Mai
p. 523-539
Texte intégral
11er mai. Phillips a un message de Roosevelt pour le Duce. C’est un avertissement de ne pas entrer en guerre, caché sous des phrases aimables mais pas moins précises : si une extension du conflit devait se produire, certains États, qui entendaient rester neutres, seraient contraints de revoir leurs positions1. Naturellement, Mussolini l’a pris en mauvaise part. Sur le moment, il a dit peu de choses et rien à l’ambassadeur, sauf la réaffirmation du droit de l’Italie à une fenêtre sur l’océan. Puis il a rédigé de sa main une réponse à Roosevelt, sèche et hostile, par laquelle il arrive à la conclusion que si la doctrine Monroe vaut pour les Américains, elle vaut également pour les Européens2.
2Les Anglais ont décidé d’éviter le transit de leurs navires par la Méditerranée : j’en parle avec Charles et ne cache pas ma surprise pour une mesure qui devrait préluder de peu à la guerre, ce qui n’est heureusement pas le cas. Il serait bon que Londres évite des gestes de nature à augmenter une tension déjà forte. Charles est d’accord mais préoccupé par le discours du Duce du 21 avril aux organisations du Parti. Au Conseil des ministres, Mussolini a répété sa totale sûreté dans la victoire allemande avec une formule qu’il a désormais adoptée : « Dans la lutte entre les forces de la conservation et celles de la révolution, ce sont toujours ces dernières qui gagnent. » Mussolini me parle à nouveau d’un rapprochement avec la Russie.
32 mai. Le Duce envoie un message à Hitler pour l’informer de la situation telle qu’elle se présente ces derniers jours. Il part du sentiment que « le peuple italien est unanimement contre les Alliés ». Où prend-il ces informations ? Est-il sûr de ce qu’il écrit ou, conscient de son ascendant personnel, pense-t-il pouvoir modifier, selon son souhait au moment opportun, la Stimmung nationale3 ?
4Grandi est mécontent des réactions hostiles que son discours à la Chambre a provoquées à Londres et à Paris4. Il rappelle le discours pro-Axe qu’il fit à Londres l’année dernière et le définit comme une tache sur son caractère et sur sa vie5. Il ne reçut que trois télégrammes : un de Starace, un de Morgagni6 et un d’un fou de l’asile de Catane qui s’est offert, contre 100 lires, pour mettre le discours en vers.
5Les premières nouvelles certaines de la victoire allemande en Norvège arrivent et font une profonde impression7. Le discours de Chamberlain en fait encore plus, étant tellement pessimiste qu’il ferait admettre la possibilité d’un débarquement en Angleterre8. Mussolini exulte. Il raille l’envoi d’une flotte en Méditerranée, convaincu que les Alliés ne prendront jamais une initiative contre nous.
63 mai. Les nouvelles de Norvège font littéralement exulter le Duce, qui affirme sa certitude en la victoire allemande avec toujours plus d’énergie. Des télégrammes emplis d’un optimisme assuré arrivent de Berlin : Ribbentrop dit à Zamboni9 que l’offensive sur la ligne Maginot sera rapide et sûre ; Goering, pour la première fois, sollicite auprès de Renzetti notre intervention car la guerre – à laquelle il admet avoir été hostile, à tort – s’achemine désormais vers une victoire rapide. Je ne le crois pas. Et même si nous voulions intervenir, le pourrions-nous ? Soddu dit que désormais, même Graziani, préoccupé par sa responsabilité, s’exprime dans un sens nettement hostile à toute action belliqueuse, y compris en Croatie. La principale déficience est l’artillerie. La marine sait combien la mission qui l’attend est dangereuse. Le Duce se lamente du manque d’énergie dont fait preuve Cavagnari, qui est un gentilhomme et dit la vérité. L’aviation progresse petitement : le général Aimone Cat10 – un de nos meilleurs techniciens – s’est exprimé dans un sens pessimiste, même s’il a reconnu que la gestion de Pricolo a obtenu des progrès notables. Il a encore plus mal parlé de notre organisation antiaérienne : armes de peu de qualité, mauvais fonctionnement des services. Franco a envoyé un message terne au Duce, dans lequel il confirme l’absolue et inévitable neutralité de l’Espagne qui prépare son redressement.
74 mai. Nouvelle lettre d’Hitler au Duce. Plutôt secondaire. Elle contient des détails sur le déroulement de la guerre en Norvège : Hitler se lamente de l’excessive rapidité de la victoire qui n’a pas permis d’attaquer davantage les forces anglaises et de les détruire complètement. Pour la première fois, le ton de la lettre est sarcastique sur les capacités militaires des Alliés. Il conclut en disant qu’il entend cueillir la victoire en Occident au plus vite, poussé par la menace larvée d’une intervention américaine11.
85 mai. Je passe la journée à Livourne : je désirais m’agenouiller devant les tombes de Papa et de Maria. Beau temps. De la fenêtre de la maison, on voit le cap corse presque à portée de main. Même à Livourne et même de la part des plus enthousiastes, la question méditerranéenne est peu ressentie, en tout cas pas assez pour justifier une guerre.
96 mai. Signature royale. Sa Majesté parle aujourd’hui sans aucun parti-pris antiallemand, mais avec un sens de très grande mesure : selon lui, la très grande faiblesse de la machine militaire conseille d’aller doucement. Pour cela, le Roi recommande de rester dans l’actuelle position d’attente et de préparation la plus longue possible. Il s’est décidé à donner le Collier à Goering, mais à contrecœur. Mussolini, qui a conféré avec lui en particulier, a dû lui dire : « Majesté, c’est peut-être une potion amère que vous devez avaler mais tout conseille un tel geste en ce moment. »
10Entretien avec Christich. Son gouvernement prend acte avec un net soulagement de mes déclarations de l’autre jour : je crois que la situation nous oblige à les maintenir pour une longue période.
117 mai. Rien de nouveau.
128 mai. Percy Loraine est revenu de Londres. Selon ses dires, les instructions sont de faire tout son possible pour sauvegarder « honorablement et de bonne foi » les relations entre l’Italie et la Grande-Bretagne. Il signale le fait que nos campagnes de presse ont désormais laissé l’impression à de larges secteurs de l’opinion publique anglaise que l’Italie est à placer parmi les ennemis : ceci est grave car il est convaincu que la guerre se terminera victorieusement pour son pays et que l’on règlera les comptes à la fin. Je lui ai parlé avec franchise de notre politique : le Duce entend rester fidèle au traité qui le lie à Berlin, mais ceci ne signifie pas que nous devions abandonner, dans un futur proche, la non-belligérance. Ces déclarations – ordonnées par Mussolini – ont perturbé sir Percy qui n’est malheureusement pas ressorti rassuré de mon bureau. Il est néanmoins resté calme et garde une totale confiance dans l’avenir de son pays.
13Je remets à Mackensen un compte rendu d’une réunion des ministres britanniques dans les Balkans, soustrait par le système habituel à l’ambassade anglaise. Je parle également de la cérémonie de remise du Collier à Goering : nous pourrions la faire le 22 au Brenner. Ceci m’épargnera un discours et une célébration solennelle de l’alliance, devoir difficile et ingrat pour moi.
149 mai. Durant la cérémonie à l’autel de la Patrie12, je parle avec Badoglio, qui est maintenant moins antiallemand qu’auparavant (la victoire en Norvège a produit ses effets), bien qu’il soit un partisan convaincu du maintien de la non-belligérance. À son avis, une attaque contre la ligne Maginot serait vouée à l’échec : il connaît personnellement la ligne et croit que son percement nécessiterait une action de quatre mois et le sacrifice de 1 million d’hommes. Mussolini, me parlant de Badoglio, a dit que désormais il l’a rallié à ses thèses comme cela est déjà arrivé d’autres fois. Je ne crois pas que ce soit vrai. Badoglio, vis-à-vis des succès allemands, est plus prudent mais j’exclus qu’il soit convaincu.
15Anfuso rapporte que la princesse Bismarck, avec laquelle il entretient des relations de grande amitié, lui a dit – et elle avait les larmes aux yeux – que la partie est perdue pour l’Allemagne et que Hitler a ruiné le pays et le peuple. Elle s’est tellement compromise qu’Anfuso l’a suspectée d’être un agent provocateur, mais beaucoup d’éléments l’ont conduit à ne pas donner de crédit à cette thèse. Elle a eu des paroles encore plus dures contre Ribbentrop et sa politique.
1610 mai. Pour l’histoire : hier soir, j’ai mal dîné à l’ambassade d’Allemagne. Long et ennuyeux après-dîner13, avec une conversation aussi variée qu’elle puisse l’être avec des Allemands. Pas une parole sur la situation. À la fin, à 0 h 25, von Mackensen a dit que « peut-être sera-t-il amené à me déranger durant la nuit pour une communication qu’il attend de Berlin » et a voulu connaître mon numéro de téléphone. Il a appelé à 4 heures et a dit que d’ici trois quarts d’heure, il viendrait me trouver afin d’aller ensemble chez le Duce, ayant reçu l’ordre de s’entretenir avec lui à 5 heures précises14. Il n’a rien voulu préciser par téléphone sur le motif de l’entretien. Quand il est arrivé à la maison, il avait avec lui un volumineux dossier de documents qui ne sont certainement pas arrivés par téléphone. Confus, il a marmonné une étrange excuse d’un courrier diplomatique resté à l’hôtel tant que l’ordre de Berlin n’était pas arrivé.
17Nous sommes allés ensemble chez le Duce qui, prévenu par moi, s’est levé. Nous l’avons trouvé calme et souriant. Il a lu la lettre d’Hitler qui résumait les raisons de l’action et concluait par une aimable invitation à Mussolini à prendre les décisions qu’il jugera nécessaires pour le futur de son peuple15. Puis, il a longuement examiné les annexes. Enfin, après environ deux heures, il a dit qu’il était convaincu que la France et l’Angleterre se préparaient à attaquer à travers la Belgique et la Hollande : il approuve toto corde16 l’action de Hitler. Mackensen étant sorti, il m’a répété sa certitude dans le rapide succès des armées nazies et sa décision d’intervenir. Je n’ai pas manqué de répéter que pour le moment, il convenait d’attendre et de voir : c’est une longue partie, si longue qu’il n’est pas possible d’en prévoir la durée. Il n’a pas daigné répondre : mes observations ne font que l’ennuyer. Durant la matinée, je le vois plusieurs fois et – malheureusement – je le trouve toujours plus convaincu de la nécessité de l’intervention. Edda17 est allée au palais de Venise, également enthousiaste, et lui dit que le pays veut la guerre et que le prolongement de la neutralité serait un déshonneur. Ce sont les seuls discours qu’il veut entendre et ce sont les seuls qu’il est disposé à prendre au sérieux.
18Je confère avec Poncet, Loraine et Phillips. Ils veulent des nouvelles sur l’attitude de l’Italie. Ils sont plutôt sceptiques et pessimistes. Il résulte de quelques interceptions téléphoniques qu’ils attendent une action de notre part d’un moment à l’autre. Je cherche à les calmer et j’y parviens en partie. D’ailleurs, ils savent bien quelles sont mes idées et avec quelle sincérité je cherche à retarder l’intervention.
19Poncet est plutôt abattu. Air fatigué, yeux rougis, inhabituellement négligé dans l’habillement. Loraine froid et décidé : à un certain moment de la conversation, il affirme que l’Allemagne sera défaite et le dit avec une impétuosité inattendue au regard de ses habitudes de gentleman flegmatique et courtois. Toute la dureté de la race s’est reflétée, un instant, dans son regard et dans ses paroles. Phillips a déclaré que les événements auront un profond retentissement en Amérique. Il n’a pas fait de prophétie mais je ne serais pas surpris si les États-Unis rompaient immédiatement leurs relations avec l’Allemagne en attentant de décider l’intervention. Les États-Unis sont une chose très sérieuse sur laquelle sont portés des jugements erronés trop facilement.
20Mussolini prépare un message de réponse à Hitler, chaleureux mais pas engagé18. Je le prie de changer une phrase dans laquelle il s’associait à l’accusation contre les Alliés de menacer la neutralité belge. Il m’écoute et modifie le texte.
21En partance pour Florence, Edda vient également me faire une visite et parle d’une intervention immédiate, de la nécessité de marcher, d’honneur et de déshonneur. Je l’écoute avec une courtoisie impersonnelle. Il est dommage qu’elle aussi, pourtant intelligente, ne veuille pas raisonner : je trouve qu’elle fait très bien d’aller au Mai florentin19 où elle pourra s’occuper plus profitablement de musique.
22Je vois l’ambassadeur de Belgique et le ministre de Hollande : ils sont tristes mais dignes, et s’expriment tous deux avec beaucoup de confiance sur la possibilité de résistance de leurs pays. Inversement, Soddu estime que la lutte sur les lignes belgo-hollandaises sera quasi nulle alors que la défense française sera absolument insurmontable. Il est donc d’avis que nous ne prenions aucune initiative avant au moins un mois à partir du début de l’offensive.
23Je reçois Pavelic. La situation croate mûrit et, si nous tardons trop, beaucoup de sympathies s’orienteront vers l’Allemagne. Aussi préparera-t-il une carte indiquant les positions exactes des forces révolutionnaires et les besoins les plus urgents. Puis nous passerons à la phase d’exécution. Je n’ai fixé aucun moment. Aussi lui ai-je recommandé d’éviter toute action prématurée. Nous avons eu des preuves que Bombelles est un traître à la solde de Belgrade. Il subira l’implacable loi des oustachis.
24Je rapporte l’entretien au Duce. Il estime nécessaire de presser le pas. Il marque sur son calendrier une date vers les premiers jours de juin et décide de rappeler Gambara d’Espagne afin d’assumer le commandement des forces chargées d’effectuer l’opération.
25Aucune nouvelle directe ne nous provient de la bataille, mais dans l’ensemble, il semble que les choses vont assez bien pour les Allemands20. Ce qui est le plus surprenant est le manque de réaction aérienne de la part des Alliés alors que les Allemands bombardent des centaines d’endroits.
26Le remplacement de Chamberlain par Churchill21 est accueilli ici dans une absolue indifférence et avec ironie par le Duce22.
2711 mai. Durant la nuit, quelques fascistes ont bastonné un fonctionnaire anglais qui avait arraché un manifeste antibritannique, et sir Percy Loraine est venu parler de l’incident ce matin. Ayant utilisé un ton altier et vraiment en contraste avec nos très bons rapports personnels, j’ai répondu sur le même ton, réfutant toute explication et faisant remarquer qu’au moment où l’armée britannique combattait durement, les fonctionnaires anglais pourraient aller se coucher au lieu de fréquenter les bars jusqu’à 4 heures du matin. Nous nous sommes quittés si froidement que j’ai cru bon d’informer le Duce d’éventuels développements de la question. Au contraire, ce soir, Loraine a téléphoné avec l’habituelle cordialité et l’incident est clos. Ici, rien de nouveau. Mussolini est aujourd’hui moins belliciste qu’hier et plus disposé à attendre. Il semble qu’une douche froide soit venue de l’État-Major général à propos de nos actuelles possibilités militaires. Même Balbo m’a dit qu’il ne pourrait entrer en campagne avant deux mois et après avoir reçu des quantités significatives d’armes et de matériels.
2812 mai. Les télégrammes du Pape aux souverains des trois pays envahis23 ont indigné Mussolini qui voudrait mettre fin aux agissements du Vatican, disposé qu’il est à aller jusqu’aux plus extrêmes conséquences. Ces jours-ci, il répète souvent que la papauté est le cancer qui ronge notre vie nationale et qu’il entend – si nécessaire – liquider ce problème une fois pour toute. Il a ajouté : « Que le Pape ne croit pas pouvoir chercher une alliance avec la monarchie car je suis prêt à faire sauter les deux ensemble. Il suffira des sept villes de Romagne pour faire sauter en même temps le Roi et le Pape. » Je ne partage pas cette politique du Duce. Il convient de ne pas créer une crise avec l’Église, surtout si l’on compte entrer en guerre. Le peuple italien est catholique. Il n’est pas bigot. Peut-être superficiellement est-il insolent, mais au fond il est religieux. Surtout, au moment du péril, il se rapproche des autels. Il est indispensable d’éviter toute friction. C’est pour cela que j’ai donné des instructions à Alfieri afin de faire une démarche mais sans lui donner ce caractère litigieux que voulait lui donner le Duce.
29Le Roi me fait dire qu’il accordera le Collier à Goering, mais il veut éviter de lui envoyer un télégramme pour le lui faire savoir et le féliciter. Je trouverai un moyen. Sa Majesté désire que ce souhait reste secret, y compris vis-à-vis de Mussolini.
3013 mai. Mussolini a commencé ainsi son propos : « Voici quelques mois, je t’ai dit que les Alliés avaient perdu la victoire. Aujourd’hui, je te dis qu’ils ont perdu la guerre. Nous, Italiens, sommes déjà assez déshonorés. Tout retard est inconcevable : nous n’avons plus de temps à perdre. D’ici un mois, je déclare la guerre. J’attaquerai la France et l’Angleterre dans les airs et sur mer. Je ne pense plus à une attaque contre la Yougoslavie : ce serait un expédient humiliant. » Aujourd’hui, pour la première fois, je n’ai pas répondu. Désormais, malheureusement, aucune initiative venant de moi ne peut influencer le Duce. Il a décidé d’agir et il agira. Il croit dans la rapidité du succès allemand. Seul un nouveau développement des événements militaires peut l’amener à réviser sa décision, mais pour l’instant les choses vont si mal pour les Alliés que l’on ne voit pas d’espoir24.
31Alfieri a parlé avec le Pape. Il fera un rapport écrit mais il souligne dès maintenant qu’il a trouvé une réelle intransigeance sur l’attitude de l’Église dans le conflit. Le Pape a dit qu’il est « prêt à être déporté dans un camp de concentration mais pas à faire quelque chose contre sa conscience ».
32Je vois Poncet et Loraine : aucun élément de grande importance. Plutôt un sondage de terrain. Je cherche à ne pas augmenter leurs appréhensions mais, honnêtement, je ne veux pas leur cacher que la situation s’est aggravée ici25.
3314 mai. Lettre d’Hitler au Duce. Long et calme compte rendu des événements militaires. C’est une note pleine de certitudes : victoires sur terre et surtout dans le ciel où désormais les Allemands auraient une nette domination. Naturellement, tout ceci ne peut qu’influer sur l’état d’esprit du Duce en faveur de l’intervention. Il a annoncé à Mackensen la décision d’entrer d’ici peu dans la lutte : « Désormais il n’est plus question de mois mais de semaines et peut-être de jours. » J’espère plus de semaines que de jours car, malgré les événements militaires favorables aux Allemands, il est trop tôt pour faire le point avec certitude et, avant de prendre une suprême décision, il est nécessaire de rappeler que l’Italie n’est pas prête à faire la guerre, tout au plus une guerre brève. Une erreur dans le choix du moment nous serait fatale.
34Le Duce m’informe que Soddu a parlé au Roi de la question du commandement suprême que Mussolini veut assumer en personne. Il paraît que Sa Majesté a notablement résisté en évoquant son droit au regard du Statuto26. Puis il aurait fini par consentir au travers d’une formule de compromis, c’est-à-dire une délégation de pouvoirs. Mussolini a manifesté son irritation. Il a clairement dit que, la guerre gagnée, il entend se débarrasser d’une monarchie qu’il n’aime pas et dont il n’arrive plus à supporter le poids.
3515 mai. Roosevelt a envoyé un message au Duce. Le ton a changé. Il n’est plus, comme la fois précédente, d’un style de menaces voilées : il est plutôt déprimé et conciliant. Il parle de l’Évangile du Christ, mais ce sont des arguments qui ont peu de prise sur l’esprit de Mussolini, spécialement aujourd’hui où il est persuadé d’avoir déjà la victoire en main. Il faut autre chose pour l’impressionner27.
36Beaucoup d’excitation à la nouvelle du percement de la ligne Maginot à Sedan28. Pourtant, la nouvelle ne me persuade pas complètement et je crois dangereux de donner trop d’importance à des informations de portée secondaire. L’opinion publique est maintenant plus optimiste sous l’effet des victoires allemandes, mais les sentiments véritables et profonds du peuple n’ont pas changé.
37Naturellement, on assiste dans le monde politique à la course vers les billets antidatés de l’interventionnisme et de la germanophilie. Si, aux nouvelles optimistes, succédaient d’autres moins bonnes, il y aurait de quoi rire.
3816 mai. La nouvelle était en réalité très exagérée. La brèche dans la ligne Maginot était devenue une percée. Ainsi, en soirée, sir Percy a envoyé un rapport britannique sur le déroulement des opérations d’un ton plutôt optimiste. Je le montre au Duce qui en est impressionné, quoique sa nature le pousse à donner plutôt du crédit aux nouvelles favorables à ses thèses. Aussi, durant la journée, se montre-t-il moins pressé de mettre le feu aux poudres.
39L’entretien avec le Roi l’a également contrarié : Sa Majesté continue à avoir une position défavorable à l’intervention, disant que l’opinion publique y est hostile dans sa grande majorité. De même pour la question du commandement suprême, il a fait de nombreuses difficultés avant de céder.
40Loraine porte un message de Churchill au Duce : c’est un message de goodwill général mais qui n’en est pas moins digne et noble29. Même Mussolini en apprécie l’intonation et se propose d’y répondre en expliquant, comme l’a fait l’Angleterre, sa volonté de rester fidèle aux alliances. Malaise croissant au Vatican pour la série d’incidents, causés essentiellement par la vente de L’Osservatore Romano30. Le nonce s’en fait le porte-parole lors d’un entretien qu’il a eu avec moi et durant lequel je n’ai pu lui tenir que de bonnes paroles et de vagues promesses31.
4117 mai. Les nouvelles du front français annoncent une avancée allemande foudroyante. Saint-Quentin est pris et, de là, les Allemands menacent directement Paris. Il manque encore la confirmation du front français, comme manquent des détails sur la réalité du percement de celui-ci. L’opinion publique italienne (je parle de l’opinion honnête et je laisse de côté les bouffons qui sont tous devenus des germanophiles à outrance) réagit de manière étrange : admiration envers les Allemands, euphorie à la pensée d’une rapide conclusion de la guerre et surtout une grande préoccupation pour le futur. Mussolini est calme et, au moins pour le moment, ne cède pas à la volonté d’accélérer le moment de l’intervention.
42Mackensen propose un échange de télégrammes entre moi et Ribbentrop à l’occasion de l’anniversaire du pacte et parle de la remise du Collier à Goering qui pourrait être faite par Alfieri. Mais le maréchal tient à recevoir un télégramme de la part du Roi. Je crains que la situation actuelle ne laisse pas d’alternative : le Roi devra le faire.
4318 mai. Les nouvelles du conflit sont toujours plus favorables aux Allemands. Bruxelles est tombée, Anvers détruite, des colonnes de chars parcourent la France jusqu’à Soissons suivies, semble-t-il, par l’infanterie allemande. Néanmoins, notre état-major réserve son pronostic : Soddu ne croit pas à une bataille décisive et demande encore 15 jours pour porter un jugement.
44Je remets à sir Percy Loraine la réponse du Duce à Churchill. Elle est brève et inutilement dure dans le style32. Loraine la reçoit sans commentaire. À son tour, il me donne l’habituel communiqué sur la situation militaire que les Anglais continuent à décrire en couleurs incroyablement roses. François-Poncet est plus préoccupé. Il croit que la situation s’est améliorée ces dernières heures mais sait que le sort de la France est en jeu ces jours-ci. Il est préoccupé par notre attitude et dit qu’il ne croit pas « que l’écrasement de la France soit dans l’intérêt de l’Italie ». De plus, il refuse à croire que Mussolini « voudra arracher à Staline la gloire de frapper un homme à terre ».
45Je remets sans un mot une réponse brève et sèche au message de Roosevelt à Phillips qui la reçoit lui aussi sans une parole.
46Demain, je vais à Crémone et à Milan. Mussolini m’ordonne de faire une allusion précise à notre prochaine intervention sans oublier de préciser qu’il sera « l’unique chef » de la Nation en guerre : civil et militaire.
4719 mai. Crémone-Milan. Accueil très fervent dans les deux villes. Mais à Milan, les allusions à l’intervention contenues dans mon bref discours, en dehors de l’enthousiasme des squadristes, sont accueillies avec une chaleur mesurée par la grande masse du public. J’en retiens l’impression que Milan – avec sa haine tenace des Allemands – considère l’entrée en guerre, même dans les conditions actuelles, comme une nécessité désagréable33.
4820 mai. Je réfère au Duce de la situation à Milan et il est d’accord avec le jugement que je donne de la situation. Aujourd’hui, il ne parle pas d’intervention. Il approuve pleinement le texte des discours que j’ai tenus hier sur la base de ses directives.
49Mackensen fait allusion à la possibilité de notre rapprochement avec la Russie au travers de l’action personnelle de Ribbentrop. Je réponds qu’il n’y a pas d’obstacle de notre part à condition que les Russes prennent l’initiative de renvoyer leur ambassadeur. Ils ont pris l’initiative d’un geste de rupture, il leur revient de faire un geste de rapprochement.
50Les nouvelles militaires continuent à être très favorables aux Allemands34. Ils ont fait prisonnier le général Giraud35 avec son état-major. François-Poncet m’en avait parlé il y a peu de jours comme le grand espoir français et le présentait comme le successeur de Gamelin.
51Tout ceci impressionne beaucoup d’Italiens, y compris les plus inattendus. Même Grandi est venu me voir et m’a dit, avec un air assez dramatique, « que nous devons reconnaître que nous nous sommes trompés » et se préparer aux nouveaux temps. Je n’ai pas voulu partager avec lui cet acte de contrition, non par insolence, mais parce que, malgré tout, je maintiens mon idée. Le cheval a besoin de se mesurer sur un long parcours et ce parcours, personne ne peut encore imaginer quelle en sera la longueur36.
5221 mai. Le Roi est nerveux. Ce matin, je suis allé au Palais Royal afin d’accompagner la mission albanaise venue porter la réponse au discours de la Couronne. Le Roi m’a presque attaqué au sujet de la question du Collier de Goering. Il a dit : « C’est une affaire pénible. Donner le Collier à Goering est un geste qui me déplaît. Lui envoyer un télégramme me répugne pour 100 000 raisons. » Même sur la situation militaire, Sa Majesté s’est exprimée de manière négative à propos des Allemands.
53Je parle au Duce de la nécessité de mettre au clair nos aspirations vis-à-vis des Allemands. Si nous devons vraiment nous jeter tête baissée dans cette aventure (la guerre reste pour moi – même aujourd’hui – une aventure avec beaucoup de choses inconnues et effrayantes), il convient de faire des alliances claires. Je connais désormais trop bien ces messieurs pour me fier peu à leurs écrits et pas du tout à leur parole. Après le 1er juin, nous pourrons nous revoir avec Ribbentrop et rédiger un protocole précisant ce qui doit nous revenir à la fin de la guerre.
5422 mai. Départ pour l’Albanie. Arrivée à Tirana et Durazzo. Accueil très chaleureux37. Les Albanais sont très favorables à l’intervention ; ils veulent le Kosovo et la Ciamuria38. Il est facile pour nous d’accroître notre popularité en soutenant le nationalisme albanais.
5523 mai. Visite à Scutari et à Rubico, où se trouvent des mines de cuivre très prometteuses. Les travaux publics inspectés pendant la matinée sont également satisfaisants. Partout, un accueil chaleureux.
56Il ne fait pas de doute que la masse populaire est désormais acquise à l’Italie. Le peuple albanais nous est reconnaissant de lui avoir enseigné à manger deux fois par jour, alors qu’auparavant cela ne lui arrivait que rarement. On relève un mieux-être même dans l’aspect physique des gens.
5724 mai. À Ragosina avec les ouvriers. Les classes travailleuses s’accordent bien avec les Albanais. Les plus grandes difficultés proviennent des classes moyennes qui traitent mal les autochtones et qui ont une mentalité injustement coloniale. Malheureusement, cela arrive souvent aussi dans les milieux des officiers et surtout, selon Jacomoni, de leurs femmes.
5825 mai. À Brutinto. Très beau. Le canal de Corfou. Port Edda. Je reviens en Italie.
59À Brindisi, à Bari et dans toutes les étapes, je reçois un accueil chaleureux. Le peuple veut savoir ce que l’on va faire et j’entends aussi beaucoup de voix réclamer la guerre. Cela n’arrivait pas il y a encore quelques jours39.
6026 mai. Je rends compte au Duce de mon voyage qui, dans l’ensemble, en a été satisfait. Mussolini me parle de son dissentiment avec le Roi à propos de la question du commandement militaire en cas de guerre. Il paraît qu’avant de céder, il a fait beaucoup de résistance.
61Hitler a envoyé une nouvelle lettre au Duce40 et Alfieri un rapport sur son entretien avec Goering. Ce dernier a posé la question de notre intervention et a suggéré d’intervenir, une fois liquidée la poche anglo-franco-belge41, alors que les Allemands attaqueraient en force vers Paris. Le Duce est tout à fait d’accord. Il se propose d’écrire une lettre à Hitler afin de lui annoncer son intervention pour la deuxième décade de juin.
6227 mai. Long entretien avec François-Poncet et avec Phillips. Ce dernier est porteur d’un message de Roosevelt pour le Duce mais il n’est pas reçu et s’entretient avec moi. J’ai mis par écrit la conversation. En bref, Roosevelt se propose comme médiateur entre nous et les Alliés, prenant la responsabilité de l’exécution des éventuels accords après la guerre42. Je réponds à Phillips que Roosevelt fait fausse route. Il faut autre chose pour dissuader Mussolini. Au fond, il ne s’agit pas pour lui d’obtenir ceci ou cela : il veut la guerre. S’il pouvait avoir le double de ce qu’il réclame de manière pacifique, il refuserait.
63L’entretien avec François-Poncet est également intéressant, non pour ses résultats mais comme indice psychologique. Il m’a fait des avances43 assez précises. Excluant la Corse « qui est une part même du corps de la France », il a dit que l’on pouvait négocier sur la Tunisie, peut-être même sur l’Algérie. Je lui ai répondu comme à Phillips qu’il était trop tard et je lui ai rappelé quand la France, en 1938, nous contestait jusqu’aux quatre récifs que l’Angleterre nous avait cédés en mer Rouge. Encore une fois les Français ont été, selon l’expression de Machiavel, « plus avares que prudents44 ».
64Poncet reconnaît les fautes françaises, attaque les anciens gouvernements et jette une grande responsabilité sur Léger qu’il définit comme un homme sinistre. Naturellement, la conversation s’est tenue sur un ton académique.
6528 mai. Mon entretien avec un Poncet défait et les événements de la nuit – capitulation de la Belgique45 – conduisent Mussolini à forcer le pas car il est désormais convaincu que tout va s’accélérer et veut se créer des titres pour participer à la succession. Tout va très bien en ce qui concerne la France. Mais l’Angleterre est encore debout. Et l’Amérique ? Le Duce parle du 10 juin. Je vois Christich : il est terrorisé. Il voudrait savoir si nous attaquerons son pays. Je ne peux que le rassurer en partie.
66Entretien pénible avec sir Percy Loraine. Il était venu discuter de la question du blocus et se lamenter de l’interruption des négociations. J’ai répondu que tout cela était inutile car nous étions à la veille de la guerre. Quoique préparé, il ne s’attendait pas à un coup aussi brutal et a pâli. Puis il s’est repris : « Si vous choisissez l’épée, ce sera l’épée qui décidera du futur. Il est bon d’établir les responsabilités. » Puis il a poursuivi en changeant de ton : « À la guerre, nous répondrons par la guerre. Malgré tout, mon cœur est rempli de tristesse à penser que le sang devra couler entre nos pays. » J’ai répondu que pour moi aussi, cela était très triste mais que désormais je ne voyais pas d’autre issue. À propos de la situation dans les Flandres, il s’est exprimé ainsi : « Si les Alliés gagnent, la guerre finira avant la fin de l’année. Si les Allemands l’emportent, elle durera trois années de plus. Mais cela ne modifiera pas l’issue qui sera notre victoire. » Il a parlé avec fermeté. Mais son visage était profondément affligé et les yeux, parfois, se voilaient.
6729 mai. Ce matin, à 11 heures, au palais de Venise, est né le Haut-Commandement. J’ai rarement vu Mussolini aussi heureux. Il a réalisé son vrai rêve : celui de devenir le chef militaire d’un pays en guerre46. Autour de lui, il y aura Badoglio47, Graziani, Pricolo et Cavagnari. Désormais, la décision est mûre : après le 5 juin, chaque jour pourra être le bon. J’ai rendu compte au Duce de mes entretiens d’hier et je lui ai conseillé de donner des assurances solennelles à la Yougoslavie sur le respect de sa neutralité : il est évident que nous n’avons aucun intérêt à mettre le feu aux poudres dans les Balkans. La guerre gagnée, nous pourrons obtenir également ce que nous voulons. Il m’autorise à agir dans ce sens, aussi ai-je parlé à Christich qui, appelé à l’improviste, est arrivé pâle comme la mort dans mon bureau mais en est ressorti réconforté48.
68Badoglio fait désormais bonne mine à mauvais jeu et se prépare à la guerre. Il cherche à gagner encore quelques jours pour voir plus clair dans la situation française car il pense encore possible une éventuelle surprise. Il est préoccupé par la Libye où une initiative française aurait des possibilités de succès. Aussi est-il nécessaire que la guerre soit brève. Pas plus de deux ou trois mois : au moins est-ce l’avis de Favagrossa, qui est pessimiste étant donné que nos stocks sont très faibles. Nous sommes dépourvus de certains métaux. À la veille de la guerre – et quelle guerre ! – nous n’avons que 100 tonnes de nickel.
6930 mai. La décision est prise. Les dés sont jetés. Ce matin, Mussolini m’a remis son message à Hitler à propos de l’entrée en guerre. La date choisie est celle du 5 juin, sauf si Hitler estime profitable un retard de quelques jours49. Le message est communiqué en chiffres à Alfieri avec la mission de le porter personnellement à Hitler. En même temps, j’en donne note à Mackensen. Quoique préparé, l’ambassadeur a accueilli la nouvelle avec beaucoup de joie : il a eu des paroles d’admiration pour le Duce et a loué ma décision de participer à la guerre comme pilote : « En Allemagne, a-t-il dit, les hiérarques ne donnent pas le bon exemple. Même Baldur von Schirach est embusqué à l’arrière jusqu’à présent. »
70Mussolini se propose de faire un discours au peuple l’après-midi du 4. Pour ma part, une heure avant, je communiquerai l’état de guerre à Poncet et Loraine. Le Duce voulait négliger « cette formalité ». J’ai insisté car elle sauve au moins la forme.
71Le ministre d’Égypte50 parle, à titre personnel, d’une éventuelle déclaration de neutralité de la part de son gouvernement. Je l’encourage dans cette voie. Je ne crois pas que la neutralité égyptienne change grand-chose, mais elle pourrait tout de même apporter quelques avantages.
7231 mai. Nouvelles démarche de Roosevelt, cette fois-ci plus énergique. Après avoir rappelé les traditionnels intérêts de son pays en Méditerranée, il affirme qu’une intervention de l’Italie dans la guerre déterminerait une augmentation de la production d’armements des États-Unis et le doublement de l’aide en moyens et en matériels aux Alliés. Je réserve une réponse après en avoir parlé avec Mussolini et, en préliminaire, je dis à Phillips que la nouvelle tentative de Roosevelt subira le même sort que les précédentes. Elle n’impressionnera pas le Duce51.
73Alfieri téléphone pour dire qu’il a remis le message à Hitler. Il en a été « content, voire enthousiasmé ». Mais il s’est réservé de faire savoir si la date choisie lui convenait, après en avoir conféré avec ses généraux52.
74Je soumets au Duce le projet de communiqué pour les déclarations de guerre. Il l’approuve mais conseille d’en parler au Roi qui est très susceptible en la matière car, selon les normes constitutionnelles, c’est à lui de déclarer la guerre.
75Daladier remet une note à Guariglia. Aucune proposition précise mais beaucoup d’ouvertures. Il y est dit clairement que l’on veut tout faire pour éviter la guerre. Mais Mussolini refuse de la prendre en considération et décide même de ne pas y répondre53.
Notes de bas de page
1 « Le président Roosevelt concluait son message en réaffirmant la possibilité pour l’Italie et les États-Unis, en tant que nations neutres, d’exercer une profonde influence sur les événements du monde et sur le rétablissement d’une paix équitable aussitôt que les circonstances laisseront entrevoir la possibilité de négociations », écrit Ciano à la fin du compte rendu de l’entretien entre le Duce, l’ambassadeur américain et lui. Dans Ciano Galeazzo, Les Archives secrètes du comte Ciano, op. cit., p. 369.
2 Exprimée par le président James Monroe en 1823, la doctrine qui porte son nom exclut toute intervention des puissances européennes dans les affaires du continent américain. Mussolini écrit dans sa réponse : « Quant aux répercussions qu’un élargissement des fronts de guerre pourraient avoir sur l’Amérique, je fais observer que l’Italie ne s’est jamais occupée des relations des Républiques américaines entre elles et avec les États-Unis, respectant ainsi la doctrine Monroe, et je pourrais demander la réciproque pour ce qui concerne les affaires européennes […]. » Dans Martelli Manfredi, Mussolini e l’America. Le relazioni italo-statunitensi dal 1922 al 1941, Mursia, coll. « Testimonianze fra cronaca e storia », Milan, 2006, p. 307.
3 Dans cette lettre, Mussolini précise : « Nous avons appelé la classe 1915 sous les drapeaux pour le 15 mai. D’autres classes seront appelées successivement, de façon que deux millions d’hommes soient prêts pour le combat au cours de l’été. » Dans Les Lettres secrètes échangées par Hitler et Mussolini, op. cit., p. 64.
4 Discours tenu à la Chambre le 27 avril. Après acclamation des députés, le texte du discours, de ton plutôt antioccidental, est apposé sur les mairies des communes italiennes.
5 Allusion au discours tenu par Grandi à l’ambassade d’Italie à Londres à la suite de la signature du pacte d’Acier (22 mai 1939). Sur ordre du Duce, il tient un discours antioccidental et surtout antifrançais, en présence de l’ambassadeur allemand Herbert von Dirksen.
6 Manlio Morgagni est le directeur de l’agence Stefani depuis 1924. Elle est la grande agence de presse italienne, fondée en 1853 par Guglielmo Stefani.
7 Depuis le 1er mai, les troupes alliées entreprennent l’évacuation d’Ålesund, Åndalsnes, Namsos afin de concentrer leurs efforts autour de Narvik.
8 Le ton du discours du Premier ministre n’est certes pas claironnant mais ne sombre tout de même pas dans le seul pessimisme : « Il est bien trop tôt pour dresser le bilan de l’affaire norvégienne car ce n’est qu’un épisode de la campagne qui s’achève à présent. » Dans Kersaudy François, Winston Churchill. Le pouvoir de l’imagination, Tallandier, coll. « Biographie », Paris, 2002, p. 354. Néanmoins, Chamberlain est obligé d’accepter un débat aux Communes sur la campagne de Norvège pour le 7 mai.
9 Guelfo Zamboni est conseiller d’ambassade à Berlin.
10 Commandant des 4e et 5e escadres aériennes.
11 Mais Hitler n’annonce cependant pas à son allié l’imminence de l’offensive allemande à l’ouest. Dans I documenti diplomatici italiani, nona serie (1939-1943), vol. IV (9 aprile – 10 giugnio 1940), op. cit., doc. no 290, p. 234-236.
12 Surnom donné au monument à Victor-Emmanuel II, inauguré en 1911 sur le flanc nord du Capitole lors des célébrations du 50e anniversaire de l’unité italienne. Abritant depuis 1921 la tombe du Soldat inconnu, le régime fasciste y commémore la proclamation de l’Empire le 9 mai 1936.
13 En français dans le texte.
14 Mackensen reçoit à 3 h 30 du matin la note qui sera remise aux gouvernements belge, néerlandais et luxembourgeois annonçant l’entrée des troupes allemandes dans ces trois pays sous prétexte de prévenir une attaque franco-britannique. Dans Les Archives secrètes de la Wilhelmstrasse. IX : Les années de guerre. Livre I (18 mars – 10 mai 1940), op. cit., doc. no 204, p. 356-357.
15 À 5 h 30, les troupes allemandes lancent une puissante offensive contre les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France. Hitler indique à Mussolini : « Je vous tiendrai renseigné sur le déroulement des opérations et vous serez en mesure d’envisager en toute liberté les décisions que vous jugerez à propos de prendre dans l’intérêt de votre peuple. » Dans Ibid., doc. no 211, p. 363.
16 De tout cœur. En latin dans le texte.
17 Edda Ciano, fille du Duce et épouse du comte.
18 « Je pense que, pour l’Italie aussi, le temps presse, et je vous suis profondément reconnaissant de la promesse que vous m’avez faite de me tenir informé du développement des opérations, de façon que je puisse prendre mes décisions en connaissance de cause. » Dans Les Lettres secrètes échangées par Hitler et Mussolini, op. cit., p. 65-66.
19 Festival d’opéra créé à Florence en 1933.
20 Le premier jour de l’offensive est marqué par la traversée du canal Albert par les troupes allemandes et par la prise du fort d’Ében-Émael. Aux Pays-Bas, les parachutistes allemands prennent les ponts sur la Meuse et l’aéroport proche de Rotterdam.
21 Winston Churchill est Premier lord de l’Amirauté au début de la guerre, poste déjà occupé entre 1911 et 1915. Sur Churchill, voir Bédarida François, Churchill, Paris, Fayard, 1999 ; Kersaudy François, Winston Churchill, op. cit.
22 Les échecs des Alliés en Norvège ont sérieusement affaibli la position politique de Neville Chamberlain. Les 7 et 8 mai, le débat aux Communes est houleux. Au moment du vote, 60 députés conservateurs s’abstiennent alors que 41 votent contre le cabinet. Le crédit du Premier ministre est largement atteint. Malgré l’annonce de l’attaque allemande sur le front de l’Ouest et quelques hésitations de Chamberlain qui envisage un temps de former un gouvernement d’union nationale, idée repoussée par les travaillistes, celui-ci porte sa démission au roi Georges VI. Le 10 mai à 18 heures, le souverain nomme Churchill, alors Premier lord de l’Amirauté, au poste de Premier ministre.
23 Le 10 mai, Pie XII a adressé au roi Léopold III de Belgique, à la reine Wilhelmine des Pays-Bas et à la grande duchesse du Luxembourg un message de sympathie. Il écrit au roi des Belges : « Au moment où, pour la seconde fois, contre sa volonté et son droit, le peuple belge voit son territoire exposé aux cruautés de la guerre, profondément ému, Nous envoyons à Votre Majesté et à toute cette nation si aimée l’assurance de Notre paternelle affection ; et en priant Dieu pour que cette dure épreuve s’achève par le rétablissement de la pleine liberté et de l’indépendance de la Belgique, Nous accordons de tout cœur à Votre Majesté et à son peuple Notre Bénédiction apostolique. » Dans Blet Pierre, Schneider Burkhart, Martini Angelo, Graham Robert Andrew (dir.), Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale. 4 : Le Saint-Siège et la guerre en Europe (mars 1939 – août 1940), Libreria editrice vaticana, Vatican, 1967, doc. no 301, p. 444.
24 L’offensive allemande progresse nettement aux Pays-Bas et en Belgique. Rotterdam et Liège sont prises le 12 mai alors que la 7e armée française se replie vers Anvers. Le lendemain, le front français est percé à Sedan, des unités allemandes, en particulier la 7e division blindée du général Rommel, franchissent la Meuse et établissent des têtes de pont à Dinant et Sedan. La situation apparaît tellement désespérée aux Pays-Bas que la reine Wilhelmine et son gouvernement prennent la décision d’abandonner le territoire néerlandais pour la Grande-Bretagne. Sur l’attitude de Ciano en ces moments dramatiques, Anfuso écrit : « Ciano connaissait trop le monde, son beau-père et le dictateur, pour ne pas se rendre compte que balbutier quelques réserves, à ce moment, eût été s’exposer à recevoir en pleine poitrine le réquisitoire qui condamnait les partisans de la neutralité, les généraux et même les ennemis du Fascisme. Il fit comme ces gamins accusés d’avoir jeté des pierres ou même soupçonnés de l’avoir fait à l’instant, et qui s’en vont les mains ouvertes sur la poitrine au milieu des grandes personnes menaçantes et l’air courroucé. » Dans Anfuso Filippo, Du palais de Venise au lac de Garde, op. cit., p. 118.
25 « Le comte Ciano ne me contredisait pas ; il ne contestait rien ; il jugeait toute discussion superflue ; il me laissait entendre que le rapport en question répondait surtout à une intention politique et que, sur ce terrain, il n’était pas maître d’intervenir dans le jeu du Duce. » Dans Kaspi André (dir.), Documents diplomatiques français. 1940. Tome I (1er janvier – 10 juillet), op. cit., doc. no 280, p. 628.
26 Selon le Statuto (constitution) accordé par le roi Charles-Albert de Piémont-Sardaigne en 1848 et qui devient la constitution officielle du royaume d’Italie en 1861, le commandement des forces armées revient au roi. En 1940, Mussolini demande d’en assurer lui-même la direction.
27 Roosevelt écrit : « Forces de destruction, forces qui nient Dieu, forces qui tentent de dominer l’humanité plus par la terreur que par la raison, il semble qu’en ce moment, elles étendent leurs conquêtes contre cent millions d’êtres humains dont le seul désir est la paix. Vous, que le grand peuple italien appelle son Condottiere, avez dans vos mains la possibilité d’arrêter l’extension de cette guerre à un autre groupe de deux cents millions d’âmes dans le secteur méditerranéen. » Dans I documenti diplomatici italiani, nona serie (1939-1943), vol. IV (9 aprile – 10 giugnio 1940), op. cit., doc. no 415, p. 349.
28 La percée à Sedan s’est effectuée au nord de la ligne Maginot.
29 Churchill écrit en particulier : « Maintenant que j’assume la charge de Premier ministre et de ministre de la Défense, je me remémore nos rencontres de Rome [NDA : allusion à la visite de Churchill à Rome en janvier 1927] et j’éprouve le désir de vous adresser des paroles de bonne volonté à vous, le Chef de la Nation italienne, par-dessus un abîme qui semble s’élargir rapidement. Est-il trop tard pour empêcher un fleuve de sang de couler entre les peuples britannique et italien ? […] Je vous prie de croire que ce n’est nullement dans un esprit de faiblesse ou de crainte que je vous adresse cette solennelle objurgation, qui restera dans les archives de l’histoire. À travers les âges, dominant toutes les autres, retentit la grande voix qui proclame que les héritiers conjoints de la civilisation latine et chrétienne ne doivent pas s’affronter dans une lutte mortelle. Entendez-la, je vous en adjure en tout honneur et respect, avant que le funeste signal soit donné. Il ne sera jamais donné par nous. » Dans Churchill Winston, La Deuxième Guerre mondiale. II : L’heure tragique. 1 : La chute de la France. Maidécembre 1940, Plon, Paris, 1949, p. 126-127.
30 Des militants fascistes ont molesté des vendeurs mais également des acheteurs du journal officiel du Saint-Siège.
31 Le 19 mai, lors d’un entretien avec le substitut à la Secrétairerie d’État, Monseigneur Tardini, l’ambassadeur Attolico reconnaît que L’Osservatore Romano est pratiquement interdit à la vente en Italie car sa ligne éditoriale est en contradiction avec la politique du gouvernement italien. Dans Blet Pierre, Schneider Burkhart, Martini Angelo, Graham Robert Andrew (dir.), Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la Seconde Guerre mondiale. 4 : Le Saint-Siège et la guerre en Europe (mars 1939 – août 1940), op. cit., note 3, p. 463.
32 Mussolini rappelle entre autres la politique britannique lors de la crise éthiopienne : « Sans remonter très loin dans le passé, je vous rappelle l’initiative qu’a prise en 1935 votre gouvernement d’organiser à Genève des sanctions contre l’Italie, alors que celle-ci cherchait à s’assurer une modeste place au soleil africain, sans causer le moindre préjudice à vos intérêts et territoires, ni à ceux d’autres puissances. Je vous rappelle aussi l’état de servitude réelle et effective où l’Italie se trouve dans sa propre mer. » Dans Churchill Winston, La Deuxième Guerre mondiale. II : L’heure tragique. 1 : La chute de la France. Mai-décembre 1940, op. cit., p. 127.
33 L’attaché d’ambassade italien à Berlin, Michele Lanza, est cependant critique vis-à-vis du changement de ton de Ciano. Le 20 mai, il note dans son Journal : « Le discours que fait Ciano, à Milan, semble indiquer clairement nos intentions. C’est pourtant le même Ciano qui a prononcé un tout autre discours voici seulement six mois… » Dans Simoni Leonardo, Berlin, ambassade d’Italie, op. cit., p. 137.
34 À la date du 20 mai, la situation des Alliés s’est singulièrement dégradée. Le 16, Gamelin ordonne un repli des troupes avancées en Belgique. Le 18, les Allemands passent l’Oise. Le 19, Cambrai et Péronne tombent. Le 20, c’est le tour d’Amiens et d’Abbeville. Des unités allemandes atteignent la Manche à l’embouchure de la Somme, coupant en deux l’armée française et isolant les forces anglo-françaises qui se replient depuis la Belgique.
35 Commandant la 9e armée en remplacement du général Corap, le général Henri Giraud est fait prisonnier le 19 mai à Wassigny. Le même jour, le général Gamelin est remplacé à la tête des armées françaises par le général Maxime Weygand.
36 Dans ses Mémoires, Grandi rapporte l’entretien comme suit : « […] Je lui demande des nouvelles de la situation et le prie d’être franc avec moi. Il me répond que la situation est indéniablement délicate et grave, la défaite française inévitable, me confirme les bruits venus de Londres selon lesquels l’Angleterre exclurait l’éventualité d’une paix prochaine. » À propos de Mussolini, Ciano explique : « Il s’enferme dans un mutisme absolu. Je ne parviens plus à lui tirer une parole de la bouche. […] La tentation est grande, grande vis-à-vis de sa jalousie envers Hitler. Il enrage à l’idée que les Allemands soient aussi puissants, aussi forts mais il est désormais trop tard pour sa guerre. Il vaincra, du moins je l’espère, cette tentation comme il l’a vaincue le 1er septembre. Le problème est ce qui se passera ensuite entre les Allemands et nous. » Dans Grandi Dino, Il mio paese, op. cit., p. 583-584.
37 « En Albanie, Galeazzo a un air bonasse et hospitalier du maître de maison. Il se montre ravi de sa “possession” », note Bottai dans son Journal. Dans Bottai Giuseppe, Diario, op. cit., p. 191.
38 Le Kosovo est une région de Serbie peuplée très majoritairement d’Albanais. La Ciamuria est une région de l’Épire.
39 Un rapport sur l’opinion publique à Rome le 17 mai 1940 indique : « Les succès allemands ont fait réfléchir beaucoup de personnes […]. Personne ne doute plus que l’action finale italo-allemande conduirait à la victoire. On perçoit un mouvement progressif d’orientation vers la nécessité de notre entrée en guerre. » Dans Colarizi Simona, L’opinione degli italiani sotto il regime. 1929-1943, Laterza, coll. « Biblioteca universale Laterza », Bari, 2000, p. 337. Le 19 mai, Giuseppe Bottai note dans son Journal : « Les gens s’orientent vers la guerre aux côtés des Allemands victorieux. Une guerre d’intérêt mais certainement pas une alliance de cœur. » Dans Bottai Giuseppe, Diario, op. cit., p. 191.
40 Dans cette missive, le Führer juge les divers adversaires de l’armée allemande : « Les Hollandais : ils ont opposé une résistance beaucoup plus forte que nous l’escomptions. Beaucoup de leurs unités se sont très courageusement battues. Cependant, ils n’avaient ni l’entraînement approprié, ni l’expérience de la guerre. C’est pourquoi ils ont pu généralement être dominés par des forces allemandes souvent numériquement très inférieures. Les Belges : le soldat belge s’est en général aussi battu très bravement. Son expérience de la guerre est plus grande que celle du Hollandais. Au début, sa ténacité était stupéfiante. Elle décroît maintenant visiblement depuis qu’il se rend compte que sa fonction consiste essentiellement à couvrir la retraite britannique. Les Britanniques : le soldat britannique a conservé les caractéristiques qui étaient les siennes pendant la Première Guerre mondiale. Très brave et tenace dans la défense, malhabile dans l’attaque, misérablement commandé. Les armes et les équipements sont de premier ordre, l’organisation d’ensemble est mauvaise. Les Français : des différences très marquées apparaissent chez les Français lorsque l’on évalue leurs capacités militaires. Des unités très mauvaises coudoient des unités excellentes. Dans l’ensemble, la différence entre divisions d’active et divisions de réserve est extraordinaire […]. » Dans I documenti diplomatici italiani, nona serie (1939-1943), vol. IV (9 aprile – 10 giugnio 1940), op. cit., doc. no 584, p. 459.
41 Allusion à la poche qui s’est formée le 24 mai et qui se referme dans la région de Dunkerque.
42 Roosevelt propose que Mussolini fasse connaître les désirs et aspirations italiens afin qu’il les porte à la connaissance des gouvernements britannique et français. Le président américain aurait demandé à la Grande-Bretagne et à la France de s’engager à tenir compte de ces revendications lors de la conférence de paix à laquelle l’Italie aurait été invitée, dans une position égale aux belligérants. En contrepartie, Mussolini devait garantir de ne pas modifier ses exigences et de rester neutre durant toute la durée du conflit. Dans Ciano Galeazzo, Les Archives secrètes du comte Ciano, op. cit., p. 371-372.
43 En français dans le texte.
44 Dans sa relation de l’entretien, l’ambassadeur français ne fait pas d’allusions à ces avances. Dans Kaspi André (dir.), Documents diplomatiques français. 1940. Tome I (1er janvier – 10 juillet), op. cit., doc. no 327, p. 698-701.
45 Le 26 mai, le roi Léopold III demande au général Desrousseaux de prendre contact avec le général Reichenau afin de connaître les conditions allemandes pour une cessation des combats. Hitler exige une capitulation. Elle est signée le 28 à 0 h 20.
46 Mussolini déclare devant les principaux chefs militaires : « La situation actuelle ne permet pas de nouveaux atermoiements, sinon nous courrons des risques plus importants que ceux qu’aurait provoqué une intervention prématurée. D’autre part, selon moi, la situation est définitive en ce qui concerne les soi-disant Alliés. […] Aujourd’hui naît le Haut-Commandement qui, de jure, sera rendu effectif lorsque Sa Majesté le Roi me donnera le document me confiant le commandement des forces armées. » Dans Mussolini Benito, Opera omnia. XXIX, op. cit., p. 397-398.
47 Dans ses Mémoires, Badoglio rapporte un dialogue qu’il eut avec Mussolini le 26 mai. Après que le maréchal ait souligné les diverses carences des forces armées italiennes, il se serait entendu répondre : « Je vous affirme que tout sera fini en septembre et que je n’ai besoin que de quelques milliers de morts pour m’asseoir à la table de la paix en qualité de belligérant. » Dans Badoglio Pietro, L’Italia nella seconda guerra mondiale. Memorie e documenti, Milan, Mondadori, 1946, p. 37.
48 Le 29 mai, dans son Journal, Goebbels écrit à propos de l’entrée en guerre de l’Italie : « Ciano est un facteur de retardement. Semble aussi être un peu tombé en disgrâce. Mais on dit que l’entrée en guerre ne fait plus de doute. Reste à savoir quand. » Dans Goebbels Joseph, Journal. 1939-1942, op. cit., p. 146.
49 « J’ai retardé de plusieurs jours ma réponse parce que je voulais vous annoncer ma décision d’entrer dans le conflit le 5 juin. Si, pour mieux coordonner mes mouvements avec les vôtres, vous jugez que je devrais retarder ce geste d’un jour ou de deux, faites-le-moi savoir. Mais le peuple italien est indiscutablement impatient de prendre les armes aux côtés du peuple allemand dans la lutte contre nos ennemis communs. » Dans Les Lettres secrètes échangées par Hitler et Mussolini, op. cit., p. 67.
50 Il s’agit de Sidi Ahmed Pacha, en poste à Rome depuis février 1940.
51 Dans cette note, Roosevelt souligne qu’une extension de la guerre en Méditerranée ne manquerait pas de toucher les intérêts des États-Unis.
52 Le compte rendu allemand de l’entrevue entre Hitler et l’ambassadeur italien détaille le zèle dithyrambique de celui-ci : « L’ambassadeur Alfieri dit son admiration devant ce prodigieux résultat. Les Anglais et les Français ne l’avaient pas volé ! Ceux-ci étaient devenus injustement les maîtres de l’Europe intellectuelle et les Anglais avaient acquis, d’une manière tout aussi injuste, une position prédominante dans le domaine économique ; ceux qui les vaincraient tous deux obtiendraient aussi, par là, la victoire en Europe et dans la plus grande partie du monde. L’ambassadeur exprima une nouvelle fois son admiration devant le prodigieux génie du Führer. Animé de l’imagination créatrice la plus grande, Adolf Hitler avait élaboré ce puissant plan de campagne jusque dans ses moindres détails, par la suite il avait dirigé, en esprit réaliste, la marche du combat et l’avait mené jusqu’à la victoire finale. Ces problèmes que la paix allait maintenant poser, il n’aurait, certes, aucun mal à les résoudre, en collaboration avec son amie, l’Italie. » Dans Hillgruber Andreas, Les Entretiens secrets de Hitler, op. cit., p. 134.
53 Depuis le remaniement du gouvernement Reynaud le 19 mai, Édouard Daladier est ministre des Affaires étrangères. Malgré le refus britannique de s’associer à sa démarche, Daladier prépare une note dans laquelle il propose à Mussolini d’entamer des négociations sur les litiges en cours. La note française envisage la cession de Djibouti, une rectification de la frontière entre la Tunisie et la Libye, une cession de territoires entre la Libye et la côte congolaise. En cas de refus de cette dernière proposition est envisagée une réforme du statut de la Tunisie afin d’assurer une association franco-italienne pour le protectorat de la Tunisie. Dans Reynaud Paul, La France a sauvé l’Europe. II, op. cit., p. 210. De plus, la note en appelle à l’histoire et à la civilisation : « Il est temps encore d’éviter entre nous le pire, c’est-à-dire l’abolition de notre passé commun et la ruine de notre civilisation commune. » Dans Guariglia Raffaele, La Diplomatie difficile, op. cit., p. 157. On connaît la réponse du Duce.
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