1. Questions de méthode
p. 19-37
Texte intégral
1Indépendamment de l’objet auquel ils s’intéressent, le politologue et « l’homme de la rue » se distinguent principalement par la démarche présidant à la production de leurs discours respectifs sur cet objet. S’il en est ainsi, c’est parce que, dans le rapport entre l’objet et son observateur, il existe au moins deux types d’« écrans » susceptibles de brouiller le discours. D’une part, tout objet se présente à son observateur déjà chargé d’histoire, mais aussi de caractéristiques qui lui ont été préalablement attribuées par des observateurs. D’autre part, l’observateur est lui-même porteur d’une histoire, de connaissances premières et de positions personnelles sur cet objet.
2Produire un discours scientifique suppose, dans ces conditions, un travail préalable sur ces « écrans », sans lequel une analyse objective est impossible. La démarche du politologue – comme celle de l’historien, du sociologue et de l’universitaire en général – se démarque en ce sens qu’elle est guidée par une recherche de l’objectivité, par le soin apporté à réunir des faits avérés et à produire des explications vérifiables1. Cet objectif ne peut être atteint sans le respect d’un certain nombre de précautions méthodologiques.
3Or, sur ce plan, l’Afrique est probablement un des objets qui pose le plus de défis aux chercheurs2. Il en est ainsi notamment parce que, pour plusieurs raisons provenant entre autres de son histoire et de son statut de continent colonisé, miné par des guerres et des régimes autoritaires, l’Afrique est rarement abordée de manière neutre, quel que soit le rapport du chercheur à celle-ci. Ses analystes risquent soit d’étayer des clichés, soit au contraire de tomber dans un angélisme à visée rédemptrice. Pour échapper à ces écueils, il convient, en premier lieu, d’être conscient des obstacles à la production de connaissances sur l’Afrique et de s’astreindre, en second lieu, à un effort méthodologique de construction de l’objet de recherche « Afrique ».
Les préjugés sur l’Afrique, obstacles à la neutralité du chercheur
4L’Afrique est un continent sur lequel les préjugés abondent3. D’où viennent ces préjugés et comment risquent-ils d’affecter l’analyse produite par les chercheurs ?
5Pour bien comprendre l’histoire de ces fausses représentations, il est nécessaire d’adopter une perspective historique. Elle offre en effet l’avantage de distinguer des moments clefs dans leur émergence, car contrairement à ce que l’on pourrait penser, la perception négative de l’Afrique et la permissivité de la recherche à ces préjugés n’ont pas toujours existé.
6Les historiens ont montré que pendant longtemps, au moins jusqu’à l’ère chrétienne, l’image de l’Afrique n’a pas souffert de préjugés systématiques. Cette époque est subdivisée par Valentin Y. Mudimbe en deux périodes qui traduisent les niveaux différents d’avancement de la connaissance qu’ont les Grecs du continent noir4. La période mythique, qui correspond aux derniers siècles de la haute Antiquité (d’Homère à Hérodote environ), est celle des peintures représentant l’Afrique au prisme de monstres et de créatures mystérieuses censés refléter le mystère entourant un continent dont on ne connaît alors vraiment que les parties correspondant grosso modo à l’Afrique du Nord actuelle, bien que de nombreux indices fournis par Hérodote montrent l’existence de tentatives d’exploration et même de circumnavigation dès le VIe siècle av. J. -C. La période anthropologique (à partir d’Hérodote) est celle de la recherche de compréhension à travers des descriptions fondées sur l’observation, qui se rapproche étonnamment des méthodes de recherche de terrain actuelles. Ces deux périodes se chevauchent cependant, ainsi que Mudimbe le montre en se référant aux travaux d’Hérodote. Si cet auteur est considéré comme le plus objectif de son époque, notamment en raison de sa connaissance empirique de la Libye (nom donné alors à l’Afrique) qu’il a visitée, il n’a pas pour autant échappé aux préjugés, par exemple celui selon lequel le sperme des Noirs serait noir… Mais le plus important est que cette époque révèle un rapport relativement neutre, sinon favorable à l’Afrique. Comme le souligne l’historien Alain Bourgeois, « il est réconfortant de voir que, au rebours de tant de peuples qui [ne] se sont tournés vers l’Afrique que par convoitise, pour sa richesse en or, en ivoire, en main-d’œuvre, les Grecs d’il y a plus de deux millénaires ont regardé avec admiration les nègres en tant qu’hommes, fraternellement5 ».
7Il semble que cette vision neutre de l’Afrique et de ses habitants change à l’ère chrétienne, plus précisément à partir de l’interprétation tendancieuse à laquelle a donné lieu la malédiction de Cham.
8Cette interprétation aurait été innocente si elle n’avait pas été utilisée plus tard pour justifier l’esclavage, puis la colonisation. Ces deux phénomènes ont été des moments cruciaux d’affermissement de la vision déformée développée sur l’Afrique, qui nourrit encore bien des travaux consacrés au continent.
9La période de l’esclavage a été un moment de déshumanisation des Africains dont les séquelles sont perceptibles aujourd’hui encore aussi bien en Afrique que dans les anciens pays importateurs d’esclaves. Le commerce des Noirs s’est étalé sur de longs siècles, mais c’est à partir de la découverte de l’Amérique au XVe siècle et de l’exploitation de ce Nouveau Monde qu’il a pris des proportions jamais atteintes dans l’histoire de l’humanité. Avec l’institution du « commerce triangulaire », des navires partent d’Europe avec des pacotilles et autres produits. Ils les écoulent en Afrique où ils se chargent d’esclaves. Ces derniers sont vendus en Amérique et, enfin, les navires regagnent l’Europe avec les revenus de leur expédition. On a pu présenter la campagne de défense des droits des Indiens d’Amérique menée par le dominicain espagnol Bartolomé de Las Casas (1484-1566) comme un facteur déclencheur de l’importation massive d’esclaves africains. On a pu également interpréter la bénédiction accordée par Noé aux frères de Cham comme une permission de réduire à l’esclavage les Africains considérés à tort, comme les descendants de Canaan.
la malédiction de cham
(genèse, chapitre 9, versets 20 à 27)
Dans la Bible, il est écrit qu’au lieu de couvrir son père Noé qu’il trouva ivre et endormi nu, Cham se contenta de rapporter l’histoire à ses frères Sem et Japhet. Ces derniers, au contraire, entrèrent dans la maison à reculons pour ne pas voir la nudité de leur père et le couvrirent. À son réveil, Noé prononça sa malédiction non pas contre Cham, mais contre son fils Canaan. Selon certaines interprétations, Canaan aurait été impliqué dans l’incident sans que Cham intervienne. Cham avait trois autres fils, soit Koush, Mitsraïm et Pout. Bien que la Bible présente Canaan comme l’ancêtre des Cananéens, Koush celui des Éthiopiens, Mitsraïm celui des Égyptiens et Pout celui des tribus arabes et africaines, l’interprétation qui s’est imposée veut que les Noirs soient les descendants de Canaan et qu’ils aient, en quelque sorte, hérité de la malédiction proférée par Noé quand il a dit : « Béni soit le Seigneur de Sem, et que Canaan soit son esclave ! Que Dieu donne de l’espace à Japhet ; que celui-ci habite les tentes de Sem et que Canaan soit son esclave6. »
10À partir du XIXe siècle, après des siècles d’esclavage, une présence sur les côtes africaines et de nombreuses missions de reconnaissance menées par différents explorateurs comme René Caillé, Henri Morton Stanley, David Livingstone, Pierre Savorgnan de Brazza7, commence l’entreprise de colonisation. Celle-ci culmine dans les années 1880 avec ce qu’on a appelé la « ruée vers l’Afrique » ; vaste course aux possessions territoriales que la conférence de Berlin de 1884-1885 est venue réguler afin d’éviter des guerres entre puissances coloniales européennes sur le sol africain8. Sur ce plan, il est important de se demander en quoi cette période a été un moment de cristallisation de l’image négative associée à l’Afrique. Non seulement l’entreprise coloniale a été présentée comme une « mission civilisatrice », mais cette formule fondée sur l’idée de race en vogue à l’époque, qui présuppose une hiérarchie des sociétés, une infériorité et un archaïsme des Africains, a été reprise et accréditée par des hommes d’État et des auteurs qui sont encore aujourd’hui sur un piédestal dans l’histoire européenne.
11Un bon exemple (voir l’encadré qui suit) est celui de Victor Hugo qui, bien qu’il soit connu pour des œuvres comme Les Misérables où il prend parti pour les dominés, n’a pas échappé à l’idéologie du moment.
12La bonne foi de Hugo n’est peut-être pas en cause et ce type d’attitude était courant, comme le démontre Ali Mazrui. Il souligne ainsi que Léon Blum admettait « le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science et de l’industrie ». D’autres sont moins « innocents », tel Ernest Renan (1871), pour qui « la nature a fait une race de maîtres et de soldats, à savoir les Européens, et une race de travailleurs de la terre, à savoir le nègre, que l’on peut facilement dompter si on est bon avec lui ». Mazrui montre que même Thomas Jefferson disait n’avoir encore jamais constaté qu’un homme noir ait exprimé une pensée allant au-delà du simple niveau de la narration et Le Grand Dictionnaire universel Larousse estimait dans une édition de 1866 en guise de présentation du mot Nègre que « un fait incontestable et qui domine tous les autres c’est [que les Nègres] ont le cerveau plus rétréci, plus léger et moins volumineux que celui de l’espèce blanche9 ». Le dictionnaire fait écho à une longue série d’auteurs qui ont relégué les Noirs à l’état de bêtes. Louis Sala-Molins le montre dans ses ouvrages Le code Noir ou le calvaire de Canaan et Les misères des Lumières. Voltaire (quoique souvent présenté comme un anti-esclavagiste utilisant l’ironie) disait dans son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations : « Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses […]. Des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce. »
victor hugo et la colonisation
Hugo, que l’on ne peut soupçonner de racisme, exaltait pourtant cette « mission » lorsque, participant à une fête sur l’abolition de l’esclavage, il s’est prononcé en faveur de la colonisation en s’écriant : « Est-ce que vous ne voyez pas le barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce monceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité, l’Afrique. Quelle terre que cette Afrique ! L’Asie a son histoire, l’Amérique a son histoire, l’Australie elle-même a son histoire ; l’Afrique n’a pas d’histoire. Une sorte de légende vaste et obscure l’enveloppe… Eh bien, cet effroi va disparaître. Déjà les deux peuples colonisateurs, qui sont deux grands peuples libres, la France et l’Angleterre, ont saisi l’Afrique ; la France la tient par l’Ouest et par le Nord ; l’Angleterre la tient par l’Est et par le Midi. Voici que l’Italie accepte sa part de ce travail colossal… Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. À qui ? À personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité10. »
13Mais un des porteurs les plus flagrants de cette vision est le philosophe Hegel, qui a écrit des mots terribles sur l’Afrique.
la vision hégélienne de l’afrique et des noirs
Ce continent n’est pas intéressant du point de vue de sa propre histoire, mais par le fait que nous voyons l’homme dans un état de sauvagerie et de barbarie qui l’empêche encore de faire partie intégrante de la civilisation […]. L’homme en Afrique, c’est l’homme dans son immédiateté. L’homme en tant qu’homme s’oppose à la nature et c’est ainsi qu’il devient homme. Mais en tant qu’il se distingue seulement de la nature, il n’en est qu’au premier stade, et est dominé par les passions. C’est un homme à l’état brut […]. Le nègre représente l’homme dans toute sa barbarie et son absence de discipline. Pour le comprendre, nous devons abandonner toutes nos façons de voir européennes. Nous ne devons penser ni à un Dieu spirituel, ni à une loi morale ; nous devons faire abstraction de tout esprit de respect et de moralité, de tout ce qui s’appelle sentiment, si nous voulons saisir sa nature. Tout cela, en effet, manque à l’homme qui en est au stade de l’immédiateté : on ne peut rien trouver dans son caractère qui s’accorde à l’humain11.
14On voit donc comment, historiquement, un ensemble de préjugés s’est progressivement développé, culminant finalement avec la partition du continent entre les colonisateurs européens à compter de 1885. À partir de ce moment, l’Afrique a été constamment jugée au prisme des formes institutionnelles, des normes culturelles et des valeurs occidentales. Un grand nombre de comparaisons binaires ont fleuri pour opposer l’Occident et l’Afrique, censés représenter respectivement civilisation et barbarie, modernité et tradition, lumière et ignorance, richesse et pauvreté.
15Ces comparaisons pour justifier la colonisation, au nom des Lumières et de la marche de la modernité, ont fini par constituer de puissants écrans à une approche de l’Afrique centrée sur l’Afrique, à une recherche objective plutôt qu’à une évaluation chargée de jugements de valeur occidentalocentrés. On a beau être au XXIe siècle, cette vision structure encore la perception de l’Afrique en Occident, comme on l’a vu en 2008 dans un discours prononcé dans la capitale sénégalaise par le président français Nicolas Sarkozy.
nicolas sarkozy et le discours de dakar
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. Le problème de l’Afrique, et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire. Le problème de l’Afrique, c’est de cesser de toujours répéter, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel retour, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’elle ne cesse de regretter ne reviendra pas pour la raison qu’il n’a jamais existé. Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance12.
16Des discours de ce genre sont courants et, il est très important de le noter, ils ne sont pas comme on pourrait le penser le seul fait d’Occidentaux. En effet, on ne parle pas plus objectivement de l’Afrique simplement parce qu’on est africain. Ainsi, ce type d’approche est aussi le fait d’auteurs africains qui adoptent un culturalisme primaire, tel Daniel Etounga Manguélé. Dans un exemple parfait d’occidentalocentrisme, il postule l’existence d’un ensemble de valeurs, d’attitudes et d’institutions unissant les pays d’Afrique subsaharienne. Selon lui, les sociétés africaines seraient caractérisées par une hiérarchisation, une stratification et une absence de mobilité sociale ; un faible contrôle de l’incertitude et un recours à l’irrationnel dans tous les domaines ; un immobilisme qui empêche d’altérer le cours des choses ; un esprit communautaire et une hostilité à l’individualisme ; un autoritarisme et un culte du pouvoir ou encore un unanimisme social13.
17De même, l’exemple de Stephen Smith illustre bien une autre forme de préjugé.
stephen smith et la dérive essentialiste de l’étude de l’afrique
Stephen Smith est un condensé parfait de la dérive de l’interprétation des enjeux politiques africains tels que les conflits, la démocratisation et la gouvernance. Ramenant au goût du jour les théories de la barbarie, de la cruauté et de la paresse supposées des Africains, il écrit, entre autres, que l’Afrique est un paradis naturel de la cruauté, que les Africains se « bouffent » entre eux, qu’ils sont habités par un refus d’entrer dans la modernité. Il va jusqu’à considérer que « si l’on « remplaçait » la population – à peu près équivalente – du Nigeria pétrolier par celle du Japon pauvre, ou celle de la République démocratique du Congo par celle de la France, il n’y aurait guère de souci à se faire pour l’avenir ni du « géant de l’Afrique noire », ni de l’ex-Zaïre. De même, si six millions d’Israéliens pouvaient, par un échange standard démographique, prendre la place des Tchadiens à peine plus nombreux, le Tibesti fleurirait et une Mésopotamie africaine naîtrait sur les terres fertiles entre le Logone et le Chari14.
18La recherche sur l’Afrique est, on le voit, constituée de nombreux travaux qui n’essayent pas de comprendre les phénomènes que le continent donne à voir dans une perspective sociologique. Cette dernière suppose que le chercheur a le devoir de mettre en lumière les phénomènes sans se poser la question de savoir s’ils sont normaux ou anormaux, justes ou injustes, modernes ou arriérés. Plutôt que de respecter ces principes de neutralité hérités de Max Weber et d’Émile Durkheim, nombre d’analystes portent plutôt un jugement en prenant l’Occident comme la norme et l’Afrique comme le cas déviant. Ce risque guette tout chercheur qui s’intéresse à l’Afrique en raison de la quantité de connaissances ordinaires dont il est porteur, consciemment ou inconsciemment.
La visée rédemptrice et la nécessaire prise de distance des chercheurs
19De nombreux auteurs ont tenté de remonter le fil de ces clichés. En raison de la densité des idées reçues à travers lesquelles ces auteurs devaient se frayer un chemin, leur travail d’investigation a souvent été « défensif », c’est-à-dire qu’il a été réalisé avec l’objectif de dénoncer l’injustice faite à l’Afrique et d’en prendre la défense15. Mais pour louable et compréhensible qu’elle soit, cette perspective rédemptrice n’est pas plus propice à une étude scientifique que la vision empreinte de clichés, car ce faisant, les auteurs manquent de distance par rapport à leur objet, un principe de méthode dont le respect s’impose à tout chercheur16.
20On peut soutenir que c’est d’abord de la littérature que sont venus les premiers travaux tentant de conjurer les images déformées produites par l’histoire. Un premier courant de travaux engagés remonte aux auteurs afro-américains militants tels ceux regroupés autour du mouvement littéraire connu sous l’appellation Harlem Renaissance, notamment Langston Hughes, Countee Cullen ou Claude MacKay. En France, des revues créées par des Africains et des Antillais commencent à voir le jour pour exalter la fierté d’être un Noir : Légitime défense, L’Étudiant noir, Présence africaine… Ces travaux sont animés par des auteurs soucieux de redonner aux Africains leur fierté bafouée. Parmi eux, René Maran, David Diop… mais surtout Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor qui ont lancé ce qui va devenir non seulement un mouvement littéraire, mais surtout un mouvement politique et militant : la négritude. Le contexte de colonisation et de brimade de l’époque explique pourquoi ce projet ne pouvait rester strictement littéraire. Senghor n’a eu de cesse de célébrer la femme noire et, par extension, l’Afrique ; Césaire, l’auteur du Discours sur le colonialisme, a été un des porte-voix flamboyants de la lutte pour l’émancipation. Pendant toute la période précédant la vague des indépendances des années 1960, cette littérature dite engagée a aussi été au cœur de la réflexion sur la condition des Africains et la lutte contre les préjugés, le racisme et la colonisation.
21Ces tendances initiées par la littérature ont eu un impact important sur la manière d’appréhender l’Afrique ensuite, notamment sur l’écriture rédemptrice des Africains, comme on le voit dans les travaux du savant sénégalais Cheick Anta Diop lorsqu’il établit, d’une part, l’unité culturelle de l’Afrique noire et, de l’autre, l’origine africaine de la civilisation de l’Égypte pharaonique17.
22Les travaux à visée rédemptrice présentent cependant deux types de risques. D’abord, face aux clichés, les chercheurs sont susceptibles de se lancer dans la présentation d’une Afrique « saturée de sens » pour reprendre l’expression appropriée d’Achille Mbembe. Comme le montre Jean-Pascal Daloz, « à la lecture de bien des écrits, on se dit que l’objectif des auteurs est moins de produire de la connaissance qu’un discours déculpabilisant, visant à contrecarrer systématiquement les clichés qui nuisent à l’image du sous-continent noir18 ». Ce type de démarche mène souvent à « un ré-enchantement de la tradition19 », porte à s’accrocher au mythe de l’authenticité d’une Afrique précoloniale idéale, démocratique et paisible, dont tous les maux actuels viendraient de l’Occident. Ensuite, cette approche rédemptrice mène à ce que Daloz appelle « l’autocensure plus ou moins inconsciente » d’auteurs qui s’empêchent d’écrire sur « les sujets qui fâchent » pour des raisons d’engagement ou par crainte « d’excommunication » alors même que d’un point de vue scientifique, ces sujets sont « tout à fait heuristiques20 ». Ainsi, si une telle démarche n’est pas totalement critiquable, elle n’est pas forcément celle qui permet de produire les travaux les plus fidèles à ce que l’Afrique est réellement. Cet angélisme contrevient aux principes méthodologiques de la distance et du non-engagement de la même manière que la reproduction de clichés ne respecte pas le principe méthodologique de base selon lequel le chercheur doit éviter de porter un jugement de valeur sur les objets qu’il analyse.
Construire l’Afrique comme objet de recherche
23Comment aborder l’Afrique dans ces conditions ? Trois angles de réflexion se dégagent pour qui veut échapper à ces pièges : éviter les généralisations abusives en abordant l’Afrique non pas comme un pays, mais comme un ensemble hétérogène ; traiter les objets africains pour eux-mêmes et pour ce qu’ils sont et non comme l’envers d’un décor occidental ; résoudre le dilemme entre universalisme et spécificité africaine, notamment en ce qui a trait à l’étude de l’Afrique à partir des concepts communs de la science politique.
Les Afriques plutôt qu’une Afrique
24Une des sources de la confusion qui entoure l’étude de l’Afrique vient des généralisations abusives auxquelles les auteurs succombent. La tendance à l’amalgame les conduit à aborder l’Afrique sans faire attention à l’extrême hétérogénéité de ce continent constitué de 53 pays majoritairement subsahariens. Il ne s’agit pas simplement ici de prendre en compte des nuances entre pays ou même de choisir entre l’étude d’un cas et l’étude de plusieurs cas. Ce qui est en jeu, c’est la validité des travaux qui ne posent pas une réflexion préalable sur la démarche adoptée. En effet, c’est moins la généralisation qui pose un problème que l’illusion que l’Afrique est uniforme. Certes, on peut étudier valablement l’Afrique au singulier sur certains objets et sur un plan général, car ses pays ont des traits communs que l’étude globale peut mettre en exergue. Il en est ainsi par exemple des processus de formation de l’État, des modes de gouvernance ou encore des processus de transformation politique. Mais cette étude est pertinente jusqu’à un certain point seulement, car l’Afrique est plurielle et nous gardons le terme au singulier tout au long du livre seulement pour des raisons de commodité. Postuler l’existence de plusieurs Afriques, comme le font certains auteurs21, est en effet une posture méthodologique plus satisfaisante. Elle montre la nécessité de tenir compte des différences entre les sociétés africaines aux héritages coloniaux différents, aux configurations territoriales et subétatiques diverses, aux trajectoires postcoloniales variées en termes de régimes, aux niveaux de développement asymétriques, aux niveaux de progrès démocratiques ou encore de conflictualité divergents. Cette hétérogénéité et ces divergences apparaîtront notamment dans l’étude d’un enjeu tel que la démocratisation, qui laisse voir des trajectoires extrêmement disparates, certains pays étant considérés comme des modèles et d’autres faisant preuve d’immobilisme à ce sujet.
Étudier l’Afrique pour ce qu’elle est
25En raison des risques inhérents aux démarches décrites ci-dessus, de nombreux chercheurs ont appelé à une analyse scientifique des objets d’étude sur l’Afrique. Ils ne s’entendent pas cependant sur les conditions nécessaires à cette analyse. Au moins deux grandes positions, plus heuristiques que celles étudiées ci-dessus, peuvent être dégagées. D’abord, certains auteurs insistent sur l’application à l’Afrique (ou aux Afriques) de la même démarche méthodologique habituellement utilisée pour comprendre d’autres objets. J. F. Bayart a été un des premiers à appeler les chercheurs à essayer de restituer l’historicité propre des sociétés africaines, principe qui implique de les étudier non pas par rapport à des normes préétablies, mais intrinsèquement. Dans la même lancée, Achille Mbembe, constatant « qu’il n’y a presque jamais de discours sur l’Afrique pour elle-même », veut « rendre compte, d’une manière aussi intelligible que possible, de quelques formes de l’imagination politique, sociale et culturelle dans l’Afrique actuelle, tant pour leur propre compte que dans la perspective d’une étude comparée des sociétés22 ». On pourrait dire en simplifiant que l’idée de ces auteurs est de « décrire » l’Afrique telle qu’elle se présente plutôt que de « l’interpréter » subjectivement.
26On trouve ensuite un second groupe d’auteurs qui pourraient être classés comme les adeptes des méthodes afrocentristes : Paul Zeleza, Wosene Yefru et Molefi Asanté, entre autres. Les deux premiers pensent que la réflexion sur l’Afrique doit partir de l’Afrique, voire des Africains. Yefru, qui travaille sur des questions économiques, appelle à l’élaboration d’un paradigme afrocentré, enraciné dans la culture africaine et débarrassé des prémisses épistémologiques extérieures23. Zeleza, selon lequel la recherche dominante est « fabriquée » en vue de valoriser et d’affirmer la supériorité de l’Occident tout en l’absolvant de sa violence existentielle et épistémologique envers l’Afrique, regrette la faible référence aux recherches africaines24. Certains de ces auteurs vont jusqu’à poser la question de la légitimité d’étudier l’Afrique pour des non-Africains qui ne parlent pas les langues africaines et n’ont pas de sympathie pour le continent. Selon Richard Sklar, l’afrocentrisme a été souvent présenté, de manière réductrice, comme une posture sentimentale, en raison entre autres de ce type de polémique, au détriment de sa dimension méthodologique25. En effet, l’afrocentrisme est un impératif analytique et non une posture sentimentale26. Si l’on accepte cette prépondérance de la dimension épistémologique sur l’engagement dans l’afrocentrisme27, celle-ci se rapproche alors de l’appel à étudier l’Afrique pour elle-même et s’éloigne de toute forme de ghettoïsation ou de militantisme.
L’Afrique entre universalisme et singularité
27Savoir si l’Afrique est un objet de recherche comme un autre ou un objet spécifique est une question méthodologique de la plus grande importance. Cette question ne se pose pas que dans l’étude de l’Afrique, mais elle y prend une dimension toute particulière. Il est évident que, comme tout contexte, les sociétés africaines ont leur part de spécificité. Mais prendre le strict parti de la singularité semble particulièrement problématique en raison du poids de l’histoire et des risques de dérives méthodologiques liés à une telle posture de recherche. Nous avons vu que de nombreux auteurs tels que Mudimbé, Zeleza et Yefru montrent comment, historiquement, la thèse de la spécificité africaine a été développée pour justifier l’esclavage, la colonisation et, plus généralement, selon Mbembe, pour construire « l’antithèse sur fond de laquelle l’Occident se représente l’origine de ses propres normes, élabore une image de lui-même et l’intègre dans un ensemble d’autres signifiants dont il se sert pour dire ce qu’il suppose être son identité28 ». Reconnaissant lui-même la sévérité de ce diagnostic, Mbembe remarque pourtant que « persiste encore, presque partout, le préjugé beaucoup trop simpliste et trop étroit selon lequel les formations sociales africaines relèveraient d’une catégorie spécifique, celle des sociétés de la tradition29 ». Derrière la tradition, poursuit-il, se cache l’idée selon laquelle ces sociétés fonctionneraient sur la base de l’immédiateté, de l’arbitraire, des sortilèges et de la coutume. C’est précisément ce genre de démarche qui conduit à produire des travaux comme celui d’Etounga Manguélé décrit plus haut. Cette thèse de la spécificité et de l’irréductibilité de l’Afrique est fondée sur une approche binaire tradition/modernité, communautarisme/individualisme, irrationnel/rationnel menant à un risque de ghettoïsation de la recherche africaniste, l’Afrique étant associée au premier terme de chaque couple, le second se rapportant à l’Occident.
28Dans ces conditions, faut-il au contraire se tourner vers des méthodologies et des concepts universalistes ? Les études africaines sont particulièrement au centre de ce débat, notamment en raison de la faiblesse de l’appareil théorique local et de l’extraversion conceptuelle sur lesquelles nous reviendrons au chapitre 2. L’étude des processus de démocratisation en Afrique, entre autres, a été un terrain de discussion de cette controverse entre les tenants de la spécificité et ceux de l’universalité. Les adeptes de la spécificité30 fondent souvent leur réflexion sur les différences culturelles pour considérer que l’Afrique est un objet à part et doit, par conséquent, être étudiée avec des outils théoriques spécifiques31. Les tenants de l’universalité estiment au contraire que les contextes africains sont perméables aux mêmes constructions théoriques, modèles et concepts que tout autre objet32.
29Deux arguments peuvent être avancés pour justifier la position défendant une universalité de l’Afrique en tant qu’objet de recherche. Le premier est pragmatique et résulte de la faiblesse, voire de l’inexistence de schémas théoriques élaborés localement, comme nous le verrons au chapitre 2. Le second est épistémologique, car l’utilisation des constructions générales est le meilleur moyen d’aborder les objets localisés, à condition bien entendu de savoir que l’élasticité des concepts a des limites et que chaque contexte garde une part d’insoluble. Quant à la position culturaliste, on peut lui concéder que ce concept n’est pas à jeter, selon l’expression de Jean-François Bayart, tout en se démarquant de la singularité culturaliste qui, ne s’affranchissant pas suffisamment d’un postulat d’homogénéité de la culture, oublie son caractère dynamique, construit et hétérogène33. Toutefois, l’adoption de méthodologies universalistes pures (y compris les méthodes de comparaison grand N employées par les utilisateurs des techniques quantitatives) pose le risque de passer à côté de nombreuses réalités locales. C’est pourquoi l’avenue la plus fructueuse semble être celle des méthodologies mixtes, selon les termes de Richard Sklar.
Vers des méthodologies mixtes
30Le recours à ce qu’on appelle ici des méthodologies mixtes suppose que l’on s’efforce de respecter un certain nombre de principes afin de satisfaire à la nécessité de « rendre compte de l’Afrique pour elle-même ». D’abord, étudier l’Afrique dans un contexte de forte prégnance des clichés implique une forme d’immersion sociologique qui interdit de juger a priori et pousse, de manière systématique, à adopter une démarche compréhensive plutôt que strictement positiviste. Cette démarche compréhensive est entendue ici non seulement au sens de Weber (se mettre à la place des acteurs), mais aussi à celui que lui donnait A. C. Whitaker ou Pierre Bourdieu34. Ces auteurs appellent à comprendre la condition des dominés sans pour autant se transformer en militants. Cette posture permet d’échapper plus facilement au risque d’entériner les préjugés en poussant loin l’intérêt pour l’objet. Une telle posture permet aussi de tirer profit des mérites de l’afrocentrisme et ceux des tenants d’une démarche positiviste.
31Ensuite, l’appel à appliquer des méthodologies mixtes vient en partie du souci d’échapper à la tension entre universalisme et relativisme culturel que Daniel-Louis Seiler, entre autres, a bien mis en évidence35. Cette tension pose des dilemmes épistémologiques amenant à se poser notamment deux types de questions. D’abord, peut-on partir des conclusions et des généralisations tirées d’expériences localisées dans des espaces politiques, géographiques et culturels différents pour étudier des cas nouveaux ? Ensuite, est-il légitime d’étudier des cas différents avec les mêmes concepts ?
32Le recours à des méthodologies mixtes implique que, tout en utilisant des concepts, modèles et théories issus d’études de contextes différents, le chercheur est attentif à leurs limites en raison de l’existence de certaines réalités propres à l’Afrique. Par exemple, R. Sklar s’est basé sur ce qu’il appelle l’autorité duale, c’est-à-dire la coexistence, au sein de la plupart des États africains, de pouvoirs traditionnels et de gouvernements bureaucratiques modernes, pour montrer que l’étude du pouvoir ne peut se faire à partir de catégories ni simplement universelles ni simplement traditionnelles. Le même type de démarche se retrouve chez Jean-François Médard lorsqu’il montre que les États africains sont avant tout hybrides, caractérisés par la coexistence de normes traditionnelles et de normes bureaucratiques. La même analyse peut être faite en ce qui a trait à la démocratisation ou l’exercice du pouvoir. Ce type de méthodologie trouve un défenseur en Giovanni Sartori qui appelle à surmonter le fossé entre approches idéographiques (qui privilégient la singularité) et nomothétiques (qui cherchent la généralité)36.
33Enfin, les concepts, modèles et théories doivent pouvoir être éventuellement remaniés à la lumière des terrains africains. En effet, on peut convenir avec Sklar que si on veut un rapport fructueux entre modèles d’analyse généraux et études de cas, l’on peut adopter une forme de relativisme culturel modéré. Cette option méthodologique permet, d’une part, d’échapper à l’impérialisme des grands modèles universalistes qui parviennent rarement à rendre compte de la personnalité des cas, comme nous le verrons au chapitre 2, et, d’autre part, de s’autoriser à revisiter les concepts et modèles d’analyse à la lumière des cas africains et, ainsi, d’étoffer la contribution des africanistes à l’analyse politique37.
34Il apparaît en conclusion qu’un des principaux obstacles à la production d’une connaissance scientifique réside dans ce que Pierre Bourdieu appelle « la sociologie spontanée ». Il renvoie au fait qu’existe sur tout phénomène des « représentations schématiques et sommaires » développées de longue date, répandues, facilement mobilisables et dans lesquelles la tentation de puiser est grande. Elles se présentent en effet au chercheur comme « des évidences qui procurent à bon compte l’illusion du savoir immédiat et de sa richesse inépuisable38 ». Ces connaissances premières agissent comme des écrans entre le chercheur et le savoir scientifique, soit parce qu’il les reprend à son compte, soit parce qu’il se transforme en justicier voulant les combattre.
35Ces risques et la vigilance méthodologique qu’ils commandent sont particulièrement importants lorsqu’on s’intéresse à l’Afrique. Peu d’objets sont en effet aussi chargés de connaissances ordinaires que ce continent qui apparaît quotidiennement dans les discussions de rue, dans les journaux et sur les écrans de télévision, comme entouré de mystère et ne relevant pas des mêmes catégories d’action et de pensée que le reste du monde, notamment le monde occidental. En retour, cette perception, produit d’une longue histoire et aux manifestations diverses, risque d’obscurcir la perspective de celui qui veut poser un regard lucide sur ce continent. Or, comme le montre Achille Mbembe, « le problème, en effet, est de faire justice à ce que J. -F. Bayart désigne “l’historicité des sociétés africaines”, c’est-à-dire, selon nous, les fondements de ce que l’on pourrait appeler leur “légalité propre”, leurs “propres raisons d’être” et leur “rapport à rien d’autre qu’à elles-mêmes”39 ». Tout discours sur l’Afrique qui se veut scientifique se doit d’éviter à la fois l’angélisme et les clichés, d’être conscient des dénominateurs communs mais aussi des différences entre sociétés africaines et d’opérer le va-et-vient entre approches générales et terrains concrets analysés.
Notes de bas de page
1 Lire notamment Gaston Bachelard, La formation de l’esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la connaissance objective, 6e édition, Paris, Vrin, 1969 ; Thomas Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1983 ; Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Paris, Payot, 1973.
2 Achille Mbembe, De la postcolonie : essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000, p. 7.
3 Georges Courade (dir.), l’Afrique des idées reçues, Paris, Belin, 2006.
4 Valentin Yves Mudimbe, The Idea of Africa, Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press, 1994, p. 1-37. Voir aussi, du même auteur, The Invention of Africa, Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press, 1988.
5 Alain Bourgeois, La Grèce antique devant la négritude, Paris, Présence africaine, 1971, p. 125, cité par V. Y. Mudimbe, The Idea of Africa, p. 20.
6 La Bible, Genèse, chapitre 9, versets 26 et 27.
7 Elikia M’Bokolo, Des missionnaires aux explorateurs : les Européens en Afrique, Paris, ABC, 1979.
8 Thomas Pakenham, The Scramble for Africa, 1876-1912, New York, Random House, 1991.
9 Ali A. Mazrui et al., « Le développement de la littérature moderne », en ligne sur www.unesco.org/culture/africa/html_fr/chapitre819/chapitre7.html, page consultée le 3 mars 2006.
10 Voir Jibril Chimere Diaw, « Victor Hugo et l’Afrique ou le mépris paternaliste », à propos du « Discours sur l’Afrique », dans Actes et paroles, 1870-1871-1872, sur www. Grioo. com, page consultée le 22 février 2005.
11 Georg W. F. Hegel, La raison dans l’histoire, Paris, Plon, 1982, p. 247-251.
12 www.afrik.com/article12199.html, page consultée le 8 septembre 2009.
13 Daniel Etounga Manguélé, « Does Africa Need a Cultural Adjustment Program? », dans Lawrence Harrisson et Samuel Huntington (dir.), Culture Matters: How Values Shape Human Progress, New York, Basic Books, 2000, p. 65-77.
14 Stephen Smith, Négrologie : comment l’Afrique se meurt, Paris, Calmann-Lévy, 2003.
15 Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Paris, Présence africaine, 1989 ; Mathurin Houngnikpo, « L’image de l’Afrique à travers les âges », dans L’illusion démocratique en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 69-98.
16 Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier, Pour une sociologie politique, Paris, Seuil, 1974, tome 1, p. 26-51.
17 Cheick Anta Diop, Nations nègres et culture : de l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui, 4e édition, Paris, Présence africaine, 1999.
18 Jean-Pascal Daloz, « Misère (s) de l’africanisme », Politique africaine, no 70, juin 1998, p. 106-107.
19 Achille Mbembe, « À propos des écritures africaines de soi », Politique africaine, no 77, 2000, p. 37.
20 Jean-Pascal Daloz, « Misère (s) de l’africanisme », p. 107.
21 Christian Coulon et Denis-Constant Martin (dir.), Les Afriques politiques, Paris, La Découverte, 1991 ; Dominique Darbon, « Réformer ou reformer les administrations projetées des Afriques ? Entre routine antipolitique et ingénierie politique contextuelle », Revue française d’administration publique, nos 105-106, 2003, p. 135-152.
22 Achille Mbembe, De la postcolonie, p. 10 et 14.
23 Wosene Yefru, « The African Challenge to Philosophical Paradigm: the Need for a Paradigm Shift in the Social, Economic and Political Development of Africa », Journal of Black Studies, vol. 30, no 3, 2000, p. 375 et suivantes.
24 Paul Zeleza, Manufacturing African Studies and Crises, Dakar, Codesria, 1997. Voir aussi en littérature Molefi Kete Asante, The Afrocentric Idea, Philadelphie, Temple University Press, 1998.
25 Richard R. Sklar, « The African Frontier for Political Science », dans Robert H. Bates, Valentin Y. Mudimbe et Jean O’Barr (dir.), Africa and the Disciplines, The Contributions of Research in Africa to the Social Sciences and the Humanities, Chicago, University of Chicago Press, 1993, p. 98-102.
26 C. S. Whitaker, « A Coda on Afrocentricity », dans Richard L. Sklar et C. S. Whitaker, African Politics and Problems in Development, Boulder, Lynne Rienner, 1991.
27 François-Xavier Fauvelle-Aymar et al., Afrocentrismes : l’histoire des Africains entre Égypte et Amérique, Paris, Karthala, 2000.
28 Achille Mbembe, De la postcolonie, p. 9.
29 Ibid., p. 11
30 Voir par exemple Bertrand Badie, « Je dis Occident, démocratie et développement. Réponse à 6 questions », Pouvoirs, no 52, 1990, p. 43-53 ; Mwayila Tshiyembe, État multinational et démocratie africaine : sociologie de la renaissance politique, Paris, L’Harmattan, 2001.
31 Francis Akindès, Les mirages de la démocratisation en Afrique subsaharienne francophone, Paris, Codesria/Karthala, 1996, chap. 4.
32 Michael Bratton et Nicolas Van de Walle, Democratic Experiments in Africa : Regime Transitions in Comparative Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 10.
33 René Otayek, « Démocratie, culture politique, sociétés plurales : une approche comparative à partir de situations africaines », Revue française de science politique, vol. 47, no 6, 1997, p. 799-822.
34 Pierre Bourdieu, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993 ; C. S. Whitaker, « A Coda on Afrocentricity ».
35 Daniel-Louis Seiler, « Science politique, comparaison et universaux ou ce que comparer veut dire », Revue internationale de politique comparée, vol. 1, no 1, 1994, p. 94.
36 Giovanni Sartori, « Bien comparer, mal comparer », Revue internationale de politique comparée, vol. 1, no 1, 1994, p. 30-32.
37 Goran Hyden, « Africanists’Contribution to Political Science », PS, décembre 2001, p. 797-800.
38 Pierre Bourdieu et al., Le métier de sociologue, 4e édition, Paris, Mouton, 1983, p. 27.
39 Achille Mbembe, De la postcolonie, p. 14.
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