Août
p. 43-50
Texte intégral
122 août. Pour ma vanité d’écrivain, je prie, si un jour on donne publicité à ces notes, de tenir compte qu’elles ont été jetées sur le papier, par morceaux, entre une audience et un coup de téléphone. J’ai dû et voulu tordre le cou à la littérature et je me suis limité à prendre des notes syncopées des événements dont je suis, tour à tour, acteur, auteur ou spectateur. L’intérêt surgira des faits et non de la rédaction empressée.
223 août. À partir d’aujourd’hui, j’entends reprendre le Journal avec régularité. Le Duce m’a dit que, pour les Slaves, la démocratie est comme l’alcool pour les Nègres. D’abord une décomposition totale, puis la nécessité d’un régime d’exception suite à de forts mouvements révolutionnaires.
3Ingram1 a fait une démarche amicale au sujet des torpillages en Méditerranée2. J’ai répondu avec un toupet effronté. Il s’en est allé presque content3.
4Les Chinois veulent des avions pour Shanghai. J’ai pratiquement répondu par la négative. J’ai rappelé leur attitude durant les sanctions et également après. Maintenant, ils ne peuvent pas compter sur notre sympathie4.
524 août. J’ai emmené Suvich5 voir le Duce. Le rapport sur sa mission à Washington a été banal et prolixe : la prolixité est une fréquente caractéristique vénète6.
6Bocchini7 m’a parlé de questions variées et de son prochain voyage en Allemagne. Je lui ai donné des instructions pour le voyage du Duce. Rien de nouveau à propos de la situation intérieure.
7J’ai reçu Medici8 au sujet de sa querelle avec Balbo9-Colonna. J’ai conseillé le calme le plus absolu. Il ne doit pas créer, même en ayant raison, des ennuis au Chef !
8Je décide l’envoi de Montecuccoli10 en Chine. Bonne situation en Espagne. L’offensive continue victorieusement. J’ai télégraphié de couper l’eau à Santander pour en hâter la reddition qui est désormais prochaine. Peut-être demain.
9Starace11 m’a téléphoné furieux contre Badoglio12 à cause de phrases dites au fédéral d’Asti. Phrases de critiques à propos de l’entreprise espagnole et personnellement contre moi et Russo13.
1025 août. Santander est tombée aujourd’hui sous les coups de nos légionnaires. J’ai annoncé la nouvelle au Duce à l’aéroport pendant que nous attendions les aviateurs de la course Damas-Paris. Il en a été heureux. Il m’a dit qu’on attendait une bonne nouvelle de moi aujourd’hui. Grande victoire que celle de ce jour. Je crois que les prisonniers dépasseront les 50 000. Je repense aux journées de Guadalajara14. Beaucoup commençaient à trembler. Nous en avons parlé avec Russo. Nous nous faisions des cheveux blancs tous les deux mais nous avions la foi.
11J’ai persuadé le Duce de donner 60 millions en quatre ans à l’Albanie, pour divers travaux. Mon voyage à Tirana m’a convaincu de la nécessité de prendre très sérieusement soin de ce secteur. Il est nécessaire de créer des centres stables d’intérêts italiens. On ne sait pas ce que l’avenir peut réserver. Nous devons être prêts à saisir les occasions qui se présenteront. Nous, nous ne nous retirerons pas comme en 192015. Dans le Midi, nous avons absorbé quelques centaines de milliers d’Albanais. Pourquoi n’en ferait-on pas autant, sur l’autre bord de l’Adriatique ?
12J’ai lu, à la mer16, un chapitre sur la paix d’Amiens17. C’est très intéressant à la veille de mes négociations avec la Grande-Bretagne. Cela pousse à réfléchir sur beaucoup d’analogies.
1326 août. La victoire de Santander a pris de grandes proportions. Ce n’est pas le début de la fin, encore lointaine, mais c’est un coup dur pour l’Espagne rouge. J’ai donné l’ordre de bombarder Valence cette nuit avec les avions de Palma18. Il est nécessaire d’utiliser ce moment pour terroriser l’ennemi. Le Duce m’a dit qu’il fera payer aux défaitistes de Guadalajara. C’est une allusion à Balbo. Mais il lui pardonnera ou, comme d’habitude, il laissera courir.
14Russo m’a envoyé une belle lettre au nom de la Milice19 avec de la reconnaissance pour mon travail et ma défense durant les heures grises. Je lui ai répondu par un autographe.
15Échange de télégrammes entre moi et Bastico20. Reçu Federzoni21 de retour d’Amérique. Le récit du voyage a été personnel et banal.
1627 août. J’ai téléphoné à Bastico pour qu’il nous obtienne, avec politesse, des drapeaux et des canons pris aux Basques. J’envie la galerie des Invalides aux Français et le musée militaire aux Allemands. Aucun tableau ne vaut un drapeau pris à l’ennemi.
17Ingram m’a annoncé un retard concernant le retour de Drummond22, jusqu’au début des discussions (sur lesquelles existent désormais beaucoup de doutes). Je lui ai conseillé de faire savoir à la presse que le retard est causé par la mort de son frère. Sinon, on aura les spéculations habituelles23.
18J’ai promis à Hotta24 que nous ne fournirons pas d’armes à la Chine et faciliterons les requêtes japonaises. Je prépare personnellement la visite du Duce en Allemagne. J’ai recommandé à Starace, Alfieri25 et Sebastiani26 le choix des personnes de la suite, et de porter une attention particulière aux uniformes. Nous devons apparaître plus prussiens qu’eux.
1928 août. Filippo27 est revenu de Bled28 où il a remis à Stoyadinovitch29 la preuve photographique de la conjuration franco-tchèque contre lui. Il ira au sommet de la Petite Entente30 avec les yeux injectés de sang. Le coup est réussi.
20Le Duce est allé à Riccione31. J’ai vu Cupini32 de retour de la victoire aérienne de Paris. Il m’a demandé un commandement en Espagne et je l’ai tout de suite satisfait.
21Conde33 proteste contre l’obstruction de la marine au sujet de la cession de deux avions de chasse et de deux sous-marins. J’ai brisé la résistance légaliste de nos marins par une grande engueulade téléphonique à Cavagnari34. Le Duce a approuvé. Cette entreprise en Espagne trouve la constante opposition de la marine qui fait de la résistance passive. L’aviation, par contre, est excellente. L’armée la fait avec régularité et la Milice avec élan. Mais, au fond, le Duce et moi en sommes les seuls responsables et ceux qui en ont le mérite. Un jour, on reconnaîtra qu’il est grand.
2229 août. Dimanche à Rome. Pluie, hôtel, solitude ; un livre. J’ai eu l’impression (renforcée par la vie à l’hôtel) d’être retourné dix ans en arrière : dimanche de célibataire. Je n’en avais pas la nostalgie.
2330 août. Anniversaire de Papa à qui j’ai téléphoné mes vœux. Que Dieu le garde longtemps.
24On décide l’envoi au maximum de 5 000 hommes en Espagne, indispensables pour maintenir les formations actuelles. Je crains que la réaction européenne soit très forte. Ainsi, les tractations avec Londres courront un sérieux risque35.
25Ce matin, Rosso36 m’a dit que les Soviets veulent décrocher d’Espagne à cause de la situation chinoise et qu’ils réduiraient au minimum leur aide. Ce serait un grand avantage.
26Russo et Pariani37 sont convoqués pour la mobilisation des volontaires.
27Je reçois Revel38 au sujet de la question albanaise. Il m’a donné également les fonds pour la construction de notre légation. Notre représentation à Tirana doit également marquer notre prédominance. Quelque chose de comparable au Haut Commissariat britannique en Égypte.
28J’ai vu Stein39 en partance pour Genève40. Je lui ai confirmé nos points de vue et je lui ai fait quelques minces sourires. Il convient, à la veille d’une possible reconnaissance de l’Empire, d’alimenter l’espérance russe par un affaiblissement de l’Axe. Le voyage du Duce étouffera toutes leurs illusions un peu plus tard.
2931 août. Je suis heureux du retour du Duce à Rome. C’est plus que nécessaire en ce moment.
30Le blocus naval donne des résultats très notables : quatre bateaux à vapeur russes ou rouges au fond, un grec capturé, un espagnol canonné et contraint de se réfugier dans un port français.
31Déjeuner à la mer avec Revel et avec le Prince41 qui avait demandé ma présence. Très aimable comme toujours depuis quelque temps, mais conversation pâle, décousue et monotone.
32Medici m’a dit, ce matin, qu’il lui a parlé clairement sur le compte de Balbo en lui ouvrant les yeux sur l’incertain loyalisme monarchique du Ferrarais. Inversement, il lui aurait exalté le mien et le Prince en aurait été d’accord.
33À propos de Balbo, Bastianini42 m’a raconté une conversation qu’il aurait eue avec lui à Tripoli. En bref, il lui aurait fait profession d’affection et de foi envers moi. Il parlait aussi au nom de ses amis. Timeo Danaos43. Mais que peuvent signifier ces déclarations ? Les serments de fidélité se font au Chef : ceux faits entre camarades ont un goût de complot. Je réfute ceci avec la plus grande énergie.
34Visite de Ricci44 dont la direction des Balilla45 approche justement de sa fin. Le Duce me l’a dit de retour des manœuvres. Visite de Bottai46 pour une prise de contact.
35Magistrati47 m’a communiqué le programme définitif de la visite du Duce en Allemagne. Événement grandiose. Tout est pour le mieux et le projet de communiqué à la presse est excellent.
36Ce soir, j’irai à Viareggio en train. Demain, fête de Deda48, visite aux enfants et aux miens.
Notes de bas de page
1 Edward Ingram, après avoir été chargé d’affaires en Allemagne en 1926 et en Chine en 1934, est chargé d’affaires à l’ambassade de Grande-Bretagne à Rome depuis 1935.
2 Les sous-marins italiens patrouillent en Méditerranée et empêchent dans la mesure du possible tout ravitaillement de l’Espagne républicaine, quitte à torpiller les navires d’autres pays. La seconde moitié du mois d’août 1937 est particulièrement intense sur ce plan. Entre 25 et 30 navires sont attaqués et d’autres sont arraisonnés, tels les navires britanniques le Thorpe Bay et le British Corporal. Ces actions sont toujours niées avec véhémence par le gouvernement italien. Sur les implications internationales de la guerre d’Espagne, voir Berdah Jean-François, La Démocratie assassinée. La République espagnole et les grandes puissances. 1931-1939, Berg international, coll. « Écritures de l’histoire », Paris, 2000.
3 Dans sa relation écrite de l’entretien, Ciano écrit : « Monsieur Ingram tenait à me dire que le gouvernement anglais ne voulait pas, à travers sa communication, élever la moindre protestation envers nous. Il souhaitait seulement faire savoir son vif désir que la bonne atmosphère existant entre la Grande-Bretagne et l’Italie ne soit pas perturbée par d’imprévisibles complications. […] En ce qui concerne les incidents rapportés par Ingram, je n’étais pas en mesure de lui fournir aucune explication. » Dans I documenti diplomatici italiani, ottava serie (1935-1939), vol. VII (1 luglio – 31 dicembre 1937), Libreria dello Stato / Istituto poligrafico dello Stato, Rome, 1998, doc. no 237, p. 285. Dans son rapport à Anthony Eden, Ingram écrit : « Le comte Ciano commença par me dire qu’il appréciait la tenue de mes observations et qu’il était d’accord pour désirer que rien ne vienne troubler la présente atmosphère. » Dans Documents on British Foreign Policy. 1919-1939, Second Series, vol. XIX, European Affairs (July 1, 1937 – August 4, 1938), His Majesty’s Stationery Office, Londres, 1982, doc. no 100, p. 187.
4 Depuis l’incident du pont Marco-Polo, près de Pékin, le 7 juillet 1937, les troupes japonaises se sont lancées à l’assaut de la Chine. Les autorités de la Chine nationaliste cherchent des soutiens extérieurs afin de faire face à l’agression japonaise. Ciano oppose une fin de non-recevoir en rappelant que la Chine a voté à la SDN, le 18 novembre 1935, les sanctions contre l’Italie qui a déclenché la guerre contre l’Éthiopie.
5 Sous-secrétaire d’État aux Finances de novembre 1926 à juillet 1928, Fulvio Suvich devient sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères en juillet 1932, à un moment où Mussolini est titulaire du ministère. Devenu ministre des Affaires étrangères en juin 1936, Ciano le désigne comme ambassadeur à Washington.
6 Né à Trieste en 1887, Suvich n’est pas à proprement parler un Vénète.
7 Né en 1880, Arturo Bocchini est dans l’administration préfectorale avant la Première Guerre mondiale. En 1915, il est nommé à la direction de la 5e division de la Direction générale de la sécurité publique à Rome. De 1923 à 1925, il est successivement préfet à Brescia, Bologne et Gênes. En septembre 1926, il est promu à la direction générale de la sécurité publique. Il est l’un des principaux promoteurs de l’OVRA (sigle traduit traditionnellement par Office de vigilance et de répression de l’antifascisme), composé d’inspecteurs ne dépendant que du Duce et de lui-même. Homme de confiance de Mussolini, il est le grand ordonnateur de la police dans l’Italie fasciste. À partir de 1936, il entreprend une collaboration avec Heinrich Himmler, responsable de la Gestapo dans l’Allemagne nazie. Il meurt à Rome en 1940. Sur Bocchini, voir Carafoli Domizia, Bocchini Padiglione Gustavo, Il viceduce. Arturo Bocchini, capo della polizia fascista, Mursia, coll. « Testimonianze fra cronaca e storia », Milan, 2003.
8 Giacomo Medici del Vascello est sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil du 24 janvier 1935 au 31 octobre 1939. Il s’est querellé avec Italo Balbo, alors gouverneur de Libye, pour des jugements qu’il aurait portés sur ce dernier et rapportés par Aspreno Colonna.
9 Né en 1896, Italo Balbo est dans le milieu journalistique lorsqu’il participe aux manifestations en faveur de l’intervention italienne dans la Grande Guerre. Engagé en mai 1915, il combat sur le mont Grappa. Après la guerre, il est le responsable des squadre fascistes de la région de Ferrare. Il se rend célèbre pour des expéditions punitives contre les rouges de la région émilienne. Organisateur de la marche sur Rome, il est l’un des quadrumvirs avec Michele Bianchi, Emilio De Bono et Cesare Maria De Vecchi. Membre du Grand Conseil fasciste dès décembre 1922, il devient commandant en second de la Milice volontaire pour la sécurité nationale sous les ordres du général De Bono de janvier 1923 à novembre 1924, sous-secrétaire d’État à l’Économie d’octobre 1925 à novembre 1926 puis à l’Aéronautique de novembre 1926 à septembre 1929 avant d’en être le ministre de plein titre de septembre 1929 à novembre 1933. Passionné par ce qui touche à l’aviation et étant lui-même un bon pilote, il veille à la modernisation de l’aviation italienne dont il augmente le prestige par de grands vols transméditerranéens en 1928 et 1929, et surtout transatlantiques, en janvier 1931 jusqu’au Brésil et en juillet 1933 jusqu’aux États-Unis. C’est également sous l’impulsion de Balbo qu’un avion italien, le Macchi Mc 72, bat le record de vitesse sous la conduite de Francesco Agello en 1933 avec 644 km/h. Nommé maréchal de l’Air le 13 août 1933, il est envoyé gouverneur de Libye en janvier 1934, moyen pour Mussolini d’éloigner vers un poste prestigieux un homme qui peut faire ombrage et qui a son franc-parler avec le Duce. Sur Balbo, voir Rochat Giorgio, Italo Balbo, Unione tipografico-editrice torinese, coll. « La vita sociale della nuova Italia » (no 34), Turin, 1986.
10 Le prince de Montecuccoli est le descendant du prince Raimondo Montecuccoli qui entra au service des Habsbourg en 1631 et se distingua à la tête des troupes impériales durant la guerre de Trente Ans, contre les Turcs et pendant la guerre de Hollande.
11 Né en 1889, Achille Starace est officier dans le corps des bersaglieri durant la Première Guerre mondiale. Il fonde le fascio de Trente en 1920 et devient le vice-secrétaire du PNF en novembre 1921. Il est inspecteur du Parti en Sicile en 1922. Élu député en 1924, il est sous-chef d’état-major de la Milice en 1926. Le 7 décembre 1931, il accède au poste de secrétaire général du PNF, en remplacement de Giovanni Giuriati. Enfin, en janvier 1937, il obtient que le secrétaire du Parti ait rang de ministre. Inconditionnel du Duce, il marque profondément le PNF, qui devient progressivement un parti de masse dévoué au culte du chef. Il y a un « style Starace » fait de grandes manifestations, de célébrations, de parades, d’exercices sportifs auxquels les hiérarques sont eux-mêmes astreints. Le secrétaire général a aussi la volonté de transformer les habitudes italiennes jusqu’à vouloir supprimer le lei (vous de politesse) au profit du voi, de remplacer la poignée de main par le salut fasciste. Aussi, le Parti tient une place de plus en plus importante au sein de la société italienne, d’autant plus qu’il contrôle l’ensemble de la jeunesse par la création, en octobre 1937, de la Gioventù italiana del littorio. Mussolini surnomme Starace le chien de garde de la révolution fasciste. Sur Starace, voir Spinoza Antonio, Starace. L’uomo che inventò lo stile fascista, Mondadori, coll. « Le scie », Milan, 2002 ; Festorazzi Roberto, Starace. Il mastino della rivoluzione fascista, Mursia, coll. « Testimonianze fra cronaca e storia », Milan, 2002.
12 Pietro Badoglio est né en 1871. Officier d’artillerie de formation, il participe aux campagnes d’Éthiopie en 1896 et de Libye en 1912. En 1917, il commande le 17e corps d’armée qui flanche sérieusement à Caporetto. Il est néanmoins nommé sous-chef d’état-major. Fait sénateur, il succède au général Diaz à la tête de l’état-major en novembre 1919. Vis-à-vis de la montée en puissance du fascisme, il fait preuve de souplesse même si, en octobre 1922, il fait savoir au président du Conseil, Luigi Facta, qu’il se tient prêt à défendre Rome contre un coup de force fasciste. Rallié au régime, Badoglio est ambassadeur au Brésil en 1923-1924, chef d’état-major général en 1925, maréchal d’Italie en 1927 ; gouverneur de Libye de décembre 1928 à décembre 1934, il réprime avec le général Graziani le soulèvement mené par Omar al-Mukhtar. Le 15 novembre 1935, il succède au général De Bono à la tête des troupes italiennes lors de la campagne d’Éthiopie. Il entre à Addis-Abeba le 5 mai 1936 et est le premier vice-roi d’Éthiopie. Sur Badoglio, voir Pieri Piero, Rochat Giorgio, Pietro Badoglio. Maresciallo d’Italia, Mondadori, coll. « Oscar storia », Milan, 2002.
13 Luigi Russo est chef d’état-major de la Milice du 3 octobre 1935 au 3 novembre 1939 et membre du Grand Conseil du fascisme d’octobre 1935 à octobre 1939.
14 Le 18 mars 1937, à Guadalajara, les troupes italiennes envoyées en Espagne pour soutenir les nationalistes subissent un sérieux revers devant les antifascistes italiens de la brigade Garibaldi. La volonté du régime fasciste d’effacer l’impression laissée par la défaite de Guadalajara est notée par le chargé d’affaires français, Jules-François Blondel, dans son rapport du 30 août : « À n’en pas douter, cette publicité soudaine a été tout d’abord inspirée par une raison d’amour-propre, la vengeance et l’effacement définitif de l’échec de Guadalajara […]. » Dans Documents diplomatiques français. 1932-1939, 2e série (1936-1939), t. 6 (1er juin – 29 septembre 1937), Imprimerie nationale, 1970, doc. no 375, Paris, p. 658-659.
15 En juin 1919, un accord secret italo-grec avait été conclu, permettant un mandat italien sur l’Albanie et l’annexion de Valona. L’annonce de cet accord provoqua une réaction nationaliste albanaise. La garnison italienne de Valona fut assiégée. Giovanni Giolitti, redevenu président du Conseil en juin 1920, préféra jouer la carte de l’apaisement. Le 3 août, un accord italo-albanais aboutissait à l’évacuation du territoire albanais par les troupes italiennes.
16 Ciano profite régulièrement des plages situées au Lido di Ostia, près de Rome.
17 Le 25 mars 1802 est signée la paix d’Amiens entre la France et la Grande-Bretagne. Parmi les clauses du traité, il est prévu que les Britanniques restituent des colonies et évacuent Malte et l’Égypte.
18 Une base accueillant des avions italiens est installée à Palma de Majorque depuis la fin du mois d’août 1936.
19 Officiellement fondée par le décret royal du 14 janvier 1923, la Milice est conçue comme un instrument direct de pouvoir aux mains de Mussolini car elle ne dépend que de lui, comme l’indique l’article 2 de ses statuts : « La Milice pour la sécurité nationale est au service de Dieu, de la Patrie italienne, et aux ordres directs du Chef du gouvernement. » En fait, son rôle politique est peu défini, si ce n’est sa participation au maintien de l’ordre. Le 4 août 1924, la Milice devient une institution d’État, ce qui implique une prestation de serment au roi et une ambiguïté sur son véritable statut, entre service du Duce et service de la Couronne. Des unités de la Milice combattent en Éthiopie, en Espagne et durant la Seconde Guerre mondiale. Ses effectifs ne cessent d’augmenter, passant de 220 000 hommes en 1926 à 800 000 en 1939. Dissoute en 1943 à la suite de la chute du régime fasciste, elle se reconstitue au sein de la République sociale italienne sous le nom de Garde nationale républicaine.
20 Le général Ettore Bastico est placé à la tête du corps des volontaires italiens en Espagne le 15 avril 1937. Il prend Santander le 26 août. Rappelé en Italie en octobre, il est promu général de corps d’armée l’année suivante.
21 Luigi Federzoni est un des chefs de file du nationalisme italien. En 1913, il est élu député de Rome. En 1917, il participe à la constitution du Faisceau parlementaire de défense nationale. Rallié à Mussolini et favorable à la fusion des nationalistes dans le PNF, il est ministre des Colonies d’octobre 1922 à juin 1924, puis de l’Intérieur au lendemain de l’assassinat de Matteotti de juin 1924 à novembre 1926, période au cours de laquelle il met en place les lois « fascistissimes » annoncées par Mussolini en janvier 1925 et qui installent définitivement les cadres de la dictature. Il retrouve le portefeuille des Colonies de novembre 1926 à décembre 1928. Nommé sénateur en novembre 1928, il devient président du Sénat en avril 1929, et ce jusqu’en mars 1939. De mars 1938 à juillet 1943, il préside l’Académie royale d’Italie.
22 Sir Eric Drummond, anobli sous le titre de lord Perth, a été secrétaire privé du Premier ministre libéral, Henry Asquith (1908-1916), et du secrétaire au Foreign Office, Arthur James Balfour (1916-1922). Lors de la conférence de la paix de Paris, il est désigné comme secrétaire général de la Société des Nations. En octobre 1933, il est nommé ambassadeur de Grande-Bretagne à Rome. Il succède à sir Ronald Graham, qui était en poste depuis décembre 1921.
23 Ingram a souhaité également obtenir quelques renseignements concernant la future visite de Mussolini en Allemagne et a signalé des opérations de surveillance de l’aéronautique italienne au-dessus de navires britanniques en Méditerranée, ce à quoi Ciano a répondu qu’il ne s’agissait que du service normal de l’aviation italienne. Dans I documenti diplomatici italiani, ottava serie, vol. VII, op. cit., doc. no 252, p. 309.
24 Masaaki Hotta est ambassadeur du Japon à Rome depuis juillet 1937.
25 Né en 1886, Dino Alfieri est proche des milieux nationalistes et est volontaire en 1915. Après guerre, il est réticent face au rapprochement entre les nationalistes et le PNF. Il est cependant élu député en 1924 et se rallie définitivement au régime fasciste. Sous-secrétaire d’État aux Corporations de 1929 à 1932, il organise en 1932 les manifestations de l’Exposition pour les dix ans du régime. Devenu sous-secrétaire d’État à la Presse et à la Propagande en 1935, il succède à Ciano à la tête du ministère de la Presse et de la Propagande, qui devient ministère de la Culture populaire le 27 mai 1937.
26 Oswaldo Sebastiani est le secrétaire particulier de Mussolini depuis le 17 avril 1934.
27 Filippo est le prénom d’Anfuso, chef de cabinet de Ciano. Leurs relations sont amicales : « Ciano était pour moi un camarade de jeunesse plus qu’il n’était mon supérieur. Nous avions fait nos études ensemble ; ensemble nous étions entrés dans la carrière diplomatique. » Dans Anfuso Filippo, Du palais de Venise au lac de Garde, Calmann-Lévy, Paris, 1949, p. 11.
28 Bled est une ville du nord-ouest de la Yougoslavie, en Slovénie.
29 Né en 1888, Milan Stoyadinovitch est député radical puis ministre des Finances de 1922 à 1926. À la suite de la victoire de son parti aux élections de mai 1935, il est nommé président du Conseil yougoslave, le 23 juin, par le régent Paul. Il est favorable à un rapprochement de son pays avec les puissances de l’Axe.
30 La Petite Entente est une alliance entre la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie et la France constituée entre 1924 et 1927. En 1937, elle a perdu de sa force en particulier à cause d’une orientation de la politique yougoslave menée par Stoyadinovitch qui tend à se rapprocher de l’Italie (traité d’amitié du 26 mars 1937) et de l’Allemagne avec laquelle il signe un traité commercial favorable aux intérêts allemands en octobre 1938.
31 Station balnéaire en Émilie-Romagne, en bordure de l’Adriatique, où le Duce a l’habitude de prendre du repos.
32 Samuele Cupini est un des aviateurs italiens victorieux de la course Istres-Damas-Paris. Parmi son équipage se trouve Bruno Mussolini, un des fils du Duce.
33 Pedro García Conde y Menéndez est l’ambassadeur de l’Espagne nationaliste à Rome depuis janvier 1937.
34 L’amiral Domenico Cavagnari est sous-secrétaire d’État à la Marine du 6 novembre 1933 au 8 décembre 1940.
35 L’aide de l’Italie fasciste au général Franco est conséquente. De juillet 1936 à mars 1939, 1 435 pilotes, 4 264 agents d’entretien du matériel d’aviation, 44 629 officiers, sous-officiers et soldats ainsi que 29 646 miliciens sont envoyés en Espagne. D’autre part, 1 801 canons, 1 426 mortiers, 3 436 mitrailleuses, 157 chars légers, 6 791 véhicules, 213 bombardiers, 414 avions de chasse et 68 avions de reconnaissance sont fournis. Dans Coverdale John F., I fascisti italiani alla guerra di Spagna, Laterza, coll. « Storia e società », Rome / Bari, 1977, p. 369-370.
36 Augusto Rosso, après avoir été nommé ambassadeur à Washington en août 1932, est ambassadeur d’Italie à Moscou depuis juin 1936.
37 Le général Alberto Pariani est sous-secrétaire d’État à la Guerre du 7 octobre 1936 au 31 octobre 1939 et chef d’état-major de l’armée du 7 octobre 1936 au 3 novembre 1939.
38 Paolo Thaon di Revel est ministre des Finances depuis le 24 janvier 1935.
39 Boris Stein est ambassadeur d’Union soviétique à Rome depuis 1934.
40 Genève est le siège de la Société des Nations.
41 Il s’agit du prince Humbert de Savoie, fils du roi et héritier de la Couronne.
42 Né en 1899, Giuseppe Bastianini compte parmi les fondateurs des Faisceaux de combat en Ombrie et devient vice-secrétaire du PNF en août 1922. Nommé consul général de la Milice en avril 1923, il dirige jusqu’en novembre 1926 les Faisceaux à l’étranger. Il occupe les fonctions de sous-secrétaire d’État à l’Économie nationale de novembre 1926 à juin 1927. Par la suite, il est ministre plénipotentiaire à Tanger (1927-1928), Lisbonne (1928-1929) et Athènes (1929-1932) avant d’être nommé ambassadeur à Varsovie. Le 11 juin 1936, il devient sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères.
43 « Timeo Danaos et dona ferentes » (« Je crains les Grecs même quand ils font des présents »). Formule que place Virgile dans la bouche du prêtre troyen Laocoon à la vue du cheval de Troie dans l’Énéide, II, 49.
44 Renato Ricci s’engage comme volontaire en 1915 et devient lieutenant des bersaglieri. Il participe à l’expédition de Fiume en septembre 1919. Revenu dans sa ville de Carrare, il forme des squadre contre les ligues des ouvriers des carrières. Il adhère aux Faisceaux de combat en mai 1921. Il est impliqué dans les heurts de Sarzana entre fascistes et forces de l’ordre en juillet 1921, puis dans la répression de la grève des ouvriers de Gênes en août 1922. Consul général de la Milice en 1923, vice-secrétaire du PNF en février-juin 1925 puis de mars 1926 à octobre 1929, il participe à la mise au pas des fascistes locaux en étant commissaire extraordinaire du Parti à Parme en 1925-1926 et à Trieste en 1926. En février 1927, il devient président de l’Opera nazionale fascista ainsi que sous-secrétaire d’État à l’Éducation nationale de septembre 1929 à novembre 1937. Sur Ricci, voir Setta Sandro, Renato Ricci. Dallo squadrismo alla Repubblica sociale italiana, Il Mulino, Bologne, 1986.
45 Les Balilla (surnom de Giovan Battista Perasso, jeune Gênois à l’origine d’une révolte contre les Autrichiens en 1746) sont les formations de jeunesse qui encadrent les garçons âgés de 8 à 13 ans. Sur l’encadrement des enfants dans l’Italie fasciste, voir Gibelli Antonio, Il popolo bambino. Infanzia e nazione dalla Grande Guerra a Salò, Einaudi, coll. « Einaudi storia » (no 1), Turin, 2005.
46 Né en 1895, Giuseppe Bottai collabore au bureau romain du journal de Mussolini, Il Popolo d’Italia, fonde le Faisceau romain en mars 1919 et dirige l’association romaine des Arditi. En 1921, il forme des squadre d’action à Rome. Élu député en 1921, son élection est invalidée à cause de son trop jeune âge ; il est réélu en 1924. À la tête de la revue Critica fascista à partir de 1923, il apparaît vite comme un des dirigeants fascistes les plus ouverts aux questions culturelles. Il est nommé sous-secrétaire d’État aux Corporations de novembre 1926 à octobre 1929, puis ministre jusqu’en juillet 1932. À ce poste, il participe activement à la mise en place du système corporatif fasciste avec la charte du Travail en 1927 et la mise en place du Conseil national des corporations en 1930. Après son départ du ministère des Corporations, il préside l’Institut national fasciste de l’assurance sociale. Gouverneur de Rome en 1935-1936, il est le premier gouverneur civil d’Addis-Abeba avant d’être nommé ministre de l’Éducation nationale en novembre 1936. Sur Bottai, voir Guerri Giordano Bruno, Giuseppe Bottai, fascista, Mondadori, coll. « Le scie », Milan, 1996.
47 Massimo Magistrati débute une carrière de diplomate en 1925. Il est en poste à Pékin, Rio de Janeiro, Genève, Alger. Beau-frère de Galeazzo Ciano par son mariage en 1931 avec la sœur de ce dernier, Maria, il devient conseiller d’ambassade à Berlin en 1934.
48 Surnom d’Edda, fille de Mussolini, que Galeazzo Ciano a épousée le 24 avril 1930.
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