John Dos Passos
p. 147
Texte intégral
1Voici un écrivain immense, qui a publié plus jeune que ses contemporains de grand renom Faulkner, Fitzgerald, Hemingway et Steinbeck – et qui leur a aussi survécu en âge. Sa stature est le produit d’une diversité de facteurs, à part le talent littéraire proprement dit. L’homme jouissait d’une forte culture personnelle, il avait une connaissance directe et intime des grands courants intellectuels de son temps. Ses nombreux voyages à travers le monde l’ont enrichi d’une connaissance également directe des pays et des gens aux mœurs les plus variées. Par dessus tout peut-être, il s’est appliqué toute sa vie à rester branché sur les courants profonds de l’évolution historique et sociale, à demeurer, en somme, une conscience toujours en éveil.
2Nous allons nous restreindre ici à un seul thème, mais capital de l’œuvre de Dos Passos : la cité. On le voit apparaître dès les premières années de sa production romanesque, le tournant des années vingt, et il sera vite au centre de sa réaction personnelle devant la crise profonde qui déchire, selon lui, l’Amérique contemporaine. La ville ne constitue pas qu’un simple sujet lyrique chez Dos Passos : c’est également un thème de combat. L’homme, ne l’oublions pas, se rattache au courant de la protestation. Il porte donc en lui une vision très engagée du rôle de l’écrivain moderne dans la société, de sa responsabilité fondamentale envers ses contemporains.
3Nos idées et arguments prendront place dans deux chapitres. Le premier reconstituera les étapes les plus marquantes du projet littéraire de l’écrivain. Le second prolongera l’analyse sous la forme d’une mise à jour des sources inspiratrices du roman dos passien paru entre les deux guerres mondiales.
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2001