La donation de la vicomté d’Agde (1187) ou les vicissitudes du vicecomitatus aux xiie et xiiie siècles
p. 33-45
Texte intégral
1Le renouvellement récent de l’histoire des institutions médiévales1 a été largement fécondé par les champs d’études sur la memoria et l’écriture. Inversant un rapport bien établi entre le mot et la chose, entre le texte et l’institution, des spécialistes de l’histoire du monachisme occidental ont interrogé le rôle de l’écrit dans la production des principes stabilisateurs et normatifs nécessaires à l’institutionnalisation des pratiques collectives, rappelant de la sorte que la production comme la transmission de la documentation relative à une institution s’accompagnent d’une dimension monumentale et performative2. En conséquence, l’historien doit associer à son travail sur les traces héritées du passé une réflexion sur la tradition et l’usage des textes qui seule permet d’historiciser leur contenu, de replacer les habitudes lexicographiques comme les faits et les événements rapportés dans la longue perspective temporelle qui nous sépare du moment de leur écriture. Le temps apparaît alors scandé par des moments de concrétion documentaire qui doivent être associés à l’interprétation des textes et à la construction du récit historique du passé. Un dossier d’actes inséré dans les cartulaires d’Agde, qui évoque la singulière destinée du dernier vicomte Trencavel3, offre ainsi un curieux éclairage sur l’évolution du vicecomitatus en Languedoc, alors que la croisade contre les Albigeois succède à la phase épiscopale de la réforme grégorienne. La présence de ces actes dans les cartulaires soulève quatre séries de questions :
les faits rapportés sont-ils véridiques et comment s’insèrent-ils dans la trame chronologique de l’histoire politique du Languedoc et de la famille des Trencavel4 ? ;
quel rôle les textes anciens, authentiques ou interpolés, ont-ils joué dans la construction de discours de légitimation, alors que la première phase de la croisade s’achevait ? ;
quelle place les vicomtés contrôlées par les Trencavel tiennent-elles dans la mutation des structures de pouvoir qui se produit à partir de la seconde moitié du XIIe siècle ? ;
enfin, la donation soulève une question de sémantique historique, celle du sens à accorder à l’emploi des termes de vicecomes et vicecomitatus entre la fin du XIIe siècle et les décennies 1230-1240.
PRÉSENTATION DU DOSSIER
Contexte codicologique
2Le dossier apparaît dans la partie liminaire du premier cartulaire du chapitre cathédral d’Agde, dont la rédaction est à rapporter à la dernière décennie de XIIe siècle. Il est constitué des 5e, 6e et 7e actes du codex qui font immédiatement suite aux bulles (no 1 et 2) et diplômes royaux (no 3 et 4) ; ils précédent la transcription des actes épiscopaux (no 8 à 14), respectant de la sorte un classement par auteur fréquemment attesté dans les sections des autorités des cartulaires. Le même dossier est transcrit une nouvelle fois dans le second cartulaire du chapitre, compilé vers 1235 (no 341 à 344).
Les cinq actes de la donation de 1187
3Sur les cinq actes liés à la donation de 1187, seuls quatre ont été copiés dans les cartulaires d’Agde et deux d’entre eux ont été fautivement fusionnés en un unique document par le premier rédacteur. Voici la liste des pièces :
en juin 11875, Bernard Aton VI († 1214), vicomte de Nîmes et Agde demande à être reçu comme chanoine au chapitre Saint-Étienne et accompagne sa conversion de la cession de biens et de droits ;
le 1er, 8 ou 15 juillet 1187, la vicomté d’Agde est cédée par Raimond V, comte de Toulouse6 ;
le 17 juillet 1187, Bernard Aton VI7 cède à son tour la vicomté ;
en décembre 1187 ou 11888, des témoins confirment devant Bernard, archevêque de Narbonne, avoir assisté à la tradition de la vicomté ;
le 26 décembre 1190, une nouvelle déposition est faite devant Raimond V de Toulouse9.
4Analysons le contenu des documents :
En juin 1187, Bernard Aton VI décide de se donner comme chanoine à l’Église d’Agde, et il accompagne son geste pieux de la cession en faveur de l’évêque Pierre Raimond (1174-1194) et de son église des biens qu’il possède dans l’évêché d’Agde ainsi que les droits vicomtaux (omne dominatione totius vicecomitatus) qu’il détenait. Seules de pieuses raisons – salut de son âme et de celles de ses parents – sont invoquées. La cession est assortie d’un serment tactis.
Quelques semaines plus tard, le comte de Toulouse Raimond V, auquel Bernard Aton avait dû céder dès 1185 la vicomté de Nîmes10, concède pro anima en fief à l’évêque d’Agde l’intégralité de la vicomté (totum et integrum vicecomitatum seu comitatum Agathensem), c’est-à-dire les biens et droits que Bernard Aton VI, son père, Bernard Aton V, et les seigneurs d’Anduze détenaient en Agadès (sicut Bernardus Atho qui in praesentiarum vicecomes habetur et pater ejus Bernardus Atho et domini de Andusia […] visi sunt habere, tenere et possidere). Le texte fait allusion à deux épisodes successifs de l’histoire de la vicomté : d’une part la destinée de Garsinde qui, héritière au XIe siècle de la vicomté d’Agde et de Béziers, s’est successivement mariée avec Raimond Roger, comte de Carcassonne11, puis avec Bernard Pelet d’Anduze, et d’autre part le partage de cette même vicomté à la mort de Roger Ier, frère aîné de Bernard Aton V, mort en 1150 sans héritiers. À cette date, la vicomté d’Agde est scindée en deux et Bernard Aton V, jusqu’alors simple vicomte de Nîmes, reçoit en partage la cité d’Agde et tout ce qui est situé à l’est de l’Hérault (totum Agathensem sicut Eraudi divisit versus orientem12). C’est cette part dont Bernard Aton VI hérite en 1159. L’acte de Raimond V ne fournit aucune liste précise des biens et des droits cédés et il ne fait curieusement aucune allusion à la fraîche conversion du vicomte.
Quelques jours plus tard, le 17 juillet 1187, le vicomte Bernard Aton VI confirme la cession de la vicomté d’Agde qu’il reconnaît tenir en fief du comte de Toulouse et il réitère sa volonté de rentrer au chapitre Saint-Étienne (trado, spiritu Dei ductus, me ipsum pro canonico Agathensi). La charte se réfère explicitement à l’acte récent de Raimond V (laudo […] donationam quam idem gloriosissimus comes Raimundus de toto vicecomitatu seu comitatu Agathensi tibi […] fecit nuper et concessit). Cette fois, les biens transférés à l’Église occupent le centre du dispositif et la liste en est dûment dressée : il s’agit de la cité, de ses bourgs et des castra de Marseillan et de Loupian ainsi que de tous les autres biens et droits vicomtaux et comtaux que le tabellion énumère. Le texte reprend en le précisant le contenu de l’acte de Raimond V. La vicomté est désormais tenue, par l’évêque d’Agde, en fief honorable du comte de Toulouse et Bernard Aton assortit sa donation d’un serment.
Puis viennent les deux actes de confirmation. L’Église d’Agde semble avoir immédiatement rencontré des difficultés à faire valoir ses droits. En décembre 1187-1188, les témoins de l’acte du 17 juillet 118713 rapportent sous serment, devant Raimond V de Toulouse, avoir vu et entendu (jurati dixerunt se vidisse et audisse) que Bernard Aton a donné la vicomté (dedit et tradidit […] totum Agathensem vicecomitatum) et surtout que le jour même l’Église en a pris possession :
Et, le jour même, à la suite de la rédaction de cette charte (instrumentum), Bernard Aton, monté en haut de la tour Mirabelle accompagné de l’évêque et d’autres hommes parmi lesquels figuraient ceux susnommés, a transmis (inducere) à l’évêque la possession réelle (possessionem realem) de la cité d’Agde, de ses dépendances et de l’ensemble qui pouvait s’offrir au regard circulaire (per circumjectionem oculorum). Puis, le sacriste d’Agde Pierre et Bernard de Murviel ajoutèrent qu’un autre jour alors qu’ils se trouvaient vers Marseillan, devant le portail de l’église, Bernard Aton, montrant la tour en transmit la possession à l’évêque, ainsi que celle de l’ensemble du castrum14.
5Devant l’archevêque de Narbonne, seul Raimond de Bessan, chanoine (1177-1212) et fréquent procureur de la communauté, dépose dans des termes proches de ceux du premier acte.

D'apres Hélène Debax, La féodalité languedocienne (XIe-XIIe siècles). Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel, Toulouse, 2003, pp. 344-347.
CONTEXTE ET INTERROGATIONS
6L’épisode s’inscrit dans le contexte politique du conflit qui oppose, au cours du XIIe siècle, les puissances toulousaine et catalano-aragonaise15. Ces transferts patrimoniaux closent, au détriment de Bernard Aton VI, une guerre qui, engagée depuis 1177 entre les Toulousains et les Trencavel alliés des Catalano-Aragonais, fut déclenchée par les prétentions du comte de Toulouse à dominer Narbonne. Cette année-là16, renonçant à son alliance raimondine17, Bernard passe, avec son cousin Roger II, et les trois frères Gui Guerrejat, Guilhem VIII de Montpellier, et Bergonio, un accord tourné contre le comte de Toulouse dont le but est d’aider le vicomte de Narbonne ou le roi d’Aragon à rétablir leurs droits sur la cité. En 117918, le vicomte Bernard Aton VI mit ses domaines en sécurité en les donnant à ses puissants alliés Alfonse Ier et Ramon Berenguer IV pour les reprendre en fief19. La victoire des Raimondins en février 1185 débouche sur une paix assortie de sombres conditions pour Bernard Aton VI : il doit renoncer à ses possessions nîmoises20. La cession de la vicomté à l’évêque d’Agde ne semble donc pas être motivée par de simples raisons de piété chrétienne et la réalité de la conversion au chapitre Saint-Étienne apparaît plus qu’incertaine. Ainsi, dès le mois d’avril 1185, un pacte de sécurité pour dix années, suivi d’un serment des vassaux21, avait été passé entre l’évêque d’Agde, Bernard Aton et Guilhem VIII. Tout semble donc indiquer que Bernard Aton cherchait, par la donation, à protéger un patrimoine menacé par la défaite. S’est-il réellement défait de ses droits vicomtaux ?
7Dans une série d’actes rédigés en 1189-1191, s’intitulant vicecomes Agathensis, il met en gage auprès de Guilhem VIII, son tuteur durant sa minorité22 et son allié depuis 1185, le castrum de Loupian, la cité d’Agde et Marseillan23 qui faisaient pourtant partie de la cession de 118724. Dans le dossier figure un acte daté de 1189 par lequel l’évêque d’Agde, Pierre, s’engage par avance à confirmer l’impignoration qui aura effectivement lieu au mois d’août25 :
Moi Pierre, évêque d’Agde, je promets et conviens avec toi Guilhem, seigneur de Montpellier, que la mise en gage de la cité d’Agde que Bernard Aton, vicomte d’Agde, a faite auprès de vous, je la confirmerai sans dol, à vous et aux vôtres, à votre appel qui doit avoir lieu avant la mi-août26.
8La jouissance de ses droits vicomtaux par Bernard Aton ne semble pas embarrasser le prélat, alors qu’à la même période son chapitre cherche au contraire à consolider la donation de 1187. Cette complicité épiscopale a permis au vicomte de convertir en monnaie sonnante et trébuchante des droits qu’il pouvait désormais difficilement exercer lui-même, tout en offrant à l’évêque, par son alliance avec les Guilhem, la possibilité de renforcer sa clientèle vassalique.
9Mais en juin 1197, dans un acte nîmois dont Raimond V est l’auteur, il est fait allusion à Bernard Aton, ancien vicomte de Nîmes et d’Agde27. Il faut ensuite attendre les années 1212-1213 pour rencontrer, dans la volumineuse documentation livrée par les cartulaires, un autre indice qui pourrait laisser penser que l’acte de 1187 n’est pas demeuré lettre morte. Bernard Aton souscrit, accompagné de chanoines du chapitre, deux chartes en mentionnant sa qualité d’ancien vicomte d’Agde (quondam vicecomes Agathensis)28. Il s’agit d’une reconnaissance d’un fief sis en Agadès qui, détenu par des membres de la famille de Montpeyroux est assortie d’un hommage à l’évêque et d’un acte de vente de l’évêque Raimond en faveur du chapitre cathédral.
10Enfin, en mai 121429, après les premières phases militaires de la croisade, Bernard Aton VI concède en personne ses droits vicomtaux à Simon de Montfort30. La formulation précise de l’acte mérite que l’on s’y arrête : Bernard Aton VI se présente comme le fils de feu Bernard Aton V, vicomte de Nîmes et d’Agde (ego Bernardus Atto, filius quondam Bernardis Attonis vicecomitis Nemausensis et Agatensis et Guilelme uxoris ejus) et il concède à Simon, par une donation entre vifs (donatio inter vivos), les droits et biens qui lui reviennent (competere) et qui sont sis dans la vicomté ou évêché d’Agde (in eodem vicecomitatu seu episcopatu Agathensi).
EFFETS ET USAGES DE LA DONATION
11La richesse du dossier invite à ne pas focaliser l’enquête sur la seule réalité de la donation de 1187. C’est en suivant au plus près la sédimentation documentaire que la portée durant un demi-siècle de ce fait initial peut être mise au jour.
12Le dossier se constitue en deux moments successifs : le premier, dont les pièces ont été initialement présentées, correspond aux années 1177-1187 ; le second s’ouvre avec la mort de Simon de Montfort en 1218, puis celle de Raimond VI de Toulouse en 1222, période durant laquelle, dans le cadre du nouvel équilibre politique, la donation de 1187 est utilisée par l’évêque d’Agde Thédise Baldi (1215-1232), ancien légat pontifical, pour légitimer ses exigences.
13Le contexte des années 1177-1187 incite à penser que la promesse de conversion de Bernard Aton au chapitre Saint-Étienne en juin 1187 constitue, dans un premier temps, une tentative de mise sous protection de son patrimoine, alors que la pression du comte de Toulouse s’accentue. L’opération peut paraître aventureuse puisqu’une guerre avait opposé en 117631 le vicomte d’Agde et l’évêque Pierre Raimond de Montpeyroux, un proche des Guilhem de Montpellier. Sans doute le retournement d’alliance de 1179 et le pacte de sécurité de 1185, liant le vicomte à l’évêque comme à Guilhem VIII, lui avait-il laissé entrevoir les bénéfices politiques d’une promesse de conversion. Mais la cession en fief de la vicomté par Raimond V, au début du mois de juillet, contraint finalement Bernard à entériner sa promesse le 17 juillet, et l’évêque Pierre Raimond de Montpeyroux semble s’être accommodé de la non-exécution de la donation et des profits ultérieurs qu’ont pu en retirer ses alliés montpelliérains.
14Tel n’était pas bien entendu l’avis du chapitre cathédral qui se trouvait dépouillé, sans compensation, de biens et de droits auxquels il n’entendait pas renoncer. Le vicomte Bernard Aton VI n’étant pas entré au chapitre, les chanoines s’efforcèrent, dans les mois et les années suivants, de prouver que la dessaisine des droits et leur transmission avaient effectivement eu lieu, et que le renoncement du vicomte à la vie religieuse n’affaiblissait en rien la donation. La narration du rituel de tradition du bien per circumjectionem oculorum s’apparente à une ostensio feodi32, qui vient redoubler la précision de l’énumération de l’acte du 17 juillet. Les dépositions des témoins constituent un indice supplémentaire du refus de Bernard Aton VI d’entrer au chapitre. Elles ne concernent qu’Agde et Marseillan ; rien n’y est dit à propos du castrum de Loupian.
15Passons à la deuxième période. Comment interpréter les mentions d’ex-vicomte qui apparaissent en 1212-1213 dans les deux souscriptions de
16Bernard Aton ? Laissons de côté la mention de 1197 qu’explique l’identité de l’auteur de l’acte, Raimond V33. L’hypothèse d’une conversion tardive de Bernard Aton, qui aurait accompli dans les temps troublés de la Croisade, ce qu’il avait renoncé à faire depuis 1187, est rendue très fragile par l’absence, pour cette période, de sa mention comme chanoine d’Agde. Deux interprétations demeurent possibles. La première consiste à imputer à la dégradation progressive de la situation de Bernard Aton, son abandon, lorsqu’il est amené à souscrire des actes, d’un titre vicomtal, qui ne correspond plus aux lambeaux de pouvoir qu’il détient encore. Il fait d’ailleurs montre d’une prudence similaire dans la lettre de l’acte de 1214, par lequel il cède définitivement ses droits à Simon de Montfort : son ascendance paternelle, qui vient masquer sa propre titulature, rend le statut de l’action présente indéterminable. Ces souscriptions peuvent également être l’indice d’un travail d’interpolation réalisé vers 1224, alors que la donation de 1187 et ses confirmations servent de référence au partage des droits entre l’Église d’Agde et Raimond VII. On lit effectivement dans l’accord sur le partage des droits de 1224, passé entre l’évêque d’Agde Thédise et Raimond VII de Toulouse, une évocation de l’ensemble des pièces du dossier de 1187-1190 :
Nous Thédise, évêque d’Agde possédions et devions posséder cette vicomté conformément à la donation faite par Bernard Aton de bonne mémoire ancien vicomte d’Agde, et conformément à la concession de votre aïeul Raimond, ancien comte de Toulouse ; de nombreuses personnes ayant témoigné que la vicomté était tenue en fief du comte de Toulouse, nous reconnaissons, pour le bien de la paix, tenir la vicomté susdite en fief de vous34.
17L’analyse codicologique des dossiers en question, qui furent transcrits dans les cartulaires de l’Église d’Agde, renforce l’hypothèse de l’interpolation – sans apporter de preuve irréfutable. Les quatre actes ont été transcrits dans le second cartulaire du chapitre qui fut compilé vers 123535. C’est de cette même période que date la confection du second cartulaire de l’évêché d’Agde qui contient une copie de l’acte de 1212 portant mention du quondam vicecomes insérée juste à la suite d’une courte section des autorités, parmi laquelle figure l’accord du 26 août 122436. Les années 1212-1213 constituent sans doute un trompe-l’œil, permettant de relier le dossier de 1187 à la période contemporaine des années 1224-1235.
18L’intérêt porté à la donation ne s’accroît qu’au cours de cette décennie, car Thédise a su jusqu’en 1218 s’assurer d’une grande quiétude dans l’exercice des droits vicomtaux acquis par l’évêché au cours des décennies précédentes, comme en témoigne l’absence d’intervention de Simon de Montfort en Agadès. Il faut sans doute voir là une conséquence du soutien que Thédise Baldi manifesta à l’égard du croisé dans la rivalité qui l’opposa, à partir de 1212, à l’archevêque de Narbonne Arnaud Amalric37. La célèbre querelle cristallise lors du concile de Montpellier qui, réuni en janvier 1215, amène les puissants de la région à trancher une question difficile qui nous est rapportée par Pierre des Vaux-de-Cernay :
À qui concéder au mieux de nos intérêts et assigner la ville de Toulouse pour l’honneur de Dieu et de la sainte Église, la paix du pays et la ruine de l’hérésie ? Et les autres terres conquises par les armées des croisés ? […] Les vœux et les avis de tous s’accordèrent pour choisir le noble comte Simon de Montfort comme chef et maître unique (monarcha) de tous les pays.
19Mais lorsque les membres du concile demandent au légat Pierre de Bénévent de lui remettre les terres, ce dernier recule :
Après s’être reporté aux bulles que le seigneur pape avait envoyé au légat, on reconnut que celui-ci ne pouvait agir ainsi sans se référer au seigneur-pape.
20De là provient le départ de Bernard, archevêque d’Embrun, pour Rome. Le 2 avril38, le pape confirmait que les terres étaient confiées à Simon de Montfort, mais la décision concernant leur sort définitif était repoussée au IVe concile du Latran qui devait se réunir à la fin de l’année. Fort de son pouvoir, Simon fit détruire les murs de Narbonne39, attisant l’ire de l’archevêque qui n’entendait pas renoncer aux prétentions qu’il affichait depuis 1212 en revendiquant le titre ducal40. L’appui que Simon reçut du prince Louis, rencontré à Vienne, s’avéra décisive41.
21À Rome, en novembre, deux clans se font face : Raimond, son fils, le futur Raimond VII et le comte de Foix « qui étaient venus implorer le concile pour la restitution de leurs terres42 » et Simon, venu défendre ses intérêts. Le texte de la Chanson de la croisade mentionne le soutien apporté par Thédise Baldi (1215-1232), depuis peu évêque d’Agde, aux positions de Simon de Montfort :
Maître Thédise se prit à dire : « Seigneur, la bonne foi du comte de Montfort qui a si bien réussi dans la poursuite de l’hérésie et la défense de l’Église, lui devrait valoir possession de la terre. »
« Maître, répondit le pape, ce qui contrebalance bien son mérite, c’est qu’il a ruiné les catholiques à l’égal des hérétiques : chaque mois m’en parviennent des grandes plaintes et d’amères réclamations ; tellement que le bien décroît et que le mal s’est envenimé43.»
22Les droits de Simon sont confirmés par Innocent III dans la bulle promulguée le 14 décembre 121544, qui cependant ne déshérite pas le fils de Raimond VI auquel échoit les terres qui n’ont pas été conquises sur les hérétiques, à savoir la partie provençale des domaines raimondins, ce qui laissait en suspens le statut de Beaucaire et de la terre d’Argence.
23Lorsque Simon meurt à Toulouse en 1218, ses domaines sont transmis à son fils Amaury et leur possession confirmée par Honorius III45. En Agadès, un accord est donc renégocié, en septembre 1219, avec l’évêque Thédise46. Sans faire aucune allusion explicite aux documents du XIIe siècle, l’acte stipule qu’Amaury tiendra en fief de l’évêque, contre un hommage, les castra de Florensac, Pomerols, ainsi que ceux – Vias, Bessan, Touroulle – qui sont situés au-delà de l’Hérault. L’évêque tiendra quant à lui en fief du comte, la cité d’Agde, Marseillan, Loupian, Mèze, Saint-Ponsde-Mauchiens, Castelnau-de-Guers, Aumes, les fortifications de Bouzigues, l’île de Sète ainsi que tous les biens qui, situés outre Hérault étaient détenus par le seigneur d’Anduze47. L’Hérault, frontière du partage de 1150, continue à jouer un rôle essentiel dans la répartition des pouvoirs. Mais la vicomté apparaît avant tout comme un simple district de localisation des biens et des droits, utilisé conjointement avec le comté et l’évêché (in toto episcopatu Agathensi, ratione comitatu vel vicecomitatu Agathensis).
24Le pouvoir d’Amaury fléchit face à l’action militaire du jeune Raimond48 et, avec la mort de Raimond VI en 1222, se pose de nouveau la question de l’attribution des domaines raimondins occidentaux. Thédise participe activement au concert de protestations émanant des évêques méridionaux qui voient d’un mauvais œil l’accroissement du pouvoir de Raimond VII. Dans la lettre envoyée en mai 1223 à Philippe Auguste, le légat Conrad, Thédise et les évêques de Nîmes et de Lodève font ainsi des conquêtes de Raimond VII la cause du renouveau de l’hérésie :
Vous savez que les ennemis de Dieu et les vôtres assiègent Penne en Agenais et Verdun ; les villae et castra, où qu’ils se trouvent, appellent et reçoivent les ennemis de Dieu ; c’est pourquoi nous vous demandons et nous vous supplions, par l’aspersion du sang du Christ, de nous apporter un conseil et une aide efficaces49.
25En février 122450, Amaury de Montfort cède ses droits méridionaux au roi Louis VIII et aux mois de juillet et d’août de cette même année, la conférence de Montpellier, présidée par l’archevêque de Narbonne Arnaud Amalric, conduit à la réconciliation de Raimond VII, qui s’engage à demeurer fidèle à l’Église et à ne pas usurper son patrimoine51. Le texte précise que Raimond VII restitue à l’évêque d’Agde la cité d’Agde, le castrum de Loupian, celui de Marseillan avec leur dépendances. Cet accord constitue le règlement d’une querelle violente qui opposait depuis le mois d’avril de cette même année le prélat au comte au sujet du contrôle de la cité et de l’Agadès. Une lettre de Thédise nous rapporte les épisodes de ce conflit :
Le comte Raimond le jeune, fils de Raimond ancien comte de Toulouse, s’est emparé de la cité d’Agde par la force, le jour du dimanche des Rameaux de cette année, c’est-à-dire le 7 avril, instituant en cette cité son sceptre (baculus), faisant flotter son étendard (vexillum) sur une partie des murs de la cité, faisant clamer « Toulouse, Toulouse », et prenant possession, les jours suivants, de nos redevances et de nos droits sur les usages, les moulins et autres ; après que des discussions de paix furent engagées entre le comte et l’Église à Montpellier par l’intermédiaire de l’archevêque de Narbonne, il nous promit de restituer la cité d’Agde, le castrum de Marseillan et le castrum de Loupian dont il s’était également emparé par la force à nos dépens, le mardi après la dernière fête de la Pentecôte52.
26L’accord définitif date du 26 août 1224 ; il vient clore, pour l’Agadès, le mouvement de réinstauration des droits raimondins, tout en préservant les droits réels acquis par l’Église. Conformément à la donation de 1187, l’évêque concède tenir en fief du comte la vicomté (predictum vicecomitatum) c’est-à-dire la cité d’Agde, les castra de Marseillan, de Loupian, de Montagnac, la villa de Pabiran, et tout ce que le vicomte possédait sur mer, étangs, fleuves et terre dans tout le diocèse d’Agde (in tota diocesi Agathensi). Est également concédé à l’évêque le droit de demander un serment aux hommes des castra et des villae de la vicomté. La résurgence de l’acte de 1187 a servi de matrice au nouvel accord, dont le contenu réel diffère sensiblement.
27Mais la croisade royale engagée par Louis VIII débouche sur le traité de Paris53 et l’entrée du Languedoc dans le domaine royal. Lorsqu’en 123454, un nouvel accord est conclu entre saint Louis et l’évêque d’Agde, Bertrand (1233-1241), ce dernier est contraint de renoncer aux droits qu’il pouvait revendiquer conformément à l’accord de 1219 ; il n’est plus désormais question de la vicomté d’Agde mais de biens et de droits dûment
VICECOMITATUS, COMITATUS ET EPISCOPATUS EN
28Les arcanes de la donation ne doivent pas masquer l’essentiel : le pouvoir vicomtal détenu par la branche cadette de la famille Trencavel s’affaiblit à partir du dernier quart du XIIe siècle, jusqu’à sa disparition au début du siècle suivant, sans pour autant permettre un renforcement du pouvoir comtal raimondin, qui échoue à réduire l’enclave édifiée, depuis la seconde moitié du XIe siècle, entre ses possessions occidentales et provençales. Les efforts déployés en ce sens depuis le règne d’Anfos (1112-1148) ne débouchent sur aucun équilibre durable. La rivalité entre Toulousains et Catalano-aragonais a ouvert la voie, par les possibilités de changements d’alliance, à un renforcement du pouvoir vicomtal des Trencavel, sans pour autant permettre la constitution d’une principauté stabilisée.
29Les progrès du pouvoir comtal raimondin durant les décennies 1170-1180 constituent une victoire en trompe-l’œil. D’abord parce qu’ils se font au détriment de la branche cadette des Trencavel. Ensuite parce qu’ils s’accompagnent, dès 1177, d’un usage politique de l’hérésie dont les conséquences s’avéreront bien différentes de celles initialement escomptées55 par Raimond V. Enfin parce que le pouvoir épiscopal, qui se renforce à partir de 1150, joue désormais un rôle important dans le nouvel équilibre des pouvoirs méridionaux comme dans l’accroissement de l’influence du roi capétien.
30De 1187 à 1197, Bernard Aton est un vicomte sans vicomté. Puis le titre disparaît, pour Agde, durant les dernières années du siècle. Raimond V s’intitule comte de Nîmes à partir de 1185, mais jamais le titre de vicecomes Agathensis n’est revendiqué par les Raimondins, ni d’ailleurs par les Montfort. Seul l’usage du terme de vicecomitatus se maintient, il désigne, dans les actes de la pratique, un territorium au sein duquel les biens sont localisés.
31Si la donation de 1187 est consécutive à la volonté raimondine d’accroître son pouvoir en Languedoc central, elle a avant tout contribué à renforcer l’episcopatus, d’une manière paradoxale. Les biens et droits cédés par Bernard Aton VI ne représentent pas un transfert de pouvoir notable et tout indique que, dans un premier temps, l’évêque, contrairement à son chapitre, n’a pas véritablement cherché à jouir effectivement des droits afférents. Mais la donation a permis le renforcement des liens entre l’évêché et les Guilhem56 et a accéléré la constitution d’une clientèle vassalique indispensable à l’affirmation du pouvoir de l’évêque face à l’aristocratie castrale de la plaine.
32Il faut attendre 1224 pour que la donation de 1187 soit de nouveau utilisée à l’appui des revendications du pouvoir comtal raimondin, sans parvenir pourtant à affaiblir la position de l’évêque. Après 1229 et le traité de Paris57, Agde devient une seigneurie épiscopale fonctionnant en relation avec les officiers royaux de Béziers, qu’il s’agisse du viguier ou du juge. La puissance temporelle du prélat a ainsi contrarié le mouvement consulaire agathois ; au XIIIe siècle, l’universitas continue à tenir son pouvoir en fief de l’évêque.
Notes de bas de page
1 Voir par exemple, parmi une bibliographie très abondante, Gert Melville, « Zur Funktion der Schriftlichkeit im institutionellen Gefüge mittelalterlicher Orden », Frühmittelalterliche Studien, 25, 1991, p. 391-417 ; De ordine vitae : zu Normvorstellungen, Organisationsformen und Schriftgebrauch im mittelalterlichen Ordenswesen, Gert Melville éd., Munich, 1996 ; et Cécile Caby, « La mémoire des origines dans les institutions médiévales. Présentation d’un projet collectif », Mélanges de l’École française de Rome (Moyen Âge), 115, 2003, p. 133-140.
2 Voir à ce sujet les remarques pionnières de Jacques Le Goff, Pierre Toubert, « Une histoire totale du Moyen Âge est-elle possible ? », Actes du 100e Congrès national des sociétés savantes, Section de philologie et d’histoire, t. I, Paris, 1977, p. 31-44.
3 Il existe deux manuscrits modernes du cartulaire médiéval : celui des Arch. départ. Hérault, G 20 qui a servi pour l’édition d’Odile Terrin (Cartulaire du chapitre d’Agde, Nîmes, 1969). Celui de la Bibl. munic. de Montpellier, ms 33 – qui est la source du précédent – a servi à établir l’édition de Raymonde Foreville (Le cartulaire du chapitre Saint-Étienne d’Agde [désormais CCA], Paris, CNRS, 1995).
4 Voir André Castaldo, L’Église de d’Agde (Xe-XIIIe siècles), Paris, 1970, p. 74-80.
5 Gallia christiana, Paris, 1739, t. VI, instr., col. 329-330, texte édité ex. chart. Agath. par les Bénédictins. L’acte figure également sur le manuscrit Arch. départ. Hérault, G 20, p. 338-339.
6 CCA, no 5 et no 341.
7 CCA, no 6 et no 342.
8 CCA, no 7 et 343. Les textes diffèrent sur le passage permettant de proposer une datation ; on lit dans la première transcription : anno presenti et dans la seconde : anno preteriti.
9 CCA, no 7 et no 344.
10 Histoire générale de Languedoc (désormais HGL), Dom Claude Devic, Dom Joseph Vaissete, Toulouse, 15 t., 1872-1905, ici, t. VIII, col. 380-382 ; voir Robert Michel, « Les chevaliers du château des Arènes de Nîmes », Revue historique, 102, 1909, p. 45-61 (ici p. 50-51) ; Robert Michel reprend les analyses qui figurent dans Léon Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, Paris, 1750, p. 243. Voir également Laurent Macé, « Chronique d’une grande commotion. La rivalité entre les comtes de Toulouse et les Trencavel (XIIe-XIIIe siècles) », Revue du Tarn, 176, 1999, p. 661-683, ici p. 671. Après cette date, le comte de Toulouse s’intitule comes Nemausi (voir par. ex. HGL, t. VIII, col. 443-445 (juin 1197).
11 À partir de 1070, les Trencavel parviennent en quelques décennies à s’assurer du contrôle du patrimoine de la famille comtale de Carcassonne (Béziers, Agde, Carcassonne et Razès), disposant de la sorte d’une assise territoriale en Languedoc qui demeure stable jusqu’au début du XIIIe siècle ; voir Hélène Débax, La féodalité languedocienne XIe-XIIe siècles. Serments, hommages et fiefs dans le Languedoc des Trencavel, Toulouse, 2003, p. 73-85.
12 Voir la carta concordiae de 1150 (HGL, t. V, col. 1122-1124) qui, rédigée sous l’autorité de l’évêque de Nîmes, règle le partage. Comme l’a suggéré Hélène Débax, le partage de 1150 prend son origine et sa légitimité dans un acte vicomtal de 1118 (HGL, t. V, col. 865-868), dans lequel Bernard Aton IV avait déjà prévu un premier partage de la vicomté d’Agde qui n’eut pas lieu à sa mort en 1129 (voir HGL, t. V, col. 957-958).
13 Il s’agit de Pierre Raimond, sacriste, Bernard de Murviel, Raimond Alchier, Guilhem de Lodève, Étienne de Mermian, Arnaud, maître ès arts, Pierre, archidiacre, Guilhem de Crispiano, Bernard de Bessan, Guilhem de Pomerols.
14 CCA, no 7 et 343.
15 Voir Charles Higounet, « Un grand chapitre de l’histoire du XIIe siècle : la rivalité des maisons de Toulouse et de Barcelone pour la prépondérance méridionale », Mélanges Louis Halphen, Paris, 1951, p. 313-322 ; Claudie Duhamel, « L’État toulousain sur ses marges : les choix politiques des Trencavel entre les maisons comtales de Toulouse et de Barcelone (1029-1209) », Les Troubadours et l’État toulousain avant la croisade (1209), Toulouse (Annales de littérature occitane, 1) 1995, p. 117-138 ; et Laurent Macé, « Chronique d’une grande commotion… », p. 661-683.
16 HGL, t. VIII, col. 325-326 (1177).
17 Voir le serment de Bernard Aton VI en faveur de Raimond V (HGL, t. VIII, col. 306-307 [c. 1174]) ; le vicomte est témoin de la confirmation de l’acte de 1172 par lequel Ermessende, fille de la comtesse de Melgueil Béatrix, prend pour époux le fils du comte de Toulouse (HGL, t. VIII, col. 295-296 [3 novembre 1176]).
18 À cette même date, une alliance est nouée côté Toulouse entre Raimond d’Uzès, Pons Gaucelin de Lunel et Pierre de Bernis. Ils reprennent en fief de Raimond V ce qu’ils détiennent dans la vicomté de Nîmes.
19 Traité de Béziers (Luc d’Achery, Spicilegium…, t. X, Paris, 1671, p. 174) par lequel Bernard Aton VI reprend ses domaines en fief.
20 François Mazauric a émis l’hypothèse que la cession de la vicomté de Nîmes a servi au paiement d’une rançon pour libérer Bernard Aton, prisonnier depuis 1181 de Pons Gaucelm de Lunel (Histoire du château des Arènes de Nîmes, Nîmes, 1944, p. 223-225).
21 Le cartulaire des Guilhem de Montpellier. Liber instrumentorum memorialium (désormais LIM), Alexandre-Charles Germain, Camille Chabaneau éd., Montpellier, 1884-1886, no 470.
22 La mère de Bernard Aton VI était la sœur de Guilhem VII ( 1172) et Guilhem VIII fut le tuteur du vicomte durant ses années de jeunesse ; voir par ex. HGL, t. VIII, col. 306-307.
23 Le dossier d’acte figure dans le cartulaire des Guilhem de Montpellier : LIM, no 470-473.
24 HGL, t. VIII, col. 397-400 ; l’ensemble du dossier a été transcrit dans le LIM, no 474-477.
25 LIM, no 472.
26 LIM, no 471.
27 HGL, t. VIII, col. 443-445 (juin 1197) ; il s’agit d’une allusion à l’acte de juin 1177 (HGL, t. VIII, col. 327).
28 Cartulaire de l’évêché d’Agde (désormais CEA), Bibl. nat. de France, ms lat. 9999, no 115, fol. 120 à 122 et CCA, no 102 (mai 1213).
29 HGL, t. VIII, col. 651.
30 Voir Yves Dossat, « Simon de Montfort », Paix de Dieu et guerre sainte en Languedoc au XIIIe siècle, Toulouse, 1968 (Cahiers de Fanjeaux, 4), p. 281-302.
31 CEA, no 97, fol. 97v-99 ; sur la datation de l’acte voir Pierre Chastang, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc (XIe-XIIIe siècles), Paris, 2001, p. 434.
32 François-Louis Ganshof, Qu’est-ce que la féodalité ?, Bruxelles, 1957, p. 166 : « Le vassal s’engageait quelquefois à faire l’ostensio feodi, c’est-à-dire à indiquer sur place ce qu’il considérait comme faisant partie du fief. Mais cette “monstrée de fief” ou “montrée de la terre” a pu être remplacée par une description écrite, le dénombrement. »
33 Voir note 26.
34 HGL, t. VIII, col. 802-803 (26 août 1224).
35 Il est difficile de dater la transcription du dossier dans le premier cartulaire du chapitre. Les actes appartiennent-ils à la phase initiale de compilation ou ont-ils été rajoutés ultérieurement ? Il est en tout cas certain que l’acte de 1213 (CCA, no 102) apparaît dans un dossier copié tardivement dans le codex.
36 Cette section est composée de quatre actes : CEA, no 111, fol. 110 v à 113 : bulle d’Honorius III (1216) – no 112, fol. 113 - 116 v : accord entre Amaury de Montfort et Thédise Baldi, évêque d’Agde (1219) ; édité dans HGL, t. VIII, col. 725-728 – no 113, fol. 116 v à 117 : confirmation par Grégoire IX de l’accord de 1219 (1229) – no 114, fol. 117 v à 120 : accord entre Thédise Baldi, évêque d’Agde et Raimond VII (1224) ; édité dans HGL, t. VIII, col. 802-804.
37 Voir Raymonde Foreville, « Arnaud Amalric, archevêque de Narbonne (1196-1225) », Narbonne, archéologie et histoire, Montpellier, 1973, p. 129-146.
38 August Potthast, Regesta pontificum Romanorum, inde ab anno post Christum natum MCXCVIII ad annum MCCCIV, Berlin, 1874-1875, 4966-4969 : textes cités dans Pierre des Vaux de Cernay, Histoire Albigeoise (désormais HA), Pascal Guébin, Henri Maisonneuve trad., Paris, Vrin, 1951 (L’Église et l’État au Moyen Âge, 10), § 554-559.
39 HA, § 560-561.
40 HA, § 561 : Il disait que Narbonne était à lui, et ce n’était vrai que pour une partie de la ville : en outre, il avait usurpé et conservé le titre de duc de Narbonne que les comtes de Toulouse portaient de temps immémorial.
41 HA, § 550-553.
42 HA, § 571.
43 La chanson de la croisade albigeoise, Eugène Martin-Chabot éd. et trad., t. II, Paris, 19763, p. 68-69.
44 August Potthast, Regesta pontificum Romanorum…, 5009 : texte édité dans HGL, t. VIII, col. 681-682.
45 August Potthast, Regesta pontificum Romanorum…, 5888 et 6066 ; Pietro Pressutti, Regesta Honorii papae III, jussu et munificentia Leonis XIII ex Vaticanis archetypis aliisque fontibus, Rome, 1888, t. I, Rome, 1888, no 1577 et 2067.
46 CEA, no 112, fol. 113-116v (3 septembre 1219) ; édité dans HGL, t. VIII, col. 725-728.
47 Qui apparaît dans la cession initiale de Raimond V, comte de Toulouse (CCA, no 6).
48 Voir Élie Griffe, Le Languedoc cathare au temps de la croisade (1209-1229), Paris, 1973, p. 123-126.
49 HGL, t. VIII, col. 765-766.
50 HGL, t. VIII, col. 789.
51 HGL, t. VIII, col. 804-807.
52 Gallia christiana, t. VI, instr., col. 336-337.
53 HGL, t. VIII, col. 883-892.
54 HGL, t. VIII, col. 976-979 (9 août 1234).
55 Sur la lettre de Raimond V envoyée au chapitre général de Cîteaux en 1177, voir Jean-Louis Biget, « Hérésie, politique et société en Languedoc vers 1120-vers 1320 », dans Jacques Berlioz (dir.), Le pays cathare. Les religions médiévales et leur expressions méridionales, Paris, 2000, p. 17-79, ici p. 21.
56 Raimond Guilhem, évêque à partir de 1194, est le propre frère de Guilhem VIII.
57 HGL, t. VIII, col. 883-892.
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