Chapitre III. Dans l’ombre d’Alexandre, rumeurs et renommées à l’époque hellénistique
p. 117-133
Texte intégral
1Une expédition extraordinaire, des hommes exceptionnels et des bruits publics d’un genre nouveau. Conquis à la pointe de la lance, parcouru à cheval par une poignée d’hommes et réorganisé par Alexandre le Grand, l’Empire perse succède à la plaine de Troie comme théâtre privilégié de l’héroïsme. Un héroïsme d’un genre nouveau qui marque de façon décisive l’histoire des bruits publics en Grèce ancienne en introduisant dans leurs thématiques l’éloge d’individus exceptionnels. C’est bien désormais dans l’ombre de la renommée d’Alexandre que semble se profiler la plus grande partie des bruits publics de l’époque hellénistique, notamment lorsqu’ils sont rapportés par Polybe.
2Pour l’historien, il ne faut pas en douter : la belle renommée (phèmè) d’Alexandre et de ses amis, nourrie par leurs exploits accomplis en terre barbare, est amplement méritée. Il reconnaît ainsi : « De toute évidence leur endurance (philoponia) et leur audace (tolma) ont placé l’empire macédonien au sommet de la gloire et de la grandeur, à partir d’un royaume infime. Et indépendamment des exploits du temps de Philippe, ceux qui furent accomplis après sa mort avec Alexandre ont valu à ces héros une [renommée] (phèmè) de valeur reconnue par tous »1. Transformer un « royaume infime » en « un empire au sommet de la gloire et de la grandeur » compte parmi les exploits les plus appréciés dans l’œuvre de Polybe2. Il vaut une grande renommée aux souverains hellénistiques capables d’agir comme Alexandre le Grand. Il en va ainsi d’Eumène II de Pergame qui, selon Polybe, « fut plus brillant que [les souverains de son temps] dans les activités qui sont les plus importantes et les plus glorieuses ». Pour illustrer son propos, Polybe cite alors son plus grand titre de gloire : « Ayant hérité de son père un royaume qui ne comprenait que quelques pauvres villes, il se créa un empire qui pouvait rivaliser avec les plus puissants États de cette époque »3.
3Le long passage consacré au livre VIII à Philippe II et à Alexandre indique que Polybe a pris parti dans le débat sur l’origine des exploits exceptionnels qui leur ont permis d’obtenir une belle renommée (phèmè). À la différence des détracteurs des rois de Macédoine et d’Alexandre en particulier4, Polybe ne choisit pas d’expliquer par la Fortune (Tychè) leurs succès. S’il ne nie pas le rôle de la Tychè dans les affaires du monde, il accorde une importance majeure aux hommes comme acteurs de l’histoire5. Cette conception dicte nombre de ses considérations sur les hauts faits réalisés à l’époque hellénistique. Il affirme ainsi que les exploits d’Eumène II se comprennent non pas par l’intervention de la Fortune mais par sa sagacité, sa persévérance et son énergie6. Il défend de la même façon Philopœmen7, Scipion l’Africain8, Scipion Émilien9 et même la réussite des Romains dans leur projet de domination universelle10. Les actions glorieuses susceptibles d’accorder une belle renommée sont, selon lui, le fruit des qualités exceptionnelles d’un individu11. Aux fondements des exploits accomplis par Philippe et d’Alexandre, on doit ainsi placer leurs nombreuses vertus royales12 qui reposent sur des qualités traditionnellement reconnues (l’audace [tolma], le courage, la vigueur physique13), sur des traits de caractère appréciés à l’époque classique (l’endurance (philoponia), la tempérance et la modération [sôphrosunè]) tout comme sur des dispositions d’esprit célébrées à l’époque hellénistique (notamment le choix judicieux de ses amis, la grandeur d’âme ou la magnanimité [megalopsuchia]14).
4Armé d’une panoplie très complète de qualités personnelles, Alexandre le Grand se distingue des personnages historiques qui ont été, jusqu’à présent, la cible de bruits publics et modifie, par ses exploits, les voies traditionnelles de la distinction glorieuse. Alors que les rumeurs et les renommées de l’époque classique célébraient surtout les hommes capables de dominer leurs passions par le truchement de la raison tout en servant la communauté civique, ceux de la période hellénistique accordent une plus grande attention aux individus exceptionnels susceptibles de se distinguer par des vertus comparables à celles d’Alexandre le Grand ou, mieux encore, par des exploits reproduisant les siens.
L’INCROYABLE PSEUDO-PHILIPPE, UN AVENTURIER « TOMBÉ DU CIEL »
5Quels que soient les champs d’opérations militaires dans lesquels ils ont pu courir, les bruits publics se focalisent souvent, chez Polybe, sur des individus susceptibles de jouer un rôle historique majeur. À Rome, des bruits s’inquiètent de l’invincibilité d’Hannibal et de ses hommes qui parcourent l’Italie lors de la deuxième Guerre Punique15. En Grèce et en Macédoine, des rumeurs s’intéressent, dans la première moitié du iie siècle, aux hommes capables de freiner la domination romaine. Ils possèdent tous des qualités comparables à celles d’Alexandre le Grand : l’intelligence, l’endurance, l’énergie, l’audace, le génie guerrier. Comme leurs prédécesseurs archaïques et classiques, les bruits militaires rapportés par Polybe portent la marque de leur époque. Plus que le nombre des effectifs militaires, c’est surtout désormais la personne du chef de guerre qui focalise les attentions16.
6Divisée en quatre républiques après la défaite du roi Persée à Pydna (168), la Macédoine est agitée, en 150-149, par des rumeurs annonçant d’incroyables victoires remportées contre les Romains et leurs partisans par un obscur prétendant au trône17, le Pseudo-Philippe (Andriscos). Polybe rapporte ceci : « Quant au Pseudo-Philippe, on refusa même, pour commencer, d’ajouter foi à une telle histoire (logos). Un Philippe, tombé du ciel, qui se présentait en Macédoine, qui se jouait non seulement des Macédoniens, mais aussi des Romains et qui ne disposait d’aucun argument plausible pour se lancer dans une pareille entreprise, puisque l’on savait que le véritable Philippe était mort à Albe, [en 156], en Italie, deux ans après Persée, à l’âge de dix-huit ans environ. Mais au bout de trois ou quatre mois, quand le bruit (phèmè) se répandit qu’il avait vaincu les Macédoniens dans une bataille livrée au-delà du Strymon, au pays des Odomantes, un certain nombre de gens admirent que la nouvelle (logos) était vraie, tandis que la plupart persistaient dans leur scepticisme. Peu après, on annonça qu’il avait à nouveau battu les Macédoniens (…) et qu’il était maître de toute la Macédoine. Puis, quand les Thessaliens [annonçaient qu’ils] réclamaient du secours, parce qu’ils se voyaient menacés à leur tour, la surprise fut grande et la chose parut tout à fait extraordinaire. Un tel événement paraissait absolument inconcevable et inexplicable »18.
7À l’instar de la rumeur (phèmè) annonçant l’incroyable fait d’armes de Persée à Callinicos contre les Romains (171)19, les bruits sur les succès d’Andriscos annoncent la victoire inattendue d’un homme qui parvient à contrarier un adversaire plus puissant que lui. Polybe rappelle notamment qu’Andriscos « ne dispose d’aucun argument plausible pour se lancer dans une telle entreprise », c’est-à-dire pour lutter contre les Romains et les Macédoniens qui obéissent au régime des Conseils créés par les vainqueurs de Pydna. Comme dans le cas de Persée, la rumeur présente la venue de cet aventurier comme providentielle. « Tombé du ciel », ce prétendu fils de Persée se joue des Macédoniens comme des Romains. Sa réussite invraisemblable séduit assurément une partie du peuple macédonien qui en vient à accorder quelque crédit aux rumeurs sur ses faits d’armes et ses incroyables prétentions dynastiques20. Alors même que la mort du fils de Persée, Philippe VI, est tenue pour certaine, un nombre assez important de Macédoniens embrasse sa cause et n’hésite pas à combattre avec vaillance pour lui permettre de monter sur le trône21. Leur soutien déconcerte Polybe. Il voit en lui l’œuvre de la colère céleste qui pousse les Macédoniens à se tourner vers un tyran cruel alors même qu’ils bénéficient des bienfaits des Romains22. Contre cette interprétation qui refuse de donner une cause rationnelle au comportement des partisans d’Andriscos, nous proposons, d’une part, d’expliquer ce soutien par la capacité d’Andriscos à satisfaire les attentes de ce peuple et, d’autre part, de voir dans la rumeur sur ses incroyables succès un bruit caractéristique de ceux qui ont pu courir en Grèce lors de la première moitié du iie siècle.
8Andriscos réussit manifestement à passer auprès des Macédoniens pour un homme providentiel car certains d’entre eux le croient tout à la fois capable de réunifier leur pays23, de rétablir une monarchie qu’ils regrettent sans doute24 et d’effacer l’humiliation de Pydna grâce à sa politique probablement anti-romaine25. Sa propagande comme ses succès, colportés par la rumeur, assurent qu’il possède les qualités des plus grands souverains macédoniens.
9Il s’attache à légitimer sa filiation royale pour appuyer ses prétentions au trône mais aussi pour capter à son profit la renommée des souverains macédoniens26 et même encore pour cautionner sa lutte contre les Romains que Philippe V et Persée avaient déjà entreprise au début du iie siècle27. Il sait jouer de sa ressemblance physique avec le véritable Philippe VI28 et monte un récit habile29 diffusé par des on-dit30 selon lequel il est le propre fils de Persée et par conséquent le descendant d’Alexandre le Grand. Pour le rendre crédible, Andriscos utilise à son profit une habitude prise par les monarques de l’époque hellénistique : comme Philippe V31 et le roi de Syrie Démétrios32 ont souhaité le faire pour leur propre fils, Persée alors en lutte contre les Romains l’a caché pour l’éloigner des hasards de la guerre et ainsi préserver un descendant de la race royale33. Confié à un Crétois dès son plus jeune âge, le Pseudo-Philippe ignore sa condition royale et les trésors que Persée lui a laissés jusqu’à sa puberté. Pour échapper à Eumène, il doit quitter sa famille d’accueil et se réfugier en Syrie où il dévoile les secrets de son origine.
10Cette seule fiction n’aurait sans doute pas suffi à trouver quelque crédit auprès du peuple macédonien si Andriscos n’avait pas lui-même démontré de véritables vertus royales. Il se distingue tout d’abord par deux qualités souvent attribuées chez Polybe aux plus grands chefs de guerre : une très grande activité et une énergie peu commune. Son incroyable parcours d’aventurier34 le conduit effectivement depuis la Syrie jusqu’à Rome où il est livré en 153 par Démétrios au Sénat35. Il parvient à échapper à la surveillance des Romains et regagne l’Orient. Il se rend à Milet puis à Byzance où un prince local, gendre de Philippe V, le reconnaît. Il passe alors en Macédoine où il enchaîne, en très peu de temps, les succès militaires. Maître du pays, il menace alors la Thessalie en 149 et parvient à y battre une légion romaine36. Comme nombre de souverains macédoniens, il réussit ainsi à l’emporter à plusieurs reprises sur des armées adverses supérieures en nombre37 grâce à une poignée d’hommes courageux38. Ce sont autant d’exploits qui poussent ses contemporains à voir en lui un prétendant légitime au trône de Macédoine.
HANNIBAL SUR LES TRACES D’ALEXANDRE DANS LES MARAIS D’ÉTRURIE
11À l’annonce de la décision d’Hannibal de traverser les marais d’Étrurie en 217, une rumeur effrayante se répand dans les troupes carthaginoises : « Quand revint la belle saison, [Hannibal] recueillit des informations auprès des gens qui passaient pour connaître particulièrement bien le pays et apprit ainsi que les routes par lesquelles il pouvait pénétrer en territoire ennemi étaient généralement bien longues et très faciles à surveiller pour les Romains, mais que celle qui menait en Étrurie à travers la zone marécageuse lui permettrait, malgré les difficultés du parcours, d’avancer en ligne directe et de surprendre Flaminius. Comme il était déjà naturellement porté à prendre des décisions de ce genre, il résolut d’emprunter cette route-là. Le bruit (phèmè) se répandit alors dans son armée qu’Hannibal allait emmener ses troupes à travers les marécages, ce qui provoqua une appréhension générale, chacun imaginant des fondrières et des bourbiers effrayants. Mais Hannibal, qui s’était soigneusement enquis à ce sujet, savait qu’il ne s’agissait que d’une mince couche d’eau recouvrant un terrain solide »39.
12Le caractère terrifiant de la rumeur s’explique par le contexte particulier de l’année 217 comme par le caractère d’Hannibal40. Les troupes carthaginoises sortent éprouvées physiquement et moralement des épreuves qu’il leur a imposées dès le début de la deuxième Guerre Punique. Après avoir franchi l’Èbre et les Pyrénées, ses troupes parcourent à marches forcées la Gaule au milieu de populations hostiles, franchissent le Rhône au courant impétueux41 et s’attaquent enfin aux Alpes42. Le massif montagneux, dont « la renommée (fama) publiait des récits effrayants »43, fait subir « les plus grands périls » aux Carthaginois44. La neige, les hauteurs, les chemins étroits, le froid, les privations de nourriture et les peuplades45 infligent de lourdes pertes à l’armée d’Hannibal46 et affaiblissent considérablement les survivants47. On comprend qu’aux lendemains de cette terrible traversée, l’annonce d’une nouvelle épreuve puisse aussi rapidement effrayer ses hommes. La circulation de bruits terrifiants est une réaction assez classique dans ce genre de situation. Au début de l’expédition, les troupes carthaginoises sont déjà inquiétées, selon Tite-Live, par des rumeurs semblables : « Lorsque les troupes furent engagées dans les défilés des Pyrénées, et qu’une nouvelle rumeur (rumor) devenue officielle eut appris aux Barbares qu’on marchait contre les Romains, trois mille fantassins carpétans rebroussèrent chemin ; ce n’était pas la guerre qui les effrayait mais la longueur de la route et le passage impraticable des Alpes »48.
13L’audace extraordinaire d’Hannibal49 est également susceptible d’alimenter les bruits bouleversant ses troupes avant la traversée des marais d’Étrurie. Elles savent d’expérience que leur général « est naturellement porté à prendre des décisions de ce genre ». Ses projets contre Rome50 tout comme les épreuves précédemment décrites en constituent l’illustration. On redoute ainsi qu’il soit amené, comme un mauvais chef de guerre, à mettre en danger la survie de ses troupes par sa hardiesse irréfléchie51.
14Le caractère effrayant de la traversée des marais pourrait tenir également à la crainte des troupes carthaginoises de voir Hannibal leur imposer une épreuve volontairement redoutable. Quelques arguments semblent appuyer cette interprétation. Si l’on ne peut nier la dimension tactique de la traversée qui permet à Hannibal d’attaquer par surprise les Romains, il semble également possible de voir en elle une épreuve destinée à conforter la renommée d’invincibilité des troupes carthaginoises. Hannibal cherche ici à compléter son arsenal militaire en se dotant d’une arme psychologique à l’efficacité reconnue depuis le ve siècle. Elle est encore régulièrement utilisée par Alexandre le Grand, comme le rappelle Quinte-Curce au sujet de ses hésitations sur la stratégie à mener lors du siège de Tyr : « Le roi, fatigué, avait résolu de lever le siège et de passer en Égypte (…). Cependant, se retirer sans succès lui faisait autant de honte que de demeurer inactif. Il songeait aussi combien s’affaiblirait sa renommée (fama) à laquelle il devait plus de conquêtes qu’à ses armes mêmes, s’il laissait Tyr derrière lui, comme pour témoigner qu’il pouvait être vaincu. Voulant mettre toutes les chances de son côté, il ordonna de mettre en action plus de bateaux et d’y placer des soldats d’élite »52. Arrien, Diodore de Sicile et Quinte-Curce partagent cette idée et soulignent à plusieurs reprises que la renommée exceptionnelle d’Alexandre comme celle de ses troupes ont souvent effrayé ses ennemis53.
15Hannibal vise probablement le même objectif. Si Polybe ne mentionne pas directement cette renommée d’invincibilité au sujet de l’épisode étudié, il rappelle cependant qu’elle a servi d’argument au général carthaginois pour motiver ses troupes, en 202, avant la bataille de Zama : « Hannibal parcourait lui-même les rangs de ses vétérans et leur parlait longuement en les adjurant de se souvenir des dix-sept années pendant lesquels ils avaient servi ensemble et des innombrables combats qu’ils avaient livrés aux Romains. Toujours invincibles, ils n’avaient même jamais, leur rappela-t-il, laissé aux ennemis le moindre espoir de les vaincre un jour (…). Aussi se devaient-ils de ne pas ruiner leur réputation et leur gloire (doxa), ni celle de leur chef, et de lutter vaillamment pour préserver la [renommée] (phèmè) d’invincibilité qu’ils s’étaient acquise »54. Cette renommée d’invincibilité repose sur deux fondements. Comme Hannibal le suggère ici directement, elle tient d’abord à leurs nombreux succès militaires réalisés en Espagne ou en Italie. À l’instar de la belle renommée des Macédoniens55, celle des Carthaginois s’explique également par leur capacité à franchir victorieusement les obstacles naturels réputés les plus dangereux. L’épreuve des marais d’Étrurie s’inscrirait alors dans le prolongement de celle des Alpes. On sait à ce sujet que leur audacieuse traversée par les Carthaginois a stupéfié les Romains56. À la différence des Gaulois réputés pour leur mollesse et leur manque d’endurance57, les Carthaginois démontrent à cette occasion une vigueur corporelle et morale aussi extraordinaire que redoutable58 pour des Romains qui fondent pourtant leur belle renommée (phèmè) sur leur capacité à tout supporter59. Quelques témoignages rapportent ainsi qu’ils sont effrayés par la renommée d’invincibilité des Carthaginois acquise lors de ces épreuves. Après leur traversée des Alpes, ils sont, d’après Tite-Live, considérés par les Romains comme des hommes possédant « des âmes et des corps doués d’une énergie qu’aucune force ne saurait vaincre »60.
16Hannibal tient aussi probablement à conforter sa propre renommée personnelle. Les rumeurs assurant que les marais d’Étrurie sont « des fondrières et des bourbiers effrayants » traduisent peut-être l’appréhension de ses hommes face à sa volonté d’égaler les plus grands. L’hypothèse ne paraît pas inconcevable. On sait grâce à Quinte-Curce que des on-dit d’un genre semblable ont parcouru en 331 les troupes macédoniennes en Mésopotamie à la suite d’un mauvais présage survenu après la traversée du Tigre : « C’était contre la volonté des dieux, disaient-ils, qu’on les entraînait aux extrémités de la terre ; déjà les fleuves étaient inabordables et les astres ne prêtaient plus leur ancienne clarté ; partout ils rencontraient des terres dévastées, partout des déserts. Et pourquoi tant de sang ? Pour satisfaire la vanité d’un seul homme ! »61. Plutarque rappelle par ailleurs que les Macédoniens « résistèrent énergiquement à Alexandre, qui voulait les forcer à traverser le Gange, quand ils apprirent que ce fleuve avait trente-deux stades de large et cent brasses de profondeur et que la rive escarpée, de l’autre côté, était couverte d’une multitude d’armes, de chevaux et d’éléphants »62.
17Si Hannibal entretient ainsi l’ambition de posséder une renommée comparable à celle des plus grands chefs de guerre, il doit relever des défis à leur hauteur et faire montre à cette occasion des qualités propres aux meilleurs d’entre eux. La référence reste encore en ce domaine Alexandre le Grand, qui montra une « ambition invincible en soumettant de force non seulement les ennemis, mais même les lieux et les temps »63. Plusieurs sources tardives assurent qu’Hannibal considère Alexandre comme le plus grand général car, « avec une poignée de braves, il a mis en déroute des armées innombrables et parcouru des contrées où l’homme n’avait jamais eu l’espoir de pénétrer »64. Digne émule d’Alexandre le Grand65, il cherche à égaler sa renommée. Les épreuves qu’il impose à ses hommes tout au long de la deuxième Guerre Punique présentent de nombreuses similitudes avec celles qui ont assuré la gloire du Macédonien. Comme Alexandre le Grand, il lance, sur un continent étranger66, une expédition militaire qui surprend par sa longueur67. Ils parcourent tous deux, à marches forcées, des contrées hostiles, habitées par des peuplades belliqueuses et jalonnées de terribles obstacles naturels68. Ils traversent des fleuves gigantesques (le Rhône/le Granique69), franchissent de très hautes montagnes enneigées (les Pyrénées et les Alpes/le Caucase70) et parcourent des espaces aux conditions naturelles très difficiles (les marais d’Étrurie/des régions désertiques71) pour prendre leurs adversaires par surprise72.
18Comme la renommée d’Alexandre le Grand73, celle d’Hannibal sort sans doute grandie de cette série d’épreuves74. Elles sont pour lui l’occasion de démontrer des qualités comparables à celles d’Alexandre et peut-être même à celles d’Héraclès qui fut, d’après Justin, le premier à « franchir les cimes invincibles des Alpes et des lieux que le froid rend inaccessibles »75. La traversée des marais d’Étrurie permet au Carthaginois de briller par son audace réfléchie76. Comme Alexandre77 ou Scipion l’Africain78, il étudie minutieusement le terrain79 et prépare son expédition avec soin80.
19L’épreuve lui sert également à se distinguer par sa très grande rapidité de mouvement en milieu hostile81. Déjà démontrée lors des traversées des Pyrénées et des Alpes82, cette qualité le rapproche des plus grands hommes de guerre qui brillent par leur énergie. La rapidité d’Alexandre le Grand est soulignée à de nombreuses reprises chez Diodore de Sicile, Plutarque, Arrien et Quinte-Curce83. Polybe admire quant à lui Scipion l’Africain, Philopœmen et Philippe V pour leurs déplacements foudroyants84.
20L’activité inlassable d’Hannibal85, démontrée tout au long de son expédition européenne, est par ailleurs comparable à celle d’Alexandre, qui fonde sa renommée en affrontant sans cesse de nouveaux dangers86 et en menant comme lui des campagnes ininterrompues. Polybe voit en cette qualité une vertu propre aux bons généraux. Il l’attribue à Philopœmen87, à Scipion l’Africain comme à son père88. Il remarque par ailleurs qu’Antiochos III89 et Philippe V90 impressionnent par leur activité. Il constate aussi que Persée « montrait dans tout son comportement une dignité vraiment royale ; il avait une certaine prestance et toutes les aptitudes physiques requises pour l’action »91.
21On conclura ces remarques en insistant sur l’endurance extraordinaire qu’Hannibal démontre lors de la traversée des marais d’Étrurie. L’expédition lui fait subir bien des maux : l’épuisement physique, le manque de sommeil et la perte d’un œil qui doit être considérée, à l’instar des stigmates corporels de Marcus Servilius92, comme la marque indélébile de son endurance93. Une fois encore, sa capacité à supporter toutes les souffrances le rapproche d’Alexandre le Grand qui fonda son empire comme son prestige sur sa promptitude à courir aux dangers, à payer héroïquement de sa personne94 et à surmonter la douleur de ses blessures95. Polybe considère également la résistance aux souffrances comme une qualité de premier ordre. Si elle permet à Philopœmen de se distinguer dans sa jeunesse96, elle compte parmi les vertus de Massinissa considéré comme « le meilleur et le plus heureux des monarques de son temps »97.
22Les exploits d’Hannibal sonnent comme une invitation à l’action. Admirateur des grands chefs de guerre, compilateur de leurs vertus et de leurs prouesses, Polybe cherche également à être acteur de l’histoire. De cette somme de qualités décrites dans son œuvre, il lui faut tirer un enseignement98. Si « le caractère absolument extraordinaire des faits qu’[il] a entrepris de narrer suffit à lui seul pour retenir l’attention du public et inciter jeunes et vieux à se plonger dans [son] ouvrage »99, c’est à lui que revient la tâche d’éduquer son protégé, Scipion Émilien, dans les valeurs grecques et d’en faire le meilleur dirigeant de son temps.
LA BELLE RENOMMÉE DE SCIPION ÉMILIEN ET L’APPROPRIATION DES VALEURS GRECQUES
23Parmi les différentes renommées (phèmai) décrites par Polybe, on relève un cas inédit dans l’histoire des bruits publics en Grèce ancienne. Polybe assure que son amitié100 avec Scipion Émilien101, fils de Paul-Émile et petit-fils par adoption de Scipion l’Africain, est connue dans le monde entier : « J’ai annoncé aussi que j’expliquerai comment l’amitié (philia) que ce dernier [Scipion Émilien] avait nouée avec Polybe atteignit un tel degré d’intimité que sa renommée (phèmè) s’est propagée non seulement partout en Italie et en Grèce, mais que, même dans les contrées les plus lointaines, on eut connaissance des affectueuses relations qu’ils entretenaient »102. Célébrant les relations établies entre deux personnes de grande valeur, cette phèmè développe des thématiques nouvelles propres à l’époque hellénistique comme à la conception polybienne de l’amitié103, de l’histoire et de la renommée, qui est elle-même héritée de la geste d’Alexandre le Grand.
24À quel modèle culturel faut-il rattacher l’amitié entre Polybe et Scipion Émilien célébrée par une belle renommée (phèmè) ? Plonge-t-elle ses racines dans la paideia grecque traditionnelle qui confie l’éducation d’un jeune adolescent à un adulte ? L’hypothèse est peu vraisemblable104. S’inscrit-elle dans la lignée des amitiés fortes, sincères et gratifiantes105 qu’Alexandre106 et ses compagnons cherchaient à entretenir avec leurs proches107 ? Polybe cherche plus probablement à placer son amitié sous le signe du modèle culturel faisant du philosophe un éducateur du politique et dont l’archétype pourrait être la rencontre entre Socrate et Alcibiade, elle-même renouvelée avec Platon et Denys ou bien encore avec Aristote et Alexandre108. P. Payen préfère surtout replacer l’amitié liant Polybe à Scipion Émilien au cœur de son projet littéraire et lui attribuer une dimension historique et historiographique109. C’est bien en tant qu’acteur de l’histoire que Polybe, un Grec, assure avoir influencé l’éducation d’un des hommes qui ont placé Rome à la tête du monde. C’est aussi en tant qu’historien que Polybe entend faire le récit de la conquête romaine pour faire connaître et reconnaître à tous l’importance du rôle que les Grecs y ont joué110.
25En échange de l’hospitalité que les Scipions lui réservent quand il est otage à Rome111, Polybe accepte ainsi de former le jeune Scipion Émilien pour qu’il devienne le digne héritier de sa famille112 qui a activement participé à la conquête romaine113. Il se présente explicitement comme un guide dévoué114, pleinement conscient de ses responsabilités d’éducateur.
26Pour les honorer, Polybe choisit de s’inspirer de l’éducation suivie par un homme qu’il estime particulièrement : Philopœmen115. Prodiguées dans des conditions assez proches116, l’éducation du jeune romain comme celle de Philopœmen reposent sur des principes comparables117. Polybe accepte d’aider Scipion Émilien à acquérir une belle renommée (phèmè, doxa) d’homme brillant par sa tempérance (sôphrosunè), sa magnanimité (megalopsuchia) et son courage (andreia)118. Il lui propose pour cela de suivre une éducation orientée vers l’action et le désintéressement, comparable à celle qu’Ecdèmos et Démophanès ont donnée à Philopœmen119. Son long apprentissage repose ainsi sur des valeurs qui ne sont ni romaines120 ni enseignées par la foule des précepteurs grecs envoyés par Paul-Émile auprès de son fils121. Sans nier l’intérêt de ces enseignements122, Polybe se charge d’inculquer à son jeune protégé des vertus propres aux plus grands dirigeants grecs. Il destine notamment ce futur consul à se comporter comme Philopœmen et à partager la même renommée (phèmè) de vertu qu’Alexandre le Grand.
27Comme le conquérant macédonien, Scipion Émilien cherche à gagner une belle renommée (phèmè) d’honnêteté (kalokagathia) et de magnanimité (megalopsuchia)123 en multipliant les actes de désintéressement et de générosité à l’égard de ses parents. En se montrant à la fois philomètôr, philopatôr et philadelphe, il adopte une attitude qui, affichée par les rois hellénistiques124, se distingue de celle de ses contemporains romains. Tel est en tout cas l’avis de Polybe qui oppose sa libéralité à la parcimonie romaine dans les affaires d’argent125. Il faut sans doute aller plus loin et constater que la megalopsuchia placée par Polybe au fondement de la belle renommée (phèmè) de Scipion Émilien rappelle celle des rois macédoniens et des dirigeants hellénistiques126. Comme Plutarque127 et Diodore de Sicile128, Polybe en fait une des grandes vertus de Philippe et d’Alexandre le Grand129. Il considère également que Hiéron « avait l’étoffe pour faire un monarque et un homme d’État » car il régnait avec douceur et magnanimité (megalopsuchia)130. Il prête enfin cette qualité à des hommes qu’il estime particulièrement : Scipion l’Africain131 et Hannibal132.
28Parmi les actes qui ont contribué à asseoir la belle renommée de Scipion Émilien, on relève tout d’abord des gestes témoignant de son désintéressement. Il verse ainsi, immédiatement et en toute libéralité, l’intégralité de leur dot aux sœurs de son père adoptif, alors même que la loi lui permettait de faire fructifier cet argent133. Quelques années plus tard, il fait preuve de son intégrité en s’abstenant d’acquérir pour son compte personnel une partie du butin pris à Carthage et en Afrique134. Indifférent aux séductions de l’argent, Scipion Émilien se comporte comme son père, qui ne profita pas du butin pris aux Espagnols et aux Macédoniens135. Outre la force de l’exemple paternel136, il n’est pas exclu de voir ici le fruit de l’enseignement prodigué par Polybe. Scipion Émilien agit effectivement comme les hommes d’État grecs en faveur chez lui. On sait notamment que Philopœmen, qui refusa les dépouilles de Nabis137, mettait un point d’honneur à ne pas s’enrichir grâce aux fonds publics138.
29Des considérations semblables peuvent être formulées au sujet des actes de générosité de Scipion Émilien. Il abandonne à son frère Fabius sa part d’héritage paternel pour que leurs deux fortunes soient égales139. Il paie également la moitié des jeux organisés en l’honneur de son père140. Cette générosité, qui a alimenté sa réputation (phèmè) dans la société romaine141 et qui est à l’origine de la belle renommée (phèmè) de Scipion Émilien142, est digne de celle des plus grands souverains. Alexandre s’est illustré à plusieurs reprises par son caractère généreux (megalodôros)143. Les héros polybiens144 de prédilection brillent aussi par leur générosité. Il en va ainsi d’Hannibal145 mais aussi et surtout de Scipion l’Africain, qui, qualifié de généreux (megalodôros)146, n’hésite pas à assumer, dans sa magnanimité (megalopsuchia), les frais des jeux et des festivités organisés après sa victoire sur Carthage en 201-200147.
30On notera enfin que la générosité de Scipion Émilien est bienfaitrice à l’égard de sa mère. Il lui fait don de toutes les richesses d’Émilia pour qu’elle puisse tenir son rang148. Cette sollicitude, motivée par sa bonté et sa magnanimité (megalopsuchia)149, pourrait être comparée à celle d’Attale pour sa mère. Elle vaut d’ailleurs à ces deux hommes une grande renommée (phèmè)150. Polybe estime particulièrement cette bienveillance et cette humanité. Il en fait une des vertus principales des souverains hellénistiques. Comme Scipion Émilien, Philopœmen, Hannibal et Scipion l’Africain sont bienfaisants151 et humains152. Ils agissent en cela comme Philippe II et Alexandre le Grand dont Polybe comme Diodore de Sicile vantent l’humanité, la clémence et la bienveillance153.
31Réputé honnête et magnanime, Scipion Émilien cherche également à se distinguer par une attitude qui, exempte de toute faiblesse, rappelle celle d’Alexandre. C’est au combat, en payant de sa personne, qu’il doit ainsi gagner une belle renommée (phèmè) de courage (andreia)154. C’est chose faite en 152-151 lors de la guerre contre les Celtibères. Alors que les Romains se dérobent lâchement au service militaire155, il propose courageusement ses services et accepte, contre ses intérêts personnels, de risquer sa vie pour le service de la patrie156. Le courage démontré par Scipion Émilien à cette occasion, comme sans doute plus tard à Carthage et à Numance157, paraît être le fruit d’une longue préparation158. Si l’on ne peut nier son penchant naturel pour l’héroïsme militaire159, il convient de rappeler que son père comme Polybe l’ont longtemps incité à éprouver son courage à la chasse160. Contre les pratiques romaines de l’époque161, Scipion Émilien suit ainsi le même entraînement que Philopœmen162 et partage les mêmes activités qu’Alexandre163.
32Au quotidien, Scipion Émilien honore sa réputation de modération164 par une maîtrise de soi et une rigueur morale qui le préservent de la corruption générale des mœurs survenue, selon Polybe, après la victoire des Romains contre Persée. Enrichis par le butin macédonien165, ses contemporains suivent sans retenue leurs passions excitées par les plaisirs grecs. Ils s’adonnent à la pédérastie, à l’amour des courtisanes et se livrent à des plaisirs coûteux tels que les festins et les beuveries166. Scipion Émilien évite de sombrer dans les pires mœurs grecques alors en faveur chez les jeunes romains167 et se comporte ainsi comme les autres gouvernants chers à Polybe168. À la suite de la prise de la Nouvelle-Carthage, Scipion l’Africain refuse une magnifique captive169 et montre à cette occasion une tempérance et une maîtrise dans les plaisirs du corps comparables à celles d’Alexandre le Grand170. Scipion l’Africain lutte également contre la mollesse et la débauche de ses hommes de troupes171. Philopœmen tient quant à lui à mener un train de vie simple et frugal172. Hannibal aurait toujours honoré sa réputation de sobriété et de chasteté173.
33Autant les renommées décrites dans l’Iliade et l’Odyssée permettaient d’apprécier les fondements et l’évolution de l’idéologie royale homérique, autant les bruits relevés dans l’œuvre de Polybe éclairent sa conception du dirigeant idéal.
34Son admiration revient surtout aux hommes exceptionnels capables de jouer un rôle historique grâce à leur vaillance, leur intelligence, leur magnanimité, leur générosité, leur douceur, leur bienfaisance et leur endurance. Si ces qualités sont souvent naturelles, le héros polybien devra cependant prendre garde à s’entourer d’amis de valeur pour les conforter.
35Alexandre le Grand sert de modèle. Plus encore que partager ses qualités, il faut savoir agir comme lui et réaliser des exploits personnels décisifs pour le sort de la communauté. Les rumeurs et les renommées relevées chez Polybe doivent à cet égard être considérées comme les héritières du rôle providentiel qu’Alexandre a pu jouer lors de ses conquêtes.
36La remarque est d’importance car elle consacre la singularité des bruits hellénistiques. Phénomène inédit dans l’histoire de la Grèce ancienne, ils prennent modèle sur la renommée d’un individu et non d’un héros ou d’un personnage légendaire. Patron à partir duquel les bruits sur les souverains hellénistiques se sont forgés, la renommée d’Alexandre joue, dans la fabrique des rumeurs et des renommées grecques, un rôle assez proche de celui tenu jusqu’alors par le kleos des héros homériques qui ont, à travers les siècles, servi de figure tutélaire aux différents types de bruits publics.
Notes de bas de page
1 Polybe, VIII, 10, 6-7 (traduction P. Pédech).
2 Polybe, VI, 50, 4. Ce genre d’exploit historique intéresse particulièrement Polybe qui cherche à comprendre « comment l’État romain a pu, chose sans précédent, étendre sa domination à presque toute la terre habitée et cela en moins de cinquante-trois ans » (Polybe, I, 1, 5).
3 Polybe, XXXII, 8, 2-3 (traduction D. Roussel).
4 Diodore de Sicile, XVI, 1, 6 et XVII, 38, 5-7.
5 P. Pédech, La méthode historique de Polybe, Paris, 1964, pp. 331-354.
6 Polybe, XXXII, 8, 4.
7 Polybe, XI, 16, 4.
8 Polybe, X, 2, 5 ; 5, 8 ; 9, 2.
9 Polybe, XXXI, 30, 3.
10 Polybe, I, 63, 9.
11 Dans une perspective stoïcienne, Plutarque expliquera également qu’Alexandre a réussi des exploits extraordinaires grâce à ses nombreuses qualités : le courage, l’endurance, la douceur, l’intelligence, la modération, la grandeur d’âme (Plutarque, La Fortune d’Alexandre, 326 D-E, 327 E, 332 C-D, 336 E-F et 342 F-343 B).
12 On comprend alors que le portrait de Philippe II dressé par Théopompe ne convienne pas à Polybe, VIII, 10, 1-3. Les vices du roi de Macédoine sur lesquels s’attarde longuement Théopompe (Polybe, VIII, 9, 1-4) ne peuvent pas expliquer, selon lui, sa réussite. D’après Polybe, il faut nécessairement être bien entouré, faire montre de courage, de labeur et de grandeur d’âme pour bâtir un empire. La mollesse, la lâcheté, la cruauté, la perfidie, la paillardise, l’impudeur et les mauvaises fréquentations de Philippe ne sont pas en mesure de jouer un rôle central dans la réalisation de ses hauts faits. Cette logique inductive ne vise pas à nier les défauts de Philippe, mais à les considérer comme des manifestations accidentelles de son comportement (voir ici P. Pédech, La méthode historique de Polybe, Paris, 1964, p. 214 et p. 230). Cette conception de l’histoire pousse Polybe à accorder nécessairement une renommée (phèmè) de très grande vertu aux hommes capables de réaliser des exploits hors du commun.
13 Polybe, VIII, 8, 5-10.
14 Polybe, V, 10, 1-5, 9-11 ; IX, 28, 1-4 ; XXII, 16, 2-3.
15 La rumeur (phèmè) annonçant la victoire du Métaure à Rome, en 207, pourrait en témoigner (Polybe, XI, 1,1 et 3, 4-6). Alors qu’Hannibal n’a pas participé à la bataille, le bruit public retient surtout que la victoire romaine l’a défait. Plus encore que le caractère redoutable des troupes carthaginoises, c’est bien la renommée du terrible chef de guerre qui traumatise les Romains. Sur la question des bruits de guerre lors de la deuxième Guerre Punique : G. Brizzi, Scipione e Annibale : la guerra per salvare Roma, Rome, 2007, pp. 26 sq.
16 Ils s’expliquent sans doute en partie par la professionnalisation et à la personnalisation du commandement militaire qui remonte au moins à la Guerre du Péloponnèse (voir ici J. Boëldieu-Trevet, Commander dans le monde grec au ve siècle avant notre ère, Université de Franche-Comté, 2007, pp. 137-270). Dès la fin du ve siècle, des bruits comme le throos sur Cléon se focalisent ainsi sur les compétences des chefs de guerre, infra pp. 157-160.
17 Éd. Will, Histoire politique du monde hellénistique, Paris, 1966, rééd. 2003, II, pp. 387 sq.
18 Polybe, XXXVI, 10, 1-6 (traduction D. Roussel). Sur cet épisode : F. W. Walbank, A Historical Commentary on Polybius, III, Oxford, 1979, pp. 678-683.
19 Polybe, XXVII, 9,1 – 10, 4.
20 Diodore de Sicile, XXXI, 40 a.
21 Polybe, XXXVI, 17, 14. Tite-Live, Periochae, 49. Ces passages contrarient l’hypothèse de nombreux historiens modernes qui considèrent l’entreprise d’Andriscos comme une tentative d’usurpation du pouvoir et non comme un soulèvement du peuple macédonien. Sur ce débat historiographique : Éd. Will, op. cit., p. 389 et C. Vial, Les Grecs de la paix d’Apamée à la bataille d’Actium, Paris, 1995, p. 90.
22 Polybe, XXXVI, 17, 13-15.
23 Rome divise en 167 la Macédoine en quatre États républicains autonomes. Chacun est doté d’un conseil (synedrion) où siégent des représentants élus (Polybe, XXXI, 2, 12 et 17, 2 ; Justin, XXXIII, 2, 7).
24 Sur l’affection des Macédoniens pour le régime monarchique : Plutarque, Vie de Paul-Émile, 24, 1 ; Quinte-Curce, III, 7, 17.
25 Les troubles civils agitant les cités macédoniennes après 166 paraissent témoigner du mécontentement ressenti par les Macédoniens après leur défaite de Pydna (C. Vial, op. cit., p. 90).
26 Tite-Live, XXXV, 12 ; XLII, 5, 6 ; XLV, 9.
27 Les deux rois macédoniens échouent cependant l’un après l’autre. En 197, après Cynoscéphales, Philippe V doit renoncer à ses prétentions en Grèce. Vaincu à Pydna en 168, Persée est emmené au triomphe du consul Paul-Émile. La royauté macédonienne disparaît alors.
28 Diodore de Sicile, XXXI, 40 a. Persée a bien un fils du nom de Philippe, qui est en réalité son frère puîné qu’il a adopté : Tite-Live, XLII, 52, 5.
29 Tite-Live, Periochae, 49 ; Diodore de Sicile, XXXII, 15, 1-3. L’habileté du récit paraît d’autant plus grande que d’autres prétendants l’ont repris à leur compte. Tite-Live, Periochae, 53 mentionne également la défaite d’un autre Pseudo-Philippe contre les Romains après qu’Andriscos a été livré à Rome.
30 Polybe, XXXVI, 10, 1-3 et Diodore de Sicile, XXXI, 40 a.
31 Tite-Live, LX, 21, 5-7.
32 Tite-Live, Periochae, 52.
33 Tite-Live, Periochae, 48.
34 Diodore de Sicile, XXXII, 15, 1-5. Voir également Éd. Will, op. cit., pp. 385-386.
35 Tite-Live, Periochae, 49. Diodore de Sicile, XXXI, 40a.
36 Tite-Live, Periochae, 50 ; Diodore de Sicile, XXXII, 9 a. Il sera finalement battu par les Romains en 148 dans la région de Pydna puis livré par trahison à ses ennemis.
37 Il en va ainsi de Persée dans sa lutte contre les Romains : Plutarque, Vie de Paul-Émile, 9, 1-7.
38 Sur le nombre relativement faible des effectifs militaires d’Alexandre : Plutarque, La Fortune d’Alexandre, 327 D-E.
39 Polybe, III, 78, 6-79, 1 (traduction D. Roussel).
40 Sur le caractère d’Hannibal, consulter notamment G. Brizzi, Annibale, Come un’autobiografia, Milano, 1994, pp. 24 sq et Moi, Hannibal, Nantes, 2007. Sur Hannibal dans les marais d’Étrurie, voir par exemple G. Brizzi, op. cit., 1994, pp. 128-138 et S. Lancel, Hannibal, Paris, 1995, pp. 151-153.
41 Pour l’ensemble de ces épreuves : Tite-Live, XXI, 30 ; Polybe, III, 41, 5-8. Pour la traversée de la Gaule au milieu de populations hostiles : Polybe, III, 49, 1-3. Pour le franchissement du Rhône : Polybe, III, 42-49.
42 Polybe, III, 48-49 et 50-56.
43 Tite-Live, XXI, 29.
44 Polybe, III, 50, 1.
45 Polybe, III, 50-56.
46 Hannibal aurait perdu la moitié de ses effectifs (Polybe, III, 60, 5).
47 Polybe, III, 60, 6-7.
48 Tite-Live, XXI, 23.
49 Elle est aussi reconnue par Plutarque, Vie de Paul-Émile, 7, 3, Appien, Le Livre d’Annibal, IV, 15 et Tite-Live, XXVIII, 44, 12-14.
50 Polybe, II, 24, 1-2.
51 Polybe, III, 81, 9 ; III, 105, 8-9 (Minucius).
52 Quinte-Curce, IV, 4, 1-2.
53 Sur la crainte suscitée par la renommée militaire des Macédoniens : Diodore de Sicile, XVII, 78, 2 ; 85, 7 ; 102, 1-4 ; XVIII, 10. Sur la crainte ressentie par les adversaires d’Alexandre au seul bruit de sa réputation : Quinte-Curce, V, 13, 14. Arrien, Anabase, II, 26, 2-3 note au sujet du siège de Gaza : « Les ingénieurs exprimèrent l’avis qu’il était impossible de s’emparer du rempart de vive force (…). Mais Alexandre estima que plus il était imprenable, plus il devait être pris, car un tel exploit, contraire à toute prévision, frapperait d’une grande terreur les ennemis, tandis qu’un échec serait déshonorant pour lui ».
54 Polybe, XV, 11, 6-7 et 12.
55 Arrien, Anabase, I, 13, 6. D’après Arrien, Anabase, VII, 10, 2, Alexandre le Grand est également très fier d’avoir franchi avec ses troupes « toute la terre, toute la mer, tous les fleuves, toutes les montagnes et toutes les plaines ».
56 Polybe, III, 61, 5-7.
57 Polybe, III, 79, 5-6 ; Tite-Live, XXII, 2. Voir aussi Ph. Berger, « Le portrait des Celtes dans les Histoires de Polybe », Ancient Society, 23, 1992, pp. 105-126 ; É. Foulon, « Polybe et les Celtes (I) », Les Études Classiques, 68, 2000, pp. 319-354 et « Polybe et les Celtes (II) », Les Études Classiques, 69, 2001, pp. 35-64.
58 Elle paraît d’autant plus redoutable que l’épreuve les aurait également endurcis : Polybe, III, 54, 4-6 ; Tite-Live, XXIII, 18, 10-11.
59 Polybe, VI, 52, 11 et 54, 1-3.
60 Tite-Live, XXI, 40. Voir aussi Appien, Le Livre d’Annibal, IX, 37.
61 Quinte-Curce, IV, 10, 3.
62 Plutarque, Vie d’Alexandre, 62, 2-3 (traduction R. Flacelière et É. Chambry). Chez Arrien, les troupes d’Alexandre lui reprochent en 326 de vouloir leur imposer fatigues sur fatigues (Arrien, Anabase, V, 25, 2 sq).
63 Plutarque, Vie d’Alexandre, 26, 14. Quinte-Curce, VI, 6, 27 rappelle : « C’était un des traits du génie d’Alexandre de savoir lutter contre tous les obstacles » (voir aussi Quinte-Curce, V, 7, 1).
64 Hannibal aurait tenu ces propos à l’occasion d’une entrevue avec Scipion en Asie. Pour l’anecdote : Tite-Live, XXXV, 14, 5-11 ; Plutarque, Vie de Flamininus, 21, 3-5 ; Vie de Pyrrhos, 8, 5. On peut douter toutefois de sa véracité car elle semble, par bien des traits, typique de l’historiographie hellénistique : elle vise à décrire le caractère des grands hommes tout en faisant montre d’esprit pour distraire et émouvoir le lecteur.
65 Justin, XXX, 4, 8-9.
66 Justin, XVIII, 1, 1-2 précise qu’Alexandre démontre une audace remarquable en s’aventurant très loin de ses terres.
67 Hannibal considère lui-même la longueur du trajet comme un exploit (Tite-Live, XXI, 30).
68 Plutarque, La Fortune d’Alexandre, 327 C.
69 Selon Arrien, Anabase, I, 13, 6, la gloire (doxa) d’Alexandre repose sur sa capacité à franchir ce fleuve (voir aussi Plutarque, Vie d’Alexandre, 16, 1-5).
70 Le franchissement du Caucase contribue à forger la gloire (doxa) d’Alexandre (Arrien, Anabase, V, 3, 3 ; Quinte-Curce, VII, 3, 12-22).
71 Plutarque, Vie d’Alexandre, 26, 11-13 (désert égyptien) ; Quinte-Curce, VII, 5, 1 sq (désert de Sogdiane).
72 Arrien, Anabase, III, 21, 7-9 et VI, 6, 1-3.
73 Alexandre le Grand emprunte volontairement les routes les plus difficiles pour asseoir son prestige. Il choisit ainsi d’emprunter un itinéraire très dangereux en Gédrosie pour rivaliser avec Cyrus (Arrien, Anabase, VI, 24, 2).
74 Appien, Le Livre d’Annibal, VI, 21.
75 Justin, XXIV, 4, 4. Tite-Live, XXI, 41 sous-entend qu’Hannibal se présente comme le digne émule d’Héraclès. C’est encore un autre point commun avec Alexandre le Grand qui se présente comme son descendant (Arrien, Anabase, IV, 7, 4 ; IV, 10, 6) et entend rivaliser avec lui (Arrien, Anabase, III, 3, 1-2).
76 Sur l’audace et la prévoyance d’Hannibal : Polybe, III, 47, 7. Il ne prend pas de décision téméraire et adapte la disposition de son armée lors de sa traversée des marais d’Étrurie (Polybe, III, 79, 3-4).
77 Par exemple Arrien, Anabase, IV, 1, 1-2 (au sujet du territoire des Scythes).
78 Polybe, X, 8, 1-8 ; XIV, 3, 7.
79 Polybe, III, 78, 6 et 79, 1.
80 Polybe, III, 34, 2 ; 44, 12 ; 48, 11 ; 69, 12 ; 80, 1-3 ; 100, 1-2.
81 Hannibal franchit les marais d’Étrurie en quatre jours et trois nuits grâce à des marches ininterrompues (Polybe, III, 78, 6 et 79, 8).
82 Polybe, III, 41, 5-8 ; 56, 2-4.
83 Diodore de Sicile, XVII, 7, 2. Plutarque, Vie d’Alexandre, 42, 6. Arrien, Anabase, III, 17, 4-5. Quinte-Curce, IV, 4, 1.
84 Polybe, X, 9, 7 (Scipion l’Africain) ; XXIII, 12, 2 (Philopœmen) ; IV, 67, 7-8 (Philippe V). Sur les points communs entre les héros polybiens : É. Foulon, « Philopœmen, Hannibal, Scipion : trois vies parallèles chez Polybe », REG, 106, 1993/2, pp. 333-379.
85 Polybe, III, 13, 6 ; 17, 4 ; 17, 8.
86 D’après Arrien, Anabase, V, 26, 4-7, Alexandre le Grand s’adresse ainsi en 326 à ses troupes qui refusent d’aller plus loin : « Les actions glorieuses sont pour ceux qui acceptent les fatigues et de nouveaux dangers, et il est bien doux de vivre avec courage, et de laisser en mourant une gloire (kleos) immortelle. Ignorez-vous que c’est parce qu’il a refusé de rester à Tirynthe ou à Argos (…) que notre ancêtre [Héraclès] a atteint un tel degré de gloire (kleos), que, d’homme qu’il était, il est devenu un dieu ? Et Dionysos, dont la divinité est supérieure à celle d’Héraclès : elles n’ont pas été en petit nombre, c’est sûr, les épreuves qu’il a subies ! ».
87 Polybe, XI, 10, 8 ; XVI, 37, 4.
88 Pour l’admirable activité de son père : Polybe, III, 61, 4. Scipion l’Africain se distingue aussi par son goût du labeur (philoponia) (Polybe, X, 5, 9).
89 Polybe, XI, 34, 15 (philoponia).
90 Polybe, XVI, 28, 1-4 et 8-9.
91 Polybe, XXV, 3, 5-6.
92 Outre les cicatrices reçues au combat, Marcus Servilius exhibe avec fierté les stigmates corporels de ses souffrances. Pour impressionner Galba, « il découvrit une certaine partie du corps qu’il ne paraît pas convenable de mettre à nu en public, et [lui dit] : “Toi, tu en ris mais moi, je m’en glorifie devant les citoyens, car c’est pour eux, à force de monter jour et nuit à cheval que je me suis fait cela” » (Plutarque, Vie de Paul-Émile, 31, 8-9).
93 Polybe, III, 79, 8-12.
94 Plutarque, La Fortune d’Alexandre, 326 D-E.
95 Tel est le cas au siège de Gaza en 332. Sa capacité à supporter les blessures au combat le rapproche sans doute encore des meilleurs guerriers homériques (Homère, Iliade, XI, 408-410).
96 Polybe, X, 21, 4.
97 Polybe, XXXVI, 16, 1-4.
98 Comme les historiens qui l’ont précédé, Polybe, I, 1, 2 considère que « l’étude de l’histoire constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action ».
99 Polybe, I, 1, 4 (traduction D. Roussel).
100 Leur amitié dure probablement de 167-166 (date à partir de laquelle Polybe est envoyé comme otage à Rome) jusqu’au siège de Carthage en 146.
101 Sur Scipion Émilien : A. E. Astin, Scipio Aemilianus, Oxford, 1967 et J. L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, Rome, 1988, pp. 539-545 et 589-615.
102 Polybe, XXXI, 23, 3 (traduction D. Roussel).
103 Polybe accorde manifestement une grande importance aux relations amicales et en fait une des vertus de l’homme de bien qui, selon ses propres termes, « doit être attaché à ses amis et aimer sa patrie [et] doit épouser leurs haines comme leurs amitiés » (Polybe, I, XIV, 4).
104 Tel est l’avis de P. Payen, « Comment les Grecs peuvent-ils participer à la conquête romaine ? Polybe et la construction du fait historique », Raison présente, 157-158, 2006, pp. 51-64, notamment p. 59.
105 Selon Plutarque, Vie d’Alexandre, 48, 1, Philotas, fils de Parménion, « jouissait d’une grande considération parmi les Macédoniens, car il avait la réputation d’être vaillant et endurant, et nul ne paraissait, après Alexandre, plus généreux ni plus attaché à ses amis ».
106 Alexandre reste ici un modèle en la matière, comme en témoigne son amitié avec Héphaïstion (Quinte-Curce, III, 12, 16-17 ; Arrien, Anabase, II, 13, 7). Elle est si grande et si noble qu’Alexandre n’hésite pas à la comparer, selon le modèle homérique qui imprègne toute la paideia grecque, à celle qui unit Achille et Patrocle (Arrien, Anabase, I, 12, 1 et VII, 14, 2-4).
107 Sur les relations des souverains hellénistiques avec leurs proches : I. Savalli-Lestrade, Les philoi royaux dans l’Asie hellénistique, Genève, 1998.
108 Sur ce point, P. Payen, op. cit., p. 62.
109 P. Payen, op. cit., pp. 58-62.
110 P. Payen, op. cit., p. 61.
111 Polybe, XXXI, 23, 5-6.
112 Polybe, XXXI, 23, 7-11 ; 24, 10.
113 P. Payen, op. cit., p. 59.
114 Polybe, XXXI, 24, 8.
115 P. Pédech, « Polybe et “l’éloge de Philopœmen” », REG, 64, 1951, pp. 82-103.
116 Le fils de Paul-Émile est placé entre les mains de Polybe, qui, otage à Rome, bénéficie de l’hospitalité des Scipions. Philopœmen, qui « appartenait à une famille arcadienne des plus distinguées », fut quant à lui « élevé et éduqué par les soins de Cléandros de Mantinée, qui était un hôte de son père et qui se trouvait à l’époque exilé de sa patrie » (Polybe, X, 22, 1-4 [traduction D. Roussel]).
117 Polybe, X, 21, 5-6.
118 Polybe, XXXI, 25, 2 et 8 (sôphrosunè) ; XXXI, 29, 9 et 1 (andreia).
119 Polybe, X, 22, 4-5.
120 Polybe, XXXI, 23, 11.
121 Polybe propose à son protégé de lui donner un autre enseignement que celui prodigué par ses précepteurs grecs dont Plutarque, Vie de Paul-Émile, 6, 8-9 dresse une longue liste (grammairiens, sophistes, rhéteurs, sculpteurs, peintres, dresseurs de chevaux et de chiens, maîtres de vénerie).
122 Polybe, XXXI, 24, 6-7 et Plutarque, Moralia, 199 F et 659 C.
123 Polybe, XXXI, 26, 8-11.
124 J. de Romilly, La douceur dans la pensée grecque, Paris, 1979, p. 211.
125 Polybe, XXXI, 27, 10-11.
126 La sollicitude envers ses proches était considérée comme caractéristique de la « nature royale » (Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, Paris, 1985, p. 58).
127 Plutarque, Vie d’Alexandre, 4, 8 ; 30, 11 ; 42, 10.
128 Diodore de Sicile, XVII, 54, 5 ; 69, 5 ; 74, 4 ; 84, 1.
129 Polybe, VIII, 10, 8 ; V, 10, 1-5, 9-11 ; IX, 28, 1-4 ; XXII, 16, 2-3.
130 Polybe, I, 8, 3-5.
131 Polybe, X, 3, 1 ; X, 40, 9 ; XV, 5, 8 ; XVI, 23, 7.
132 Polybe, III, 13, 8.
133 Polybe, XXXI, 27, 1-16.
134 Polybe, XVIII, 35, 9-11.
135 Polybe, XXXI, 22, 1-7 ; XVIII, 35, 4-6.
136 Polybe, XXXI, 25, 9-10.
137 Polybe, XXII, 12, 1-7.
138 Polybe, X, 22, 5.
139 Polybe, XXXI, 28, 1-3.
140 Polybe, XXXI, 28, 5-6.
141 Polybe, XXXI, 28, 7.
142 Polybe, XXXI, 28, 4, 7 et 11.
143 Par exemple Plutarque, Vie d’Alexandre, 39, 1 et Diodore de Sicile, XVII, 74, 4.
144 Sur les héros polybiens : É. Foulon, « Le pouvoir en représentation chez Polybe : le cas des héros », in Images et représentations du pouvoir et de l’ordre social dans l’Antiquité, Actes du colloque d’Angers, 28-29 mai, Paris, 2001, pp. 269-276.
145 Polybe, III, 13, 8 et 69, 4.
146 Polybe, X, 5, 6.
147 Polybe, XVI, 23, 7.
148 Polybe, XXXI, 26, 6-7.
149 Polybe, XXXI, 26, 8.
150 Polybe, XXII, 20, 4, 3.
151 Pour la bienfaisance de Scipion l’Africain : Polybe, X, 3, 1 ; 5, 6 ; 17, 7. Pour celle de Philopœmen : Polybe, XXII, 11, 8.
152 Pour Scipion l’Africain : Polybe, X, 34, 9 ; 38, 3 ; XI, 24 a, 4 ; XV, 4, 9 ; XXI, 4, 3 ; 4, 10 ; 16, 2. Pour Hannibal : Polybe, III, 77, 4 ; Pour Philopœmen : Polybe, XX, 12, 3.
153 Pour Philippe II, voir Diodore de Sicile, XVI, 95, 2-4. Pour la générosité d’Alexandre chez Polybe : Polybe, XVIII, 3, 5. Pour la clémence, l’humanité et la compassion d’Alexandre chez Diodore de Sicile : Diodore de Sicile, XVII, 76, 1-2 ; 83, 8-9 (clémence) ; XVII, 22, 5 ; 37, 6 (humanité) ; XVII, 37, 3 (compassion).
154 Polybe, XXXV, 4, 9, 1.
155 Polybe, XXXV, 4, 4-8.
156 Polybe, XXXV, 4, 10-12.
157 Plutarque, Vie de Paul-Émile, 22, 8.
158 Polybe, XXXI, 29, 9-11.
159 Le jeune Scipion Émilien montre déjà un grand courage lors de la bataille de Pydna (Plutarque, Vie de Paul-Émile, 22, 3-7).
160 Polybe, XXXI, 29, 5-6 et 8.
161 Polybe, XXXI, 29, 8-9. Voir aussi J. Aymard, Essai sur les chasses romaines, Paris, 1951, pp. 25-63.
162 Polybe, X, 22, 4.
163 Plutarque, Vie d’Alexandre, 23, 2-3.
164 Polybe, XXXV, 4, 9, 1.
165 Plutarque, Vie de Paul-Émile, 38, 1.
166 Polybe, XXXI, 25, 3-7.
167 Polybe, XXXIX, 1.
168 Il a également pu suivre le modèle catonien du mos maiorum, reposant sur un mode de vie frugal et rigoureux (Plutarque, Vie de Caton l’Ancien, 4, 1-6 ; 18, 2). Sur la réaction catonienne : J.-M. David, La République romaine, de la deuxième guerre punique à la bataille d’Actium, 218-31, Paris, 2000, pp. 83-89.
169 Polybe, X, 19, 3-7.
170 Telle est l’opinion des auteurs qui lui sont favorables : Plutarque, Vie d’Alexandre, 21, 5 et 10-11 ; Arrien, Anabase, IV, 19, 6 et 20, 1-3.
171 Plutarque, Vie de Marius, 3, 2.
172 Polybe, XI, 10, 3.
173 Justin, XXXII, 4, 9-12.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le bruit qui vole
Ce livre est cité par
- Siron, Nicolas. (2019) Témoigner et convaincre. DOI: 10.4000/books.psorbonne.55158
- Larran, Francis. (2014) Théomnestos au tribunal ou l’injure comme arme du citoyen. Cahiers « Mondes anciens ». DOI: 10.4000/mondesanciens.1241
- Grand-Clément, Adeline. (2015) Le paysage sonore des sanctuaires grecs. Délos et Delphes dans l’Hymne homérique à Apollon. Pallas. DOI: 10.4000/pallas.2698
- Azoulay, Vincent. Damet, Aurélie. (2014) Paroles menaçantes et mots interdits en Grèce ancienne : approches anthropologiques et juridiques. Cahiers « Mondes anciens ». DOI: 10.4000/mondesanciens.1211
Le bruit qui vole
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3