Boucicaut et la croisade (fin xive-début xve siècle)
p. 69-83
Texte intégral
1La vie de Boucicaut nous est connue par sa biographie contemporaine qui est incomplète, car s’arrêtant au 9 avril 1409, Le Livre des fais du messire Jehan le Maingre, dit Bouciquaut, mareschal de France et gouverneur de Jennes1, qu’Hélène Millet attribue à son confesseur Nicolas de Gonesse2, et par deux études modernes, celle de Joseph Delaville Le Roulx, en 18863, et celle de Denis Lalande, en 19884. Rappelons-la à grands traits. Pour son biographe contemporain deux piliers supportent les ordres des lois divines et humaines : Chevalerie et Science, qui soutiennent et augmentent le bien propre et le bien public, en donnant les règles de vie en paix et en raison, et en accroissant le savoir et la vertu. Dans le cas de Boucicaut, son biographe insistera bien sûr sur la chevalerie – ajouterai-je : car la Science lui a fait défaut5 ?
2Son père homonyme, « le vaillant maréchal Boucicaut », originaire de Touraine, ne s’était soucié que de la poursuite des armes pour accroître son honneur – un trait que l’on retrouve chez son fils –, et non d’acquérir des terres et des seigneuries, se fondant uniquement sur la bonne grâce du roi. Il mourut en 1368, laissant sa jeune veuve Fleurie de Linières, d’un lignage berrichon, avec deux garçons, Jean II, âgé de deux ans, et Geoffroy, âgé de quelques mois ou semaines. Celle-ci se remaria avec Maurice Mauvinet, de qui elle eut le garçon appelé Mauvinet et une fille, Philippa, mais se retrouva veuve dès 1375. Elle envoya ses fils à l’école, mais Jean fut tôt appelé par Charles V à être un des camarades de son héritier.
3Cependant, le jeune Boucicaut supportait mal les études, préférait les exercices physiques et, dès l’âge de douze ans, voulut entrer dans la carrière des armes. Il s’attacha au duc Louis II de Bourbon qu’il suivit en Normandie en 1378, en Champagne en 1379, puis au maréchal de Sancerre en Guyenne en 1381. C’est au retour de cette campagne, à la cour de Charles VI où l’on recherchait les plaisants déduits de la danse, du chant, des rires, des joutes, qu’Amour le frappa. De 1382 à 1384, Boucicaut participa aux campagnes de Flandre, et fut armé chevalier par le duc de Bourbon, la veille de la bataille de Roosebeeke, à quatorze ans. Puis, fuyant l’inactivité, il se rendit en Prusse au printemps 1384. Revenu dans l’été pour assister aux négociations franco-anglaises de Leulinghen, il y retourna dès l’automne. En 1385, il accompagna le duc de Bourbon en Poitou ; en 1386, il fit partie de l’ost de L’Écluse destiné à envahir l’Angleterre, avec cent hommes d’armes ; en 1387, il alla avec Louis de Bourbon en Espagne et en Guyenne. Dès la fin de cette année, il voulut accomplir le pèlerinage de Terre sainte en compagnie de son grand ami Renaud de Roye. Pourtant, ils se rendirent d’abord à Constantinople, puis à la cour du sultan ottoman Mourad, enfin à celle de Sigismond de Hongrie. Là, les deux hommes se séparèrent : Renaud de Roye alla en Prusse et Boucicaut revint à Venise pour parfaire son pèlerinage. En Terre sainte, il apprit que Philippe d’Artois, comte d’Eu était retenu prisonnier avec un groupe de pèlerins par le sultan du Caire. N’écoutant que son honneur, il alla partager sa captivité, et accomplit le pèlerinage une seconde fois quand ils furent libérés. C’est lors du voyage de retour, en 1389, que fut composé, par Jean de Saint-Pierre, sénéchal d’Eu, et par Boucicaut, avec Philippe d’Artois et Jean de Crésecque, le Livre des Cent Ballades6, sur le thème de la loyauté ou de l’infidélité en amour.
4Boucicaut retrouva Charles VI à Cluny, en route pour le Languedoc, et là fut officialisé son passage de l’hôtel du duc de Bourbon à la cour du roi. Au printemps 1390, il organisa avec Renaud de Roye et Jean de Sempy, les fameuses joutes de Saint-Inglevert, non loin de Calais7. Lorsque le duc de Bourbon dirigea l’expédition de Barbarie à l’été, Boucicaut « ne cuida mie que ce deust estre sanz lui8 », mais le roi lui interdit d’y aller. À défaut, il repartit pour la Prusse où il participa à la reise de l’hiver 1390-1391, puis, après un retour jusqu’à Bruxelles, à celle de l’été 1390-1391. Le maréchal de Blainville étant mort, Charles VI choisit, pour le remplacer, Boucicaut, le 23 décembre 1391 – on peut se poser la question de savoir si le choix était bon : à la guerre, Boucicaut avait fait preuve d’intrépidité, de témérité, voire d’inconscience, pour être toujours le premier à l’attaque, à l’assaut, à l’escalade d’une muraille, de plus il affectionnait les combats singuliers et les joutes « à fer de glaive », laissant peu de place à « Science ».
5Boucicaut se trouva donc parmi les grands officiers de la Couronne, dans le cercle étroit des prises de décision du pouvoir, sans être pour autant un politique. À ce titre, il participa aux négociations franco-anglaises à Amiens, au printemps 1392, au fameux voyage du Mans, où se déclara la « maladie » de Charles VI, puis il fut chargé de la défense contre les Anglais en Auvergne et en Guyenne. Là, le biographe du « bon messire Jehan le Maingre, dit Boucicquaut » passe sous silence le mariage de son héros avec Antoinette Roger de Beaufort, vicomtesse de Turenne, une des plus riches héritières de Provence. Contre le roi, favorable à une alliance avec Charles, prince de Tarente, ses oncles Jean de Berry et Philippe de Bourgogne et son frère Louis d’Orléans avancèrent Boucicaut, qui l’emporta. Le mariage fut conclu au château des Baux, le 23 décembre 1393.
6Face à la poussée ottomane, le roi Sigismond de Hongrie décida de faire appel aux puissances latines. Une ambassade hongroise arriva en France au printemps 13959. Les Français étant en trêve avec les Anglais, les chevaliers et écuyers, « pour eulx tirer hors de Oyseuse et emploier leur temps et leurs forces en fait de chevalerie »10, répondirent en masse à l’appel hongrois. Je résume : Boucicaut fit le « voyage de Hongrie », cette « emprise de grant renom11 », en compagnie du comte d’Eu, connétable de France depuis 1392, se comporta intempestivement à Orjahovo, puis à Nicopolis où il fut fait prisonnier le 25 septembre 1396. Il fut sauvé par Jean, comte de Nevers, fils du duc de Bourgogne, puis libéré contre rançon. Il participa à lever celle du comte de Nevers et revint en France à l’automne 1397. L’année suivante, il alla soumettre le comte de Périgord.
7Fin 1397, était arrivé en France Théodore Cantacuzène, envoyé par l’empereur de Constantinople Manuel II Paléologue qui demandait des secours contre les Turcs qui assiégeaient sa capitale. Quand il repartit en juin 1398, le roi avait décidé l’envoi d’un corps qui allait être placé sous le commandement de Boucicaut12. Celui-ci se rendit à Constantinople durant l’été 1399. Après quelques mois de séjour sur le Bosphore, Boucicaut persuada l’empereur de venir lui-même en Occident requérir l’aide des Latins. Boucicaut fut à Paris sans doute dès février 1400, et Manuel II n’y fit son entrée que le 3 juin suivant. Le roi promit son aide militaire, toujours avec Boucicaut, et l’empereur poursuivit son voyage à travers l’Europe. Entre-temps, Boucicaut avait réintégré la vie de cour française et fondé un ordre de chevalerie, l’ordre de l’Écu vert à la dame blanche, en vue de la défense des dames, demoiselles et femmes d’honneur.
8La ville de Gênes s’était donnée à la France en 1396. Aucun des deux gouverneurs qu’avait nommés Charles VI n’avait été capable d’y rétablir l’ordre, aussi fit-il appel, après maintes délibérations, à Boucicaut, le 23 mars 1401, satisfaisant ainsi les demandes génoises. Là, le biographe de Boucicaut commence son deuxième livre, mettant en avant la vertu qui exhausse l’homme, son héros ayant déjà fait preuve de sa vaillance chevaleresque. Boucicaut rétablit l’ordre à Gênes et fit faire des enquêtes dans les colonies pour en relever le commerce13. Cependant, en 1402, le roi Janus de Chypre tenta de récupérer le port de Famagouste qui avait été cédé aux Génois. Boucicaut envoya une petite flotte qui obtint le retrait de Janus, mais s’attaqua aux Vénitiens. Un accord fut trouvé le 3 mai 1403, mais l’inimitié traditionnelle entre Venise et Gênes avait été ravivée. De plus le roi de Chypre reprit le siège de Famagouste dès janvier 1403. Boucicaut décida d’aller lui-même mettre à raison Janus, tout en voulant courir sus les mécréants. Il embarqua dès le début d’avril 1403 et, à partir de la mer Ionienne, il fut suivi par une flotte vénitienne. Il proposa à son chef d’aller combattre ensemble les Sarrasins, mais sans succès. À Rhodes, le grand maître Philibert de Naillac le convainquit de laisser une nouvelle chance à la diplomatie dans le différend avec le roi de Chypre.
9Ne pouvant rester inactif, Boucicaut alla attaquer le port turc de l’Escandelour (Alanya). Si le port fut pillé, les Franco-Génois ne purent prendre la place et la quittèrent au bout de deux semaines. Entre-temps, la paix avait été signée avec le roi de Chypre, grâce au grand maître de l’Hôpital. Boucicaut alla la confirmer et demanda des troupes au roi Janus dans le but de s’emparer d’Alexandrie (ce qu’avait fait Pierre Ier de Chypre en 1365, mais que ne rappelle pas le biographe). Le vent contraire empêcha cette expédition, aussi Boucicaut alla attaquer Tripoli de Syrie, puis Botron, Beyrouth, Sidon, enfin Laodicée (Lattakié). Les Vénitiens avaient subi des dommages lors de la prise de Beyrouth et voulurent se venger, avant le retour de Boucicaut à Gênes. Ils l’attendirent au large de Modon, au sud-est du Péloponnèse, où eut lieu une bataille navale, le 7 octobre. Les Vénitiens s’emparèrent de trois galères et firent de nombreux prisonniers dont son fidèle second depuis Constantinople, Jean de Chateaumorand, mais ne poursuivirent pas Boucicaut qui rentra à Gênes. Le règlement du conflit avec Venise fut long et ne fut pas facilité par l’envoi, le 6 juin 1404, d’une lettre de défi de Boucicaut au doge de Venise Michel Steno, âgé de près de soixante-quinze ans !
10Là se finit le deuxième livre du biographe. Le troisième est occupé par l’action de Boucicaut en Italie jusqu’en 1408 : la guerre contre le duc de Milan, ses tentatives de rallier les Génois au pape d’Avignon Benoît XIII, les affaires de Pise, que Boucicaut ne sut défendre contre les Florentins, les luttes pour la possession de Rome, et, au milieu de tout cela, un projet de s’emparer d’Alexandrie en 1407. Mais le biographe, qui termine son œuvre le 9 avril 1409, ne dira rien du mécontentement né de la politique de Boucicaut, aussi bien en France qu’à Gênes, d’où les Français furent expulsés dans les premiers jours de septembre 1409, alors que Boucicaut venait de s’emparer de Milan. Celui-ci fut incapable de reprendre la ville et revint en France en novembre 1410. Là, la situation avait complètement changé avec l’assassinat du duc d’Orléans en 1407. Malgré tout, il fut nommé gouverneur du Languedoc en 1413. Quand les Anglais envahirent à nouveau la France en 1415, il fut à l’avant-garde de l’armée française. S’il était partisan d’éviter la rencontre, il en dressa cependant le plan de bataille14. À cause du terrain, le plan ne put être mis en œuvre, Azincourt fut le désastre que l’on sait et Boucicaut y fut fait prisonnier. Il ne fut jamais libéré et mourut en Angleterre, probablement le 25 juin 1421. Le quatrième livre du biographe est consacré aux vertus et bonnes mœurs de Boucicaut.
11Les vertus retenues sont la charité, la dévotion, la règle et discipline de chevalerie dans la guerre, la hardiesse, la largesse, la continence et chasteté, la justice, la miséricorde, l’éloquence et la règle de vie, telles que l’auteur les a vues à l’œuvre, notamment chez le gouverneur de Gênes. Dans la dévotion, l’auteur indique :
Il [Boucicaut] va tres voulentiers en pellerinage es lieux devots, tout à pié, en grant devocion, et prent grant plaisir de visiter le saintes places et les bons preudes hommes qiu servent dieu, si comme il a fait maintes fois la montaigne et la sainte place en Prouvence [la Sainte-Baume] où Marie Magdelaine fist sa penitence, en laquelle a grant devocion. Et en cellui lieu, tout a une fois, donna. V.C. francs contems pour querir lis et autres choses neccessaires pour l’ospital aux povres et pour herberger les pellerins.15
12L’auteur ne fait référence qu’à la Sainte-Baume qui n’est guère éloignée du château de Meyrargues qui venait de sa femme, et le pèlerinage de Terre sainte semble bien lointain. En 1388, Boucicaut « grant desir avoit de visiter la terre d’oultre mer »16. Après quelques détours sur lesquels je reviendrai, il « retourna a Venise, et prist son passage oulter mer. Si ala en Jherusalem ou pelerinage du Saint Sepulchre que il visita tres devotement ; et aussi fu par tous les sains lieux accoustumez »17. Après la libération du comte d’Eu qui n’avait pu faire le pèlerinage, les deux hommes
prirent leur chemin a aller a Saint Paul des Desers18, et de la a Sainte Katherine du mont de Sinaÿ, et puis s’en vindrent droit en Jherusalem ; et la de rechief messire Bouciquaut visita le Saint Sepulchre et paya tous les treüs [droits] qui y sont establis, pour lui et ses gens, comme devant, et refist la cerche en tous autres lieux19.
13Cette description d’un pèlerinage qui a eu lieu avant que l’auteur connût son héros, est sèche et fait penser à un pèlerinage accompli de façon « mécanique », un guide de pèlerin à la main. D’ailleurs, dès qu’il fut accompli, le groupe dont faisait partie Boucicaut ne songea qu’à des frivolités de cour : composer « balades, rondiaulx, virelais, lays et complaintes d’amoureux […] si comme il appert par le Livre des Cent Balades, duquel faire lui et le seneschal d’Eu furent compaignons ou voyage d’oultre mer »20. Notons cependant l’originalité du comte d’Eu et de Boucicaut, car ils se placent au début d’un mouvement du pèlerinage noble en Terre sainte21. Nous pouvons citer comme autres exemples français de la fin du xive siècle, peut-être l’anonyme de 1383 qui est aussi passé par Damas22, Guillaume de Meuillon, du Dauphiné, à la suite de la croisade de Barbarie, en 1390 – avec cette sèche notation : « Et dilecques le dit messire Guilliaume s’en ala au Sainct Sepulcre, et a Saincte Catherine Monsnaix [du mont Sinaï] et en pleussieurs autres voyages, et d’autres chevalliers aussi »23 – ou encore Ogier d’Anglure en 1395-1396, qui a laissé un récit plus développé24.
14Chez Boucicaut, l’aventure prenait cependant le pas sur la piété. En effet, quand il s’est embarqué à Venise, fin 1387 ou début 1388, en compagnie de Renaud de Roye, ce ne fut pas pour aller directement en Terre sainte, malgré le « grant desir [qu’il] avoit de visiter la terre d’oultre mer »25. La date d’embarquement ne correspond d’ailleurs pas au départ des galées pèlerines de Venise26. Les deux hommes sont allés en fait à Constantinople où ils sont arrivés avant le 11 février, début du carême. Ils n’ont rien fait durant cette période, c’est-à-dire se sont abstenus de faits d’armes, puis se sont rendus à la cour du souverain ottoman Mourad Ier (1362-1389), qui se trouvait près de Gallipoli. Là, ils lui offrirent leurs services pour combattre d’autres Sarrasins.
15Cela n’a rien d’étonnant, et la littérature s’est emparée de ce phénomène de mercenariat durant ces mêmes années 1380, avec le Chevalier des Contes de Cantorbéry de Geoffroy Chaucer, qui a bien été étudié27. Du côté français, nous pouvons citer plusieurs noms. Jean Froissart mentionne, au soir de la bataille de Nicopolis, Jacques de Heilly et Jacques du Faÿ. Jacques de Heilly était un chevalier de Picardie qui « avoit demouré en son temps en la Turquie, et avoit servy en armes l’Amorath [Mourad Ier, donc avant 1389] (…) et si sçavoit ung petit parler turc ». Il se rendit à un Turc pour sauver sa vie. Quelques jours plus tard, il fut amené devant Bajazet : « Si ot le dit messire Jacques de Helly si bonne adventure pour luy que il fut recongneu des gens et serviteurs du corps et del hostel de l’Amorath-Baquin [Bajazet]. » Cela lui sauva la vie et même Bajazet lui fit grâce de sa rançon, lui accordant aussi libre circulation dans ses pays28. Jacques du Faÿ était un écuyer du Tournaisis qui, lui, était entré au service de Tamerlan. Quand il apprit les préparatifs du « voyage de Hongrie » contre les Turcs, il lui demanda son congé pour rejoindre ses compatriotes. Il fut fait prisonnier et reconnu par des gens d’armes que Tamerlan avait envoyés à Bajazet, ce qui lui valut aussi la vie sauve29. Ce phénomène devait être assez bien ancré, car, même après Nicopolis, nous avons l’exemple du sire de Vergy, s’il faut en croire le Religieux de Saint-Denis. Ce dernier indique, en effet, que le « connétable » de Bajazet (le beylerbey d’Anatolie ?) avait gardé le seigneur de Vergy – qui n’avait pas participé à l’expédition – auprès de lui, après le paiement de la rançon du comte de Nevers, pour le mettre à la tête des prisonniers de Nicopolis, enrôlés de force dans les armées ottomanes pour combattre Tamerlan si celui-ci se déclarait contre Bajazet. Le sire de Vergy fut envoyé par cet officier au roi Charles VI, en janvier 1398, avec des présents : une masse d’armes, un cheval, un tambour, dix petites casaques de laine, six arcs de Turquie (dont les cordes étaient faites de boyaux humains), en souvenir de la défaite de Nicopolis30.
16En période de paix, certains chevaliers ou écuyers cherchaient donc à combattre les Sarrasins au service d’autres Sarrasins, mais ils pouvaient aussi lutter contre eux directement lorsque l’occasion se présentait. Quelles étaient les idéologies et la justification de telles guerres ? En 1335, le prince castillan don Jean Manuel affirmait encore des raisons uniquement religieuses. En effet, dans le Livre du comte Lucanor, l’auteur fait dire au conseiller du comte que son devoir est de faire service à Dieu et qu’il ne peut « Le servir qu’en faisant la guerre aux Maures afin d’exalter la sainte et véritable foi catholique » et que s’il meurt à ce service, il sera martyr et bienheureux31.
17Voyons plus en détail ce qui nous est dit dans le Livre des fais. Pour l’auteur, en parlant de ses vertus, Boucicaut ne faisait la guerre que s’il avait juste cause et après mûre délibération32. Dans ce cas, l’auteur ne cite les Sarrasins qu’à propos de la « sage cautelle [qui] face moult a louer fait d’armes, ouquel savoir ne faut mie a estre bien appris le mareschal, si comme sus Sarrasins et autre part maintes fois l’esprouva33 ». Ailleurs, lors des combats à L’Escandelour, les Sarrasins sont traités de « chiennaille », et de nouveau à Beyrouth : « celle chiennaille qui la breoient comme enragiez », ou encore à Laodicée, les Sarrasins « criant et breant come dyables d’enfer »34, ce qui pourrait être interprété comme signe d’un profond mépris, et pouvait être suffisant pour leur faire la guerre. D’autre part, l’auteur du Livre des fais confond sous le terme « Sarrasin », qu’il entend comme « infidèle » ou « mécréant », les païens lithuaniens et les musulmans, arabes ou turcs, alors que d’autres faisaient bien la différence.
18De plus, il semble avoir eu des connaissances géographiques plutôt floues35. Le premier champ de bataille de Boucicaut contre les « Sarrasins » fut la Prusse. Il y alla pour la première fois au début de l’année 1384, dans sa seizième ou dix-septième année, « si comme communement font les bons qui voyager desirent pour accroistre leur pris »36, on ne sait dans la suite de qui. On sait seulement qu’« il se mist en toute peine a son pouoir de porter dommage aux Sarrasins ». Revenu, « pour ce que il lui sembla que on besongnoit mie moult adont en France en fait de guerre », il retourna quelques semaines plus tard en Prusse, « où l’en disoit que celle saison devoit avoir belle rese »37. Elle eut effectivement lieu et se termina par le banquet traditionnel offert par le grand maître teutonique, mais Boucicaut, trop jeune, ne fut pas invité à la table d’honneur38.
19Nous avons vu qu’en 1388 Boucicaut et Renaud de Roye avaient voulu se mettre au service de Mourad Ier. Comme celui-ci n’avait pas de guerre en cours contre d’autres musulmans, ils se rendirent auprès du roi Sigismond de Hongrie qui les employa contre le margrave de Moravie. Ensuite Renaud de Roye alla en Prusse, tandis que Boucicaut alla accomplir le pèlerinage de Jérusalem et pensait rejoindre la Prusse pour la reise d’hiver, ce en quoi il fut empêché par la captivité du comte d’Eu39. Il n’y retourna qu’en 1390 parce que le roi lui avait interdit de participer à la croisade de Barbarie, mais il n’y eut pas de reise d’hiver. Il décida alors d’attendre celle d’été, mais fut rappelé par Charles VI. Arrivé à Bruxelles, il apprit que son rappel n’avait plus de raison d’être, aussi rebroussa-t-il chemin vers la Prusse. Il participa à la reise en Lituanie du nouveau grand maître Conrad von Wallenrod, et leva pour la première fois lui-même bannière40. Ainsi que l’a montré Werner Paravicini, le voyage de Prusse était un phénomène propre à la noblesse européenne, dans lequel s’est doublement inscrit Boucicaut, individuellement et par son mariage en 1393 puisque les hommes de sa belle-famille, les Roger de Beaufort, s’y étaient aussi illustrés41.
20En 1388, puis en 1390, Boucicaut n’avait pu aller combattre des musulmans. Il le put en 139642, en 1399 et en 1403, mais il était alors maréchal de France et aussi gouverneur de Gênes et ses moyens étaient autres. Pour son biographe, le « voyage de Hongrie » est avant tout « une emprise de grant renom », dont la raison était l’appel à l’aide de Sigismond où le roi de Hongrie rappelait « comme tout bon crestien et par especial tous vaillans nobles hommes doivent desirer eulx traveiller pour la foy crestienne, et voulentiers et de bon cuer aydier a soustenir l’un l’autre contre les mescreans »43. L’appel était lancé au comte d’Eu, qui en fit part à Boucicaut. Celui-ci répondit qu’il y irait sans faillir, car il y était mû par trois raisons :
l’une estoit pour ce que il desiroit plus que autre riens estre en bataille contre Sarrasins, l’autre pour la bonne chere que le roy de Honguerie lui avoit faite en son pays, et la tierce raison estoit pour la grant amour que il avoit a lui [le comte d’Eu] qui entreprenoit le voyage.44
21Boucicaut y participa avec une suite de soixante-dix gentilshommes, dont quinze qui lui étaient apparentés. Sa conduite fut cependant digne de ses premiers faits d’armes : l’assaut inconscient d’Orjahovo45, pour être parmi les premiers, le refus de reconnaître l’arrivée des Turcs vers Nicopolis46, la volonté imprudente d’être dans l’avant-garde de l’armée contre les Turcs pour mieux tomber dans leur piège. Fait prisonnier, Boucicaut n’échappa au « dur sacrefice » que grâce à l’intervention du comte de Nevers. Mais, pour son biographe, tout cela était dû à la Fortune. Boucicaut a-t-il appris de cette expérience ? Il ne le semble pas, car à Azincourt, Henri V, peut-être informé par des vétérans de Nicopolis, prépara un plan de bataille semblable à celui des Ottomans, dans lequel Boucicaut tomba une nouvelle fois47. Il semble avoir été plus réfléchi quand il alla soutenir l’empereur Manuel II à Constantinople contre les Turcs, lors des différents raids qu’il a menés en mer de Marmara ou dans le Bosphore. Mais là, aucun aspect religieux de croisade n’apparaît à part l’emploi, une fois, du mot « mescreans » par son biographe48.
22Pour sa croisière de 1403 en Méditerranée orientale, bien que son biographe ne le signale pas – et lui-même le savait-il ? –, Boucicaut a agi exactement, mais dans une moindre mesure, comme le roi Pierre Ier de Chypre une quarantaine d’années plus tôt. On ne peut donc dire qu’il l’a pris comme modèle, même si son biographe mentionne « le bon roy de Chipre » qui avait aussi tenté de s’emparer de L’Escandelour49, en 1361 et 1366. Le plus curieux est qu’il n’est pour ainsi dire presque pas fait mention de Pierre Ier dans les deux projets de prise d’Alexandrie par Boucicaut, en 1403 et en 140750 : dans le dernier cas, il est seulement fait référence à « ses prédécesseurs [du roi Janus], par qui la dicte cité fu autrefoiz prise »51.
23Sans doute, parce que le théâtre des opérations était la Méditerranée occidentale, le théâtre historique des croisades, l’esprit de croisade semble avoir soufflé sur la croisière de Boucicaut. À son départ de Gênes, il voulait ramener le roi de Chypre qui assiégeait Famagouste à raison, mais il devait attendre auparavant le résultat des négociations. Aussi
son noble courage plain de chevalerie desira employer son corps es fais sans les quieulx chevalier n’est honorez, c’est assavoir en exercice d’armes, si comme le temps passé accoustumé avoit. Mais mieulx ne lui sembla pouoir emploier son temps que sus les ennemis de la foy.52
24Et, à propos de la bataille à Tripoli, son biographe se laisse aller :
Ha dieux ! que on doit bien prisier, amer et honorer si noble gent qui leur corps et leurs vies exposent pour le bien de crestianté ! Et bien doit on prier Dieu pour eulx et pour leur semblables, car quant ilz sont bons et font leur devoir, c’est le sauvement d’un pays contre tous ennemis.53
25Cet esprit soufflait toujours en 1407, tel qu'il est présenté par le biographe :
En l’an mille. CCCC. et. VII., le bon marescha, qui ne pense autre chose fors comment tous jours pourra augmenter et accrositre le bien de crestienté et l’onneur de chevalerie, avisant la grant pitié et honte aux crestiens que les Sarrasins soient seigneurs et subjuguent les nobles terres d’oultre mer, qui deussent estre propres heritages des crestiens, se mauvaistié et lache courage ne les destourboit de les aller conquerre, lui va venir une haute emprise en courage,
26c’est-à-dire la prise d’Alexandrie54. Avec de telles paroles, nous nous croyons revenus en 1095. Et Boucicaut lui-même, engageant le jeune roi de Chypre Janus à l’accompagner dans cette expédition :
… a ce faire nous meuvent. IIII. principaulx raisons. La premiere est pour la pure amour de Nostre Seigneur, voulons nous employer en son service, et le bien et exaussement de crestienté. La seconde, pour acquerre merite a nostre ame. La tierce (…) par quoy loz a tous jours lui demourast [au roi de Chypre]. Et la quarte, pour la cause qui doit esmouvoir tout chevalier et gentil homme que son corps incessamment employe en la poursuite d’armes, c’est pour acquerre honneur et renommee.55
27Dix-sept plus tôt, le duc de Bourbon, désirant diriger le « voyage de Barbarie », s’était ainsi adressé au roi Charles VI :
Monseigneur, je vous supplie que, pour toous les services que je vous pourroie jamais faire, il vous plaise de moi donner cest charge, que je me puisse employer pour vous, et au nom de vous, au service de Dieu : car c’est la chose au monde que j’ai plus desiree, et apres les fais mondains, il est belle chose de servir Dieu.56
28Malgré tout, à la fin du xive siècle et au début du xve siècle, le service de Dieu, c’est-à-dire la croisade, vient en second pour les hommes d’armes après le service du roi, après une vie mondaine pour le duc de Bourbon, après l’honneur pour Boucicaut. L’honneur est la raison la plus souvent invoquée par le biographe du maréchal, notamment pour le faire revenir à la raison, quand ses compagnons ou alliés trouvaient qu’ils en avait assez fait ou qu’il risquait de les mettre en situation périlleuse. Ainsi, après le difficile combat de Tripoli : « Ne fu mie ancore saoulez de grever Sarrasins le vaillant marechal, quoy que on lui deist que a grant honneur retourner s’en pouoit, car bien avoit exploitié »57.
29La motivation religieuse n’apparaît qu’au détour d’un chapitre – comme une justification après coup – à propos du « dur sacrefice » des prisonniers de Nicopolis, exécutés en vengeance de la boucherie d’Orjahovo. Dans ce cadre, déjà l’adjectif « dur » est de trop et indique que l’on aurait bien aimé y échapper.
Mais non obstant fust celle mort moult dure et le cas tres piteux, toutevoyes tout bon crestien doit tenir que tres eureus furent et de bonne heure nez de telle mort recevoir ; car une fois leur convenoit mourir, et Dieu leur donna grace que ilz moururent de la plus sainte et digne mort que crestien puist mourir, selon que nous tenons en nostre foy, c’est pour l’exaussement de la foy crestienne, et estre accompaignez avecles benois martirs qui sont les plus beneurez de tous les ordres des autres sains de paradis. Si n’sst mie doubte que, se ilz le receurent en bon bon gré, ce que si se Dieux plaist, que ilz sont sains en paradis.58
30La dimension sacrificielle de la croisade me semble ne se retrouver que chez Philippe de Mézières, à qui d’ailleurs Boucicaut a accordé son soutien59.
31Nous pourrions avancer qu’il y avait à la fin du xive siècle comme une tension entre la croisade et la recherche mondaine de l’honneur. Certains, à l’instar de Guillaume de Meuillon, avaient dépassé cette tension. Dans le récit de sa vie par lui-même, tout est mis sur le même plan, croisade, pèlerinage à Jérusalem, campagnes militaires, missions diplomatiques60. Avec de telles personnes, nous pouvons dire que la croisade est sécularisée. On ne parle d’ailleurs plus de prise de croix, ni chez les uns, ni chez les autres.
32Boucicaut et son biographe se sont trouvés à la charnière, participant à une idéologie qui avait encore cours dans la haute noblesse, mais que la pratique contredisait plus ou moins. On ne peut en effet, aujourd’hui, s’empêcher de sourire quand Boucicaut est ainsi décrit : « le bon champion de Jhesu-Crist, c’est assavoir le mareschal qui est de cuer, de voulenté et de fait le droit persecuteur des mescreans »61, non lors du « voyage de Hongrie », non lors de ses combats contre les Turcs pour la défense de Constantinople, non lors de sa croisière incendiaire en Méditerranée orientale, mais à propos de la chasse de quatre misérables galées barbaresques rencontrées entre Gênes et la Provence en 1408, son dernier fait d’armes contre les Sarrasins.
33Je crains d’avoir été sévère avec le « bon maréchal Boucicaut ». Cela tient au portrait que nous livre l’auteur qui insiste sur la personnalité chevaleresque d’un homme qui était peut-être plus complexe, mais en qui se concentrent les tensions qui agitaient la noblesse à la fin du Moyen Âge62. En ce qui concerne le thème de la croisade, cela signifie le pèlerinage conçu aussi comme voyage d’agrément, la volonté de grever, envahir, détruire les Sarrasins, qu’ils fussent Lituaniens, Maures, Turcs, Arabes, que ce soit au service de Dieu, du roi ou d’un autre prince sarrasin, le but restant cependant mondain : l’accroissement d’honneur63.
Notes de bas de page
1 Éd. de D. Lalande, Genève, 1985 (Textes littéraires français, 331).
2 « Qui a écrit Le Livre des fais du messire Jehan le Maingre, dit Bouciquaut ? », dans Monique Ornato et Nicole Pons (éd.), Pratiques de la culture écrite en France au xve siècle. Actes du colloque international du CNRS, Paris, 16-18 mai 1992, organisé en l’honneur de Gilbert Ouy, (Textes et études du Moyen Âge, 2), Louvain-la-Neuve, 1995, pp. 135–149
3 Joseph Delaville Le Roulx, La France en Orient au xive siècle. Expéditions du maréchal Boucicaut, 2 vol., Paris, 1886 (Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome, fasc. xliv-xlv).
4 Denis Lalande, Jean II Le Meingre, dit Boucicaut (1366-1421). Étude d’une biographie héroïque, Genève, 1988 (Publications romanes et françaises, clxxxiv).
5 Livre des fais, pp. 6–8.
6 Les Cent Ballades. Poème du xive siècle composé par Jean le Seneschal avec la collaboration de Philippe d’Artois, comte d’Eu, de Boucicaut le Jeune et de Jean de Crésecque, éd. de G. Raynaud, Paris, 1905 (Société des anciens textes français) ; cf. Livre des fais, p. 32 (auteurs : Boucicaut et le sénéchal d’Eu).
7 Partie inédite des chroniques de Saint-Denis, suivie d’un récit également inédit de la campagne de Flandres en 1382 et d’un poème sur les joutes de Saint-Inglevert (1390), éd. de J. Pinchon, Paris, 1864.
8 Livre des fais, p. 74.
9 Cf. pour le roi de France, Philippe Contamine, « D’une crise à l’autre : Charles VI, roi de France, et Sigismond, roi de Hongrie (1385-1396) », dans Michel Pauly et François Reinert (éd.), Sigismund von Luxemburg. Ein Kaiser in Europa. Tagungsband des internationalen historischen und kunsthistorischen Kongresses in Luxemburg, 8.-10. Juni 2005, Mayence, 2006, pp. 71–78 ; pour le duc de Bourgogne (et accessoirement le duc d’Orléans), Jacques Paviot, Les ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient (fin xive siècle- xve siècle), Paris, 2003, pp. 23–30 (Cultures et civilisations médiévales).
10 Ibid., p. 90.
11 Ibid., p. 88.
12 Cf. J. Paviot, Les ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient…, pp. 49–50.
13 Sur Boucicaut à Gênes, cf. en dernier lieu Dino Puncuh, « La volontà politica : Boucicaut e il suo tempo », dans Giuseppe Felloni (éd.), La Casa di San Giorgio : il potere del credito. Atti del convegno, Genova, 11 e 12 novembre 2004, Atti della società ligure di storia patria, nouv. série, t. xlvi (cxx), fasc. ii, 2006, pp. 13–26, avec bibliographie antérieure.
14 Cf. Christopher Phillpotts, « The French plan of battle during the Agincourt campaign », The English Historical Review, t. xcix, 1984, pp. 59–66. Je remercie Bertrand Schnerb pour cette référence.
15 Livre des fais, pp. 399–400 ; cf. aussi pp. 345–346 (pour la préparation de son expédition contre Alexandrie en 1407).
16 Ibid., p. 61.
17 Ibid., p. 62.
18 Relevons cette visite au monastère copte de Saint-Paul, dans le désert arabique, entre le Nil et la mer Rouge, hors des circuits classiques du pèlerinage.
19 Livre des fais, pp. 63–64. Notons que l’auteur a quelques problèmes avec la géographie, car il semble situer Damas en Égypte.
20 Ibid., p. 32.
21 Cf. Europäische Reiseberichte des späten Mittelalters. Eine analytische Bibliographie. Herausgegeben von Werner Paravicini. Teil 2 : Französishe Reiseberichte bearbeitet von Jörg Wettlaufer in Zusammenarbeit mit Ja[c] ques Paviot, Francfort-sur-le-Main, 1999 (Kieler Werkstücke ; Reihe D : Beiträge zur europäischen Geschichte des späten Mittelalters, 12) : sur Boucicaut, cf. no 9, pp. 53–57 ; cf. aussi mon étude « La croisade bourguignonne aux xive et xve siècles : un idéal chevaleresque ? », in Francia, vol. 33/1, 2006, pp. 33–68.
22 « Journal d’un pèlerin français du xive siècle en Terre sainte (1383) », éd. de H. Omont, Revue de l’Orient latin, iii (1895), pp. 457–459 ; Europäische Reiseberichte…, no 8, p. 52.
23 Faits & gestes de Guillaume de Meuillon, éd. D’E. Maignien, Grenoble, 1907, p. 9 ; cf. Europäische Reiseberichte…, no 10, pp. 58–59.
24 Le saint voyage de Jherusalem du seigneur d’Anglure, éd. de Fr. Bonnardot et A. Longnon, Paris, 1878 (Société des anciens textes français) ; cf. Europäische Reiseberichte…, no 11, pp. 60–64.
25 Livre des fais, p. 61.
26 Je me permets de renvoyer à mon étude : « Aspects économiques du pèlerinage à la fin du Moyen Âge », Histoire médiévale et Archéologie, 11 (2000), pp. 121–131, repris dans Georges Jehel (éd.), Questions d’histoire : Orient et Occident du ixe au xve siècle. Actes du colloque d’Amiens, 8, 9 et 10 octobre 1998, Paris, 2000, pp. 143–157 (Histoire médiévale et Archéologie).
27 Cf. Terry Jones, Chaucer’s Knight. The portrait of a medieval mercenary, Londres, 1980 ; Maurice Keen, « Chaucer’s Knight, the English Aristocracy and the Crusade », dans V. J. Scattergood et J. W. Sherbone (éd.), English Court Culture in the Later Middle Ages, Duckworth, 1983, pp. 45–61 ; Anthony Luttrell, « Chaucer’s Knight and the Mediterranean », dans Victor Mallia-Milanes (éd.), Library of Mediterranean History, t. i, Malte, 1994, pp. 127–160.
28 Jean Froissart, Œuvres. Chroniques, éd. de K. de Lettenhove, Bruxelles, 1867-1877 (réimpr. Osnabrück, 1967), t. xv, pp. 319 et 324 ; cf. Philippe Gardette, « Jacques de Helly (sic), figure de l’entre-deux culturel au lendemain de la défaite de Nicopolis », Erytheia, 24 (2003), pp. 111–124, repris sous le titre « Jacques de Helly (sic), un chevalier diplomate français au service des Turcs », dans Idem, Études imagologiques et relations interconfessionnelles en zone byzantino-ottomane, Istanbul, 2007, (Analectaz Isisiana, xcii) ; dans ses sources, l’auteur place sur le même plan Jean Froissart (v. 1337-ap. 1404), un contemporain, Adrien de But († 1488) et Guillaume Paradin (v. 1510-1590).
29 Ibid., pp. 319–320.
30 Chronique du Religieux de Saint-Denys, éd. et trad. de L. Bellaguet, t. ii, Paris, 1840 (réimpr. Paris, 1994), pp. 562–564 ; mais cf. mon livre Les ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient…, p. 53.
31 Trad. de Michel Garcia, Paris, 1995, pp. 192 et 81 ; cf. aussi p. 150.
32 Livre des fais, p. 402.
33 Ibid., p. 407.
34 Ibid., pp. 228, 246 et 252.
35 Cf. p. 63 : Damas est situé en Égypte.
36 Livre des fais, p. 40. Sur Boucicaut en Prusse, cf. Werner Paravicini, Die Preussenreisen des europäischen Adels, 2 vol., Sigmaringen, 1989 et 1995, passim.
37 Livre des fais, p. 42.
38 Sur cette reise, cf. Jean Cabaret d’orville, La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, éd. d’A.-M. Chazaud, Paris, 1876, pp. 63–66.
39 Livre des fais, pp. 61–63.
40 Ibid., pp. 74–77.
41 Cf. notamment W. Paravicini, Die Preussenreisen…, t. i, p. 174.
42 Cf. Norman Housley, « Le Maréchal Boucicaut à Nicopolis », dans Jacques Paviot et Martine Chauney-Bouillot (éd.), « Nicopolis, 1396-1996 » Actes du colloque international organisé par l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon et le Centre national de la recherche scientifique, réuni à Dijon, au Conseil régional de Bourgogne, le 18 octobre 1996, Annales de Bourgogne, t. 68, 1996, fasc. 3, Dijon, 1997, pp. 85–99.
43 Livre des fais, pp. 88 et 89.
44 Ibid., p. 89.
45 Ibid., pp. 94–98 ; Chronique du Religieux de Saint-Denys, t. ii, pp. 492–494.
46 Chronique du Religieux de Saint-Denys, t. ii, p. 500 (Boucicaut faisait couper les oreilles de ceux qui apportaient de telles nouvelles).
47 Communication orale de feu Nicoara Beldiceanu.
48 Livre des fais, p. 132.
49 Ibid., p. 225.
50 Ibid., pp. 230 et 232 ; pp. 344–363.
51 Ibid., p. 353.
52 Ibid., p. 208.
53 Ibid., p. 236.
54 Ibid., pp. 344–345.
55 Ibid., p. 351.
56 La Chronique du bon duc Loys de Bourbon, pp. 220–221.
57 Livre des fais, p. 243 ; cf. p. 241 : « non obstant que plusieurs lui conseillassent que plus n’en feist, car assez y avoit conquis honneur, se leur sembloit ».
58 Ibid, pp. 115–116.
59 Cf. dans ce même volume les communications de Philippe Contamine et de Marie Radkovska.
60 Cf. les Faits & Gestes de Guillaume de Meuillon.
61 Livre des fais, pp. 378–379.
62 Pour un tableau général, cf. Philippe Contamine, La noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII. Essai de synthèse, Paris, 1997.
63 À ce sujet, cf. Idem, « Honneur et chevalerie : l’enracinement médiéval », Institut de France. Séance publique annuelle des cinq Académies. Mardi 22 octobre 2002, Paris, 2002, pp. 27–33.
Auteur
Université de Paris-XII
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