Une loge maçonnique toulousaine à la veille de la Révolution : les Cœurs réunis (1774-1789)
p. 61-78
Texte intégral
1Esquissée naguère par Jean Gros1, l’histoire de la franc-maçonnerie toulousaine au XVIIIe siècle reste à écrire. C’est pour combler en partie cette lacune dans notre connaissance de la vie sociale et intellectuelle de Toulouse à l’époque des Lumières que nous avons choisi d’étudier la loge des Cœurs réunis, de sa fondation à 1789. Des douze loges en activité à la veille de la Révolution, c’était l’une des plus importantes et elle a laissé la documentation la plus abondante, conservée dans le fonds maçonnique de la Bibliothèque nationale et à la bibliothèque municipale de Toulouse. Les archives du Grand Orient ont fourni les délibérations de la chambre des provinces2 et de la chambre des grades3 ainsi que les dossiers de la loge4 et du chapitre5. Des archives internes proviennent un exemplaire des statuts6, les « livres d’architecture » des travaux d’apprenti, de compagnon, de maître7 et des hauts grades8, des dossiers de correspondance avec le Grand Orient9 et d’autres ateliers10, des pièces comptables enfin11. Sans doute nos sources ne sont-elles pas complètes, les registres antérieurs à 1784 notamment ayant disparu ; elles permettent néanmoins de reconstituer l’histoire de la loge, d’analyser son recrutement et de décrire ses activités.
L’histoire de la loge
2C’est en juillet 1774 qu’une trentaine de « frères maçons épars dans l’orient de Toulouse », ayant à leur tête le chevalier Dussault, ancien capitaine d’infanterie, adressèrent au Grand Orient une demande de constitutions. Deux des trois loges qui existaient déjà à Toulouse, la Sagesse et Saint-Jean d’Écosse, s’y montrèrent favorables ; mais les Élus de Chartres s’y opposèrent. Sans disconvenir que « quelques-uns des frères composant la loge des Cœurs réunis, quoique en très petit nombre, n’aient des qualités civiles honnêtes et ne puissent acquérir les qualités maçonniques », ils firent valoir au Grand Orient « que le plus grand nombre n’a pas les premières, et qu’ils sont inaptes d’acquérir jamais les secondes »12. Ils finirent pourtant par donner leur certificat au nouvel atelier, et le 18 novembre 1774 la chambre des provinces, sur le rapport du chevalier d’Igneaucourt, constitua la
loge Saint-Jean sous le titre distinctif des Cœurs réunis [...] pour ladite loge commencer à se livrer aux travaux de l’Art royal, à la charge pour elle de se conformer exactement aux statuts et règlements faits et à faire en notre Grand Orient, et être inscrite sur le tableau des loges régulières à la date du 23e jour du 5e mois de l’an de la Vraie lumière 5 77413 époque de sa demande.
3L’installation solennelle des Cœurs réunis, confiée au chevalier de Marrast, vénérable de la Sagesse, eut lieu le 26 février 1775. Toutes les loges de Toulouse avaient été invitées, mais les Élus de Chartres et Saint-Jean d’Écosse refusèrent d’y participer. « Plus de 150 frères » y assistèrent néanmoins ; une centaine se retrouvèrent le lendemain au banquet offert dans une salle « ornée d’une superbe hautelisse, où on avait placé de distance en distance des trophées d’attributs maçonniques, le tout étant surmonté de guirlandes et d’arcs de triomphe »14.
4Ainsi brillamment inaugurée, l’histoire interne de la loge présente ensuite une alternance de crises et de périodes de prospérité. Un premier conflit éclata en juin 1779 entre le chevalier Dussault et la majorité des membres de l’atelier conduits par le nouveau vénérable, le marquis de Chefdebien de Saint-Amans15, qui lui reprochaient sa gestion financière et ses intrigues lors de l’élection des officiers. Une mission de conciliation confiée par le Grand Orient aux Élus de Chartres échoua et, quand la loge reprit ses activités après une interruption de quelques mois, Dussault et quatre de ses « adhérents » furent exclus comme « indignes de participer à aucun travail maçonnique ».
5Le 19 février 1784, au bal masqué donné dans la salle de la Comédie pour le « jeudi gras », quelques danseurs vêtus de robes d’avocats et décorés de cordons et bijoux maçonniques « se permirent de faire un simulacre de réception et des signes maçonniques comme vivats, ouverture et fermeture de loge, etc. ». Trois membres des Cœurs réunis, convaincus d’avoir participé à cette mascarade, furent exclus pour avoir ainsi « tourné la Maçonnerie en dérision » dans le monde profane. Mais ce scandale déclencha entre les différentes loges de Toulouse, alors au nombre de neuf, une crise profonde que le Grand Orient se montra impuissant à résoudre et qui dura jusqu’en 1786. C’est à ce conflit que doit être rattaché le cambriolage du temple des Cœurs réunis dans la nuit du 28 février 1784. Prévenus par les frères servants (concierges), les membres de la loge ne purent que constater
le brisement des portes, l’effraction des coffres et bureaux tant du frère secrétaire que du trésorier, l’enlèvement des registres, cordons, bijoux, argent déposé dans le tronc des pauvres et autre argent, le renversement des chaises et du trône du vénérable, et autres indignités que la démence peut seule avoir suggérés et la fureur mis à exécution.
6L’enquête confiée au marquis de Portes, sénéchal de Toulouse et membre de la loge de Clermont, aboutit quelques mois plus tard à la restitution des cordons et bijoux ; mais les treize registres qui formaient les archives de la loge et du chapitre ne furent jamais retrouvés.
7La paix revenue sur l’orient de Toulouse, les années 1786 et 1787 furent pour les Cœurs réunis une période d’intense activité. Mais à partir de 1788 apparaissent de nouveau des symptômes de crise. La fréquence des tenues diminue, passant de 80 en 1786 à 67 en 1787 et à 58 en 1788 et 1789. L’assiduité se relâche, semble-t-il, dans les mêmes proportions. Le rayonnement de la loge, mesuré au nombre de réceptions, décline brutalement : 37 en 1786, 31 en 1787, 12 en 1788, 8 seulement en 1789. Enfin la discorde s’installe entre les frères. De nombreuses contestations éclatent, à l’occasion de l’élection des officiers notamment. Le dépouillement du scrutin pour le poste de secrétaire, le 24 mai 1789, révèle un bulletin ainsi rédigé : « Le moins fripon d’entre vous » ; les élections de 1788 et 1789 doivent être annulées et recommencées. Les « propos indécents » qui « répugnent à tout principe d’honnêteté et de bienséance » se multiplient, et l’on en vient parfois aux coups. Les officiers tentent en vain de combattre « l’esprit d’insurrection qui s’élève de toute part dans cet atelier ».
8« Il semble que l’union, la modération et la paix se soient réfugiées dans nos temples » : cet optimisme, proclamé quelques années plus tôt dans une « planche » au Grand Orient, n’est donc plus de mise au début de la Révolution. Le monde clos des loges s’ouvre désormais à l’agitation de la société profane, avant de s’y dissoudre peu à peu. Mais si les Cœurs réunis ne furent pas épargnés par les contrecoups des bouleversements révolutionnaires, ils surent, à la différence de la plupart des autres loges, s’adapter aux aléas de la conjoncture politique16 et n’interrompirent pas leurs travaux. Dès le début du Directoire, la loge retrouva la place éminente qui avait été la sienne sous l’Ancien Régime dans la communauté maçonnique toulousaine.
Le recrutement
• Les effectifs
9Par le nombre de ses membres, la loge des Cœurs réunis était incontestablement l’une des premières de Toulouse. Les « tableaux » conservés dans son dossier au Grand Orient comprennent en effet 32 frères au moment de sa formation en juillet 1774, 24 en juin 1777, 45 en juin 1780 et 58 en juin 1781. Le dépouillement des registres en fait apparaître 62 en 1785, chiffre qui dut être dépassé les années suivantes en raison du grand nombre de réceptions. À la même époque, seule la Parfaite Amitié possédait des effectifs plus importants (environ 80 frères), les autres loges en réunissant moins de 50.
10Mais sous l’Ancien Régime la place d’une institution dans la société dépendait moins du nombre que de la qualité personnelle de ses membres, et les loges ne faisaient pas exception. Nous avons vu comment les « qualités civiles » des fondateurs des Cœurs réunis furent contestées par d’autres maçons : signe parmi bien d’autres des limites de l’égalité maçonnique, qui nous invite à cerner d’abord les contours sociaux du recrutement de la loge.
• L’origine sociale
11Tableaux et registres nous ont fourni les noms de 273 frères17, dont 216 accompagnés de la mention de la qualité ou de la profession. Leur répartition par groupes socio-professionnels18 donne les résultats suivants :
Aristocratie : | Militaires nobles | 7 |
Nobles sans profession | 16 | |
Clergé : | Régulier | 6 |
Séculier | 13 | |
Haute bourgeoisie : | Négociants | 40 |
Rentiers | 6 | |
Moyenne bourgeoisie : | Avocats | 38 |
Hommes de loi | 4 | |
Médecins | 8 | |
Chirurgiens | 1 | |
Professeurs | 5 | |
Ingénieurs | 3 | |
Architectes et artistes | 10 | |
Officiers roturiers | 4 | |
Militaires roturiers | 4 | |
Employés | 10 | |
Marchands | 4 | |
Étudiants | 24 | |
Petite bourgeoisie : | Artisans | 9 |
Classes populaires : | Petits métiers | 1 |
Domestiques | 3 |
12Les trois ordres et la plupart des groupes sociaux sont donc représentés, mais de façon très inégale : les Cœurs réunis se recrutent essentiellement dans les rangs de la moyenne bourgeoisie.
13Les membres de l’aristocratie ne dépassent pas 11 % du total19. Petits nobles provinciaux comme le chevalier de Lacaze de Sana, cadets de familles parlementaires comme le chevalier de Ségla, anciens officiers comme le chevalier Dussault ou le marquis de Chefdebien, officiers en activité comme le chevalier Derrey de Roqueville ou Jean-Antoine Marron de Martin, ils sont tous issus des couches inférieures, les moins prestigieuses et les moins fortunées, de cette catégorie sociale. Peu de nobles titrés, aucun parlementaire, aucun officier général : l’élite du second ordre ne fréquentait pas le temple des Cœurs réunis. Il est significatif par contre que ceux-ci aient accueilli le comte Guillaume Dubarry, ancien colonel d’infanterie : on sait que l’époux complaisant de la dernière favorite de Louis XV, revenu à Toulouse après son scandaleux mariage, n’était pas reçu dans la bonne société20. L’aristocratie des Cœurs réunis est à bien des égards une aristocratie de second rang, socialement très proche de la bourgeoisie.
14La présence d’ecclésiastiques sur les tableaux d’une loge maçonnique ne peut surprendre, les condamnations pontificales n’ayant pas été reçues en France au XVIIIe siècle, mais ils ne forment qu’une faible minorité (9 % du total). Les réguliers, qui appartiennent surtout à l’ordre de Saint-François (cordeliers), sont moins nombreux que les séculiers. Parmi ces derniers, plusieurs chanoines, comme l’abbé Mourré, chanoine de Saint-Sernin, qui fut en 1774 le premier secrétaire de la loge, ou l’abbé de Seren, chanoine d’Auch, qui en était le doyen.
15La haute bourgeoisie des négociants et des rentiers21 fournit près du quart des effectifs de la loge (22 %). Il est possible que ce chiffre soit légèrement surestimé, certains commerçants s’intitulant « négociants » sans être réellement inscrits sur le « grand tableau » de la Bourse. Mais il est certain que le monde des affaires, et en particulier le grand commerce, était largement représenté aux Cœurs réunis : en témoigne la présence sur leurs listes de nombreux négociants originaires des « Isles » (la Guadeloupe, Saint-Domingue, l’île Bourbon) ou de l’étranger, tels Joseph Fox, de Dublin, ou Girolamo Rambaldi, capitaine de tartane génoise.
16Avec 52 % du total, la moyenne bourgeoisie est bien la catégorie sociale caractéristique du recrutement des Cœurs réunis. Les membres des professions libérales juridiques (avocats surtout, procureurs, feudistes, notaires) sont les plus nombreux (37 %), suivis par les professions intellectuelles et artistiques (professeurs, « académiciens », ingénieurs, géomètres, architectes, peintres, sculpteurs, comédiens : 15,5 %), les agents des services publics (magistrats et militaires roturiers, employés des Fermes, des Postes, des administrations financières de la province, de la maîtrise des Eaux et Forêts : 15 %), les professions médicales (7,5 %) et les marchands (3,5 %). Les étudiants enfin ne représentent pas moins de 21 % de cette catégorie, à laquelle ils appartiennent tant par leur future profession (les trois quarts sont étudiants en droit, les autres étudiants en médecine) que par leur niveau de fortune.
17La présence dans l’atelier des Cœurs réunis de plusieurs comédiens mérite d’être soulignée dans la mesure où le Grand Orient, plus strict en ce domaine que l’Église elle-même22, leur refusait l’entrée des temples. Elle fut d’ailleurs à l’origine d’un incident significatif. La loge ayant demandé en 1779 des certificats pour deux d’entre eux, elle crut habile de les présenter comme des « musiciens ordinaires du Roi ». Mais la chambre des provinces ne fut pas dupe et son président, le docteur Guillotin, rappela sévèrement qu’elle n’accordait point de certificat « aux hommes de théâtre ». La loge dut s’excuser en faisant valoir que ces frères, « comédiens ordinaires des troupes de province, à la vérité de grand talent », n’avaient été admis à ses travaux « que comme affiliés ».
18Si le monde du commerce occupait aux Cœurs réunis une place éminente, celui de l’artisanat, que son niveau économique permet de classer dans la petite bourgeoisie, n’y était guère représenté (4 % de l’effectif total). Quant aux classes populaires, elles étaient pratiquement exclues de la loge qui n’admettait leurs membres (domestiques ou petits travailleurs indépendants : 2 % du total) qu’aux fonctions de « frères servants », au nombre de trois ou quatre, tenus à l’écart des travaux de l’art royal.
19Des couches inférieures de l’aristocratie aux couches supérieures de l’artisanat, l’éventail du recrutement de la loge était donc assez fermé. Ignorant les échelons extrêmes de la hiérarchie sociale, essentiellement peuplée de commerçants et de membres des professions libérales, elle apparaît comme socialement homogène. Cette homogénéité favorisait-elle, dans la vie interne de l’atelier, l’exercice de l’égalité, principe fondamental de l’idéologie maçonnique ? L’analyse du groupe des officiers tend à le faire croire ; elle révèle en effet des proportions sensiblement équivalentes à celles des effectifs globaux (aristocratie : 15 % ; clergé : 8 %23 ; bourgeoisie : 77 %). Mais il en va autrement des seuls vénérables : cinq des sept qui ont dirigé la loge jusqu’en 178924 appartenaient à l’aristocratie, et tous sauf un ont été réélus plusieurs fois. Issus à près de 80 % des rangs de la bourgeoisie, les frères ont donc constamment porté à leur tête les plus hauts placés d’entre eux dans la hiérarchie sociale. Théoriquement abolie à l’intérieur des temples, il n’est pas douteux que celle-ci y conservait une grande partie de sa puissance.
• L’origine géographique
20Les tableaux de la loge n’indiquent pas seulement les « qualités civiles » des frères, mais aussi leurs lieu et date de naissance. Ils font apparaître que près de la moitié d’entre eux n’étaient pas nés à Toulouse : proportion considérable, même si l’on sait que la population toulousaine au XVIIIe siècle ne se maintenait que grâce à un fort courant migratoire25. Reportés sur une carte, leurs lieux d’origine dessinent les contours de l’aire d’immigration de la capitale du Languedoc ; particulièrement dense dans un rayon d’une centaine de kilomètres, le long des vallées de la Garonne et de l’Ariège surtout, elle s’étendait jusqu’à Bordeaux, Périgueux, Aurillac, Nîmes, Narbonne et Tarbes. Rares étaient par contre les membres originaires du Nord de la France ; mais la présence de plusieurs frères nés aux colonies (deux à la Guadeloupe, deux à Saint-Domingue, un à l’île Bourbon) ou à l’étranger (trois Irlandais, deux Anglais, un Allemand, deux Italiens) témoigne du rayonnement de la loge et de sa liaison avec les principaux courants commerciaux.
• L’âge
21L’âge moyen des frères au moment de leur réception était de 27 ans. Mais 16 % d’entre eux, des étudiants surtout, ont été initiés avant d’avoir atteint 21 ans, qui était pourtant l’âge minimum requis par les règlements du Grand Orient pour la réception des apprentis. Les deux fils du comte Dubarry n’avaient que 15 et 13 ans lorsqu’ils « reçurent la lumière » le 19 mars 178626. La loge n’hésitait donc pas à accueillir de très jeunes gens. Elle recherchait cependant de préférence des hommes jeunes encore, mais déjà parvenus, dans leur vie sociale et professionnelle, à une situation établie, gage de « l’honnêteté » de leurs « qualités civiles ».
L’organisation matérielle
Le temple
22Les Cœurs réunis s’assemblèrent successivement dans deux locaux différents. Leur premier temple était situé place Arnaud-Bernard, dans la maison du profane Laffite. La « planche à tracer générale » de leur installation en donne une inscription sommaire27. C’était une pièce rectangulaire, assez vaste pour contenir cent cinquante personnes ; l’entablement était supporté par seize colonnes ioniques « peintes à façon de marbre lapis-lazuli » se détachant sur un fond de marbre blanc veiné. Au milieu du plafond figurant un ciel d’azur parsemé d’étoiles d’or était peint le Grand Architecte de l’Univers « dans un nuage de gloire ». Le trône du vénérable, surélevé de trois marches et surmonté d’un dais de satin bleu, était encadré par les statues de la Sagesse et de la Justice, auxquelles faisaient face les statues de la Force et de la Vertu. Des tableaux représentant Harpocrate, Hiram, Salomon et la reine de Saba complétaient cette décoration symbolique, due au talent de plusieurs artistes membres de la loge : les architectes Guillaume Lafferrerie et Pierre Moretti, le peintre Bordes, le sculpteur Darbou.
23La loge émigra en 1781 rue des Cordeliers28, chez le comte de Lévignac, membre de Saint-Joseph des arts. Elle y jouissait d’un local plus vaste et d’un jardin travaillé par les frères servants. Le temple n’étant utilisé que le dimanche par la loge symbolique et le jeudi par le chapitre des hauts grades, les Cœurs réunis le mettaient à la disposition d’autres ateliers qui, moins favorisés, ne possédaient pas de logement propre, soit gratuitement (pour la Parfaite Amitié et sa loge d’adoption à partir de 1782, Saint-Jean d’Écosse en 1788), soit moyennant un loyer de 300 livres (pour la Vérité reconnue en 1786, les Sciences et Arts libéraux en 1787). Ils compensaient ainsi, et au-delà, le loyer de 300 livres, porté à 500 en 1787, qu’ils devaient eux-mêmes au comte de Lévignac. Frais et profits occasionnés par le local étaient également partagés entre la loge et le chapitre. L’entretien en était confié aux frères servants, chargés de « tenir avec propreté tout le logement, tous les meubles et effets de la loge ».
Le budget
24Les Cœurs réunis connurent sous le vénéralat du chevalier Dussault des difficultés financières. Le 23 juin 1779, les effets de la loge furent saisis à la demande d’un créancier, et elle dut procéder à l’installation de ses officiers dans le temple de la Sagesse. Sa situation s’améliora ensuite et, dans les dernières années de l’Ancien Régime, les comptes du trésorier font régulièrement apparaître un excédent non négligeable, de l’ordre de 300 à 500 livres.
25Les recettes étaient constituées par les cotisations (12 sols par mois), les « pièces d’or » versées par les nouveaux membres (36 livres pour la réception au grade d’apprenti, 12 pour le grade de compagnon, 6 pour celui de maître, auxquelles s’ajoutaient 24 livres de bougies distribuées aux frères présents et 6 livres d’honoraires aux frères servants29), les contributions des ateliers locataires enfin. Elles atteignirent en 1786 la somme de 2 547 livres. Les dépenses concernaient essentiellement le logement : loyer, chauffage, éclairage, réparations, salaire des servants. S’y ajoutaient les frais d’impression des tableaux et circulaires (confiés à Dominique Desclassan, membre de Saint-Jean d’Écosse), les services religieux organisés pour les frères défunts, les « dons gratuits » au Grand Orient, les actes de bienfaisance surtout. Elles s’élevèrent en 1786 à 2 053 livres.
26Le budget des Cœurs réunis était donc relativement important, sensiblement supérieur à celui de l’académie des jeux Floraux à la même époque30. Leurs ressources ordinaires, que le trésorier était invité à gérer « en bon père de famille » et « avec toute l’économie possible » – vocabulaire typiquement bourgeois –, se révélaient pourtant insuffisantes dans certaines circonstances exceptionnelles, comme lors de l’« expoliation » de la loge en 1784. Elles étaient alors complétées par une « coéquation » extraordinaire levée sur tous les membres.
Les travaux maçonniques
Les statuts
27Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur l’organisation interne de la loge des Cœurs réunis : conforme aux prescriptions du Grand Orient, elle ne présente aucune originalité31. Ses statuts, révisés en juin 1787, réglementent minutieusement l’élection des officiers, le déroulement des assemblées et des « loges humides » (banquets), les droits et obligations du vénérable et des autres officiers (surveillants, orateur, secrétaire, trésorier, « terrible », maître d’hôtel, élus ; maître de cérémonie, garde des sceaux et visiteur des malades, nommés par le vénérable), les fonctions des frères servants, les réceptions et affiliations, l’accueil des « visitants ». Leurs cent cinquante-sept articles frappent surtout par leur juridisme tatillon et leur caractère répressif : près de un sur six sont des « règlements de police » qui définissent les différents « délits » et fixent leur punition, de l’amende imposée par le vénérable à l’exclusion prononcée par la loge. Tout acte susceptible de « troubler le silence et le bon ordre de la loge » est sévèrement prohibé, mais aussi tout manquement à l’autorité quasi absolue du vénérable, à qui les frères doivent montrer une « déférence particulière » et « obéir strictement » : ils ne peuvent se lever, prendre la parole pour prononcer « des discours ou des pièces d’architecture » ni quitter l’assemblée sans son agrément. Le vénérable n’est plus, comme aux premiers temps de la maçonnerie spéculative, le « propriétaire » viager de sa loge, mais il en reste, pendant la durée de son mandat, le véritable monarque.
Les assemblées
28Les Cœurs réunis se réunissaient statutairement tous les dimanches à quatre heures de l’après-midi. Mais les assemblées extraordinaires n’étaient par rares : quinze en moyenne chaque année, jusqu’à vingt-huit en 1786. La loge ne prenant généralement pas de « vacations », ses membres étaient donc invités à se retrouver plus de soixante fois par an, et à certaines périodes jusqu’à huit fois par mois. Il n’est pas surprenant dans ces conditions que leur assiduité ait parfois laissé à désirer, que beaucoup de délibérations importantes aient dû être renvoyées « à une loge plus nombreuse ». Les registres ne contiennent pas de listes de présences ; mais certaines indications permettent d’évaluer à une douzaine seulement le nombre moyen de frères assistant ordinairement aux tenues32. Par contre, ces dernières se déroulaient le plus souvent en présence de nombreux frères « visitants », introduits après vérification de leur certificat et sous le « mot de semestre », avec un cérémonial complexe et, s’il s’agissait de vénérables, « sous la voûte d’acier, les batteries en branle ». Elles débutaient par la lecture du procès-verbal de l’assemblée précédente et d’articles des statuts. Puis la loge vaquait à ses travaux ordinaires : délibération sur des points de discipline ou d’organisation matérielle, lecture et expédition de la correspondance (les « planches » destinées aux ateliers toulousains leur étant apportées par des commissaires nommés par le vénérable), et surtout réceptions de nouveaux membres. Celles-ci intervenaient au terme d’un long processus occupant plusieurs tenues consécutives. Le candidat devait être proposé par un frère, et un premier scrutin avait lieu sur cette proposition. Puis le vénérable désignait trois commissaires « chargés de s’informer de la bonne vie et mœurs, probité et réputation du profane ». On procédait sur leur rapport au scrutin définitif, et le néophyte, après avoir subi les épreuves et l’interrogatoire d’usage, était enfin initié. Le nouvel apprenti était généralement reçu compagnon sans délai ; mais il devait observer un « interstice » d’un mois avant d’être promu au grade de maître. La cérémonie se déroulait en « loge de maître », réservée aux seuls titulaires de ce grade, et dont les délibérations étaient consignées dans un registre particulier. C’est également en loge de maître qu’étaient prises les décisions les plus importantes et qu’étaient jugés les délits les plus graves33.
29Quelques semaines avant la Saint-Jean d’été, après avoir assisté en corps à la messe du Saint-Esprit dans l’église toute proche des Cordeliers, la loge procédait à l’élection de ses officiers. Ceux-ci étaient solennellement installés le 24 juin au cours d’un banquet. Deux ou trois autres banquets, organisés par le maître d’hôtel, avaient lieu durant l’année. Chaque participant devait payer un écot de quatre ou cinq livres, et éviter toute manifestation déplacée d’euphorie : « En loge humide, précisent les statuts, on sera aussi ponctuel pour tous les règlements de police qu’en loge sèche et sous peine des mêmes amendes. » Ce qui n’empêchait pas les frères de « faire preuve d’un grand appétit » (26 mars 1787).
30La fréquence des assemblées n’était peut-être pas seule responsable du manque d’assiduité de beaucoup de membres. La lecture des procès-verbaux laisse en effet une impression de ritualisme pointilleux et de monotonie qui devaient rapidement décevoir les esprits venus à la maçonnerie par goût du mystère ou soif de connaissances supérieures. Le plus grand souci des frères paraît avoir été de se conformer exactement aux rites, usages et règlements établis, et de proscrire toute innovation. Ouverte « en la forme ordinaire », la loge est fermée « par les signes et marques accoutumés » ; visites et réceptions n’ont lieu qu’après « toutes les formalités prescrites par les règles maçonniques » ; la correspondance est revêtue « de toutes les formes d’usage ». Le respect scrupuleux des formes extérieures l’emporte donc largement sur la recherche intellectuelle ou spirituelle, pratiquement absente des registres. Mais peut-être ces derniers négligent-ils, dans leur sécheresse stéréotypée, les aspects les plus riches de la vie de la loge.
Les relations avec le Grand Orient
31Régulièrement constituée par le Grand Orient, la loge des Cœurs réunis entretenait avec lui des relations privilégiées. Elle était représentée auprès de la chambre des provinces par un « député » choisi parmi les maçons parisiens. Ce poste fut successivement occupé par l’avocat Pierre-André de Massé, de la Vraie Lumière (1774), Louis Godard de Vaudremont, du Bon Zèle (1775), l’abbé Thomas du Rouzeau, des Neuf Sœurs (1778), Louis-Jacques Groizard de Furcy, des Amis de la vertu (1779), et le procureur Philippe-Germain Michaut, de la Modération (1787)34. Une correspondance régulière, sinon très active, renforçait ces liens. Du Grand Orient, la loge recevait les « mots de semestre », des instructions maçonniques, des informations sur la vie de l’ordre, des demandes de fonds. Elle lui adressait les tableaux de ses officiers, des demandes de certificats ou de renseignements sur des points de discipline, des informations sur les conflits qui agitaient périodiquement l’orient de Toulouse, parfois des « remontrances » contre une décision contestée.
32En toute occasion la loge protestait de sa fidélité au « centre de la Maçonnerie française » et de son attachement pour le grand maître ; elle fit célébrer en mars 1786 un service pour le repos de l’âme du duc d’Orléans, père du duc de Chartres. Mais sa soumission à l’autorité du Grand Orient était loin d’être absolue. Elle accepta, en septembre 1786, de renouveler son serment de se conformer à ses règlements, mais « avec cette restriction expresse : excepté ce qui peut blesser les libertés maçonniques ». C’est surtout dans le domaine financier que se manifestait cette volonté d’indépendance. Le Grand Orient ayant prétendu en 1781 imposer aux loges une cotisation régulière, les Cœurs réunis lui opposèrent un refus catégorique. « L’homme maçon, écrivaient-ils, est et doit être soumis à son prince et aux lois de l’État. Mais la Maçonnerie dans son gouvernement intérieur est libre comme l’air [...]. S’imposer un tribut annuel et périodique, c’est nous donner un maître absolu, une loi qui pourrait avec le temps et les circonstances devenir irrévocable et nous subjuguer à jamais. » À l’unanimité, ils décidèrent d’accorder « un don purement gratuit de l’excédent qui proviendra de nos économies lorsqu’il s’en trouvera dans notre mince trésor » (31 mai 1781). Les registres ne mentionnent en effet que deux de ces « dons gratuits » (30 livres en 1786, 24 en 1787), consentis « sans tirer à conséquence pour l’avenir ».
33Même attitude en 1787 quand le Grand Orient fit parvenir à la loge un bulletin de souscription destiné à alimenter la contribution de l’ordre à la construction de quatre hôpitaux parisiens. Mais ici le souci de préserver les « libertés maçonniques » fait place à ce que nous appellerions aujourd’hui une réaction régionaliste. La bienfaisance doit se régler sur la justice, et celle-ci exige que les maçons toulousains l’exercent d’abord à l’égard des
pauvres qui nous entourent et qui sont plus nécessiteux [...]. Ainsi les lieux qui nous voient naître, les campagnes où sont nos fermes, les municipalités où notre profession nous attache, la corporalité provinciale et maçonnique dont nous sommes les membres immédiats, ont les premiers droits à notre libéralité [...]. Telle est notre profession de foi sur la bienfaisance (29 juillet 1787).
34On sent bien que la bienfaisance n’est pas seule en cause : ce qui est contesté, c’est (déjà) une centralisation excessive qui, aux yeux des provinciaux, privilégie abusivement la capitale.
35On remarquera pourtant qu’en interdisant aux frères « de s’exprimer autrement qu’en français », la loge contribuait au recul de l’occitan et favorisait ainsi l’influence parisienne. Soucieuse d’affirmer son enracinement local, elle ne l’était pas moins de s’intégrer à l’ensemble culturel national. Le rôle de la franc-maçonnerie dans la diffusion du français parmi les élites toulousaines mérite en tout cas d’être souligné.
Les relations avec les loges toulousaines
36Le patriotisme local qui dressait parfois les Cœurs réunis contre le Grand Orient ne pouvait que cimenter leur union avec les autres ateliers de Toulouse. Si les conflits étaient fréquents et d’autant plus vifs souvent que leurs motifs étaient plus futiles, ils n’empêchaient pas la loge d’être intimement associée à la communauté maçonnique toulousaine. Échanges quasi hebdomadaires de visites, de commissions, de correspondance, invitations mutuelles aux cérémonies d’installation, banquets, services funèbres et affiliations réciproques tissaient des liens qui paraissent avoir été particulièrement étroits avec les Élus de Chartres, la Sagesse, Saint-Joseph des arts35, la Paix et l’Encyclopédique, loges de recrutement bourgeois, plus lâches avec Clermont, la Parfaite Amitié ou la Vérité reconnue36, loges aristocratiques.
37Les Cœurs réunis participaient activement aux « assemblées générales » qui, en l’absence d’une grande loge provinciale, réunissaient parfois les commissaires de toutes les loges de Toulouse : en 1776, après la visite du duc de Chartres37, pour ratifier un « traité d’union et de paix » entre les différents ateliers de l’orient38 ; en 1781, pour autoriser la création de la Paix et faire chanter un Te Deum en l’honneur de la naissance du dauphin ; en 1784, pour juger les coupables de la mascarade du bal de la Comédie ; en 1785 et 1786, pour autoriser la création de la Vérité reconnue ; en novembre 1789, pour organiser un don patriotique. Ils prirent eux-mêmes l’initiative de convoquer les « loges réunies » dans leur atelier en octobre 1788, pour leur proposer de célébrer par des actes de bienfaisance le retour du parlement de Toulouse39.
Les relations avec les orients étrangers
38Elles s’établissaient à deux niveaux : l’échange de correspondance et les visites de frères provenant de ces orients. La correspondance des Cœurs réunis comprenait soixante-deux ateliers répartis dans trente-neuf villes40, toutes situées, à l’exception de Strasbourg, Paris, Orléans et Petit-Canal de la Guadeloupe, dans la moitié sud du royaume. La carte fait apparaître l’importance et la densité du réseau ainsi constitué mais aussi ses limites géographiques, qui ne débordent guère celles de l’aire d’immigration toulousaine. Ordonné autour de l’axe Bordeaux-Narbonne, il définit une maçonnerie provinciale pratiquement autonome par rapport à l’ensemble du royaume et à l’étranger. Mais le rayonnement de Paris et de Lyon, deux capitales de la maçonnerie française, s’y lit clairement.
39Avec la plupart de ces loges, les Cœurs réunis n’entretenaient que des relations épisodiques. Ils étaient par contre en correspondance régulière avec les loges d’Auch (Saint-Jean des arts), Avignon (la Vertu persécutée), Bergerac (la Fidélité), Bordeaux (la Française élue écossaise et l’Harmonie), Carcassonne (les Commandeurs du Temple), Castelnaudary (la Constance couronnée et les Enfants de l’union triomphante), Condom (l’Espérance), Grasse (la Nouvelle Amitié), Lectoure (la Fidélité), Lyon (la Bienfaisance), Marseille (Saint-Jean d’Écosse), Montauban (la Bonne Foi, la Constance, la Parfaite Union), Montech (la Parfaite Union), Orléans (la Parfaite Union), Puy-l’Évêque (la Fidélité), Sorèze (les Beaux-Arts réunis). Des liens particulièrement étroits les unissaient aux ateliers qu’ils avaient installés (les Élus de Chartres de Cahors en 1783, l’Amitié fervente du Mas-d’Azil en 1788), et au Triomphe de la vertu de Narbonne, les deux loges s’étant réciproquement affiliées en 1788 et se considérant comme « sœurs ». Les Beaux-Arts réunis de Sorèze, l’Amitié fervente du Mas d’Azil, les Enfants de la gloire de Limoux et les Cœurs réunis d’Alais s’inspirèrent, pour rédiger leurs propres statuts, de ceux des Cœurs réunis, signe que leur rayonnement hors de Toulouse n’était pas négligeable.
40Il convient cependant de ne pas exagérer l’importance de la correspondance entre loges, la très grande majorité des « planches » ne contenant que le tableau des officiers nouvellement élus. Plus significatives étaient les visites que des maçons étrangers rendaient aux Cœurs réunis. Venus parfois de pays lointains, ayant visité au cours de leur voyage de nombreux ateliers, ils leur apportaient en effet des informations sur la vie de l’ordre, mais aussi sans doute sur les activités économiques et les événements politiques des régions qu’ils avaient parcourues. Des contacts personnels pouvaient s’établir, plus féconds et durables que l’échange de formules stéréotypées. Si les idées circulaient à l’intérieur du monde maçonnique, si en particulier la pensée des Lumières y trouvait un de ses canaux de diffusion privilégiés, c’était essentiellement par l’intermédiaire de ces voyageurs qui, munis de leur certificat, parcouraient les routes du royaume et venaient frapper à la porte des temples.
41Les registres des Cœurs réunis montrent qu’ils étaient très nombreux à la fin de l’Ancien Régime. Ils provenaient de quatre-vingts ateliers (dont quatre loges militaires) et de cinquante-cinq orients différents. Reportés sur la carte, ceux-ci constituent un réseau plus étoffé et surtout plus étendu que celui de la correspondance. Y figurent en effet plusieurs villes du Nord de la France (Brest, Amiens, Troyes), des Antilles (Lamentin et Petit-Canal de la Guadeloupe, Saint-Pierre de la Martinique) et de l’étranger (Amsterdam, Genève, Ratisbonne, Cracovie, Venise, Tunis et Alger). La visite du « F. Ibrahim Sherid, de la R. L. d’Alger » le 28 novembre 1784 est à notre connaissance la première manifestation d’une maçonnerie algérienne, les maçons musulmans cités par Xavier Yacono n’apparaissant qu’en octobre 178541.
42Pourtant, l’origine des visiteurs des Cœurs réunis était essentiellement régionale ; les plus nombreux appartenaient en effet aux loges d’Auch (Saint-Jean des arts), Carcassonne (les Commandeurs du Temple), Castres (Saint-Pierre), Gaillac (la Parfaite Harmonie), Montpellier (les Cœurs réunis et la Triple Alliance) et Narbonne (l’Amitié à l’épreuve)42. Nous ne possédons malheureusement aucune indication sur leur statut socio-professionnel ; mais tout laisse à penser qu’il s’agissait surtout de militaires et de commerçants.
La solidarité maçonnique
43« Un vrai Maçon est un honnête homme qui exerce les préceptes d’humanité envers tous et particulièrement envers ses frères. » Ainsi débutent les « Adages du vrai Maçon » recopiés en tête des statuts des Cœurs réunis. Exercée envers tous, l’« humanité » se traduit par la bienfaisance ; envers les frères, elle prend la forme de l’entraide et de la solidarité. Celle-ci faisait explicitement partie des activités de la loge. Ses statuts stipulent en effet que
lorsqu’un frère sera malade ou dans l’affliction par la perte de ses proches ou tout autre accident fâcheux, la loge chargera trois frères de le visiter et lui offrir de sa part les services et consolations dont elle sera capable [...]. Si quelque affaire malheureuse survenait à un frère, à laquelle il n’ait pas donné lieu par sa mauvaise conduite, la loge et tous les frères qui la composent seront obligés de l’assister de tout leur pouvoir et de tout leur crédit.
44Ils prévoient également un « tronc des pauvres », alimenté par des quêtes et le produit des amendes.
45Les registres montrent que ces dispositions ne restaient pas lettre morte. Les visites aux membres malades ou affligés étaient ponctuellement rendues, un service funèbre célébré après chaque décès. Les « frères nécessiteux » qui frappaient nombreux à la porte du temple recevaient généralement une aumône de 6 livres (mais le 30 janvier 1785 un « frère indigent » ne reçut que 24 sols, « vu qu’il se présentait tous les jours »). Des prêts de plusieurs centaines de livres pouvaient être consentis à des frères en difficulté.
46L’entraide maçonnique prenait d’autres formes que financière. Un membre affilié ayant un procès au parlement, on délibéra de remettre « au nom de la loge » un placet en sa faveur au président Daspe43 « ainsi qu’à ses autres juges qu’on connaît être maçons » ; le procès fut gagné (mai-juillet 1789). Les frères étaient invités à réserver leur clientèle aux commerçants et artisans de la loge, qui donnait l’exemple en se fournissant chez eux et en leur confiant ses travaux d’entretien. Il n’est pas douteux qu’elle constituait, pour ses membres exerçant une profession libérale ou commerciale, un lieu de rencontre privilégié ; bien des affaires ont dû se traiter, sinon dans le temple, du moins dans son « salon des pas perdus ». On peut enfin supposer que pour les nombreux jeunes gens originaires de villes ou villages parfois éloignés, venus à Toulouse pour y poursuivre leurs études ou entrer dans la vie active, l’adhésion aux Cœurs réunis était d’abord un moyen de s’insérer plus facilement dans leur nouveau milieu professionnel et de s’adapter à la vie urbaine ; à l’égard de ses membres non toulousains, la loge fonctionnait comme une instance d’intégration sociale.
La bienfaisance
47Bien ordonnée, la « charité maçonnique » s’exerçait d’abord envers les maçons. En 1786, la loge ayant été sollicitée de secourir un indigent, elle décida de s’informer au préalable « si la charité à faire intéresse un F. maçon ou un profane », et de ne rien donner dans ce dernier cas. Le 20 juillet 1788, elle délibéra même qu’il ne serait plus donné « qu’aux FF. maçons, leurs veuves ou enfants ». Mais en général les détresses profanes trouvaient bon accueil auprès des Cœurs réunis.
48Une évolution significative de leur attitude à l’égard de la bienfaisance, liée à la conjoncture économique, se manifeste dans les dernières années de l’Ancien Régime. La loge ne s’intéresse d’abord qu’aux victimes de catastrophes exceptionnelles, tels ces « quatre orphelins ruinés par l’explosion de leur maison » (9 avril 1786). À partir de 1788, la multiplication des « pauvres honteux » l’amène à envisager une action plus énergique et plus soutenue, bref à passer de la charité individuelle à l’assistance organisée. C’est le sens de la proposition faite en octobre 1788 aux autres loges de l’orient de marquer le retour des « frères membres du Parlement » par des actes de bienfaisance. Le comité des loges réunies décida d’abord de s’en tenir aux formes traditionnelles de la bienfaisance maçonnique : délivrance de prisonniers pour dettes, mise en apprentissage d’enfants de familles modestes. Mais en janvier 1789 les Cœurs réunis firent valoir que « les temps deviennent plus malheureux » et que la misère régnait à Toulouse ; ils suggérèrent d’affecter les sommes recueillies (chaque loge s’étant engagée pour 100 livres) à « un achat de pain pour être distribué aux pauvres ». Cinq bureaux furent établis, qui distribuèrent quatre quintaux de pain par semaine à partir du 1er février44.
Le chapitre des Cœurs réunis
49Sur la loge des Cœurs réunis était souché un « chapitre » réunissant les frères titulaires des hauts grades du rite français : maître parfait et élu, écossais, chevalier de l’épée et de l’orient, chevalier rose-croix. Il fut fondé peu après la création de la loge par un de ses membres affiliés, le comédien Jean-Baptiste Guilminot. Celui-ci avait reçu le 15 juin 1773 du grand maître du chapitre des Fidèles cosmopolites de Nancy pouvoir « d’établir sous nos auspices et notre bon plaisir une loge à l’orient qu’il habite maintenant ». C’est en vertu de ces constitutions qu’avec huit maçons toulousains, rose-croix comme lui, il établit le « souverain chapitre de Rose-Croix sous le titre distinctif des Fidèles cosmopolites », qui commença ses travaux dans le local des Cœurs réunis le 15 septembre 1775. Ses registres ayant disparu en 1784, les débuts de son histoire demeurent très mal connus45. Il semble avoir interrompu ses activités de 1779 à 1783, date à laquelle il fut « restauré ».
50Bien qu’intimement lié à une loge régulière, le chapitre n’entretenait aucune relation avec le Grand Orient. Ce n’est qu’en octobre 1788 qu’« ayant appris la réunion des hauts grades au Grand Orient »46, ses membres lui adressèrent une demande de « lettres capitulaires » et désignèrent comme député Bernard Joly, membre du grand chapitre général. La loge symbolique ayant donné son accord pour que le chapitre lui soit « réuni et affilié pour toujours », la chambre des grades, sur le rapport de Roëttiers de Montaleau, lui accorda le 26 février 1789 des lettres capitulaires « sous le titre distinctif des Cœurs réunis », pour prendre rang au 10 octobre : elle avait en effet refusé de reconnaître la validité des constitutions de 1773. L’inauguration solennelle, confiée aux trois premiers officiers47, eut lieu le 11 janvier 1789. Le chapitre cessa de se réunir en 1790 et ne reprit ses travaux que le 1er janvier 1801.
51Ses effectifs semblent avoir oscillé entre 30 et 50 « chevaliers » (33 en octobre 1788, 44 en juin 1789). Au total, d’après un Registre matricule compilé au XIXe siècle48, 86 furent reçus ou affiliés jusqu’en 1789. La plupart (71 %) étaient des membres des Cœurs réunis, qui accédaient aux grades supérieurs peu de temps après avoir obtenu celui de maître ; les autres appartenaient à Saint-Joseph des arts, Saint-Jean d’Écosse et la Sagesse, loges dont la composition sociale ne différait guère de celle des Cœurs réunis : « Chevaliers de l’Orient » et « Souverains princes de Rose-Croix » étaient donc des bourgeois. La noblesse fictive de chaque grade coûtait 9 livres aux membres des Cœurs réunis, 12 aux autres candidats, les affiliés ne payant que 6 livres.
52Les assemblées du chapitre se tenaient le jeudi dans le temple des Cœurs réunis, décoré pour la circonstance de tentures rouges. Elles étaient beaucoup moins fréquentes que celles de la loge « bleue » (une dizaine par an) et légèrement moins fréquentées (une dizaine de présents). La lecture des registres des différents degrés (celui de rose-croix n’a pas été retrouvé) est encore plus décevante que celle des registres de la loge symbolique ; ils ne mentionnent que les réceptions, l’élection des officiers, de rares visites et quelques délibérations d’ordre économique. Nous devons donc nous résigner à ne rien connaître des aspects intellectuels et spirituels de la vie du chapitre. Du moins sommes-nous mieux renseignés sur certains de ses aspects matériels, comme ce banquet de 1787 où les chevaliers consommèrent trois centaines d’huîtres et burent pour 3 livres de café et 2 livres d’anisette.
La loge et les Lumières
53On ne peut étudier une loge maçonnique au XVIIIe siècle sans s’interroger sur son rôle éventuel dans la diffusion des Lumières, sinon dans la préparation de la Révolution. Il faut convenir que celui des Cœurs réunis paraît avoir été très limité, et que les préoccupations intellectuelles ne tenaient qu’une place très réduite dans leurs activités.
54Il est vrai que leurs statuts stipulaient que « les frères assemblés en loge ne doivent s’entretenir ou s’occuper d’aucun objet étranger à la franche maçonnerie »49. Mais l’étude et l’approfondissement de la doctrine maçonnique semblent eux-mêmes avoir été négligés. Seules les réceptions de nouveaux membres étaient l’occasion pour le vénérable d’adresser au nouvel initié un « discours d’introduction » sur « les mystères de l’ordre », son histoire, son symbolisme, et l’explication du grade reçu. Des « pièces d’architecture » étaient parfois prononcées par l’orateur lors de l’installation des officiers, mais nous ignorons leur contenu. Sans doute les frères baignaient-ils en loge dans l’idéologie diffuse de la maçonnerie, reflétée par le titre même de l’atelier et sa devise, Aeternam foedere juncti : « Le règne de la Maçonnerie n’est que le règne de la Justice, de la Paix du Bonheur [...]. Ses sujets fidèles se dispensent entre eux le bienfaisant avantage de soulager leurs Frères malheureux, et de se montrer réciproquement un amour qu’elle seule peut inspirer50. » Mais la culture maçonnique de la plupart d’entre eux ne devait guère aller au-delà de cette imprégnation par les thèmes majeurs d’une sensibilité qui débordait largement le monde des loges : culte de l’amitié, célébration du bonheur, revendication de plus d’égalité et de justice, exaltation de la bienfaisance.
55Les Cœurs réunis comptaient parmi leurs membres quelques personnalités qui animaient la vie culturelle toulousaine, ou qui devaient jouer un rôle sous la Révolution : le comte Dubarry, dont l’activité maçonnique51, jointe à ses attitudes libérales et à son appartenance à l’académie royale de peinture, complète le portrait d’un gentilhomme éclairé, peut-être trop sévèrement jugé par la postérité ; Nicolas Cabiran, étudiant en médecine, futur membre de l’académie des sciences de Toulouse52 ; Pierre-Louis Ichon, oratorien, futur député du Gers à la Législative et à la Convention où il siégea sur les bancs de la Montagne. Mais leur présence n’incita pas la loge à mettre sur pied des activités intellectuelles ou artistiques semblables à celles qu’organisait sur le même orient l’Encyclopédique53.
56Elle ne faisait pas preuve de plus d’audace dans le domaine politique ou religieux. Une stricte orthodoxie se manifeste en effet dans les aspects religieux de la vie de la loge. L’élection des officiers ne se déroulait qu’après que les frères, « voulant se conformer à l’usage et plus encore suivre les mouvements de leur cœur », avaient « entendu la messe du Saint-Esprit et invoqué ses lumières » ; leur présence dans l’église des Cordeliers était d’ailleurs obligatoire. Questionnés par le vénérable sur leur religion, la très grande majorité des nouveaux initiés se déclaraient « de la religion catholique, apostolique et romaine »54. Plusieurs « louvetons » eurent pour parrain un frère désigné par la loge et pour marraine la « maçonne » du vénérable ; un service religieux était toujours organisé pour les frères défunts. De la naissance à la mort, l’appartenance à la communauté maçonnique était donc indissolublement liée à l’appartenance à la communauté catholique55.
57Même orthodoxie dans le domaine politique. La première des santés portées au cours des banquets était toujours celle « de notre roi Louis XVI, de la reine et de toute la famille royale » ; on buvait aussi « à la prospérité de l’État ». La crise prérévolutionnaire, puis la Révolution ébranlèrent pourtant la neutralité de la loge. La joie publiquement manifestée à l’occasion du retour du parlement en 1788 fut le premier signe d’une évolution qui culmina en 1793 avec la répudiation de tous les symboles de l’Ancien Régime politique et religieux. Mais si les Cœurs réunis surent s’adapter aux temps nouveaux, rien n’autorise à penser qu’ils les aient préparés ni même souhaités.
58La loge des Cœurs réunis ne saurait donc être assimilée à une société de pensée ou de culture, encore moins à un foyer d’agitation politique. Si elle a favorisé la diffusion des Lumières dans certaines couches de la bourgeoisie toulousaine, ce n’est pas de façon active et délibérée, mais de façon passive, par son existence même qui offrait à ses membres un lieu de rencontre et d’échanges, et par son appartenance au réseau maçonnique qui leur ouvrait des horizons plus vastes que ceux de la plupart de leurs concitoyens.
Notes de bas de page
1 Jean Gros, « Les loges maçonniques de Toulouse (de 1740 à 1870) », La Révolution française, t. 40, 1, janvier-juin 1901, p. 234-270 et 297-318.
2 Bibliothèque nationale, FM1 78, fol. 159.
3 B.N., FM2 56, fol. 234..
4 B.N., FM2 444..
5 B.N., FM2 451.
6 Bibliothèque municipale de Toulouse, ms. 1185.
7 B.M. Toulouse, ms. 1182 ; B.N., FM2 550 et 573.
8 B.M. Toulouse, ms. 1222.
9 B.N., FM2 449.
10 B.N., FM2 445 et 446.
11 B.N., FM2 450.
12 B.N., FM2 454, fol. 24.
13 23 juillet 1774. L’ère maçonnique commence en 4000 av. J.-C., et l’année maçonnique le 1er mars.
14 Planche à tracer générale de l’installation de la très-respectable loge Saint Jean sous le titre distinctif des Cœurs Réunis à l’Orient de Toulouse, s. l. n. d. [Toulouse, 1775], p. 8.
15 Il s’agit vraisemblablement d’un parent du marquis de Chefdebien d’Armissan, membre éminent de l’ordre de la Stricte Observance et fondateur à Narbonne de la loge du Rite primitif des philadelphes. Voir Benjamin Fabre, Un initié des sociétés secrètes supérieures, « Franciscus Eques a Capite galeato ». 1753-1814. Portrait et documents inédits, Paris, La Renaissance du livre, 1913, in-16, XXII-454 p.
16 C’est ainsi que la loge brûla ses constitutions le 7 pluviôse an II « comme portant des signes de l’Ancien régime », et prit le 20 pluviôse « le nom sacré de la Montagne », avant de se réjouir le 15 thermidor « de la chute de Robespierre » et de reprendre le 20 germinal an III son titre de Saint-Jean.
17 Y compris les « voyageurs » et les affiliés.
18 Nous nous sommes inspiré, pour établir cette classification qui tente de tenir compte à la fois de la hiérarchie sociale des ordres et de la hiérarchie économique des fortunes, des travaux de Jean Sentou, Fortunes et groupes sociaux à Toulouse sous la Révolution (1789-1799). Essai d’histoire statistique, Toulouse, Privat, 1969, in-16, 500 p., et de Daniel Roche, Le Siècle des lumières en province. Académies et académiciens provinciaux, 1680-1789, thèse, Paris, 1973, 3 vol., in-4° [Paris-La Haye, Mouton, 1978, 2 vol.]. Ce dernier a dressé un tableau du recrutement de la loge des Cœurs réunis de Toulouse portant sur 148 membres (tome III, p. 94).
19 Les nobles étaient légèrement plus nombreux, certains ecclésiastiques ou membres des professions libérales anoblis par le capitoulat appartenant au second ordre.
20 Adrien Fauchier-Magnan, Les Dubarry. Histoire d’une famille au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1934, p. 75.
21 Ces derniers désignés par le terme de « bourgeois ».
22 Daniel Roche, op. cit., t. II, p. 294.
23 Mais les ecclésiastiques étaient généralement cantonnés dans la charge la moins importante, celle de « visiteur des malades ».
24 Chevalier Dussault en 1774, 1775, 1776 et 1778 ; François Monthieu, avocat, en 1777 ; marquis de Chefdebien en 1779 ; comte Dubarry en 1780 et 1782 ; Jean-Antoine Marron de Martin en 1781, 1782, 1784 et 1787 ; chevalier de Ségla en 1783, 1785, 1788 et 1789 ; Jean-Joseph Vincent, secrétaire aux Économats, en 1788.
25 Jean Rives, « L’évolution démographique de Toulouse au XVIIIe siècle », Bulletin d’histoire économique et sociale de la Révolution française, 1968, p. 85-146.
26 Il s’agit bien entendu d’enfants illégitimes, mais qui portaient le nom de leur père.
27 Planche à tracer générale de l’installation de la très-respectable loge Saint Jean sous le titre distinctif des Cœurs Réunis à l’Orient de Toulouse, op. cit., p. 7-8.
28 La rue Deville actuelle.
29 Le nouveau frère devait donc débourser 84 livres, somme considérable qui ne pouvait que dissuader les candidats les moins fortunés. Mais les « voyageurs » (membres non résidants) et les « louvetons » (fils de maçons) ne payaient que 72 et 42 livres. Les affiliations coûtaient 24 livres.
30 Gratien Leblanc, « Histoire comptable et anecdotique de l’académie des jeux Floraux à la fin du XVIIIe siècle », Mémoires de l’académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 14e série, t. III, 1962, p. 101-126.
31 Ses statuts sont très proches, dans les dispositions comme dans les termes, de ceux de la Paix, également conservés à la bibliothèque municipale de Toulouse (ms. 1184). Lors de leur révision en 1787, ils incorporèrent plusieurs articles des statuts de la Vérité reconnue.
32 Mais ils étaient trente-huit pour l’élection des officiers en juin 1789.
33 La loge de maître ne se réunissait qu’une ou deux fois par mois.
34 Alain Le Bihan, Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France (fin du XVIIIe siècle), Paris, Bibliothèque nationale, 1966, in-16, 490 p.
35 Installée par les Cœurs réunis, le 5 février 1779.
36 Installée par les Cœurs réunis, le 22 juillet 1786.
37 Le 18 avril 1776.
38 Bibliothèque nationale, FM2 461, fol. 1.
39 Ibid., fol. 94.
40 Daniel Roche, qui a dressé une carte de la correspondance des Cœurs réunis, n’en signale que vingt-neuf, op. cit., t. III, p. 37, note 7.
41 Xavier Yacono, Un siècle de franc-maçonnerie algérienne (1785-1884), Paris, Maisonneuve et Larose, 1969, p. 17.
42 Alain Le Bihan, Loges et chapitres de la Grande Loge et du Grand Orient de France (seconde moitié du XVIIIe siècle), Paris, Bibliothèque nationale, 1967, in-16, XXIX-456 p.
43 Vénérable de la Vérité reconnue.
44 Bibliothèque nationale, FM2 461, fol. 94.
45 Quelques indications dans Louis Tourte, Histoire du S :. C :. l’Encyclopédique, Val :. de Toulouse, 1813-1913, Toulouse, Bibliothèque maçonnique toulousaine, 1913, p. 29-31.
46 L’intégration du grand chapitre général au Grand Orient avait eu lieu en 1786.
47 Jean-Antoine Marron de Martin, Bertrand Bataille, commis au bureau des Fermes ; et Charles-Louis du Mège, académicien dramatique, père de l’archéologue Alexandre du Mège.
48 Bibliothèque municipale de Toulouse, ms. 1223.
49 Les statuts de la Paix précisaient : « Ils ne parleront jamais en loge de religion ni de l’État. »
50 Circulaire pour accompagner l’envoi du tableau des officiers, 1777.
51 Ignorée de ses principaux biographes, A. Fauchier-Magnan, op. cit., et Armand Praviel, Monsieur Dubarry et sa famille, Paris, Armand Colin, 1932, in-12, 238 p.
52 Noulet, « Éloge de M. Cabiran », Histoire et mémoires de l’académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, années 1839-1840-1841, t. 6, Ire part., p. 25-33.
53 Pierre Calas, Histoire de la R:. Loge l’Encyclopédique or:. de Toulouse de sa création en 1787 jusqu’à ce jour, Toulouse, Vialelle et Cie, 1887, in-12, XI-220 p.
54 Le silence des autres permet de supposer qu’il s’agissait peut-être de protestants.
55 Mais quinze membres des Cœurs réunis seulement ont été retrouvés sur les listes des confréries de pénitents (renseignement communiqué par M. Boursicot).
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