Quand les femmes s'engagent dans la politique nationale : quelques considérations sur la féminisation et la démocratisation du monde politique japonais
p. 175-189
Texte intégral
1En septembre 2013, l'Inter-Parlementary Union plaçait le Japon en 124e position sur 142 pays pour la place des femmes au parlement – Chambre basse et Sénat inclus1 Malgré une légère amélioration enregistrée en 2009-2010, le résultat reste peu encourageant, même s'il traduit imparfaitement la dynamique qui rend les Japonaises beaucoup plus présentes dans le monde politique. Les conditions d'accès de celles-ci au monde politique commencent à être mieux cernées grâce aux nombreux travaux et articles publiés récemment en japonais et en anglais, mais s'arrêter là ne permet pas de mesurer les effets du rôle que ces femmes souhaitent assumer en politique : font-elles quelque chose de cette identité genrée qui leur ouvre ou leur ferme les portes de ce monde encore masculin ? Peuvent-elles ou non changer le monde ainsi qu'elles le proclament pendant leur campagne électorale ?
La lente construction d'un cadre favorable
2L'histoire des femmes japonaises en politique ne commence pas avec la promulgation de la Constitution de 1946, même si, grâce à Mac Arthur (1880-1964), celles-ci se voient enfin accorder le droit de vote et d'éligibilité à des fonctions politiques. L'histoire écrite par les féministes témoigne que depuis les années 1920, plusieurs mouvements de femmes avaient tenté d'obtenir ces droits civiques, tentatives toujours repoussées notamment par le Sénat2. Shidehara Kijûrô (1872-1951), le Premier ministre de l'immédiat après-guerre, avait souhaité reconnaître officiellement le rôle fondamental joué par les femmes pendant la guerre et décidé de leur accorder enfin ces droits. Ce fut cependant la nouvelle Constitution du Japon, promulguée en 1946, qui, en instaurant l'égalité de droits entre les hommes et les femmes donna accès au champ politique à ces dernières. Mais, tout comme ce qui se produisit en France, après la première élection de l'après-guerre où 39 femmes furent élues à la Chambre basse et 10 femmes au Sénat, le nombre de femmes parlementaires demeura à un niveau si bas que les institutions internationales s'en émurent. Actuellement, en 2013, on recense 39 femmes élues à la chambre basse, soit 8,1 % et 39 femmes au Sénat, soit 16,1 %, ces chiffres marquant un recul de la participation des femmes à la vie politique nationale par rapport au parlement précédent (54 femmes élues à la chambre basse, soit 11,25 % et 44 femmes au Sénat, soit 18,2 %).
Les grandes mobilisations pour changer la place des femmes
3Sans surprise, on découvre que le cadre institutionnel mis en place juste après la guerre ne suffit donc pas à transformer ce que les féministes japonaises appellent « une culture politique traditionnellement fondée sur une conception de la femme comme responsable du foyer », ainsi que le rappellent également régulièrement les déclarations de certains politiciens du Parti libéral démocrate (PLD, Jimintô), conservateur. C'est en effet toute une culture qu'il a fallu combattre à coups de lois, de procès judiciaires et médiatiques. Il a fallu la force conjuguée des mouvements de femmes, féministes ou consommatrices, soutenus par quelques figures emblématiques et l'arrivée à des postes clés dans des ministères de femmes (et d'hommes) convaincus de l'importance de défendre la place sociale des femmes pour que les idéaux d'égalité entre hommes et femmes énoncés dans la Constitution puissent enfin commencer d'exercer leurs effets sur le champ politique. Ces soixante années de luttes que les femmes ont menées offrent la particularité d'être le produit de forces apparemment fort différentes, voire antagonistes, avec, d'une part, la mouvance féministe et, d'autre part, des organisations de femmes parlant à partir de l'univers domestique.
4Il est indéniable que les deux vagues féministes survenues avant et après la guerre ont exercé une influence sur la mobilisation des femmes japonaises. La première vague, celle de la mobilisation autour de la question de l'obtention des droits civiques, a marqué les luttes d'avant-guerre, même si, dès les années 1930, enrôlés dans l'effort de guerre, les mouvements de femmes au Japon ont renoncé à poursuivre leurs revendications pour privilégier la coopération avec le gouvernement militariste qui leur offrait ainsi des opportunités d'agir sur la scène publique. La deuxième vague, née notamment de l'influence d'ouvrages tels que celui de Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe3, a contribué à orienter les luttes dans une direction plus radicale, à savoir la poursuite de la disparition de toutes les discriminations sociales qui touchaient les femmes, en vue de construire une société dite en japonais jendâ furi (gender free). Toutefois, si quelques mouvements féministes radicaux ont bien vu le jour et agi notamment en faveur de la liberté sexuelle (contraception, etc.) pendant les années 1960, il semble que peu de retombées politiques s'en soient suivies. Les travaux sur la question s'entendent pour souligner le rôle déterminant joué par la convocation de la première conférence mondiale sur les femmes en 1975. Cette convocation s'inscrivait dans le prolongement des revendications féministes de cette deuxième vague et visait à concrétiser les efforts entrepris dans le monde entier pour donner aux femmes la place qui leur revenait dans un monde où leur nombre croissant et les droits de l'homme (et de la femme) ne pouvaient plus être ignorés. Au Japon, cette convocation permit de mobiliser les femmes sur un mode proche de celui de l'avant-guerre, c'est-à-dire que, dépassant les clivages idéologiques, plus de trente groupes et associations de femmes s'unirent pour répondre à cette convocation en organisant des sessions de travail dès 1974. Cette initiative se transforma en une structure permanente nommée « Groupement de liaison pour l'année internationale des femmes » (Kokusai fujintoshi renrakkai). La même année, une autre association intitulée « Assemblée des femmes en action à l'occasion de l'année internationale des femmes » (Kokusai fujintoshi o kikkake toshite kôdô o okosu joseitachi no kai) fut créée dans un esprit quelque peu différent de la première mais si complémentaire que les deux mouvements se retrouvèrent côte à côte dans les luttes futures des années post-conférence. Le premier mouvement était en fait un réseau d'associations de femmes qui poursuivait des actions de défense des femmes sans remettre en cause le système libéral existant, alors que le deuxième était composé de femmes mobilisées à titre individuel et dont la position plus radicale visait à supprimer le système patriarcal qui dominait, disaient-elles, la société. Ainsi ce souci de fédération des forces en dépassant les partages idéologiques, de solidarité « féminine », traduit une certaine continuité avec la stratégie qui avait déjà été adoptée lors des luttes d'avant-guerre, continuité marquée également par les personnes. À l'initiative de la formation de ces deux mouvements, on retrouve effectivement la même figure symbolique des mouvements féministes du xxe siècle, Ichikawa Fusae (1893-1981), qui, après avoir subi une période d'exclusion de la scène publique en raison de sa collaboration avec le système militariste, avait été élue députée lors des élections législatives de 1953.
Le nouveau cadre
5Ces forces collectives et individuelles s'engagèrent, à partir de 1975, dans de nombreuses actions pour que les déclarations faites lors des conférences internationales (la première de 1975 fut suivie d'une deuxième en 1980, puis en 1985) soient suivies d'effets sur la situation des femmes japonaises. Ainsi, devinrent-elles de véritables forces de pression pour contraindre le gouvernement à modifier certaines lois4. On peut mentionner notamment leur rôle dans la signature du Traité de lutte contre la discrimination des femmes (Joshi sabetsu teppai jôyaku, 1985), mais aussi leur action en faveur de la révision de la loi sur l'égalité des chances professionnelles entre les hommes et les femmes (Danjo koyô kinkô hô, 1986), autant de lois qui formèrent le cadre dans lequel furent élaborées les mesures destinées à améliorer la place des femmes dans la société japonaise, et que parachève la promulgation de la loi fondamentale pour une société égalitaire (Danjo sankaku shakai kihonhô, 1999) et de la loi concernant le travail de soins aux personnes âgées et aux enfants (Ikuji kyûgyôto ikjui mataha kazoku kaigo o okonau rôdôsha n ofukushi ni kansuru hôritsu, votée en 1995 et entrée en application en avril 1999). Plus encore, leur action obligea le gouvernement à mener rapidement une révision de deux lois au fort pouvoir symbolique, celle du Code de la nationalité (Kokusekihô) et celle de l’état civil (Kosekihô) par laquelle désormais les deux filiations patrilinéaire et matrilinéaire sont reconnues5. Hors du domaine législatif, ce sont aussi un ensemble d'actions dans le domaine éducatif – notamment l'ouverture aux jeunes garçons des cours d'économie ménagère, jusqu'alors réservés aux seules jeunes filles –, dans le domaine des médias – lutte contre le recours aux jeunes filles dans les publicités, contre la prédominance des présentateurs masculins dans les programmes d'information, contre la pornographie, etc. – qui contribuèrent à transformer peu à peu l'image de la femme japonaise et à faire prendre conscience à un plus large public de la discrimination latente dans la société. Ces actions consolidèrent le terrain ouvert par la Constitution et créèrent un contexte favorable à la présence des femmes dans le domaine politique.
L'action au quotidien
6De ces cas de mobilisation pour réaliser les principes énoncés dans la Constitution, il est sorti une habitude pour certaines femmes d'intervenir et de s'exprimer dans une société civile qui semblait avoir reculé après la grande période de mobilisation autour du renouvellement du traité de sécurité nippo-américain. Le Mouvement des coopératives (Seikatsusha) est également à prendre en compte dans l'apprentissage des femmes à la participation civique6. Si elles apparaissent plus limitées dans leurs objectifs ainsi que dans les résultats obtenus, ces actions qui visaient à traiter depuis le monde des ménagères les problèmes de la consommation ont non seulement contribué dans une certaine mesure à « moraliser » certains aspects du développement économique capitaliste mais surtout, ainsi qu'en rend compte la monographie de LeBlanc, à développer un regard critique sur le mode de vie quotidienne7. Ce mouvement a été un lieu formateur pour parler de politique, un lieu où l'endurance, le souci de la connaissance exacte de la situation ont fait des acteurs de ces mouvements de vrais professionnels des problèmes traités, pouvant affronter pendant de nombreuses années une administration sûre de son pouvoir. Cet apprentissage de la sociabilité de critique et de lutte, quoique feutrée, s'est également traduit dans le recours aux moyens mis à la disposition des acteurs pour parvenir à leurs objectifs, y compris, si nécessaire, les outils juridiques.
7Deux organisations se sont plus spécifiquement orientées vers la promotion de l'engagement politique. L'association portant le nom de Ichikawa Fusae, Ichikawa Fusae Memorial Association, s'est donnée comme objectif de faire vivre les principes énoncés dans la Constitution et d'ouvrir le monde politique aux femmes8. Ce centre combine les fonctions d'archivage de l'histoire des mouvements féministes et de recherches, mais milite également pour favoriser la participation des femmes à la politique locale. Plus militante encore, est la Fédération des parlementaires féministes, feminisuto giin renmei créée en 1992. Se donnant pour objectifs, entre autres, de parvenir à un taux de 30 % de femmes dans les élections régionales et de faire disparaître les municipalités sans aucune représentante, celle-ci a multiplié les actions afin d'encourager les femmes à se présenter à des fonctions électives, à les soutenir et à ancrer dans la politique la dimension féministe9. La légère croissance du nombre de mandats nationaux tenus par des femmes dans les années 1990 traduit les effets de cet ensemble de mesures mais la réforme de la loi électorale (Kôshoku senkyohô), entrée en application en 2002 a conduit à un retournement de la tendance pour revenir à une situation dégradée.
La situation actuelle
Une présence récente mais instable
8Une caractéristique de la relation que les femmes japonaises entretiennent à la politique est l'importance accordée aux échelons de la politique locale et régionale. Les travaux en langues japonaise et anglaise s'accordent pour en trouver l'origine principale dans le programme composé par le « Réseau » (Nettowâku), qui est la forme politique du Mouvement des coopératives. De façon générale, ils analysent son émergence comme l'expression du sentiment de l'insuffisance ou de l'inefficacité des actions menées par les usagers des coopératives et que seule l'entrée dans l'action politique permettrait de surmonter. Mais, confrontés à un système politique composé de partis forts et s'appuyant sur des associations de soutien (kôenkai), bien organisées et financièrement fortes, les membres du Réseau furent amenés à introduire un ensemble de pratiques jusque-là étrangères au monde politique japonais, s'opposant même aux pratiques traditionnelles. On peut les résumer en trois points :
- la place exclusive accordée aux questions de politique publique, c'est-à-dire que les thèmes récurrents sont ceux qui préoccupent chacun – éducation, environnement, soins aux personnes âgées (en japonais, respectivement les trois « K » : kyôiku, kankyô, kaigo).
- le mode de désignation du porte-parole des gens qui assistent aux réunions électorales. Ce sont les personnes intéressées qui choisissent la plus représentative d'entre elles. On peut lire avec intérêt la remarque que fait une des informatrices de Robin LeBlanc concernant le non-renouvellement de son mandat : elle refuse de décider par elle-même si elle poursuivra son mandat car, selon elle, ce sont les électrices qui doivent le faire10.
- le financement des campagnes uniquement sur la base du bénévolat, chaque personne concernée apporte une aide financière à la mesure de ses moyens.
9Cette façon de faire de la politique initiée par des femmes privées des moyens traditionnels que les partis politiques réservaient à leurs membres masculins a d'ailleurs été adoptée, par la suite, par les « petits candidats » masculins qui s'engagent dans des campagnes électorales locales. Cette forme est appelée « local democracy » (rôkaru demokurashi) : la démocratie y est conçue comme la traduction dans la sphère politique des préoccupations nées dans le domaine privé, en adoptant une démarche qui se fonde sur le souci normatif de privilégier la transparence, la « publicité »11. Quand on connaît les critiques adressées par Hannah Arendt à ce genre de pensée qui, selon elle, n'a rien à voir avec la politique, on ne peut que se demander s'il s'agit bien là de ce qu'on entend habituellement par « politique », mais en fait l'influence de cette conception sur la vie politique a été si considérable qu'on ne peut faire l'impasse d'une réflexion plus poussée sur cette forme originale. Il faut la prendre au sérieux. En effet, les collectivités locales – assemblées régionales et conseils municipaux – ont été transformées par l'arrivée massive de femmes vers la fin des années 1990. Certes, on observe des écarts entre les assemblées de petites communes et celles des grandes villes, mais les chiffres rendent compte de leur présence devenue ordinaire dans (presque) tous les départements. En 1999, on recensait une moyenne de 10,4 % de femmes dans les assemblées régionales, avec des points forts à plus de 15 % dans celles des départements de Saitama, Tôkyô, Kanagawa, et Ôsaka12. En février 2008, les chiffres indiquaient une légère baisse puisque la moyenne nationale était descendue à 8,2 % avec des pôles forts dans les départements de Tôkyô (17,6 %), de Nagano (19,3 %) et d'Okinawa (14,6 %). La représentation des femmes dans les conseils municipaux était supérieure, avec une moyenne de 12,6 %. On comptait quinze maires de villes de plus de 50 000 habitants (1,9 %), dix-sept adjointes au maire (1,7 %), sept maires de villes de moins de 50 000 habitants (0,7 %) et trois gouverneures élues depuis 2000 à Hokkaidô, Yamagata et Shiga (6,4 %), cinq vice-préfètes (6,4 %). Mais un quart des conseils régionaux n'avaient aucune conseillère et 37 % des conseils municipaux de villes de moins de 50 000 habitants restaient encore sans représentation féminine.
Le passage à l'échelon national13
10À la différence toutefois de ce qui est observé en France, l'accès aux fonctions électives nationales n'est pas le résultat, pour les femmes, d'un long cheminement à travers les échelons du monde politique : seules 30 % d'entre elles ont eu une expérience – assez longue toutefois entre dix et douze ans –, dans une assemblée régionale avant d'être élue au Parlement. Quelques-unes, rares, ont participé à des campagnes électorales à titre de conseillère en publicité, de bénévole pour accomplir diverses petites tâches – distribution de brochures éditées par le candidat, accompagnement pendant la campagne – qui, ainsi que l'a constaté Robin LeBlanc dans son enquête, prennent sens dans l'économie des échanges de bons procédés entre politiciens et sont donc, à ce titre, la marque d'un premier et réel engagement politique. De façon plus générale donc, l'entrée en politique des Japonaises semblerait relever d'opportunités plus que de la volonté de faire carrière et ce serait le type d'opportunités qui déciderait du niveau d'action – local ou régional. Les parlementaires interrogées dans le cadre de notre enquête menée en 2007 ont avancé comme raisons de leur choix d'agir sur la scène nationale, les deux facteurs suivants :
- Le sentiment des limites de l'action menée au sein des ONG ou ONR C'est souvent le cas des candidates présentées par le parti communiste. Elles disaient se sentir préoccupées par les questions d'éducation, d'avenir des enfants (30 %), de la paix (cas de la députée d'Okinawa) et s'affirmaient convaincues que leur présence changerait le monde politique pour en faire un monde d'où auraient disparu les notions de « position » et de « réputation », un monde où on parlerait des questions de la vie quotidienne.
- L'incitation par un homme politique : depuis quelques années, le monde politique a pris conscience de l'impact des candidatures féminines sur l'électorat et certaines incitations ont été largement médiatisées tel qu'on l'a vu avec des leaders comme Nakasone Yasuhiro (1918-) proposant dans les années 1980 à Ono Kiyoko (1936-, championne olympique) de se présenter au Sénat, Koizumi Jun.ichirô (1942-) en 2005 ou Ozawa Ichirô (1942-) lors des élections de 2010. Le Premier ministre Hosokawa Morihiro (1938-) avait lui aussi tenté d'aider des femmes telles Madoka Yoriko (1947-) à se lancer dans l'action politique dans les années 1990, avec difficultés car il ne put trouver le nombre de candidates espérées. Sans oublier l'impact de la nomination de Doi Takako (1928-2014) comme chef du parti socialiste alors à son apogée, puis comme première femme élue présidente de la Chambre basse de 1993 à 1996. L'expression Madonna Boom avait alors bien rendu compte de son effet d'entraînement favorisant l'arrivée massive des femmes au Parlement. Mais, plus couramment, cette incitation peut également être le fait d'un supérieur hiérarchique sur le lieu de travail ou de personnalités locales rencontrées dans le cadre de l'exercice d'activités bénévoles. Cette démarche d'incitation a pris d'ailleurs, dans le cas du Parti démocratique du Japon (PDJ, Minshûtô), une tournure officielle avec le lancement d'un appel public à candidature pour les législatives de 2005.
Le profil des parlementaires japonaises
11La liste des quarante-et-une femmes ayant occupé un poste ministériel entre la période s'étendant de 1960 à 2006 indique que vingt-trois d'entre elles ont été nommées à partir de 2000. On pourrait relever également de nombreuses autres fonctions politiques telles que celle de l'ancienne vice-ministre des Transports, Tsujimoto Kiyomi (1963-), de présidente de parti politique telle Fukushima Mizuho (1955-) pour le Parti social-démocrate. De 2011 à 2012, la ministre en charge de la réforme administrative, Ren Hô (1967-), fut la politicienne la plus en vue du gouvernement du Premier ministre Kan Naoto (1946-). Quelques chiffres permettent de comprendre la façon dont les femmes s'insèrent dans le cadre politique. En 2009, les cinquante-quatre femmes qui siégeaient à la Chambre basse sur un total de 480 députés, soit 11,25 %, appartenaient aux formations suivantes : 60,5 % PDJ (40), 16,3 % PLD (8), 9,3 % Kômeitô (3), 4,7 % Parti communiste (1), 4,7 % Parti social-démocrate (2) et 4,7 % (1). Au Sénat, siégeaient quarante-quatre femmes soit 18,6 % du total des sénateurs, dans une répartition différente : 46,7 % pour le PDJ, 20 % pour le PLD, 20 % pour Kômeitô, 6,7 % pour le Parti social-démocrate et 6,7 pour Indépendant (Mushozoku).
12S'il a été longtemps admis que les femmes qui se portaient candidates à une élection nationale étaient nécessairement des « femmes au foyer », le discours actuel et la réalité se sont complexifiés. Les élues parlementaires ont entre 32 et 83 ans, et la tranche d'âge de la soixantaine ainsi que celle de la quarantaine sont les plus représentées. Elles se sont mariées, élèvent ou ont élevé des enfants, plutôt plus que la moyenne nationale. À l'image de l'ensemble de la société, beaucoup d'entre elles ont fréquenté l'Université, toutefois le niveau d'études est relativement élevé – maîtrise voire doctorat, parfois obtenu à l'étranger. La plupart exercent des professions supérieures – avocates, professeurs d'université, journalistes, hauts fonctionnaires. Ce sont leur profession et surtout les activités militantes liées à leur profession qui ont amené bon nombre d'entre elles à la politique, et peu nombreuses sont « les héritières » telles Tanaka Makiko (1944-) et Obuchi Yuko (1973-), toutes deux filles d'anciens premiers ministres, ou, moins connue, Ono Tsuyako (1934-), veuve d'un homme politique du PLD auquel elle a succédé. Quelques-unes – Sato Yukari (1961-), Katayama Satsuki (1959-) – ont fait parler d'elles comme « Koizumi children », propulsées sur la scène politique par le Premier ministre de l'époque comme élément d'une stratégie destinée à faire passer sa réforme de la Poste controversée au sein même de son parti, lors des élections législatives de 2005 : malgré l'absence complète d'expérience sur le terrain politique, elles ont été élues, grâce à la popularité de Koizumi Jun.ichirô. Il est vrai qu'elles offraient l'image de femmes extrêmement performantes dans leur domaine professionnel – compétences financières acquises aux États-Unis pour la première et compétences administratives pour la seconde, diplômée de la prestigieuse université de Tôdai. Aux élections de 2009, le même phénomène se produisit avec les « Ozawa girls » du nom du président du PDJ de l'époque. Il semblerait qu'on retrouve, comme en France par exemple, la double nécessité pour les femmes parlementaires, de détenir, outre le capital social indispensable pour être prises en compte dans les stratégies des partis, un capital scolaire plus élevé que celui des hommes. Tout se passe comme s'il fallait encore qu'elles justifient leur présence dans un monde masculin par des compétences exceptionnelles.
Quel type de contribution à la construction du monde commun ?
13Ichikawa Fusae, une des premières femmes élues au parlement japonais en 1953, avait alors énoncé les grandes lignes de ce que le rôle des femmes dans le monde politique devait être. Si cela mérite d'être souligné, c'est en effet parce que, presque soixante ans après, l'image du rôle de la femme en politique est pour bon nombre de Japonais, demeurée identique : sexe qui donne naissance, élève les enfants, la femme comme protectrice du foyer est porteuse d'une image d'innocence, de pureté qui pouvait se traduire dans le monde politique par une influence purifiante14. C'est donc en redonnant sens aux principes de base de ce que doit être la politique : le moyen de construire la stabilité du cadre de vie et la paix sociale, que la femme est le mieux à même de changer la politique. C'est d'ailleurs ce que promet le groupe WINWIN (Women in New World International Network) qui soutient également des candidatures féminines avec le slogan « si le nombre de femmes parlementaires augmente, le Japon changera »15. Armée de cette perception simple et s'appuyant sur les besoins humains de la vie quotidienne, la femme a fait de la politique le domaine de la « politique publique », reliant ainsi qu'en rend compte le slogan des années 1970, « la cuisine et la politique » (daitokoro to seiji o tsunageru). Cependant, il est important d'aller au-delà des déclarations faites en campagne et de l'image des candidates que présente leur site officiel afin de saisir le travail réel effectué par ces parlementaires. Les commissions, où se fait véritablement le travail parlementaire puisque c'est là que se préparent les projets de loi, doivent être étudiées pour saisir la parole et le rôle des femmes en politique16.
La présence des femmes dans les commissions parlementaires
14Le rattachement à une commission fait l'objet d'une répartition très précise en fonction du poids de chaque parti dans l'assemblée, mais c'est le parti qui décide ensuite des nominations. Toutes les parlementaires étudiées selon les modalités précisées auparavant appartenaient à une ou deux commissions. Les femmes étaient plus nombreuses dans les commissions sénatoriales que dans celles de la Chambre basse (qui comprennent plus de membres), notamment dans les commissions des ministères de l'Éducation (7/20), de l'Environnement (6/20), de la Santé et du Travail (7/25) et du cabinet du Premier ministre (6/20). Il n'y avait qu'une seule femme dans la commission des Affaires étrangères et aucune dans la commission de la Chambre basse qui s'occupe de la politique nationale (kokka kihon seisaku iinkai). Dans la forme, il est difficile de distinguer une discrimination dans la mesure où cette représentation reflète les thèmes que les femmes ont abordés au sein de leurs activités de bénévolat17.
Le type de parole : le privé devient public
15On peut relever deux types de justification que les femmes donnaient et donnent encore de leur désir de s'impliquer dans la politique nationale : l'une, essentialiste, est de représenter les femmes en tant que catégorie qui se distingue des hommes par une sensibilité propre et des compétences propres acquises au cours de leur vie de femmes au foyer. Elles reprennent les images que la société a construites autour de la femme au foyer (shufu), les revendiquent pour justifier leur présence et leurs actions. L'autre, qui aspire également à représenter les femmes, se veut féministe, et cherche plus ouvertement à défendre une nouvelle image de la femme, ou tout au moins à réformer celle-ci sur certains points sans en contester le fond. À titre d'exemple récent, on peut citer celui de Mihara Junko (1964-), élue en juillet 2010. Devenue députée PLD après avoir fait une campagne sur le thème de la santé des femmes et de la promotion d'un vaccin contre une forme de cancer de l'utérus, elle a consacré sa première intervention en commission à défendre son projet sur le mode du récit personnel. Cette façon de faire a provoqué la colère de certains membres de la commission, considérant cette forme d'intervention comme « inappropriée » au lieu.
16Quel que soit le type de justification, de nombreuses femmes transgressent une frontière en introduisant dans le monde politique, éminemment public, des thèmes privés qui leur tiennent à cœur, usant alors de paroles privées. En ce sens, elles contribuent à élargir le débat, à porter sur la scène publique des questions ainsi que l'ont souhaité et fait les féministes de tous les pays. Il n'est pas question seulement de consommation ou d'environnement, mais aussi du corps, de la violence domestique ou de l'enfance maltraitée. L'arrivée des femmes a permis à ces thèmes restés longtemps à l'écart des grands débats, car perçus comme n'ayant pas leur place au sein d'une politique nationale, de faire l'objet de discussions en commissions et d'être traités par un ensemble de lois et de mesures politiques. On peut également constater des effets de cette plus forte présence féminine dans le type de discours que les médias ont sur certains phénomènes sociaux comme par exemple la maltraitance infantile. La thèse souvent évoquée de la seule responsabilité des femmes semble reculer au profit d'analyses plus sophistiquées sur ses causes.
Le care devient masculin
17Cette parole dite « féminine » qui a été théorisée sous le nom de care (keâ en japonais) « sollicitude » aux États-Unis par Joan Tronto est désormais battue en brèche18. Phénomène nouveau ou plus apparent, cette parole consistant à parler des soins prodigués par les femmes à la famille n'est pas ou plus le seul fait des femmes. L'élection d'hommes issus de mouvements de la société civile a amené dans les commissions des hommes expérimentés dans le domaine de l'enfance, des services sociaux et aussi des soins aux personnes âgées, des hommes qui s'expriment dans les mêmes termes que les femmes. Dans les commissions, le care n'est plus le domaine réservé des femmes. Les hommes se sont emparés de ces questions et on peut le déplorer en ce que ce domaine d'expérience offre l'occasion aux hommes de réaffirmer leur position dans le monde politique. Joan Tronto a tenté de faire de cette activité un concept politique dont la réintroduction dans l'univers politique permettrait non seulement de repenser l'état de fragilité que tous les citoyens à un moment ou à un autre de leur vie expérimentent, mais aussi de reformuler l'image du citoyen lui-même, jusqu'alors considéré comme un individu autonome et rationnel, et son rapport aux autres. La récupération de cette notion par les jeunes hommes politiques ne surprend pas. Non pas parce qu'elle s'inscrirait dans une stratégie pour s'emparer des places que des femmes ont pu accaparer mais parce que depuis le début du xxie siècle, le Japon a développé une politique de type « sécurité humaine » dans laquelle santé, sécurité sont les leitmotivs non seulement de la diplomatie, mais des affaires sociales et de la santé publique. En outre, l'arrivée du Parti démocratique du Japon au pouvoir en 2009 a contribué à introduire dans le monde politique quelques nouveaux critères : est prônée l'instauration d'une société dans laquelle les notions de public, de publicité et de droits humains seraient valorisées et où la société civile dans laquelle bon nombre de leaders actuels se sont formés aurait sa place dans le débat politique. Un « nouveau public » (atarashii kôkyô) fut examiné par un comité mis en place par le cabinet du Premier ministre pendant tout le mandat du Parti démocratique du Japon. L'importance nouvelle accordée à cette notion de cave semblait pouvoir également ouvrir à la voie à une nouvelle politique mais la triple catastrophe de Fukushima a conduit à déplacer les problèmes dans une autre direction même si les propositions de Joan Tronto pourraient trouver un écho dans une société fragilisée19.
Pourquoi les femmes sont-elles peu nombreuses ?
18Généralement les chercheurs et les parlementaires elles-mêmes avancent le mode de scrutin comme frein à la pénétration des femmes dans le monde politique : effectivement, en comparant le nombre de candidates et le nombre d'élues, on constate que le système à la proportionnelle favorise les femmes aussi bien pour les élections au Sénat (avec le découpage en circonscriptions nationales) qu'à la Chambre basse, mais que le système uninominal les défavorise20. Toutefois, pour être plus précis, il faut également prendre en compte la façon dont les partis utilisent ce mode de scrutin et la place qu'ils accordent aux femmes sur leurs listes. La proportion de femmes membres d'un des cinq grands partis varie de 16 % pour le Parti social-démocrate à 52 % pour le Kômeitô, 43 % pour le parti communiste, les deux autres plus grands partis ayant une proportion de femmes légèrement moindre – 36,9 % pour le PLD et 22,7 % pour le PDJ. Mais le pourcentage tombe à moins de 10 % – exception faite du parti communiste et du Kômeitô, si l'on considère les fonctions représentatives des partis, même si, dans chacun des cinq grands partis, une femme au moins occupe un poste clé.
19Ainsi qu'en rend compte l'initiative du PDJ de recruter des candidates, seules des mesures relevant d'une politique de discrimination positive pourraient venir à bout des habitudes culturelles de cette forteresse masculine. La Fédération des féministes parlementaires précédemment évoquée qui compte 190 membres soutient des actions en vue de la mise en œuvre d'un système de quotas dans chaque parti afin d'arriver à une présence de 40 % de femmes dans les organes de décision. En effet, quelle que soit l'assemblée considérée, la plupart des femmes sont élues avec le soutien logistique et financier d'un parti ; sans la volonté ferme des partis de soutenir une candidature féminine, les femmes japonaises ne pourront jamais être plus nombreuses en politique. Or, les réponses concernant l'application de quotas que la fédération a recueillies auprès des partis politiques traduisent l'absence de mobilisation autour de cet enjeu : si l'on excepte le parti communiste et le Parti social-démocrate qui pratiquent déjà cette parité, les quatre partis principaux n'envisagent pas ce genre de mesures. Et si le PDJ ou le PLD ont soutenu des candidates, plus que des considérations d'équité, c'était surtout un désir de surmonter la crise de représentativité qui les animait.
20En outre, les caractéristiques de la population des femmes parlementaires présentées auparavant peuvent constituer une première approche des raisons de cette sous-représentation mais qu'une étude ultérieure devra préciser. L'aspect le plus étonnant est la fréquence de l'absence de trajectoires proprement politiques avant d'arriver à la Diète. Si la naïveté ou l'innocence peuvent être des arguments de poids lors d'une campagne qui met des femmes aux prises avec des politiciens aguerris, et donc objets de suspicion, ces caractéristiques peuvent jouer contre elles une fois qu'elles doivent débattre en commission ou en séance plénière. Les femmes n'ont pas acquis les modes d'action et ne sont donc pas aussi bien préparées que les hommes à prendre la parole en commissions ou en séance plénière (évaluée en nombre de fois que les femmes s'expriment) : l'influence ainsi exercée sur les prises de décision étant moindre, l'électorat peut ne pas y trouver son compte, et voter pour un autre candidat aux élections suivantes (ce phénomène est observé notamment dans le cas des candidates du PC et des indépendants). Un autre facteur également à souligner est le fait que, pour beaucoup de femmes, la fonction de parlementaire ne prend pas sens pas comme carrière, mais plutôt comme mission : les femmes sont plus enclines à faire campagne sur un thème précis telles Mihara Junko et à ne plus se représenter, une fois l'objectif atteint. Consciente de ce handicap, la sénatrice Madoka Yoriko (1947-) au long passé de politicienne a fondé l'École politique pour les femmes (Josei no tame no seiji sukûru) où les femmes (et parfois des hommes) acquièrent non seulement les techniques de base – allocution dans la rue, positionnement de la voix, comportement avec le public –, mais aussi se forment, grâce à des conférences-rencontres avec des spécialistes aux questions plus techniques de gestion budgétaire, de politique internationale21.
Conclusion
21Les parlementaires interrogées par nos soins ont toutes affirmé que leur plus grande présence dans le monde politique allait transformer celui-ci. Pour la plupart d'entre elles, le changement semblait signifier quelque chose de l'ordre du nombre – accroître la présence des femmes – ou de l'ordre des thèmes qui constituent le domaine du politique. Mais à la question fondamentale de l'existence ou non de forme de discrimination dans l'exercice de leur mandat, à l'exception d'une seule parlementaire, les élues nous ont répondu ne pas en avoir fait l'expérience. De telles déclarations nous font percevoir à quel point le projet d'entrée en politique se formule en termes de reconnaissance d'un point de vue féminin propre au sein de la culture politique existante et non en termes de lutte féministe qui déconstruirait les catégories hommes/femmes en vue de produire une nouvelle culture politique égalitaire.
22Il est certain que les efforts engagés depuis plus de dix ans commencent à transformer l'atmosphère du monde politique, mais il est à craindre que si ce mouvement ne s'accompagne pas d'un véritable souci de scruter les lieux où la discrimination subsiste pour construire une nouvelle culture politique, il risque de ne pas pouvoir s'ancrer durablement dans les modes d'action et d'expression. La véritable démocratisation, celle qui englobe dans le terme de « citoyen » hommes et femmes à statut égal est donc, au Japon, en route mais demande à être soutenue activement. Or cette détermination semble actuellement faire défaut.
Notes de bas de page
1 Le site de l'Inter-Parlementary Union offre un panorama complet de la situation politique dans le monde. http://www.ipu.org/wmn-e/classif.htm (accès en septembre 2013).
2 Une histoire détaillée des rapports des femmes à la politique est proposée dans l'ouvrage : Shindo Kumiko, Jendâ de yomu nihon seiji. Rekishi to seisaku (La Politique japonaise vue par le genre. Histoire et politique publique), Tôkyô, Yuhikaku, 2003.
3 L'ouvrage a été traduit en japonais dès 1953 sous le titre Daini no sei et a fait depuis l'objet de plusieurs rééditions.
4 L'ouvrage de Kanzaki Satoko retrace en détail la construction de l'égalité entre les hommes et les femmes en étudiant les débats menés à la Diète autour des divers textes de lois : Kanzaki Satoko, Sengo Nihon josei seisakushi. Sengo minshuka seisaku kara danjo kyôdô sankaku shakai kihon hô (Histoire des mesures en faveur des femmes dans le Japon d'après-guerre. Des mesures de démocratisation à la loi fondamentale pour une société égalitaire), Tôkyô, Akashi shoten, 2011.
5 Cela ouvrira peut-être la voie à la possibilité d'accéder au trône pour une femme.
6 La littérature sur le sujet est considérable. Par exemple : Sato Keiko, Nasu Hisakazu et Amano Masako, Joseitachi no seikatsusha undô – Seiktatsu kurabu wo saseru hitobito (Le mouvement des femmes – ceux/celles qui ont construit le club Seikatsu), Tôkyô, Marujusha, 1995.
7 Robin LeBlanc, Bicycles Citizens – The Political world of the Japanese Housewife, Berkeley, University of California Press, 1999.
8 L'adresse du site dont le nom exact est le « Centre, femmes et politique » (Josei to seiji sentâ) est la suivante : http://www.ichikawa-fusae.or.jp (accès en octobre 2013).
9 L'adresse du site est la suivante : http://www.afer.jp/feminist/index.html (accès en octobre 2013).
10 R. LeBlanc, op. cit.
11 Kuno Osamu avait théorisé cette approche sous le terme de « petit citoyen » (koshimin), dans : Kuno Osamu, Shiminshugi no seiritsu (Constitution du principe citoyen), Tôkyô, Shunjusha, 1996.
12 Les chiffres mentionnés sont donnés sur le site de la Fédération des parlementaires féministes, indiqué en note 6.
13 Les données concernant le profil des femmes parlementaires ont été collectées selon deux procédés : le dépouillement systématique des documents publiés par le Parlement et sur les pages web individuelles de ces femmes, et la réalisation d'une enquête quantitative et qualitative faite par l'envoi d'un questionnaire à toutes les femmes parlementaires en poste en 2007. Le questionnaire était composé de deux parties principales, l'une portant sur le parcours personnel et professionnel des parlementaires et l'autre sur leur conception de la politique. L'analyse de leurs comportements présentée ci-dessous s'appuie sur les résultats de cette enquête.
14 L'ouvrage de Robin LeBlanc déjà mentionné expose une étude minutieuse de l'identité des femmes au foyer (shufu) et de la façon dont celles-ci se définissent elles-mêmes. Voir note 7.
15 Le site WINWIN peut être consulté à l'adresse suivante : http://www.winwinjp.org/concept/index.htm (accès en octobre 2013).
16 Comme en France, l'activité parlementaire a de plus en plus tendance à se concentrer dans les commissions ainsi que l'analyse Oyama Reiko, Nihon no kokkni – shingi suru rippôfu e (Le parlement japonais – vers une législature délibérative), Tôkyô, Iwanami shoten, Iwanami shinsho 1288, 2011.
17 Toutefois, il peut arriver qu'un membre change en cours de travail de la commission, un homme remplaçant une femme quand la question traitée devient un enjeu plus sensible.
18 Joan Tronto, Moral Boundaries : a Political Argument for an Ethic of Care, London, Routledge, 1994 (traduit en français sous le titre, Un monde vulnérable : pour une politique du care, Paris, Éditions La Découverte, 2009).
19 Peu de chercheures féministes japonaises la prennent en compte dans les travaux qu'elles consacrent au keâ, entendu uniquement comme soins aux personnes âgées.
20 Sur ce point les avis sont partagés : Ogai Tokuko soutient que le système à la proportionnelle favorise les femmes alors que Darcy et Nixon sont moins optimistes. Ogai Tokuko, « Japanese Women and Political Institutions: Why are Women politically Underrepresentend? », Political Science, June 2001, p. 207-210 ; Darcy, R., and David Nixon, « Women un the 1946 and 1993 Japanese House of Representative Elections : The Role of the Election System », Journal of Asian Studies, 15 (Spring), 1996, p. 3-19.
21 Son site sur lequel on accède au programme des cours est consultable à l'adresse suivante : http://www.madoka-yoriko.jp/school (accès en octobre 2013).
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