1871
p. 64-66
Texte intégral
60. À Eugène Pelletan
1Bordeaux, 20 février 1871
2Je réclame votre bienveillant appui1. Je vous ai déjà fait part de mon désir d’obtenir une grosse sous-préfecture ou une préfecture de troisième classe2. Sur votre avis, j’ai remis à plus tard ma démarche. L’heure n’estelle pas arrivée de faire une tentative ? Il va y avoir un massacre général de préfets et de sous-préfets. Il est impossible qu’avec votre bonne recommandation et mes antécédents, vos amis, MM. Picard et Jules Simon3, ne me trouvent pas une petite place. […] Je rendrai particulièrement des services dans le Midi, où j’ai été élevé. On me dit que la souspréfecture de Béziers sera libre4.
Extr. de cat., vente Piasa du 23 mars 2009.
61*. Destinataire inconnu
3Bordeaux, 4 mars 1871
4Monsieur,
5J’ai dû quitter Paris, avec la délégation, comme secrétaire de M. Glais-Bizoin5. Je regrette vivement le retard que j’ai dû mettre à m’acquitter envers vous.
6M. Lacroix6 a dû vous prévenir dernièrement des causes de mon absence. Il m’écrit que vous voudrez bien attendre mon retour. Je vous remercie mille fois de votre obligeance. Je rentrerai à Paris avec l’Assemblée nationale, et, dès mon arrivée, je m’empresserai d’aller m’entendre avec vous, au sujet du billet que vous avez entre les mains7.
7Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.
L.a.s., Archives municipales de Saint-Brieuc.
62. À Jules Guillemin
8Paris, 29 décembre 1871
9Monsieur et cher confrère,
10Il y a près de quinze jours que j’ai reçu votre excellent article sur La Fortune des Rougon8 et je ne vous ai pas encore dit toute ma reconnaissance… J’ai été très touché de votre sympathie. Je suis peu compris d’ordinaire, on m’accuse d’une foule de choses dont je ne me sens pas même coupable. Ainsi chaque poignée de main dans laquelle je reconnais un ami me va-t-elle au cœur. La tâche que j’ai entreprise est rude. J’ai besoin d’être soutenu.
11Merci encore pour vos paroles amies et veuillez me croire votre dévoué confrère.
Becker, 1983, p. 176.
Notes de bas de page
1 Pelletan se trouvait à Bordeaux depuis le 7 février 1871, y étant venu comme membre du gouvernement de la Défense nationale (il avait été réélu député de la Seine en 1869). Aux élections législatives du 8 février, il avait été élu député des Bouchesdu-Rhône.
2 On se rappelle que Zola avait refusé, deux mois plus tôt, des postes de souspréfet à Quimperlé et à Lesparre-Médoc (→ t. II, lettre 103), et qu’il n’avait pas réussi à se faire nommer à Aix (ibid., lettre 108).
3 Ernest Picard et Jules Simon avaient été, comme Pelletan, membres du gouvernement de la Défense nationale. Depuis le 19 février, Picard était ministre de l’Intérieur dans le cabinet Thiers et Simon ministre de l’Instruction publique.
Après avoir obtenu un doctorat en droit, Ernest Picard (1821-1877) s’inscrivit au barreau de Paris en 1846 et se fit rapidement une clientèle importante. Opposé à l’Empire, il devint un des actionnaires du journal Le Siècle et fut élu député de la Seine en 1858, puis réélu en 1863 et en 1869. Élu en février 1871 dans le département de Seine-et-Oise et dans la Meuse, il opta pour la Meuse. – Sur Jules Simon, voir les Notices biographiques des t. I et II.
4 Nous ne possédons pas la réponse de Pelletan. Dans sa « Lettre de Bordeaux » publiée dans La Cloche du 1er mars 1871, Zola écrivit : « On attend plus que jamais de M. Picard le massacre des préfets entêtés qui n’ont pas encore donné leur démission. Or, les préfectures sont des morceaux friands, très recherchés de certains gourmets. Et comme le ministre n’est pas ici, les postulants ne savent à quelle porte frapper. […] Le personnel préfectoral sera sans doute comme le cabinet, mi-partie républicain et mipartie royaliste. On cherche à fusionner. Il s’agit de contenter tout le monde, de faire de la conciliation quand même » (O.C., t. XIII, p. 385-386).
Le romancier voyait juste. Lors du remaniement préfectoral, les choix de Picard lui valurent à la fois l’hostilité de la presse réactionnaire et celle des journaux républicains. Il donna sa démission de ministre le 31 mai 1871 et fut ensuite ministre plénipotentiaire de France en Belgique, de novembre 1871 à mai 1873. En 1875, il devint sénateur inamovible.
5 Voir la lettre 59. On se rappelle que la délégation installée à Tours par le gouvernement de la Défense nationale, en septembre 1870, pour diriger la province, avait dû se replier, le 9 décembre, sur Bordeaux, en raison de l’avance prussienne. Zola était arrivé dans cette ville le 12 décembre, après avoir passé trois mois à Marseille.
6 Albert Lacroix, le premier éditeur des Rougon-Macquart.
7 Il s’agit, bien sûr, d’un billet à ordre (cf. t. II, lettre 84-C). Les Zola rentrèrent à Paris le 14 mars.
8 Voir t. II, lettre 142, ainsi que l’édition réalisée par Colette Becker dans Les Cahiers naturalistes.
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