Annexe 8. Reconnaissance sur le terrain (2005)
p. 321-322
Texte intégral
1L’historien haïtien Eddy Lubin et un gendarme français de la mission des Nations unies, Frédéric Coppin, ont pu effectuer une reconnaissance sur le terrain, le mardi 12 avril 2005, afin de repérer les restes des habitations Bréda du Haut-du-Cap, Bréda à la Plaine-du-Nord et des Manquets. Voici le compte rendu que m’a envoyé Frédéric Coppin (messages des 13 avril et 5 mai 2005).
2En général, sur place, nous n’avons trouvé que des pans de murs, pierres mais aucun bâtiment encore sur pied. Les recherches ont été difficiles, les habitations sont situées dans des zones isolées, boisées, sur des propriétés privées. Les cartes [plan de Phélipeau de 1784, plan de Bréda du Haut-du-Cap, de Bréda à la Plaine-du-Nord et croquis de synthèse] furent très utiles, elles présentent malgré leur âge une relative précision et un certain degré de fiabilité. Grâce à Eddy Lubin, son aide a été primordiale et sans lui, je pense que mes recherches auraient été vaines, sans succès. Sa passion, sa connaissance du créole et du département nous ont été essentielles. Mais la chance a joué aussi une très grande part.
3Les trois sites ont donc donné des résultats différents :
4L’habitation Bréda du Haut-du-Cap n’existe vraisemblablement plus, au moins à la surface. L’urbanisation, trop pressante, a eu raison de cette dernière. Le monument de Toussaint Louverture en rappelle la mémoire et son emplacement. Un lycée est construit juste derrière, et immeubles et maisons occupent maintenant la zone.
5Sur l’habitation de Bréda de la Plaine-du-Nord, nous ne retrouvâmes qu’un puits. Un énorme figuier se développe sur sa structure. Mais il se trouve dans un état encore satisfaisant. La zone, quant à elle, très boisée, est parsemée de quatre monticules de tailles différentes et recouverts de végétation. En creusant, je pense qu’on pourrait retrouver des restes d’anciennes masures et bâtiments. Les terres cultivées à proximité font ressortir pierres, briques et morceaux de faïence ou céramique ou porcelaine. Mais je ne peux pas vous affirmer que cela date de la même époque. Eddy pense que la probabilité est assez forte.
6Concernant le puits, le fond était occupé par de l’eau, où nageait agréablement une petite colonie de têtards. Je ne peux donc vous affirmer s’il s’agissait d’une étuve ou d’un réservoir. La zone proche du puits, est, quant à elle, parsemée de monticules assez importants, mais malheureusement envahie par la végétation. Je serai prêt à parier qu’il y aurait des éléments intéressants à découvrir et mettre au jour.
7Le site de l’habitation de Noé-d’Héricourt de l’Acul-du-Nord fut le plus riche. Des restes d’aqueduc furent retrouvés, certes en mauvais état. La zone des bâtiments, très étendue, possède une végétation très dense. On y retrouve une multitude de pans de mur plus ou moins bien conservés, différentes pièces métalliques, des pierres taillées de formats variés et des monticules recouverts de végétation laissant supposer des infrastructures dissimulées. Mais le propriétaire nous fit un très bon accueil et nous guida à travers le site, nous désigna les points très précisément. C’est cette habitation qui m’a laissé la meilleure impression.
8L’habitation Noé-d’Héricourt fut très difficile à découvrir. Par rapport à vos cartes que vous m’aviez expédiées, il existe aujourd’hui de nombreux sentiers, chemins de traverse rendant une localisation précise difficile. D’autant plus que la zone est densément boisée. Sur le site lui-même, nous avons été guidés par un paysan. L’itinéraire emprunté fut très confus, traversant forêts et parcelles cultivées. La reconnaissance de la zone a duré environ une heure trente minutes, ce qui vous donne une idée approximative de l’étendue de l’habitation. Un travail de localisation est donc très difficile et nécessiterait une durée importante de travail. Comme vous l’aviez supposé, la caisse métallique [il s’agit des restes d’un four d’étuve] se trouve à proximité du grand pan de mur faisant angle. Quant aux vestiges près de la rivière, le paysan nous a indiqué qu’il s’agissait de restes d’un aqueduc sans que j’en fasse à aucun moment mention. Les agriculteurs de la zone ont dû se transmettre cet héritage de connaissance de génération en génération, car les terres sont souvent léguées héréditairement. Il est vrai qu’il est très difficile d’imaginer un aqueduc en visualisant ces quelques blocs de pierres immergés à fleur d’eau. Seul, je ne l’aurais jamais soupçonné. Pour un positionnement exact des zones construites, l’idéal serait de réaliser une photo aérienne qui elle seule vous permettrait d’avoir une vue d’ensemble du site de l’habitation qui, je le rappelle, est très étendu. Enfin, comme sur l’habitation Bréda de la Plaine-du-Nord, la présence de monticules nécessiterait fouilles et recherches en profondeur car la zone doit regorger d’objets de toutes sortes sous terre ou enfouis par la végétation.
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Un grand seigneur et ses esclaves
Ce livre est cité par
- Alcouffe, Alain. Massot-Bordenave, Philippe. (2020) Adam Smith in Toulouse and Occitania. DOI: 10.1007/978-3-030-46578-0_4
- Cousseau, Vincent. (2018) Les liens familiaux des esclaves à Saint-Domingue au xviiie siècle. L’exemple des habitations Galliffet (1774-1775). Annales de démographie historique, n° 135. DOI: 10.3917/adh.135.0021
Un grand seigneur et ses esclaves
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