1 Dans la pensée politique moderne, Alexis de Tocqueville représente un paradoxe. Il est né dans une famille noble et royaliste qui a été victime des horreurs de la Révolution française. Fortement opposé à toute forme de tyrannie, il devient rapidement un admirateur de la démocratie. Il rencontre entre autres le président Andrew Jackson, l’ancien président John Q. Adams et Joseph Story, le juge en chef de la Cour suprême des États-Unis. De ses rencontres avec des membres influents de la classe politique américaine et d’observations perspicaces faites lors de son voyage de 1831 en Amérique, il tire un livre intitulé La démocratie en Amérique, qu’il publie en 1835. Cet ouvrage est rempli de fines analyses sur la société américaine qui en font le plus grand livre jamais écrit sur les États-Unis (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, vol. I, Paris, Robert Laffont, 1986, p. 248-249; Michael A. Ledeen, Tocqueville on American Character, New York, Truman Talley Boos, 2000, p. 12-25, 32-33 ; Robert Strausz-Hupé, Democracy and American Foreign Policy: Reflections on the Legacy of Alexis de Tocqueville, London, Transaction Publishers, 1995, p. 1-2, 8).
2 Tocqueville note qu’en Amérique, contrairement à l’Europe, il n’y a pas de hiérarchie religieuse, d’aristocratie, d’intérêts économiques consolidés ou de mépris pour l’activité commerciale. L’Amérique lui apparaît comme une société naturelle à l’état pur telle que la concevait John Locke. La colonisation anglaise ayant été réalisée sous une politique de négligence salutaire, les États-Unis sont déjà, avant même la Révolution, la société la plus libre du monde. Tocqueville argumente par surcroît que les Américains ont eu l’occasion de réaliser une révolution extraordinaire sans vraiment la faire. Héritant des libertés anglaises, ils ont su les étendre et les insérer dans leurs institutions politiques à un degré jamais vu auparavant. Voilà, selon Tocqueville, les fondements du caractère exceptionnel qui distingue l’Amérique des autres sociétés (Tocqueville, op. cit., vol. I, p. 14, 21, 51, 222-225, vol. II, p. 627-637 ; Ledeen, op. cit., p. 141 ; Seymour Martin Lipset, American Exceptionalism: A Double-Edged Sword, Norton, New York, 1996, p. 17-23).
3 En dépit de son admiration pour les valeurs démocratiques, Tocqueville s’est montré particulièrement pessimiste quant à la capacité d’un régime démocratique d’élaborer et de mener une politique étrangère rationnelle. Il considérait que les dirigeants démocratiques démontraient rarement les qualités nécessaires à la conduite des affaires internationales. Ils avaient une trop grande tendance à agir par impulsion, au lieu d’obéir à leur instinct de prudence (Tocqueville, op. cit., vol I, p. 50, 75, 117, 216, 222-225 ; Ledeen, op. cit., p. 153-154 ; Zbigniew Brzezinski, « War and Foreign Policy, American-Style », Journal of Democracy, vol. 11, no 1 (2000), p. 176 ; Ledeen, op. cit., p. 142 ; Strausz-Hupé, op. cit., p. 98-99).
4 L’isolationnisme n’a jamais signifié que l’Amérique ne voulait pas entretenir de relations avec le reste du monde. Ce concept implique plutôt que, pour atteindre leurs objectifs, les États-Unis préfèrent adopter une attitude passive et influencer le reste du monde par leur exemple (George C. Herring, From Colony to Superpower : U.S. Foreign Relations since 1776, New York, Oxford University Press, 2008, p. 1, 482 ; Robert G. Kaufman, In Defense of the Bush Doctrine, Lexington, The University Press of Kentucky, 2007, p. 5-21 ; Walter A. McDougall, Promised Land, Crusader State, New York, Mariner Books, 1997, p. 40-49).
5 Stanley Hoffmann, Chaos and Violence: What Globalization, Failed States, and Terrorism Mean for U.S. Foreign Policy, New York, Rowman & Littlefield, 2006, p. 115-116.
6 Au cours du XXe siècle, les spécialistes ont développé une variété de théories et d’écoles pour analyser le fonctionnement des relations internationales. Or, selon Hoffmann, il n’y en a que deux qui comptent : le réalisme et l’idéalisme. Toutes les autres ne sont que des variantes de l’une ou l’autre de ces deux théories maîtresses. La première part de la prémisse qu’il existe dans le monde un état de guerre permanent. La deuxième affirme qu’il est possible de réaliser la paix. Alors que selon la première, au-delà des intérêts collectifs et nationaux, les choix sont façonnés dans le cadre d’un processus normatif, selon la théorie idéaliste la paix peut être réalisée en établissant un climat favorable, par la création d’institutions appropriées. Hoffmann reconnaît cependant les dangers inhérents à ces deux approches (Hoffmann, op. cit., p. 6-8, 23).
7 Généralement, ceux qui adhèrent à la rhétorique de l’exceptionnalisme américain minimisent, voire nient, les aspects négatifs de l’histoire américaine et font ressortir les qualités les plus positives de cette société. Ils ont tendance à identifier ce concept avec le courant libéral et un capitalisme du laisser-faire (Andrew J. Bacevich, The Limits of Power. The End of American Exceptionalism, New York, Holt Paperbacks, 2009, p. 18-20 ; Donald E. Pease, The New American Exceptionalism, Minneapolis, The University of Minnesota Press, 2009, p. 1-39).
8 Dario Battistella a décrit l’importance d’examiner la nature des relations internationales à partir d’une approche ontologique et épistémologique dans Théorie des relations internationales (Paris, Presses de Sciences Po, 2006, p. 283-317).
9 En ce sens, le style national en politique étrangère doit être compris comme reflétant les croyances, les mythes, les perceptions fantaisistes et les prémisses que la population d’un pays a développés par rapport au reste du monde et la perception qu’elle a de sa place dans ce monde (Knud Krakau, « American Foreign Relations : A National Style ? », Diplomatic History, vol. 8, no 1 [1984], p. 253-272 ; Pease, op. cit., p. 7-9. Voir aussi Jack F. Matlock Jr., Superpower Illusions, How Myths and False Ideologies Led America Astray – and How to Return to Reality, New Haven, Yale University Press, 2010).
10 Nous faisons ici appel à la théorie constructiviste. Cette dernière est en plein essor comme mode explicatif dans la recherche scientifique. Selon cette théorie, des aspects significatifs des relations internationales sont ainsi socialement construits et impriment une certaine continuité historique dans le fonctionnement des relations internationales. En ce sens, l’approche constructiviste cherche à démontrer l’influence du facteur culturel. Pour ce faire, il ne faut pas seulement démontrer qu’une idée ou un concept a de l’influence ; il faut aussi examiner comment le processus d’interaction sociale repose sur des symboles qui influencent les modèles des relations internationales (Stefano Guzzini, « A Reconstruction of Constructivism in International Relations », European Journal of International Relations, vol. 6, no 2 (2000), p. 148-182).
11 Alexander Wendt, « Collective Identity Formation and the International State », American Political Science Review, vol. 88, no 2 (1994), p. 385. En ce sens, la croyance en l’exceptionnalisme fournit aux décideurs américains les mythes, voire les notions fantaisistes, sur lesquels ils peuvent baser leurs décisions. Les intellectuels, dont les historiens, ont largement collaboré à ce mouvement en sélectionnant les événements qui correspondent à cette croyance et en rejetant les autres interprétations ou approches (Hodgson, The Myth of Americain Exceptionalism, New Haven, Yale University Press, 2009, p. 194-198 ; Pease, op. cit., p. 11).
12 Qu’ils gouvernent à partir d’une perspective isolationniste ou interventionniste, les dirigeants américains ont toujours tendance à afficher la même posture de rectitude morale, comme s’ils étaient engagés dans une croisade. Dans les deux cas, ils démontrent une crainte de voir l’Amérique souillée par une corruption extérieure (Robert Dallek, The American Style of Foreign Policy, New York, Oxford University Press, 1983, p. 3-4 ; Herring, op. cit., p. 440 ; Martin Sellevold, « A Look at American Exceptionalism », Australian Rationalist, no 65 [2003], p. 46-48).
13 Dans l’introduction de l’ouvrage dirigé par Byron E. Shafer, Is America Different ?, Lipset note l’existence de dizaines de milliers de commentaires de la part d’intellectuels américains, mais surtout européens, sur le caractère exceptionnel des États-Unis, cela avant le retour triomphaliste du concept de l’exceptionnalisme américain chez les intellectuels américains (Byron E. Shafer (dir.), Is America Different ? : A New Look at American Exceptionalism, Oxford, Oxford University Press, 1991, p. 4).
14 Il faut noter ici que les termes « exceptionnalisme » et « unilatéralisme » sont tout à fait interchangeables dans ces revues, bien que l’expression « exceptionnalisme » soit plus nuancée et accorde une place plus importante aux situations de double standard dans le comportement américain. En recourant à l’expression « exceptionnalisme », les États-Unis réclament ainsi le droit d’agir seuls lorsque leurs intérêts nationaux sont en jeu, alors qu’ils exigent que les autres nations se soumettent aux règles du multilatéralisme (Francis Fukuyama, America at the Crossroads : Democracy, Power, and the Neoconservative Legacy, New Haven, Yale University Press, 2006, p. 101).
15 Sabrina Safrin, « The Un-Exceptionalism of U.S. Exceptionalism », Vanderbilt Journal of Transnational Law, vol. 41, no 5 (2008), p. 1309-1310.
16 En ce sens, l’exceptionnalisme américain découlerait de la place sans précédent que les États-Unis détiennent dans le monde. Ils ont mis en place « un courant idéologique qui a donné naissance à la plus puissante organisation politique, économique et sociale des temps modernes, soit la démocratie capitaliste libérale » (Daniel Deudney et Jeffrey Meiser, « American Exceptionalism », dans Michael Cox et Doug Stokes, U.S. Foreign Policy, New York, Oxford University Press, 2008, p. 25).
17 Le concept de l’exceptionnalisme est particulièrement important dans la compréhension que les Américains et leurs dirigeants ont d’eux-mêmes et de leur attitude à l’égard du reste du monde. L’exceptionnalisme américain prend dans les discours officiels deux formes rhétoriques bien différentes. Une première forme est nuancée et modeste et tient un discours plutôt réaliste. Elle cherche simplement à exprimer la croyance aux bonnes intentions de l’Amérique dans le monde. La deuxième forme représente une sorte d’apothéose plus grossière, alors qu’elle fait écho à une version triomphaliste du rôle des États-Unis dans le monde (Deudney et Meiser, loc. cit., p. 25 ; Godfrey Hodgson, op. cit., p. 11-13).
18 Stanley Hoffmann, Gulliver empêtré. Essai sur la politique étrangère des États-Unis, Paris, Seuil, 1971, p. 135-142 ; Louis Balthazar, « Le contexte de la formulation de la politique étrangère », dans Charles-Philippe David, Louis Balthazar et Justin Vaïsse, La politique étrangère des États-Unis. Fondements, acteurs, formulations, Paris, Presses de Sciences Po, 2003, p. 41, 66-70 ; Dallek, op. cit., p. 283-290.
19 Hoffmann, Gulliver, op. cit., p. 143-179.
20 Le concept de l’exceptionnalisme américain peut prendre différentes formes selon l’utilisation que l’on en fait. Pour certains, il peut justifier une intervention internationaliste à caractère humanitaire visant à établir un nouvel ordre mondial plus pacifique. Pour d’autres, comme les néoconservateurs, il autorise les États-Unis à ignorer les lois internationales et l’opinion publique internationale pour envahir d’autres pays au nom de valeurs universelles et de la défense de la liberté (Deudney et Meiser, loc. cit., p. 25).
21 Lipset, op. cit., p. 292.
22 Le libéralisme, tant politique qu’économique, est à la base de la société et de la culture américaines. Comme les États-Unis sont la première société à avoir adopté le libéralisme politique, les Américains entretiennent la conviction quasi religieuse d’avoir développé un modèle unique de démocratie libérale qui devrait être apprécié et copié par tous les pays du monde. Cette conviction guide régulièrement l’action des dirigeants américains dans le monde (Hodgson, op. cit., p. 100-108, 163-164 ; Lipset, op. cit., p. 19-20, 26, 31, 50-52 ; voir aussi Balthazar, op. cit., p. 46 ; Deudney et Meiser, loc. cit., p. 29-30).
23 Ainsi, certains critiques notent que les États-Unis, pays de la liberté, se démarquent par le plus haut taux d’incarcération du monde ; pays de la démocratie, ils se démarquent par le plus faible taux de participation aux élections ; pays de la mobilité sociale, ils se démarquent comme la nation la moins égalitaire en ce qui concerne la distribution des revenus et le taux de taxation des classes possédantes. Toutefois, Lipset pense que ces aspects négatifs de la société américaine ont été exagérés (Lipset, op. cit., p. 267-268).
24 Il existe une confusion sémantique aux États-Unis quant au sens des mots « libéralisme » et « conservatisme ». Comme les États-Unis ont été la première société à adopter un système libéral et démocratique, avant que ce dernier devienne la référence en Europe, nous avons assisté à un renversement des paradigmes. Le « conservatisme américain » fait largement référence aux grands éléments du credo libéral avec sa doctrine anti-étatique et son éloge des vertus du laisser-faire. Par contre, le « libéralisme américain » diffère du « libéralisme classique » qui prévalait avant la Révolution française et qui était favorable à un État minimaliste. Le libéralisme américain d’aujourd’hui est synonyme d’intervention de l’État et est souvent associé aux programmes de l’État-providence. Par conséquent, il n’existe pas aux États-Unis de conservatisme traditionnel, mais seulement un courant de conservatisme libéral (Deudney et Meiser, loc. cit., p. 30-31 ; Fukuyama, op. cit., p. 38-39 ; Hodgson, op. cit., p. 102, 173-164 ; Lipset, op. cit., p. 35-39, 54, 143-144).
25 Andrew J. Rotter, « The Religious Typology of American Foreign Relations », Nanzan Review of American Studies, vol. 29, 2007, p. 27-28.
26 John B. Judis, « The Chosen Nation: The Influence of Religion on U.S. Foreign Policy », Policy Brief, no 37 (2005), p. 1-8 ; Walter Russell Mead, « God’s Country? », Foreign Affairs (septembre/octobre 2006), www.foreignaffairs.com ; Pease, op. cit., p. 20-23 ; Rotter, loc. cit., p. 24.
27 Compte tenu du caractère multiethnique de la société américaine dès ses origines, le nationalisme américain ne pouvait pas, comme dans d’autres nations, se fonder sur une dimension ethnique ou raciale. Par conséquent, on a développé le concept de l’américanisme et un patriotisme particulier qui reflète les valeurs américaines. Ce credo américain est marqué par une adhésion au respect des règles de droit, la promotion de l’individualisme, la croyance en la liberté et la défense de la propriété. Cet américanisme a pu, selon les époques, être marqué par des paradoxes tels que la cohabitation du libéralisme avec l’autoritarisme, de l’assimilation avec l’exclusion, de la suprématie blanche avec une politique de melting-pot. Lipset reproduit le célèbre commentaire de Richard Hofstadter qui affirme que « les États-Unis ne sont pas le produit d’une idéologie », mais « ils en sont devenus une ». C’est ainsi que l’américanisme est né (Lipset, op. cit., p. 18 ; voir aussi Herring, op. cit., p. 440 ; Hodgson, op. cit., p. 14-15 ; Walter Russell Mead, Special Providence: American Foreign Policy and How It Changed the World, New York, Routledge, 2002, p. 227-318).
28 « God and American Diplomacy », The Economist, 6 février 2003.
29 Andrew Kohut et Bruce Stokes, « The Problem of American Exceptionalism », Pew Research Center for the People & the Press, 9 mai 2006. Le président Ronald Reagan décrivait régulièrement dans ses discours les États-Unis comme « la ville sur la colline ». D’ailleurs, dans son discours inaugural, il promettait de maintenir les États-Unis comme « le modèle de la liberté et une lueur d’espoir » pour l’humanité. Pour lui, c’était la destinée et le devoir de l’Amérique de porter les aspirations du reste de l’humanité (Hodgson, op. cit., p. 1-3, 176-177).
30 Robert Kagan, Dangerous Nation, New York, Vintage Books, 2006, p. 71-72.
31 Hoffmann, op. cit., p. 115 ; McDougall, op. cit., p. 11. Toutefois, les Américains oublient trop souvent qu’ils ont procédé entre 1600 et 1900 à l’extermination d’une grande partie des populations amérindiennes sur leur territoire, qu’ils ont réduit des millions d’Afro-Américains en esclavage, qu’ils sont ensuite intervenus régulièrement depuis 1890 dans les affaires internes des pays de l’Amérique latine et qu’ils ont souvent renversé des gouvernements démocratiquement élus. Les guerres récentes du Vietnam, du Golfe et de l’Irak refléteraient toujours cette politique agressive des États-Unis (Deudney et Meiser, loc. cit., p. 33-34 ; Pease, op. cit., p. 20-23, 40-67).
32 C’est dans cet esprit que les Américains ont développé une série de métaphores qui se retrouvent dans des expressions qui décrivent l’Amérique comme « une exception morale », « une cité sur la colline », « une nation indispensable », « une nation au-dessus des nations », « une nation invincible », « une nation ayant une destinée manifeste » ou « le dirigeant du monde libre » (Kagan, op. cit., p. 8, 12 ; McDougall, op. cit., p. 9-11 ; Pease, op. cit., p. 8).
33 Avant de débarquer en Amérique, John Winthrop, le premier gouverneur du Massachusetts, prononça sur l’Arabella un discours qui rappelait aux premiers puritains émigrant en Amérique les obligations découlant de la recherche d’une terre promise. Ce discours est à la base du concept de l’exceptionnalisme américain, parce que Winthrop voulait signifier non seulement que l’expérience américaine serait différente, mais qu’elle devait aussi être exemplaire. Ce dernier affirmait la volonté des puritains d’établir une nouvelle société reposant sur un système de valeurs et des institutions d’une qualité telle que le reste du monde voudrait les copier. En ce sens, Winthrop est à l’origine de la croyance en la supériorité du modèle américain. Dans un célèbre discours de 1974, Ronald Reagan affirmait que John Winthrop, debout sur le minuscule pont de l’Arabella au large des côtes du Massachusetts, aurait déclaré en 1630 : « Nous serons comme une ville sur une colline. Les yeux de tous les gens sont sur nous... » (Bacevich, op. cit., p. 76 ; Balthazar, op. cit., p. 44 ; Herring, op. cit., p. 864 ; Hodgson, op. cit., p. 1-2 ; Kagan, op. cit., p. 3, 7 ; McDougall, op. cit., p. 17, 37-38 ; Rotter, loc. cit., p. 25-26).
34 Les États-Unis ont été périodiquement secoués par des grands réveils religieux. Le premier de ces réveils est survenu en 1740 et a touché pendant quatre années les colonies de la Nouvelle-Angleterre et du centre (Kagan, loc. cit., p. 9, 27, 152, 194, 261).
35 Judis, loc. cit., p. 2 ; Kagan, op. cit., p. 8-10, 18-19 ; Pease, op. cit., p. 10.
36 Deudney et Meiser, loc. cit., p. 25.
37 Herring, op. cit., p. 4, 16, 864 ; Hodgson, op. cit., p. 7-9.
38 La fin du XVIIIe siècle est marquée en Amérique par l’obtention de l’indépendance et le développement d’un système de gouvernement républicain. C’est dans ce contexte culturel hors de l’ordinaire que naît le concept de l’exceptionnalisme américain. Après tout, abandonnant l’idée que la liberté était un privilège, les pères de la Déclaration d’indépendance des États-Unis affirmaient que la vie, la liberté et la poursuite du bonheur représentaient des droits inaliénables qui ont été donnés par Dieu à tous les hommes. En ce sens, le succès de la Révolution représente un moment clé dans l’expérience nationale américaine et l’histoire de l’humanité. Les Américains se convainquèrent qu’ils représentaient un peuple unique et exceptionnel, capable de réaliser les plus grandes choses (Bacevich, op. cit., p. 17 ; Hodgson, op. cit, p. 34-35 ; Kagan, op. cit., p. 40-42).
39 Avant la Révolution américaine, les régimes républicains étaient rares. La création de la république américaine « marque un point tournant dans la longue et largement tragique histoire des gouvernements libres et démocratiques » (Deudney et Meiser, loc. cit., p. 25).
40 Bacevich, op. cit., p. 19 ; Balthazar, op. cit., p. 44 ; Hodgson, op. cit, p. 34-35 ; Kagan, op. cit., p. 43, 45, 47. En 1777, par exemple, Abraham Keteltas, un aumônier de la révolution armée, déclarait que la Révolution américaine représentait un combat de la vérité contre le mensonge, de la justice contre l’iniquité, des opprimés contre les oppresseurs, de la vraie foi contre le fanatisme et la superstition. En bref, elle représentait une lutte entre le ciel et l’enfer, le roi du ciel contre le prince des ténèbres et le destructeur de la race humaine (Judis, loc. cit., p. 3).
41 Paine a avancé aussi l’idée d’un traité modèle, idée qui sera largement débattue et reprise par John Adams (Thomas Paine, Common Sense, New York, Penguin Books, 1976, p. 86 ; voir aussi Félix Gilbert, The Beginnings of the American Foreign Policy, New York, Harpers, 1961, p. 37-38, 42-43, 45-52, 56 ; Herring, op. cit., p. 11-12, 17-23).
42 Les États-Unis, en tant que première république moderne, se sont dotés en 1787 d’une constitution qui a été débattue librement et adoptée démocratiquement. Avec cette dernière, ils devenaient la première société à reconnaître la nécessité de limiter les pouvoirs de l’État, à garantir explicitement les droits des individus, et à subordonner clairement l’autorité militaire à l’autorité civile. Ces valeurs sont à la base du credo américain qui a donné naissance au caractère républicain et libéral de l’Amérique (Bacevich, op. cit., p. 76 ; Deudney et Meiser, loc. cit., p. 29 ; Hodgson, op. cit., p. 13, 34-36 ; Kagan, op. cit., p. 47 ; Lipset, op. cit., p. 19).
43 Kagan, op. cit., p. 52 ; William Pfaff, The Irony of Manifest Destiny, New York, Walker & Company, 2010, p. 67. C’est dans cet esprit que Michel de Crèvecœur écrivait en 1783 que l’Amérique était devenue la société la plus parfaite qui existait à ce moment dans le monde (McDougall, op. cit., p. 19).
44 En prenant leurs distances d’avec l’Europe, les Américains développèrent la perception que l’Amérique non seulement était exempte des défauts de l’Europe, mais qu’elle pouvait offrir à celle-ci un modèle de régime démocratique dont s’inspirer (Balthazar, op. cit., p. 49 ; Deudney et Meiser, loc. cit., p. 37 ; McDougall, op. cit., p. 37-38, 82-86 ; Pease, loc. cit., p. 10).
45 Marie-Jeanne Rossignol, Le ferment nationaliste. Aux origines de la politique étrangère des États-Unis : 1789-1812, Paris, Belin, 1994, p. 88-89 ; Herring, op. cit., p. 9-10, 70, 95-96 ; Kagan, op. cit., p. 98-99, 102, 107.
46 Sous l’influence d’Alexander Hamilton, le nouveau gouvernement s’était donné comme priorité de renforcer l’économie nationale et la sécurité financière du pays. Mais il ne pouvait pas pour autant oublier la question de la politique étrangère, d’autant plus que les tensions et rivalités européennes menaçaient l’atteinte de ces objectifs. Quant à la Révolution française, les Américains étaient très divisés. Beaucoup montraient à l’égard de cette dernière beaucoup de sympathie, alors que d’autres considéraient avec horreur ses débordements. Entre-temps, les relations avec la Grande-Bretagne étaient pour le moins tendues. Les forts de l’Ouest américain étaient toujours occupés par les troupes britanniques, les différends financiers entre les deux pays n’étaient toujours pas réglés et les navires de guerre britanniques n’hésitaient pas à saisir tout bateau américain naviguant dans les Antilles ou se dirigeant vers un port français, tout en enrôlant de force les marins américains dans la marine britannique. Il était impératif pour Washington de régler pacifiquement ces contentieux avec la Grande-Bretagne. Pour ce faire, il envoya à Londres John Jay, juge en chef de la Cour suprême, qui revint avec une proposition de traité. En dépit de certaines faiblesses de celui-ci et de la tempête politique qu’il généra en Amérique, la guerre était évitée, alors que le Sénat ratifia le traité en 1795 par une voix (Gilbert, op. cit., p. 115-120 ; Hodgson, op. cit., p. 52-53 ; Kagan, op. cit., p. 109-111 ; Rossignol, op. cit., p. 99-108).
47 Balthazar, op. cit., p. 51 ; Deudney et Meiser, loc. cit., p. 37 ; Kagan, op. cit., p. 57-58, 112-116, 127-129.
48 Le président Jefferson acheta à Napoléon la Louisiane pour la somme de 15 millions de dollars. Les États-Unis faisaient ainsi l’acquisition d’un territoire allant du Mississippi aux Rocheuses et du golfe du Mexique à la frontière canadienne (Herring, op. cit., p. 107-108 ; Kagan, op. cit., p. 142 ; Pfaff, op. cit., p. 44 ; Rossignol, op. cit., p. 252-254).
49 Herring, op. cit., p. 151-158 ; McDougall, op. cit., p. 58-62.
50 De Monroe à Obama, une quinzaine de présidents américains ont vu leur nom associé à une doctrine. Une doctrine représente un énoncé rationnel politique, reposant sur des principes ou une idéologie spécifique, qui permet à l’administration américaine de répondre à un défi particulier à un moment particulier. Une doctrine peut apparaître séduisante à première vue, mais ses effets peuvent être illusoires, comme la doctrine Monroe l’a démontré (Mead, Special Providence, op. cit., p. 331-332).
51 Balthazar, op. cit., p. 52 ; Hodgson, op. cit., p. 55-56 ; Kagan, op. cit., p. 140, 165, 169-172, 175 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 58-59, 199-200, 331-332.
52 Le Canada faisait aussi partie des visées expansionnistes originales des promoteurs de la destinée manifeste (Balthazar, op. cit., p. 56 ; Herring, op. cit., p. 149-151, 184-185 ; Hodgson, op. cit., p. 50-51, 58-59 ; McDougall, op. cit., p. 77-78, 84).
53 Kagan, op. cit., p. 75-77, 130-132, 224-227 ; Pfaff, op. cit., p. 10.
54 Herring, op. cit., p. 18-84 ; Kagan, op. cit., p. 137-138, 221-223 ; McDougall, op. cit., p. 82-84 ; Pfaff, op. cit., p. 19.
55 Bacevich, op. cit., p. 76 ; Herring, op. cit., p. 189-206 ; Hodgson, op. cit., p. 52, 58 ; Kagan, op. cit., p. 232-234 ; McDougall, op. cit., p. 91-92. Plusieurs Américains considérèrent que cette guerre était injuste. Abraham Lincoln, membre du Congrès, exprima son opposition et décida alors de ne faire qu’un mandat. David H. Thoreau protesta contre la guerre en refusant de payer ses impôts. Il fut condamné à la prison pour son geste. Il écrivit alors son célèbre essai Civil Disobedience, qui inspirera les pacifistes pour les générations à venir, dont Tolstoï, Gandhi et Martin Luther King.
56 La destinée manifeste a fourni un cadre idéologique et un mode de perception du monde extérieur avec son principe de la supériorité de l’homme blanc et son affirmation du droit des Américains à prendre possession de tout le continent que la Providence leur avait octroyé afin de réaliser, ironiquement, la plus grande expérience de liberté dans le monde (Kagan, op. cit., p. 87-91, 131-132, 246-247 ; McDougall, op. cit., p. 87).
57 L’entrée de la Californie et de l’Oregon dans l’Union dans les années 1850 fit des États-Unis une puissance du Pacifique. Cette présence sur deux océans ouvrait de nouvelles possibilités à l’expansion américaine. Les marchands américains commerçaient déjà avec la Chine depuis 1784, mais le Japon leur restait fermé. Dans son rapport, Perry informa le président Fillmore que la Grande-Bretagne était en train de prendre le contrôle de tout le commerce de la région et qu’il était urgent que les États-Unis agissent. Le commodore Perry retourna au Japon en février 1853 avec une escadre de sept navires de guerre et de nouvelles instructions. Impressionné par l’avance technologique et la puissance militaire des Américains, le gouvernement japonais céda finalement aux demandes américaines et signa le 31 mars 1854 le traité de Kanagawa (Herring, op. cit., p. 212-213 ; Kagan, op. cit., p. 252 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 65).
58 Plusieurs facteurs expliquent la naissance de l’impérialisme américain. À la fin du XIXe siècle, les États-Unis disposaient des moyens économiques pour devenir une grande puissance militaire et politique, mais la révolution industrielle américaine connaissait certains ratés. Les États-Unis furent frappés par deux crises économiques importantes : 1873-1878 et 1893-1898. Certains industriels voyaient dans l’expansion outre-mer une façon de se protéger des crises cycliques, de s’emparer de marchés extérieurs et de relancer la demande intérieure. Cette vision était endossée particulièrement par un puissant lobby lié à la construction navale qui réclamait un accroissement de la flotte américaine et le développement de bases navales américaines un peu partout dans le monde (Herring, op. cit., p. 305 ; Hodgson, op. cit., p. 25, 86-87).
59 Il est cependant ironique de constater que les États-Unis ne reconnaissent pas leur passé impérialiste (Bacevich, op. cit., p. 19 ; Kagan, op. cit., p. 261-264).
60 Dallek, op. cit., p. 6 ; Herring, op. cit., p. 305, 364, 370-371, 494 ; Kagan, op. cit., p. 298, 342-343 ; McDougall, op. cit., p. 104-105.
61 La menace d’une guerre entre le Chili et les États-Unis en 1891 donna plus de poids aux arguments de Mahan. À la suite d’un accrochage entre des marins américains et chiliens, Mahan fut chargé de préparer les plans pour une guerre contre le Chili. La guerre n’eut jamais lieu, car le Chili céda ultimement aux demandes américaines. Toutefois, dans le cadre de ses préparatifs, Mahan découvrit que la marine américaine était plus faible que celle du Chili. Le développement d’une flotte de guerre américaine, avec l’acquisition de bases navales, devenait donc, selon Mahan, d’une première nécessité. Cela l’amena à fixer des objectifs concrets pour l’expansion éventuelle des États-Unis (Herring, op. cit., p. 280, 293 ; Kagan, op. cit., p. 346-347, 350-353).
62 A. T. Mahan, The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783, The Project Gutenberg eBook, novembre 2007, p. 557 ; voir aussi Herring, op. cit., p. 303.
63 L’expression « fardeau de l’homme blanc » est tirée d’un poème de Kipling qui fait l’éloge de la colonisation et de l’impérialisme occidental. Reflétant la mentalité progressiste de la fin du XIXe siècle et la foi dans les progrès scientifiques, cette expression comporte une dimension raciste par son évocation de l’idée que l’homme blanc a une mission civilisatrice, qu’il est du devoir de ce dernier de répandre les bienfaits de la civilisation occidentale auprès des peuples autochtones ou indigènes moins évolués du reste du monde (Merry, Sands of Empire : Missionary Zeal, American Foreign Policy, and the Hazards of Global Ambition, New York, Simon & Schuster, 2005, p. 75-77).
64 La politique impérialiste de la fin du XIXe siècle s’inscrivait dans une ère de mondialisation accélérée qui était marquée par une plus grande circulation des capitaux, des marchandises et des travailleurs. Cette ère allait se terminer avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale (Herring, op. cit., p. 303 ; Hodgson, op. cit., p. 64, 66-67 ; Kagan, op. cit., p. 298 ; McDougall, Sands of Empire : Missionary Zeal, American Foreign Policy, and the Hazards of Global Ambition, New York, Simon & Schuster, 2005, p. 113).
65 Thomas Gossett, Race: The History of an Idea in America, Dallas, Southern Methodist University Press, 1963, p. 188.
66 Kagan, op. cit., p. 360-364.
67 Il est intéressant de noter que le développement du patriotisme moderne et de l’impérialisme aux États-Unis vont de pair. C’est durant les années 1890 que le serment d’allégeance est introduit dans les écoles et qu’il devient coutumier de parader avec la bannière étoilée lors de fêtes et autres occasions spéciales. Or, c’est à la même époque que les élites industrielles, commerciales et intellectuelles ont commencé à faire valoir l’importance pour les États-Unis de concurrencer les puissances européennes en se dotant aussi d’un empire. L’impérialisme fut la réponse à la crise économique. Durant cette même décennie, les États-Unis vont lancer un ambitieux programme naval (Dallek, op. cit., p. 11-17 ; Kagan, op. cit., p. 378-380, 387 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 82-83, 108-109, 112-113).
68 Les interventions militaires ne représentaient qu’un aspect de la domination américaine. Les États-Unis en profitaient aussi pour étendre leur présence économique alors que les marchands et les banquiers américains investissaient dans les ressources naturelles, l’agriculture, la construction de chemins de fer et d’autres secteurs. Graduellement, à partir de 1870, le libéralisme économique préconisé par les États-Unis transforma l’Amérique centrale en un vaste empire bananier sous la direction de la United Fruit Company. Entre-temps, les Américains avaient investi plus d’un milliard de dollars au Mexique (Mead, Special Providence, op. cit., p. 24).
69 Bien que la crise de Panama de 1903 ait précédé le Corollaire de Roosevelt, elle s’inscrivait dans cette politique. Le Panama était alors une province septentrionale de la Colombie. Lorsque la compagnie française qui avait commencé la construction d’un canal en 1878 fit faillite en 1894, les États-Unis rachetèrent ses parts. Ils négocièrent en 1902 un traité avec la Colombie leur donnant le droit de construire et de gérer un canal. Mais en 1903, le Parlement de la Colombie refusa de ratifier le projet de traité. Irrités, les Américains fomentèrent alors une rébellion à l’égard de la Colombie dans la province de Panama. Soutenues par les Marines, les autorités locales proclamèrent l’indépendance du Panama, qui fut aussitôt reconnue par le président Roosevelt. Le Panama s’empressa alors de négocier un traité avec les États-Unis qui garantissait à ces derniers un bail perpétuel sur une bande territoriale d’une largeur de 16 kilomètres, reliant l’Atlantique au Pacifique, en échange d’un paiement de 10 millions de dollars ainsi que d’un loyer annuel de 250 000 dollars. Les États-Unis obtenaient aussi la responsabilité de défendre le canal. Les relations entre les États-Unis et la Colombie ne furent normalisées qu’en 1921. Les États-Unis payèrent alors 25 millions de dollars en compensation à la Colombie (Henry A. Kissinger, Diplomacy, New York, Simon & Schuster, 1994, p. 39 ; McDougall, op. cit. p. 108, 114 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 108, 119-121).
70 Balthazar, op. cit., p. 53 ; Kagan, op. cit., p. 398-399 ; McDougall, op. cit., p. 111-112 ; Pfaff, op. cit., p. 70.
71 Rédigé par le secrétaire d’État américain Elihu Root, l’amendement Platt réduisait l’indépendance de Cuba en limitant le pouvoir des autorités de Cuba de signer des traités internationaux, en les empêchant d’emprunter à l’étranger et en les obligeant à céder à perpétuité des bases navales aux États-Unis. Par ailleurs, les États-Unis se voyaient octroyer le droit d’intervenir dans les affaires locales de Cuba pour y maintenir l’ordre. Cet amendement instaurait un véritable système de tutelle sur Cuba et permettait aux États-Unis d’y imposer des politiques favorables à leurs intérêts (Herring, op. cit., p. 325, 386 ; Robert W. Merry, op. cit., p. 76-77).
72 Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Paris, Agone, 2003, p. 361 ; voir aussi Herring, op. cit., p. 327-329.
73 Dallek, op. cit., p. 29 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 184 ; Merry, op. cit., p. 79.
74 L’intérêt des Américains pour les îles Hawaï s’était développé au cours du XIXe siècle. Limitée d’abord aux négociants et aux missionnaires, la présence américaine s’accrut à partir de 1865 avec le développement de plantations de canne à sucre et d’ananas dans l’archipel. Les intérêts américains dans les îles provoquèrent une crise en 1893, alors que des hommes d’affaires américains prirent le contrôle du gouvernement hawaïen. Ceux-ci demandèrent rapidement le rattachement des îles Hawaï aux États-Unis. Comme l’administration Cleveland se montrait réticente à une telle annexion, le Congrès américain rejeta momentanément cette dernière. Toutefois, avec la montée de la ferveur nationaliste issue de la guerre hispano-américaine, le Congrès vota l’annexion des îles avec une majorité écrasante en juillet 1898 (Herring, op. cit., p. 296-297, 317-318 ; Hodgson, op. cit., p. 167).
75 McDougall, op. cit., p. 117-118.
76 Herring, op. cit., p. 261-263, 294-296, 305 ; Dallek, op. cit., p. 21-24.
77 Le Corollaire de Roosevelt allait avoir des conséquences dans toute la région où les Marines américains jouèrent le rôle de policiers jusqu’au début des années 1930. Les Marines vont ainsi intervenir à Cuba en 1906-1909, 1912 et 1917. Au Honduras, les États-Unis intervinrent pour rétablir l’ordre en faveur de la United Fruit Company en 1903, 1905, 1919 et 1924. Chaque fois, ils prenaient le contrôle des douanes et des finances du pays jusqu’à ce qu’un règlement satisfaisant pour les intérêts américains ait été obtenu. Des interventions similaires eurent lieu en République dominicaine en 1907 et à Haïti en 1914 (Dallek, op. cit., p. 34-36, 44-46 ; Hodgson, op. cit., p. 86-87 ; McDougall, op. cit., p. 120-121 ; Merry, op. cit., p. 74-75).
78 Dallek, op. cit., p. 62 ; McDougall, op. cit., p. 124 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 47-48, 164, 168.
79 Balthazar, op. cit., p. 85 ; Dallek, op. cit., p. 85-86 ; Herring, op. cit., p. 412 ; Pfaff, op. cit., p. 71-72 ; McDougall, op. cit., p. 126, 128 ; Merry, op. cit., p. 81.
80 Dallek, op. cit., p. 88-89 ; Hodgson, op. cit., p. 82 ; Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 116 ; McDougall, op. cit., p. 140-141 ; Merry, op. cit., p. 82.
81 Dallek, op. cit., p. 89-91 ; Deudney et Meiser, op. cit., p. 39 ; Herring, op. cit., p. 386, 412, 427-435 ; Pfaff, op. cit., p. 72 ; McDougall, op. cit., p. 136.
82 Aussi, il n’hésita pas à envoyer les troupes américaines à deux reprises au Mexique, à Haïti, en République dominicaine et à Cuba. Il intervint aussi à deux reprises dans la guerre civile russe. Dallek, op. cit., p. 65-67 ; Herring, op. cit., p. 387, 390-398, 472-473 ; Pfaff, op. cit., p. 73.
83 Herring, op. cit., p. 2-4 ; McDougall, op. cit., p. 146.
84 McDougall, op. cit., p. 149.
85 Cette idée du retour en force de l’isolationnisme durant les années 1920 est depuis fort longtemps le sujet d’un important débat parmi les historiens (Herring, op. cit., p. 482).
86 L’entêtement de Wilson et son refus de tout compromis jouèrent aussi un rôle important dans le rejet du traité de Versailles (Dallek, op. cit., p. 90-91 ; McDougall, op. cit., p. 145-146).
87 Warren G. Harding, « Inaugural Address », 4 mars 1921, www.bartleby.com ; voir Mead, Special Providence, op. cit., p. 47.
88 Dallek, op. cit., p. 95-97, 111-117, 128-130, 132 ; Herring, op. cit., p. 504-512, 517-519, 528-529 ; Kissinger, op. cit., p. 385 ; McDougall, op. cit., p. 149-152 ; Merry, op. cit., p. 85-87.
89 Henry R. Luce, « The American Century », Life, 17 février 1941, p. 61-65.
90 Roosevelt avait très bien compris comment une victoire d’Hitler menacerait la sécurité américaine (Kaufman, op. cit., p. 15-17 ; Kissinger, op. cit, p. 395 ; McDougall, op. cit., p. 151).
91 Balthazar, op. cit., p. 86-87 ; Dallek, op. cit., p. 134, 142 ; Herring, op. cit., p. 548-549 ; McDougall, op. cit., p. 151-153.
92 Balthazar, op. cit., p. 87 ; Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 117 ; Merry, op. cit., p. 88-89; Pfaff, op. cit., p. 76.
93 Télégramme de George Kennan à George Marshall, « Long Telegram », 22 février 1946, Harry S. Truman Administration File, Elsey Papers.
94 X, « The Sources of Soviet Conduct », Foreign Affairs, vol. 25, no 4 (1947), p. 566-582 ; Balthazar, op. cit., p. 91.
95 Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 117 ; McDougall, op. cit., p. 164 ; Pfaff, op. cit., p. 14.
96 Bacevich, op. cit., p. 176-177 ; Kissinger, op. cit., p. 446-474.
97 Dallek, op. cit., p. 180-181 ; Hoffmann, Gulliver, p. 38-39.
98 Les présidents Eisenhower et Kennedy avaient démontré qu’ils étaient disposés à recourir à des opérations spéciales pour saper ou renverser des régimes inamicaux comme ceux de Cuba, de l’Iran ou du Nicaragua. Mais Eisenhower et Kennedy évitèrent de sanctionner des opérations qui allaient à l’encontre des intérêts américains. Dans le cas du Vietnam, Eisenhower refusa d’impliquer l’Amérique dans une guerre que la France avait déjà perdue. Kennedy partageait la même réticence. Il préconisa dès l’automne 1963 une solution politique. Lors de sa mort, en novembre 1963, il s’apprêtait à ordonner le retrait des conseillers militaires américains (Bacevich, op. cit., p. 83-84 ; Dallek, op. cit., p. 177, 207-209, 232-236 ; Kissinger, op. cit., p. 489-490 ; McDougall, op. cit., p. 164-165).
99 La théorie des dominos a été développée dans le cadre de la guerre froide en relation avec la doctrine Truman. Elle affirmait la nécessité d’endiguer l’Union soviétique pour empêcher cette dernière de procéder à une conquête mondiale par la subversion et la force. Partant du principe de la contagion géographique, cette théorie considérait les pays d’une région donnée comme un jeu de dominos. Il s’agissait que l’un tombe entre les mains des communistes pour que tous les autres pays de la région fassent de même l’un après l’autre. C’est ainsi que dans le cadre de la guerre du Vietnam, tout le Sud-Est asiatique était considéré comme menacé (Herring, op. cit., p. 661, 738, 787-788 ; Kissinger, op. cit., p. 647, 667).
100 Dallek, op. cit., p. 237, 242 ; McDougall, op. cit., p. 172-173, 190-191, 195. L’adhésion des Américains à l’exceptionnalisme a été profondément ébranlée par la guerre du Vietnam, alors que le peuple américain découvrait la duplicité de ses dirigeants et la brutalité de la guerre. Ce fut un choc profond. C’est dans ce contexte que Daniel Bell proclama en 1975 que l’Amérique n’avait plus de destinée manifeste ou de mission spéciale, qu’elle n’était pas à l’abri de la corruption, qu’elle avait cessé d’être une exception et que la mortalité était devant elle (Daniel Bell, « The End of American Exceptionalism », The Public Interest, no 41 (1975), p. 193-224).
101 Dallek, op. cit., p. 243-245, 247-251.
102 Kaufman, op. cit., p. 103-108 ; Kissinger, op. cit., p. 448-471 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 72-74. Mais certains critiques de la pensée réaliste notent une faille majeure dans cette dernière. Celle-ci ne reconnaît pas suffisamment les succès des internationalistes libéraux qui ont révolutionné le système international et à qui on doit les niveaux extraordinaires de paix, de prospérité et de liberté qui existent aujourd’hui dans le monde (Deudney et Meiser, op. cit., p. 27).
103 Kissinger, op. cit., p. 142, 372, 809-810 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 63, 72-74.
104 Balthazar, op. cit., p. 92-93 ; Kaufman, op. cit., p. 103-108, 145.
105 Kissinger, op. cit., p. 733-761.
106 Herring, op. cit., p. 731-735, 758-759.
107 Dallek, op. cit., p. 247-251.
108 Les conditions d’utilisation de la force définies sur fond de « syndrome du Vietnam » furent ensuite entérinées par toutes les administrations suivantes, de Jimmy Carter à Bill Clinton. Codifiées dans la doctrine Weinberger et la doctrine Powell, elles ont servi de repères pour encadrer l’utilisation de la force jusqu’aux événements du 11-septembre. Par exemple, la guerre du Golfe fut clairement conduite selon ces critères. Les décisions de recourir massivement à la guerre aérienne, puis de ne pas marcher sur Bagdad en février 1991 une fois que le Koweït avait été libéré, étaient clairement influencées par les leçons tirées du conflit vietnamien. En ce sens, la guerre du Golfe a institutionnalisé le contenu du syndrome du Vietnam (Bacevich, op. cit., p. 128-130 ; Dallek, op. cit., p. 250-251 ; Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 109-110, 118 ; Pease, op. cit., p. 44-45).
109 Balthazar, op. cit., p. 95 ; Kaufman, op. cit., p. 108, 110 ; McDougall, op. cit., p. 196-197.
110 Les néoconservateurs émergent au cours des années 1960. Intellectuels américains de gauche, désillusionnés par les réformes libérales, ils rejetèrent la politique de réformes sociales mise en œuvre par la Grande Société du président Johnson. Ces intellectuels rompirent leurs liens avec le Parti démocrate pour adopter une attitude plus interventionniste sur le plan des affaires étrangères. (Mokhtar Ben Barka, La droite chrétienne américaine. Les évangéliques à la Maison-Blanche ?, Toulouse, Éditions Pivat, 2006, p. 242-243 ; Merry, op. cit., p. 154-59, 164-165).
111 Kissinger, op. cit., p. 768 ; Merry, op. cit., p. 199.
112 Balthazar, op. cit., p. 89 ; Hodgson, op. cit., p. 176-177 ; McDougall, op. cit., p. 200-201 ; Merry, op. cit., p. 161-163. Notons qu’avec l’effondrement de l’Union soviétique, Daniel Bell changeait d’avis pour proclamer la résurrection de l’exceptionnalisme américain (Daniel Bell, « “American Exceptionalism” Revisited : The Role of Civil Society », The Public Interest, no 95 (1989), p. 38-56.
113 Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 203 ; McDougall, op. cit., p. 201 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 267-270 ; Merry, op. cit., p. 100-101.
114 John Judis, « World Weary », The New Republic, 23 novembre 2005 ; Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 113.
115 Balthazar, op. cit., p. 96-97. Bill Clinton déclarait le 27 septembre 1993 dans un discours devant l’Assemblée générale de l’ONU que la politique étrangère de son administration viserait à élargir et à renforcer la communauté des économies de marché et à élargir le cercle des nations vivant sous des institutions libres. Mondialisation et exportation du modèle américain allaient de pair. L’ALENA en était l’ultime conclusion (voir Fukuyama, op. cit., p. 109 ; Pfaff, op. cit., p. 86-88).
116 Balthazar, op. cit., p. 88 ; Bacevich, op. cit., p. 130, 149 ; Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 103-113 ; McDougall, op. cit., p. 202 ; Mead, Special Providence, op. cit., p. 27-73 ; Merry, op. cit., p. 104-113, 141-146.
117 Dans une entrevue accordée le 19 février 1998 à Matt Lauer de l’émission The Today Show de NBC-TV, Madeleine Albright, secrétaire d’État, déclarait : « Mais si nous avons recours à la force, c’est parce que nous sommes l’Amérique, nous sommes la nation indispensable. Nous sommes grands et nous voyons plus loin dans l’avenir que les autres pays, et nous voyons le danger nous menaçant tous. Je sais que nos hommes et nos femmes en uniforme sont toujours prêts à se sacrifier pour la liberté, la démocratie et la préservation du style de vie américain. »
118 Anatol Lieven, « The Two Fukuyamas », The National Interest, juillet 2006 ; voir aussi Herring, op. cit., p. 918-920 ; voir aussi Balthazar, op. cit., p. 125-126.
119 Ben Barka, op. cit., p. 127, 203, 210-211, 230. En ce sens, les néoconservateurs reflètent le côté sombre de l’exceptionnalisme américain. En transformant les États-Unis en une nation messianique engagée dans une croisade pour défendre les valeurs libérales, ils deviennent paradoxalement la nation la plus dangereuse dans le monde et trahissent les valeurs libérales qu’ils affirment vouloir défendre (Deudney et Meiser, op. cit., p. 27, 40).
120 Bacevich, op. cit., p. 59-60, 119-121, 163-164 ; Ben Barka, op. cit., p. 204, 209 ; Hodgson, op. cit., p. 168, 171 ; Merry, op. cit., p. 153-154. En 2004, George W. Bush déclarait « L’histoire de l’Amérique est l’histoire de l’expansion de la liberté, un cercle toujours plus large, en croissance constante pour atteindre plus loin et inclure plus. L’engagement fondateur de notre nation est toujours notre engagement le plus profond : Dans notre monde, et ici, chez nous, nous allons étendre les frontières de la liberté. » (George W. Bush, « Speeches from the 2004 Republican National Convention », New York, 2 septembre 2004, www.presidentialrhetoric.com).
121 Fukuyama, op. cit., p. 81-88 ; Hodgson affirme que le gouvernement américain a appliqué le concept de l’« exemptionnalisme » dans beaucoup de ses relations internationales, en rejetant les règles et les normes qui sont pourtant suivies par les autres nations, par exemple concernant la torture ou le respect des droits de l’homme. Pease reprend aussi ce concept qui permet aux États-Unis de se soustraire aux règles qui régissent le monde depuis 1945 (Hodgson, op. cit., p. 154 ; Pease, op. cit., p. 23-27).
122 Hoffmann, Chaos and Violence, op. cit., p. 125, 127 ; Merry, op. cit., p. 193-213 ; Pfaff, op. cit., p. 15.
123 Judis, « World Weary », op. cit.
124 Sam Wylie, « Splendid isolation and the Tea Party », Core Economics, 20 juin 2011.
125 Battistella, op. cit., p. 47-59, 90-91, 113-140, 257-263, 434-442.
126 L’approche théorique de Joseph Nye Jr. est fermement ancrée dans les principes du réalisme politique qui reconnaît à la fois l’importance des concepts de puissance et d’intérêt personnel. Mais l’aspect innovateur de son approche découle de la fusion qu’il réalise entre le concept de puissance et celui de l’interdépendance. Dans les nations industrialisées, le développement des institutions était selon lui une extension inévitable de la logique de puissance. Par conséquent, ces dernières deviennent plus relatives à mesure que l’interdépendance se développe (Joseph S. Nye Jr., The Paradox of American Power : Why the World’s Only Superpower Can’t Do It Alone, New York, Oxford University Press, 2002, p. 69).
127 Joseph S. Nye, op. cit., p. 8-9, 35-36 ; voir aussi Balthazar, op. cit., p. 112-113 ; Herring, op. cit., p. 921.
128 Nye, op. cit., p. XIII-XIV.
129 Ibid., p. 40.
130 Ibid., p. 154-159.
131 Plus que tout autre intellectuel américain, Reinhold Niebuhr a fait une critique en règle du concept de l’exceptionnalisme américain. Dénonçant le pharisaïsme américain qui se dissimulait derrière cette idée, Niebuhr a œuvré diligemment à saper les bases de cette vision idéologique en insistant sur les faiblesses de la nature humaine. Il est essentiel, selon Niebuhr, que les dirigeants américains, sans nier ses valeurs morales, reconnaissent humblement que l’Amérique n’est pas supérieure aux autres nations et qu’elle souffre, comme ses alliés et adversaires, de déficiences (Bacevich, op. cit., p. 6-7, 42, 45-48, 58-66, 81, 68, 119-121, 127-130, 160-165 ; Reinhold Niebuhr, Moral Man and Immoral Society, Charles Scribner’s Sons, New York, 1960, p. 95 ; Rotter, op. cit., p. 34).
132 Pfaff, op. cit., p. 14-15.
133 Ibid., p. 43-66.
134 Ibid., p. 27-28, 64-65, 173-175.
135 Hoffmann, Gulliver, op. cit., p. 176-177, 179-181, 427-428.
136 Hoffmann, Gulliver, op. cit., p. 115-16, 126, 383.
137 Ces idées reviennent constamment tout au long du livre de Hodgson.
138 En fin de compte, Hodgson considère qu’il est nécessaire pour la politique américaine de réconcilier les idéaux américains avec les principes du réalisme politique. Ce n’est qu’alors que la puissance américaine peut jouer un rôle positif et que les États-Unis dans leur implication sur la scène internationale sont en mesure de véritablement poursuivre des objectifs de paix (Hodgson, op. cit., p. xii-xvii, 16, 128-130, 156, 162).
139 Fukuyama, op. cit., p. ix-xiv.
140 Par conséquent, selon Fukuyama, il est urgent pour les intellectuels américains de reconnaître la véritable nature du nationalisme américain et les implications fondamentales des mythes sous-jacents. Aussi, Fukuyama propose sa propre solution, qu’il baptise « réalisme wilsonien », qui permettrait d’éviter les débordements des néoconservateurs tout en ralliant les idéalistes libéraux (Fukuyama, op. cit., p. 28-31, 63-64, 88-94, 133-140, 150-151 ; Lieven, op. cit.)
141 La lecture que le président Barack Obama fait des différents courants qui ont dominé la politique étrangère américaine depuis plus d’un siècle dépasse la simple curiosité historique. Obama comprend les différentes forces qui ont présidé à la prise se décisions cruciales telles que l’entrée en guerre ou non à certains moments décisifs. C’est dans cette perspective qu’Obama, influencé par la vision du monde de Reinhold Niebuhr et de George F. Kennan, propose des réponses « sensées » aux défis actuels posés par l’Afghanistan, l’Iran, la Corée du Nord ou le conflit israélo-palestinien. Conscient du poids des échecs passés, le président Obama dispose cependant d’une marge de manœuvre limitée.
142 Président Obama, Conférence de presse, 4 avril 2009, www.whitehouse.gov.
143 Bacevich se montre ici très critique à l’égard des aspirations et des objectifs d’Obama en politique étrangère. Comme le seul objectif du système américain est d’assurer la stabilité du système international, il craint que les grandes promesses d’Obama n’aboutissent à une grande désillusion (Bacevich, op. cit., p. 170-171, 187-188 ; voir aussi Robert Dallek, « The Tyranny of Metaphor », Foreign Policy, novembre 2010 ; Douglas J. Feith et Seth Cropsey, « The Obama Doctrine Defined », Commentary Magazine, juillet 2011).
144 Karen Tumulty, « Conservatives’ New Focus: America, the Exceptional », The Washington Post, 20 novembre 2010.
145 Reinhold Niebuhr, The Children of Light and The Children of Darkness, New York, Charles Scribner’s Sons, 1944, p. 30-31, 141, 189-190.
146 En effet, les États-Unis sortirent de la Seconde Guerre mondiale dotés d’une puissance militaire et économique sans précédent. Ils crurent alors qu’ils disposaient de moyens suffisants pour reconfigurer le monde à leur image. Comme l’Union soviétique résistait au plan américain, les dirigeants américains exagérèrent la menace idéologique communiste pour gagner le soutien politique des membres du Congrès et assurer l’adhésion de l’Europe occidentale à ses projets. Il en résulta la guerre froide (Lloyd C. Gardner, Architects of Illusion: Men and Ideas in American Foreign Policy, Chicago, Quadrangle Books, 1970).
147 Dallek, op. cit., p. 243.
148 Graham Allison et Philip Zelikow, Essence of Decision: Explaining the Cuban Missile Crisis, New York, Longman, 2e éd., 1999 ; Daniel W. Drezner, « Ideas, Bureaucratic Politics, and the Crafting of Foreign Policy », American Journal of Political Science, vol. 44, no 4 (octobre 2000), p. 733-749.