85 Paysana, vol. 2, no 11, janvier 1940, p. 5-7 (épisode 9). Tu seras journaliste fait relâche en décembre 1939. Guèvremont, en présentant dans ce numéro des contes de Louis Fréchette (dont on fête le centenaire), écrit justement qu’elle lui cède « avec joie [s]a part de collaboration à Paysana » (« Louis Fréchette », Paysana, vol. 2, no 10, décembre 1939, p. 6). Une raison plus convaincante est peut-être que Guèvremont revient à ses paysanneries et publie, à l’occasion de Noël, le texte « Un petit Noël » (ibid., p. 3).
86 Il s’agit en fait d’un « Supplément de Noël ». Nous avons retrouvé les « Supplément de Noël » de 1928 et 1929 du Courrier de Sorel. Ceux-ci, s’ils ne varient guère par la forme des numéros ordinaires, faisaient une large part à la création littéraire et Guèvremont semble avoir participé à leur rédaction (voir présentation, supra, p. xxxvi-xxxvii).
87 Raoul Ponchon (1848-1937), poète français, est l’auteur de vers légers écrits en langage populaire. « Noël », le poème ici cité est paru en 1900 dans Le Courrier français. La suite du poème fait preuve d’une anglophobie exacerbée. Tous les peuples sont réunis devant l’enfant Jésus, mais lorsqu’un Anglais s’amène : « Tous les autres, vous pensez bien, / Le jettent à la porte, / Lui disant : « Va-t-en d’où tu viens ; / Que le diable t’emporte ! »
88 Référence aux familles rivales de Roméo et Juliette de Shakespeare.
89 Guèvremont développe ici un épisode d’Une grosse nouvelle (voir supra, p. 16-17). Sur les déplacements, voir supra, p. 17, note 12.
90 Guèvremont a souvent raconté cette anecdote, notamment dans Une grosse nouvelle et dans « La découverte de Sorel en 1926 ».
91 Giovanni Papini (1881-1956), poète d’avant-garde, proche des futuristes, qui se convertit au christianisme et publia La storia di Cristo (1921), traduit en français dès 1922 par Paul-Henri Michel. Guèvremont avait déjà cité, et assez longuement, « l’incomparable Histoire du Christ » de Papini dans la chronique « Pays-jasettes », qu’elle écrivait en collaboration avec Gaudet-Smet et qu’elles signaient La Passante (Paysana, vol. 1, no 6, août 1938, p. 24).
92 Cité intégralement. Giovanni Papini (trad. de Paul-Henri Michel), Histoire du Christ, Paris, Payot, 1946 [1921], p. 18.
93 Le second extrait est séparé du premier par environ une demi-page (ibid., p. 19).
94 Dans la tradition chrétienne, la légende de Notre-Dame-des-Neiges est liée à la construction d’une église : « Sous le pontificat du Pape Libère, il y avait à Rome un patricien du nom de Jean, marié à une dame de haute naissance. Ils n’avaient pas d’enfant. Déjà bien avancés en âge, ils résolurent, à défaut d’héritiers, de léguer tous leurs biens à la très Sainte Vierge. Ils prièrent avec une ferveur nouvelle, multiplièrent leurs jeûnes et leurs bonnes œuvres, dans le but d’apprendre de la Reine du Ciel Elle-même comment Elle voulait que leur fortune fût employée. Le 5 août 366, Elle leur apparut en songe séparément et leur dit que la Volonté de Son divin Fils et la Sienne était que leurs biens fussent employés à la construction d’une église sur le mont Exquilin, au lieu qu’ils trouveraient, le matin, couvert de neige. Les deux saints époux, à leur réveil, se communiquèrent leurs révélations, furent remplis de joie en voyant qu’elles se confirmaient l’une l’autre, et allèrent aussitôt trouver le Pape pour l’informer de ce que Dieu leur avait fait connaître. Libère, qui avait eu un songe semblable, ne douta point que ce fût un prodige céleste. Il fit assembler le clergé et le peuple et marcha en procession vers le lieu indiqué, pour constater la réalité de cette merveille. Le patricien Jean et sa femme suivirent le cortège, et, quand la procession fut arrivée sur la colline, on aperçut un emplacement couvert de neige, sur une étendue de terrain suffisante pour bâtir une vaste église. L’édifice fut bâti aux frais des deux époux, avec une grande magnificence, et on lui donna le nom de Sainte-Marie-des-Neiges, à cause du miracle qui en signala l’origine (Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950)[.] » La fête de Notre-Dame-des-Neiges est fixée au 5 août.
95 Voir le glossaire.
96 Guèvremont attribuera ce nom à Ludger Aubuchon, le mari de Marie-Amanda, la fille aînée de Didace dans le Cycle du Survenant.
97 Parlant à l’imagination nordique, Notre-Dame-des-Neiges est présente dans la géographie au Québec. Le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, s’appelle à l’origine Côte-Notre-Dame-des-Neiges. Situé dans ce quartier, le plus important cimetière de Montréal porte également ce nom. La notice d’un tableau de Charles-Edouard Chabauty (1939), représentant le miracle de Notre-Dame-des-Neiges et situé dans le chœur de l’église Notre-Dame-des-Neiges, évoque le culte que Marguerite Bourgeoys aurait voué à Notre-Dame-des-Neiges et ses efforts pour faire construire sur la montagne une chapelle lui étant dédiée. On trouve également une église, une paroisse et une municipalité de ce nom dans le Bas-Saint-Laurent. Deux légendes circulent sur l’église Notre-Dame-des-Neiges de Trois-Pistoles : un cheval noir diabolique aurait aidé à sa construction (Guèvremont propose à Darcinette l’histoire du cheval blanc) et son emplacement aurait été révélé (comme dans la légende romaine) par une neige miraculeuse tombée au mois d’août. De plus, la querelle des habitants et du curé, dans le conte de Guèvremont, fait peut-être écho à la longue guerre qui divisa les citoyens de Trois-Pistoles quant à l’emplacement de leur église. Ajoutons que, dans la dernière saison du téléroman, Guèvremont donnera le nom de Desneiges à la fille de Lisabel Provençal.
98 L’histoire d’un père puni dans son enfant se retrouve dans le conte « Épisode d’une nuit de Noël », paru dans le supplément de Noël du Courrier de Sorel du 20 décembre 1929 et qui serait vraisemblablement de la plume de Germaine Guèvremont : « – Louise, dit-il d’une voix sourde, à quoi bon prier ? Dieu nous a maudit ! // Elle se releva, blanche de terreur. // – Oui, poursuivit-il, il nous maudit et nous le méritons ; moi, surtout, je le mérite. Dieu me punit dans mon enfant de ma conduite envers mes parents. Les malheureux, ce qu’ils ont dû souffrir et ce qu’ils souffrent encore par moi (Le Courrier de Sorel, Supplément, 30e année, no 33, 20 décembre 1929, p. 4) ! »
99 Aubuchon, en effet, « a ramassé un peu de neige et s’[est] frott[é] les yeux. » Le conte renvoie ainsi à la « Guérison d’un aveugle né » (Jean 9, 6-7).