Résumés
p. 497-499
Texte intégral
Résumé
1Cet ouvrage propose de mettre en relief les procédés utilisés par les Almohades pour imposer leur ordre politique, depuis la genèse de ce mouvement dans les années 520/1120 jusqu’à la chute de la dynastie mu’minide en 668/1269. Après avoir présenté brièvement le précédent almoravide, utile pour saisir la manière dont les Almohades empruntèrent une voie médiane oscillant entre continuité et rupture, les différents stades de la vie d’un calife, depuis son intronisation jusqu’à son trépas, ont été analysés en fonction de la personnalisation en vigueur du régime almohade. Ce parti pris permet de souligner un certain nombre de spécificités par rapport à d’autres pouvoirs de l’Occident musulman, tel que le choix, le cas échéant, de la langue berbère dans certains discours officiels et publics, ou encore l’utilisation du Coran attribué à ‘Uṯmān b. ‘Affān comme pièce maîtresse du cérémonial. Ce faisant, le caractère éminemment plastique de ce pouvoir a également été mis en exergue : en effet, en fonction de la conjoncture et des groupes qu’il voulut s’attacher ainsi que des périls qu’il eut à affronter, les souverains almohades cherchèrent continuellement à s’adapter. Au vu de la variété des moyens employés, il était important d’en établir une typologie, depuis la politique à grande échelle du don de nourriture, de vêtements et de numéraire, jusqu’à la mise en charpie du corps des rebelles.
2Le fil rouge de cette histoire semble résider dans la propension du calife à établir une séparation nette entre lui et les gouvernés, et aussi progressivement avec le personnel au pouvoir, c’est-à-dire les Mu’minides et les cheikhs almohades. Cette politique passait par la construction de nouvelles cités auliques et par la mise en visibilité d’une forme de continuité entre camp royal nomade et palais sédentaire. Au final, l’objectif de cet ouvrage est de montrer que, pour la première fois au Maghreb occidental et central, l’image du chef de guerre, qui n’était qu’un primus inter pares, est partiellement délaissée pour s’enraciner davantage dans la tradition orientale du souverain hiératique le plus souvent inaccessible et invisible. Ce processus allait de pair avec la mise sur pied d’un État digne de ce nom, un détachement des rituels anciens de la société des Maṣmūda, à commencer par la participation aux banquets, ou encore l’invisibilité du calife lors de la prière du vendredi. Enfin, à travers l’évocation de l’agonie du souverain et du culte qui était rendu à Tinmal, il est exposé comment les Almohades cherchèrent à surmonter le redoutable écueil que constituait la mort du calife ; est ainsi mis en lumière le rapport entretenu à l’époque almohade avec le temps, le pouvoir cherchant à se pérenniser par tous les moyens.
3Mots-clés : Almohades, Maṣmūda, État, tribu, pouvoir, califat, don, terreur, sécurité, distinction, Maghreb, al-Andalus.
Summary
4This book illustrates a study that aims to accentuate the processes used to impose the Almohad order, from the genesis of this movement in the year 520/1120 until the end of the mu'minide dynasty in 668/1269. After studying the previous almoravid period, which consisted in the way that the Almohads followed a middle way fluctuating between continuity and fracture, it will explore the different stages of the evolution of a caliph life, from his investiture to his death, as well as the system used to be shouldered by him. This perspective thereby will permit us to highlight of a certain number of specificities in comparison to other powers in the Muslim Occident, like the choice to use, if necessary, the Berber language in the official speeches or to use the Koran ascribed to ‘Uṯmān b. ‘Affān into the Prince's journey. These circumstances underlined the remarkably flexible nature of this power, which depending on the situation and the groups it wanted to entice or on the dangers it faced tried continually to adapt itself by displaying different symbols and meanings. Considering the variety of the means used, it seemed important to draw up a typology, ranging from a policy of large-scale donation of food, clothes and money, to the violent annihilation of anybody who rebelled.
5Furthermore a demonstration of the common theme of the story lies in the Caliph's propensity to establish a clean separation between himself and his subjects and also between himself and the authorities, that is to say from the Mu'minides and Cheikhs almohades. These policies envisaged the construction of new eternal cities and a sort of visible continuity between the royal nomad camp and the sedentary palace. Finally, the aim of this thesis is to show that for the first time in occidental and central Maghreb, the paradigm of a war chief who was only the first amongst his people had been partially abandoned to be substituted by the oriental tradition of the hieratic Sovereign as a more often inaccessible and invisible ruler. This process went together with the setting up of a State worthy of being called such, through lack of contact with the old rituals of the Maṣmūda, starting from the participation to the feasts through to the invisibility of the Caliph during the Friday prayer. As a matter of fact, mentioning the Sovereign's agony and his worship in Tinmal, it will be clear how the Almohades were seeking to overcome that formidable pitfall that constituted the death of the Caliph ; it will also portray their relation to their times, understanding that their main aim was to make that power perpetual.
6Key words : Almohads, Maṣmūda, State, tribe, power, caliphate, donation, terror, security, distinction, Maghreb, al-Andalus.
Resumen
7Este libro propone un estudio que muestra los procesos utilizados para imponer el orden almohade desde la génesis de este movimiento en los años 520/1120 hasta la caída de la dinastía mu’minida en 668/1269. Después de la revisión sobre el precedente almorávide, consistente en mostrar cómo los almohades siguieron una vía a camino entre continuidad y ruptura, hemos sintonizado los diferentes estadios de evolución de la vida del califa desde su llegada al trono hasta su fallecimiento, dado que el sistema descansaba en su persona. Este parti pris permite enfatizar una serie de especificidades en relación con otros poderes del Occidente musulmán, tal como la utilización del berebere en los discursos oficiales y públicos o incluso el del Corán, atribuido a ‘Uṯmān b. ‘Affān en el itinerario del Príncipe. Así, hemos puesto también de relieve el carácter eminentemente plástico de este poder que según la función de coyuntura y de los grupos que quiso incorporar, o de los peligros que debía enfrentar, buscó de manera continua adaptar el despliegue de símbolos y medios diferentes. Al ver la variedad de medios empleados, nos pareció importante establecer una tipología de estos medios : desde una política de la donación de comida a gran escala, de vestimentas y en metálico, hasta el desgarramiento de los cuerpos de los rebeldes. También quisimos demostrar que el hilo rojo de esta historia residía en la propensión del califa a establecer una neta separación entre sí mismo y los gobernados, y también de manera paulatina con el grueso de la clase en el poder, es decir, con los mu’minidas y los cheikhs almohades. Esta política, que pasa por la construcción de nuevas ciudades áulicas y por visibilización de una forma de continuismo entre el campo realista nómada y el palacio sedentario. Al final, el objetivo de este libro consiste en mostrar que por primera vez en el Magreb occidental y central, se salió parcialmente en esta época del paradigma del jefe guerrero, que no era más que el primero entre los suyos, para enraizarse más en la tradición oriental del soberano hierático, muy a menudo inaccesible e invisible. Este proceso acompañó el surgimiento de un verdadero Estado y el distanciamiento de los viejos rituales de la sociedad de los Maṣmūda, comenzando por la participación en los banquetes o incluso con la invisibilidad del califa en la oración del viernes. En fin, a través de la evoca-ción de la agonía de los soberanos y del culto que se rendía a Tinmal, los almohades buscaron superar el escollo que constituía la muerte del califa y a la vez se pueden ver cuáles eran las relaciones que se mantenían, en el entendido que se quería perpetuar en el poder.
8Palabras claves : Almohades, Maṣmūda, Estado, poder, tribu, califato, dádivas, terror, seguridad, distinción, Magreb, al-Andalus.
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