Chapitre 4. La modernisation militaire conventionnelle de la Chine
p. 69-94
Texte intégral
1Si l’émergence progressive de la Chine au rang de superpuissance militaire ne fait plus de doute, l’orientation stratégique du programme de modernisation militaire qu’elle met en œuvre reste à préciser. Dans ce chapitre, nous ne tenterons pas de dresser un bilan exhaustif ni de trancher l’épineux débat sur l’exactitude des chiffres avancés de toutes parts. Notre ambition sera plutôt de dégager certaines tendances.
2Dans un premier temps, nous reviendrons brièvement sur l’esprit général qui préside aux mutations dans le domaine militaire. Nous verrons ensuite les actions dans la conquête spatiale dont Beijing semble faire un nouveau champ de manœuvre. Nous proposerons par ailleurs une revue factuelle et analytique du budget de la Défense et des acquisitions d’armements sophistiqués.
Des ambitions militaires nettement relevées
3Aujourd’hui, les aspirations de la RPC au statut de superpuissance militaire ne souffrent guère d’ambiguïté. Forte de sa robustesse économique, elle est de plus en plus confiante dans l’affirmation de sa puissance, affichant clairement un potentiel croissant et une volonté à peine dissimulée d’assumer son rôle comme principal concurrent des États-Unis1.
4L’Armée populaire de libération (APL) boucle actuellement sa deuxième décennie de réformes et de modernisation, sans précédent dans son histoire et révolutionnaire par sa nature. Grosso modo, ces changements sont de trois ordres. D’une part, d’une force militaire conçue traditionnellement pour livrer des combats au sol, l’armée chinoise accorde dorénavant une égale importance aux forces navales et aériennes. Ensuite, d’une force armée préparée à livrer de longues batailles de libération dans l’hypothèse d’invasions ennemies sur son territoire, elle s’est transformée en une puissance militaire prête à engager des guerres de haute intensité, dotée d’une capacité de projection et de plus en plus orientée vers la défense des intérêts nationaux chinois au-delà de ses frontières.
5Enfin, d’une armée qui misait sur un personnel pléthorique afin de compenser ses carences technologiques, elle s’est muée en une puissance militaire pourvue de « poches d’excellence » technologiques n’ayant pas beaucoup à envier au savoir-faire conventionnel des autres puissances militaires. Autant de facettes qui viennent révéler la nature de la nouvelle mission qui incombe à l’armée chinoise et dont le caractère stratégique semble largement déborder le focus traditionnel mis sur le détroit de Taiwan comme principal argument de ses efforts de modernisation militaire2.
6Comme nous le soulignions aussi plus haut, l’armée chinoise a entrepris de développer un éventail de systèmes stratégiques, se transformant progressivement en une force jugée aujourd’hui suffisamment fiable afin de remettre en question la traditionnelle suprématie militaire américaine en Asie. Loin de l’en dissuader, l’avance militaire apparemment incommensurable des puissances rivales, en particulier celle des États-Unis, a au contraire dopé la Chine dans ses efforts en vue de se munir au plus vite d’une force militaire conventionnelle à la dimension de son statut de principale puissance émergente3.
7Les événements militaires survenus au cours des trois dernières décennies – qui ont renseigné les Chinois sur la nette supériorité de l’Occident en la matière – ont contribué à renforcer la perception déjà bien ancrée à Beijing qu’une force militaire adéquate et moderne est un élément essentiel au statut de « grande puissance » auquel aspire le leadership communiste. En réponse, ce dernier a réussi à promouvoir un consensus susceptible de favoriser les conditions nécessaires à la croissance économique et la modernisation militaire tenant compte du contexte unipolaire dominé par les États-Unis dans lequel il évolue4.
8Ainsi, vers la fin de la décennie 1990, le programme de modernisation militaire chinois, lancé environ dix ans plutôt, a-t-il connu une nouvelle impulsion, en réponse aux défis inhérents au nouvel environnement sécuritaire post-guerre froide. Au-delà de la rhétorique en faveur de l’émergence d’une société internationale harmonieuse dont Beijing se veut le promoteur, deux tendances sont généralement relevées comme preuves de sa résolution à parachever un agenda militaire inavoué.
9D’une part, des investissements soutenus, en particulier dans son arsenal militaire et ses capacités stratégiques, aux fins du relèvement des capacités de projection de l’armée chinoise au-delà de ses frontières asiatiques. D’autre part, depuis 1996, et à l’exception de 2003, son budget de Défense a, en termes réels, augmenté significativement d’au moins 10 % annuellement. À l’évidence, ces indicateurs inaugurent une nouvelle ère dans la stratégie de défense dite active. Pour le moins, ils scellent une nette rupture avec la politique suivie dans le contexte des « quatre modernisations », dont la défense ne représentait que le dernier des quatre piliers – à côté de l’agriculture, de l’industrie et de la technologie5.
10Dans ce contexte, sa stratégie d’affirmation de puissance post-guerre froide peut se présenter sous la forme d’un triangle dont la puissance militaire, avec celle économique et politique, constitue une des trois pierres angulaires. Pour ce qui est du volet militaire, les versions 2004 et 2006 du livre blanc sur la défense traduisaient déjà, de manière manifeste, les ambitions de Beijing. L’aventure à laquelle est conviée l’armée y est décrite sous la forme d’une entreprise devant aboutir à une « révolution dans les affaires militaires avec des caractéristiques chinoises ». Ce document définit par ailleurs un horizon temporel dans lequel concrétiser la plupart des buts fixés. En un mot, ceux-ci consistent à jeter une solide fondation d’ici 2010, essentiellement parvenir à maîtriser la mécanisation afin de progresser vers l’informatisation vers 2020 et, ultimement, atteindre l’objectif de modernisation de la défense nationale et des forces armées vers le milieu du XXIe siècle.
11Mais, il importe de le préciser, si l’armée a épousé le slogan de « révolution dans les affaires militaires avec des caractéristiques chinoises », c’est en guise de « raccourci » conceptuel – c’est-à-dire, probablement à défaut de mieux – afin de traduire ses efforts visant à développer une force militaire d’une taille relativement réduite en comparaison avec les versions précédentes de l’armée nationale, mais qui en même temps, aurait la faculté d’être plus flexible, agile et efficace. Sur un plan opérationnel, ces changements revêtent trois caractéristiques essentielles.
12Dans un premier temps, il s’agit de réduire la taille de l’APL et rendre plus efficaces l’industrie militaire et le système de recherche et de défense. Une deuxième étape consiste à introduire les services militaires dans l’ère des opérations interarmes rendues possibles par les technologies de l’information et de la communication. Finalement, selon plusieurs études, Beijing entend d’entretenir une puissance nucléaire dissuasive susceptible de remettre en question la prééminence américaine dans la mesure du possible.
13À défaut d’informations crédibles, les stratèges occidentaux devinent que l’une des priorités de l’APL est, à brève échéance, d’accumuler une puissance de projection au-delà de l’Asie et de chercher à se donner les moyens de barrer aux États-Unis les voies d’accès à l’Asie Centrale. Le département américain de la Défense paraît prendre ce scenario avec le plus grand sérieux, confirmant dans ses derniers rapports rendus publics que le programme de modernisation militaire de la Chine a enregistré des progrès considérables, avec des implications stratégiques en Asie.
L’espace comme nouveau champ de manœuvre
14Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître. Le 11 janvier 2007, emblématique de ses efforts de modernisation militaire, la Chine réussit à détruire un de ses anciens satellites en orbite (la collision a eu lieu à quelque 800 km au-dessus de la terre) au moyen d’un missile lancé depuis son territoire. Cette information, révélée avec un empressement compréhensible par la Maison Blanche, mais dans un premier temps non confirmée (ni démentie) par les autorités chinoises, n’a depuis cessé de faire des vagues.
15Jusque-là, seuls les États-Unis et l’ex-Union soviétique avaient démontré leur capacité de détruire des objets dans l’espace. L’entrée confirmée de la Chine dans ce club très fermé n’a pas manqué de relancer le débat sur la militarisation de l’espace et d’alimenter les éditoriaux dans les journaux et revues spécialisés.
16Mais au-delà du succès incontestable de l’opération et de son caractère révolutionnaire dans le contexte de l’entreprise de modernisation militaire chinoise, ce sont surtout les messages sibyllins qu’elle lance qui constitueront le fond des réflexions stratégiques. Lance Gatling, exofficier américain et expert des questions aérospatiales à Tokyo, estime ainsi que cet essai relance les craintes d’une militarisation de l’espace et démontre clairement que, dorénavant, les satellites espions ne sont plus à l’abri d’une destruction par un pays hostile. Mais surtout, estimet-il, les Chinois montrent clairement leur intention de poursuivre leur programme militaire spatial comme ils l’entendent, et qu’ils sont même prêts à en assumer les conséquences.
17Qu’en est-il en réalité ? La réponse est loin d’être évidente même s’il paraît certain que, si les États-Unis misent sur l’espace pour des raisons à la fois commerciales et militaires, la conquête spatiale signifie pour Beijing un « retour à la gloire ». En Occident, et en particulier aux États-Unis, une telle situation amplifie les préoccupations suscitées par l’émergence d’un pays aux ambitions géopolitiques jadis dormantes, mais aujourd’hui supposément réveillées.
18Ce test spatial réussi, discerne-t-on, ne restera pas sans suite et l’expérimentation de cette arme antisatellite participe forcément d’un programme plus vaste visant le développement d’autres armes de ce type, incluant des « ground-based lasers » et « jammers ». Si celles-ci étaient développées avec succès, prédit-on, elles mettraient à coup sûr à risque les satellites américains, c’est-à-dire, la base même de la suprématie militaire américaine dans la région asiatique.
19D’autres systèmes potentiels d’armements pourraient être à même de perturber l’usage de satellites placés en orbite à une altitude supérieure, y compris le système de géopositionnement sattélitaire mondial. Les spécialistes font remarquer que la perte de ces atouts dans l’espace serait de nature à affecter la plupart des opérations militaires américaines dans le Pacifique, incluant des interventions dans l’hypothèse d’un conflit sur la question de Taiwan.
20Ce qui ne fait pas de doute, c’est que cette opération spatiale peut tout simplement vouloir dire que l’effort de modernisation militaire entrepris avec la transformation accélérée de l’Armée populaire de libération, a porté ses fruits. Plusieurs évidences montrent en effet que le programme spatial de la Chine a accompli des progrès spectaculaires au cours des dernières années. Depuis 2003, la Chine a entrepris des missions spatiales habitées et lancé une navette spatiale sur la lune6. Ces réussites spectaculaires ont été obtenues grâce à des progrès importants dans une large gamme de technologies spatiales qui comprennent les programmes de lancement, les satellites et le vol spatial habité.
21Il faut par conséquent remettre cet effort spatial dans le contexte de ce qu’il convient d’appeler une double modernisation militaire : conventionnelle et non conventionnelle. En effet, ce bond remarqué de la Chine dans l’espace est cohérent avec la modernisation non conventionnelle qu’elle a entreprise parallèlement. Parmi les auteurs au sein de l’armée chinoise, il semble qu’est largement partagée l’idée que c’est seulement en établissant une domination spatiale qu’il serait possible de maîtriser pleinement les systèmes modernes de commande, contrôle, communications, ordinateurs, renseignement, surveillance et reconnaissance (C4ISR en anglais). Ceci est nécessaire si l’on veut rendre opérationnelles les fonctions de commande et de contrôle indispensables aux guerres dans un environnement informatisé (wars under informationalized conditions).
22Selon certains experts chinois, de son habilité à mener ces types de guerres dépend la chance de l’armée chinoise d’accomplir ses « missions historiques ». Elle disposerait par ailleurs d’un atout considérable en cela que les forces spatiales peuvent venir en appui aux forces terrestres, aériennes et navales en fournissant un support en information et même en engageant des attaques au sol.
23C’est ainsi qu’il faut comprendre les actions visant à intégrer des capacités militaires traditionnelles à son arsenal stratégique. Celles-ci incluent des missiles balistiques, entre autres armes conventionnelles à très longue portée7. Depuis plus d’une décennie maintenant, les stratèges militaires et des scientifiques de l’aérospatial s’ingénient à concevoir un modèle pour asseoir une domination dans l’espace. Par conséquent, équiper ce qui est désigné par les stratèges comme le « Space Theater of Global War » (que nous traduisons par : Théâtre spatial de la Guerre Globale) dictera les priorités technico-militaires de l’industrie de défense de la Chine au début du XXIe siècle8.
Un budget militaire en adéquation avec des ambitions de puissance
24La hausse substantielle et constante du budget militaire chinois ne fait plus partie des secrets d’États, jalousement entretenus par Beijing. Connues généralement pour leur discrétion, des voies autorisées assument désormais volontiers la part de lion que se taille la défense dans la répartition des ressources chinoises. « Nous devons augmenter notre budget militaire, car il est important pour la sécurité nationale. L’armée chinoise doit se moderniser. Dans l’ensemble, notre budget de la défense est inadéquat9 ». Ces déclarations attribuées à un porte-parole de l’armée chinoise en font foi ; elles traduisent bien les ambitions de la Chine à l’aube du nouveau millénaire. Tandis que la puissance chinoise continue de s’amplifier globalement, lui faisant miroiter un plus grand rôle dans les affaires mondiales, Beijing a aussi compris qu’il lui sera indispensable de disposer d’une armée à la dimension de ses ambitions géopolitiques. Elle ne lésine pas sur les moyens que lui procure son économie en plein essor. Elle a pu se payer le luxe de consentir des investissements significatifs dans un programme de modernisation tous azimuts. Celui-ci est axé sur une professionnalisation accrue de ses forces armées, sans pour autant nuire à son ascension économique, contrairement à ce qui s’est passé pour l’URSS en son temps.
25La Chine continue d’investir des sommes conséquentes dans son système de défense, en particulier dans son arsenal et ses capacités stratégiques. La RPC est le pays au monde qui augmente son budget militaire dans les proportions les plus considérables. En 2009, elle a annoncé une augmentation de son budget militaire de 14,9 %, soit la 19 e hausse à double chiffres en 20 ans. Même s’il accuse une baisse par rapport aux années précédentes (17,6 % en 2008 et 17,8 % en 2007), pris dans le contexte mondial caractérisé par une sévère récession économique, cette allo cation qui totalise 6,3 % de son budget national fournit tout de même une preuve de l’importance que la Chine accorde à la question militaire.
26Ce faisant, elle confirme son ambition de rendre ses forces armées plus compétitives en les élevant au niveau de celles d’autres grandes puissances rivales. Les chiffres disponibles pour 2007 attiraient déjà l’attention en cela qu’ils représentaient la plus grande rallonge depuis plusieurs années. Qui plus est, ces augmentations s’opèrent au grand dam des pays occidentaux, en quête d’informations quasi introuvables sur la justification de ces dépenses en nette croissance.
27En réaction à ces hausses budgétaires répétées, Washington a régulièrement, mais en vain, encouragé Beijing à ouvrir ses secrets militaires à plus d’examens. Stratégiques, les dirigeants chinois dénoncent une campagne de désinformation, rejetant toujours d’un revers de main la moindre suggestion que les dépenses militaires consenties puissent traduire une menace de quelque nature pour d’autres pays, et défendant au contraire qu’une bonne partie du budget de la défense est destinée à financer les salaires de ses 2,5 millions de soldats. Li Zhaoxing, porteparole du Congrès National du Peuple, va jusqu’à qualifier le budget de la défense de la Chine de « modeste », en comparaison par exemple avec celui des États-Unis dont il est vrai qu’il ne représente qu’environ un dixième.
28Quoique Beijing justifie ses efforts, les rangeant systématiquement dans le cadre d’actions visant son « développement pacifique » ainsi que le renforcement de sa défense nationale, ses dépenses militaires constituent une des principales évidences corroborant la thèse de « la menace chinoise ».
29À cet égard, le rapport annuel 2007 du département américain de la défense donne toute la mesure de la vigilance de Washington vis-à-vis de Beijing. Les dirigeants américains s’accordent avec la plupart des analystes pour penser que les officiels chinois font généralement mystère sur leurs réels investissements militaires. Ainsi, les propos de Jiang Enzhu, porte-parole de la première session de la 11 e Assemblée populaire nationale (APN), qui a indiqué que la Chine comptait augmenter son budget de la défense de 17,6 % à 417,8 milliards de yuans (57,2 milliards de dollars) en 2008, bien que déjà très important, seraient-ils loin de refléter la réalité.
30Le Pentagone chiffrait entre 97 et 139 milliards de dollars l’enveloppe militaire de la Chine en 2007, ce qui a finalement acculé Beijing à concéder que l’augmentation était de 19,5 % en 2006. C’est aussi seulement à cette occasion que l’on connaîtra le montant (revu à la hausse) pour 2008, soit une hausse de 17,6 % équivalant à 57,2 milliards de dollars. Selon certaines déductions couramment utilisées, les dépenses chinoises peuvent être jusqu’à deux ou trois fois plus élevées que les chiffres officiels. Cela placerait les 44 milliards de dollars chinois à 67 milliards, montant comparable aux 65 milliards dépensés par la Russie, aux 43 milliards du Japon et aux 38 milliards du Royaume-Uni10. Entre 2000 et 2005, le budget de la défense a doublé, s’élevant à 247,7 milliards de yuans, soit 30,7 milliards de dollars contre 120 milliards de yuans (14,5 milliards de dollars) cinq ans auparavant11.
31Les dépenses militaires officielles ont donc crû remarquablement, à un rythme annuel effréné de deux chiffres depuis le début des années 199012. Déjà en 2005, un rapport du Pentagone estimait que les dépenses militaires chinoises se chiffraient à plus de 90 milliards de dollars, soit le plus important budget militaire d’Asie et le troisième du monde après ceux des États-Unis et de la Russie. Certains calculs faisaient mention, pour la même année, de 104 milliards de dollars, ce qui en ferait le deuxième budget militaire mondial derrière uniquement les États-Unis13.
32Certains relèvent même que, en termes de parité du pouvoir d’achat (PPA), les dépenses militaires effectives dépassent de loin les 45 milliards de dollars (chiffre annoncé en 2007 par la Chine), ou même les 105 milliards estimés par le département américain de la Défense. Ces dépenses militaires se situeraient autour de 450 milliards en termes de PPA, ce qui mettrait la Chine au même niveau que les États-Unis. Ce montant ne serait pas à minimiser selon les analystes qui rappellent qu’un milliard de dollars peut procurer beaucoup plus en Chine qu’aux États-Unis…
33Tenant compte du fait que ces augmentations soutenues du budget militaire de la Chine interviennent au cours de la période post-guerre froide, marquée par des efforts de désarmement multilatéraux, certains analystes continuent de s’interroger sur les véritables motivations de Beijing. Quand on tient compte du rythme de croissance du PIB de la Chine, on peut prévoir que, sur les 10 à 20 prochaines années, même si Beijing devait maintenir un budget de la défense relativement « modeste », comme le prétend un de ses porte-parole, cela n’empêcherait pas une croissance rapide de ses dépenses militaires réelles, qui, ainsi, continuerait à pourvoir sans difficulté à son armement14.
34Dans l’espace d’une décennie, sinon beaucoup plus tôt, la Chine sera le premier rival mondial des États-Unis pour ce qui est de l’influence militaire et stratégique15. D’aucuns pensent que son budget militaire fournit une claire indication des efforts entrepris par l’Armée Populaire de Libération afin de se transformer d’une force excessivement peuplée en une armée restructurée, basée sur l’information et s’appuyant sur un personnel fait de soldats et d’officiers hautement qualifiés16.
35On estime généralement que des dépenses militaires significatives pourraient ne pas apparaître dans le budget de la défense annoncé par Beijing. Selon certaines estimations parmi les plus prudentes, ces coûts invisibles, quoique difficiles à calculer, comprennent l’acquisition d’armements de l’étranger ; des subventions à l’industrie de la défense – incluant l’Armée populaire de libération et les groupes paramilitaires – ; des projets de construction liés à la défense ; etc.
36Les chiffres officiels omettent volontiers les coûts relatifs à certaines autres rubriques importantes comme la démobilisation et la pension, l’entretien des réserves et de la police de l’armée populaire (PAP), et les revenus provenant d’échanges commerciaux17. En conclusion, cette élévation sans précédent du budget militaire de la Chine est un des indicateurs de sa puissance et en font surement ce qu’on qualifie en Occident de « top global power ».
Une superpuissance militaire en devenir
37Si l’on tient compte de tous les critères pertinents de la puissance, la Chine s’impose aujourd’hui comme une superpuissance militaire potentielle. À termes, estime-t-on, elle disposera d’une puissance militaire en adéquation avec son statut global et des options militaires envisagées vis-à-vis de Taiwan. Depuis 1990, elle a en effet dramatiquement redressé ses ressources militaires terrestres, navales et spatiales et, plus récemment, elle a entrepris de développer des capacités de projection au-delà de l’Océan Pacifique par le biais d’une flottille de petits bateaux de guerres dans le golfe d’Aden dans le cadre d’efforts internationaux visant à combattre la piraterie somalienne.
38En août 2009, le ministre de la défense, Liang Guanglie, dont les déclarations ont été relayées par la presse internationale, tout en réitérant que l’armée chinoise se développera pacifiquement, a tenu à préciser que celle-ci intensifierait aussi sa coopération avec des forces armées étrangères afin de remplir ses obligations internationales. La raison se trouve dans l’inquiétude qu’elle suscite et dans le besoin de la calmer.
39En 2008, le Pentagone a tiré la sonnette d’alarme sur les efforts militaires de la Chine. Cette version de son Annual Report on the Military Power of the People’s Republic of China dépeignait au Congrès, comme celles plus récentes, un tableau très factuel de la modernisation en mode accéléré des capacités militaires de ce pays. Les experts américains ont, en substance, mis l’accent sur le fait que la Chine était non seulement en train de se doter de capacités militaires de projections au-delà de ses frontières asiatiques dans les domaines terrestre, naval et aérien, mais surtout qu’elle se concentrait sur l’intégration des différentes composantes de ses forces armées à des fins supposées d’opérations conjointes.
40Les rapports officiels du département américain de la Défense méritent attention même si, à n’en pas douter, ils présentent la perspective officielle américaine sur la question avec un risque connu d’exagération. Cette précaution observée, il ne fait aujourd’hui guère de doute que l’APL met le cap sur le concept présenté plus haut de « guerre locale dans un environnement informatisé ». Dans cette perspective, deux objectifs stratégiques seraient poursuivis par la Chine qui peuvent se résumer en deux mots : « coercition » vis-à-vis de Taiwan et « dissuasion » quant à tout éventuel soutien des États-Unis en faveur de l’île.
41Par ailleurs, la Chine partage des frontières avec 15 autres pays en Asie, plusieurs desquels posent, selon elle, de sérieux problèmes de sécurité. Taiwan, la Corée du Nord, le Pakistan et l’Inde représentent tous des défis pour la sécurité régionale.
42Cela dit, le Pentagone reconnaît que la capacité de la Chine à projeter sa puissance militaire sur des théâtres éloignés demeure limitée pour le moment, mais, s’empresse-t-il d’ajouter, comme noté dans le Quadrennial Defense Review Report de 2006, elle a « le plus grand potentiel afin de rivaliser militairement avec les États-Unis et concevoir des technologies militaires susceptibles de retirer à terme aux États-Unis leurs avantages militaires traditionnels à l’étranger ».
43Les indices montrant que la Chine poursuit la construction d’une force armée à vocation offensive ne manquent pas. Les militaires chinois acquièrent de nouveaux systèmes d’armements et ont mis à jour leur doctrine et formation afin de permettre à l’armée de projeter sa puissance au-delà de ses frontières et de défendre ses forces déployées sur des théâtres de combats. Ils sont déjà prêts à affronter des d’attaques de nature variée, impliquant les avions, les sous-marins et les missiles18. Le pays est aujourd’hui dotée d’une force navale jugée digne de ce nom, équipée de plus de 55 sous-marins de combat, entre autres vaisseaux navals incluant des missiles localisés sur les zones côtières du sud et de l’est.
44La Chine investit aussi, de manière soutenue, dans l’acquisition d’un système d’armement sophistiqué, incluant des missiles balistiques de moyenne portée, des avions de combat, et des systèmes de surveillance actualisés. Le défi vise, avant toute chose, à mettre à mal le fonctionnement du système d’information americain dans l’eventualité d’un conflit armé impliquant Washington.
45La coopération militaire avec d’autres pays, en particulier la Russie19, a permis à la Chine de développer sa puissance aérienne et spatiale. Comme cela été bien documenté par plusieurs institutions de recherches en Occident, dont l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (SIPRI), l’armée chinoise a dépensé une part significative de son budget de la Défense pour acquérir des systèmes d’armement perfectionnés de la Russie.
46Selon les données disponibles, depuis le milieu des années 1990, elle a dépensé en moyenne 2,5 milliards $ par année dans l’achat d’armements conventionnels avancés (pour la plupart, des avions et bateaux de combat). De tels investissements la propulsent au sommet de la liste du SIPRI parmi les pays les mieux cotés en acquisition de systèmes d’armements conventionnels importants au cours de ces dernières années20.
47Parallèlement, la Chine a accompli des étapes importantes vers le développement, lentement mais sûrement, de sa propre « defense industrial base » ou « weapons-building capability ». En effet, comme le souligne Kamphausen, l’acquisition d’armes sophistiquées de la Russie peut ne pas être représentative de ses efforts de réarmement militaire accéléré. L’armée a aussi investi des ressources considérables sur le plan interne afin de relever sa puissance militaire globale. Comme le note aussi Ross, la modernisation de son économie favorisera le développement de l’industrie aux fins de la production sur place de systèmes d’armements sophistiqués21. On estime que l’Armée populaire de libération a déjà réussi à améliorer significativement la qualité de ses usines de fabrication et sa capacité à intégrer les technologies de pointe.
48Selon une analyse du Lexington Institute réalisée en 2006, l’APL se donne ainsi les moyens de contester l’hégémonie américaine au-delà de l’Asie22. Cette analyse semble corroborée par la tendance à consacrer une attention soutenue à l’acquisition d’armes conçues pour des guerres asymétriques. Les récentes acquisitions militaires chinoises ainsi que celles en cours – des missiles balistiques mobiles, des forces aériennes et navales améliorées et capables de mener toute une gamme d’opérations – seraient ainsi à même de permettre à la Chine de conduire des opé rations militaires partout.
49Il serait erroné d’interpréter la rapide croissance observée de la puissance militaire de la Chine comme une menace seulement envers Taiwan. Elle a aussi des implications pour les États-Unis et leurs alliés dans la région pacifique. Pris ensemble, des budgets accrus de Défense, l’acquisition de systèmes d’armement les plus avancés, et certaines affirmations du leadership plaident en faveur du « scénario de la menace » (threat scenario).
50La Chine a des ambitions régionales, voire globales, et se dote d’une armée de première classe afin de réaliser ces ambitions. Ce serait par conséquent, préviennent certains spécialistes en Occident, commettre une erreur stratégique grossière que d’interpréter la construction de cette puissance militaire comme participant « uniquement » de préparatifs pour une invasion de Taiwan, éventualité dans laquelle elle aurait en effet à envisager de neutraliser les forces militaires américaines dans la région.
51L’activisme militaire trahit selon plusieurs, ses véritables ambitions en matière stratégique qui semblent déborder le cadre de ses périphéries asiatiques et, pour ainsi dire, ne viseraient pas la simple préservation de son territoire, de son espace maritime et aérien et de la sauvegarde de ses intérêts nationaux. Il s’inscrirait dans une perspective globale23. Certains décrivent tout simplement un pays qui passe à l’offensive et proposent de voir dans cette perspective la construction de bases navales dans l’Océan indien. À ce rythme, on anticipe que dans une décennie, et peut-être plus tôt, elle deviendra le seul compétiteur mondial des États-Unis d’Amérique en termes d’influence militaire et stratégique.
52Les dirigeants américains se retrouvent chaque fois devant un véritable mur du silence dans leurs tentatives d’obtenir des explications auprès d’un régime communiste qui se contente de distiller ses informations au compte-goutte. « Nous pensons qu’il est important que dans notre dialogue, nous comprenions l’agenda et les intentions de la Chine », lançait, impuissant, le sous-secrétaire d’État de George Bush24. John Negroponte avait aussi alerté en des termes clairs la Commission du renseignement du Sénat américain : « la puissance de la Chine s’accroît rapidement et s’accompagne d’une influence globale croissante qui en fait à certains égards le peer competitor des États-Unis25 ».
53Perplexe, l’ancien secrétaire d’État américain à la Défense Donald Rumsfeld se demandait quant à lui : « Pourquoi tous ces investissement croissants ? Pourquoi toutes ces vastes acquisitions ? » L’interrogation sousjacente est de savoir pourquoi un pays qui ne fait face à aucune menace militaire sérieuse investit autant dans l’armée, si ce n’est qu’il entend utiliser la force, ou l’intimidation, pour atteindre certains objectifs intérieurs et internationaux.
54En juin 2005, c’était au tour de la Secrétaire d’État Condoleezza Rice, d’exhorter les États-Unis à faire le nécessaire afin de faciliter l’assimilation par la Chine des règles de l’économie mondiale avant qu’elle ne devienne une « superpuissance militaire ». Sa prise de position paraît des plus avisées, à écouter les déclarations du général chinois Zhu Chenghu aux micros des reporters en 2005, indiquant que la Chine n’hésiterait pas à utiliser ses armes nucléaires en réponse à l’usage de missiles conventionnels par les États-Unis contre la Chine dans un conflit éventuel avec Taiwan.
55Quelques années plus tôt, le général Xiong Guangkai menaçait aussi d’utiliser les armes nucléaires chinoises contre Los Angeles si les États-Unis s’avisaient d’épauler Taiwan en cas d’invasion chinoise sur l’île rebelle26. C’est pourquoi, préviennent Ashley Tellis et Michael D. Swaine, « à long terme, sa croissance économique et militaire massive fera de la Chine une puissance agressive en matière de politique internationale. Il n’est pas garanti que la Chine sera une puissance pacifique27. »
56L’objectif à long terme de la Chine, devine Lonnie Henley, « [est] de se hisser au même niveau économique, diplomatique et militaire que la première puissance mondiale, c’est-à-dire, les États-Unis d’Amérique28 ». Thomas J. Christensen, dont les analyses des questions stratégiques chinoises sont réputées, conclut : « il existe vraisemblablement un large consensus parmi les analystes chinois que la Chine devrait sans délai construire sa puissance militaire et liquider plusieurs conflits liés à sa souveraineté dans l’Est et le Sud de la côte maritime, manu militari si nécessaire29 ».
Une puissance militaire révisionniste ?
57À l’évolution rapide de son programme de modernisation militaire s’ajoute le flou supposé entretenu par Beijing autour de ses objectifs stratégiques à long terme. Il s’agit, à l’évidence, de deux sujets de première préoccupation risquant d’enlever – ne serait-ce que pour quelque temps encore – leur sommeil aux stratèges américains30. Chacun y va de son expertise dans l’explication des initiatives militaires chinoises.
58James Mulvenon range les motivations probables chinoises pour la poursuite d’objectifs militaires dans deux catégories d’éléments qu’il qualifie d’« actifs » et de « réactifs ». Dans le premier cas, il invoque la volonté de multiplier ses options militaires afin d’exercer une influence dans ses périphéries – en particulier le détroit de Taiwan et la mer du sud de la Chine. Dans le second cas, il y a la crainte de rester en marge de la course globale à la modernisation militaire, une préoccupation que les enseignements tirés de la Guerre du Golfe en 1991 et de l’Operation Iraqi Freedom en 2003 n’ont fait que renforcer31.
59Gennady Chufrin, professeur à l’Institute of World Economy and International Relations (russe), est de ceux qui interprètent les actions de la Chine comme une réponse directe aux opérations militaires conduites par les Américains au cours de ces dernières années. La présence militaire des États-Unis en Asie centrale, qui naguère aurait été impensable, a littéralement créé un « scénario catastrophe » en matière sécurité. Ce facteur étant considéré comme fournissant le cœur des rivalités sino-américaines en Asie de l’Est, il n’est dès lors pas étonnant que la Chine essaye par tous les moyens de renverser la situation ou, à tout le moins, d’en minimiser l’impact32.
60En dépit du discours sur le développement pacifique épousé par le leadership du Parti Communiste, les investissements sans précédents dans l’expansion des capacités militaires de la Chine trahissent, à l’analyse, une claire intention de remettre en question la suprématie des États-Unis dans le Pacifique Ouest et de s’établir comme la puissance militaire de la région. Un analyste observait en 2007 que la Chine émerge comme une superpuissance militaire et principal challenger des États-Unis en Asie de l’Est, qu’elle pourrait dominer au XXIe siècle à mesure que décroîtra l’influence américaine33.
61Larry Wortzel, un éminent spécialiste de l’Asie, déclarait pour sa part : « Nous ignorons les intentions de la Chine, mais en observant ses capacités et doctrine militaires, nous savons que l’armée chinoise agit comme en prévision d’une guerre contre les États-Unis34. » Un point de vue qu’un dignitaire de haut rang se charge de transmettre en mains propres aux membres du Congrès lors d’une audition en 2007. Il affirme que les Chinois sont en train de « construire leur armée pour, à son avis, atteindre un certain degré de parité avec les États-Unis », ajoutant qu’ils représentent une menace aujourd’hui, et qu’ils seront une menace grandissante avec le temps35.
62Cependant, une catégorie d’analystes minimise la thèse de la menace chinoise, arguant que la Chine, en dépit de percées militaires incontestables, équivaut en termes stratégiques bien moins à l’Union soviétique des années 1950 qu’à l’Irak des années 1990 : une menace régionale aux intérêts de l’Ouest, mais pas un rival idéologique mondial nécessitant des réactions d’urgence. Sans cependant nier les velléités militaires de la Chine, ils suggèrent plutôt une appréciation plus nuancée de ses capacités réelles en matière de puissance conventionnelle. Leur argumentaire s’appuie, pour l’essentiel, sur le fait avéré que la Chine accuse un retard d’au moins plusieurs décennies à combler avant de constituer une menace sérieuse pour les intérêts américains36.
63Beijing s’est, de son côté, toujours inscrit en faux contre toute allégation d’expansionnisme militaire et circonscrit son programme de modernisation militaire au titre de son « développement pacifique ». En effet, conscients des remous provoqués par leurs efforts militaires, les officiels chinois ont savamment entrepris d’apaiser les craintes : « la Chine n’ambitionne pas l’hégémonie ou la suprématie dans les affaires mondiales. Elle plaide pour un nouvel ordre politique et économique, lequel doit se mettre en place à travers des réformes en profondeur et la démocratisation des relations internationales37. » Selon Beijing, ces accusations de menaces sont le produit de ce qu’il désigne par la « China threat theory », participant pour ainsi dire du complot visant à contenir son essor38.
64Bref, les Chinois, quant à eux, jugent ces réactions exagérées et estiment logique que leur pays, militairement plus faible que les États-Unis et la Russie, tente de combler un retard dans un domaine dont dépend sa propre sécurité en appliquant au militaire les succès obtenus dans les domaines scientifiques et économiques.
65Le dernier livre blanc sur la Défense se veut en cela un acte d’adhésion à l’avènement d’une « société harmonieuse », réfractaire à l’hégémonisme et l’expansionnisme militaire. En août 2009, le très discret ministère chinois de la Défense a surpris en lançant un site web dans le but déclaré d’apaiser les craintes générées par un déficit chronique de transparence militaire et de clarifications autour de la modernisation de ses forces armées39. Une note de bienvenue sur le site indique qu’il a été conçu afin de promouvoir dans le monde extérieur une meilleure perception de la politique de défense nationale. Quoique appréciable, cet effort d’information du gouvernement chinois risque toutefois de produire un effet boomerang en ce sens que la publication de ce site coïncide avec des investissements faramineux dans le relèvement de ses forces armées afin d’y introduire des armes de haute technologie.
Notes de bas de page
1 Pour une perspective militaire chinoise à ce sujet, voir entre autres Lieutenant General Li Jijun, Traditional Military Thinking and the Defensive Strategy of China, Carlisle, Strategic Studies Institute, 1997.
2 Pour une analyse récente sur le sujet, voir Roy Kamphausen, David Lai et Andrew Scobell (dir.), Beyond the Strait, PLA Missions Other Than Taiwan, Carlisle, Strategic Studies Institute, 2009.
3 Voir sur cette question James C. Mulvenon et al., Chinese Responses to U. S. Military Transformation and Implications for the Department of Defense, Santa Monica, RAND, MG-340-OSD, 2006.
4 Kevin Pollpeter, Building for the Future: China’s Progress in Space Technology During the Tenth 5-Year Plan and the U. S. Response, Carlisle, Strategic Studies Institute, 2008.
5 Lancé en 1975 par Zhou Enlai, ce programme était conçu afin de faire de la Chine une superpuissance économique au tournant du XXIe siècle. Ce programme mettait l’emphase sur l’autosuffisance économique de la Chine, par l’accroissement du volume d’investissements directs étrangers (IDE) par l’ouverture du marché chinois au monde extérieur. Pour une revue exhaustive du concept, voir: Immanuel C. Y. Hsü, The Rise of Modern China (6e éd.), New York, Oxford University Press, 2000; Richard Evans, Deng Xiaoping and the Making of Modern China, London, Penguin Books, 1995, p. 10.
6 Douglas C. Lovelace Jr., préface de Kevin Pollpeter, op. cit., p. v.
7 Brad Roberts, « Strategic deterrence beyond Taiwan », dans Roy Kamphausen, David Lai et Andrew Scobell (dir.), Beyond the Strait, PLA Missions Other Than Taiwan, Strategic Studies Institute, 2009, p. 169-170.
8 Mary C. Fitzgerald, « China’s military modernization and its impact on the United States and the Asia-Pacific », déclaration devant la US-China Economic and Security Review Commission, Hudson Institute, 30 mars 2007.
9 Jiang Enzhu, porte-parole de l’Assemblée nationale populaire. Ces propos ont été rapportés dans Jim Yardley et David Lague, « Beijing accelerates its military spending », The New York Times, 5 mars 2007, p. A-8.
10 Adam Segal (dir.), Chinese Military Power, New York, Council on Foreign Relations, 2003, p. 5.
11 Voir Jean-Pierre Cabestan, « Chine, des armes pour quoi faire ? », Politique internationale, no 110, 2005-2006, Paris ; Jean-Pierre Cabestan, « Hu Jintao et l’armée : quelles évolutions ? », Centre Études Asie, <www.centreasia.org>.
12 Robert G. Sutter, « Why does China matter? », The Washington Quarterly, vol. 27, no 1, 2003-2004, p. 80.
13 Liselotte Odgaard, « China’s premature rise to great power status », AlterNet, <www.alternet.org>.
14 Voir à ce sujet Robert S. Ross, « A realist policy for managing US-China competition », Policy Analysis Brief, novembre 2005, <www.stanleyfdn.org>.
15 Bill Gertz, « China expands sub fleet », The Washington Times, 2 mars 2007, p. A-1.
16 Richard Halloran, « China’s missing military spending », <www.realclearpolitics.com>.
17 The IISS Military Balance 2006, Routledge, 2006, p. 253.
18 Adam Segal (dir.), op. cit., p. 10.
19 Voir Jean-Pierre Cabestan, « La politique étrangère chinoise : une Chine sans ennemis n’est pas forcément une Chine rassurante », Hérodote, no 125, 2007, p. 11-27. Selon cet auteur, la Russie est le principal fournisseur d’armements de la Chine avec 2 milliards de dollars de ventes annuelles en moyenne depuis les années 1990.
20 Roy Kamphausen, David Lai et Andrew Scobell (dir.), Beyond the Strait: PLA Missions Other than Taiwan, Carlisle, Strategic Studies Institute, 2009, p. 6.
21 Robert S. Ross, « A realist policy for managing US-China competition », <www.stanleyfoundation.org>.
22 « China’s military power: Shadow over central Asia », <lexington institute.org>.
23 Kamlesh Kumar Agnihotri, « White paper – “China’s national defense in 2008”: An analysis », Maritime Affairs, vol. 5, no 1.
24 Voir Edward Cody, « China boosts military spending: senior U. S. official presses Beijing to clarify “plans and intentions” », Washington Post, 5 mars 2007.
25 John D. Negroponte, « Annual Threat Assessment of the Director of National Intelligence for the Senate Select Committee on Intelligence », Office of the Director of National Intelligence, 2 fév. 2006.
26 Voir Bill Gertz, op. cit.
27 Interpreting China’s Grand Strategy, op. cit.
28 Bates Gill et Lonnie Henley, « China and the revolution in military affairs », rapport, Carlisle, Strategic Studies Institute, p. 30.
29 Thomas F. Christensen, « Chinese realpolitik », Foreing Affairs, vol. 75, no 5, 1996, p. 44.
30 À ce sujet, voir l’excellente analyse de Jonathan D. Pollack, « Chinese military power: What vexes the United States and why? », <www.fpri.org>.
31 James C. Mulvenon et al., Chinese Responses to U. S. Military Transformation and Implications for the Department of Defense, Santa Monica, RAND, 2006, <www.rand.org>.
32 Gennady Chufrin, « The changing security model in post-Soviet central Asia », The Quaterly Journal, no 1, 2003, p. 4.
33 John J. Tkacik J r, « Hedging against China », <www.heritage.org>.
34 Larry M. Wortzel, remarques dans le cadre du débat « The implications of China’s military modernization: Reframing China policy », Washington, Carnegie Endowment for International Peace, 6 février 2007, <www.carnegieendowment.org>.
35 Ces propos sont ceux du Director of National Intelligence, Michael McConnell. Voir John J. Tkacik Jr, op. cit., p. 1.
36 Voir Samuel S. Kim, « China’s path to great-power status in the globalization era », Asian Perspective, vol. 27, no 1, 2003, p. 35-75.
37 Bijian Zheng, « China’s “peaceful rise” to great-power status », Foreign Affairs, vol. 84, no 5, 2005, p. 24.
38 Voir par exemple Bill Powell, « Is China’s military a threat? », Time, 5 mars 2007.
39 Le site, accessible à l’adresse <www.mod.gov.cn>, a aussi une version anglaise : <http://eng.mod.gov.cn>.
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