Chapitre I. Ulysse polymorphe
p. 141-151
Texte intégral
1De l’avis de Pindare comme de Théocrite, la renommée d’Ulysse a traversé les époques grâce à la poésie d’Homère1. Certes, mais quelle renommée ? Celle de l’Iliade fondée sur sa force au combat et sur sa prudence au Conseil2 ? Celle de l’Odyssée acquise par la ruse au long de son retour à Ithaque ? La question est d’importance pour ceux qui cherchent à acquérir une belle renommée en prenant modèle sur la sienne. Être comparé à Ulysse n’a en effet ni le même sens ni la même valeur d’un siècle ou d’une œuvre à l’autre3. Nécessaire à la construction identitaire de son fils et de sa femme chez Homère, la comparaison avec le héros intéresse surtout les hommes politiques aux époques classique et hellénistique. Plus que la distinction entre la renommée iliadique ou odysséenne d’Ulysse, c’est l’opposition entre la renommée que, comme Télémaque, l’on est en mesure d’entendre et celle à laquelle on choisit délibérément de se référer qui semble en réalité primer dans la mise en place des différents bruits publics prenant le fils de Laërte comme figure tutélaire.
LE KLEOS DU PÈRE, LE KLEOS DU FILS
2« Je l’emmène à Sparte, à la Pylos des Sables s’informer du retour de son père et s’acquérir aussi bon renom (kleos) chez les hommes »4. Les intentions d’Athéna sont claires pour Télémaque5 : il doit partir dans le Péloponnèse. Elles le sont moins pour les commentateurs : pourquoi lui proposer de s’informer du retour de son père auprès de Ménélas et de Nestor alors qu’elle sait pertinemment qu’ils sont incapables de fournir des nouvelles récentes d’Ulysse ?
3Les commentaires des Anciens sur ce passage laissent sceptique. Pour Porphyre6, le voyage proposé constitue une sorte d’éducation (paideusis). Consiste-t-elle à éprouver les qualités physiques et intellectuelles de Télémaque afin de lui procurer une force et une maturité suffisantes pour se débarrasser des prétendants ? Aurait-il alors à subir des épreuves aussi longues et douloureuses que celles surmontées par son père lors de son périple en Méditerranée7 ? Faut-il envisager ce voyage en terme d’initiation à la vie et aux mœurs des héros ? Télémaque aurait alors à se montrer capable d’assumer ses responsabilités, de tisser des liens avec d’autres aristocrates et de tenir son rang auprès de ses hôtes, Nestor et Ménélas, héros accomplis, dont la vie pourrait constituer une sorte de modèle à suivre pour un jeune homme qui a grandi sans père et dont le manoir est pillé par les prétendants. Aussi suggestives soient-elles, ces interprétations font trop peu de cas du lien établi par Homère entre le kleos de Télémaque et les informations qu’il lui faut glaner sur Ulysse.
4Tout au long de son voyage, Télémaque se soucie constamment de connaître les rumeurs à son sujet. C’est le cas à Sparte8 et à Pylos9. Comme les vers 93-95 du chant I de l’Odyssée cités précédemment le suggèrent, la connaissance de ces rumeurs devient source de renommée pour Télémaque. Homère associe encore étroitement, au chant III, les informations fournies par Nestor au kleos de Télémaque : « Athéna mettait au cœur [de Télémaque] la hardiesse d’interroger Nestor sur l’absent, sur son père et d’acquérir aussi bon renom (kleos) chez les hommes »10. Les analyses sur le vers 283 du chant I, développées dans la première partie de cette étude, semblent conforter cette hypothèse. En allant écouter les rumeurs des mortels mais aussi Ossa, la Rumeur messagère de Zeus, qui est capable de donner du kleos aux hommes, Télémaque s’illustre par un acte héroïque, qui, comme la victoire sur un adversaire, lui vaut une grande renommée. Il lui faut pour cela entreprendre un long voyage.
5À Ithaque, en l’absence d’Ulysse, la situation est particulièrement grave pour Télémaque. Si le pillage des prétendants sape les fondements de l’autorité de son oikos, il ignore également le sort11 et le kleos de son père. À la différence d’autres héros, il ne l’a pas reçu en legs12. Incapable de suivre le modèle paternel13, il en vient même à douter de sa propre identité14. À lui dès lors de partir à la recherche des rumeurs portant sur son père pour connaître les différentes qualités qu’il doit faire siennes15. La mission n’est pas impossible à relever. Pénélope constate à trois reprises que « le kleos d’Ulysse court à travers l’Hellade et plane sur Argos »16. La formule ne contredit qu’en apparence l’affirmation de Télémaque suivant laquelle Ulysse, enlevé par les Harpyes, a disparu sans ‘ renommée’ (akleiôs)17. Il faut sans doute distinguer ici deux klea : le kleos odysséen d’Ulysse qui porte sur les conditions de son retour de Troie et qui n’est connu de personne puisqu’il a disparu ; un kleos iliadique qui célèbre les qualités dont il a su faire preuve lors de la Guerre de Troie et qui est célébré dans toute la Grèce sans être toutefois chanté à Ithaque18. La question pour Télémaque n’est pas tant alors d’écouter des nouvelles récentes sur Ulysse que de s’enquérir de son kleos iliadique. Il doit pour cela partir consulter ses anciens compagnons, qui constituent le dernier lien existant avec le monde de l’Iliade.
6Incapables de délivrer des informations précises sur le retour d’Ulysse, Nestor et Ménélas se contentent de rappeler à Télémaque la renommée qu’il a acquise lors de la Guerre de Troie et lui permettent ainsi de connaître les qualités traditionnellement associées à son portrait royal19. À Pylos, Nestor insiste sur la ruse (dolos) et l’esprit (epiphrôn boulè) d’Ulysse, qui lui ont valu de s’illustrer, entre tous, au Conseil et au combat20. À Sparte, Hélène et Ménélas vantent l’énergie et l’endurance de ce héros au cœur vaillant et au bras robuste21. Fort de ces informations, Télémaque reconnaît lui-même, avant le massacre des prétendants, qu’il a entendu la renommée iliadique de son père : « Ah mon père, j’avais entendu célébrer ta prudence au Conseil et ta force au combat »22, et ne rappelle ici en aucun cas ses exploits odysséens. Ainsi informé, il sait quelles qualités développer pour suivre le modèle paternel. Sa réussite en ce domaine sera cependant célébrée si son exploit est reconnu par les autres. Telle est l’autre utilité du voyage dans le Péloponnèse. En plus d’y glaner des informations, Télémaque se fait reconnaître comme le fils d’Ulysse. Alors que Mentès et Hélène notent une incroyable ressemblance physique23, ses hôtes du Péloponnèse insistent sur les similitudes existant entre leurs membres, qui sont considérés comme le siège de la puissance physique d’un homme24. Nestor souligne également combien l’aisance orale de Télémaque ressemble à celle de son père25.
7Le voyage dans le Péloponnèse a manifestement porté ses fruits. Après son retour à Ithaque, on reconnaît qu’il est sorti de l’enfance26. Pour motiver et convaincre les prétendants de tendre une embuscade à Télémaque, Antinoos rappelle que cet « homme de sens, de conseil et d’adresse » est capable d’obtenir le dévouement du peuple à sa cause27. Lors du massacre des prétendants, Télémaque s’applique lui-même à montrer qu’il est bien le fils d’Ulysse. Comme son père, il accepte d’endurer les insultes des prétendants28. Comme Ulysse polumètis29, il tente, par de douces paroles, de les convaincre de cesser leurs folies et leurs impiétés.
8Modèle à suivre pour Télémaque, dont l’affirmation identitaire passe par la reproduction des qualités de son géniteur, Ulysse doit tout autant être considéré comme une figure référence pour son épouse Pénélope. Du kleos du maître de l’oikos dépend, dans la société homérique, celui des autres membres de sa famille.
PÉNÉLOPE AU MIROIR D’ULYSSE
9Les différentes interprétations de l’éloge de Pénélope prononcé par Agamemnon soulignent combien il est difficile de distinguer son kleos de celui de son époux. Aux Enfers, l’Atride déclare en effet à Ulysse : « C’est ta grande valeur qui te rendit ta femme ; mais quelle honnêteté parfaite dans l’esprit de la fille d’Icare, en cette Pénélope qui jamais n’oublia l’époux de sa jeunesse ! Son renom de vertu ne périra jamais (tô oi kleos ou pot’oleitai hès arétès), et les dieux immortels dicteront à la terre de beaux chants pour vanter la sage Pénélope »30. L’ambiguïté grammaticale des vers 196 et 197 laisse planer le doute sur l’identité de la personne célébrée. Certains estiment qu’il s’agit de Pénélope, d’autres pensent que le kleos appartient à Ulysse, mais qu’il l’obtient à travers Pénélope31. Si la deuxième interprétation reste envisageable, notre préférence va à la première, car le kleos n’est pas exclusivement réservé aux hommes. Dans l’Odyssée, Pénélope a déjà été gratifiée d’une noble renommée (kleos) pour avoir réussi, grâce à sa ruse, à tromper les prétendants32. Dans le cas où le kleos du passage discuté célébrerait sa valeur (arétè), on doit cependant remarquer qu’Agamemnon ne fait pas référence à des vertus que Pénélope possède en propre. Autant le kleos de Télémaque est conditionné par celui de son père, autant celui de Pénélope repose sur les qualités assurant celui de son époux.
10L’éloge d’Ulysse à sa femme, au chant XIX de l’Odyssée, s’inscrit directement dans cette perspective : « Ta gloire (kleos) a monté jusqu’aux champs du ciel ! Et l’on parle de toi comme d’un roi parfait qui règne sur un peuple et nombreux et vaillant, qui, redoutant les dieux, vit selon la justice ». Ce à quoi Pénélope, la plus sage des femmes, répond : « Étranger, ma valeur, ma beauté, mes grands airs, les dieux m’ont tout ravi lorsque vers Ilion, les Achéens partirent emmenant avec eux Ulysse, mon époux ! Ah ! S’il revenait pour veiller sur ma vie, que mon renom (kleos) serait et plus grand et plus beau (…). Moi, j’entasse les ruses (doloi). Un dieu m’avait d’abord inspiré ce moyen. Dressant mon grand métier, je tissais au manoir un immense linon… »33. Le kleos de Pénélope consiste essentiellement à se comporter comme la femme d’Ulysse. On loue sa capacité à se conformer au modèle du roi juste, pieux et doux, c’est-à-dire, à poursuivre ce qu’Ulysse avait entrepris avant de partir à Troie34. Pénélope rappelle elle-même que sa renommée serait plus grande si son mari était à ses côtés, comme si son arétè, diminuée par son absence, ne pouvait plus agir efficacement35.
11Fidèle à l’époux de sa jeunesse, cette femme très sage (periphrôn) réussit néanmoins à tramer des ruses aussi efficaces que celles d’Ulysse. L’Odyssée invite à mettre en parallèle les deux époux. Brillant par leur esprit et leur prudence avisée, secondés tous deux par la divinité, ils sont capables de dominer leurs adversaires grâce des ruses (doloi) et gagnent de ce fait une grande renommée (kleos). Au portrait qu’Ulysse dresse de lui-même en Phéacie (« C’est moi qui suis Ulysse, oui, ce fils de Laërte, de qui le monde entier chante toutes les ruses (doloi) et porte aux nues la gloire (kleos) »)36 répond celui de Pénélope brossé par Antinoos au chant II de l’Odyssée : « Sur cette immense toile, elle passait les jours. La nuit, elle venait aux torches la défaire. Trois années, son secret (dolos) dupa les Achéens (…). Mais à toujours traîner les fils des Achéens, à se fier aux dons qu’Athéna lui prodigue, à son art merveilleux, aux vertus de son cœur, à sa fourbe (…). Pour elle, grand renom (kleos) ! »37.
12Le kleos d’Ulysse est lui-même conforté par la geste glorieuse de son épouse comme par celle de son fils. Les klea des différents membres de sa famille se nourrissent sans doute mutuellement : reproduire les qualités du père et de l’époux doit autant être considéré comme un acte glorieux pour la femme, pour le fils comme pour le père qui est honoré par la capacité des siens à marcher dans ses pas. Valable pour l’Odyssée, la remarque ne s’applique pas à la tragédie classique qui, dans une réinterprétation critique du mythe, choisit de prendre le contre-pied d’Homère.
ULYSSE, FILS DE SISYPHE
13Du modèle héroïque à l’anti-modèle civique… il n’y a qu’un pas. Il est rapidement franchi par les dramaturges athéniens de l’époque classique. Soumise à une relecture civique, la renommée d’Ulysse fait, dans leurs œuvres, figure de repoussoir38. Le portrait du roi parfait, puissant et sage au Conseil fait place à celui du redoutable démagogue maître en ruse (mètis) et en discours trompeurs, alors même que l’art des sophistes et l’habileté manipulatrice des orateurs suscitent bon nombre de craintes dans la démocratie athénienne du ve siècle. En se faisant l’écho d’une légende noire suivant laquelle Ulysse serait le fils de Sisyphe39, le plus rusé des hommes40, Sophocle et Euripide dénoncent constamment ses perfidies politiques. Dans l’Ajax, on le soupçonne d’être à l’origine de la méchante rumeur (phatis) accablant le fils de Télamon41. Instrument du machiavélisme politique, Ulysse, « l’homme dont le renom n’est que de honte et d’infamie »42 est aussi le principal artisan de l’abandon de Philoctète comme le premier à vouloir le ramener à Troie pour assurer la victoire des Grecs43.
14Chez Euripide, Ulysse est censé incarner la parole démocratique44, notamment quand, en pleine Guerre du Péloponnèse, elle sert cruellement la raison d’État. Dans Hécube, il est à l’origine d’une terrible rumeur (phèmè) dénonçant la barbarie grecque45. « Ce bavard à-l’esprit-chatoyant-et-au-verbe-de-miel, ce flagorneur du peuple »46 parvient effectivement à persuader l’Assemblée grecque de sacrifier la fille d’Hécube, Polyxène, pour honorer la tombe d’Achille, et ainsi permettre le retour des troupes en Grèce. Comme lors de l’Assemblée athénienne réunie en 427 pour statuer sur le sort de Mytilène, les divisions y ont été brutales47, les propositions cruelles48 et les arguments déployés par les différents partis bas et cyniques. À Agamemnon qui défend Polyxène parce qu’il partage son lit avec Cassandre49, répondent les fils de Thésée, qui appellent au meurtre en tenant un double discours50, et surtout le terrible Ulysse qui convainc l’armée du caractère anodin des « égorgements d’esclaves »51. Il fait ainsi pencher l’Assemblée en faveur de la décision la plus cruelle, comme il le fera encore plus tard au sujet du jeune Astyanax52. Il partage en cela les mêmes défauts que le terrible Cléon : démagogue capable de flatter le peuple53 par son habileté rhétorique54, il est prêt, contre le droit et les lois55, à défendre froidement56 le pire des crimes tout comme à faire perdre la raison aux Assemblées pour satisfaire ses intérêts personnels57 sous couvert de servir la cause commune.
SOUFFRIR DANS LE SILLAGE D’ULYSSE
15Jouet des circonstances historiques, la renommée d’Ulysse retrouve les faveurs des auteurs de l’époque hellénistique. Dans un monde aux horizons élargis à la suite des conquêtes d’Alexandre le Grand, l’admiration revient aux hommes qui ont su braver à la fois les obstacles naturels et des peuples hostiles pour bâtir de vastes empires. Tel est le cas du souverain macédonien. Tel est aussi, d’une certaine façon, celui d’Ulysse qui ne reconquiert son trône qu’après avoir souffert58, loin des siens, au cours d’un long et périlleux voyage59.
16Exploitée à des fins de propagande, la mise en parallèle des deux gestes héroïques érige Ulysse au rang de souverain idéal. Admiré par Alexandre le Grand60 qui a pu se mettre à l’écoute de son kleos odysséen, le fils de Laërte l’est encore par Polybe qui loue Homère « pour avoir montré Ulysse, homme doué, s’il en fut, de toutes les qualités d’un chef »61. Parmi celles-ci, il retient sa capacité à supporter la fatigue pour se livrer à des enquêtes personnelles : « Voulant, en nous présentant le personnage d’Ulysse, nous montrer quelles doivent être les qualités d’un homme d’État, [Homère] dit ceci : “Parle-moi, Muse, de l’homme à l’esprit fertile et de ses longues errances”… Et plus loin : “il a visité les villes de bien des peuples, dont il a connu l’esprit et sur la mer, il a enduré bien des souffrances”, et encore : « j’ai affronté les guerres des hommes et les flots cruels”. Or, à mon sens, c’est un homme comme tel que réclame la majesté de l’histoire »62.
17On trouve encore quelque écho de cette admiration chez Apollonios de Rhodes. Bien qu’il présente l’expédition de Jason comme une entreprise guerrière63, les Argonautes évitent souvent l’affrontement armé au cours de leur voyage64. Il leur faut surtout surmonter des épreuves comparables à celles d’Ulysse dans l’Odyssée. Jason présente ainsi à ses compagnons les souffrances65 qui les attendent : « J’aurais dû résister à l’ordre de Pélias et refuser d’emblée cette expédition, quitte à périr de mort cruelle, dépecé membre à membre. Maintenant je ploie sous le fardeau d’une crainte extrême et d’angoisses insupportables, effrayé de naviguer sur ces routes de la mer qui glacent le sang, effrayé quand nous débarquons à terre, car il n’y a partout que des ennemis. Jour après jour, je passe des nuits blanches à gémir depuis que vous vous êtes rassemblés pour l’amour de moi, et à réfléchir sur tout (…). J’ai peur de ne pas vous ramener sains et saufs vers la terre d’Hellade »66. C’est en des termes comparables que Circé rappelle, dans l’Odyssée, les difficultés du voyage d’Ulysse et de ses compagnons : « Je sais tous les maux que vous avez soufferts sur la mer aux poissons ou, par la cruauté des hommes, sur la côte (…) ! Vous voilà sans élan et l’âme anéantie, vous rappelant sans fin vos tristes aventures, ne goûtant plus la joie, à force de souffrir »67. On note un parallélisme certain entre les difficultés des deux voyages et les qualités d’endurance et de vitalité qu’ils nécessitent de la part des héros68. La belle renommée des Argonautes pourrait directement dépendre de leur capacité à supporter des souffrances comparables à celles rencontrées par Ulysse dans l’Odyssée.
18Les remontrances d’Héraclès adressées aux Argonautes lors de leur séjour à Lemnos s’inscrivent dans une perspective comparable. Alors qu’ils se laissent séduire par les plaisirs et les festivités organisées dans l’île69, Héraclès leur tient un discours froid et ironique : « On différait de jour en jour le départ en mer ; ils seraient longtemps restés sur place à ne rien faire, si Héraclès n’avait réuni ses compagnons à l’écart des femmes pour leur adresser ces reproches (…) : “Est-ce le besoin de nous marier qui nous a fait venir de là-bas ici, méprisant les femmes de nos villes ? Avons-nous décidé d’habiter ici pour partager les glèbes fécondes de Lemnos ? En vérité, nous ne gagnerons pas beaucoup de gloire (eukleès) à vivre si longtemps avec des étrangères, en reclus ; et la toison, elle ne viendra pas toute seule, cadeau d’un dieu qui s’en irait à notre prière la conquérir pour nous ! Rentrons, chacun chez soi ; et lui, laissons-le passer toutes ses journées dans le lit d’Hypsipylé, jusqu’à ce qu’il ait peuplé Lemnos d’enfants mâles et acquis de la sorte une grande renommée (baxis)” »70. L’opposition est nette entre la gloire que Jason pourrait acquérir en poursuivant son éprouvant périple et la renommée (baxis) ironique qu’il obtiendra, sur une terre étrangère, en cédant aux plaisirs féminins71. Jason pourrait succomber ici à une tentation qu’Ulysse a précisément repoussée alors qu’il était retenu chez Calypso et chez Circé. Refusant d’oublier Ithaque72, il tourne le dos à leur hospitalité73 et à leurs charmes pour reprendre son voyage : « Oui ! Là-bas, Calypso, au creux de ses cavernes m’enfermait et brûlait, cette toute divine, de m’avoir pour époux ; au manoir d’Aiaié, la perfide Circé voulait pareillement me garder pour époux ! Jamais, au fond de moi, mon cœur ne consentit »74.
19Si le public d’Apollonios de Rhodes goûte assurément ses nombreuses allusions érudites aux textes homériques, il apprécie sans doute également sa volonté de faire reposer la belle renommée des Argonautes sur des qualités démontrées par Alexandre le Grand lors de ses conquêtes en Orient. Comme ces héros, le conquérant macédonien a acquis une grande renommée dans des pays lointains grâce à son endurance et à sa vitalité. Elles lui ont permis de s’affranchir des distances, de surmonter les obstacles physiques et de dominer des peuplades barbares hostiles. À l’instar d’Ulysse et des Argonautes conseillés par Héraclès, Alexandre préfère mener une entreprise glorieuse plutôt qu’une vie inactive consacrée aux noces et aux plaisirs. Diodore de Sicile rappelle que lors du conseil tenu par Alexandre avec ses Amis avant son passage en Asie : « Antipatros et Parménion lui conseillaient de commencer par avoir un enfant avant d’entreprendre une tâche de cette ampleur. Mais, étant enclin à l’action et hostile à tout ce qui pouvait le retarder dans ses entreprises, il leur répliqua : “Quelle honte (…) si l’homme que les Grecs avaient chargé de conduire la guerre, et qui avait reçu de son père en héritage des armes invincibles, demeurait dans l’inaction à célébrer des noces et à attendre patiemment la naissance d’un enfant !” »75. L’épopée d’Apollonios n’est pas dénuée de dimension politique. Composée pour séduire les Lagides qui aiment se présenter comme les authentiques successeurs d’Alexandre le Grand et d’Héraclès76, elle met en avant des qualités prêtées, à l’époque hellénistique, aux plus grands souverains grâce à la célébration des Argonautes mais aussi grâce aux références implicites à Ulysse qui a pu être érigé en modèle à suivre.
20Ces quelques considérations sur l’évolution de la perception de la renommée d’Ulysse permettent d’éclairer la genèse des bruits publics ainsi que leur rôle social et politique. C’est bien dans le sillage de la renommée du héros homérique qu’une partie des rumeurs et des renommées relevées dans nos sources semble s’élaborer. Proposée comme un modèle à suivre dans les œuvres épiques de la période archaïque (Homère) et hellénistique (Apollonios de Rhodes) ou bien comme un exemple à rejeter dans le théâtre athénien classique, la renommée d’Ulysse engage ceux qui choisissent de s’y référer à se distinguer par des qualités hors du commun.
21C’est à ce prix qu’ils peuvent gagner une belle renommée et affirmer leur propre identité. La renommée d’Ulysse est autant nécessaire à Pénélope pour se présenter comme une digne épouse qu’à Télémaque pour gagner sa place dans le monde des héros. La transmission de l’exemple paternel par le biais des bruits publics s’exerce tout au long de la période. Elle n’est pas propre à la famille d’Ulysse : chez Euripide, le kleos revient encore aux enfants capables reproduire les qualités de leurs glorieux parents77. Elle n’est pas nécessairement héroïque : dans Les Lois, Platon associe la belle renommée (kleos) des enfants à leur capacité à juger des bonnes mœurs de leurs parents et à ne pas reproduire leurs vices78.
22Matrice épique malléable au fil des siècles, la renommée d’Ulysse se présente comme un miroir à même, pour chaque époque, de refléter les qualités, les valeurs et les contre-valeurs qui sont placées au cœur de la vie politique. Nécessaire à Télémaque pour dominer les prétendants, indispensable à Pénélope pour être considérée comme un roi parfait, la renommée d’Ulysse permet aux dramaturges athéniens de condamner les dérapages démagogiques des orateurs ou les dangers de la parole trop bien manipulée par les sophistes, tout comme de conforter le prestige des souverains hellénistiques qui parviennent, par leurs conquêtes, à se montrer aussi endurants et clairvoyants que le fils de Laërte.
23Nos analyses sont-elles pour autant parvenues à venir à bout du caractère polymorphe de la figure d’Ulysse ? Certainement pas. À peine Ulysse est-il utilisé comme modèle ou figure repoussoir, aussitôt il s’échappe pour incarner un autre personnage. Il est bien difficile de rendre compte de l’ensemble des facettes du kaléidoscope dans lequel se reflète sa réception classique et hellénistique. Si l’on en croit F. Hartog, Ulysse tel qu’il a voyagé dans l’Odyssée a nourri la vision que les Grecs ont eu d’eux-mêmes et des autres79. Figure modèle dont se réclament des voyageurs effectifs ou fictifs, à l’instar d’Anacharsis, d’Alexandre le Grand ou encore de Pausanias80, pour dire et voir le monde, Ulysse entraîne encore dans ses pas des historiens comme Hérodote81 ou Polybe, ouvre la voie à des géographes tels que Strabon82, stigmatise les sophistes de l’époque classique autant qu’il est proposé comme modèle aux hommes politiques chez Polybe83, et s’offre régulièrement comme une figure susceptible d’incarner l’idéal d’humanité des écoles philosophiques84 : à l’Ulysse socratique capable d’adapter son logos à ses auditeurs succédera ainsi l’Ulysse cynique mendiant en son palais ou bien encore l’Ulysse stoïcien à même d’endurer les caprices de la Fortune. Au regard de son incroyable postérité, Ulysse mérite bien de côtoyer Achille dans le panthéon des héros grecs qui, sans cesse revisités, hantent la littérature, pour des siècles et des siècles.
Notes de bas de page
1 Pindare, Néméennes, VII, I, 20-21 (logos) et Théocrite, XVI, Les Charites ou Hiéron, 51-57 (kleos).
2 Elle est ainsi présentée par Homère, Odyssée, XVI, 241-242.
3 Sur la réception de la perception d’Ulysse, consulter F. Hartog, Mémoire d’Ulysse. Récits sur la frontière en Grèce ancienne, Paris, 1996.
4 Homère, Odyssée, I, 93-95.
5 Sur le voyage et les épreuves de Télémaque dans l’Odyssée : G. M. Calhoun., « Télémaque et le plan de l’Odyssée », REG, 47, 1934, pp. 153-163 ; H. W. Clarke, « Telemachus and the Telemacheia », Greece and Rome, 1954, pp. 58-64 ; M. Oka, « Telemachus in the Odyssey », JCS, 13, 1965, pp. 33-50 ; P. V. Jones, « The KLEOS of Telemachus : Odyssey, I, 95 », American Journal of Philology, 109, 1988, pp. 496-507 et É. Scheid-Tissinier, « Télémaque et les prétendants, les neoi d’Ithaque », L’Antiquité Classique, 62, 1993, pp. 1-22.
6 Scholie à Odyssée, I, 284.
7 Tel est l’avis d’Eusthate. Sur ce point, voir notamment P. V. Jones, op. cit., p. 496. Homère, Odyssée, XIII, 421-424 semble cependant aller contre cette interprétation.
8 Homère, Odyssée, IV, 316-317.
9 Homère, Odyssée, III, 83-85.
10 Homère, Odyssée, III, 75-78.
11 Homère, Odyssée, II, 30-32, 42-44.
12 Homère, Odyssée, I, 236-243.
13 Tel n’est pas le cas de Diomède, d’Hector et de Néoptolème qui ont pu développer les mêmes qualités que leur père et ainsi asseoir leur statut de héros (Homère, Iliade, V, 812-813 ; VI, 477-480 et Odyssée, XI, 492-537).
14 Homère, Odyssée, I, 214-216.
15 Sur ce point : F. Hartog, op. cit., p. 42.
16 Homère, Odyssée, I, 344 ; IV, 726, 816.
17 Homère, Odyssée, I, 241. Sur le monde des errances d’Ulysse comme un monde de l’oubli, sans gloire, sans passé et sans mémoire : F. Hartog, op. cit., p. 37.
18 À l’exception de Pénélope (Homère, Odyssée, I, 721-727), personne n’y fait allusion.
19 Par exemple Homère, Iliade, III, 200-202.
20 Homère, Odyssée, III, 118-129.
21 Homère, Odyssée, IV, 105-107, 240-243, 266-272 et 341-344.
22 Homère, Odyssée, XVI, 241-242.
23 Homère, Odyssée, I, 206 sq et IV, 139 sq.
24 Homère, Odyssée, XVI, 241-242.
25 Homère, Odyssée, III, 120-125.
26 Homère, Odyssée, XX, 308-313.
27 Homère, Odyssée, XVI, 374-375.
28 Comparer notamment Homère, Odyssée, XVII, 464-466 et 489-491.
29 Voir Homère, Odyssée, VI, 148.
30 Homère, Odyssée, XXIV, 192-198.
31 Consulter respectivement Ch. Segal, « Kleos and its Ironies in the Odyssey », Antiquité classique, 52, 1983, pp. 28-47 (en particulier p. 31) et G. Nagy, Le meilleur des Achéens, la fabrique du héros dans la poésie grecque archaïque, Paris, 1979, rééd. 1994, pp. 60-62.
32 Homère, Odyssée, II, 125.
33 Homère, Odyssée, XIX, 107-114 et 125-140.
34 Homère, Odyssée, II, 46-47 ; IV, 687-693 et V, 7-12.
35 Ed. Lévy, « Areté, timè, aidôs, et némésis : le modèle homérique », Ktèma, 1995, pp. 177-211 (en particulier p. 185).
36 Homère, Odyssée, IX, 19-20.
37 Homère, Odyssée, II, 104-126.
38 Cet avis n’est pas partagé par tous à l’époque classique. Thémistocle est ainsi qualifié par ses contemporains de « nouvel Ulysse » car il a réussi à remporter la victoire de Salamine (480) grâce à une ruse ingénieuse (Plutarque, De la malignité d’Hérodote, 869F). Ulysse reçoit également les faveurs de Xénophon. V. Azoulay note que « durant toute la première partie de l’Anabase, le stratège athénien calque sa conduite sur celle d’Ulysse. Comme lui, il est désireux de rentrer dans sa patrie et d’y mener sain et sauf ses compagnons. Selon lui, il ne faut pas s’attarder sur le territoire perse, faute de quoi les Dix-Mille pourraient bien oublier “comme les Lotophages, le chemin du retour” (Xénophon, Anabase, III, 2, 25) » (V. Azoulay, Xénophon et les grâces du pouvoir, de la charis au charisme, Paris, 2004, pp. 346-347 ; voir aussi M. Lossau, « Xenophon Odyssee », A & A, 36, 1990, pp. 47-52 et P. Schubert, « Xénophon dans le rôle d’un second Ulysse ou les conséquences de l’impiété », in A. Kolde, A. Lukinovich, A. L. Rey (éds.), Mélanges offerts à A. Hurst, Genève, 2005, pp. 285-292). On notera enfin avec D. Lévystone, « La figure d’Ulysse chez les Socratiques : Socrate polutropos », Phronesis, 50 (3), 2005, pp. 181-204, que la rhétorique d’Ulysse est réhabilitée dans l’œuvre de Xénophon, d’Antisthène et dans l’Hippias mineur de Platon au point de servir de modèle à Socrate lui-même qui doit lui aussi adapter son logos à ses auditeurs et ainsi mener à bien une véritable Odyssée dont le but est la recherche de la connaissance.
39 Les ennemis d’Ulysse prétendaient que sa mère Anticlée était enceinte de Sisyphe avant son mariage avec Laërte (scholies à Ajax, 190 et à Philoctète, 625 ; Euripide, Le Cyclope, 104).
40 Homère, Iliade, VI, 153.
41 Sophocle, Ajax, 186-192.
42 Sophocle, Ajax, 607-608.
43 Sur la figure d’Ulysse comme outil de dénonciation de l’immoralisme politique athénien dans Philoctète : J. F. Ribeiro, « O significado da figura de Ulisses no Filoctetes », Humanitas, 31-32, 1979-1980, pp. 115-139 et J. Boulogne, « Ulysse : deux figures de la démocratie chez Sophocle », RPh, 62, 1988, pp. 99-107.
44 N. Loraux, « L’histoire commence à la prise de Troie », in Euripide, Hécube, texte établi par L. Méridier, traduit par N. Loraux et F. Rey, Paris, 2002, p. XXXIX.
45 Euripide, Hécube, 175-176.
46 Euripide, Hécube, 131-132 (traduction N. Loraux et F. Rey).
47 Euripide, Hécube, 116-119. Au sujet de l’Assemblée athénienne de 427, Thucydide, III, 49 rappelle que Cléon et Diodote se sont opposés frontalement. C’est de justesse que la décision de Diodote, la plus clémente, l’emporte.
48 Lors de l’assemblée de 427, Cléon soutient la position la plus extrême, qui consiste à tuer la totalité des citoyens adultes de Mytilène et à réduire en esclavage femmes et enfants (Thucydide, III, 37-40). Homme violent, Cléon met en garde ses concitoyens contre les trois sentiments les plus nuisibles à l’empire : « la compassion, le plaisir de l’éloquence et la clémence » (Thucydide, III, 40, 1). Emportés par la colère (orgè), les Athéniens votent une première fois pour la cruelle proposition de Cléon (Thucydide, III, 36).
49 Euripide, Hécube, 120-122.
50 Euripide, Hécube, 123-128.
51 Euripide, Hécube, 133-134.
52 Euripide, Les Troyennes, 719 sq. Dans Iphigénie à Aulis, c’est encore Ulysse qui vient chercher Iphigénie pour la conduire au sacrifice (Euripide, Iphigénie à Aulis, 1361-1364). Sur l’image négative d’Ulysse et son utilisation politique dans l’œuvre d’Euripide, voir encore H. Grégoire, « Euripide, Ulysse et Alcibiade », BAB, 1933, pp. 83-106.
53 Euripide, Hécube, 257 ; Iphigénie à Aulis, 526.
54 Euripide, Hécube, 131-132.
55 Euripide, Les Troyennes, 277-291. Lors de l’Assemblée devant statuer sur le sort de Mytilène, Cléon déclare quant à lui : « Il vaut mieux pour un État avoir des lois mauvaises mais inflexibles que d’en avoir de bonnes qui n’aient aucune efficacité » (Thucydide, III, 37, 3).
56 Sans ménagement, il annonce à Hécube le sacrifice de sa fille, fait la sourde oreille à ses prières et ne manifeste aucune émotion lors de leurs adieux (Euripide, Hécube, 218-227 et 239-255).
57 Euripide, Hécube, 254-255 ; Euripide, Iphigénie à Aulis, 527.
58 Sur la construction de la figure d’Ulysse comme héros de l’Endurance, le Polutropos : voir F. Hartog, op. cit., pp. 24 sq.
59 Sur les différents voyageurs qui se sont réclamés d’Ulysse tout au long de l’histoire grecque, se référer à F. Hartog, op. cit.
60 Sur l’intérêt d’Alexandre pour l’Odyssée : Plutarque, La Fortune d’Alexandre, 327 E-328 A.
61 Polybe, IX, 16, 1 (traduction D. Roussel).
62 Polybe, XII, 27, 10-28, 1 (traduction D. Roussel) (voir Homère, Odyssée, I, 1, 364 et VIII, 23).
63 Jason est ainsi qualifié d’arèios (Apollonios de Rhodes, I, 349 et II, 122). Quelques scènes précédant le départ de l’expédition reprennent aussi le thème du départ du guerrier : Apollonios de Rhodes, I, 242-245 et 261-267.
64 Ils évitent ainsi les épreuves de force contre les Amazones, contre Aiétès et contre les Colques.
65 Sur le caractère pénible du voyage (ponos) : Apollonios de Rhodes, I, 246.
66 Apollonios de Rhodes, II, 624-638 (traduction E. Delage).
67 Homère, Odyssée, X, 457-465.
68 Sur la vigueur et l’endurance démontrées par les Argonautes lors de leur voyage en mer : Apollonios de Rhodes, I, 542-546 ; I, 1153-1171 ; II, 43-50 ; II, 658-673. Dans l’Odyssée, le voyage en mer, « route odieuse », « longue et douloureuse », met les marins à rude épreuve (Homère, Odyssée, III, 288 ; IV, 393 et 483). Ulysse est un héros d’endurance : talasiphrôn (« à l’âme courageuse » ; Homère, Odyssée, III, 84), polutlas (« qui a beaucoup souffert » : Homère, Odyssée, V, 171), tlèmôn (« qui supporte patiemment » : Homère, Iliade, V, 669-670 et X, 498.). Sur les souffrances endurées par Ulysse lors de son voyage, en mer et au combat, loin des siens : Homère, Odyssée, I, 1-5, 48-50 ; II, 369-370 ; V, 219-224, 362 ; VII, 211-214 ; VIII, 179-184, 231-233, 572-576 ; X, 457-459 ; XIII, 90-91 ; XVII, 284-285.
69 Apollonios de Rhodes, I, 857-860.
70 Apollonios de Rhodes, I, 861-874.
71 La formule ironique « avons-nous décidé d’habiter ici pour partager les glèbes fécondes de Lemnos » (Apollonios de Rhodes, I, 867-868) sous-entend probablement que les terres à labourer sont moins les champs de Lemnos que les femmes elles-mêmes.
72 Circé veut notamment lui verser l’oubli d’Ithaque grâce à ses litanies amoureuses (Homère, Odyssée, I, 55-57).
73 Calypso l’accueille, le nourrit et promet de le rendre immortel et jeune à tout jamais (Homère, Odyssée, V, 135-136) sans toutefois parvenir à le faire céder à ses avances (Homère, Odyssée, VII, 241-262). Circé organise quant à elle des festins avec du bon vin et des viandes à foison (Homère, Odyssée, X, 467-468).
74 Homère, Odyssée, IX, 29-33. Voir aussi pour Calypso : Homère, Odyssée, V, 118-120 et pour Circé : Homère, Odyssée, X, 337-344 et le désir d’Ulysse de ne pas céder : Homère, Odyssée, V, 152-155 et X, 483-487.
75 Diodore de Sicile, XVII, 16, 1-2 (traduction P. Goukowsky). Arrien, V, 26, 6 prête des propos analogues à Alexandre lors de la mutinerie de l’Hyphase.
76 Théocrite, XVII, Éloge de Ptolémée, 17-33.
77 Euripide, Hélène, 939-943.
78 Platon, Les Lois, IX, 855a.
79 F. Hartog, op. cit., p. 34.
80 Consulter respectivement F. Hartog, op. cit., pp. 115-127, 161-171 et 151-158.
81 F. Hartog, op. cit., pp. 45-46 et 151-152.
82 F. Hartog, op. cit., pp. 201-204.
83 F. Hartog, op. cit., p. 202.
84 F. Hartog, op. cit., p. 44.
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Ce livre est cité par
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