1 On pense bien sûr aux Céline Dion, Guy Lafleur et Guy Laliberté de ce monde…
2 On songe par exemple à la récente biographie de Robert Rumilly écrite par Jean-François Nadeau (Robert Rumilly, l’homme de Duplessis, Montréal, Lux, 2009).
3 Voir à ce propos Boyer-Weinmann, Martine, La relation biographique. Enjeux contemporains, Seyssel, Champ Vallon, coll. « Essais », 2005.
4 Dans une entrevue récente avec Dominique Viart, Michon dit ainsi sa dette à ses prédécesseurs : « De mes lectures, ensuite, j’ai beaucoup reçu mais des morts seulement. De toute façon, qu’un écrivain soit vivant ou non, tu lis un mort. Je n’ai, sans doute de façon pathologique, accepté de conseils que des morts ou que des livres » (Michon, Pierre, et Dominique Viart : « Héritage et filiation. Entretien avec Pierre Michon par Dominique Viart », Roman 20-50, no 48, décembre 2009, p. 16).
5 Morency, Jean : « Le golem de la biographie. Écriture biographique et écriture de fiction chez Victor-Lévy Beaulieu », Voix et Images, no 89, hiver 2005, p. 29.
6 Ibid., p. 31
7 Beaulieu, Victor-Lévy, Monsieur Melville, t. 1 : Dans les aveilles de Moby Dick ; t. 2 : Lorsque souffle Moby Dick ; t. 3 : L’après Moby Dick ou la souveraine poésie, Montréal, VLB Éditeur, 1978.
8 Beaulieu, Victor-Lévy, Docteur Ferron. Pèlerinage. Œuvres complètes, t. 37, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, [1991] 2001. Les références à cet ouvrage seront dorénavant indiquées par l’abréviation DF suivie du folio entre parenthèses.
9 Le livre est le résultat d’une série de vingt émissions radiophoniques diffusées sur la bande MF de Radio-Canada entre janvier et mai 1991 ; chaque chapitre correspond à une émission de trente minutes.
10 L’héritage est le titre d’un téléroman (1987-1990) à succès qui a donné lieu à un roman en deux tomes (Beaulieu, Victor-Lévy, L’héritage, t. 1 : L’automne, t. 2 : L’hiver, Montréal, Stanké, [1987] 1991).
11 Et la critique ferronnienne après lui…
12 Ferron, Jacques, « Appendice aux Confitures de coings ou le congédiement de Frank Archibald Campbell », Les confitures de coings, Montréal, l’Hexagone, coll. « Typo », [1972] 1990, p. 123-190.
13 Garand, Dominique, Accès d’origine, ou pourquoi je lis encore Groulx, Basile, Ferron…, Montréal, Hurtubise HMH, coll. « Constantes », 2004, p. 70.
14 Sur ces questions, voir les entretiens de Ferron avec Pierre L’Hérault, particulièrement la section intitulée « Les années lumineuses » (Ferron, Jacques et Pierre L’Hérault, Par la porte d’en arrière. Entretiens, Montréal, Lanctôt Éditeur, 1997, p. 19-76).
15 Ferron, Jacques, Le ciel de Québec, Montréal, Bibliothèque québécoise, [1969] 2009.
16 Ferron, Jacques, et Pierre L’Hérault, op. cit., p. 27.
17 Michaud, Ginette, « Lire à l’anglaise », dans Ginette Michaud (dir.) avec la collaboration de Patrick Poirier, L’autre Ferron, Montréal, Fides/CÉTUQ, coll. « Nouvelles Études québécoises », 1995, 137-197.
18 Ibid., p. 160.
19 Ibid., p. 161.
20 Beaulieu partage avec Ferron ce fantasme de parvenir à la plus proche compréhension de ses maîtres anglophones, Melville et Joyce, sans connaître l’anglais. Voir Dion, Robert, « Victor-Lévy Beaulieu, la langue de Joyce », L’Action nationale, vol. 97, nos 5-6, mai-juin 2007, p. 76-85.
21 Ferron, Jacques, « Les salicaires », Du fond de mon arrière-cuisine, Montréal, Éditions du Jour, 1973, p. 265-289.
22 En témoigne le Manuel de la petite littérature du Québec (voir Beaulieu, Victor-Lévy, Manuel de la petite littérature du Québec, Montréal, Éditions de l’Aurore, coll. « Connaissance des pays québécois », 1974).
23 Bien davantage que celui de la Conquête, c’est ce seuil qui constitue vraiment, pour Ferron, le terminus a quo de notre conscience historique moderne.
24 Beaulieu, Victor-Lévy, et Jacques Ferron, Correspondances, Trois-Pistoles, Éditions Trois-Pistoles, 2005, p. 66.
25 Ibid., p. 69-70.
26 On peut voir là une tentation de Ferron, qui se traduit aussi sur le plan social : ne pouvant monter plus haut que la génération précédente, ne pouvant surclasser socialement le père, il va se déclasser, d’abord en devenant médecin de banlieue, médecin des pauvres, puis en se déclarant écrivain mineur amateur d’autres écrivains mineurs.
27 Beaulieu, Victor-Lévy, et Jacques Ferron, Correspondances, op. cit., p. 74.
28 Voici le passage en question : « Je devins en quelque sorte son parrain et lui glissai quelques petits conseils, en particulier sur la Nouvelle-Angleterre, qui lui ont été utiles. Il a prétendu dans son Melville qu’il ne comprenait pas ce que je lui disais. Je n’en doute pas : il tombait en transes dès que je lui parlais. Une telle frénésie m’impressionnait et je regardais son pied d’Œdipe : avec quelle allégresse il me culbuterait un jour de son chemin ! » (Ibid., p. 107-108). La lettre citée est du 6 février 1982.
29 Dans la Bible, rappelons-le, Abel c’est plutôt le tué que le tueur…
30 « [J]’ai l’impression que je viens tout juste de sortir d’entre les cuisses de mon père », est-il noté à la fin de l’ouvrage (DF, 366). Cela dit, Abel a beau être généré par le père, cela ne l’empêche pas d’écrire plus loin que le fils, « par ses actions, peut et doit regénérer le père » (DF, 361).
31 Beaulieu, Victor-Lévy, La tête de monsieur Ferron ou les chians, Montréal, VLB Éditeur, 1979.
32 Voici ce qu’Abel écrit après coup : « Tout ce qui compte pour moi, c’est qu’en adaptant Le ciel de Québec comme je m’y suis employé, j’ai mutilé une œuvre comme ce n’est pas permis de le faire. Et pas encore content de ce que j’avais entrepris, j’ai été beaucoup plus loin : dans ma pièce, j’ai fait de Jacques Ferron un personnage, me servant de ce que j’avais appris de lui en privé pour en faire montre devant des spectateurs qui n’en demandaient pas tant » (DF, 270).
33 Pelletier, Jacques, L’écriture mythologique. Essai sur l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu, Québec, Nuit blanche, coll. « Terre américaine », 1996.
34 Lamy, Catherine, « De Victor Hugo à Jacques Ferron : les parcours d’une interaction », Tangence, no 41, octobre, 1993, p. 86-94.
35 Ibid., p. 87. Lamy poursuit : « Ils [les quatre essais] instaurent, suspendent et finalement réduisent la tension de deux écritures, celle de l’élève et celle du maître, resserrée jusqu’à son aboutissement : la souveraine poésie. »
36 À « cet an premier de l’écriture », note Abel (DF, 18).
37 À la différence de ce qui se passait dans le Melville, où Abel entrait en contact avec l’écrivain quand il ne l’incarnait pas tout simplement, ou encore dans La tête de monsieur Ferron, où celui-ci était figuré sur la scène. Peut-être est-ce à cause de cette dernière incarnation, peu concluante, que Beaulieu a renoncé à faire de son modèle un personnage de Docteur Ferron.
38 Valéry et Aquin sont les influences avouées dans l’avant-propos (DF, 11), mais dans une entrevue avec Doris Dumais, réalisatrice de Radio-Canada Rimouski à l’origine de Docteur Ferron et de plusieurs autres projets radiophoniques avec Beaulieu, celui-ci évoque plutôt Diderot, en particulier Jacques le fataliste, qui est écrit sous forme de dialogues (Beaulieu et Dumais, 1993, p. 122). On peut voir deux raisons à cette discordance : la volonté de cacher une influence réelle (Diderot) par des influences factices (Valéry, Aquin), selon un procédé que Ferron lui-même avait identifié chez certains écrivains ; ou alors une réticence à avouer une dette à Diderot alors que Ferron avait été épouvanté par l’emprunt à l’encyclopédiste en ouverture à La tête de monsieur Ferron (tout le passage sur la mésaventure d’Ésope-Beaulieu, 1979, p. 19) et qu’il lui avait écrit par la suite : « Il n’y a pas grand-chose à prendre chez Diderot » (lettre de Jacques Ferron à Victor-Lévy Beaulieu, mi-mars 1979 ; Beaulieu, Victor-Lévy, et Jacques Ferron, Correspondances, op. cit., p. 54).
39 Beaulieu, Victor-Lévy, et Doris Dumais, « Espace sonore [Entrevue] », Tangence, no 41, octobre 1993, p. 122.
40 Victor-Lévy Beaulieu, Monsieur Melville, t. 3 : L’après Moby Dick ou la souveraine poésie, Montréal, VLB Éditeur, 1978, p. 51.
41 Car, comme le dit Ferron à la fin de l’« Appendice aux Confitures de coings », « [i] l faut faire vite, derrière nous les ponts sont coupés, il n’y a plus de salut que dans l’occupation complète du pays… » (op. cit., p. 190).
42 Trop, au dire de certains critiques : voir par exemple Milot, Louise, « Le géant Ferron de VLB », Nuit blanche, no 44, juin-juillet-août 1991, p. 18-19.
43 Voire de l’écriture même de Docteur Ferron…
44 Olscamp, Marcel, « Victor-Lévy Beaulieu : les intermittences de la biographie », dans Dominique Lafon, Rainier Grutman, Marcel Olscamp et Robert Vigneault (dir.), Approches de la biographie au Québec, Montréal, Fides, coll. « Archives des lettres canadiennes », t. XII, 2004, p. 70-71.
45 Ibid., p. 76.
46 Le privé, en effet, est sacré, scellé même par-delà la mort, ce qui justifie les scrupules du biographe. On est loin ici de la « dépréciation de l’idéal » (Schwob, Marcel, « Préface », dans Thomas De Quincey, Les derniers jours d’Emmanuel Kant, Toulouse, Éditions Ombres, [1899], p. 7-8. par laquelle Thomas De Quincey ironisait sur le culte voué aux grands hommes.
47 Abel énonce ce commentaire au sujet de l’intégration du mythe orphique dans Le ciel de Québec.
48 Sudau, Ralf, Werkbearbeitung, Dichterfiguren. Traditionsaneignung am Beispiel der deutschen Gegenwartsliteratur, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 1985 (traduction : Réécriture des œuvres, figures d’écrivains. L’appropriation de la tradition dans la littérature allemande contemporaine).
49 La citation allemande exacte est celle-ci : « [D]ie poetische Belebung von Dichter figuren verdankt sich vornehmlich der “produktiven Rezeption” der Lebenszeugnisse und Dokumente über den Dichter […] – und erst in zweiter Linie der Konsultation des eigentlichen literarischen Werkes » (Ibid., p. 97).
50 Sudau note qu’un certain « prétérit épique » (episches Präteritum) est notamment susceptible de produire un effet de présence (Ibid., p. 111).
51 L’expression se trouve dans N’évoque plus que le désenchantement de ta ténèbre, mon si pauvre Abel, Montréal, VLB Éditeur, 1976, p. 150 pour désigner les personnages réels (Mgr Camille, le cardinal Rodrigue, etc.) du Ciel de Québec.
52 Viart, Dominique, « Récits de filiation », dans Dominique Viart et Bruno Vercier (dir.), La littérature française au présent. Héritage, modernité, mutations, Paris, Bordas, coll. « La Bibliothèque Bordas », 2005, p. 78.