Les avocats dans les sociétés savantes et les loges maçonniques de l’époque des Lumières
p. 309-320
Texte intégral
1Capitale judiciaire, Toulouse était aussi, au XVIIIe siècle, une métropole académique et maçonnique. C’était la seule ville de province à posséder trois académies royales : l’académie des jeux Floraux, lointaine héritière des troubadours médiévaux, réorganisée dès 1694 sur le modèle de l’Académie française ; l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres, issue en 1746 de la société des sciences fondée en 1729 ; et l’académie de peinture, sculpture et architecture, née en 1750 de la transformation de la société des beaux-arts créée quatre ans plus tôt. Une association privée, le musée, vint s’ajouter en 1784 aux institutions officielles. Quant à la franc-maçonnerie, introduite à Toulouse en 1741 par un gentilhomme irlandais, elle y connut également un succès exceptionnel : à la veille de la Révolution, douze loges régulières affiliées au Grand Orient de France et quelques ateliers marginaux rassemblaient plusieurs centaines d’initiés.
2Sociétés savantes et loges maçonniques offraient donc aux élites toulousaines des lieux de rencontre particulièrement nombreux et variés. Membres éminents de ces élites, les avocats ne pouvaient manquer d’y jouer un rôle dont nous allons tenter de prendre la mesure et de préciser la signification sociale et intellectuelle. Leur participation croissante au mouvement académique et leur adhésion massive à la franc-maçonnerie n’expriment pas seulement la vigueur de leur sociabilité, mais aussi la richesse de leur vie culturelle et leur ouverture aux grands courants de pensée des Lumières.
La conquête des jeux Floraux
3Venu du Bas-Languedoc à Toulouse « pour y étudier le droit et y suivre le barreau », le jeune Thomas Verny assista pour la première fois à la distribution solennelle des prix de l’académie des jeux Floraux le 3 mai 1748.
4Il fut tout à coup pénétré d’un feu dévorant, à la vue de ces fleurs d’or et d’argent qui devenaient le prix du génie, du travail et de l’application. Au milieu des transports que ces triomphes excitaient dans une assemblée nombreuse et très brillante, il sentit l’aiguillon de l’émulation poétique, il obéit à cette impulsion, travailla pour le concours suivant et remporta le prix du poème.
5Ainsi naquit, selon son futur confrère Poitevin-Peitavi, la vocation littéraire et académique du célèbre avocat, dont l’élection comme mainteneur scella en 1755 la réconciliation du barreau et de l’académie.
6Jusqu’à cette date en effet, les deux institutions s’étaient largement ignorées. Sans doute les avocats, bien préparés aux joutes littéraires par leur éducation classique et la pratique professionnelle de l’éloquence, fournissaient-ils un des plus gros contingents des lauréats distingués par la compagnie. Jusqu’en 1755, une dizaine d’entre eux se partagèrent une vingtaine de prix, et trois succès consécutifs valurent à Jérôme Taverne le titre de maître ès jeux (1737). Mais pendant toute la première moitié du siècle il fut plus facile à ses collègues de cueillir les fleurs du jardin d’Isaure que d’y être admis à demeure. Aucun membre actif du barreau ne figure parmi les mainteneurs nommés en 1694. Le premier à apparaître sur la liste académique fut en 1707 Joseph de Comynihan, qui avait déjà été le premier à recevoir un prix en 1703. Son élection fut suivie par celles de François-Joseph de Cormouls (1711), Jean-Baptiste d’Ouvrier (1712), Jean-Baptiste de Montaudier (1714), Jean-Antoine de Lardos (1733), Jean Soubeiran de Scopon (1735), Jean-François Duclos (1737) et Jean Castilhon (1751). Ces huit avocats représentent moins de 10 % des mainteneurs élus de 1694 à 1755, et il semble bien que le choix de l’académie ait été guidé par des considérations étrangères à leurs mérites professionnels. Comynihan, Cormouls, Montaudier et Lardos étaient certes des juristes estimés, mais c’est probablement leur influence à l’hôtel de ville (tous quatre furent à plusieurs reprises capitouls et chefs du consistoire) qui a incité la compagnie à faire appel à eux, pour défendre ses intérêts dans l’interminable conflit qui l’opposait à la municipalité à propos de l’organisation et du cérémonial des assemblées publiques. « Destiné à la profession d’avocat » qu’il exerça « uniquement pour obéir à son père », Soubeiran de Scopon « s’y fit remarquer par son éloquence », mais l’abandonna très vite pour se consacrer à « son goût exclusif pour les belles-lettres ». Duclos plaida plus longtemps, mais on lui reprochait d’être « plus orateur que jurisconsulte, plus académicien qu’avocat ». Quant à Castilhon, il est douteux qu’il ait jamais pratiqué, avant de quitter Toulouse pour Paris où il s’adonna « tout entier à l’étude de l’histoire et de la littérature ».
7Pourquoi si peu d’avocats, et si peu représentatifs de la majorité de leurs confrères ? Les nobles parlementaires qui contrôlaient étroitement le recrutement de l’académie répugnaient peut-être à admettre dans « le sanctuaire d’Isaure » ces bourgeois qu’ils trouvaient journellement en face d’eux au palais. Mais les contemporains invoquent surtout la méfiance des avocats eux-mêmes à l’égard des activités littéraires. D’après Poitevin-Peitavi, « un préjugé funeste régnait dans ce barreau. [...] On y regardait les gens de lettres comme des esprits frivoles, incapables d’une discussion solide et lumineuse. » Un autre avocat de la fin de l’Ancien Régime, Carrière du Barère Vilar, confirme qu’« on a cru longtemps, et plus longtemps à Toulouse que partout ailleurs, que la connaissance des lois, et ce que l’on appelle l’esprit des affaires, était incompatible avec la culture des belles-lettres ». Ayant pris part aux concours des jeux Floraux à l’insu de sa famille, Verny dut lui promettre de « renoncer à ce goût frivole, qui ne pouvait que le détourner des études sérieuses sur lesquelles il devait fonder sa fortune et sa réputation ». En 1761 encore, Pierre-Firmin de Lacroix, deux fois lauréat les années précédentes, fut mis en garde sur « le choix d’un état » par quelques avocats chevronnés qui, « cédant à un préjugé barbare, craignirent que son goût pour les lettres, et les couronnes académiques dont il venait alors d’être décoré, ne fussent un obstacle à ses progrès dans la carrière du barreau ».
8« Mais heureusement ce préjugé ridicule n’existe plus », constate en 1788, pour s’en réjouir, Carrière du Vilar. La même année, dans son discours de remerciement, Barère rappelle que « Cormouls et Duclos, Taverne et Lacroix [...] ont tour à tour préparé et produit une révolution dans notre barreau, en mêlant les vues philosophiques sur les lois aux mouvements passionnés de l’éloquence ». Après celle de Verny, l’élection de Lacroix en 1761 avait en effet définitivement abattu le mur d’incompréhension qui écartait les avocats des jeux Floraux, en prouvant que les préoccupations des littéraires et les travaux académiques n’étaient pas inconciliables avec une brillante réussite professionnelle. Attribuée par Poitevin-Peitavi au « courage » et au « mérite » de ses deux confrères, cette « heureuse révolution », qui renversait « l’opinion absurde qu’un homme de lettres ne pouvait être avocat distingué », traduisait en réalité une profonde mutation du modèle socioculturel en vigueur dans le barreau ; en élargissant leurs horizons intellectuels, en s’alignant sur les pratiques de l’aristocratie parlementaire qui depuis longtemps peuplait « le temple d’Isaure », les avocats proclamaient leur ambition de cesser d’être de simples techniciens du droit au service de la justice, pour prendre place parmi les principaux animateurs de la vie culturelle toulousaine.
9Loin de constituer pour eux un handicap, les lauriers académiques contribuent désormais à asseoir leur réputation et à leur procurer la clientèle des élites cultivées. Les plus jeunes et les moins fortunés avaient donc tout intérêt à les briguer avec assiduité pour se faire connaître, comme le firent entre autres Alexandre-Auguste Jamme, qui débuta en 1761 après avoir cueilli trois fleurs la même année, ou Jean-Baptiste Mailhe qui de 1777 à 1784 participa à huit concours et fut quatre fois couronné. De 1755 à 1790, une quinzaine de leurs collègues remportèrent une trentaine de prix ; Jamme en 1769, Guillaume Martel en 1770 et Joseph-Bonaventure Dutour en 1775 obtinrent des lettres de maîtrise.
10Les avocats ne s’imposaient pas seulement dans les concours, mais aussi au sein même de la compagnie qui, après Verny et Lacroix, reçut Martel, Jamme (1770), Mailhe, Philippe-Vincent Poitevin-Peitavi (1785), Bertrand Barère de Vieuzac (1788), Jacques Floret et Jean-Nicolas Gez (les deux derniers mainteneurs élus avant la Révolution, les 14 et 21 juin 1789). Fournissant 13 % des académiciens recrutés de 1755 à 1784 et 50 % de ceux qui furent élus de 1785 à 1789, ils forment à la veille de la Révolution près du quart des mainteneurs, contre moins de 10 % trente ans plus tôt. Cette progression spectaculaire s’opère au détriment des parlementaires. Le 16 mars 1770, l’académie refusa de prendre en considération la candidature de l’avocat Cassairol au fauteuil qu’elle destinait au premier président de Vaudreuil ; mais le 15 juin suivant elle préféra l’avocat Martel au conseiller de Paraza. Le 20 février 1785, la réception solennelle de Mailhe et de Poitevin-Peitavi aux fauteuils précédemment occupés par Lefranc de Pompignan, premier président de la cour des aides de Montauban, et le conseiller au parlement de Lamothe, symbolisa avec éclat la relève des magistrats par les avocats, qui tendent à les déposséder du contrôle qu’ils exerçaient traditionnellement sur l’institution : en 1772 par exemple, ils monopolisent les fonctions de modérateur, sous-modérateur et dispensateur, et deux des trois postes de censeur.
11Il est également significatif que les avocats en passe de dominer les jeux Floraux ne soient plus, comme autrefois Soubeiran de Scopon et Duclos, des littérateurs « plus orateurs que juristes », mais des maîtres du barreau, placés par leurs pairs et par le public au premier rang de leur profession. Si Floret, venu à Toulouse déjà âgé, ne pratiqua pas, si Martel et Poitevin-Peitavi ne semblent pas avoir particulièrement brillé au palais, Lacroix et Jamme (qui fut le dernier bâtonnier de l’ordre avant la Révolution) étaient deux des plus fameux avocats de la ville, dont les mémoires pour la famille Sirven ou Catherine Estinès étaient publiés dans les recueils de causes célèbres ; à la génération suivante, Mailhe, Barère et Gez marchaient sur leurs traces quand la Révolution vint imprimer un nouveau cours à leur carrière.
12Les avocats jouèrent donc aux jeux Floraux un rôle sans commune mesure avec leur faible nombre. On n’en trouve que dix-sept sur la liste des cent cinquante-deux mainteneurs reçus de 1694 à 1789, mais les deux tiers d’entre eux firent preuve d’un zèle certain, se chargeant volontiers des responsabilités administratives (Castilhon, Comynihan, d’Ouvrier et Soubeiran de Scopon furent secrétaires des assemblées, Castilhon secrétaire perpétuel adjoint), des discours prononcés en séance publique (Comynihan est l’auteur de cinq éloges académiques, Castilhon de quatre semonces, Martel et d’Ouvrier de trois éloges de Clémence Isaure) et des travaux présentés en séance privée (de 1770 à 1788, Martel n’en lut pas moins d’une trentaine). Soubeiran de Scopon légua en 1745 à la compagnie une rente perpétuelle de 200 livres qui lui permit de porter la valeur de l’églantine d’argent (prix du discours en prose) à 450 livres et de la transformer en églantine d’or. Dans le conflit qui l'opposa à partir d’avril 1790 aux officiers municipaux et entraîna sa disparition un an plus tard, ce sont surtout des avocats qui s’efforcèrent de maintenir ses activités ; Castilhon, Floret, Gez, Poitevin-Peitavi et Jamme figurent parmi les sept mainteneurs qui, ayant assisté à au moins douze séances en 1790, reçurent des jetons, et les quatre premiers parmi les six participants à la dernière réunion du 16 avril 1791.
13L’académie fut ainsi redevable jusqu’au bout à ses membres venus du barreau d’une bonne part de son dynamisme. Inversement,
le barreau de Toulouse dut à l’académie l’éclat dont il brilla pendant la dernière moitié du siècle. Les enfants d’Isaure en chassèrent la barbarie ; les premiers, ils y montrèrent les grands rapports qui lient la science des lois à toutes les autres connaissances, et y firent sentir combien la culture des lettres peut agrandir la raison et ajouter aux richesses de l’éloquence (Poitevin-Peitavi).
Un intérêt tardif pour l’académie des sciences
14Moins prestigieuse que l’académie des jeux Floraux, l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres suscita longtemps moins de vocations de la part des avocats, qui n’y occupèrent jusqu’à la veille de la Révolution qu’une place symbolique. Ils n’étaient que trois parmi les membres de la société des sciences nommés associés ordinaires en 1746 : Raymond de Caumels, connu pour s’être exclusivement voué « à la défense de ces plaideurs que leur indigence force d’abandonner leurs droits à leurs oppresseurs », Jean-Baptiste d’Ouvrier et Jean Soubeiran de Scopon ; reçu en 1751, Jean-Francois Duclos appartenait comme ces derniers aux jeux Floraux et à cette catégorie d’avocats plus à l’aise dans les cénacles littéraires que dans les prétoires. Pendant les trois décennies qui suivirent, la compagnie n’accueillit que deux de leurs confrères, Jean Raynal en 1754 et Alexandre-Auguste Jamme en 1772 ; élu en 1783, à son retour de Paris, Jean Castilhon ne pouvait plus être considéré comme un authentique représentant du barreau. II fallut donc attendre les toutes dernières années de l’Ancien Régime pour voir les avocats s’intéresser réellement à l’académie et y faire une entrée remarquée : de juin 1786 à janvier 1789, cinq d’entre eux furent admis, soit 71,5 % des académiciens résidants recrutés pendant cette brève période ; après les nominations d’Henri Reboul (1786), Jean-Nicolas Gez, Bertrand Barère, Bordes de Baillot (1787) et Jacques Floret (1789), ils formaient, au moment de la suppression de la compagnie en août 1793, 15,5 % des académiciens résidants, proportion qui se rapprochait de celle que nous avons relevée chez les enfants d’Isaure.
15Il reste qu’avec moins de 11 % des associés ordinaires et des adjoints reçus de 1746 à 1789, leur participation globale à l’académie des sciences fut très modeste. Celle-ci se montrait pourtant sensiblement plus ouverte à la bourgeoisie des talents que l’académie des jeux Floraux, mais son orientation essentiellement scientifique en éloignait les membres d’une profession dont l’exercice supposait une formation avant tout juridique et littéraire.
16Bien que les lettres patentes érigeant la société des sciences en académie aient ajouté à son programme les inscriptions (c’est-à-dire l’histoire) et les belles-lettres, elle consacra plus des deux tiers de ses travaux aux sciences « physico-mathématiques » et « médico-physiques ». Or, sur les onze avocats qui en firent partie au XVIIIe siècle, sept siégèrent simultanément aux jeux Floraux (d’Ouvrier, Soubeiran de Scopon, Duclos, Jamme, Gez, Barère et Floret), et neuf (les mêmes, Caumels et Raynal) furent affectés à la classe des inscriptions et belles-lettres. Seuls Reboul, ordinaire de la classe de botanique, et Bordes de Baillot, adjoint de la classe de chimie, peuvent être tenus pour de véritables scientifiques ; mais il semblent avoir porté le titre d'avocat sans pratiquer.
17Malgré leur situation quelque peu marginale au sein de la compagnie, les avocats s’y montrèrent dévoués, à l’image de Gez qui passait pour ne connaître « que l’académie, le palais et son cabinet ». La grande majorité d’entre eux (huit sur dix) présentèrent dans ses séances privées des mémoires parfois repris en assemblée publique. Soubeiran de Scopon lui offrit lors de son établissement une somme de 300 livres, et d’Ouvrier enrichit sa bibliothèque du Grand dictionnaire historique de Moréri. Succédant à Raynal, directeur en 1763, et à Jamme, directeur en 1773 et vice-président en 1778, Gez et Floret, élus directeurs en 1788 et 1789, furent en 1791 et 1792 ses derniers vice-présidents. La contribution du barreau à l’œuvre intellectuelle et à la vie matérielle de l’académie ne peut donc être tenue pour négligeable.
À l’académie de peinture et au musée
18Société savante, l’académie de peinture, sculpture et architecture était aussi une corporation professionnelle et un établissement d’enseignement artistique. Ce caractère hybride et très spécialisé contribua probablement à en écarter les avocats. La plupart de ceux qui y furent néanmoins reçus associés ordinaires étaient soit des capitouls en exercice (Bernard Lapomarède de Laviguerie en 1753, Pierre-Jean-François Amblard en 1759), soit d’anciens capitouls (Nicolas d’Héliot et Jean Poisson en 1753, Jean-Antoine de Fabry en 1760), dont la fonction principale consistait sans doute à représenter la municipalité auprès de la compagnie ; seul Joseph-Catherine Gilède de Pressac a pu être nommé en 1778 en tant qu’amateur d’art, mais il ne paraît pas avoir réellement « suivi le barreau ».
19Fondé par l’infatigable Jean Castilhon, le musée se proposait de pallier les insuffisances des académies royales : recrutement trop étroit, spécialisation excessive, orientation trop théorique. II n’y parvint que très imparfaitement et ne se distingua guère, par sa composition sociale et ses activités, des institutions officielles. De 1784 à 1788, il accueillit néanmoins beaucoup de Toulousains exclus de ces dernières, et notamment de nombreux avocats qui forment près du quart de ses effectifs. Nous avons déjà rencontré Bordes de Baillot, Floret, Gez, Gilède de Pressac, Jamme, Lacroix, Mailhe, Martel, Poitevin-Peitavi et Reboul dans les académies des jeux Floraux, des sciences et des arts ; vingt-cinq autres ne fréquentèrent que le musée, dont dix-sept figurent effectivement sur le matricule de l’ordre (Besaucèle, Carrière de Beaumont, Dargassies-Montagne, Delon, Desazars de Montgailhard, Dorliac, Fauré, Gary père et fils, Gounon, Janoles, Jouvent, Maynard, Taverne fils, Veyrieu, Viguier et Villefranche). Les procès-verbaux de ses séances privées n’ayant pas été conservés, on ne peut évaluer la part qu’ils prirent à ses travaux ordinaires (on sait seulement que 77 % appartenaient à la classe des belles-lettres, 15 % à celle des sciences et 8 % à celle des arts) ; mais les programmes des assemblées publiques montrent qu’ils fournirent près du tiers des ouvrages lus à cette occasion.
20La participation des avocats au mouvement académique toulousain fut donc dans l’ensemble tardive et inégale. Elle ne s’affirma nettement – mais de façon éclatante – que dans la dernière décennie de l’Ancien Régime, et concerne surtout l’académie des jeux Floraux et le musée.
Culture et idéologie des avocats académiciens
21Les registres des délibérations et les publications imprimées des sociétés académiques toulousaines ont recueilli la trace des travaux présentés à leurs concours ou lus dans leurs séances par les avocats. L’analyse de ce corpus abondant et varié révèle, sinon toutes les facettes de leur culture (leurs activités professionnelles n’y trouvent qu’un écho très affaibli), du moins les directions majeures de leurs intérêts et de leurs curiosités.
22Lorsqu’ils s’adressaient aux académies, les membres du barreau oubliaient généralement les problèmes techniques qu’ils rencontraient quotidiennement dans leur pratique, qu’évoque pourtant, sur le mode plaisant, l’épître À ma robe de palais de Gélibert couronnée par les jeux Floraux en 1783. Floret célébra lors de sa réception Le temple de Thémis, et Poitevin-Peitavi obtint au musée « un véritable succès pour son Ordonnance criminelle mise en vaudeville » ; mais seules les Recherches sur l’époque de l’établissement, les fonctions et l’origine du ministère public en France, lues par Gez à l’académie des sciences en 1790, témoignent d’une réelle compétence juridique.
23L’œuvre académique des avocats est donc essentiellement littéraire. Sans doute pour se délasser de la rhétorique du prétoire, ils manifestent un véritable engouement pour la poésie. Dans les concours des jeux Floraux, ils briguent les fleurs couronnant une ode (27,5 %), un poème (21,5 %), une églogue, une élégie ou une idylle (17,5 %), voire un sonnet à la Vierge (3,5 %), avec plus de constance que celle qui récompensait le meilleur discours en prose (30 %). Lyrique et bucolique, mais volontiers moralisatrice, leur muse puise son inspiration dans la vie mondaine et galante, le spectacle de la nature et les charmes de la campagne, la peinture des sentiments et des mœurs. En vers et en prose, à l’académie des jeux Floraux comme à celle des sciences et au musée, ils s’interrogent sur le goût (Jamme, 1772), le génie (Castilhon, 1788), le sublime (Duclos, 1751), le style (Lacroix, 1762), l’éloquence (Gez, 1786), la langue poétique (Martel, 1778), et cherchent à définir les règles des principaux genres (à l’exception toutefois du roman) : la poésie pastorale (Martel, 1771 ; Castilhon, 1784 ; Poitevin-Peitavi, 1786), la poésie anacréontique (Espic, 1760 ; Jamme, 1772), le drame (Castilhon, 1784), la comédie (Martel, 1771), le genre burlesque (Reboul, 1784). Leurs réflexions théoriques sont nourries de la fréquentation assidue des auteurs grecs et latins, dont ils analysent et traduisent les œuvres (Aristophane, Sophocle, Euripide, Démosthène, Horace, Ovide, Virgile). Les allusions à des écrivains contemporains, tels que Fontenelle, Jean-Baptiste Rousseau, Desfontaines, Piron, Moncrif ou Beaumarchais, sont beaucoup plus rares, de même que l’examen de questions concrètes comme « les moyens à prendre pour corriger les fautes de langue qui se font dans cette province » (Lacroix, 1780).
24L’attachement général des avocats aux formes les plus traditionnelles de la littérature, qui inspirent plus des trois quarts de leur production académique, ne les détournait pas d’aborder à l’occasion des domaines moins conventionnels et des thèmes plus novateurs. L’histoire fournit le sujet de quelques poèmes soumis aux jeux Floraux par Dutour (Duranti, 1754) ou Mailhe (Charles II ou le rétablissement de la monarchie anglaise, 1777 ; La prise de La Rochelle, 1779), et de plusieurs communications présentées à l’académie des sciences par Raynal (cinq mémoires pour servir à la continuation des Annales de la ville de Toulouse de Lafaille et un extrait de sa propre Histoire de la ville de Toulouse, 1755-1760) ou Jamme (Tableau historique des comtes de Toulouse, 1776) ; elle débouche parfois sur l’évocation de l’actualité la plus immédiate, avec par exemple les poèmes où Jamme chanta Minorque conquise (1758) et L’École militaire (1761), ou les odes que Mailhe dédia Au comte d’Estaing (1780) et à l’impératrice Marie-Thérèse (1781). Dans la semonce de 1753, Castilhon affirma que « l’étude des sciences complète celle des belles-lettres », ce qui encouragea Jamme à mettre en vers Le télescope (1760), L’inoculation et L’arc-en-ciel imité par le prisme (1761). À l’académie des sciences et au musée, Bordes de Baillot et Reboul lurent plusieurs mémoires de géographie et de chimie. L’économie enfin fut représentée aux jeux Floraux par trois odes de Taverne (Les avantages du commerce, 1731), Martel (L’économie politique, 1770) et Dutour (Aux mânes de Riquet, 1775).
25Dans l’ensemble cependant, la culture des avocats académiciens reste étroitement tributaire de la littérature classique, étudiée et assimilée au collège. Mais leur fidélité aux formes héritées du passé ne les empêchait nullement de partager les préoccupations de leur époque – l’époque des Lumières – ni d’adopter, avec enthousiasme parfois, les idées des « philosophes ». Dans l’ode Contre la philosophie du siècle qu’il présenta aux jeux Floraux en 1759, ou dans l’Éloge de Clémence Isaure qu’il prononça en 1774, Lacroix attaqua certes la « secte hypocrite » des « coryphées de la philosophie moderne », mais cet ennemi d’Helvétius fut à Toulouse le meilleur allié de Voltaire dans sa lutte contre l’intolérance religieuse, et la majorité de ses confrères auraient pu s’écrier, comme Jamme dans la mercuriale adressée en 1774 à l’académie des sciences : « On a accusé ce siècle d’être trop philosophique ; je crois au contraire qu’il ne l’est pas assez. » À la fin de l’Ancien Régime, les œuvres académiques des avocats sont profondément imprégnées de l’influence de Fénelon, Montesquieu, Voltaire et surtout Rousseau. Ayant mis l’éloge de ce dernier au concours de 1788, l’académie des jeux Floraux distingua le discours de Chaz, qui fut couronné, et celui de Barère, qui fut inséré au Recueil. Martel dans la semonce de 1771, Barère dans son discours de réception de 1788, célébrèrent les vertus et les acquis de la philosophie. Mais c’est Mailhe, dans le discours Sur la grandeur et l’importance de la révolution qui vient de s’opérer dans l’Amérique septentrionale primé en 1784, qui exprima avec le plus de force et de talent la confiance dans le progrès de l’humanité, guidée par la raison et la liberté, qui l’animait ainsi que la plupart de ses collègues.
26Les idées religieuses, politiques et économiques des avocats portent également la marque des Lumières. Ce sont de bons chrétiens, attachés aux croyances traditionnelles (trois d’entre eux, Jamme en 1761, Bouttes en 1764, Marchand en 1776, obtinrent aux jeux Floraux le prix du sonnet « à l’honneur de la Sainte Vierge »), mais des chrétiens philosophes, prompts à dénoncer les abus du clergé (en 1770, Martel mit en garde les mères tentées de confier leur fille à un couvent contre Les dangers du cloître), le fanatisme (dont une victime exemplaire, le premier président Duranti, reçut l’hommage de Dutour en 1754 et de Ponsard en 1770), et surtout l’intolérance de l’Église à l’égard des Albigeois et des protestants. Dans un poème lyrique chanté au musée en 1786, Castilhon fit de Raymond VI, comte de Toulouse le rempart de son peuple contre « le glaive du fanatisme ». Le 26 avril 1772, l’académie des jeux Floraux retint comme sujet pour l’année suivante l’éloge de Pierre Bayle. Venant après les éloges de Duranti (1770) et de Raymond VII (1771 et 1772), ce choix provocateur fut censuré par le chancelier Maupeou ; or les trois mainteneurs qui l’avaient suggéré et fait adopter par la compagnie étaient tous des membres éminents du barreau, Jamme, Martel et Lacroix – « Cicéron Lacroix », comme Voltaire appelait le défenseur des Sirven.
27Le loyalisme monarchique des avocats académiciens ne fait aucun doute, même de la part de futurs régicides comme Barère et Mailhe. Duclos lut en 1752 à l’académie des sciences une dissertation « tendant à établir la propriété attribuée aux rois de France de guérir les écrouelles par leurs attouchements ». Mais dans leurs ouvrages à thème politique (Les princes bienfaisants, ode d’Espic, 1764 ; Éloge de Louis XV, par Jamme, 1774 ; Charles II ou le rétablissement de la monarchie anglaise, poème de Mailhe, 1777, et son discours sur la révolution américaine, 1784 ; Éloge de Louis XII, par Barère, 1782), ils condamnent le « despotisme ministériel », prennent le parti des parlements, appellent de leurs vœux une monarchie éclairée, paternelle et pacifique et encouragent les réformes libérales amorcées par les derniers gouvernements de l’Ancien Régime, dont Barère dresse la liste dans son discours de réception : « l’abolition de la torture, l’extinction de la servitude et des corvées, la réforme du code criminel, l’adoucissement de la jurisprudence, et l’état civil des protestants ».
28Bien que Barère ait soutenu, en traitant le sujet proposé en 1783 par l’académie des jeux Floraux, que « l’art de la navigation a été plus nuisible qu’utile », ses confrères étaient généralement persuadés des bienfaits du développement économique (Aux mânes de Riquet, ode de Dutour, 1775) et prônaient la liberté d’entreprise et la liberté du commerce. Le meilleur représentant parmi eux de l’école libérale était Martel, dont l’ode L’économie politique, publiée en 1770, constitue, avec ses notes explicatives destinées à « mettre sous les yeux du lecteur les premiers principes de la science économique » et ses références à Quesnay, Mirabeau et Le Mercier de La Rivière, un exposé systématique de la doctrine physiocratique.
29Après avoir entendu le discours de réception de Barère aux jeux Floraux, le premier président de Cambon aurait déclaré, on s’en souvient : « Ce jeune avocat ira loin. Quel dommage qu’il ait déjà sucé le lait impur de la philosophie moderne. Croyez-moi, cet avocat est un homme dangereux. » Tous les avocats membres des académies et du musée ne devinrent pas, comme Barère, Dorliac, Mailhe, Reboul, Verny, Veyrieu ou Viguier (qui siégèrent à l’Assemblée constituante, à l’Assemblée législative ou à la Convention), des protagonistes de la Révolution ; plusieurs d’entre eux en furent les victimes, comme Gez, Floret ou Poitevin-Peitavi qui connurent les prisons de la Terreur ; mais tous adhéraient peu ou prou aux grands principes de la « philosophie moderne » : confiance dans la raison, foi dans le progrès, tolérance religieuse, libéralisme économique et politique.
Les avocats et la franc-maçonnerie
30Jusqu’à la création du Grand Orient de France en 1773, les lacunes de la documentation disponible ne permettent pas de déterminer avec précision la composition des loges maçonniques fondées à Toulouse depuis 1741. On sait cependant qu’elles se recrutèrent d’abord dans la noblesse d’épée et de robe et que les avocats ne tardèrent pas à y pénétrer à la suite des parlementaires. Au début des années 1760, de jeunes maîtres du barreau comme les futurs bâtonniers Jean Désirat, Guillaume Dirat et Jean-Baptiste Viguier sont initiés ; en 1763, Simon Gourdain et Pierre Derrey de Roqueville président les loges de la Sagesse et de la Parfaite Amitié ; le registre de cette dernière, qui travailla de mai 1763 à juin 1766, livre les noms d’une trentaine de leurs collègues. Même s’ils n’étaient pas aussi nombreux dans les autres ateliers, les avocats se montraient donc, dès cette époque, particulièrement actifs au sein de la fraternité.
31Leur attirance pour la franc-maçonnerie ne cessa de s’affirmer par la suite. Cent soixante-cinq d’entre eux figurent sur les tableaux des douze loges affiliées au Grand Orient de 1773 à 1789, soit environ 15 % de leurs effectifs globaux. On les rencontre dans tous les ateliers, quoiqu’en proportion variable : 6 % à l’Encyclopédique, 18 % aux Cœurs réunis, 55 % à la Paix qui, plus encore que la Parfaite Amitié, réveillée en 1781 mais désormais dominée par les parlementaires, ou que les Vrais Amis réunis dont elle se sépara la même année, peut être considérée comme la loge du barreau. Celui-ci constitue avec les magistrats de la cour souveraine et du présidial, les procureurs et les négociants, un des groupes professionnels les plus massivement impliqués dans le mouvement maçonnique, puisqu’en 1789 un tiers au moins de ses membres avaient « reçu la lumière ». On constate également que plus de la moitié des avocats francs-maçons ont été choisis par leurs frères pour remplir les diverses fonctions d’officiers de leur loge (notamment celle d’orateur, que Jamme par exemple occupa de 1783 à 1786 aux Vrais Amis réunis), et que près de 8 % montèrent, souvent, à plusieurs reprises sur le trône du vénérable : Arbanère, Loudios et Salgues de Magnac à la Paix, Aymard, Duroux fils, Malpel du Saget, Ricard et Roques aux Vrais Amis réunis, Salva aux Élus de Chartres, Cassaigne à Saint-Joseph des arts, Roussy et Vergnes à la Sagesse. Beaucoup de ces dignitaires auraient sans doute pu souscrire à la vibrante profession de foi qui termine le discours prononcé en 1782 devant la Paix, dont il était alors l’orateur, par Mailhe :
Je ne sais si mon ardeur m’entraîne trop loin ; mais je suis intimement convaincu que jamais le soleil n’a éclairé un ordre plus parfait que le nôtre. Un maçon véritablement épuré par les principes de son art est un assemblage de toutes les vertus naturelles et sociales. Et je ne préférerais pas ce titre à tous ceux que l’orgueil a inventés ! Oui, je me ferai toujours gloire d’être maçon. Tant qu’il me restera un souffle de vie, ma bouche ne cessera de répéter le doux, le tendre nom de frère ; et lorsque mes yeux seront fermés à la lumière, au lieu de ces inscriptions fastueuses dont la vanité fait surcharger sa cendre, le désir, qui m’est commun avec tous les hommes, de vivre après ma mort, sera bien mieux satisfait si on lit sur ma tombe : Ci-gît qui fut zélé maçon.
32Tous ses confrères ne se montraient pas aussi respectueux des mystères maçonniques, comme en témoigne un curieux incident survenu en 1784 à l’occasion du carnaval. Au cours du « grand bal du jeudi gras » donné dans la salle de la Comédie, « douze masques revêtus de robes et de chaperons d’avocats, portant de plus les habits, cordons et bijoux maçonniques », firent « plusieurs signes qui excitèrent la curiosité et l’amusement du public », comme « vivats, ouverture et fermeture de loge, etc. », et se livrèrent à « un simulacre de réception » en parodiant l’initiation d’un paysan naïf. Or les auteurs de cette « mascarade indécente », qui scandalisa les maçons toulousains indignés de voir leurs rites « tournés en ridicule » sous les yeux des « profanes », étaient pour la plupart de vrais avocats, membres de la Paix et, pour cinq d’entre eux, officiers de cet atelier : le vénérable Arbanère, le premier surveillant Astré, l’orateur Berger, le maître d’hôtel Corail de Sainte-Foy, le maître des cérémonies David de Barrière. Exclus de l’ordre par un tribunal maçonnique, ils refusèrent de se soumettre et provoquèrent un « schisme » qui divisa pendant plus de deux ans les loges de la ville.
33Cet épisode burlesque ne doit pas faire oublier que de très nombreux avocats de l’époque des Lumières furent des maçons convaincus, dévoués et parfois enthousiastes. Qu’est-ce qui les poussait à entrer dans la fraternité ?
34Un premier élément de réponse est fourni par la détermination de leur statut professionnel, qui révèle qu’en majorité (58 %) il s’intitulaient « avocats au parlement » sans en exercer le métier. C’étaient en réalité des bourgeois fortunés et cultivés, ayant poursuivi leurs études jusqu’à la faculté de droit et reçu les grades qui leur permettaient de se parer d’un titre prestigieux, mais n’avaient pas besoin de pratiquer pour vivre. Aisance financière, éducation soignée, disponibilité, soif de reconnaissance sociale : tout dans leur genre de vie les prédisposait à apprécier une forme de vie associative réservée, en dépit de ses maximes égalitaires, aux privilégiés de la fortune, de la culture et des loisirs, mais beaucoup moins exclusive que le mouvement académique.
35Pour les avocats plaidants ou consultants qui fréquentaient aussi les temples (42 %), l’adhésion à la franc-maçonnerie représentait sans doute, tout particulièrement pour ceux qui n’étaient pas originaires de Toulouse ou qui débutaient dans la carrière, une façon commode de s’insérer dans leur milieu professionnel. Quel meilleur moyen, pour un jeune avocat ambitieux mais dépourvu de protections, de se faire rapidement des relations au palais que d’entrer dans un atelier peuplé de magistrats et de maîtres du barreau comme la Parfaite Amitié, les Vrais Amis réunis ou la Paix ?
36À ces considérations utilitaires s’ajoutaient certainement des motivations d’ordre idéologique. Les grands principes maçonniques de fraternité, d’égalité, de tolérance et de bienfaisance ne pouvaient laisser indifférents des hommes acquis à l’esprit des Lumières. On ne sera donc pas surpris de retrouver dans les loges plusieurs avocats philosophes déjà rencontrés dans les académies (Barère, Jamme, Mailhe) et d’y découvrir maints futurs acteurs de la Révolution, que ce soit au niveau national (Barère, Dorliac, Mailhe, Reboul, Theulé, Viguier, députés aux diverses assemblées parlementaires) ou au niveau local (Arbanère, Cappelle, Corail de Sainte-Foy, Hugueny, Loudios, Janole, Malpel...). Rien ne prouve toutefois que leur appartenance maçonnique ait contribué de façon décisive à forger leurs convictions révolutionnaires. Contrairement à une légende encore trop largement répandue, les activités des loges de la fin du XVIIIe siècle n’avaient aucun caractère politique, et encore moins subversif. Les avocats francs-maçons qui choisirent la Contre-Révolution sont presque aussi nombreux que ceux qui soutinrent le nouveau régime (Astré, Aymard, Cassaigne, Duroux, Jamme, Jouve...). Enfin l’examen des destins individuels conduit souvent à relativiser l’influence de l’initiation maçonnique sur l’engagement des principaux chefs révolutionnaires : « zélé maçon » en 1782, Mailhe se retira de son atelier dès 1784, six ans avant d’entrer dans la vie politique ; quant à Barère, membre de la Paix de Tarbes où il ne résidait pas, il attendit le début de 1788 pour s’affilier à l’Encyclopédique, alors qu’il était depuis longtemps considéré comme « l’homme de tous les salons et de toutes les académies ». II semble donc que la franc-maçonnerie, qui offrait aux avocats toulousains un des cadres privilégiés de leur sociabilité, ne joua dans leur vie intellectuelle qu’un rôle mineur, en tout état de cause plus modeste que celui des académies.
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