ne donnera lieu, sur le moment, à la création d’aucune tribu, malgré les assignations viritanes, bien attestées par la tradition, qui y seront effectuées.
23L’initiative de Titus Aemilius étonne : Tite-Live comme Denys d’Halicarnasse soulignent la colère des Patres, qui ont reporté leur mécontentement des tribuns sur le consul. Ne peut-on imaginer pourtant qu’une telle politique a pu jouer un rôle de diversion, et peut-être faciliter la création de la première tribu à nom gentilice, la tribu Aemilia ? Depuis la promulgation de la lex Publilia en 471, la création de telles tribus ne devait-elle pas être au centre des préoccupations patriciennes ? Si l’on admet que soit possible une quelconque concordance entre la création des tribus à noms gentilices et, malgré tout, une certaine importance politique des patrons de gentes qui devaient leur donner leurs noms ; si l’on admet, aussi, le bien-fondé de l’interprétation que j’ai cru pouvoir proposer de la lex Publilia – alors on sera conduit, je pense, à considérer comme vraisemblable, pour la création de ces tribus, une période ouverte en 467 par le consulat de Titus Aemilius Mamercus, et close au plus tard en 443 avec la censure de Lucius Papirius Mugillanus – close plus vraisemblablement, on le verra, dès 449.
24La nécessité de la censure deviendra alors patente : la création des tribus « gentilices » a dû marquer une étape institutionnelle importante, vers l’unification de la Cité, manifestée par la participation de tous aux assemblées tributes. Et désormais, ce qui signalera l’appartenance des individus à la communauté civique sera, pour tous, leur inscription dans une tribu28. Une mise en ordre s’imposait, et il y avait urgence : « Depuis de longues années », dit Tite-Live, « le peuple n’avait pas été recensé »29. Denys d’Halicarnasse précise : depuis dix-sept ans, depuis le consulat de Lucius Cornelius et de Quintus Fabius – autrement dit depuis 45930 – pour, tout aussitôt, évoquer la possibilité d’une épuration des listes : écho de débats plus tardifs, qu’anticipe Denys d’Halicarnasse, ou reflet d’une réalité ?
Le projet politique révélé par les Fastes, entre 471 et 443
Un choix de stratégie politique ?
25Il convient de revenir sur la composition de cette liste de dix gentes, d’importances et de fortunes politiques si inégales. C’est, on l’a vu, qu’il n’y a pas nécessaire coïncidence entre prévalence politique – telle du moins qu’elle se révèle par la gestion répétée des hautes magistratures sur de longues périodes – et aptitude reconnue à une gens à donner son nom à une tribu. Les choix qui ont incité les patrons de gentes à se grouper sous les noms de dix d’entre elles, pour inscrire les territoires qu’ils contrôlaient dans le réseau des tribus, ne peuvent être élucidés par une lecture directe des Fastes, et par le simple décompte des magistratures obtenues par telle ou telle gens.
26Des considérations de type géographique – la commodité des voisinages – aussi bien que d’ordre militaire, pour l’établissement de circonscriptions qui, à tout prendre, devaient avoir une base territoriale assez simple, ont dû jouer leur rôle : il est possible d’en déceler des éléments par exemple pour les Fabii31 ou les Claudii32, peut-être pour d’autres gentes encore. Mais il y a tout lieu de penser que des choix de stratégie politique, dans le rapport des forces affrontées à ce moment dans la lutte pour le pouvoir, doivent avoir leur place dans l’explication.
Trois temps peuvent être discernés entre 470 et 449
27Or trois temps peuvent être discernés, que suggère la lecture attentive de la liste des gentes éponymes et des magistratures obtenues : je me placerai ici dans une perspective récemment mise en valeur par G. Poma, dont l’analyse du décemvirat et de ses deux collèges, en 451 et 450, est ici singulièrement éclairante33.
28Aux lendemains de la promulgation de la lex Publilia, on peut voir dans la politique des Aemilii – dont le soutien aux revendications plébéiennes n’est que l’expression ouverte, avouée – une première réponse aux conditions nouvelles que cette loi avait créées. Déjà, les épisodes qui avaient marqué les années précédentes – le procès et la condamnation par l’assemblée plébéienne, en 476, d’un Titus Menenius, auxquels répond, il est vrai, trois ans plus tard, la mort du tribun Cneus Genucius34 – semblent préparer, on l’a vu, un rétablissement politique de la plèbe, devenu évident en 471. Mais la plèbe — son élite — aurait-elle pu remporter de tels succès, si elle n’avait eu des alliés et des complices parmi les patriciens35 ? On devine maintenant, dans les rangs du patriciat, la tentation de plusieurs politiques divergentes, que Tite-Live présente comme celles des iuniores opposés aux seniores36 : c’est d’abord l’obstruction et la violence, auxquelles répondent la condamnation d’un Caeso Quinctius par l’assemblée tribute, et son exil37 ; mais c’est aussi, et en même temps, la tentation des solutions feutrées, « légalistes », si je peux risquer ce terme pour un temps qui est encore celui du pré-droit : en particulier celle qui conduit à la création des tribus « gentilices » – dans un projet, on va le voir, parfaitement récupérateur.
29Avec le décemvirat législatif, avec surtout son second collège – G. Poma l’a bien montré38 – une mutation institutionnelle semble bien avoir été tentée39, qui pouvait donner à l’élite de la plèbe une place dans la gestion de l’État. Par delà l’interprétation très hostile au second collège décemviral, très réductrice aussi, donnée par les Anciens, on peut en effet saisir, à la suite de G. Poma, les véritables enjeux qui sous-tendent les épisodes liés à ce collège40 : par une politique de compromis avec l’élite plébéienne, de très grandes familles, appuyées d’autre part sur des éléments plus secondaires du patriciat41, ne pouvaient-elles espérer faire échec plus efficacement à leurs rivaux dans les compétitions pour contrôler le pouvoir ? Mais le risque était grand aussi, en cas de défaite, qu’un tel contrôle échappât à ces patriciens, en même temps qu’à leurs alliés plébéiens, au profit des éléments les plus conservateurs du patriciat : la chute du second collège décemviral et ses conséquences allaient le montrer.
30L’expérience décemvirale dépassait de très loin la seule rédaction des lois – du moins avec le second collège, dont les membres ont dans les Fastes, de façon significative, le titre de decemuiri consulari imperio42 ; son échec mit fin pour un demi siècle à l’ouverture de la classe politique à l’élite plébéienne, mais aussi, on va le voir, à l’unification institutionnelle qui avait pu être tentée. On y reconnaîtra aussi bien l’échec d’une faction, celle des Claudii : leur éviction des Fastes pour vingt-cinq ans, en même temps que celle de l’élite « plébéienne », et la disparition, définitive, de gentes plus secondaires, scelle la fin d’une politique, pour plusieurs décennies43. Mais la signification de cet état de choses n’est pas univoque, comme la tradition voudrait le faire croire.
31Du troisième temps en effet, qui vit la remise en ordre de l’organisation civique, la censure de Lucius Papirius Mugillanus pourrait être interprétée comme une expression achevée ; et ce fut en définitive pour le plus grand profit, peut-on croire, des patriciens dans leur ensemble : la plèbe – plus précisément son élite – est pour des décennies évincée des hautes charges, ses tribuns sont étroitement contrôlés, et de longtemps44, on n’entendra guère parler de procès et de condamnations de patriciens.
32La création des tribus gentilices, pour assurer l’unification du corps civique, prend alors parfaitement sa place dans le schéma intégrateur – et récupérateur – qui sous-tend l’expérience décemvirale : mais il importe ici de souligner l’ambiguïté du résultat qui, en faisant entrer les clients dans les assemblées tributes, devait permettre par là même aux patriciens de contrôler les organisations plébéiennes ; et l’on ne saurait exclure que ceux des Patres qui s’étaient compromis avec l’élite plébéienne dans l’expérience décemvirale n’aient pas eu au bout du compte, eux aussi, un tel projet : la création des tribus gentilices, globalement, paraissait de nature à renforcer les positions patriciennes, en toute occasion – même au risque, pour certains patriciens, de se voir écartés du pouvoir, au moins provisoirement – et la prise de contrôle des assemblées tributes prenait parfaitement sa place dans de tels desseins. Mais en ce cas, si l’on admet que les assemblées tributes sont des assemblées de la plèbe, il faut admettre en même temps que les clients, à partir de la création des tribus sur les terres des gentes, ont dû être tenus pour « plébéiens ».
33On s’avisera alors qu’en faisant admettre pour la plèbe une tout autre définition que par le passé – une définition qui aboutit à la confusion, dans l’assemblée tribute, de la plebs avec le populus45 –, les lois de restauration du tribunat de la plèbe, en 449 av. J.-C, concrétisaient bel et bien la réussite d’une entreprise patricienne de très grande portée idéologique et politique ; une entreprise qui devait aboutir de fait, dans les années suivantes, à l’anéantissement des effets voulus par la lex Publilia, qui était d’empêcher le contrôle des patriciens les plus conservateurs sur les organisations plébéiennes, et de protéger d’un pouvoir par trop discrétionnaire ceux qui étaient hors des gentes. Comment cela fut-il possible ?
34Les plébéiens – ceux qui n’avaient pas de gens – ont pu penser trouver leur avantage dans les lois de restauration de la République. Mais on observera que Tite-Live donne explicitement les lois de restauration du tribunat de la plèbe, en 449, pour un renouvellement des événements fondateurs de 49346. En même temps, il insiste sur la légitimation et la sacralisation des tribuns de la plèbe ainsi restaurés, et cela était de nature à satisfaire les plébéiens ; car ces tribuns, à n’en pas douter, devaient être élus par l’assemblée tribute, comme le voulait la loi Publilia de 471 : une loi qui avait été arrachée aux Pères, et qui, depuis lors, avait mis les tribuns de la plèbe en marge des institutions, et singulièrement des institutions religieuses47. Or, les lois de 493 et de 471 étaient contradictoires, fondamentalement sinon en apparence. Il suffira, pour s’en convaincre, de revenir sur la composition et la tenue de l’assemblée qui devait procéder à la première élection des tribuns de la plèbe, en 449, en vertu des lois Valeriae Horatiae : cette assemblée – que Tite-Live par deux fois désigne comme comitia, sans autre précision48 – ressemble à s’y méprendre à l’ancienne assemblée curiate qui, en 493, avait procédé aux élections des premiers tribuns de la plèbe ; la tradition n’a pas même oublié de mentionner, pour l’une et l’autre assemblées, la présidence du pontifex maximus : elle était de règle pour l’assemblée curiate49, et elle a pu être proposée à la « plèbe », en 449, grâce au modèle contraignant – et trompeur – des élections de 493. Car l’assemblée curiate, qui réunissait le populus tout entier, répartissait dans les curies les clients et la « plèbe » de telle sorte que s’y trouvaient préservés le contrôle et la domination des patrons des gentes50 : ce n’était certainement pas là une assemblée plébéienne au sens ancien du terme, et en cela elle se différenciait fondamentalement de l’assemblée tribute qui, en vertu de la lex Publilia, avait élu les tribuns en 471. On ne saurait douter pourtant que l’assemblée de 449 n’ait été tenue pour une assemblée plébéienne : mais il faut pour cela que la signification du qualificatif ait changé ; et en ce sens, les lois de 449 sur le rétablissement du tribunat de la plèbe ne pouvaient signifier ni la légitimation pure et simple des décisions de 471, ni le retour à la situation de 493 av. J.-C. Elles ont pu pourtant prétendre assurer l’un et l’autre – au terme de ce qu’il faut bien appeler une mystification. Mais on est alors conduit à penser que si une telle mystification fut possible, si l’opinion se laissa abuser, c’est qu’au sein même du corps social, déjà, avait dû commencer de se développer la confusion entre les clients et ceux qui ne relevaient pas d’une gens : est-il possible de saisir les indices d’une telle évolution ?

TABLEAU I : Les hautes magistratures et les grands sacerdoces, de 509 à 367 av. J.-C. (d’après J. R. S. Broughton. The Magistrates...) : les familles patriciennes

Tableaux I et II : les noms des familles sont classés dans Tordre chronologique de leur apparition dans les Fastes. Tableau I, en tête : les dix gentes qui ont donné leur nom à une tribu.
Notes de bas de page
1 L. R. Taylor, Voting Districts..., p. 6 et n. 13.
2 A. Alföldi, Early Rome..., pp. 307-316.
3 M. Humbert, Municipium..., pp. 74-75 et n. 80-81.
4 L. R. Taylor, Voting Districts..., pp. 6 et 36-37.
5 L. R. Taylor, Voting Districts..., pp. 4 et 6.
6 Tite-Live, II, 21, 6.
7 L. R. Taylor, Voting Districts..., pp. 6-7 et n. 13.
8 L. R. Taylor, Voting Districts..., pp. 6-7 et n. 13, cite la Camilia, la Galeria, la Lemonia, la Pollia, la Pupinia et la Voltinia ; seule de ces tribus, la Galeria est située sur la rive droite du Tibre ; cf. aussi infra.
9 A. Alföldi, Early Rome..., pp. 307-310, pour la Camilla – avec cependant des réserves – la Lemonia, la Pollia, la Pupinia et la Voltinia ; mais selon cet auteur, le problème ne peut se poser pour la Galeria, dont le territoire n’est pas romain avant les dernières décennies du Ve siècle : pp. 294-295, 303-304, et 316-317.
10 M. Humbert, Municipiutn..., p. 75, n. 81.
11 Sur la prééminence, déjà ancienne, des Valerii, héritiers dans les premières décennies de la République de certaines prérogatives royales : F. F. Coarelli, Il Foro Romano, I, pp. 79-89 ; cf. aussi infra.
12 M. Humbert, Municipium..., p. 75 et n. 81.
13 M. Humbert, Municipium..., p. 75 et n. 81.
14 Festus, p. 304 L = 254 M ; d’où A. Momigliano, Osservazioni..., pp. 97-222, et particulièrement ici p. 211 ; 1969, pp. 5-43.
15 Cf. supra.
16 Un tel processus ne pourrait-il être illustré, par exemple, par l’inscription des Manlii dans la tribu Sergia, ou, peut-être, des Valerii dans la tribu Claudia ? cf. : L. R. Taylor, Voting Districts..., p. 229 sq. pour les Manlii, et p. 279 sq. pour les Valerii.
17 Cf. supra, chap. I et II ; infra, chap. V ; pour les doutes qui pèsent sur les tout premiers collèges, cf. l’exposé des discussions par J. Heurgon, Rome et la Méditerranée..., pp. 268-273 ; J. R. S. Broughton, The Magistrates..., p. XI-XIII et n. 2, toutefois, incline à tenir pour authentique, à quelques rares exceptions près, l’ensemble de la liste des magistrats (et des prêtres) que l’on peut dresser à partir des textes et documents anciens, et particulièrement des récits de Tite-Live ; on trouvera dans l’ouvrage de J. R. S. Broughton, The Magistrates, pour chaque magistrature, les références aux sources antiques (textes littéraires et Fastes Capitolins), rassemblées et unifiées sous la datation varronienne, et les noms que ces sources proposent. Je me référerai par la suite aux données que cet auteur a rassemblées dans son ouvrage.
18 Tableau I : tableau chronologique de l’accès des familles patriciennes aux hautes magistratures et aux grands sacerdoces, de 509 à 367 av. J.-C. (d’après l’ensemble des données antiques rassemblées par J. R. S. Broughton, The Magistrates, I..., pp. 1-114) ; pour la distinction entre familles « patriciennes » et familles « plébéiennes » : infra, chapitre IX.
19 C’est-à-dire jusqu’aux lois licinio-sextiennes, qui réservent un des deux consulats annuels à un « plébéien ».
20 Cf. supra.
21 C’est-à-dire dans les années qui suivent l’exécution de Spurius Cassius, et que caractérise la disparition des noms « plébéiens » des Fastes consulaires.
22 Si toutefois il faut reconnaître un Papirius dans le Caruentus donné comme consul par les Fastes Capitolins : J. R. S. Broughton, The Magistrates..., p. 39 ; cf. aussi R. M. Ogilvie, A Commentary..., p. 615, et l’exposé de la question par P. Ch. Ranouil, Recherches..., pp. 46-53.
23 Denys d’Halicarnasse, III, 36, 4, confirmé par Ciceron, ad Fam., IX, 21, 2 ; Denys d’Halicarnasse, V, 1, 4 ; Tite-Live, II, 2, 1-2 ; Festus, 422 L ; si l’on suit Asconius, 77 C (contre Tite-Live, III, 54, 5, qui nomme un Q. Furius) c’est encore un Papirius qui, en tant que pontifex maximus, aurait présidé en 448 les élections des tribuns de la plèbe, rétablis après l’abdication du second collège décemviral : sur tout cela, J. R. S. Broughton, The Magistrates, I, p. 4, et p. 49 et n. 1 ; contra : G. J. Szemler, The Priests of the Roman Republic. A Study of Interactions Between Priesthoods and Magistracies, Bruxelles 1972, pp. 48-52 ; cf. aussi infra.
24 Sauf un Grand Pontificat, dont on voit (Tite-Live, IV, 44, 11-12 ; Plutarque, Inim. util, 6) qu’un Minucius en est revêtu en 420 : cf. J. R. S. Broughton, The Magistrates, I..., p. 71. Pour une analyse des deux collèges de décemvirs législatifs : Poma, Tra legislatori e tiranni..., particulièrement ici p. 215.
25 J. R. S. Broughton, The Magistrates, I..., pp. 44 et 47.
26 Peut-être cependant un C. Aemilius Mamercus a-t-il été dictateur ou interroi en 463 : J. R. S. Broughton, The Magistrates, I..., p. 35.
27 Tite-Live, 1 ; Denys d’Halicarnasse, IX, 59 – avec des divergences qu’il n’y a pas lieu d’analyser ici.
28 À partir de ce moment, aussi, les clients font partie de la « plèbe » : le caractère ambigu de leur statut disparaît : cf. infra ; pour A. Magdelain, Remarques, pp. 109-115, les clients, avant la création des tribus ‘gentilices’, sont des « libres » (liberi), mais ne sont pas citoyens.
29 Tite-Live, IV, 8, 2-8 ; Denys d’Halicarnasse, XI, 63, 1-3.
30 J. R. S. Broughton, The Magistrates, I..., p. 38, avec les références.
31 J. Gage, La chute des Tarquins, pp. 205-206.
32 J. Cels-Saint-Hilaire et Cl. Feuvrier-Prévotat, Guerres, échanges, pouvoir, pp. 123-125.
33 G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., p. 236-243, avec l’analyse précise de la composition du second collège décemviral.
34 Cf. supra ; pour une analyse des procès tribuniciens : G. Poma, Tra legislatorie tiranni..., p. 326 sq. ; pour une autre approche : M. Humbert, Le tribunat de la plèbe et le tribunal du peuple : remarques sur l’histoire de la prouocatio ad populum, Mélanges de l’École Française de Rome. Antiquité, pp. 431-503.
35 Pour une analyse des oppositions internes du patriciat, mais aussi de la « plèbe » : J. Cels-Saint-Hilaire et Cl. Feuvrier-Prévotat, Guerres, échanges, pouvoir..., en particulier p. 129-131 ; pour le soutien que certains patriciens apportent aux revendications « plébéiennes » : G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., en particulier pp. 183 et 203-208 ; l’auteur montre que l’histoire politique de ces années ne peut être lue comme l’opposition, trop simple, de la « plèbe » et du patriciat, mais doit être interprétée en termes de luttes de factions.
36 Par exemple Tite-Live, III, 11.
37 Cf. supra, chapitre II.
38 G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., pp. 215-279.
39 Tite-Live, III, 33, 1 : Anno trecentesimo altero quam condita Roma erat iterum mutaturforma ciuitatis, ab consulibus ad decemuiros, quemadmodum ab regibus ante ad consules uenerat, translato imperio : « Ainsi, en l’an 302 après la fondation de Rome, la constitution change une seconde fois et le pouvoir passe des consuls aux décemvirs, après avoir passé des rois aux consuls » (texte et trad. CUF).
40 Pour une analyse comparée des sources anciennes et de leurs contradictions : G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., pp. 234-348 et pp. 260-279.
41 G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., p. 325.
42 G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., particulièrement p. 260.
43 G. Poma, Tra legislatori e tiranni..., p. 281-328 ; infra, tableaux I, 1 et 2.
44 On remarquera cependant qu’en 423 av. J.-C., les tribuns de la plèbe assignent en justice deux des tribuns militaires à pouvoir consulaire de 426, T. Quinctius et M. Postumius : si le premier est acquitté, le second est condamné à une lourde amende ; et dans les semaines qui suivent commence un autre procès, cette fois contre le consul sortant, G. Sempronius, que le tribun de la plèbe L. Hortensius assigne en justice ; ce dernier abandonne toutefois l’action, à la prière de ses collègues ; mais 1’accusation est reprise par les tribuns en 420, et cette fois G. Sempronius est condamné à une amende plus lourde encore que celle qu’avait dû acquitter M. Postumius. Or ces années sont aussi celles qui voient deux plébéiens accéder au tribunat militaire à pouvoir consulaire, l’un pour 422, l’autre pour 417. N’y verra-t-on qu’une coïncidence toute fortuite ? Cf. Tite-Live, IV, 37-44 et 47, 7 ; Denys d’Halicarnasse, XII, 6, 5 ; Valère Maxime, III, 2, 8 ; VI, 5, 2 ; cf. encore tableaux 1 et 2.
45 Comme l’indique aussi, en particulier, la loi sur les plébiscites : « Quod tributim plebes iussisset, populum teneret » : Tite-Live, III, 55, 3.
46 Tite-Live, III, 54, 8-9 : In Auentinum ite, unde profecti estis : ibi felici loco, ubi prima initia incohastis libertatis uestrae, tribunos plebi creabitis. Praesto erit pontifex maximus qui comitia habeat : « Allez sur TAventin, votre point de départ ; sur cet emplacement propice, où vous avez posé les premiers fondements de votre liberté, vous nommerez des tribuns de la plèbe. » (texte et trad. CUF).
47 Tite-Live, III, 55, 6 : [...] ipsis quoque tribunis ut sancrosancti uiderentur – cuius rei prope iam memoria aboleuerat –, relatis quibusdam ex magno interualo caeremoniis, renouarunt, et cum religione inuiolatos eos turn lege etiam fecerunt [...] : « [Les consuls] rendirent également aux tribuns leur inviolabilité, dont le souvenir était presque effacé, en renouvelant pour eux certaines cérémonies rituelles depuis longtemps interrompues, et ils rendirent cette inviolabilité non seulement religieuse, mais légale [...] » (texte et trad. CUF).
48 Tite-Live III, 54, 7 et 11.
49 A. K. Michels, The Calendar o the Roman Republic, Princeton 1967, p. 37-38.
50 Cf. M. Torelli, Rome et l’Étrurie..., p. 271.
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