Autorités de justice, autorités de paix
p. 17
Texte intégral
1L’évolution des institutions et de l’exercice de la justice a été un critère central dans l’appréciation de la mutation féodale. Dans l’idéologie carolingienne, sinon toujours dans la pratique, tous les hommes libres peuvent ester devant le prince ou ses représentants. La question du possible recours au prince public est importante. Pour la période féodale, la justice publique a en effet été décrite comme subissant un affaiblissement considérable. G. Duby a indiqué deux voies y concourant et, de ce fait, deux directions d’études. D’une part il a montré que la cour du prince public, celle du comte, a de moins en moins attiré les nobles de premier plan. Sa capacité d’intervention et de contrainte s’en est trouvée réduite, et les litiges au sein de l’aristocratie ont été de moins en moins connus par des cours de justice : ceux qui se rattachent au groupe aristocratique échappent à la stricte contrainte de la justice1. D’autre part, la connaissance des paysans libres par la justice publique s’est perdue au profit des seigneurs, par accaparement du pouvoir de ban et notamment de la justice vicariale, rapprochant les conditions des libres et des non libres dans une dépendance commune sous le joug de l’aristocratie, en particulier des châtelains.
2La première partie, qui suivra ce schéma, étudiera les différentes instances : l’autorité publique d’abord, puis les seigneurs laïques, enfin la justice d’Église. Les « justiciables », qui ne sont pas membres de l’aristocratie, seront étudiés dans la partie suivante.
3Mais auparavant, la documentation de deux entités – comté de Bigorre et vicomté de Béarn – étant exceptionnellement riche, nous commencerons par une analyse globale de la justice publique, comprenant aussi les paysans et les habitants des bourgs.
Notes de bas de page
1 A. Debord fait le même constat pour la Charente, tout en faisant la distinction entre comte d’Angoulême, très touché par cette évolution, et duc d’Aquitaine, qui l’est moins (La société laïque…, p. 173-177).
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