Chapitre 4. L’ouverture extérieure
p. 199-224
Texte intégral
1Que ce soit le minerai de fer, le bois, le fer ou les productions textiles, les vallées de Vicdessos, de l’Ariège et de l’Aude étaient animées par un intense trafic de matières premières et de produits fabriqués localement ou importés. Une grande partie était sans doute attirée par Toulouse et le Languedoc, le port de Narbonne étant une des voies de sortie vers la Méditerranée. Les quelques escapades rapides que nous avons pu faire en direction de la Catalogne ou de l’Andorre signalaient que les montagnes fuxéennes se rattachaient à des réseaux marchands plus larges. Il convient alors de s’interroger sur les liens que les marchands ont avec l’extérieur. Vont-ils, par exemple, en foire ? Par ailleurs, il faudra se pencher sur les relations qu’ils entretiennent avec les partenaires extérieurs les plus présents, d’un côté les Toulousains, de l’autre les Andorrans et les Catalans. Mais on serait bien incomplet si on ne parlait pas d’autres acteurs du commerce dans ces terres de montagne, qui, pourtant, n’en sont pas originaires. En effet, n’y voit-on pas d’autres professionnels du commerce venant de plus loin et assurant ou captant une grande partie du trafic local et transpyrénéen qu’ils soient Béarnais, Auvergnats, Limousins ou même Dauphinois ? On s’en doute, la mobilité dont ils font preuve, souvent entre un versant et l’autre des Pyrénées, ne facilite pas leur appréhension documentaire. Pourtant, ils sont bien présents et apparaissent comme des éléments de dynamisme commercial qui relient notre pays à des réseaux couvrant une grande partie du sud du royaume de France et du nord de la péninsule Ibérique.
I. RELATIONS AVEC L’EXTÉRIEUR
2Dans le chapitre précédent, on a évoqué, avec Jean Luscan, un marchand présent en foire : quel rôle les foires ont-elles tenues dans les pratiques et lesquelles nos marchands pouvaient-ils fréquenter ? Quelles relations ont-ils entretenu avec leurs confrères de Catalogne, d’Andorre, de Toulouse ? Est-ce que ce sont des liens uniquement de travail entre individus placés sur un pied d’égalité ou peut-on déceler des rapports de dépendance, voire de force ?
A) Aller en foire ; se déplacer pour commercer
3On sera bien en peine, à partir de nos sources locales, d’apprécier la circulation des marchands que nous étudions, si ce n’est, bien sûr, entre Tarascon et Ax, ou de Chalabre vers ces localités, ce qui, somme toute, reste des distances peu importantes. On sait que Chalabre et Ax communiquaient assez facilement par les gorges de la Frau (haute vallée de l’Hers), unissant pays d’Olmes et d’Alion, ou en traversant tout le pays de Sault. La fréquentation des foires de Tarascon, Ax, Belcaire, Chalabre, Foix1, devait faire partie des pratiques commerciales habituelles de nos marchands, mais au-delà où pouvait-on les rencontrer ? Étaient-ils habitués à Toulouse ? Fréquentaient-ils les foires catalanes ? Allaient-ils acheter des mules à Rodez comme le faisaient parfois les Andorrans2 ? Si on laisse de côté les Chalabrais, dont la grande activité en foire a pu déjà être montrée et qui sont en relation avec des marchands montpelliérains, marseillais ou lyonnais, force est de constater que, pour les autres, les informations ne sont pas légion, alors que les registres des notaires de Chalabre abondent en mentions de ces relations, en particulier lors des foires de Pézenas. Si les testaments et les procurations de marchands et colporteurs en partance pour la Catalogne ou l’Aragon sont nombreux chez les notaires de Haute-Auvergne et du Bas-Limousin, ils sont exceptionnels – pour ne pas dire pratiquement inexistants – chez ceux du haut Pays de Foix, région peut-être moins marquée (mais il faudrait le prouver) par les migrations marchandes. Le seul exemple que nous ayons pu recueillir concerne Pierre Gassis vieux qui, en 1625, institue son fils comme procureur avec faculté « pour trafiquer, négocier, vendre […], et acheter toutes sortes de marchandises […] dans le présent royaume de France que d’Espagne3 ».
4Au-delà de toutes ces incertitudes qu’il sera difficile de lever, sauf ponctuellement par la mention d’un de nos marchands dans des archives d’autres lieux, la fréquentation de Toulouse apparaît avec assez d’évidence. Tout d’abord, dans le contexte des difficultés de la fin des années 1650, les marchands de Tarascon ne le cachent pas lorsqu’ils font préciser, en introduction du compoix cabaliste de 1660, que la crise qu’ils subissent est d’autant plus profonde « que lesd. habitants n’ont pas la liberté d’aller à Toulouse ou ailleurs où ils avaient accoutumés d’aller pour faire des achats et ventes de leurs marchandises et cabaux », et cela de crainte d’être emprisonnés4. Remarquons que les auteurs de cette phrase disent « à Toulouse ou ailleurs ». Quel est, ou quels sont, cet ou ces ailleurs ? Nous ne saurions le dire.
5À Toulouse, y vendaient-ils du fer ? Peut-être, comme on l’a dit, à propos de ces trois Tarasconnais mandatés en 1 654 par quatre de leurs compatriotes pour aller vendre à Toulouse le fer qu’ils pourront, à qui ils trouveront et au prix qu’ils jugeront convenable5. Mais, on l’a dit aussi, les Toulousains venaient sur place, en Sabarthès, pour acheter du fer. Des cordelats ? Sans doute, aussi. Qu’on en juge, par exemple, par ces protestations de marchands toulousains datant de 1600. Qu’y apprend-on ? Que plusieurs Tarasconnais, en l’occurrence le marchand Jean Manzos et le pareur Jacques Seré, s’étaient engagés auprès de deux marchands toulousains (Pierre Carrière et Antoine Pelut), à leur livrer plusieurs cannes ou charges de cordelats6. On ne sait si la livraison était prévue dans la capitale languedocienne ou si les marchands toulousains auraient dû récupérer leur commande à Tarascon7, mais les actes notariés engageant nos Tarasconnais avaient bien été passés à Toulouse par les intéressés, de toute évidence. Les dates des actes en question (12 février 1599 et 8 août 1600) ne correspondent pas à celles des quatre grandes foires toulousaines qui se déroulent début janvier (les Rois), fin juin (Saint-Jean), fin août (Saint-Barthélémy) et fin novembre (Saint-André)8. En outre, les cartes dressées par Robert Descimon sur le marché textile languedocien du milieu du xvie siècle semblent indiquer qu’Ax fournissait bien Toulouse, à cette époque9. Le marché toulousain devait avoir un rôle directeur car ce sont des cordelats blancs, de 3 pams de largeur, « mesure de Toulouse », que vend un marchand d’Ax à un confrère fuxéen, en 160410.
6Pour ce qui est des achats, on peut penser que les marchands du haut Pays de Foix venaient se ravitailler à Toulouse en produits textiles. C’est ce que suggèrent deux actes de 1661 où l’on voit deux marchands de Tarascon, Pierre Bourrel et Aymé Faure, passer commande de cadis blanc à Raymond Pouysegu, marchand saint-gaudinois qui les livrera, à la Saint-André, à Toulouse11. Il est vrai, cependant, que Toulouse n’est ici qu’une sorte de relais sur un chemin qui pourrait être plus direct12 mais peut-être nos marchands avaient-ils d’autres affaires à y effectuer. Au milieu du xvie siècle, les registres du marchand toulousain Bernard Seré, étudiés par Francis Brumont13, indiquent des achats de tissus effectués par des gens du Comté de Foix, mais ils sont de Pamiers ou de Foix, et pas de l’amont, semble-t-il. Toujours est-il que des achats dans les boutiques toulousaines sont attestés14.
7D’autres foires étaient-elles fréquentées ? Pour tout le xviie siècle, nous avons parlé de marchands, présents à un moment ou un autre à Tarascon, venant de Pontacq, de Catalogne, d’Andorre, de Béziers, de Toulouse bien sûr, et de plusieurs autres lieux, mais rien n’indique que les gens de négoce du Sabarthès allaient eux aussi à la rencontre de ces confrères15. En revanche, un billet rédigé en occitan, inclus dans le registre de maître Jean Duperier, notaire d’Ax, concernant l’année 1556, au dos duquel figure une reconnaissance de dette, nous renseigne clairement sur la fréquentation des foires languedociennes de Montagnac et Pézenas par un marchand axéen16. Comme de toute information représentée dans un corpus par une unique mention, qui plus est ne concernant que le tout début de notre période d’étude, nous ne pouvons en tirer d’enseignement général. Mais, à notre sens, l’intérêt de l’information mérite que l’on s’y attarde quelques instants, d’autant plus que les données de Robert Descimon attestent la présence de productions axéennes à Montagnac au milieu du xvie siècle17. Qu’y apprend-on ? Tout abord, le 7 novembre 1555, Jean Verniolle, marchand d’Ax, reconnaît à Ax, devant maître Duperier, devoir 332 livres au marchand montpelliérain Jacques Andrieu, représenté pour l’occasion par son fils. Verniolle s’engage à payer sa dette en deux fois, lors de deux foires de Montagnac, celle de la Saint-Hilaire (14 janvier), puis celle de la Mi-Carême. L’autre texte récapitule de la main d’Andrieu, en tout cas à la première personne, les remboursements effectués de la part du débiteur.
8En réalité, les versements ont été plus nombreux que les deux prévus, ce qui pour nous est intéressant car cela nous en apprend un peu plus. Premier paiement par Verniolle en personne : 100 livres à Montagnac, à la foire de la Saint-Hilaire 1556 ; deuxième versement : à nouveau 100 livres, apportées par Arnaud Serda, gendre de Verniolle, à la foire de la Mi-Carême de Montagnac ; troisième paiement, pour 104 livres : Arnaud Serda est présent aux foires de Pentecôte et de septembre de Pézenas ; enfin, remise des 28 livres restant, à la foire de Toussaint à Pézenas. À s’en tenir à ce calendrier, l’année commerciale de ces marchands axéens apparaît comme ponctuée par les cinq foires de ces deux villes jumelles que sont Pézenas et Montagnac, de part et d’autre du fleuve Hérault, à une vingtaine de kilomètres à l’est de Béziers et une cinquantaine à l’ouest de Montpellier. Louis Dermigny a pu écrire que « les deux foires de Montagnac et les trois de Pézenas, d’une durée de trois ou quatre jours chacune, rythment au long de l’année l’activité d’une partie de la province, notamment celle des fabricants de la “montagne” qui y débitent leurs petites étoffes et s’y pourvoient en matières premières ; [ces foires sont] fréquentées par des marchands de Toulouse et du Roussillon, de Montpellier, de Nîmes et Lyon18 ». Robert Descimon insiste sur le fait que ces deux villes de foires sont, au xvie siècle, d’importance interrégionale, en particulier du fait de leur rôle comme lieu de ravitaillement privilégié des marchands et transporteurs pyrénéens exportant vers l’Espagne19. Les Axéens apportaient sans doute leur production à ces plaques tournantes du commerce des draps. Y achetaient-ils aussi des laines, des toiles du Nord, des produits finis ? Du fer fuxéen y était-il échangé20 ? Encore des questions qui restent sans réponse.
9Pour conclure, d’une information extrêmement limitée, il ressort toutefois que les marchands du haut Pays de Foix fréquentaient quelques places commerciales parmi les plus importantes du Languedoc, Toulouse, Pézenas et Montagnac, mais il n’est pas certain qu’il s’agissait là du plus clair de leur activité marchande. Pour ce qui est de la fréquentation des deux dernières, il est possible que le milieu du xvie siècle, peut-être dans la poursuite de la période précédente, représente un moment de plus grand dynamisme que le siècle suivant. D’autre part, la dépendance à l’égard du marché et surtout des marchands toulousains s’impose avec une certaine évidence.
B) La dépendance toulousaine
10La réalité de la présence toulousaine est documentairement établie dès les débuts de notre période puisqu’on a la trace d’un marchand de Toulouse à Tarascon, en 1557. La présence du marchand toulousain est le plus souvent marquée par son absence directe. En effet, sans être physiquement là, il a ses représentants. D’une part, des commissionnaires. Ainsi, Antoine Bosc l’est-il de Jean Perry / Perrin depuis le 15 juin 1622, pour le commerce du fer21. De même, Jean Pelissier, natif de Montcabrier (diocèse de Toulouse), marié à Tarascon avec la sœur de marchands fuxéens. À plusieurs reprises, dans les années 1650, il est le représentant de marchands toulousains pour qui il achète du fer. D’autres fois, les Toulousains sont représentés dans les transactions par des marchands locaux à qui ils ont dû donner une procuration pour agir, même si on en n’a pas la preuve. Citons, pour son implication en ce domaine, Odet Faure qui représente en 1605 les marchands en compagnie Guillaume Raymond et Bertrand Desirat, puis en 1610, le capitoul Pierre Carrière et son associé Guillaume Raymond, ou encore en 1620, Guillaume Raymond22. Parfois, ils ont leurs propres facteurs, marchands toulousains agissant pour eux, agents ou serviteurs, pour reprendre la terminologie des documents. Par exemple, Jean Maury, facteur de Jean Darbou en 1620, ou Jacques Aryma, pour les associés Guillaume Bonnenfant et Pierre Agut, en 1630. Enfin, il arrive que le marchand se déplace lui-même pour régler ses affaires.
11Il n’est pas question de dresser une chronologie de la présence toulousaine à Tarascon. Tout au plus peut-on exprimer ce qui se lit à travers les actes notariés de notre corpus. Si on ne retient que les références à des marchands de Toulouse trouvées dans nos sondages réalisés de cinq en cinq ans, force est de constater que si les traces en sont assez régulières des dernières décennies du xvie siècle jusqu’en 1635, de 1640 à 1660, elles disparaissent, avant de ressurgir entre 1665 et 1670, pour s’effacer à nouveau. Si on ne prétend pas rétablir par ce procédé la réalité d’une présence, on nous permettra de penser qu’il y a peut-être dans ce rythme, interrompu dès les années 1640, une indication de quelques changements. Mais, il faut le dire tout de suite, cette construction n’est pas tout à fait juste car, par des dépouillements d’années intermédiaires, on voit réapparaître des Toulousains (1648, 1651, 1654), ne laissant, finalement, que les années 1640 sans référence. Cependant, une autre remarque s’impose : si on trouve bien des mentions dans les années intermédiaires à nos sondages quinquennaux, entre 1640 et 1660 elles restent assez isolées alors qu’elles pouvaient être plus denses dans la première partie du siècle et dans la deuxième moitié des années 1660. Il est alors possible de penser à un certain tassement des relations commerciales au cours de la guerre et à une réactivation ensuite.
12À quoi s’intéressent-ils ? Le plus grand nombre de mentions concerne la vente de marchandise, sans autre précision, dont une partie à destination de la Catalogne. On retrouve un cas de figure semblable à celui de Tarascon. Quelques ventes de poisson sont évoquées ainsi que des capes. Ces marchands achètent aussi, et en premier lieu dans nos sources, des cordelats blancs ou teints qu’ils peuvent échanger contre de la laine brute d’Andorre ou des capes ; les achats de fer ne sont pas du tout négligeables non plus, fer mol ou fer transformé (socs de charrue semble-t-il). Enfin, de façon isolée, on les voit acheter un cheval ou des herbes médicinales des montagnes, ou faire un prêt. Or cette dernière activité a dû être plus importante que ce qui transparaît : le compoix cabaliste de 1660 l’écrit clairement, « les particuliers obligés aux dettes de Toulouse sont les principaux habitants de la ville ». Et, chemin faisant, les articles d’un marchand sur trois environ indiquent que ce qu’il y a dans la boutique appartient aux marchands de Toulouse dont sont cités les sieurs Raymond, Azéma, Olivier ou Ponsan patronymes, les deux premiers, de marchands avec qui les Tarasconnais avaient (Raymond) et auront (Azéma) des relations commerciales assez suivies. Quant à Olivier et Ponsan, ils ne nous sont pas inconnus : on les sait en affaires avec des Chalabrais (par exemple, plusieurs fois en 1650), mais aussi avec des marchands auvergnats installés en Roussillon.
13Voilà donc, quoique nous ne puissions pas en dire grand chose, des Toulousains fortement présents dans la vie commerciale du haut Pays de Foix et du Chalabrais. Leur influence est aussi plus symbolique par l’intermédiaire de la formation commerciale qu’ils donnent à des apprentis-marchands, souvent fils de marchands, venant de ce pays. On y reviendra dans une prochaine partie. Contentons-nous de dire que si Jacques Sicard ou Claude Amieux sont choisis comme maîtres pour enseigner la vacation de marchand, c’est qu’ils devaient jouir d’une bonne réputation et que leur fréquentation pouvait réserver quelques intérêts23.
C) Des pratiques transfrontalières
14Regarder vers le nord, c’est-à-dire vers Toulouse, n’était pas une finalité en soi pour nos négociants. Leurs marchés étaient situés, en partie, plus au sud. Le commerce transfrontalier, tel que les archives notariales nous le font voir, est entre les mains d’un certain nombre de marchands d’Ax et de Tarascon, parmi lesquels quelques figures se détachent. Généralement seuls, les marchands peuvent aussi agir en compagnie à l’instar de celles formées à Tarascon par Arnaud Verger et Jean Sérou dans la première partie du xviie siècle, ou les sieurs Deguilhem et Faure, entre les années 1650 et 1670. À Tarascon, suivant les moments, 85 à 120 personnes environ s’adonnent au commerce. Sur ce total, seul un petit groupe est en relation directe avec des Andorrans ou des Catalans. En comparant les activités des marchands du compoix cabaliste de 1660 avec celles de chacun d’eux recueillies à la lecture des minutes notariales, huit personnes manifestent une réelle orientation transpyrénéenne, c’est-à-dire le cinquième environ de ceux qui sont enregistrés dans ledit compoix. Le chiffre est assez réduit, mais la proportion est assez élevée ; sans doute, ce document fiscal ne prend-il pas en compte l’ensemble des acteurs du commerce, plus nombreux selon nos dépouillements. Disons, alors, que 10 % environ d’entre eux regardent vraiment de l’autre côté des Pyrénées. Dans ce groupe, les activités enregistrées devant notaires sont évidemment très variables : 9 % des marchands faisant des affaires transfrontalières, à Tarascon, entre 1585 et 1688, concentrent près de 56 % de celles-ci, et parmi eux Pierre Bourrel, actif de 1651 à 1686, en accapare à lui seul plus de 30 %, spécialisé, si on ose dire, dans la vente de marchandises diverses, sans aucune précision, pour des sommes qui peuvent être assez élevées, puisqu’elles dépassent les 1 000 livres le 13 mai 168224, pour une moyenne d’environ 274 livres par opération. Il s’agit d’actes de crédits dans la mesure où nous avons affaire à des prêts en marchandise qui pourraient se combiner à des prêts en numéraire, mais sur ce dernier point les contrats sont peu explicites. En tout état de cause, ce marchand a bien des dettes qui lui sont dues en Andorre25 et, qui plus est, il est le deuxième plus taxé au compoix cabaliste de 1660, en raison de sa « boutique bien assortie », de « son négoce en fer et laine », mais aussi de l’argent qu’il a prêté à intérêt et des bêtes de sa métairie26. Ses partenaires commerciaux sont, la plupart du temps, des marchands occitans installés à Sant Julià (Andorre) où l’on sait qu’il « hi ha botigas de mercaderias francesas, però més servexen per los estrangers que per los naturals27 », à Puigcerdà ou à la Seu d’Urgell. Bon nombre de ces marchands sont des Auvergnats comme Antoine Lavernhe28, ou des Limousins comme Jean Delfraiche29, Antoine et Pierre Rousseau ou les associés Jean Raufié et Etienne Magnac. Vers le Pallars, pour une activité enregistrée bien moindre, le relais commercial est assuré par des marchands couserannais d’Ustou, tenant boutique à Ribera de Cardós ou résidant dans la Vallferrera30.
15Tous ces exemples démontrent le rôle de grossistes joué par certains marchands de Tarascon – et sans doute d’Ax – qui approvisionnent en marchandises diverses l’Andorre et la Catalogne par l’intermédiaire de marchands limousins, auvergnats31, couserannais qui s’y sont établis, et qui, régulièrement, viennent « faire le plein » et régler la valeur des marchandises prises à crédit lors de leur précédent passage, à un rythme, en grande partie, scandé par les foires. Ainsi, 53 % de la trentaine de ventes de marchandises faites, entre 1663 et 1686, à des Catalans et Andorrans par le marchand de Tarascon Pierre Bourrel, se concentrent durant les deux foires de mai et de septembre-octobre. Pour ce qui est des termes de paiement indiqués dans les reconnaissances de dettes, trois dates rivalisent dans des proportions assez voisines : la foire de mai (28,5 % des actes, 17 % de la valeur), Saint-Jean (26,32 % des actes, 27,2 % de la valeur) et la foire de Saint-Michel d’automne (environ 23 % des actes, 24,5 % de la valeur), mais ce n’est que dans 43 % des cas que le paiement de l’achat fait à l’une des deux foires est prévu à l’autre grande foire.
16Ces marchands tarasconnais étaient sans doute eux aussi des intermédiaires de marchands toulousains, béarnais (que l’on pense aux capes) et peut-être d’autres, mais ils pouvaient aussi redistribuer les productions, par exemple textiles, locales. Le manque d’informations sur les marchandises vendues ne nous permet pas de préciser ce point essentiel, d’autant moins que nous sont aussi inconnus les achats faits par ces marchands de Tarascon et Ax, tel Pierre Bourrel en constantes relations avec les Andorrans. Tout au plus, dans son cas, le voit-on acheter des pièces de cadis à un marchand de Saint-Gaudens en 166132 ou vendre des capes à un marchand de l’Hospitalet en 165033, capes que l’on pourrait croire destinées au marché catalan, de la même façon que le notaire Vidal Teynier se distingue par l’achat de capes aux marchands de Pontacq et à leur revente à des voituriers d’Ax et à des Catalans. Quant aux marchands de Toulouse, s’ils fréquentaient les foires de Tarascon et y apportaient de la marchandise, vendue à crédit aux marchands locaux, les mêmes étaient en relation directe avec des marchands établis en Catalogne34.
17Que peut représenter le commerce transfrontalier pour les marchands ? Nous nous heurtons ici à une limite supplémentaire de la principale source que nous utilisons. En analysant le livre de raison du marchand axéen Guillaume Pretianne, Marie-Claire Pontier calcule que 8 % de ses clients sont des Andorrans à qui il achetait de la laine et vendait du bétail35. 8 % cela pourrait paraître peu, mais c’est peut-être la partie la plus lucrative de son activité commerciale qui y est consacrée. Quant à nous, nous ne pouvons avancer d’approximation chiffrée par manque d’information sur l’activité globale de nos marchands. Disons qu’à Ax et à Tarascon, autour du milieu du xviie siècle, le commerce transfrontalier ne concernait, qu’au plus, 3-3,5 % des actes notariés traduisant une activité commerciale, mais, il est vrai, réservés à 4 ou 5 % de l’ensemble des marchands répertoriés.
18En ce qui concerne le rythme annuel de ce commerce, à Tarascon, les deux grandes foires de mai et de fin septembre-début octobre ne concentrent que 44-45 % du total des transactions transfrontalières enregistrées chez les notaires, mais font du printemps (35 % du total annuel) et de l’automne (40-42 %) les sommets de l’activité. L’été apparaît comme la saison « morte » (8-9 %) bien avant l’hiver (autour de 15 %). Si, à Ax, l’été reste un creux (8 % de l’activité transfrontalière), le printemps (autour de 60 %) concentre beaucoup plus d’échanges que l’automne (une douzaine de %), lui-même dépassé par l’hiver (autour de 20 %). Que la foire de la sainte Croix de mai ne concentre que 10,5 % du total des échanges transpyrénéens enregistrés chez les notaires d’Ax et celle de la sainte Croix de septembre 0 %, est-ce un indice du peu de fiabilité de ces données pour une approche quantitative de la question commerciale à travers la documentation notariale36 ? Il reste donc que, si le rythme saisonnier des échanges transfrontaliers que nous suivons épouse celui des foires (printemps-automne), toutes les transactions ne semblent pas se conclure lors de ces foires. Certains marchés hebdomadaires jouent peut-être un rôle, mais il faudrait mettre en lumière pour approcher plus finement le processus de circulation des marchandises, la place d’autres lieux, comme les auberges (les hôtes sont proches du commerce) ou l’habitation de certains particuliers chez qui logent les marchands extérieurs le temps d’un séjour.
19Le rythme séculaire de la présence des Andorrans et Catalans chez les notaires de Tarascon semble indiquer un affaiblissement des relations à partir des années 1630, peut-être en rapport avec la guerre ouverte entre les monarchies françaises et espagnoles. Cette constatation devra être confirmée ou infirmée par des études portant sur l’autre côté de la frontière et sur des documents comptables concernant des familles marchandes. Sur la longue durée, le commerce transfrontalier, observé depuis le nord de la frontière, a connu une évolution dans laquelle les événements politiques et militaires ont pu jouer un rôle. Le mouvement général dessine un changement dans le sens des flux, au profit du commerce du nord vers le sud, et finalement, à l’extrême fin du xviie siècle, une quasi-disparition des échanges enregistrés chez les notaires. Le commerce interlope a-t-il profité de ces changements ?
20L’analyse de la valeur des marchandises échangées à Tarascon dans le cadre transfrontalier met en évidence un creux après 1655, creux qui affecte d’abord le commerce en direction du royaume de France. C’est, en effet, dans le sens sud-nord que le commerce s’est effondré alors qu’en sens inverse il s’est, au contraire, développé à partir de 1640 environ, comme s’il profitait de la guerre. Remarquons aussi, que la valeur moyenne des opérations commerciales qui était environ quatre fois moins élevée dans le sens nord-sud que dans l’autre sens jusqu’aux années 1620, a connu une inversion puisque après 1640, l’effondrement du commerce vers le nord a été parallèle d’une augmentation de la valeur moyenne des opérations vers le sud37. Peut-on conclure de ces données, dont la représentativité ne peut être établie, que le commerce vers la Catalogne et l’Andorre a été dynamisé par la guerre ?
II. RÉSEAUX MARCHANDS DE LA MÉDITERRANÉE À L’ATLANTIQUE
21Terminons cette partie, en partant de ce que nous avons pu voir et de ce que nous indique l’étude des acteurs du commerce qui apparaissent dans les sources, en tentant de montrer en quoi le petit espace étudié, qui pourrait paraître tout à fait marginal, se retrouve, en réalité, comme une partie intégrante d’un espace plus vaste, transpyrénéen d’abord, mais au-delà s’étendant de la Méditerranée à l’Atlantique et convergeant, dans une certaine mesure, dans la haute vallée de l’Ariège. En premier lieu, la présence de marchands et chaudronniers auvergnats et limousins, de capiers béarnais ou de quelques Dauphinois en est un signe.
A) Migrations du Massif Central
22La présence de marchands chaudronniers auvergnats dans le haut Pays de Foix est clairement attestée38. Avec eux nous avons affaire à une des spécialités des migrants de la Haute-Auvergne, qu’ils parcourent le royaume de France ou en franchissent les frontières. On connaît bien la tradition migratoire de la Haute-Auvergne vers d’autres régions du royaume et d’autres pays d’Europe, en particulier vers l’Espagne39. À la fin du xviie siècle, l’intendant Lefèvre d’Ormesson exprimait en ces termes le phénomène migratoire : « Le surplus de l’industrie des habitans concistent au grand nombre des habitans qui en sort pour aller travailler en Espagne […] des montagnes d’Auvergne du costé d’Aurillac, Mauriac, Sainct Flour, ils allaient tous les ans en Espagne 5 000 ou 6 000 travaileurs qui rapportent dans le pays par estimation sept ou huict cent mil livres […]. Il sortoit tous les ans […] des montagnes du costé d’Aurillac et de Sainct Flour quantité de chaudronniers […]40 ». La chaudronnerie n’était pas la seule activité des migrants de Haute-Auvergne, mais c’en était sans doute une des plus caractéristiques, et dans notre cas, une des mieux documentées avec celle des marchands actifs vers la Catalogne. Nous n’avons pas à revenir sur les raisons qui poussent des habitants de la Haute-Auvergne à quitter leur paroisse pour aller gagner leur vie dans des régions parfois éloignées. Les courants de migration, en particulier de chaudronniers, vers les pays de la Couronne d’Aragon sont attestés depuis, au moins, le milieu du xve siècle41.
23Abel Poitrineau a délimité assez précisément les paroisses d’origine des migrants de Haute-Auvergne, et aussi celles, voisines, du Bas-Limousin. Qu’il s’agisse des migrations vers le royaume de Valence ou de l’aire du recrutement des compagnies de Chinchón et de Navalcarneros, ou encore des migrations vers les Pays-Bas à l’époque de la Révolution française, on relève une cohérence géographique et une sorte d’emboîtement des aires respectives plutôt qu’un réel chevauchement. Les travaux de Jordi Nadal et Emili Giralt, pour la Catalogne42, ceux d’Emilio Benedicto Gimeno sur l’Aragon43, de Rose Durroux sur Madrid44, de Lucile Bourrachot sur l’Agenais et le Périgord45 ou les nôtres pour le Pays de Foix, permettent aussi de repérer les paroisses concernées par ces divers courants migratoires.
24Les paroisses de recrutement des chaudronniers présents dans le haut Pays de Foix au xviie siècle forment une aire d’une homogénéité assez remarquable entre les villes d’Aurillac et de Mauriac, qui se superpose, avec plus ou moins d’exactitude à celle des chaudronniers rencontrés en Agenais et Périgord ; toutefois, cette dernière aire est, d’abord, plus vaste, et ensuite plus éclatée, autour d’un « noyau central ». La dispersion semble être aussi de mise dans le cas des chaudronniers de Madrid, voire ceux de la région aragonaise de Calamocha ou ceux de Catalogne selon les informations partielles fournies par Jordi Nadal et Emili Giralt. D’ailleurs, si on regroupe ces trois dernières aires, elles enserrent presque totalement celle du Pays de Foix sans se confondre avec elle. La zone d’émigration des trois quarts des chaudronniers présents en Pays de Foix dont nous connaissons la provenance, dessine un polygone regroupant une dizaine de paroisses à l’est des puys du massif du Cantal, traversée d’est en ouest par les vallées de la Bertrande et de la Maronne qui en forment en quelque sorte la colonne vertébrale, qui suit la ligne de partage des diocèses de Saint-Flour et de Clermont, celle du droit écrit et du droit coutumier, des subdélégations de Mauriac et Aurillac et celle des parlers languedociens et auvergnats46. Limitée par les paroisses de Fontanges et Tournemire (est), Saint-Victor (sud), Saint-Illide (ouest) et le village de Boussac47 (nord), c’est une région de moyenne montagne où le point le plus bas (paroisse de Saint-Victor) se situe à plus de 600 mètres d’altitude, les autres agglomérations villageoises se situant entre 625 (Sainte-Eulalie) et 840 mètres (Tournemire) pour un étagement des territoires paroissiaux pouvant aller jusqu’à plus de 1200 mètres (Fontanges)48. Si nous observons de plus près, nous voyons qu’environ 71 % d’entre eux proviennent en fait de quatre paroisses seulement : tout d’abord celle de Saint-Chamant (29 % des chaudronniers), puis celle de Sainte-Eulalie (16 %) et celles de Loupiac (13 %) et de Saint-Illide (13 %). Plus généralement, près des trois-quarts sont issus, dans le diocèse de Clermont, de paroisses appartenant à l’élection et à la subdélégation de Mauriac, c’est-à-dire une aire de droit coutumier49.
25Nos recherches50 dans les paroisses d’origine de plus de 75 % des chaudronniers, nous ont donné une idée de l’orientation générale des migrations au départ de ces paroisses. Le Pays de Foix, dans l’état de nos dépouillements, n’apparaît jamais comme but des déplacements des chaudronniers ; les destinations indiquées sont le Roussillon et le Conflent (27 %), le Périgord, l’Agenais, le Bordelais, le Bazadais et le Condomois (25 %)51, la Gascogne (21 %), la péninsule Ibérique et la Catalogne du Sud (14,5 %), le Languedoc et la Provence (6 %), la Guyenne, le Quercy et le Rouergue (6 %). Les paroisses de Sainte-Eulalie (à 93 %) et de Saint-Martin-Valmeroux (à près de 67 %) ont la plus forte orientation catalane alors que celle de Saint-Illide est totalement tournée vers la Guyenne et la Gascogne.
26Le corpus de la cinquantaine de chaudronniers auvergants présents en haut Pays de Foix, ou en transit vers la Catalogne, durant le xviie siècle, permet de délimiter la zone de départ et d’envisager le processus pouvant mener, dans certains cas, de la migration à l’installation dans le pays d’accueil. Le mariage ancre le migrant dans la société qui le reçoit mais il resterait à étudier les aspects relatifs à ce qui peut sembler être une nouvelle vie : la rupture avec le pays d’origine est-elle totale ? Est-ce parce que les liens avec lui étaient déjà ténus que l’installation a été favorisée ? Comment s’intègre le nouveau venu et comment est-il accepté ? Car même si nous nous situons ici aux confins de l’artisanat et du commerce, les façons de se constituer une clientèle, et par conséquent de bénéficier d’une confiance, en un mot de trouver sa place, restent à éclaircir. De même, ces nouveaux venus n’entrent-ils pas en concurrence (économiquement, socialement, voire matrimonialement) avec les autochtones et n’ont-ils pas à souffrir d’un certain rejet, parfois dû à leur dynamisme, à l’instar des marchands juifs en Auvergne52 ou des Auvergnats à Reus (Catalogne)53 ? L’attention portée à l’organisation du travail de ces chaudronniers, à la formation – et la dissolution – des sociétés, à l’activité – et son adaptation à la demande locale par le biais de l’intervention dans les forges – et aux pratiques commerciales montre que ces spécialistes du cuivre participent à la vie économique des campagnes, où ils apparaissent comme des éléments dynamiques, à rapprocher, par le rôle qu’ils jouent, de leurs compatriotes marchands qui, avec des Limousins, assurent une grande partie de ce que l’on peut appréhender du commerce transfrontalier.
27Par des dépouillements effectués aux archives départementales du Cantal et de la Corrèze nous pouvons nourrir le thème général des migrations marchandes et en proposer une approche à partir de l’exemple de celles que pratiquaient des Limousins et des Auvergnats vers la Catalogne. Or, il ne s’agit en rien de quelque chose d’anecdotique, ni pour le pays de départ, ni pour celui d’accueil ou de passage. En effet, nous avons, avec ces marchands, des acteurs essentiels du commerce transpyrénéen qui ont établi des colonies dans les villes frontalières de Catalogne (Puigcerdà, La Seu d’Urgell) et d’Andorre (Sant Julià). Leur rôle d’intermédiaire, tel qu’il apparaît à travers la documentation, est important : ne les voit-on pas, par exemple, introduire de la laine ou de l’huile d’olive dans le royaume de France, des mulets, et sans doute des étoffes, dans la péninsule Ibérique ? Il faudrait pouvoir les suivre à leur destination ibérique, catalane pour les uns, aragonaise aussi pour d’autres, pour juger de leur rôle, de leur intégration, de leurs relations avec d’autres partenaires. Nous disons leur destination, au singulier, quand nous devrions parler, peut-être, au pluriel si le cas des Lavernhe, que nous connaissons mieux, était le modèle général. Venus de Saint-Santin, en Haute-Auvergne, ces marchands ont progressé par étapes, par la vallée de l’Ariège vers la Catalogne intérieure (Tàrrega, Lérida), en passant par l’Andorre et La Seu d’Urgell, au gré d’implantations successives. À quoi ce mouvement perpétuel répond-il ? Ne serait-il pas utile de mettre ce que nous observons avec les Lavernhe en relation avec la plasticité des réseaux de migrants dont parle Laurence Fontaine54 et qu’elle signale, à partir de travaux effectués sur les Alpes, pour les architectes et les porteurs ? Dans ces deux cas de migrations professionnelles, la fixation dans une ville, même où les individus en question ont acheté des biens, peut être remise en cause, soit par l’ouverture de nouveaux marchés en d’autres lieux qui pousse des architectes en s’en rapprocher, sans totalement abandonner les anciens puisqu’ils laissent des parents sur place, soit pour les porteurs à chercher du travail ailleurs après avoir été évincés par un autre groupe, constitué aussi sur une base régionale. On peut supposer que les Lavernhe sont dans l’un ou l’autre des cas de figure, mais seule la poursuite des investigations pourrait nous le révéler. Cela dit, et en plus de ce que nous avons pu recueillir concernant Puigcerdà, La Seu d’Urgell ou Sant Julià, la lecture des archives auvergnates et limousines nous a mis sur la piste de marchands présents à Solsona (P. Magnac et J. Merlanges) ou à Daroca, en Aragon (B. Mollenier, de Pleaux, et A. Vergnes, de Saint-Privat), au milieu du xviie siècle.
B) Des Alpes aux Pyrénées
28Les migrations marchandes provenant du Massif Central ne sont pas les seules ; si l’on excepte le cas spécifique des Béarnais qui effectuent des allers et retours le long des Pyrénées apportant des capes et revenant avec des produits ibériques55, le haut Pays de Foix reçoit quelques Dauphinois, en nombre certes plus réduit que les Auvergnats et les Limousins. Leur origine n’est pas toujours facile à établir, mais les six ou sept que nous avons identifiés proviennent de la partie alpine du Dauphiné, c’est-à-dire des écartons du Briançonnais et du diocèse d’Embrun. Etienne Hebreen, à qui Pierre Bourrel cède une dette de 47 livres 12 sols à prendre sur un autre marchand de Tarascon, est de Briançon même56. Les frères David et Pierre Puy engagent, en 1682, leur compatriote Jean Blanc, de Molins, pour négocier dans la « province de Foix et autres lieux57 » alors que Pierre Puy avait engagé en 1676 comme compagnon Daniel Nel, du diocèse d’Embrun, comme lui58. Évoquons encore Bernard Gertous, marchand de La Chanal (italien : Chianale) en Château-Dauphin (diocèse de Turin, dans la Val Varaita), installé en Pays de Foix depuis 1682 environ et qui se marie avec la fille d’un maître tailleur de Tarascon le 22 juillet 169259. Ces migrations alpines, sur lesquelles nous sommes trop peu renseignés, invitent à se poser la question de la présence des Alpins dans la région pyrénéenne60. Nous sommes, une fois encore, dans le cadre de migrations de montagne à montagne qui ne manquent pas d’interroger. Ces migrants ont-ils une spécialité particulière qui les rendrait nécessaires ? Sont-ils liés à des « grossistes » qui les emploieraient ou fourniraient en raison de solidarités régionales ? On pense ici à certains marchands toulousains qui pourraient jouer ce rôle. Tententils une aventure plus ou moins individuelle ou existe-t-il un courant migratoire des Alpes vers les Pyrénées61 ? Quelques relations entre le Dauphiné alpin et le Béarn sont bien signalées par Laurence Fontaine lorsqu’elle cite les deux apprentis que prend, en 1680 et 1684, Christophe Juiller, résidant puis bourgeois de Pau, lui-même originaire de Villar-d’Arêne62 et surtout lorsqu’elle évoque les habitants de la Val Varaita qui, dit-elle, « commercent sur la route d’Espagne : certains sont installés à Bayonne ou à Pau, et d’autres en Catalogne. Les frères Vassal, de Chianale, participent sans doute de la double relation villageoise et migrante63 […] ». Mais pour notre part, nous en sommes réduit, plus que pour les autres migrations que nous observons, à des questions. Pour autant, la présence de ces quelques Dauphinois, nous fait demander d’une façon plus générale si la migration marchande peut se concevoir comme individuelle – éventuellement basée sur la réussite individuelle – ou si elle s’inscrit obligatoirement dans un réseau pré-établi ? Si tel était le cas, les quelques Dauphinois que l’on saisit au détour d’un document en cacheraient bien plus. Pour ce qui concerne les migrations saisonnières ou temporaires de travail, le choix, comme le note, avec d’autres, Marie-Annie Moulin64, est rarement individuel et le voyage se fait généralement en groupe. Mais nous avons là affaire à une spécialité – les maçons – qui se recrutent, s’embauchent et travaillent en équipes assez différentes des marchands qui, eux, peuvent avoir des pratiques plus « solitaires » tout en s’intégrant dans un ou plusieurs réseaux dont ils forment un des maillons, si ce n’est une des connexions.
29Placé à notre échelle, le centre de plusieurs de ces réseaux est à Toulouse, autour de quelques marchands dont les sources nous donnent les noms. Il est intéressant de constater que ce sont avec les mêmes marchands que sont en relation les marchands de Tarascon, de Chalabre, d’Andorre, mais aussi d’Auvergne, du Limousin, du Dauphiné. Il y a les Amieux qui, au gré de nos dépouillements, traitent avec un marchand de Sant-Julià, en Andorre, avec les Lavernhe, Auvergnats d’Andorre et de Catalogne, avec des marchands de Saint-Martin-Cantalès, avec un Dauphinois banqueroutier, et sans doute d’autres encore ou qui prennent un jeune Tarasconnais de bonne famille en apprentissage65. Les associés Ponsan et Olivier sont dans une position semblable : ne les voit-on pas en relations d’affaires avec des marchands auvergnats installés à Vinça (Roussillon) comme avec ceux de Chalabre ou de Tarascon où, en outre, la communauté est endettée auprès d’eux pour faire face, semble-t-il, aux dépenses du très coûteux logement des soldats de 165466 ? Commerce, crédit, endettement ont, évidemment, partie liée. Il y a là des liens de sujétion qui mériteraient d’être éclairés et qui ne sont pas sans rappeler ceux que nous avions mis en lumière entre le Val d’Aran et la famille du marchand de Saint-Béat, Bartier67. À travers ce cas, nous avions pu décrire la spirale de l’endettement de la vallée, décelable dès le début des années 1630 et dont un règlement n’avait pu être trouvé qu’en 1706, empoisonnant les relations commerciales durant toute la période, mais en même temps resserrant la dépendance de la vallée vis-à-vis de son créancier68.
30D’autres parties des Pyrénées, surgissent d’autres mobilités. Avec les marchands béarnais que l’on rencontre le long de la chaîne où ils vendent des « capes » à des intermédiaires locaux ou directement à des Andorrans et des Catalans, pour le marché ibérique, et où ils achètent de la laine, nous avons affaire à une spécialisation qui n’apparaît pas de façon aussi claire chez les Auvergnats et les Limousins. Présents, au moins jusqu’à Narbonne, ils participent à l’organisation des réseaux commerciaux dont ils sont des maillons importants. Compte tenu d’une certaine diversité de patronymes, pourrait-on penser qu’ils sont organisés sur des critères confessionnels (nous retrouverions un modèle « anthropologique ») ou au contraire, en fonction de leurs intérêts personnels, sur des critères purement économiques ? En réalité, il semble bien que des liens familiaux unissent ces marchands, par ailleurs certainement protestants. Une reconstitution minutieuse des familles de ces Béarnais éclairerait, probablement, l’organisation de leurs réseaux. En tout cas, ils ont un interlocuteur privilégié, en la personne du notaire tarasconnais Vidal Teynier, de qui ils tiennent, peut-être, leur réputation. Il y a là une notion-clé, comme on le sait, sur laquelle repose une part essentielle de l’activité commerciale : qu’il perde la considération et la confiance dont il jouit et le marchand est mis en difficulté69. On ne saurait mieux l’exprimer que le négociant béarnais Paul Barbanegre, mis en cause par un de ses confrères tarbais, en 1788, lorsqu’il dit que les imputations dont il est victime « ont été répandues dans la Province où [il] fait un commerce très-important, où il jouit de l’estime, de la considération générale ; il n’a pas tenu au sieur Benquez [marchand de Tarbes, son accusateur] de la lui faire perdre ; il est donc très-nécessaire qu’une réparation authentique et notoire satisfasse à l’honneur compromis d’un Négociant dont l’état et l’existence dépendent de l’opinion publique » ; les conséquences sont évidentes, « le sieur Barbenegre s’est éloigné par prudence des foires de Toulouse et autres […] ; depuis plus de trois ans, il est obligé de renoncer à cette partie de son commerce, ou de le faire par des commis : on conçoit quel tort il en résulte pour lui70 ».
31Géographiquement plus proche, le bourg couserannais d’Ustou apparaît comme un centre pourvoyeur de marchands vers la Catalogne et plus particulièrement tenant boutique à Ribera de Cardós, à proximité de Tírvia et de Llavorsí. Nous avons déjà cité, dans la première partie, les frères Octavien et Pierre Amiel, originaires d’Ustou, qui s’approvisionnent, à Tarascon, en marchandises qu’ils introduisent ensuite en Catalogne71. Un autre Amiel, Bernard, natif aussi d’Ustou, est présent en Vall Ferrrera en 166572. Nous ne saurions, donc, négliger le rôle des gens d’Ustou dans le commerce transpyrénéen. Ce bourg, peuplé au tout début du xixe siècle, de plus de 3 000 habitants, ce qui le met à peu près au même niveau démographique que Saint-Girons ou sa voisine Seix dont le rôle commercial est mieux connu73, abritait plusieurs marchands en compagnie, qui représentent 13 % des personnes endettées pour raison commerciale auprès des marchands de Tarascon en 1660-1661. Installés en Catalogne, ils pouvaient l’être aussi ailleurs, comme Nadal Allen établi à Belcaire (pays de Sault) en 1665 et qui s’approvisionne à Tarascon74 ; ils participent donc de ces migrations marchandes dont nous nous sommes proposé, chemin faisant, de dire quelques mots. Migrations d’ailleurs périlleuses car l’un d’entre eux François […], âgé d’une cinquantaine d’années, est mort à l’hôpital de Tarascon en septembre 1694, revenant d’Espagne où il négociait75.
32Dans tous ces mouvements, il ne faudrait pas oublier les Andorrans et les Catalans qui, même s’ils n’assurent pas l’intégralité du commerce transpyrénéen que nous avons décrit, n’en sont pas totalement absents. Il faut ici distinguer les personnes qui, par exemple, vendent de la laine à des négociants tarasconnais, fuxéens ou toulousains, sans pour autant être affublés du titre de « marchand », de celles qui le portent et qui appartiennent à une autre catégorie. La plupart des Andorrans sont de Sant Julià ce qui ne surprend guère étant donné la position de cette paroisse à la sortie sud des vallées, à proximité de La Seu d’Urgell ; c’est d’ailleurs là que sont installés des Auvergnats. La faiblesse numérique des marchands d’autres paroisses andorranes – donc une quasi-hégémonie de Sant Julià – indique, certainement, une orientation vers le transit en direction de la Catalogne du commerce qu’ils pratiquent. Dans les années 1630, nous avons vu Bartomeu Xuxura, dans les années 1660, Antoni Pal dit Mitjavila ou Jaume Joan Simon, dans les années 1670 et 1680, Jaume Nagual, Jaume Ribals, Jaume Joan Simon ou encore Toni Vila.
33Les liens entre le Comté de Foix et l’Andorre ont été assez étroits et ont dépassé les contacts strictement commerciaux pour devenir des relations de dépendance économique. Ainsi, des Andorrans sont-ils endettés auprès de marchands du Comté qui n’hésitent pas à les faire, à l’occasion, emprisonner. En 1616, pour une dette de 600 livres dues par des Andorrans, le marchand de Foix Pierre Loze fit arrêter, à Tarascon, Antoni Pal, d’Ordino, lequel n’est libéré que parce qu’un marchand axéen consigna la somme entre les mains d’un de ses confrères tarasconnais76. C’est aussi auprès d’un marchand tarasconnais, en l’occurrence Paul Bosc, qui est également receveur de la foraine, que les députés andorrans empruntent, en octobre 1659, à quelques jours du traité des Pyrénées, 1 953 livres 10 sols, pour payer les dîmes dues à l’abbé d’Eaune, substitut de l’évêque de La Seu d’Urgell, car ce dernier était considéré comme trop pro-castillan par l’administration française77.
34Plus tard, en 1675, un autre habitant de la paroisse d’Ordino, Miquel Fijat, encore débiteur de 2 120 livres d’une obligation de 2 333 livres contractée six ans auparavant envers les frères Verger, est contraint de leur reconnaître la somme en rente constituée de 106 livres annuelles78, comme avait été obligé de le leur faire l’année précédente Tomàs Palbabot, aussi d’Ordino, pour la dette de 2 200 livres79, convertie en rente annuelle de 110,79 livres. Ces endettements auprès des frères Verger, eux-mêmes héritiers de leur père Jean et de leur grand-père Arnaud80, ne sont pas isolés ; par exemple, par sondage, nous en avons retrouvé un autre de 2 200 livres dues par Joan Rossell, de la Massana, pour « divers crédits » faits en marchandises et argent81. Un autre indice de la dépendance d’Andorrans envers des Tarasconnais pourraient le fournir les possessions foncières de gens du Pays de Foix en Andorre, comme le moulin farinier et le pré que Jean Fors, marchand tarasconnais, possédait encore en 1605 à Sant-Julià, avant de le vendre à la communauté82. En 1617, Bartomeu et Antoni Pal, père et fils, d’Ordino, ont été contraints de vendre, à pacte de rachat, un pré et un champ leur appartenant dans leur paroisse, au marchand de Tarascon Jean Laforgue, pour 650 livres tournois83. Il y aurait là, à notre avis, matière à creuser pour mettre plus précisément au jour, si les archives andorranes le permettent, la dépendance des Andorrans vis-à-vis des marchands tarasconnais.
35Quant aux Catalans rencontrés en haut Pays de Foix, deux provenances principales ressortent, toutes les deux en Cerdagne. La première, la vallée de Carol, au débouché sud du col du Puymorens. Là, se concentrent des marchands attirés sans doute par le trafic généré par le port, de la même façon que, sur l’autre versant, négociants et voituriers, se regroupent à l’Hospitalet. Il y aurait à envisager un travail de comparaison sur le fonctionnement des sociétés frontalières, installées de part et d’autre du Puymorens, spécialement avant le traité des Pyrénées, étudiant, entre autres choses, la provenance des gens attirés par le commerce et les moyens mis en œuvre pour en capter les bénéfices. Puigcerdà est le deuxième centre d’où viennent les marchands cerdans. La situation de la ville, pratiquement à équidistance de Perpignan, Barcelone, Lérida et Toulouse, en fait une sorte de plaque tournante du commerce terrestre entre Pays de Foix, et plus largement région toulousaine, et Catalogne. D’ailleurs, là aussi, marchands auvergnats et limousins se sont établis. Pour le reste, on trouve des marchands catalans venant de Vic, Solsona ou Cardona, comme Pau Vilar qui – s’en étonnera-t-on ? – s’engage en 1662 à livrer la quantité de 500 quintaux de sel de Cardona à Tarascon84.
III. RÉSEAUX PYRÉNÉENS : L’AXE FUXÉEN
36De tout cela, il ressort que la région que nous étudions est bien un axe de circulation des marchands et de tout autre migrant vers la Catalogne. On a pu voir plusieurs exemples de marchands, auvergnats ou limousins, résidant en Andorre (Sant Julià) ou en Catalogne, qui transitent par le Pays de Foix. C’est en particulier le cas, parmi d’autres, d’Etienne Magnac, marchand de Saint-Cirgue, dans le diocèse de Tulle, en Bas-Limousin85 que l’on rencontre à plusieurs reprises entre 1651 et 166086. Pour les Auvergnats, retenons Antoine Lavernhe, habitant et négociant à Sant Julià (Andorre) dans les années 1650 ou Jean Pouch (qui signe d’ailleurs Jean Puig, à la catalane), trafiquant à Ponts. C’est que, plus généralement, nous avons pu mettre en évidence le rôle de voie commerciale joué par le Pays de Foix entre Catalogne et Languedoc et Gascogne, pour un certain nombre de produits, tels que le sel, la laine ou l’huile, dans le sens sud-nord, ou les capes béarnaises et les mules dans le sens inverse.
37On ne peut donc ignorer cette voie de passage vers la péninsule Ibérique, même si elle a rarement été mise en avant. Les migrations temporaires d’ouvriers limousins en apportent d’autres confirmations. Ne voit-on pas, le 21 mars 1651, à Tarascon même, le maçon Jean Ayrignon, dit Farette, du lieu de Monceaux87 dans le diocèse de Limoges, faire son testament, sur le chemin de la Catalogne où il a le dessein de demeurer quelques années pour y exercer son métier de maçon ? Sont témoins de l’acte quatre autres Limousins, dont trois de cette même paroisse, qui, eux-mêmes, vont en compagnie en Catalogne, pour y travailler comme maçons ou scieurs88. Vingt-cinq ans plus tôt, le 27 décembre 1625, Peiròt Grèze, lui-aussi maçon limousin, demeurant au lieu de Tortellà89 avec son frère, faisait cession à Antoine Grèze, prêtre et vicaire du Bout du Pont de Tarascon, un autre frère, de tous les droits qui lui étaient advenus des décès de leurs parents. On voit par là qu’un axe de la migration des Limousins vers la péninsule Ibérique passe bien par le Pays de Foix où s’est d’ailleurs arrêté un des frères90. Cette migration ecclésiastique n’est pas un cas isolé puisque, en 1651, c’est un Bas-Limousin de la paroisse d’Hautefage91 qui est vicaire de Larcat, dans la baronnie de Château-Verdun, à une douzaine de kilomètre au sud de Tarascon92.
38Finalement, si le Pays de Foix est bien une voie des migrants vers la Catalogne, il est aussi utilisé en sens inverse, d’abord pour le retour des migrants dont nous avons parlé ou pour d’autres comme ces trois Agenais qui, en novembre 1646, rentrent de Lérida où, pour au moins deux d’entre eux, ils étaient soldats93. La guerre de Catalogne a dû faire du Pays de Foix un axe privilégié. C’est par là que passe messire Josep Molera, prieur du monastère bénédictin de Sant Salvador de Breda (région de Gérone) et abbé nommé par Louis XIII du monastère de Sainte Marie de Gerri (Pallars), lorsqu’en 1655 il doit abandonner sa fonction94. C’est là aussi, à Tarascon, que se sont réfugiés Bernat Rectory, maître cordonnier, sa femme Catarina Pasquall et la fille de celle-ci, fuyant Lérida en 1654, à cause de la guerre95.
39Il n’est pas la peine d’insister plus sur le rôle de la vallée de l’Ariège dans la circulation des hommes entre Catalogne et Massif Central ; les exemples que nous venons de présenter l’attestent suffisamment. De toute façon, cela se comprend aisément car il s’agit d’un des plus courts chemins entre les hautes terres auvergnates et limousines concernées par l’émigration et la Catalogne, bien que, à cause des cols à passer, ce n’est sans doute pas le plus facile ni à franchir, ni à parcourir. Par ailleurs, l’anthroponymie – on y reviendra – semble attester l’arrivée et l’installation à Tarascon et sa région de marchands venant de l’ouest (peut-être du Béarn) – que l’on songe au cas des Castet, à Saint-Paul-de-Jarrat, ou aux Bergasse –. Le dynamisme économique est-il à l’origine de cette attraction relative ? Les Bergasse sont d’autant plus intéressants, qu’installés à Tarascon peut-être au milieu du xvie siècle, ils ont commencé à essaimer, à partir du siècle suivant, vers Lyon d’abord, puis Marseille, Bordeaux, l’outre-mer, etc., ce qui leur valut, saisie sur une longue durée, une ascension notable.
40De leur côté, José Antonio Salas Auséns, Encarna Jarque Martínez, Emilio Benedicto Gimeno, Vicente Montojo, Olivier Baulny ou Francis Brumont, se sont penchés sur les migrations des Auvergnats, Gascons et Béarnais en Aragon, dans le royaume de Valence et dans la région de Murcie96. Les petits commerçants, colporteurs et ambulants, étudiés par J. A. Salas et E. Jarque, ou les chaudronniers d’E. Gimeno, dont l’approche est rendue difficile par leur « nomadisme » consubstantiel, jouaient un rôle important dans la diffusion des produits dans les campagnes et dans tout le réseau des crédits, et même, pour ce qui est des chaudronniers, dans le développement de la métallurgie aragonaise, un peu comme ce que nous voyons pour certaines forges du Pays de Foix. À partir d’articles touchant des domaines géographiques bien différents et d’une ampleur qui dépasse largement la nôtre (réseaux marchands portugais dans l’Atlantique97 ; commercialisation du vin de Madère98 ; Juifs de Livourne, Italiens de Lisbonne, hindous de Goa99 ; Anglais et Grecs en Méditerranée vénitienne100), Anthony Molho et Diogo Ramada Curto insistent sur les notions d’interdépendance et de réciprocité et sur celles de confiance et de réputation que les membres des réseaux doivent acquérir et conserver101. Cela implique que les réseaux ne peuvent pas être uniquement appréhendés en termes économiques, mais qu’il faut en considérer toutes les composantes culturelles, dans un sens large, au premier rang desquelles la connaissance du milieu d’intervention. Et nous avons vu avec les Lavernhe qu’ils savaient se forger une réputation et une confiance, peut-être liée à leur utilité et leur rôle d’intermédiaires. C’est la question des liens engendrés par les déplacements des personnes qui se retrouve au centre, ici. Pour ce qui est de la nature des réseaux, la complexité des situations ne peut les réduire à un seul modèle qu’il soit anthropologique (réseau centré sur la communauté – parenté, ethnie, confession –) ou fonctionnaliste (plus tourné vers les aspects économiques), les deux types pouvant coexister et l’un pouvant évoluer vers l’autre dans ce qui pourrait être un processus de complexification. Toutefois, on pourrait sans doute avancer que c’est plutôt le réseau communautaire qui prime dans ceux que nous observons, où l’on retrouve l’importance de la parenté, de l’origine régionale, peut-être de la confession chez les capiers béarnais.
41Les pièces de ce puzzle, encore sans doute bien incomplet, permettent de proposer une première synthèse des migrations et des mobilités marchandes que connaît la partie des Pyrénées que nous étudions. On voit les Haut-Auvergnats, marchands et chaudronniers, et les Bas-Limousins se diriger vers la péninsule Ibérique, mais aussi se répandre vers le Roussillon, la Gascogne et le Pays Basque, l’itinéraire possible des quelques Dauphinois que nous avons saisis, les capiers béarnais le long des Pyrénées et, du Poitou vers l’Auvergne, le Languedoc et la péninsule Ibérique, les divers acteurs du commerce des mules. D’ailleurs, nous pouvons retrouver ici aussi ces marchands auvergnats et limousins installés en Catalogne qui introduisent, contre de la laine ou de l’huile d’olive et avec des étoffes, des mulets dans la péninsule Ibérique. Nous avons, jadis, consacré un article à cette question à travers le prisme du Val d’Aran102. Il en ressortait, rappelons-le, que les Pyrénées centrales étaient, à l’époque moderne, un lieu de passage et de ventes, mais aussi d’élevage de mules et mulets destinés au marché ibérique. La demande est peut-être le moteur qui explique la « conversion » de certaines vallées vers ce type d’économie, sans oublier, bien sûr, la situation géopolitique et les privilèges de certaines d’entre elles comme l’Andorre ou le Val d’Aran. De là, se faisait jour la dépendance du marché espagnol à l’égard de la production française : les mulets venaient, en particulier, du Massif central – lorsqu’ils ne commençaient pas à être de production locale –, étaient achetés par les éleveurs aux foires pyrénéennes, et élevés quelque temps dans des vallées des Pyrénées centrales puis revendus dans les foires catalanes ou aragonaises, avant de rejoindre les marchés aragonais, catalans, castillans ou valenciens. Nous nous retrouvons ici en totale phase avec le plaidoyer de Daniel Roche en faveur, lui, du cheval qui entend « redonner aux équidés la place qu’ils méritent dans une histoire de la circulation103 ». Si, pour notre part, nous privilégions le mulet – alors que D. Roche insiste, parmi les équidés, sur le cheval – c’est que nous en avons vu l’importance dans l’aire géographique qui forme notre terrain d’investigations, aussi bien pour la production que pour l’élevage et l’utilisation. En effet, en dressant une carte de France des zones de production de mulets et de chevaux encore au début du xxe siècle, une opposition nord-sud apparaît clairement.
42Pays de montagne, le haut Pays de Foix et ses confins ne sont pas restés en marge de la circulation des hommes. On connaît la fameuse formule de Fernand Braudel définissant la montagne méditerranéenne comme « une fabrique d’hommes à l’usage d’autrui104 ». Sans être à proprement parler méditerranéennes, quoique s’y rattachant, les montagnes que nous étudions devaient produire des hommes (« et du fer » aurait rajouté Napoléon Bonaparte, selon la célèbre expression qui lui est attribuée), mais force est de constater qu’elles en accueillaient aussi venant d’autres hautes terres. Nous l’avons dit et redit, sa situation sur un axe important entre Toulouse et la Catalogne intérieure ou côtière en a fait un lieu de passage pour tous ces migrants venant du Massif Central. Mais on y voit converger aussi Dauphinois ou Béarnais, c’est-à-dire, le plus souvent, des marchands migrants provenant d’autres montagnes. Nous sommes dans un type de logique différent de celui des migrations dirigées vers les grandes villes, les plaines ou les ports en pleine expansion. De plus, nous ne sommes pas au cœur de l’espace qui, dès le xvie siècle, relie, par la façade atlantique de l’Europe, les centres dynamiques du commerce franco-castillan. Beaucoup de points restent dans l’ombre et des voies d’exploration demeurent ouvertes pour comprendre, après avoir mené une approche à partir des paroisses d’origine et des lieux de passage, les ressorts du phénomène.
43Finalement, quoique nous en ayons eu une vision par trop superficielle, les migrations dont nous avons parlé s’adaptent assez bien à la grille d’analyse que propose Laurence Fontaine dans un article récent105. La chronologie des rythmes migratoires serait à définir finement pour voir en quoi les réseaux sont sensibles à la conjoncture, en particulier aux guerres qui peuvent dynamiser ou, au contraire, réduire le commerce. Le commerce transpyrénéen en est un bon exemple qui montre le renforcement des flux du nord vers le sud avec les guerres du milieu du xviie siècle, mais aussi un déclin de fin de siècle. En quoi cela a-t-il réorienté les courants migratoires ou même a-t-il contraint les marchands à se rapprocher d’autres marchés, comme les Lavernhe ont pu le faire en s’enfonçant plus profondément en Catalogne peut-être lorsque les affaires frontalières sont devenues plus difficiles ? Peut-on dire la même chose des marchands de capes béarnais qui destinaient l’essentiel de leurs produits au marché catalan ?
44Cela amène à poser la question de la concurrence entre les divers groupes d’acteurs, migrant ou non d’ailleurs, particulièrement lors d’un redéploiement des activités consécutif à une modification conjoncturelle. De même, quels sont les processus qui permettent la construction de la confiance, point névralgique de toute activité commerciale qui se fait entre plusieurs partenaires qui doivent se témoigner un crédit mutuel ? En outre, les réseaux de dettes, à différents niveaux, sont autant de chaînes qui lient les acteurs entre eux. Les marchands chaudronniers endettés, par exemple, auprès de leurs fournisseurs, marchands d’Aurillac ou de Villefranche-de-Rouergue. De la même façon, les Lavernhe sont liés par les crédits qu’ils consentent ici ou là et les emprunts qu’ils ont effectués, en particulier auprès de bourgeois de leur pays. Le rôle joué par les marchands toulousains à l’égard des Tarasconnais, mais également des migrants auvergnats, limousins et dauphinois, n’est pas non plus à négliger. Dans ce dernier cas, nous avons cru déceler – mais tout cela reste à prouver – une dépendance forte entre gens de même origine, les uns (une élite villageoise comme la définirait Laurence Fontaine ?), installés à Toulouse, pourvoyeurs de travail et de marchandises ; les autres travaillant à leurs risques et périls comme nous avons pu l’évoquer pour le Dauphinois Pierre Puy. La mise en apprentissage et l’embauche sont aussi des façons d’exercer une domination et de contrôler une main-d’œuvre originaire du même pays : on en a des exemples avec les Auvergnats et les Dauphinois, et certaines associations assez inégales pourraient en refléter d’autres. Ainsi, il serait intéressant de savoir si se reproduit au sein du réseau migrant la hiérarchie existant dans la paroisse de départ et si la place des groupes – ou des clans – y est respectée. Enfin, si hiérarchie, contrôle et encadrement du réseau il y a, la cohésion y est-elle forte entre ses membres ou bien les intérêts économiques de certains transcendent-ils la solidarité ? L’agrégation au groupe évite-telle une dilution dans le milieu d’accueil et, si oui, comment interpréter certains mariages entre migrant et fille d’autochtone ? Par l’existence d’une migration moins structurée ?
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45Même s’il est difficile de définir les contours exacts de l’objet de notre étude, en raison des hésitations des sources et des appellations, les marchands de nos petites villes montagnardes, présentent un certain nombre de caractéristiques qui permettent de les repérer. Tout d’abord, ils forment des groupes assez nombreux (plusieurs dizaines d’individus) et, par conséquent, représentent une part assez élevée de la population (5 à 10 %, peut-être plus). Présents très pesamment dans l’économie de la région, ils participent à la circulation des marchandises, mais ils ne dédaignent pas non plus de s’adonner au crédit, créant autour d’eux un réseau de dépendance. Par ailleurs, chez certains, l’investissement foncier fait partie des stratégies et il est sans doute tentant pour eux d’essayer d’atteindre un niveau où vivre de ses rentes pourrait suffire. Et c’est lorsqu’ils l’ont atteint – le chemin en est jalonné d’achats fonciers – qu’ils prennent le titre de « bourgeois ». Dans ces stratégies, il ne faut pas négliger les affermes de portions des « domaines publics », qu’elles soient des droits municipaux, la levée des impositions ou des dîmes…, ce qui octroie, sans doute, quelques bénéfices, mais aussi, aspect important, permet de tisser toute une série de liens utiles et d’affirmer son existence.
46Sur l’activité commerciale qui les justifie, on peut décrire des spécialisations et des pratiques, connaître quelques-uns de leurs partenaires, mais des questions sur leur influence commerciale réelle, leurs liens avec les marchés extérieurs, en particulier avec les grandes foires et les marchands toulousains, demeurent. On aimerait, par exemple, pouvoir en savoir plus sur les relations de ces derniers et ceux de Tarascon : y a-t-il une dépendance étroite ? Le haut Pays de Foix est-il sous contrôle ou sous influence toulousaine ? Quel rôle joue véritablement le commerce vers l’Andorre et la Catalogne ? Le xviie siècle marque-t-il un affaiblissement de ce dernier comme le suggèrerait la lecture des sources ? Quoique nous ayons peu d’indices de leurs déplacements massifs en foire, les marchands ne se limitaient pas à un rôle local ou supra-local, puisqu’ils étaient des intermédiaires – dans des conditions qui restent encore à éclaircir – du commerce transpyrénéen, dans lequel jouaient aussi un grand rôle des marchands auvergnats et limousins tenant boutique en Catalogne et Andorre. Ainsi, la circulation des marchandises et les mobilités marchandes ont aidé à creuser et à approfondir le « sillon fuxéen », un des axes commerciaux pyrénéens, reliant Toulouse à Barcelone et Lérida.
47Enfin, par delà leurs caractéristiques, ce qui retient aussi l’attention est l’hétérogénéité somme toute assez forte entre ces marchands. Il y a les plus actifs, dans beaucoup de domaines, donc les plus visibles, qui occupent le haut du pavé et le centre de la ville ; puis, il y a ceux qui, marginaux dans la ville, résidants souvent au Faubourg du Bout du Pont doivent encore se faire une place, en un mot s’intégrer. Car, pour être marchand, il faut auparavant le devenir, et tous ne sont pas, de ce point de vue comme d’autres, logés à la même enseigne.
Notes de bas de page
1 Foix possède quatre foires annuelles de 5 jours depuis 1284 le mercredi après Pâques, le lendemain de la Trinité, le lendemain de la Nativité de la Vierge (9 septembre) et le lendemain de la Conception de la Vierge (9 décembre) (G. de Llobet, Foix médiéval. Recherches d’histoire urbaine, Saint-Girons, 1974, p. 41).
2 On rappellera ici qu’un acte de 1635 est conclu entre deux Andorrans, dont l’un d’eux doit aller à Rodez acheter des mules. De même, c’est avant d’aller à Rodez, semble-t-il, que le marchand d’Orlu Jean petit Naudy, fait son testament en 1651.
3 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 530, f° 50v°, me S. Rolland, Tarascon, 11/3/1625.
4 Arch. dép. de l’Ariège, 8 J 43, p. 2.
5 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 584, me R. Rolland, Tarascon, 4/5/1654.
6 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 455, me G. Rolland, Tarascon, f° 355, 3/10/1600 et f° 374, 17/10/1600.
7 Les protestations sont faites, elles, à Tarascon, par un marchand et un agent agissant au nom des Toulousains, sans doute présents à l’occasion de la foire de Saint-Michel de septembre, si on en juge par les dates.
8 M. Taillefer, Vivre à Toulouse sous l’Ancien Régime, Paris, Perrin, 2000, p. 220.
9 R. Descimon, « Structures d’un marché de draperie dans le Languedoc au milieu du xvie siècle », Annales. Économie, Sociétés, Civilisations, novembre-décembre 1975, p. 1418-1419.
10 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 509, f° 36, me S. Rolland, Tarascon, 30/9/1604. Autres exemples : 5/10/1605, un pareur de draps de Saurat paiera une partie de la laine qu’il a achetée à un pareur de Tarascon en cordelats, dont le prix est fixé suivant la mesure de Toulouse, à livrer huit jours avant la Saint-André, période d’une des quatre foires de Toulouse ; 24/10/1605, un marchand de Tarascon paiera les 426 livres 10 sols de capes achetées à deux marchands de Toulouse en cordelats teints de Tarascon, évalués selon la canne de Toulouse, mais 15 jours après la Saint-André, cette fois (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 460, me G. Rolland, f° 230v° et f° 252).
11 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 661, me Delauriol, Tarascon, f° 124v° et 125, 7/10/1661.
12 Un des deux actes précise que ce cadis blanc sera livré chez deux teinturiers de Toulouse.
13 F. Brumont, « La géographie du commerce des draps à Toulouse au milieu du xvie siècle », Annales du Midi, octobre-décembre 2001, p. 502-503.
14 Cf., entre autre, en 1670 la dette de Jean Bernadac pour marchandise prise de la boutique du Toulousain Jean Raymond (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 649, f° 2v°, me P. Ferrand, Tarascon). L’analyse des minutiers toulousains le confirme.
15 G. Larguier, « L’or blanc au pays de cocagne. Laine et pastel en Lauragais dans la première moitié du XVIe siècle », Annales du Midi, octobre-décembre 2001, p. 493 et 495, signale la location de boutiques lors des foires de Castelnaudary par des marchands de Foix, dont ce Bernard Montfaucon qui en arrenta une pour 16 ans. Pour les gens de Tarascon ou d’Ax nous ne sommes pas renseigné.
16 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2305, me Duperier, Ax. Dans le même registre (f° 34v°, 11/6/1553), il est fait allusion à l’achat de trois charges de toiles, destinées à Ax, lors la dernière foire de Pézenas.
17 R. Descimon, art. cit., p. 1420-1421.
18 L. Dermigny, in Histoire du Languedoc, Toulouse, Privat, 1967, réimp. 1982, p. 413.
19 R. Descimon, art. cit., p. 1417.
20 Id. ; R. Descimon évoque l’échange de fer pyrénéen à Montagnac au milieu du XVIe siècle.
21 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 553, f° 92, me R. Rolland, 6/10/1623.
22 Certains représentent même, successivement, dans la même journée, plusieurs marchands différents. Cf. le marchand de Chalabre Jean Trinchant qui, le 8 juin 1650, représente trois marchands en compagnie toulousains (les sieurs C. ? vieux, Martin et Vals), puis, face au même débiteur, les sieurs Olivier et Ponsan, associés de Toulouse (Arch. dép. de l’Aude, 3 E 3261, f° 29 et 29v°, me P. Thournier, Chalabre, 8/6/1650).
23 Un autre indice de l’attraction toulousaine, et non point cette fois de la dépendance à proprement parler, nous est incidemment fourni par Mathieu Teynier dans son testament. En effet, le testateur rappelle qu’il avait donné 1 650 livres à son fils Vidal pour que ce dernier achète des capes pour sa boutique à Toulouse. Malheureusement, nous ne saurions en dire plus (Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 577, f. 60, me R. Rolland, Tarascon, 4/2/1647).
24 1 022 livres 4 sous, Arch. dép. Ariège, 5 E 671, me Delauriol, Tarascon, 13/05/1682.
25 Par exemple, le 14/07/1683, il donne procuration à un habitant d’Encamp (Andorre) pour se faire régler une dette à lui due par acte du 26/10/1680, par un autre habitant de la paroisse (Arch. dép. Ariège, 5 E 671, me Delauriol, Tarascon, 14/07/1683).
26 Avec 14 livres d’allivrement, dont plus de 71 % pour ses seules marchandises, il est près de 7 fois plus taxé que la moyenne des Tarasconnais répertoriés dans le compoix cabaliste de 1660 et environ 3,25 fois plus que la moyenne des marchands, c’est-à-dire que, ne représentant pas plus de 0,68 % du nombre des imposés, il concentre plus de 4,5 % du total des impositions. En revanche, les compoix immobiliers de 1649 (Arch. dép. Ariège, 135 EDT CC 1) et de 1651 (Arch. dép. Ariège, 8 J 44) ne l’imposent, respectivement, que pour 0,095 % et 0,18 % du total, soit 2,75-3 fois moins que la moyenne des marchands. Notons toutefois qu’il fait 29 achats fonciers après 1651, au moment où son activité de marchand transfrontalier apparaît, et qu’il multiplie par cinq son allivrement.
27 Fra Tomàs Junoy, Relació sobre la Vall de Andorra (1836), édité par Govern d’Andorra-Arxiu Històric Nacional d’Andorra, 1995.
28 Par exemple, Antoine Lavernhe, marchand d’Auvergne, négociant à Sant Julià, achète le 12 octobre 1655, avec son associé Pierre Cas, un autre Auvergnat, pour 5 008 livres 11 sous de marchandise à Raymond Seré, de Tarascon (Arch. dép. Ariège, 5 E 658, me Delauriol, Tarascon, 12/10/1655).
29 Jean Delfraiche, marchand du diocèse de Tulle, négociant à présent à Sant Julià, qui reconnaît devoir à Raymond Seré 1 173 livres 3 sous de marchandise le 12 mai 1656, en présence d’Antoine Lavernhe (Arch. dép. Ariège, 5 E 659, f° 85, me Delauriol, Tarascon, 12/05/1656).
30 Il s’agit des frères Octavien et Pierre Amiel (à Ribera de Cardós en 1655) et de Bernard Amiel (en Vall Ferrera en 1665).
31 G. Larguier observe un phénomène semblable entre marchands de Narbonne et auvergnats installés en Catalogne (Le drap et le grain en Languedoc. Narbonne et le Narbonnais (1300-1789), Perpignan, PUP, 1996, p. 958).
32 Arch. dép. Ariège, 5 E 661, me Delauriol, Tarascon, f° 124v°, 07/10/1661.
33 Arch. dép. Ariège, 5 E 653, me Delauriol, Tarascon, 04/06/1650.
34 C’est le cas de Jean Azema le vieux que l’on rencontre plusieurs fois dans les années 1660.
35 M.-Cl. Pontier, Ax, un consulat pyrénéen au xviie siècle, thèse de l’Ecole Nationale des Chartes, 1991, p. 358-366. G. Pretianne tient son livre de raison à partir de 1619.
36 À Tarascon, en revanche, le mois d’octobre, avec la foire de Saint-Michel, concentre une grande partie de la présence des Andorrans et Catalans.
37 Le mémoire sur les lies et passeries en Pays de Foix de 1680 (Arch. dép. Ariège, 1 J 87) semble confirmer l’évolution perceptible à travers les actes notariés puisqu’il note que « la France fournit presque tout à l’Espagne au lieu que l’Espagne ne lui fournit presque rien ».
38 Voir notre étude, « Chaudronniers auvergnats dans le haut Pays de Foix au xviie siècle », Revue de la Haute-Auvergne, avril-juin 2004, p. 139-157 et janvier-mars 2005, p. 3-20.
39 A. Poitrineau, Les Espagnols de l’Auvergne et du Limousin du xviie au xixe siècle, Aurillac, Malroux-Mazel, 1985, 270 p. ; du même auteur Remues d’hommes. Essai sur les migrations montagnardes en France aux xviie et xviiie siècles, Paris, Aubier, 1983, 325 p. Voir aussi J. Nadal et E. Giralt, La population catalane de 1553 à 1717. L’émigration française et les autres facteurs de son développement, Paris, sevpen, 1960, dont une édition catalane a été publiée en 2000 (Immigració i redreç demogràfic. Els francesos a la Catalunya dels segles xvi i xvii , Vic, Eumo, 2000), pour les migrations de Haute-Auvergne, voir p. 161-168.
40 Mémoire sur l’état de la Généralité de Riom en 1697 dressé pour l’instruction du duc de Bourgogne par l’intendant Lefèvre d’Ormesson, texte établi et annoté par A. Poitrineau, Clermont-Ferrand, Institut d’Etudes du Massif Central, 1967, p. 175-176.
41 J. Nadal et E. Giralt, Immigració, op. cit., 166, s’appuyant sur les travaux d’Emile Thomas, écrivent que le plus ancien témoignage détaillé date de 1449 et concerne sept chaudronniers.
42 J. Nadal et E. Giralt, Immigració, op. cit.
43 E. Benedicto Gimeno, « Las redes emigratorias auvernesas y el desarrollo de la metalurgia del cobre en el sur de Aragón », Circulation des marchandises et réseaux commerciaux dans les Pyrénées ( xiiie- xixe siècles), Toulouse, cnrs-Université de Toulouse-Le Mirail, 2005, p. 245-274.
44 R. Durroux, Les Auvergnats de Castille. Renaissance et mort d’une migration au xixe siècle, Clermont-Ferrand, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Blaise Pascal, 1992.
45 L. Bourrachot, « Les immigrants saisonniers auvergnats en Haut-Agenais », Revue de la Haute-Auvergne, 1960, p. 173-180.
46 Limite tracée par l’isoglosse ca-, ga-, au sud / cha-, ja-, au nord.
47 Aujourd’hui dans la commune de Saint-Bonnet-de-Salers.
48 Si l’on excepte Fontanges, les points les plus élevés des paroisses en question se situent, selon les cas, entre 714 et 950 mètres.
49 Les autres paroisses appartiennent au diocèse de Saint-Flour et à l’élection et subdélégation d’Aurillac, et sont de droit écrit.
50 Dépouillements de minutes notariales des paroisses concernées aux Archives départementales du Cantal.
51 Destination principale (à 67 %) suivie de la Gascogne (à 33 %) pour les chaudronniers de Saint-Illide.
52 Cl. Grimmer, « Juifs et Italiens dans l’Auvergne du xviiie siècle », Le Migrant, actes du colloque d’Aurillac (juin 1985), Aurillac, Revue de la Haute-Auvergne, 1985, p. 373-377.
53 S.-J. Rovira i Gómez, « Els marxants occitans de Reus (1607-1620) », actes du IVe Congrés d’història moderna de Catalunya (décembre 1998), Pedralbes, 1998, tome 1, p. 187.
54 L. Fontaine, « Montagnes et migrations de travail. Un essai de comparaison globale (xve-xxe siècles) », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, avril-juin 2005, p. 32-33.
55 Nous renvoyons à notre étude, « Une mobilité marchande. Les marchands de Pontacq (Béarn) et le commerce des capes vers la Catalogne à l’époque moderne », communication au Congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées, Tarbes, juin 2005.
56 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 651, f° 252 v°, maître Delauriol, 11/7/1648. Le Briançonnais règle le prix de sa cession en marchandise fournie au cédant, mais, malheureusement, nous ne savons pas en quoi elle consiste.
57 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 671, f° 156 v°, maître Delauriol, 31/7/1682. S’agit-il de Molines, dans l’escarton du Queyras ?
58 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 668, f° 132 v°, maître Delauriol, 9/10/1676.
59 Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/GG3. Son cousin germain, Jean Gertous, est marchand à Foix, ce qui indique un « réseau » familial.
60 Un document de 1671 signale aussi la présence à Quillan d’un marchand (Jacques Harmellin) du diocèse d’Embrun (Arch. dép. de l’Aude, 3 E 7735, f° 228, me Siau, Quillan, 8/7/1671). Présence aussi de marchands dauphinois à Aurillac où l’un d’entre eux, originaire de la paroisse de Doule (Oulles, proche de Bourg-d’Oisans ?), se marie avec la fille d’un marchand local mort en 1669 (Arch. dép. du Cantal, 3 E 224-1081, me Pradal, 9/1/1669).
61 A. Poitrineau, Remues d’hommes, op. cit., Paris, Aubier, 1983, écrit p. 35 : « Quant aux Dauphinois et aux Hauts-Provençaux, ils émigrent surtout sur les glacis de plaines qui bordent leurs régions d’origine : Lyonnais, Bas-Dauphiné, bassins alluviaux du Rhône et – terre promise des « gavots » – la Basse-Provence, ses villes, ses ports, ses plaines dont le blé, l’olivier et la vigne font la richesse ».
62 L. Fontaine, Histoire du colportage en Europe, xve- xixe siècle, Paris, Albin Michel, 1993, p. 34. Les deux apprentis sont originaires de La Grave, à côté de Villar-d’Arêne, localités au pied du col du Lautaret.
63 L. Fontaine, op. cit., p. 146. Un courant migratoire semble attesté de Chianale vers l’Espagne au xviiie siècle (cf. note 56, p. 303).
64 M. A. Moulin, « La Haute-Marche, terre d’émigration au xviiie siècle », Les Limousins en quête de leur passé, Limoges, Éditions Lucien Souny, 1986, p. 85 et « Le rôle des réseaux de solidarité et d’exploitation dans la migration des maçons marchois au XVIIIe siècle », Le Migrant, op. cit., p. 205-214.
65 L’implication des Amieux dans le commerce pyrénéen est certaine ; en 1680, ils sont opposés aux fermiers du péage de Tarascon (Arch. dép. du Tarn-et-Garonne, C 271, 26/3/1680).
66 Un jugement de 1669 condamne la communauté de Tarascon à payer 26 000 livres (et les intérêts) à Ponsan et Olivier, plus 5 000 livres à leur collègue Jean Projean ; pour ce dernier, on sait que Tarascon devait encore à son héritier 2 425 livres en juin 1693 (Arch. dép. de l’Ariège, 135 EDT/CC 6).
67 P. Poujade, Une vallée frontière dans le Grand Siècle. Le Val d’Aran entre deux monarchies, Aspet, Pyrégraph, 1998, p. 293-306.
68 Bartier avait obtenu, en particulier, le transfert en sa faveur d’une partie de la propriété communautaire de la vallée.
69 Voir P. Poujade, « Les relations contractuelles dans les réseaux de marchands migrants vers la Catalogne au xviie siècle », communication au colloque Le commerce entre France et Espagne aux Temps Modernes, Université de Nantes-Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique, 18-19 novembre 2005.
70 Arch. dép. des Pyrénées-Atlantiques, 1 J 449, « Mémoire pour le sieur Barbenegre, négociant et maire de la ville de Pontac en Béarn, contre le sieur Guillaume Benquez, négociant à Tarbes et contre M. le Procureur général en la Cour des Monnoies », Paris, chez N. H. Nyon, imprimeur du Parlement, 1788, p. 27.
71 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 658, me Delauriol, Tarascon, f° 57, 13/5/1655 : dette de 373 liv. 14 s. 6 d. pour marchandise prise de la boutique de Pierre Bourrel ; f° 97, 22/7/1655 : dette de 349 liv. 70 s. auprès de P. Bourrel pour marchandise.
72 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 644, f° 129, me Ferrand, Tarascon, 12/6/1665 : dette de 96 liv. 10 s. envers Dominique Augé pour marchandises et affaires.
73 Voir en particulier, M. Cours-Mach, « Les relations frontalières entre la ville de Seix en Couserans et le Val d’Aran en Espagne du xvie au xixe siècle », Couserans et Montagne ariégeoise, Actes du Congrès d’études régionales de Saint-Girons (1975), Saint-Girons, 1976, p. 63-81.
74 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 644, f° 69v°, me Ferrand, Tarascon, 2/4/1665.
75 Registres paroissiaux de Tarascon, 135 EDT/GG 3, 30/9/1694 ; le nom de famille de ce marchand n’est pas indiqué. Ce décès est un indice de plus de la place de Tarascon dans le commerce vers la Catalogne, dans la mesure où pour quelqu’un d’Ustou le passage par Tarascon n’est pas la voie la plus directe vers les terres catalanes.
76 D. Bascompte Grau, Diplomatari de la Vall d’Andorra, segle xvii , Andorre, Govern d’Andorra-Ministeri de Cultura-Arxiu Històric Nacional, 1997, p. 133-135.
77 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 660, f° 178v°, me Delauriol, Tarascon, 17/10/1659 ; cf. aussi f° 178, même jour ; f° 288v°, 12/7/1660 ; f° 304, 11/8/1660 ; f° 314v°, 24/8/1660 où les députés andorrans empruntent 1 395 livres au notaire Paul Ferrand, pour les mêmes raisons. Sur les relations entre l’Andorre et l’abbé d’Eaune, François de Barthélemy de Beauregard, voir les documents publiés par D. Bascompte, op. cit., no 63, p. 208-214, 9/5/1642 ; no 64, p. 215, 3/6/1642 ; no 70, p. 223-224, 8/2/1647 ; no 87, p. 268-270, 3/6/1658.
78 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 698, f° 95, me J. Rolland, Tarascon, 1/10/1675.
79 Id., Tarascon, 18/6/1674. On le voit, il s’agit d’une rente annuelle de 5 % du capital.
80 Le marchand Arnaud Verger fait des prêts à des Andorrans au début du xviie siècle et leur achète de la laine.
81 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 664, f° 185, me Delauriol, Tarascon, 22/6/1669.
82 D. Bascompte, op. cit., p. 64-69.
83 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 609, f° 219, me Gouzy, Tarascon, 10/5/1620 ; l’acte est la cession, par Laforgue à l’Andorran Guillem Areny, de l’achat en question fait en 1617 devant me Ribot, notaire andorran de Les Escaldes.
84 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 661, f° 252v°, me Delauriol, Tarascon, 29/8/1662.
85 Aujourd’hui Saint-Cirgue-la-Loutre, en Corrèze, dans le canton de Saint-Privat.
86 D’après les archives notariales des Arch. dép. de l’Ariège : 5 E 633 f° 44 (8/2/1651) ; 5 E 657 f° 140 (18/11/1654) ; 5 E 639 f° 50 et 5 E 660 f° 216v° (5/3/1660).
87 Aujourd’hui Monceaux-sur-Dordogne, canton d’Argentat, en Corrèze.
88 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 654 f° 72v°, maître Delauriol, Tarascon, 23/3/1651.
89 Il pourrait s’agir de Tortellà, dans la Garrotxa, près d’Olot, en Catalogne pyrénéenne.
90 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 530 f° 225, maître S. Rolland, à Tarascon, 27/12/1625. Notons que, si le frère prêtre signe « Greze, pbre », le maçon vivant en Catalogne signe « Perot Gresa », marque d’une certaine intégration ou imprégnation culturelle, d’ailleurs pas unique puisque nous avions signalé le cas de Jean Pouch. En pleine Haute-Auvergne, en 1650, Bertrand Rivière, marchand de Saint-Martin-Cantalès, qui marie sa fille, ne signe-t-il pas « Beltran Ribera », à l’ibérique ? (Arch. dép. du Cantal, 102 F 59, maître Longuet, 12/9/1650). Même phénomène en Savoie pour les migrants vers les pays germaniques qui signent en allemand (C. et G. Maistre, L’émigration marchande savoyarde aux xviie et xviiie siècles : l’exemple de Nancy-sur-Cluses, Annecy, Académie Salésienne, 1986, p. 254). Ces marchands avaient-ils appris à signer – à écrire ? – dans le pays d’accueil ? Plus généralement, cela pose la question du transfert de pratiques culturelles et du rôle des migrants dans celui-ci, comme passeurs, entre pays d’immigration et d’émigration.
91 Aujourd’hui dans le canton de Saint-Privat, en Corrèze.
92 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 502 f° 147 v°, maître G. Rolland, Tarascon, 11/8/1651 ; le vicaire Géraud Meilhac fait un prêt de 600 livres à son neveu, Géraud Meilhac dit L’Héritier, de la paroisse d’Hautefage, qui est de passage, donc, à Tarascon.
93 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 651 f° 11, maître R. Delauriol, à Tarascon, 23/11/1646. Ils doivent rentrer du siège de Lérida, mis par les troupes françaises, qui ne fut levé que le 22/11/1646.
94 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 2314 f° 424 v°, maître Ferriol, Ax, 12/7/1655. Sa période à la tête du monastère de Sainte Marie de Gerri doit correspondre à la vacance de 1642-43 à 1656 indiquée par E. Moliné i Coll dans Els últims dos-cents anys del monestir de Gerri (1631-1835), Tremp, Garsineu, 1998, p. 19, 189 et 227. Selon le récit qu’il fait, le religieux aurait franchi le Puymorens en mai 1655 ; nous ne savons pas, cependant, pourquoi il a choisi ce chemin, venant de Gerri, ni où il voulait se rendre. Il semblerait que le franchissement se soit fait dans la précipitation puisqu’il y perdit monnaie, croix, bagues et autres objets d’or.
95 Arch. dép. de l’Ariège, 5 E 661 f° 277, maître R. Delauriol, Tarascon, 31/10/1662.
96 J. A. Salas Auséns et E. Jarque Martínez, « Pequeños comerciantes y buhoneros franceses en el Alto Aragón a fines del siglo xviii », Circulation des marchandises, op. cit. ; E. Benedicto Gimeno, « Las redes emigratorias auvernesas y el desarrollo de la metalurgia del cobre en el sur de Aragón », Circulation des marchandises, op. cit. ; V. Montojo, « Relaciones sociales y actividades económicas de los comerciantes procedentes de los Pirineos franceses en Cartagena a lo largo del siglo xviii », Circulation des marchandises, op. cit. ; O. Baulny, « À propos de l’émigration des Pyrénéens à Castellon à la fin du xviiie siècle. Remarques concernant les structures du Béarn sous l’Ancien Régime », Actes du 1er colloque sur le Pays valencien à l’époque moderne (Pau, avril 1978), Université de Pau, 1980, p. 329-337 ; F. Brumont, « Gascons et Béarnais dans l’Espagne du Nord au xvie siècle », Bulletin de la Société Archéologique du Gers, 1995, p. 497-508.
97 D. Studnicki-Gizbert, « La “nation” portugaise. Réseaux marchands dans l’espace atlantique à l’époque moderne », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, p. 627-648.
98 D. J. Hancock, « L’émergence d’une économie de réseau (1640-1815). Le vin de Madère », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, p. 649-672.
99 F. Trivellato, « Juifs de Livourne, Italiens de Lisbonne, hindous de Goa. Réseaux marchands et échanges interculturels à l’époque moderne », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, p. 581-603.
100 M. Fusaro, « Les Anglais et les Grecs. Un réseau de coopération commerciale en Méditerranée vénitienne », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, p. 605-625.
101 A. Molho et D. Ramada Curto, « Les réseaux marchands à l’époque moderne », Annales. Histoire, sciences sociales, mai-juin 2003, p. 569-579 ; il s’agit de l’introduction à un dossier qui comprend les quatre articles précédemment évoqués, occupant les pages 569-672 de ce numéro.
102 P. Poujade, « Le commerce des mules entre la France et l’Espagne à l’époque moderne : l’exemple du Val d’Aran et des Pyrénées centrales », Annales du Midi, 1999, p. 311-324.
103 D. Roche, intervention à la Journée d’études tenue à Bercy (12/12/1997) sur La circulation des marchandises dans la France d’Ancien Régime, Paris, Comité pour l’Histoire économique et financière de la France, 1998, p. 178.
104 F. Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, A. Colin, 1966, t. 1, p. 46.
105 L. Fontaine, « Montagnes et migrations de travail. Un essai de comparaison globale (xve-xxe siècles) », Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, avril-juin 2005, p. 26-48.
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