Un prince « bourguignon », un croisé manqué. Borso d’Este, duc de Ferrare (1413-1471)
p. 95-107
Texte intégral
1Mon article est consacré à un prince qui contribua au financement d’une croisade qui ne se réalisa jamais, alors que ce prince entretenait des rapports diplomatiques et cérémoniaux avec des souverains musulmans. La contradiction n’est telle qu’à nos yeux, étant donné que cette variété d’attitudes s’harmonisait avec une mentalité définissable comme « chevaleresque ». Le nom du prince est Borso d’Este, duc de Ferrare, Modène et Reggio. Sa domination s’étendait dans la vallée du Pô. Pour de nombreuses raisons, elle subissait fortement l’influence des cultures transalpines, mais elle était conditionnée par les dynamiques de la politique italienne et par des thématiques méditerranéennes au sens large. Prince des plus exemplaires de la Renaissance italienne, il était aussi un prince médiéval tardif, « bourguignon ». En effet sa capitale, Ferrare, était un haut lieu de culture courtoise et cosmopolite1. Elle l’était dans le domaine artistique auquel a été récemment consacrée une exposition où, entre autres, on a montré comment le classicisme fit son chemin au sein de l’expressionnisme gothique international2. Cependant Ferrare était franchement franco-bourguignonne dans ses comportements sociaux, dans ses langages publics, dans ses choix politiques, dans ses alliances internationales, dans sa façon de concevoir le rapport avec l’Orient. Borso, contemporain de Charles le Téméraire, représentait sous certains aspects le correspondant italien du grand-duc de Bourgogne.
2La géopolitique d’Italie imposait ses raisons à Borso. Formellement, Ferrare appartenait au Patrimoine de Saint-Pierre, en vertu de la prétendue donation de Constantin. La philologie humaniste contestait la donation, mais l’action politique se gardait bien de le faire dans une Italie toujours exposée aux foudres papales3. De son côté, la magistrature ferraraise des Sages avait recours à la fiction juridique du dévouement spontané de la ville à son seigneur héritier. Après d’habiles négociations pour en établir le prix, Rome concéda au prince d’Este le titre de vicaire apostolique, ce qui assainit tout4. Le ballet de formalités pouvait dissimuler des faits politiques différenciés, selon la force de négociation des contractants. Quoi qu’il en fût, la dépendance à la papauté existait et était constamment mesurée. Du temps de Borso, se profilaient les signes de cette recomposition territoriale de l’État pontifical qui, peu après, poussa à la conquête de Pérouse et de Bologne.
3La deuxième moitié du xve siècle coïncide aussi avec l’apogée de l’expansion de Venise sur la Terre Ferme. Venise était au nord de Ferrare, évidemment, à quelques lieues de ses remparts, à peine au-delà du Pô. Venise était à l’ouest, dans sa récente possession de Crémone ; elle était à l’est, sur la mer Adriatique, ce monopole thalassocratique que tous appelaient « Golfe de Venise ». À partir de 1441, Venise était même au sud, à Ravenne, couronnant deux siècles d’ambitions sur la Romagne5. La Ferrare de Borso se présentait comme une ennuyeuse césure de la continuité territoriale vénitienne. En reculant dans le Levant face à l’avancée turque, Venise investissait toujours plus d’énergie en Italie, minant l’équilibre établi par la paix de Lodi de 1454. Dans ce contexte, pourquoi Ferrare aurait-elle dû avoir un destin différent des autres villes de la plaine du Pô assujetties à la Dominante ?
4Faute de contre-mesures tangibles, une réponse symbolique aux embûches romaines et vénitiennes fut donnée le 1er janvier 1431. Le roi de France Charles VII concéda au marquis Niccolò III, père de Borso, le privilège d’écarteler trois lys d’or sur ses armoiries. Le rôle de Ferrare en tant que bastion du système d’alliances françaises en Italie était expliqué dans le diplôme royal : « la vraye amour et affection que icelluy notre cousin et ses prédécesseurs ont toujours eue à la couronne de France »6. À partir de ce moment-là, l’orientation pro-française de Ferrare resta inchangée pendant un bon siècle, malgré des remous tactiques pro-impériaux. La France, d’autre part, jusqu’à la descente en Italie de Charles VIII, en 1494, n’eut pas l’occasion ni la possibilité d’intervenir. Même plus tard, la Très Chrétienne monarchie ne s’activa en faveur de Ferrare que de façon épisodique. Quand tout se termina, en 1598, lors de la Dévolution du duché de Ferrare à l’État pontifical, la France se retira résolument. Á l’époque déjà, on n’aimait pas mourir pour quelque lointaine Danzig.
5Tout au plus, la force du lien franco-ferrarais s’affirma dans d’autres domaines : dans le système de valeurs. Les membres de la maison ducale voyageaient souvent en France, en Bourgogne, dans les Pays-Bas bourguignons. Tout cela interagissait avec certaines particularités des structures sociales et mentales des Este. Ferrare féodale et chevaleresque ressemblait beaucoup à Dijon et à d’autres capitales seigneuriales dans un espace français encore peu centralisé. À Ferrare, on trouvait des justifications théoriques du pouvoir dynastique, facilitées par la continuité institutionnelle que la ville avait connu depuis le xiiie siècle. En accord avec les principes de la courtoisie française, à Ferrare on vantait le sang et la richesse ancestrale, comme base de la noblesse, contre la vertu personnelle et la richesse laborieuse, vantées, par exemple, par les théoriciens florentins ou lucquois7. De la donnée impérieuse du sang dérivaient l’orgueil, le refus de la mobilité sociale, l’horreur de la « mécanique », la dilapidation comme signe de statut social, le culte de l’étiquette et de l’héraldique8.
6Ces valeurs étaient appréciées par les grands seigneurs franco-bourguignons, enclins à fonder la hiérarchie sociale sur des bases principalement physiologiques, et les Este les relançaient, sans cesser d’exalter leur noblesse ancienne et de sang. Cela se passait dans une Italie où la noblesse était en général formée de patriciats citoyens : elle n’était donc ni trop ancienne ni dépourvue de mélanges bourgeois.
7L’éthique chevaleresque que l’on respirait à Ferrare l’était avant tout au sens littéral. Cela signifiait passion pour les chevaux, en tant qu’animaux pour la chasse, les tournois, la guerre aristocratique. Ici, si l’on veut constituer un dossier probant, il n’y a que l’embarras du choix. On attribue au peintre Pisanello (1395-1455) un dessin très original qui représente un chevalier de la maison d’Este à la chasse avec un faucon. Des chevaux de tout genre, montés ou libres, abondent dans les fresques voulues par Borso dans sa villa appelée Schifanoia (que l’on pourrait traduire « Chasse l’ennui »). Souvent les chevaliers tiennent sur leur avant-bras un faucon domestiqué – autre animal au symbolisme aristocratique9 – alors que tout autour rôdent des braques. Ce tableau de chasse est complété par du gibier (cerfs, hérons, canards sauvages) sur lequel il arrive qu’un faucon se lance à pic10. Quoi qu’il en soit, le centre des scènes est occupé par des chevaux, les emblèmes du luxe et de la tradition bourguignonne qui pliaient à leurs exigences le fonctionnement des résidences ducales11. Au Moyen Âge, les activités de la chasse restaient les intermédiaires principaux entre la sphère de la nature et la sphère de l’histoire12. En disciplinant le corps physique et le corps politique13, la culture équestre et la culture courtoise se fondaient inextricablement dans la Ferrare féodale. De cette façon, les rôles joués par le cheval dans les croyances médiévales germaniques, faiblement christianisées, se transmirent jusqu’au seuil des Temps modernes14.
8Tout témoignait que la dynastie régnante était d’une ancienne aristocratie comme au nord des Alpes, et non d’un patriciat urbain, comme c’était souvent le cas en Italie. Borso lui-même aimait se présenter comme un « preux chevalier »15, un concentré de vertus chevaleresques. En tant que tel, il pratiquait le geste des anciens empereurs de lancer des pièces de monnaies au peuple, ladite sparsio triomphale, que le Moyen Âge roman traduisit par « largesse ». Borso lança des pièces d’or dans les rues de Rome, lors de sa visite au pape en 147116. Il se fit même représenter en effigie sur les fresques de la villa Schifanoia alors qu’il donnait une pièce de monnaie au bouffon Scocola17. Ce ne fut pas là le seul bouffon de Borso à atteindre la notoriété : on se souvient aussi d’un Gonella18. En effet, la passion de Borso pour les bouffons « est devenue proverbiale », rappellera un siècle plus tard un diplomate toscan19. Une passion, il faut dire, plus répandue dans les cours du Nord que dans celles d’Italie.
9Cependant, à Ferrare, la chevalerie n’était pas seulement littérale, elle était aussi littéraire. Les inventaires de la bibliothèque ducale énumèrent de nombreux traités sur la fauconnerie et sur l’art de guérir les chevaux20. Enfin, deux des principaux poètes chevaleresques du xve italien furent liés à la cour d’Este : Matteo Maria Boiardo et Tito Vespasiano Strozzi. Chez eux, les conventions littéraires21, sur lesquelles nous ne nous attarderons pas, ne firent que confirmer la force du symbole autour duquel tournait chaque action, le cheval. La contre-preuve, à un niveau social moins élevé, fut offerte par les révoltes populaires. À plusieurs occasions, les étables ducales furent prises pour cible et furent pillées de leurs précieux animaux et même incendiées ; les élevages de faucons de chasse aussi subirent des dégâts22.
10La largesse s’exerçait le plus souvent à cheval. Pour se procurer des chevaux et satisfaire ainsi leurs passions, les Este ne regardaient pas à la dépense ou aux risques ; ils en arrivaient jusqu’à s’adresser aux infidèles. Borso envoya diverses missions à Tunis pour l’achat de chevaux arabes, accompagnées d’échanges de lettres et de cadeaux avec le sultan Abu Omar Othman23. Si le langage cérémonial tenait ouverts les canaux entre le monde chrétien et le monde musulman même durant les phases plus conflictuelles24, nous avons du mal à imaginer les longs voyages des quadrupèdes à bord de navires vénitiens ou ragusains.
11En ces occasions, le seigneur de Ferrare donnait quelques preuves de relativisme culturel. Un document écrit de sa main et daté de 1464 nous le montre. Il s’agit de l’instruction pour le voyage à Tunis de deux écuyers chargés d’acheter des chevaux. Borso leur intimait, entre autres, de « laisser tranquilles les femmes et toute chose lascive » dans ces pays, ajoutant le commentaire suivant : « en vous rappelant que vous n’êtes pas à Francolino quand vous vous trouvez là-bas ». Francolino est un village de la campagne ferraraise où, évidemment, les écuyers du duc jouissaient de licences auxquelles il fallait renoncer à Tunis. Le relativisme, cependant, fonctionnait aussi en sens inverse. Les deux écuyers portèrent de nombreux dons au sultan et auraient dû les montrer, comme « des choses qu’ici en Italie nous utilisons pour nos commodités et selon la coutume italique »25. Une liste un peu farfelue suit, dans laquelle nous voyons la prépondérance d’objets utiles à la guerre et à la chasse : huit housses pour mulet de soie brodée, deux cors, deux gibecières de soie dorée, un petit meuble de verre de Murano, douze couteaux, deux chaises couvertes de brocart, une cassette contenant des récipients en ivoire, deux chapeaux de paille, vingt-cinq meules de fromage « grandes et belles », une douzaine de petits flacons revêtus de cuir doré, une épée avec un fourreau de soie, une douzaine de colliers et de chaînes pour chien. Aux dignitaires étaient destinés des objets similaires mais en proportion de leur rang. L’important était que tout soit présenté « de belle façon et de belle manière et avec démonstration adéquate », recommandait le duc.
12Se réapprovisionner en chevaux était aussi nécessaire parce que les chevaux étaient ensuite offerts en don. En 1452, l’empereur Frédéric III séjourna à Ferrare pour investir Borso du titre ducal et il en tira profit : « cinquante faucons pèlerins et quarante magnifiques coursiers, habillés de couvertures brodées d’or de façon superbissime ». Les sources diplomatiques toscanes conservèrent pendant longtemps le souvenir de cette régale26.
13Les chevaux n’étaient pas seulement des symboles et des instruments de plaisir. Ils se rapportaient à un grand mythe en vigueur dans ces milieux aristocratiques : le mythe de la croisade. L’engagement pour la croisade était un complément de la souveraineté, comme la possession d’esclaves ou d’animaux exotiques, qui souvent étaient les proies des croisades. Déjà dans la Bourgogne du xve siècle les idéaux chevaleresques et les mythes de croisade se mêlaient ; et curieusement, ils cohabitaient avec les modes turquesques dans les tournois, dans la littérature, dans la numismatique27. Mais à Ferrare, plus qu’à Dijon, à Bruges ou à Bruxelles, mythes et réalités s’entremêlaient : parce que l’Italie était en première ligne face aux puissances musulmanes.
14En effet, dans le tableau général des rapports entre Chrétienté et Islam, le cas italien émerge de façon singulière. Cela est dû a deux raisons principales. En premier lieu, l’Italie accueillait le centre de la Chrétienté latine. À Rome, on élaborait des conceptions doctrinales, on expérimentait des compromis, on recueillait des informations, on organisait des stratégies politico-militaires capables d’avoir une influence internationale. En second lieu, cependant, la péninsule Italienne était une terre de frontière depuis que l’expansion arabe avait brisé l’unité religieuse de la Méditerranée antique28. Maître de l’Afrique septentrionale, à un pas de la Sicile, à partir du xve siècle, l’Islam ottoman touchait aussi l’Adriatique en Bosnie et en Albanie ; si Venise conservait difficilement ses positions dans le Levant, les dix milles kilomètres de côtes italiennes étaient tous exposés au danger de la piraterie et de la guerre de course.
15Nous ne savons pas si l’actuelle théorie du « choc des civilisations »29 sera prouvée par les faits. Pour ce que vaut cette opinion, nous espérons que non, souhaitant une forme moins conflictuelle de dialogue entre les cultures. À vrai dire, nous entrevoyons peu de signes et un désir non partagé de tous en faveur de ce genre de dialogue. Ayant donc écarté, pour l’instant, l’aspect prédictif de la théorie du choc, il reste cependant certains aspects analytiques. Ils nous signalent comment l’héritage historique a laissé tout autour de l’Italie de profondes lignes de faille : au sud, la frontière entre la civilisation occidentale et musulmane ; et à l’est, la triple frontière entre la civilisation occidentale, la musulmane et l’orthodoxe. En d’autres termes, trois des neuf civilisations recensées par la théorie du choc se touchent à proximité de l’Italie. Peu d’endroits dans le monde jouissent en même temps de tels caractères de centralité – l’autorité religieuse – et de marginalité – les frontières multiples. Barycentre périphérique de la Chrétienté, l’Italie est un laboratoire exceptionnel pour ce qui nous intéresse.
16Constantinople tomba entre les mains des Turcs durant le règne de Borso. À la suite de cela, l’esprit bourguignon du duc dut s’occuper des Turcs avec un pragmatisme vénitien30. Quand il était jeune, sous le règne de son père, le marquis Niccolò III, Borso assista au concile d’union des Églises grecque et latine, qui s’était réuni à Ferrare en 1438. Attaché, ainsi que son frère Lionello, au service de l’empereur Jean VIII Paléologue, il entendit ses hôtes byzantins faire des descriptions terrifiantes de la puissance turque31. Cela arriva peut-être pendant les chasses que le basileus se permit de faire librement, escorté par Borso, dans les réserves de Niccolò III, qui semblait ne pas apprécier ces déprédations. Grâce à la présence des Grecs à Ferrare, les souvenirs personnels de Niccolò III, pèlerin en Terre sainte en 1413, revivaient dramatiquement32.
17Parti sur les traces des grands seigneurs de l’Europe médiévale, en Terre sainte, Niccolò avait subi un singulier outrage. Dans les alentours de Jaffa, par sottise, sa suite traversa « à dos d’âne » un camp militaire situé aux flancs de la route. Voyant ces voyageurs qui ne respectaient pas l’interdiction de chevaucher imposée aux chrétiens, la réaction des « chiens sarrasins » avait été immédiate : « avec des pierres ils commencèrent à courir après le susdit seigneur et sa suite et à les frapper ». C’est ce que raconte le chancelier Luchino da Campo, qui avait accompagné Niccolò en Terre sainte33. Quel aura été le sentiment du noble pèlerin ? Lapidé pour avoir chevauché un âne, lui, le chef d’une famille qui possédait des destriers parmi les plus beaux d’Italie ; et obligé à continuer à pied…
18Borso devenu seigneur, lire le compte rendu de Luchino sur les vexations subies par les chrétiens ne suffisait plus. L’appel aux armes sonna. Bouleversé par la chute de Constantinople, le pape Pie II convoqua en 1459 une diète de princes chrétiens à Mantoue. Là, fut conçu le projet d’une croisade, officiellement la neuvième, selon toutes les règles canoniques. Afin de convaincre le récalcitrant Borso, Pie II gagna Ferrare sur le bucentaure des Gonzague, pour lui rappeler qu’il « gouvern[ait] la ville comme vicaire de l’Église romaine »34. Ami personnel de Borso, le pape connaissait le lien qui existait entre les Este et la France : « ces marquis soutiennent être de souche française, et cette affirmation n’est pas rejetée par les rois de France, desquels les Este ont reçu l’enseigne des lys35 ». Le pape espérait, sans doute, que les lys auraient poussé Borso à suivre l’exemple de Louis IX de France, le roi saint, le croisé le plus célèbre du Moyen Âge36. Feignant d’adhérer et bien décidé à ne pas partir, Borso accepta de financer l’armement de deux galéasses vénitiennes.
19La flotte chrétienne se réunit à Ancône en 1464, mais la mort imprévue de Pie II interrompit le projet37. Dans une fresque de 1502 dans la cathédrale de Sienne, Pinturicchio immortalisa l’arrivée du pape à Ancône, peu avant de mourir. Borso ne changea pas d’idée, même quand parvinrent à Ferrare des nouvelles, de source hongroise, selon lesquelles Mehmed le Conquérant était à Sofia et projetait d’envahir la Serbie et la Hongrie. Décidément, Borso préférait un Orient moins menaçant, fait de pages barbaresques, comme ceux attestés dans son château en 145238, et de tapis d’Anatolie et du Caucase que Francesco del Cossa peignit à la villa Schifanoia, reproduisant sans doute des exemplaires existants à Ferrare39. Quand la partie devenait trop rude, la chevalerie se repliait sur la cour.
20La chevalerie se rassasiait à nouveau d’elle-même, de rites mondains et de lectures. Grand séducteur, le marquis Niccolò III, père de Borso, baptisait ses nombreux enfants, légitimes et illégitimes, de noms dérivant de la tradition littéraire française. Rinaldo (Renaud) provenait du cycle carolingien ; du cycle arthurien provenaient Meliaduse (Méliaduse), Leonello (Lionel), Gurone (Guiron), Ginevra (Guenièvre), Isotta (Iseult) et le même Borso (Bohort dans les romans français, Bors dans les romans anglais)40. Á l’époque, le français était la deuxième langue de la cour. Borso, qui ignorait probablement le latin, était avide de lectures françaises. En 1461, il se faisait porter chez lui « une Bible en gaulois » et un « Lancelot en français ». La Bible était sûrement un manuscrit, étant donné que la première édition imprimée en français n’arrivera qu’en 153041. Ces livres, Borso les dévorait. Un jour, il se plaignit à un ami d’avoir « désormais fini de lire tous nos livres français que nous avions chez nous », et le priait de lui envoyer au plus vite un chevalier « chargé de tous les livres français qu’il pouvait porter ». Il proclama qu’il aurait eu de ceux-ci « plus de plaisir et de joie que d’une ville que nous aurions gagnée »42.
21Ne prenons pas au sérieux la coquetterie. L’ambition de Borso le poussait à jouer avec les symboles impériaux43. Simplement, nous trouvons la confirmation de sa passion pour les choses de France44. C’est sans doute précisément des livres français chers à Borso que naquit l’idée que nous allons analyser maintenant : enterrer son cœur séparément. Cela arrivait souvent dans le cycle breton cité plus haut (Lancelot), dont la présence prédomine dans la bibliothèque de Borso. Cependant l’archétype se trouvait dans la Chanson de Roland. Ce poème contient un épisode significatif pour nous. Voici comment Charlemagne fait « costeïr » (préparer) Roland, Olivier et l’archevêque Turpin, tués à Roncevaux lors d’un guet-apens des Maures : « Dedevant sei les ad fait tuz uvrir / E tuz les quers en paile recuillir / En blanc sarcou de marbre sunt enz mis45. » Le « sarcou » (sarcophage) auquel fait allusion le poème était la tombe du cœur.
22Bien que parmi les livres de Borso on ne comptât pas des textes épiques comme la Chanson46, leur influence reste largement plausible. Les histoires des paladins circulaient dans l’Italie septentrionale tout autant que les légendes bretonnes. Certains manuscrits importants de la Chanson (en version franco-vénitienne) sont d’origine padane et ont appartenu aux Gonzague de Mantoue.
23Quand Borso mourut, le 20 août 1471, il reçut des funérailles grandioses. Le cortège funèbre comptait des centaines de personnes en deuil. Pour préparer le spectacle, l’intervention du pouvoir fut considérable : « le tissu noir leur fut donné pour se faire les vêtements de deuil », révèle un chroniqueur47. Nous imaginons que seuls les notables disposaient d’assez de tissu pour se confectionner un grand deuil à la bourguignonne : une tunique noire, une longue traîne et un capuchon jusqu’aux yeux. Par le grand deuil à la bourguignonne, les lignages aristocratiques manifestaient avec ostentation leur douleur48. Pour nous faire une idée visuelle de cette tenue, nous pouvons observer le tombeau d’un contemporain de Borso, le grand sénéchal de Bourgogne Philippe Pot. Le monument, destiné à l’abbaye de Cîteaux et aujourd’hui au Louvre, fut réalisé par un artiste anonyme entre 1477 et 148549.
24Cependant, le corps de Borso ne fut pas entièrement enterré à la chartreuse de Ferrare. Un chroniqueur inconnu informe que « son cœur et ses intestins, sur ordre de l’héritier Hercule Ier d’Este, furent transférés dans l’église de San Paolo et déposés dans une colonne »50. Dans le contexte d’une succession difficile et disputée, Hercule cherchait ainsi à souligner son lien avec son prédécesseur. San Paolo était l’église de la famille ducale. Le fait que s’y trouvaient les entrailles de Borso signifiait que des fragments significatifs du prince mort auraient continué à rester proche du prince vivant, Hercule Ier, en le légitimant. Le langage rituel choisi fut classiquement transalpin, et il transposait l’épisode de la mise au tombeau des compagnons de Charlemagne tués à Roncevaux par les infidèles.
25Cette coutume de la sépulture multiple, avec des honneurs spécifiques attribués au cœur, est bien connue51. Elle était répandue dans l’Europe médiévale, et surtout dans des terres féodales comme la Bourgogne, la France et l’Angleterre, apparentées sur l’axe normand. La poussée originaire, du moins sur le plan fonctionnel, dut consister dans le transport en Europe des croisés morts, que l’on hésitait à laisser sur une terre infidèle : les croisades, de nouveau… Bien inutilement, le pape Boniface VIII émit une bulle en 1299 pour endiguer une pratique religieuse suspecte52. Disséminer le cadavre satisfaisait en fait un autre désir primordial, multiplier les suffrages élevés de diverses communautés. Cependant il y a des implications appartenant à des sphères plus profondes. La double sépulture est courante dans les cultures primitives, ainsi que la distribution rituelle du corps du chef53. En termes de théologie politique, l’histoire de ces reliques fait penser à une volonté de diffusion de la souveraineté dans l’espace, en absence de capacité de contrôle effectif.
26Quant à l’aspect des récipients des cœurs, il s’agissait parfois de petites boîtes de métal, d’ivoire ou de terre cuite, et parfois d’urnes ou de cippes monumentaux. Les musées et les églises de France abondent de ces objets54 qui, en revanche, ont toujours été rares en Italie. À Ferrare, le remaniement baroque de l’église de San Paolo effacera toute trace de la colonne, qui au début du xviie siècle aura déjà été oubliée55. Entre-temps, avec l’histoire des entrailles de Borso, Ferrare confirmait sa gravitation franco-bourguignonne ; on y mettait en outre en pratique une habitude funéraire fréquente parmi les croisés. C’étaient là les derniers messages laissés par le grand seigneur et croisé manqué qui portait le nom d’un héros arthurien, Borso, Bors, sir Bohort.
Notes de bas de page
1 Bert W. Meijer, « Ferrare et le Nord », dans J. Bentini, G. Agostini (éd.), Une Renaissance singulière. La cour des Este à Ferrare, Gand, 2003, pp. 221–233.
2 Mauro Natale (éd.), Cosmè Tura e Francesco del Cossa. L’arte a Ferrara nell’età di Borso d’Este, Ferrare, 2007.
3 Carlo Ginzburg, Rapporti di forza : storia, retorica, prova, Milan, 2000, pp. 69–86.
4 William Montorsi (éd.), Statuta Ferrariae anno MCCLXXXVII, Ferrare, 1955, pp. Lxxvii–lxxxii.
5 Marino Berengo, « Il governo veneziano a Ravenna », dans D. Bolognesi (éd.), Ravenna in età veneziana, Ravenne, 1986, pp. 31–67.
6 Angelo Spaggiari et Giuseppe Trenti, Gli stemmi estensi ed austro-estensi, Modène, 1985, pp. 45–48 ; Clizia Magoni, I gigli d’oro e l’aquila bianca : gli Estensi e la corte francese tra ‘400 e ‘500 : un secolo di rapporti, Ferrare, 2001, p. 19.
7 Richard M. Tristano, « Vassals, Fiefs and Social Mobility in Ferrara During the Middle Ages and Renaissance », Medievalia et Humanistica, 15 (1987), pp. 43–63, en particulier pp. 57–58 ; Claudio Donati, L’idea di nobiltà in Italia : secoli xiv - xviii , Rome-Bari, 1988, pp. 165–176.
8 Giovanni Ricci, Povertà, vergogna, superbia : i declassati fra Medioevo e Età moderna, Bologne, 1996, pp. 89–108.
9 Baudouin Van Den Abeele, La fauconnerie dans les lettres françaises du xiie au xive siècle, Louvain, 1990, pp. 74–125.
10 Carlo Alberto Callegarini, « La fauna », dans R. Varese (éd.), Atlante di Schifanoia, Ferrare-Modène, 1989, pp. 211–212.
11 On attend les actes du colloque Delizie estensi e architettura di villa nel Rinascimento italiano ed europeo, Ferrare, mai 2006.
12 Paolo Galloni, Il cervo e il lupo : caccia e cultura nobiliare nel Medioevo, Rome-Bari, 1993 ; Idem, Storia e cultura della caccia, Rome-Bari, 2000 ; Giulia Lorenzoni, « Pratica e simbologia della caccia presso le aristocrazie nobiliari tra Medioevo ed Età moderna », Schifanoia, 26/27 (2004), pp. 179–188.
13 Daniel Roche, « Les pouvoirs à cheval (xvie-xviiie siècle) », dans P. Scaramella (éd.), Alberto Tenenti. Scritti in memoria, Naples, 2005, pp. 590–600.
14 Marc-André Wagner, Le cheval dans les croyances germaniques. Paganisme, christianisme et traditions, Paris, 2005.
15 Stefania Macioce, « Schifanoia e il cerimoniale : il trionfo del “preux chevalier” Borso d’Este », dans R. Varese (éd.), Atlante…, pp. 65–78.
16 Luciano Chiappini, « Borso d’Este », dans Dizionario Biografico degli Italiani, t. Xiii, Rome, 1971, pp. 134–143, et en particulier p. 139 ; Luciano Cheles, « L’immagine del principe tra informalità e ostentazione », dans R. Varese (éd.), Atlante…, pp. 57–63.
17 S. Macioce, « Schifanoia… », en particulier p. 74.
18 C. Ginzburg, Jean Fouquet. Ritratto del buffone Gonella, Modène, 1996, p. 15.
19 Giuseppe Agnelli, « Relazione dello Stato di Ferrara di Orazio della Rena (1589) », Atti della Deputazione ferrarese di storia patria, vii (1895), p. 307.
20 S. Macioce, « Schifanoia… », en particulier p. 74.
21 Rosanna Alhaique Pettinelli, L’immaginario cavalleresco nel Rinascimento ferrarese, Rome, 1983 ; Tina Matarrese, Parole e forme dei cavalieri boiardeschi, Novare, 2004, pp. 19–31.
22 Par exemple Giovanni Maria Zerbinati, Croniche di Ferrara, quali comenzano del anno 1500 sino al 1527, éd. Maria G. Muzzarelli, Ferrare, 1989, p. 82.
23 Cesare Foucard, Relazioni dei duchi di Ferrara e di Modena coi re di Tunisi, Modène, 1881, pp. 4–5, 9–19.
24 Nathalie Zemon Davis, The Gift in Sixteenth-Century France, Oxford, 2000, pp. 138, 214.
25 C. Foucard, Relazioni dei duchi…, pp. 11, 13–14.
26 G. Agnelli, « Relazione… », p. 260.
27 Robert Schwoebel, The Shadow of the Crescent. The Renaissance Image of the Turk. 1453-1517, Nieuwkoop, 1967, pp. 82–115 ; Jacques Paviot, Les ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient (fin xive siècle- xve siècle), Paris, 2003, pp. 201–205 ; Carlo Bertelli, Intermezzi veneziani, Genève-Milan, 2005, pp. 64–65.
28 Henri Pirenne, Mahomet et Charlemagne, Bruxelles, 1937.
29 Samuel P. Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, New York, 1996. Discussion du paradigme, de différents points de vue : Mohieddine Hadhri, La Méditerranée et le monde arabo-méditerranéen aux portes du xxie siècle. Choc de cultures ou dialogue des civilisations ?, Tunis, 2004 ; Dan Tschirgi, « The Middle East and Religions. Fondamentalism as a Source of Identity-Based Conflict », dans M. Aydin et K. Ifantis (éd.), International Security Today. Understanding Change and Debating Strategy, Ankara, 2006, pp. 89–115.
30 G. Ricci, Ossessione turca : in una retrovia cristiana dell’Europa moderna, Bologne, 2002, pp. 19–26.
31 Patrizia Castelli (éd.), Ferrara e il Concilio. 1438-1439, Ferrare, 1989.
32 Gabriele Nori, « La corte itinerante : il pellegrinaggio di Niccolò III in Terrasanta », dans G. Papagno, A. Quondam (éd.), La corte e lo spazio. Ferrara estense, Rome, 1982, pp. 233–246 ; Franco Cardini, In Terrasanta : pellegrini italiani tra Medioevo e prima Età moderna, Bologne, 2002, pp. 249–253.
33 Giovanni Ghinassi (éd.), « Viaggio a Gerusalemme di Niccolò da Este descritto da Luchino da Campo », dans Miscellanea di opuscoli inediti o rari dei secoli xiv e xv . Prose, 2 vol., Turin, 1861, vol. I, p. 128.
34 « Eius loci pro Romana Ecclesia vicarius ».
35 « Ii marchiones Francorum sese genus esse dicunt, neque Franciae reges id negant, a quibus insigne liliorum acceperunt ». Enea Silvio Piccolomini, I Commentarii, éd. Luigi Totaro, Milan, 1984, pp. 400–402.
36 Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, 1996.
37 Kenneth M. Setton, The Papacy and the Levant (1204-1571), 4 vol., Philadelphie, 1978, vol. ii, pp. 231–270 ; Arturo Colzona, Franceso P. Fiore, Alberto Tenenti, Cesare Vasoli (éd.), Il sogno di Pio II e il viaggio da Roma a Mantova, Florence, 2003.
38 Giuseppe Pardi, « Borso d’Este duca di Ferrara, Modena e Reggio (1450-71) », Studi storici, 15 (1906), pp. 3–58, en particulier p. 48.
39 Alberto Boralevi, I tappeti, dans R. Varese (éd.), Atlante…, pp. 217–220.
40 Thomas Tuohy, Herculean Ferrara : Ercole d’Este, 1471-1505, and the invention of a Ducal Capital, Cambridge, 1996, p. 7.
41 Frédéric Delforge, La Bible en France et dans la francophonie. Histoire, traduction, diffusion, Paris, 1991, pp. 45–61.
42 Giulio Bertoni, L’Orlando furioso e la Rinascenza a Ferrara, Modène, 1918, p. 92 ; Idem, « Lettori di romanzi francesi nel Quattrocento alla corte estense », Romania, 45 (1918-1919), pp. 117–122, en particulier p. 119.
43 Luke Syson, « Lo stile di una signoria : il mecenatismo di Borso d’Este », dans M. Natale (éd.), Cosmè Tura…, pp. 75–88.
44 Antonia Tissoni Benvenuti, « Il mondo cavalleresco e la corte estense », dans I libri di Orlando Innamorato, Ferrare-Modène, 1987, pp. 13–33, en particulier pp. 22–26.
45 La Chanson de Roland, éd. de Cesare Segre, Milan-Naples, 1971, pp. 528–529 (vv. 2962-2969), 1981, p. 205.
46 Giulio Bertoni, « La biblioteca di Borso d’Este », Atti della Regia Accademia delle Scienze di Torino, 61 (1925-26), 705-72, en part. pp. 726–728.
47 Mario Equicola di Alveto, Annali della città di Ferrara, Biblioteca Ariostea, Ferrare, ms. cl. II 355, s.p., ad annum 1471 ; aussi Ugo Caleffini, Croniche. 1471-1494, Ferrare, 2006, pp. 1–10 ; Paolo da Lignago, Cronica Estense, Archivio di Stato di Modena, Biblioteca, ms. 69, fol. 133r-v.
48 Colette Beaune, « Mourir noblement à la fin du Moyen Âge », dans La mort au Moyen Âge, Strasbourg, 1977, pp. 125–143, en particulier p. 135.
49 Alain Erlande-Brandenburg, « Les tombes royales et princières françaises aux xve et xve siècles », dans J. Guillaume (éd.), Demeures d’éternité : église et chapelles funéraires aux xve et xvie siècles, Paris, 2005, pp. 9–18.
50 Chronicon Estense gesta marchionum Estensium complectens, dans Rerum Italicarum Scriptores, t. xv, Mediolani, 1729, col. 543.
51 Listes dans Charles Angell Bradford, Heart Burial, Londres, 1933 ; Jean Nagle, La civilisation du cœur : histoire du sentiment politique en France du xiie au xixe siècle, Paris, 1998 ; Patrice Georges, « L’exérèse du cœur dans l’embaumement médiéval occidental », Micrologus, 11 (2003), pp. 279–286 ; Murielle Gaude-Ferragu, D’or et de cendres. Les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Âge, Lille, 2005, pp. 315–344. Dossier ferrarais dans G. Ricci, Il principe e la morte. Corpo, cuore, effigie nel Rinascimento, Bologne, 1998, pp. 87–118.
52 Elizabeth A. R. Brown, « Death and the Human Body in the Later Middle Ages : the Legislation of Boniface VIII on the Division of the Corpse », Viator. Medieval and Renaissance Studies, 12 (1981), pp. 221–270.
53 Sergio Bertelli, Il corpo del re. Sacralità del potere nell’Europa medievale e moderna, Florence, 1990, pp. 31–33.
54 A. Erlande-Brandenburg, Le Roi est mort. Étude sur les funérailles, les sépultures et les tombeaux des rois de France jusqu’à la fin du xiiie siècle, Genève, 1975, pp. 118–119 ; Philippe Ariès, Images de l’homme devant la mort, Paris, 1983, pp. 134–137 ; Alain Boureau, Le simple corps du roi. L’impossible sacralité des souverains français, Paris, 1988, pp. 79–89 ; Erwin Panofsky, Tomb Sculpture. Four Lectures on its Changing Aspects from Ancient Egypt to Bernini, New York-Londres, 1992, pp. 79–80 ; Andreas Bräm, « Von Herzen. Ein Beitrag zur Systematischen Ikonographie », Micrologus, 11 (2003), pp. 175–179 ; plus descriptif Hubert Schrade, « Das Herz in Kunst und Geschichte », dans Das Herz. Im Umkreis des Glaubens, 3 vol., Biberach an der Riss, 1966, vol. ii, pp. 9–62.
55 N’en dit mot Marco Antonio Guarini, Compendio historico dell’origine, accrescimento e prerogative delle chiese […] di Ferrara, Ferrare, 1621, pp. 170–190 ; muet aussi Gualtiero Medri, La chiesa di San Paolo in Ferrara, Ferrare, 1924.
Auteur
Université de Ferrare
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