Les justiciables : des paysans aux bourgeois
p. 139
Texte intégral
1La dualité de la justice a été mise en avant par les études concernant le Moyen Âge central. Pour G. Duby c’est par le détournement de la justice vicariale au profit de l’aristocratie qu’elle a été « privatisée », et que les statuts des paysans, libres et serfs, se sont fondus dans une même dépendance1. Depuis, diverses études ont fait évoluer la connaissance des structures sociales, en particulier sur la question du fief. Concernant la Gascogne, Benoît Cursente a montré que le casal était une déclinaison de ce dernier, et, pour les xie et xiie siècles, qu’il n’y a pas de solution de continuité entre aristocratie et élites paysannes2. Ceci pose la question de la soumission à la justice des uns et des autres, de la médiatisation et de la territorialisation.
Notes de bas de page
1 Pour l’auteur, l’essentiel des droits de justice civile des châtelains sur les populations rurales provient de l’absorption des vicariae par ces derniers, le viguier devenant un officier seigneurial. À la vicaria, les seigneurs ajoutent, en se les appropriant, la connaissance de la justice de sang et la juridiction de la Paix (notamment « Recherche sur les institutions judiciaires… », p. 26). P. Bonnassie constate lui aussi l’évolution de l’institution, mais avec des distinctions importantes : jusqu’au début du xie siècle le viguier est le représentant de la potestas, la puissance publique, dans la juridiction du castrum, qui reste encore à cette date en Catalogne une circonscription publique. L’abandon du titre de viguier par les châtelains est concomitant de la transformation et de la privatisation de leur pouvoir au milieu du xie siècle : le mandamentum, pouvoir de commander aux hommes dans la juridiction du castrum, associé au districtum, droit de juger et de châtier, tous deux d’origine vicariale, donc publique, deviennent un pouvoir discrétionnaire sur les paysans, libres ou non, et essentiellement une source de profit (La Catalogne…, t. I, p. 173-177 et t. II, p. 580-584).
2 Des maisons et des hommes…, p. 101-104. H. Richardot avait montré qu’il y a un continuum entre le fief noble et non noble (« Le fief roturier à Toulouse… »).
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