5. Action des revues face à la numérisation
p. 129-159
Texte intégral
1L’adoption de la version numérique par une revue n’est généralement pas vue par sa direction comme une solution de remplacement de la version imprimée. La publication numérique est le plus souvent située dans le prolongement des activités régulières de la revue. Cela implique que la transition et les transformations à l’œuvre prennent pour appui des institutions, avec les communautés qui les animent, lesquelles démontrent une capacité d’initiative et d’ouverture aux changements, tout autant qu’un enracinement dans des modes de faire qui ont été validés et qui ont toujours cours. Nous sommes face à un processus social qui, bien que porté par le renouveau des formes de la communication scientifique et par l’esprit d’initiative de ses acteurs, traîne ses usages reconnus et légitimés, ses lourdeurs socio-institutionnelles et même ses inerties comportementales.
2La capacité de mener une action profitable, pour la transformation des conditions d’existence des revues dans la communication scientifique à l’ère du numérique, consiste moins à contourner les revues qu’à prendre en compte leurs conditions d’existence, dans le but de maximiser l’impact d’une stratégie de transition et de renouvellement. Autant ce développement vers la publication et la diffusion numériques est admis et anticipé positivement dans la plupart des cas, autant faut-il que les raisons qui le motivent et les moyens à retenir pour confirmer cette option soient examinés. C’est en ce sens que l’appréhension du processus social à l’œuvre s’avère nécessaire car il permet de cibler et de rythmer le mode d’intervention. Tout autant, l’aménagement de la transition et les modes d’organisation, pouvant permettre de contrer le morcellement actuel et d’établir de grands foyers de convergence et de diffusion de la connaissance, doivent être traités.
3Dans ce chapitre, nous voulons traiter des conditions de passage à la publication et à la diffusion numériques, en mettant en relief les dimensions sociales qui sont sous-jacentes. Le processus ne peut être réduit à une dimension technique ou, d’une tout autre manière, être présenté comme la manifestation d’une action volontariste ; ce serait faire peu de cas de la principale condition du succès, soit une action qui force la réalité et qui provoque la transformation de cette dernière, tout en en comprenant les principaux éléments constitutifs qui jouent comme contraintes à cette action. Pour amorcer la discussion, la considération d’avantages associés au numérique permet de mettre en évidence la dimension sociale de toute transition.
LES DÉLAIS DE PARUTION ET L’INTRODUCTION DU NUMÉRIQUE
4Lorsqu’on traite du renouvellement des conditions de l’édition avec l’introduction du numérique, les délais de parution sont l’une des dimensions évoquées. A priori, le traitement d’un article, en ce qui a trait à la publication et à la diffusion dans l’univers numérique, devrait être significativement plus court que le temps actuellement dévolu au processus allant de la soumission d’un article à son impression et à sa diffusion. Mais, au-delà des apparences, la prise en compte du cheminement de cet article conduisant à sa parution et l’estimation du temps nécessaire pour le compléter illustrent bien, qu’en situant les problèmes essentiellement au plan technique, on occulte une partie substantielle des composantes du processus, qui reste à dominante sociale.
5Lorsqu’il est question des livres universitaires, l’éditeur est le seul, ou le premier, à devoir répondre des délais. Pour les revues, le travail éditorial est largement effectué par l’équipe de direction de la revue, si bien que l’éditeur ne peut rendre compte que d’une partie limitée du temps pris entre la date de dépôt d’un manuscrit et sa date de parution. On évalue1, dans le cas des publications de la Geoscience and Remote Sensing Society, à 21,8 mois en moyenne le temps qui s’écoule entre la présentation initiale du manuscrit et sa publication. Pourtant, moins de cinq mois sont consacrés à la programmation, à la composition et à la production de la revue. Cela signifie que le processus d’évaluation et de révision, qui correspond au travail éditorial, occupe une place prépondérante dans la chaîne menant à la publication et prend l’essentiel du temps qu’elle nécessite. Cela est tout à fait approprié pour les revues en sciences humaines et sociales.
6Les chercheurs entretiennent, de plus, des valeurs paradoxales, du moins dans leurs effets. Une enquête sur les critères de qualité d’une revue, réalisée par l’American Geophysical Union, montre que les lecteurs apprécient au premier chef la valeur scientifique d’une revue et sont très attentifs à la qualité et à la rigueur de l’expression écrite, lesquelles demandent un processus de sélection, de révision et de correction qui prend du temps. Concurremment, ils sont préoccupés, dans une moindre mesure mais de façon significative, par la rapidité de la publication. Ces diverses dimensions sont difficiles à concilier dans leur forme optimale2. La question des délais devient de plus en plus sensible, d’où l’intérêt pour les serveurs de prépublication. Les chercheurs en sciences humaines et sociales ne sont pas étrangers à ces préoccupations. Peut-être voient-ils les délais de publication, moins comme une atteinte directe à la pertinence de leur propos (encore que cela puisse être le cas) mais certainement ils les ressentent comme une contrariété qui brime leur légitime désir de voir leur texte diffusé le plus tôt possible.
7L’introduction du numérique est susceptible de réduire ces délais, mais jusqu’à quel point ? Dans la mesure où les procédures d’évaluation, de sélection et de correction des textes ne sont pas substantiellement modifiées, le recours à la communication électronique ne permettra pas de raccourcir brutalement tous les délais de parution. Ce n’est pas un hasard si, à la faveur des potentialités offertes par le numérique, l’institution que constitue l’évaluation par les pairs fait l’objet de discussions animées3. Quel que soit le sort réservé à ce débat, l’évolution de cette institution se fera au gré du renouvellement des conventions et des reconnaissances institutionnelles. Le numérique se présente ici davantage comme une condition de possibilité que comme une condition nécessaire et suffisante pour un tel changement. Il restera toujours à évaluer le temps qui sera économisé par l’introduction de nouvelles procédures.
8Dans l’état actuel des choses ou dans un autre contexte, on peut envisager un système de « monitoring » des procédures éditoriales qui soit entièrement numérique4. L’introduction des processus numériques dans les activités de publication devrait participer à un réaménagement des diverses étapes qui les ponctuent et de la façon de travailler, depuis la soumission des articles à leur diffusion en version numérique. Ce réaménagement demande des apprentissages qu’il serait approprié de partager entre les revues et pourrait conduire à des actions groupées, comme l’acquisition d’un système logiciel de monitoring informatisé de l’ensemble du processus éditorial, mis au service de plusieurs revues. L’effet de l’introduction des processus numériques ne sera certainement pas instantané et suivra des rythmes difficiles à prévoir pour le moment5.
9Sans nécessairement avoir franchi ce cap, de nombreuses revues font une utilisation régulière de la communication numérique afin d’alléger et d’améliorer l’efficacité des procédures éditoriales. Cette utilisation est appelée à s’intensifier et touche autant les revues sur support papier que celles sur support numérique. On peut imaginer que la revue numérique sera davantage portée à intensifier la communication électronique pour le travail éditorial, mais il est aussi très clair que ce mode de communication fait partie des usages communs de la communauté universitaire et s’impose dans les pratiques de toute direction de revue.
10À tout événement, ce n’est pas parce que l’on gagne en « vitesse des machines » que pour autant « la lenteur et la fragilité des facultés humaines » se mettent au pas et se conforment à ce qui est techniquement possible6. Cette lenteur et cette fragilité renvoient à toute une série de manifestations qui tiennent de l’étalement des activités, au temps nécessaire à la réflexion ou à la rédaction d’une évaluation. Très prosaïquement, nous savons pertinemment, lorsqu’on accorde un mois à un évaluateur pour porter un jugement sur un texte, que quelques heures suffisent ; mais nous ne possédons pas de contrôle sur l’agenda de cet expert, ni sur le moment qu’il retiendra pour procéder à l’exercice. Cette remarque pour illustrer qu’il y a un temps dont la compression est difficile, en dépit des outils techniques qui sont mis en place, et que l’on ne doit pas déduire des progrès techniques, de nécessaires progrès des pratiques et des organisations.
11Pour ce qui est de la publication numérique en tant que telle — qui est à distinguer de la communication numérique —, on peut très bien imaginer que l’introduction du numérique accélérera les opérations de production des articles, permettra de publier et diffuser les articles dès l’établissement de leur version finale et diminuera les contraintes associées à l’étendue, à la longueur et à la complexité iconographique des articles. Tous ces éléments pourraient avoir une incidence sur la réduction du délai de publication, mais encore faut-il avoir une idée assez claire du rôle joué par l’éditeur et de la redéfinition de son mode d’intervention dans la publication numérique.
LA QUÊTE DE LÉGITIMITÉ
12Sur un tout autre registre, la reconnaissance institutionnelle des publications numériques est souvent perçue comme un enjeu de taille, au sens où leur déconsidération dans les procédures d’évaluation de la carrière et de promotion minerait l’intérêt que les professeurs pourraient leur porter. La relative nouveauté des publications sur support numérique peut susciter spontanément la méfiance de la part des pairs. Mais doit-on en déduire qu’il existerait une déconsidération portant préjudice aux chercheurs ?
13Déjà, on sait que, dans certains secteurs, dont le réseau scientifique est peu étendu et bien structuré, les prépublications jouent un rôle central dans la diffusion des connaissances et jouissent de légitimité institutionnelle7. Il s’est agi de terreaux particulièrement propices à l’émergence de structures de communication numérique de la recherche dont la contribution ne fait pas de doute.
14Plus largement, la question de la reconnaissance institutionnelle des publications numériques ne semble pas se distinguer fondamentalement de la question des critères qui guident l’appréciation qualitative des publications conventionnelles. Mais, en l’absence de discrimination directe, il est permis de se demander si certains facteurs peuvent desservir ce genre de publication par des effets systémiques.
15Les procédures institutionnelles d’évaluation prévues pour la promotion ne permettent que partiellement de juger de la qualité intrinsèque des publications. En Amérique du Nord tout au moins, la procédure prévoit généralement que l’on sollicite des rapports d’évaluation de spécialistes dans le domaine. Il reste que globalement l’évaluation est établie largement sur la base d’indices se rapportant aux véhicules de publication : leur qualité reconnue pour la sélection (revues, éditeurs, etc.), leur place dans le système hiérarchisé de communication scientifique, leur impact, leur diffusion, etc.8 Un rapport sur la question, rédigé il y a deux ans pour la New Jersey State University9, souligne que le principe souverain de l’évaluation des publications pour les promotions reste le contrôle de qualité, soit la rigueur dans les principes de sélection, dans l’arbitrage par les pairs et dans le raffinement éditorial. De façon générale, on conclut que ce qui prime, c’est la qualité et l’assurance d’une large diffusion de la contribution, dans le temps présent mais aussi dans le futur, et ce, quel que soit le support utilisé (imprimé ou numérique).
16Les revues sont des institutions dans la communauté scientifique qui ont défini leur place et qui se situent dans la durée. Pour beaucoup, c’est cette dimension qui est prise en compte dans les évaluations professionnelles, si bien qu’une publication exclusivement numérique, qui est par définition récente, devra lutter, pour un temps tout au moins, contre certaines carences « structurelles », comme c’est d’ailleurs le cas pour toute nouvelle revue10. Parmi celles-ci, pensons aux difficultés rencontrées lors de la démonstration de la rigueur scientifique, de l’évaluation de l’impact repérable de la publication, de l’indexation de la revue dans les grands index qui font figure d’autorités. Les nouvelles revues numériques sont en outre souvent l’objet du scepticisme des chercheurs établis et de leur réticence à publier sur ce support (surtout en sciences humaines et sociales), et, inversement, de la plus grande propension à attirer des contributeurs plus jeunes et inexpérimentés.
17Tous ces éléments peuvent porter ombrage au « véhicule numérique » dans les évaluations11. On peut considérer, d’un côté, que ces éléments constituent une barrière à l’entrée pour les nouvelles revues, d’autant plus que l’on se situe dans un système de communication scientifique doublement structuré, par la communauté scientifique et ses circuits hiérarchisés, mais aussi par l’organisation économique et commerciale qui définit le cadre de publication et de diffusion12.
18D’un autre côté, il est permis de voir dans ces éléments un effet sélectif d’une grille qui se veut neutre, mais qui introduit un prisme — dont on peut débattre d’ailleurs — quel que soit le support des publications (imprimé ou numérique)13. Parallèlement, on ne peut ignorer que, pour certains, une revue diffusée gratuitement dans le Web, qui n’a donc pas d’abonnés, apparaît moins sérieuse que la revue payante pour laquelle on a un indice repérable de consultation et d’intérêt « sérieux » démontré par les institutions et, éventuellement, les individus. C’est comme si la dépense financière restait un témoin de notoriété. Nous sommes dans le domaine de la perception et de la désignation d’indices, donc dans le domaine de la subjectivité. Cela ne signifie pas que les revues diffusées gratuitement ne puissent obtenir une notoriété enviable, bien au contraire14, mais cette notoriété viendra du milieu et sera attestée par d’autres repères.
19Les éléments, qui portent ombrage à la nouvelle revue numérique, se dissipent nettement lorsqu’une revue déjà bien établie, de bonne tenue et réputée est publiée parallèlement sur supports papier et numérique, ou même en version numérique seulement Les difficultés mentionnées, qui constituent une barrière à l’entrée pour les nouvelles revues, sont normalement inexistantes ou de peu d’impact pour une revue s’étant déjà imposée dans la communauté des chercheurs et bénéficiant d’un bon rayonnement avec sa version imprimée conventionnelle.
20En cela, il est permis de s’interroger sur le besoin de créer, pour un même créneau, de nouvelles revues numériques seulement, si les revues imprimées, qui ne sont pas sous la coupe des groupes commerciaux oligopolistiques et qui ont joué à ce jour un rôle significatif dans leur milieu, s’engagent dans un processus de transformation vers le numérique. On peut croire que, durant une période indéterminée, une version imprimée serait simultanément diffusée, même si progressivement le support numérique peut devenir la version de référence première15. La présence routinière des publications numériques dans la pratique des chercheurs devrait changer les perceptions, de telle sorte que la question de la reconnaissance institutionnelle ne sera plus influencée par le support de diffusion16.
21Certes, la question des critères de qualité et de leur usage dans les procédures de promotion peut être discutée. L’introduction des nouvelles technologies de l’information, la généralisation d’Internet et les pratiques induites par l’une et l’autre peuvent provoquer un examen critique de ces critères. Une réflexion sur les normes en usage est toujours salutaire, mais elle ne doit pas conduire à présumer que la contestation de ces critères est associée à une incapacité des publications numériques — avec ou sans version imprimée — à y répondre. Ici, le support de publication et de diffusion impose certaines transpositions dans les indices utilisés, mais reste fondamentalement neutre à l’égard de la notion de qualité, de rigueur scientifique, de diffusion et de pérennité.
LE PROCESSUS D’APPROPRIATION
22Commençons par un constat simple : l’implantation de la publication numérique et la disparition du papier pour les revues ne se décrètent pas. Tout comme d’ailleurs les changements de pratiques sociales et les bouleversements d’institutions. Ce constat n’est pas original en soi ; il suppose cependant, à l’encontre des utopies instantanéistes, que l’on prenne soin de comprendre les tenants et aboutissants de l’environnement de l’édition universitaire, afin de s’assurer de la pertinence des actions à entreprendre et d’améliorer leur impact.
Des anticipations déjouées
23Plusieurs exemples illustrent que la voie de passage et le temps de réalisation de projets, qui supposent changement et renouvellement des usages, des modes organisationnels et des circuits de communication, suivent souvent tours et détours et déjouent les entreprises impétueuses. Point là d’inertie ou de passivité, mais simplement réalisme et prise en compte des conditions de réalisation. Quelques exemples illustrent cette idée et, surtout, engagent à poursuivre une réflexion sur les dimensions sociales de la transition vers la publication numérique.
24Relatant l’expérience du Journal of Biological Chemistry (JBC), Tom Abate illustre bien le temps qu’il faut pour transformer les usages. La direction, qui a produit une version numérique de cette revue, a aussi incité la bibliothèque de Stanford University à mettre sur pied une société d’édition numérique sans but lucratif — désignée sous le nom de HighWire Press — afin de mettre en ligne cette revue (en janvier 1995) et de nombreuses autres par la suite. La direction du JBC croyait, au départ, que très rapidement la version numérique de la revue supplanterait la version imprimée et rendrait cette dernière superfétatoire. Contre toute attente, la demande pour la version papier est restée particulièrement forte. Cela a freiné le processus, qui avait été anticipé par la direction de la revue. Constatant le phénomène, la direction s’est dit convaincue que la transformation allait s’opérer, sans pour autant, malgré sa position résolue, pouvoir fixer d’échéancier. Robert Simoni, principal promoteur de cette transformation, reconnaît que ceux qui étaient au cœur du processus de mise en route de la revue numérique ont surestimé la vitesse de la transition17. Ce qui devait prendre quelques mois a pris, avec une direction particulièrement résolue et volontaire, quelques années pour la revue et le processus n’est pas achevé. HighWire est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs dans le domaine.
25Respectivement bibliothécaire et éditrice à l’University of California, Rosenblatt et Whisler18 soulignaient en 1997 que, dans un proche avenir, la pression pour maintenir simultané ment la version imprimée et la version numérique des revues serait très forte. Du côté des bibliothèques et de leurs usagers, des réticences à abandonner le format d’archivage connu qu’est le papier se manifestent et les investissements en infrastructure technique nécessaires à la mise à disposition de la documentation numérique ont de la difficulté à suivre avec une cadence suffisante. Du côté des éditeurs, leur conversion à de nouveaux procédés, l’incertitude concernant la commercialisation de la documentation numérique et la demande du lectorat militent en faveur d’une période de transition au cours de laquelle les formats papier et numérique seront produits en parallèle. Aujourd’hui, avec quelques années de recul, on constate que le mouvement vers le numérique s’est confirmé tout en composant avec ces points de friction.
26L’expérience acquise avec le site Érudit et les études que nous avons menées dans la foulée — et qui sont fondées sur une interaction avec les directions de revues et la communauté universitaire — confortent ces appréciations. Toute une série de variables entrent en cause pour freiner l’apparition de nouveaux usages qui auraient basculé définitivement en faveur du support numérique. Dans la période de transition, tout se passe comme si les uns et les autres voulaient s’aménager le meilleur des deux mondes en hésitant à franchir le Rubicon.
27Cette période ne saurait se perpétuer indéfiniment. Le changement rapide de l’environnement touchant la documentation universitaire, tant pour ce qui est de la rédaction, de la production, de la diffusion, de l’accès et de l’utilisation, renouvelle la problématique du maintien de l’imprimé. Mais peut-on pour autant considérer qu’il faille « tourner la page » sans aménagement ? Motivée par les meilleures intentions et nourrie du sens de l’histoire (vers le numérique), une action mal informée, eu égard au secteur d’intervention, peut produire des effets contraires à ceux recherchés. À l’hiver 2000, l’organisme public de soutien à la recherche au Québec — le Fonds fcar — décidait que l’aide accordée aux revues serait calculée (au terme d’un délai maximum de trois ans) exclusivement en fonction du coût de la version numérique. Ce geste, qui avait l’avantage d’identifier clairement un objectif et de provoquer une trajectoire, est apparu dans la communauté des revues comme une action volontariste qui ne tenait pas compte de la réalité ambiante. La nouvelle politique, qui a été revue pour soutenir l’adoption d’une version numérique qui ne provoquerait pas la disparition de la version imprimée, est sans doute plus appropriée pour produire les effets recherchés.
28Pour notre part, il nous a semblé, au cours des dernières années, que la simultanéité des versions numérique et imprimée des revues s’imposerait pour un temps indéterminé. En même temps, force est de reconnaître que le temps passe, que des transformations notables sont en cours et que la période de transition n’est pas près de toucher à son terme. C’est cette réalité mouvante qu’il faut saisir.
Ce qu’en pensent les directeurs de revues
29Dans une étude sur les tenants et aboutissants de la mise en place d’un lieu de production et de diffusion numériques des revues, nous avons tenu à l’automne 2000 des rencontres de consultation avec plusieurs directeurs de revues (la moitié des revues financées publiquement au Québec). Des tendances significatives se sont imposées dans le cours des échanges ; elles méritent que l’on s’y attarde d’autant qu’elles s’écartent de l’image simpliste de « réfractaires au changement » qui est souvent accolée aux directeurs de revues. De plus, les diverses considérations sont assez universelles pour le milieu des revues qui réunit les caractéristiques suivantes : sans but lucratif, en sciences humaines et sociales, inscrites dans les infrastructures nationales de diffusion de la connaissance.
30Les directions ont une connaissance très fine des conditions d’existence de leur revue, du travail éditorial jusqu’à la vente par abonnements, en passant par la production technique et la situation financière de la revue. Les revues sont dirigées par des professeurs généralement très actifs professionnellement et qui ont une expérience d’auteur sur les plans national et international. Ces gens manifestent un intérêt certain pour l’évolution du mode de communication scientifique et en comprennent les principaux enjeux.
31La publication numérique ne heurte pas les directions de revue, bien au contraire. Elles saisissent bien la tendance lourde vers le numérique et sont prêtes à aller de l’avant avec une version numérique de leur revue ; d’ailleurs, pour la plupart, des informations et extraits de la revue sont offerts dans un site Web et, dans certains cas, la revue est déjà offerte en version numérique. On reconnaît que le numérique est une voie de l’avenir et que la transition est essentielle pour conserver et augmenter la visibilité des revues. Partant de là, certaines considérations semblent essentielles pour assurer cette transition vers le numérique avec la collaboration des directions de revue.
32Pour que les choses puissent se faire, le réalisme est de rigueur. Il n’est sans doute pas approprié que le passage soit imposé par une action volontariste et d’application immédiate. Aussi fascinante que soit l’idée de considérer la version numérique comme la version première de la revue, elle implique un changement de culture, elle impose de modifier et de revoir les contenus, et elle nécessite de redéfinir les méthodes de travail. D’où l’idée d’une transformation à plusieurs facettes, qui relève aussi bien des auteurs, des équipes (éditoriales et administratives) en place et à recomposer, de la capacité financière de chacune et d’un nouveau rapport aux activités de production technique et de diffusion numérique de la revue. De là, une transition complexe et pour laquelle la cadence accélérée semble brutale, du moins pour plusieurs ; elle pourrait avoir un effet contraire à celui visé, en raison des réactions négatives qu’elle pourrait provoquer. Il convient d’étayer l’idée d’une transition maîtrisée.
33Le grand défi, c’est de concilier l’édition indépendante et la mise en place d’un lieu de prestation de services de diffusion des revues. Cette jonction peut se faire si les rôles sont bien définis, c’est-à-dire en faisant en sorte que ce lieu n’investisse pas le processus éditorial et que la responsabilité d’ensemble de la revue, y compris la responsabilité financière, reste dans les mains des directions actuelles. Il faut bien reconnaître que le milieu des revues est, d’une part, un milieu de spécialistes et de chercheurs établis, mais que c’est aussi, d’autre part, un milieu d’artisans et de bénévoles qui a mobilisé beaucoup de ressources dans le passé pour valoriser les revues et accroître leur rayonnement. L’attachement que ce milieu porte aux conditions de production et de diffusion des revues témoigne de l’investissement de chacun et du tissu social qui soutient une telle organisation. Un bouleversement de cette deuxième dimension du milieu provoque des réactions sociales prévisibles et légitimes. En reconnaissant cette réalité, une organisation sans but lucratif offrant des services de production technique et de diffusion numérique est vue par les revues comme une avenue intéressante, précisément parce que la version numérique de qualité peut difficilement se faire selon un mode artisanal, comme c’est le cas pour la version papier.
34C’est ni par nostalgie ni par seul souci d’avoir une image qui leur soit propre que les directions de revue soulignent la place toujours majeure de l’imprimé. La substitution de la version imprimée par la version numérique n’est pas un mouvement signalé du côté des revues importantes dans chaque discipline. L’adoption d’une version numérique pour les revues établies n’a pas, de façon générale, sonné le glas de la version imprimée. Les raisons évoquées tiennent principalement au changement progressif des habitudes des lecteurs, à un souci d’accroître la diffusion là où la version papier reste un support de grande pertinence, et aux attentes des lecteurs qui sont hors des milieux universitaires et qui n’ont pas les mêmes infrastructures de communication électronique. Par ailleurs, le papier n’est pas que source de coûts mais aussi de revenus qui dépassent ces premiers. Ces considérations ne militent pas contre la version numérique, mais soulignent l’intérêt de maintenir une version imprimée des revues.
35Les revues ressentent vivement la précarité financière de la situation actuelle ; en effet, la capacité de maintenir, avec des équipes réduites et sous-financées, une grande qualité de contenu et une reconnaissance dans le milieu scientifique dans la communauté plus immédiate et à l’étranger est compromise à l’heure actuelle. À court terme, les économies découlant de la production et de la diffusion numériques des revues ne sont certainement pas acquises. La capacité de dégager des revenus autonomes (par la vente d’abonnements et au numéro) et de diversifier les revenus publics est apparue, avec le temps, comme une garantie contre une trop grande vulnérabilité à l’égard des changements de politique d’une seule institution publique. L’idée de la gratuité permise par la présence d’un « commanditaire public » est intéressante en soi, mais accroît la dépendance à l’égard des fonds publics et élimine presque complètement les marges de manœuvre existantes à l’égard de décisions plus ou moins éclairées d’organismes publics, sur lesquels les revues ont peu de prise. L’intervention d’un « commanditaire public » devrait faire l’objet d’un « pacte financier » avec les revues, qui se caractériserait par la recherche d’une stabilité pour les revues et par des garanties sérieuses d’engagement public s’inscrivant dans la durée.
36Les revues sont des institutions qui ont participé activement au développement des sciences dans leur société et à la communication nationale et internationale de la connaissance. Les revues possèdent une histoire intellectuelle et sont des vecteurs précieux du développement et du rayonnement des travaux des chercheurs nationaux ou étrangers. Là-dessus, les revues remplissent un rôle qui est dans leur nature propre, et qui n’est pas spécifique à l’une ou l’autre société. Les directions de revue ressentent une grande responsabilité de protéger et de développer ce patrimoine collectif. Elles sont donc soucieuses d’éviter que des décisions mal assurées se transforment en coûts intellectuels et organisationnels majeurs et provoquent des situations irréversibles. C’est dans cet esprit qu’elles sont peu enclines à l’aventurisme, qui n’est pas associé au numérique, mais plutôt à un processus de prise de décision, dans lequel tous les éléments n’auraient pas été pris en compte.
Inertie ou dynamique sociale complexe ?
37La prudence et même l’opposition à l’égard de la disparition du support papier dans l’édition des revues méritent une certaine attention. La force d’inertie que l’on croit déceler par ces attitudes et que, bien des fois, on associe péjorativement à la notion de résistance, est d’abord un signal ou une manifestation d’un processus d’appropriation professionnelle et sociale des innovations dans la communication scientifique. Le passage de revues imprimées à la version numérique implique de toute évidence des changements qui ne sont pas que techniques.
38Le système de communication scientifique est un système social institutionnalisé avec ses conventions, ses rites et ses certitudes, avant d’être technique. Modifier les comportements et les attentes des divers acteurs et des institutions est un processus qui se bute à des « résistances » et à des « inerties » qui ne sont pas l’œuvre, a priori, d’esprits chagrins ou passéistes (bien que l’on en trouve !). On peut certes avoir une vision et des objectifs précis afin d’imprimer une orientation et de provoquer une transition des formes et des supports que prendra la revue comme vecteur de la communication scientifique, mais il importe aussi d’établir une stratégie conséquente qui prenne en compte le processus complexe d’appropriation des innovations.
39Cette question, qui part d’un constat bien pragmatique, demanderait à être creusée dans une perspective sociologique. À défaut de mener une recherche suivie dans ces pages, il apparaît tout de même précieux de rappeler quelques remarques judicieuses recueillies dans le livre dirigé par Marc Guillaume19. Pour les auteurs de ce collectif, si l’on est tenté de voir, dans le refus d’adopter une innovation ou dans la lenteur à se l’approprier, une manifestation de résistance de la part de l’usager, c’est sans doute parce que l’on est habité par l’utopie de l’avenir radieux des technologies de l’information. Il est vrai que la notion de résistance renvoie à l’idée de s’opposer à un mouvement ou à une force et qu’en ce sens, elle apparaît purement descriptive d’une attitude. Il reste que trop souvent, ce que l’on désigne, implicitement, c’est l’attitude ou le comportement d’un gêneur qui contrecarre un développement que l’on voudrait massif, rapide et inéluctable. Or, il n’y a pas d’extériorité entre la technique et son histoire, d’une part, et entre l’individu et son inscription sociale, d’autre part, mais, au contraire, une médiation très riche.
40Cette médiation, c’est « celle d’acteurs qui jouent un rôle d’interface entre concepteurs et usagers — les précurseurs, les prescripteurs ou les leaders d’opinion en étant trois des figures les mieux connues mais certainement pas les seules ; celle des institutions dans lesquelles l’appropriation est marquée par les règles de droit, les statuts sociaux et les rapports de pouvoir ; celle de la culture, autrement dit des représentations sociales, de l’imaginaire, des langages et des cadres de référence partagés20 ». Ces sphères de médiation définissent des contextes spécifiques d’appropriation dans lesquels sont engagés les groupes sociaux. Ce qui permet de dire que le processus d’appropriation sociale des innovations, comme dynamique complexe, pose directement la question des identités, des valeurs, des trajectoires sociales et des normes d’usage.
41Les processus de transformation s’inscrivent moins dans une problématique de table rase et bien davantage dans l'incorporation, par sédimentation, de nouvelles pratiques, représentations et organisations dans un ensemble dont les principes de référence démontrent, au moins en partie, une certaine constance. Les revues constituent des institutions dans les circuits de communication scientifique qui ont établi leur personnalité, leur sérieux et leur notoriété. Tout en reconnaissant l’intérêt de créer de nouvelles revues qui adoptent la seule version numérique, il reste tout à fait approprié de partir de ces institutions — dans leurs pratiques et en tenant compte des conventions en usage — pour susciter un mouvement de changement par l’introduction d’un travail soutenu d’édition numérique.
42Le renouvellement de la revue, dans sa conception, sa facture et sa diffusion, peut se faire sans une mise en cause radicale de l’ensemble des repères éditoriaux et physiques qui lui sont associés. D’où, dans la plupart des cas, la publication simultanée des versions imprimée et numérique de la revue, d’où aussi, la plupart du temps, le maintien de la notion de numéros et de volumes pour la revue, d’où également la conservation des numéros thématiques là où cela se pratique, etc. Et cela ne plaide en rien pour le caractère immuable des revues, bien au contraire. On ne doit pas confondre dynamique cumulative du changement et statisme ; avec cette dynamique, on est porté vers « autre chose », tout en suivant une cadence ponctuée en fonction des conditions de réalisation et de résultat Dans un article qui s’intéresse à la légitimité des publications numériques et qui perçoit la communication scientifique comme un système socio-technique, Kling et Covi21 considèrent, partant de l’expérience du Journal of Artificial Intelligence Research, que l’accueil et la légitimité d’une revue numérique passent certainement par l’usage des fonctionnalités du numérique au-delà de la diffusion, mais aussi largement par la conservation du support papier en parallèle et, insistent-ils, dans la présentation d’une version numérique qui utilise l’ensemble des conventions de la revue papier. Doit-on faire de ce souci de la réplique exacte une vertu cardinale de la transition en cours ? Il est possible d’en douter. C’est indubitablement notre cas. Sans faire l’apologie de la réplique, on ne peut cependant ignorer que l’existence d’une version imprimée constitue une des conditions de réussite des revues numériques22. Cela illustre, à n’en point douter, les contraintes avec lesquelles les stratégies de transformation ont dû composer afin d’assurer une meilleure transition et dans le but d’avoir une certaine efficacité.
LES CONDITONS ORGANISATIONNELLES DU CHANGEMENT
43La transition vers le numérique s’inscrit dans une structure socio-économique et scientifique au sein de laquelle s’organisent les revues et les équipes scientifiques. La position relative de cette structure dans les circuits de communication scientifique conditionne les ressources et autorise des perspectives de développement. Si nous partons de structures nationales, qui participent faiblement ou pas au sommet de la pyramide des circuits de la diffusion des connaissances par les revues, à la fois les ressources et le champ des possibles se rétrécissent. C’est en tenant compte de cette situation, que nous avons préalablement caractérisée, que se pose le dilemme de l’orientation technique et organisationnelle du cheminement vers la publication et la diffusion numériques des revues en sciences humaines et sociales, en particulier.
Le numérique et le morcellement organisationnel
44En raison de la dispersion organisationnelle et institutionnelle des revues, le défi du numérique peut conduire à confirmer ou pousser encore plus loin le morcellement du mode de fonctionnement des revues et, de ce fait, à élaborer des solutions pour le numérique sur une base individuelle et tenant compte des ressources limitées dont chacune dispose. Techniquement, certaines solutions apparaissent plus faciles à exploiter et peuvent conduire à mettre à la disposition dans le Web une version numérique de la revue, la plupart du temps gratuitement et avec des services rudimentaires. Les solutions que l’on peut préconiser dans ce cas peuvent difficilement contribuer à un traitement de publication, de conservation et de diffusion en adéquation avec la vocation de la revue et avec la nature des documents publiés.
45Dans ce cas, toute une série d’enjeux restent en suspens et se manifesteront assez rapidement une fois l’euphorie du lancement estompée. Par exemple :
- Peut-on maintenir le service sur une base régulière et sur plusieurs années ?
- Comment répondre aux besoins de mise à jour périodique des fichiers qui s’impose avec le choix d’un format propriétaire qui a été guidé par souci d’économie ?
- Peut-on, de façon isolée, assumer les coûts de l’utilisation ou du développement de services à valeur ajoutée, tels que références croisées, diffusion sélective de l’information, etc. ?
- Peut-on garantir aux lecteurs un accès constant et de qualité, impliquant un temps de réponse rapide ?
- Est-on en mesure d’assurer la sécurité du serveur et de l’environnement réseau du service de diffusion ?
- Est-on en mesure d’établir un système de diffusion efficace, avec des services de qualité et qui assurent une visibilité adéquate malgré la surabondance de sites dans le Web ?
- Quel modèle économique a-t-on retenu ? est-on en mesure de le mettre en place s’il est basé sur l’accès filtré par abonnement ? de quels moyens dispose-t-on pour développer les abonnements institutionnels et individuels pour le numérique ?
- Est-on en mesure de percevoir des revenus de la consultation ?
- Est-on en mesure d’assumer les responsabilités et les activités reliées à la conservation à long terme de la version numérique de la revue ?
- Est-on en mesure de faire une veille technologique et de procéder aux développements qui s’imposent en matière d’édition numérique ?
- Compte tenu du choix du format numérique, est-ce que l’on avance vraiment dans la création d’une revue réellement numérique ou ne fait-on que transposer une revue conçue essentiellement pour le papier ?
46Il s’agit là de quelques questions, parmi d’autres, qui indiquent simplement qu’il est techniquement possible de gérer électroniquement une revue sans que l’on puisse pour autant être en mesure de procéder à un traitement de publication, de conservation et de diffusion à la mesure des revues universitaires et conséquent avec la nature du document et sa vocation.
Une occasion à exploiter
47Le défi de la publication numérique peut être vu comme une occasion importante à exploiter, non seulement pour améliorer les conditions de diffusion, mais aussi pour repenser la revue et le mode de formalisation et de communication des résultats de recherche. Le défi consiste à s’approprier les technologies de l’information afin de les mettre au service de la publication scientifique. Sans doute, les nouveaux usages vont bouleverser les conditions de la recherche et de la diffusion de ses résultats, mais il importe, parallèlement, de démontrer un réel souci d’arrimer la valeur des contenus publiés et diffusés aux règles de l’art en édition et aux choix techniques. La transition qui s’enclenche touche aussi bien la valorisation et l’exploitation des résultats de recherche, la communication et la dissémination des travaux, les instruments et les conditions de recherche, le rôle de l’édition ainsi que les composantes de la chaîne de la communication scientifique — des auteurs, en passant par l’éditeur et les bibliothèques, jusqu’au chercheur-lecteur.
48Le défi incite à s’interroger sur la structure organisationnelle de publication caractérisée par la dispersion et le morcellement, alors que l’ère actuelle favorise des pratiques pensées en termes de réseaux. L’isolement et l’individualisation des pratiques dans l’édition de revues peuvent-ils être considérés comme favorables à la participation active aux changements en cours dans le système de communication scientifique ? Il n’y a pas de réponse simple à cette question, mais on peut voir dans ce défi une occasion pour repenser la structuration des activités de publication et de diffusion.
49Il est souhaitable que ces activités de publication et de diffusion s’inscrivent de façon plus large dans une vision des changements dans la communication scientifique et soient pensées en fonction d’une connaissance très fine des fonctionnalités des technologies de l’information appliquées à la vocation des revues. Ces activités de publication et de diffusion constituent un apport pour les revues en ce qui a trait aux phases plus techniques de la production et de la mise à disposition des textes de la revue. L’autonomie éditoriale, le processus d’arbitrage, la sélection et la correction des textes sont l’apanage des directions de revue. Définir la vocation d’un lieu de publication ou d’un site de diffusion numérique de revues n’entame en rien cette autonomie éditoriale, ni l’indépendance administrative et la personnalité intellectuelle et physique dont s’est dotée une revue. La revue est appelée à se délester de tâches de production directe et de diffusion (pour le numérique) au profit d’un prestataire de services qui, de son côté, doit travailler étroitement avec les revues pour valoriser les contenus et accroître leur rayonnement avec une démarche systématique d’exploitation des potentialités du Web.
50Un lieu de prestation de services est la première constellation dans un réseau qui ne peut que se développer. La notion de réseau est le maître mot pour caractériser la tendance lourde dans la transformation des pratiques sociales de communication, notamment23. La connotation de réseau varie en fonction de son usage contextuel : projet de société, contrainte incontournable ou constat implacable d’organisation sociale, par exemple. Pour notre part, son utilisation s’inscrit dans une démarche stratégique.
51L’isolement et l’individualisation des pratiques dans l’édition de revues sont-ils favorables à la participation active aux changements en cours dans le système de communication scientifique ? Certes, il est possible d’envisager que le défi de la publication numérique puisse pousser vers un morcellement dans l’adoption de solutions fragmentaires, mais on peut aussi voir dans ce défi une occasion de repenser la structure morcelée de publication pour privilégier des formules adaptées d’insertion dans des réseaux concernant les activités de publication et de diffusion.
52En prenant en compte l’ensemble de ces éléments concernant les revues — en particulier au Québec, au Canada et en France —, en se référant aux lieux majeurs de diffusion — notamment aux États-Unis —, et en considérant les enjeux cernés précédemment, on peut tracer les contours d’un projet de structure de diffusion numérique de revues en sciences humaines et sociales, c’est-à-dire en définir la trajectoire, retenir certaines options stratégiques et procéder à des choix techniques.
LA PROBLÉMATIQUE DES RÉSEAUX
53La problématique des réseaux condense certains enjeux importants qui doivent être traités avec attention. Manuel Castells24 observe que « les fonctions et les processus dominants de l’ère de l’information s’organisent de plus en plus en réseaux. Les réseaux constituent la nouvelle morphologie sociale de nos sociétés, et la diffusion de la logique de la mise en réseau détermine largement les processus de production, d’expérience, de pouvoir et de culture... [Ce] qui est nouveau aujourd’hui, c’est que le nouveau paradigme des technologies de l’information fournit les bases matérielles de son extension à la structure sociale tout entière ». Parmi les composantes de ce paradigme, notons l’omniprésence des effets des nouvelles technologies, la logique en réseau de tout groupe de relations qui utilise ces nouvelles technologies de l’information, et la convergence croissante des technologies particulières au sein d’un système hautement intégré25. De l’observation des tendances lourdes dans l’évolution des sociétés actuelles sous l’influence des technologies de l’information, on peut dégager des directions et même des stratégies d’action.
Stratégies d’action en phase avec le milieu
54Une direction de revue isolée peut difficilement se donner les moyens pour assurer la publication et la diffusion numériques de trois ou quatre numéros par année, à un coût et dans des conditions de réalisation qui soient raisonnables. La seule façon de s’en sortir, serait de bénéficier de compétences très polyvalentes d’un intervenant bénévole. Il est difficile d’y voir un modèle généralisable et stable dans la durée. À première vue, un volume d’opération s’avère être une condition pour permettre de réunir les ressources nécessaires et pour assurer une visibilité et une diffusion qui soient efficaces. La question peut être posée de façon banale, relativement au simple seuil de rentabilité. Il vaut sans doute mieux considérer cette variable « technique » en référence au cadre organisationnel qui pourrait permettre la publication de qualité et une présence forte dans les circuits mondiaux.
55Une structure d’accueil qui se modélerait à partir des principes d’une société sans but lucratif semble davantage propice à tout regroupement des efforts et appropriée comme lieu de prestation de services. C’est sûrement la forme la plus adaptée à la mission universitaire. On peut même imaginer, qu’avec une organisation efficace, ce serait le tremplin prédestiné pour faire contrepoids et même concurrence aux oligopoles de l’édition commerciale de documents universitaires. Dans tous les cas, c’est l’environnement qui peut le mieux offrir un service de qualité à des coûts acceptables.
56L’enjeu majeur, incontournable, implacable, c’est la capacité de mettre en place une démarche qui soit enracinée dans le milieu et qui rend compte de ses caractéristiques, mais surtout de reconnaître, respecter et garder intact l’autonomie des revues aux plans éditorial, financier et organisationnel. On peut y répondre adéquatement, en considérant, entre autres choses, que le processus éditorial établi par une revue est largement autonome par rapport au travail de publication en tant que tel. Que l’on puisse distinguer les acteurs et les lieux organisationnels est précieux, dans la mesure où la direction de la revue peut à la fois remplir et exécuter toutes les tâches éditoriales et assurer la responsabilité générale à l’égard de la revue, et confier à d’autres la responsabilité de la publier et de la diffuser.
57Pour que l’action soit pertinente et efficace, elle doit reposer sur une vision circonstanciée, qui dépasse le niveau macroscopique et les grandes généralités, pour tenir compte de la structuration des canaux de communication dans leurs dimensions économique et sociologique. C’est là l’occasion de proposer un autre modèle que celui des oligopoles sur le terrain économique. De plus, en tenant compte du deuxième élément de la structuration du milieu, qui se rapporte aux usages de la communication scientifique selon les secteurs, il est possible de mettre en œuvre une stratégie d’action en phase avec les acteurs déjà en place.
58Les sociétés savantes et les presses universitaires occupent une place importante dans la publication des revues en sciences pures, et en sciences humaines et sociales, tant par le nombre de revues publiées que par leur importance et leur qualité. Cela est vrai dans la sphère sélecte des revues ayant le plus d’impact mondialement (les 25 premières dans les disciplines) et encore davantage pour les revues qui s’inscrivent dans les infrastructures nationales de communication scientifique. Les « lieux d’édition sans but lucratif » sont des acteurs importants. L’organisation de l’édition montre que des éditeurs sans but lucratif ont des pratiques qui ne contribuent pas à la crise financière de l’édition savante et qu’ils jouent un rôle de premier plan parmi les revues dominantes. Généralement, les petits éditeurs privés qui sont actifs dans le secteur des revues ont des pratiques qui sont assez similaires à celles des éditeurs sans but lucratif. On peut capitaliser sur cette base pour se doter des moyens en mesure d’inscrire les revues dans le nouvel environnement de la communication scientifique.
Des lieux de publication en réseau
59Dans la perspective où les réseaux constituent un mode organisationnel qui traverse la société, une politique à la fois de concentration de ressources et de réseau revêt un intérêt stratégique pour développer une alternative aux oligopoles. Il faut donc considérer avec attention la possibilité de développer des pôles de publication et de diffusion numériques et imprimés de revues au service de la communauté des chercheurs et dédiés à la communauté scientifique.
60À un premier niveau, le lieu de diffusion, comme première forme de regroupement des revues, a pour responsabilité première d’assurer le rayonnement et la visibilité de la collection dans la toile. Nous avons déjà parlé des stratégies de diffusion qui sont conséquentes à cette mission (chapitre 3). Ces stratégies doivent pouvoir s’appuyer sur un bouquet de services aux revues et aux lecteurs, tels que l’hébergement sécuritaire, la diffusion numérique du rétrospectif et du courant, les métadonnées et le référencement permanent, l’outil de recherche adapté et performant, le filtrage d’accès, la veille technologique, etc.
61Cela dit, la mise en place d’un tel lieu va de pair avec la confirmation de l’autorité des directions sur leur revue et — au-delà de cette souveraineté reconnue sur les destinées de la revue — a tout avantage de compter sur ces directions dans l’identification et l’élaboration de services tant à l’égard des revues que des utilisateurs. En ne transférant que la responsabilité des volets de la production et de la diffusion numériques de la revue, les directions peuvent garder intact le contrôle qu’elles exercent sur la destinée des revues. Cela respecte la dynamique des revues et supporte le travail des équipes éditoriales, tout en leur fournissant des moyens d’exploiter numériquement le fruit de leurs activités. Ce mode d’organisation qui n’est pas unique fournit aux revues des moyens, grâce à l’effort collectif et aux ressources qui en découlent, qui va bien au-delà de la capacité de chacune, tout en permettant aux revues de contribuer au façonnement de l’itinéraire du réseau qui se constitue.
62À un deuxième niveau, sous une autre forme, le réseau devrait prendre la forme d’une collaboration assez étroite de lieux de diffusion numérique des revues26. Au minimum, ces lieux de diffusion devraient établir des normes communes pour la production des métadonnées se rapportant aux articles mis en ligne ; cela permet de constituer une base de données élargie, d’avoir accès à cette base pour la consultation des articles — ce qui n’exclut pas la présence de diverses portes d’accès — et de mettre en place un instrument de recherche performant pouvant balayer un corpus riche, car composé des parutions de nombreuses revues.
63La mise en réseau de sites de diffusion se fonderait ainsi sur le partage des métadonnées pour les articles hébergés sur chacun des sites du réseau, afin de rendre possible, sur chaque site, une recherche dans une masse documentaire globale, tout en dirigeant les utilisateurs vers les sites où sont hébergés les articles cités dans les résultats de la recherche. Cela permet d’unifier le signalement des articles tout en conservant l’autonomie de chaque site, notamment pour les conditions d’accès. Les conditions de développement de ce réseau n’imposent pas des contraintes trop lourdes, alors qu’il décuple l’intérêt du fonds documentaire des sites de revues, amplifie leur visibilité dans la toile et favorise un positionnement stratégique dans la diffusion auprès des moteurs de recherche, des répertoires et des grands index.
64Encore faut-il compter sur un code de communication (au sens large) et un cadre de référence commun ou étroitement compatible, pour les services à offrir aux lecteurs-usagers des revues. Cela n’entraîne pas une uniformité, mais une mise en phase ou une concordance des pratiques dont les paramètres auraient avantage à être mis en œuvre en collaboration avec les bibliothèques pour assurer la compatibilité avec leurs processus de traitement et de diffusion des revues savantes.
65Sans s’y limiter, on comprend bien qu’un réseau de sites de diffusion pour les revues francophones serait un levier très précieux pour le rayonnement de la recherche dans cette langue. Le réseau donnerait consistance et constance au sous-ensemble linguistique francophone de la communication scientifique. La réunion virtuelle d’un panier de revues qui rassemble l’essentiel des revues universitaires de la francophonie donne une vitrine extraordinaire pour ces vecteurs de communication de l’avancement de la recherche dans ce sous-ensemble linguistique du système mondial de communication scientifique. C’est un moyen fondamental pour que la recherche et le discours scientifique de langue française ait droit de cité dans le Web.
66Pour autant, il ne s’agirait pas de chercher à enfermer ou à enclaver ce sous-ensemble. Cela nous amène à considérer un troisième niveau à la compréhension du réseau. Si on a à gagner à donner forme à ce sous-ensemble de la communication scientifique, on a tout autant intérêt à faire en sorte que ce sous-ensemble soit un tremplin pour la présence dans le système mondial de communication scientifique, largement anglophile. Le réseau francophone devrait précisément se prolonger et participer à des échanges, sous le même mode, avec des sites majeurs de langue anglaise, notamment. De là, une stratégie de pénétration dans les canaux de diffusion peut s’organiser avec vigueur et constance ; et la masse documentaire, aussi bien que le mode unifié de structuration de l’information (métadonnées), constitueront des atouts majeurs pour assurer la présence dans les bases de données bibliographiques et textuelles, dans les moteurs de recherche, les répertoires et les grands index. Selon les revues et leurs secteurs respectifs, les cibles sont appelées à varier, afin de gagner en pertinence et en impact, mais la démarche de diffusion et les moyens retenus sont sensiblement les mêmes.
67La mise en commun d’informations et la capacité de puiser dans un corpus riche et diversifié, tout en respectant l’autonomie des sites partenaires, la volonté de se doter de compétences professionnelles, qui se situent à la frontière technologique, la livraison de services plus performants et personnalisés, l’accroissement des moyens de diffusion, par un réseau plus efficace et adapté agissant auprès des institutions vouées aussi à la diffusion et à la consultation de la documentation universitaire, comme les bibliothèques et les grands relais tels les outils de recherche et les bases de données, sont autant de conditions assurant une présence active et attractive dans le Web.
*
68Une discussion féconde sur la transformation de la communication scientifique, et sur la place de la publication numérique des revues en particulier, doit pouvoir s’appuyer sur l’identification des acteurs qui sont à l’œuvre et sur la reconnaissance de leurs positions respectives. Au-delà des acteurs, la qualification des rôles dans le contexte de l’appropriation des technologies de l’information et de la communication permet de cerner la nature des interventions dans le processus de publication et de diffusion des résultats de recherche. Partant des acteurs et des rôles, il est plus aisé de dégager des stratégies dans la constitution de réseaux pour le développement de la publication et de la communication scientifiques qui émanent et sont au service du milieu universitaire.
69Les grands éditeurs commerciaux de revues ont pris le contrôle de revues majeures dans les divers secteurs et ont élaboré, à partir d’une position oligopolistique, une stratégie de commercialisation leur permettant à la fois d’imposer leur panier de revues et de pratiquer des prix extravagants. Cette force commerciale ne doit pas occulter la présence, plus que significative, des acteurs sans but lucratif ; toutefois, elle souligne l’éclatement des modes d’organisation de la publication scientifique chez ces acteurs. Tout en se démarquant des pratiques oligopolistiques, des stratégies de réseautage à différents niveaux permettraient d’allier la force de la cohésion et la pluralité des personnalités des acteurs en présence.
70Les rôles joués par les differents acteurs ne sont pas incrustés sous une forme organisationnelle immuable. Les lieux de publication, qui ont pris la forme de revues indépendantes (de sociétés savantes ou d’institutions de recherche) orchestrant toutes les opérations, ou encore de maisons d’édition universitaires ou, plus récemment, de services associés aux bibliothèques, ont connu des formes organisationnelles diverses. Dans le contexte actuel, ces formes se renouvellent au gré des innovations et des initiatives. L’édition, la publication et la diffusion se renouvellent dans leur mission et dans les pratiques, mais occupent toujours une place capitale dans la communication scientifique. La chaîne qui va de l’édition à la diffusion prend de nouvelles dimensions et redéfinit les points de jonction, mais aussi les pratiques des acteurs, en particulier des bibliothèques.
71L’établissement des formes organisationnelles et la façon dont les auteurs définiront et s’acquitteront de leurs rôles ne répondent à aucun diktat. Peut-on espérer simplement que l’on puisse profiter des habiletés et des expertises de chacun et que la mise en place de réseaux, comme option stratégique, permettra le développement d’expertises complémentaires et non compétitives dans une chaîne constituée de foyers d’excellence composant les diverses mailles de la publication et de la diffusion numériques ?
Notes de bas de page
1 Raney, Keith R., « Into a Glass Darkly », The Journal of Electronic Publishing, vol. 4, no 2, décembre 1998 ; <http://www.press.umich.edu/jep/04-02/raney.html>.
2 2. Sur les attentes des auteurs et des lecteurs à l’égard des revues, voir aussi: Morris, Sally, « Learned Journals and the Communication of Research », Learned Publishing, vol. 11, no 4, 1998, p. 253-258; « What Authors Want: the alpsp Research Study on the Motivations and Concerns of Contributors to Learned Joumals », Learned Publishing, vol. 12, no 3,1999, p. 170-172.
3 3. Donovan, Bernard, « The Truth About Peer Review », Learned Publishing, vol. 11, no 3,1998, p. 179-184 ; Nadasdy, Zoltan, « A TrulyAll-Electronic Journal: Let Democracy Replace Peer Review », The Journal of Electronic Publishing, vol. 3, no 1, 1997; <http://www.press.umich.edu/jep/03-01/EJCBS.html> ; Harnard, Stevan, « The Invisible Hand of Peer Review », Nature, 6 juin 2000 ; <http://helix.nature.com/webmatters/invisible/invisible.html> ; van Rooyen Susan, « A Critical Examination of the Peer Process », Learned Publishing, vol. n, no 3, 1998, p. 185-191; van Rooyen, Susan, « The Evaluation of Peer Review Quality », Learned Publishing, vol. 14, no 2, 2001, p. 85-91.
4 4. Voir notamment les services chez HighWire ; HighWire Press, Bench Press, <http://benchpress.highwire.org>.
5 5. Beebe, Linda et Barbara Myers, « Digital Workflow : Managing the Process Electronically », The Journal of Electronic Publishing, vol. 5, no 4, 2000; <http://www.press.umich.edu/jep/05-04/sheridan.html>.
6 6. Voir à ce propos les réflexions de Marc Guillaume, L’empire des réseaux, Paris, Descartes & Cie, 1999,158 p. ; Fisher, Hervé, Le Choc du numérique, Montréal, vlb Éditeur, 2001, p. 19-88.
7 7. Le Crosnier, Hervé, Avons-nous besoin des journaux électroniques ? Communication présentée aux Journées sfic-enssib, Une nouvelle donne pour les journaux scientifiques, Villeurbanne, 20 novembre 1997 ; <http://www. info.unicaen.fr/herve/pub97/enssib/enssib.html>.
8 À noter ici que les rapports d’évaluation ne font pas nécessairement contrepoids, dans la mesure où les spécialistes, bien que lisant les publications des candidats, sont eux-mêmes imprégnés de ces mêmes indices et souvent leur accordent beaucoup d’importance.
9 Memorandum, 1999-2000 Academic Reappointment/Promotion Instructions, Rutgers, The State University of New Jersey, 10 juin 1999 ; <http://www.rutgers.edu/oldqueens/instruct.doc>.
10 Kiernan, Vincent, « Why Do Some Electronic-Only Journals Struggle, While Others Flourish ? », The Chronicle of Higher Education, 21 mai 1999; <http://chronicle.merit.edu/weekly/v45/i37/37ao2501.htm>. Ce texte a été repris dans The Journal of Electronic Publishing, vol. 4, no 4, 1999; <http://www.press. umich.edu/jep/04-04/kierman.html>.
11 Sweeney, Aldrin E., « Should You Publish in Electronic Joumals ? », The Journal of Electronic Publishing, vol. 6, no 2, décembre 2000 ; <http://www.press.umich.edu/jep/06-02/sweeney.html>.
12 Wyly, Brendan J., Competition in Scholarly Publishing ? What Publisher Profits Reveal ; <http://www.arl.org/newsltr/200/wyly.html>.
13 Langston, Lizbeth, Scholarly Communication and Electronic Publication: Implications for Research, Advancement, and Promotion, Untangling the Web, Santa Barbara Library web page, University of California; <http://www.library.zucsb.edu/untangle/langston.html>.
14 Fosmire, Michael et Song Yu, « Free Scholarly Electronic Journals: How Good Are They? », Issues in Science and Technology Librarianship, été 2000 ; <http://www.library.ucsb.edu/istl/oo-summer/refereed.html>.
15 Kiernan, Vincent, « Why Do Some Electronic-Only Journals Struggle, While Others Flourish ? », The Chronicle of Higher Education, 21 mai 1999 ; <http://chronicle.merit.edu/weekly/v45/i37/37ao2501.htm>. Ce texte a été repris dans The Journal of Electronic Publishing, vol. 4, no 4, 1999 ; <http://www.press.umich.edu/jep/04-04/kierman.html>.
16 Varian, Hal R., « The Future of Electronic Journals », The Journal of Electronic Publishing, vol. 4, no 1, septembre 1998 ; <http://www.press.umich. edu/jep/o4-or/varian.html>.
17 Abate, Tom, « Publishing Scientific Journals Online », BioScience, vol. 47, no 3,1997; <http://www.aibs.org/latitude/latpublications.html>.
18 Whisler, Sandra et Susan F. Rosenblatt, The Library and the University Press: Two Views of the Costsand Problems of the Current System of Scholarly Publishing, communication présentée au colloque Scholarly Communication Technology, Emory University, avril 1997 ; <http://www.arl.org/scomm/scat/rosenblatt. html>.
19 Guillaume, Marc (dir.), Où vont les autoroutes de l’information ? Paris, Descartes & Cie, 1997,190 p.
20 Ibid., p. 96 ; nous soulignons.
21 Kling, Rob et Lisa Covi, « Electronic Journals and Legitimate Media in the Systems of Scholarly Communication », The Information Society, vol. 11, n° 4, 1995, p. 261-271 ; <http://www.ics.uci.edu/ffikling/klingej2.html>.
22 Kiernan, Vincent, « Why Do Some Electronic-Only Journals Struggle, While Others Flourish? », The Chronicle of Higher Education, 21 mai 1999 ; <http://chronicle.merit.edu/weekly/v45/i37/37a02501.htm>. Ce texte a été repris dans The Journal of Electronic Publishing, vol. 4, no 4, 1999 ; <http://www.press. umich.edu/jep/04-04/kierman.html>.
23 Pensons notamment aux livres : Castells, Manuel, La société en réseaux. L’ère de l’information, Paris, Fayard, 1998, 613 p. ; Guillaume, Marc, L’empire des réseaux, Paris, Descartes & Cie, 1999,158 p. ; Berners-Lee, Tint, Weaving the Web, New York, Harper Collins, 2000, 246 p. ; Brown, John Seely et Paul Duguid, The Social Life of Information, Boston, Harvard Business School Press, 2000, 320 p. ; Carnoy, Martin, Dans quel monde vivons-nous ? Paris, Fayard, 2001,351 p. ; Arms, William, Digital Libraries, MIT Press ; Castells, Manuel, La galaxie Internet, Paris, Fayard, 2001, 365 p. ; Commissariat général du Plan, Les réseaux de la société de l'information, Paris, Éditions ESKA, collection « rapports officiels », 1996, 224 p. ; Fdida, Serge, Des autoroutes de l’information au cyberespace, Paris, Flammarion, Dominos, 1997,123 p. ; Collectif, La radio à l’ère de la convergence, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2001, 205 p. ; Wolton, Dominique (avec Olivier Jay), Internet : petit manuel de survie, Paris, Flammarion, 2000, 186 p. ; de Kerckhove, Derrick, L’intelligence des réseaux, Paris, Éditions Odile Jacob, 2000, 303 p. ; Sicard, Marie-Noële et Jean-Michel Besnier (sous la direction de), Les Technologies de l’information et de la communication : pour quelle société ?, Université de technologie de Compiègne, 1998, 271 p.
24 Castells, Manuel, La société en réseaux. L’ère de l’information, Paris, Fayard, 1998, p. 525.
25 Ibid, p. 87 et s.
26 Fletcher, Lloyd Alan, « Developing an Integrated Approach To Electronic Publishing : Tailoring Your Content For the Web », Learned Publishing, vol. 12, no 2, 1999, p. 107-117.
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