Chapitre 8. Gouvernance environnementale et gestion de réseaux : entre changement et stabilité
p. 303-341
Texte intégral
1. Introduction : gouvernance contemporaine et changement de politiques1
1La gouvernance contemporaine évolue dans un contexte très différent de celui des dernières décennies. Les tailles des gouvernements, du point de vue des ressources humaines et de l'organisation, ont certes augmenté, mais leur autonomie et leur pouvoir de changer la réalité s’est érodé. À l’échelle internationale, ce phénomène est dû à la croissance des systèmes d’échanges internationaux et transnationaux2. À l’échelle nationale, toutefois, les gouvernements modernes ont également été affectés par la restructuration des sociétés, devenues des réseaux complexes d’acteurs interorganisationnels3. Ce double mouvement a résulté en un processus d’affaiblissement des États : de nombreuses fonctions naguère remplies par les gouvernements sont aujourd’hui reprises par une série d’acteurs non gouvernementaux. C’est vrai pour des services qui étaient offerts directement par des fonctionnaires — allant de l’entretien des routes aux services psychiatriques — services aujourd’hui assurés par des sous-traitants non gouvernementaux. C’est vrai aussi de l’application des lois et règlements — touchant à la conservation de l’énergie ou à l’alcool au volant — qui font l'objet de campagnes d’information et de relations publiques quasi privées. Quant à l’observation des lois et règlements, elle évolue : là où l’on parlait d’« application », on parle aujourd'hui de « conformité ». Financièrement, les subventions ont fait progressivement place aux dépenses fiscales4. Intentionnellement ou non, ces changements ont tous eu pour effet de développer plus encore le réseau complexe d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux qui régissent la vie moderne5.
2Ces processus et ces paradoxes présentent des défis aux administrations publiques en ce nouveau siècle. Ils ont eu pour effet de pousser les gouvernements à s’intéresser à de nouveaux instruments de politiques, mieux adaptés à la complexité des sociétés modernes. Plusieurs gouvernements ont en effet tourné le dos aux politiques traditionnelles, axées sur la réglementation obligatoire, les entreprises publiques, les agences de réglementation, les subventions et la « persuasion morale » — des politiques qui tentent d’influencer directement l’allocation des biens et services. Ils se tournent maintenant vers des formes plus modernes de gouvernance, qui utilisent des instruments différents, comme les partenariats ONG-gouvernement, les commissions consultatives, le financement des groupes d’intérêts, la diffusion de l’information, qui tentent d’orienter indirectement les acteurs sociaux dans la direction souhaitée par le gouvernement6.
3La gestion et la gouvernance modernes sont ainsi devenues moins une question de prestation de services et davantage une entreprise de gestion indirecte des réseaux7, dans laquelle le gouvernement tente d’influencer les acteurs des réseaux, ou de modifier les réseaux eux-mêmes, pour atteindre leurs buts8. La gestion publique contemporaine, à la différence des gouvernements du passé, est souvent indirecte, discrète, pratiquement invisible. En revanche, elle requiert beaucoup de planification et de vision pour mener l’immense barque de l’État vers des ports inconnus.
4Ce chapitre tente d’examiner comment les changements dans un secteur donné — l’environnement — sont susceptibles d’affecter le choix des politiques au Canada. Nous développerons un modèle de changement de politiques et tenterons de mesurer jusqu’à quel point le gouvernement peut exercer un leadership en la matière, et jusqu’à quel point il ne fait que réagir. Nous voulons ainsi poser les jalons d’une réflexion sur la meilleure façon, pour le Canada, de se positionner en gestion environnementale dans les années qui viennent.
2. De quelle façon les politiques changent
5L’évaluation de l’impact des divers facteurs qui régissent l’évolution de la gouvernance et du choix de politiques requiert au préalable que l’on comprenne bien les processus qui provoquent les changements de politiques publiques. Et il faut bien définir, avant tout, ce que nous entendons par « changement de politiques ».
6Dans les articles et les livres publiés sur le sujet, on trouve différentes définitions du « changement de politiques ». Peter Hall, par exemple, a conçu une classification qui tente d’identifier les fins et les moyens d’une politique. Dans son ouvrage, il propose trois « ordres » de changement : les changements du premier ordre, dans lequel ne changent que les paramètres (settings) des instruments de politiques ; les changements du second ordre, où varient les instruments eux-mêmes, et les changements du troisième ordre, où les objectifs des politiques sont modifiés9. Parmi les exemples de changements du premier ordre, on trouve le relèvement des normes de sécurité imposées aux constructeurs automobiles, ou l’abaissement des normes d’émissions polluantes d’une usine. Pour illustrer les changements du second ordre, on peut citer le changement du type d’incitations financières dans le domaine de la sécurité routière, ou le passage de normes obligatoires d’émissions polluantes à l’imposition d’une taxe progressive sur émissions. Des changements du troisième ordre peuvent inclure des changements d'objectifs des politiques, par exemple le fait de favoriser le transport en commun après avoir mis la priorité sur les véhicules privés en matière de sécurité routière, ou encore de s'occuper de prévention au niveau des processus de production, plutôt que de normes et de réglementations sur les produits finis.
7Même si cette formulation comporte l'avantage de la simplicité et de la clarté, elle présente des difficultés parce qu’elle met trop l’accent sur les politiques résultantes comme mesures uniques des changements de politiques. Parce que, comme Hernes l’a montré dans le contexte d’une étude sur le changement sociologique, le changement ne met pas uniquement en scène les résultats finals (outputs), mais également les déterminants (inputs) et les processus10. Le fait de se concentrer uniquement sur le changement d'instruments de politiques pose des problèmes particulièrement dans le cas de politiques publiques. Et ce, parce que (1) les même types d’outils peuvent être utilisés pour poursuivre des objectifs différents (ce qui signifie qu’un changement d’instrument ne signifie pas nécessairement un changement de politique) ; (2) les objectifs et les moyens sont parfois difficiles à démêler d’une façon satisfaisante pour l’analyse ; et (3) même un changement des « paramètres » d’un instrument de politique peut, à l’ocasion, refléter un changement important d’objectifs, par exemple lorsque les taux d’imposition sont augmentés d’une manière progressive ou punitive11.
8Les études de cas des changements de politiques ont montré en réalité qu’il y a un grand nombre de types de changement et un grand nombre de processus qui ont pu mener à ces changements. Ces mêmes études ont également mis en lumière un grand nombre de processus et de facteurs qui retardent le changement. En prenant en ligne de compte toutes ces considérations, il est possible d’identifier les éléments clés du changement en matière de politiques publiques, les types de changement et le lien qui existe entre processus et types de changements12.
Changement et stabilité : processus divers, résultats divers
9Jusqu’à tout récemment, on croyait que les changements de politiques provenaient surtout d’événements se déroulant à l’extérieur d’un système relativement stable composé des acteurs, des instruments, des idées et des institutions liés à un ensemble d’enjeux particuliers13. Dans tout secteur, il est possible d’identifier clairement un système avec des définitions communes et généralement acceptées de ce qu’est l’enjeu, de ce que sont les politiques appropriées (lois, règlements, instruments fiscaux, programmes gouvernementaux et relations) qui s’y appliquent, et qui sont les acteurs et les institutions concernés (gouvernementaux ou non) qui participent activement aux politiques, à leurs définitions et modifications.
10L’idée que de tels systèmes ne peuvent changer que sous l’effet de chocs d'origine extérieure s’appuyait sur le postulat que ce sont des systèmes (ou, comme nous allons les appeler) des sous-systèmes stables ou « homéostatiques14 ». Basés sur un équilibre initial interne, les systèmes de politiques publiques s’ajustaient continuellement aux changements internes et ne pouvaient perdre cet équilibre que sous l’effet d’événements extérieurs introduisant de nouveaux éléments dynamiques15. De plus, on faisait souvent valoir que tout système a une capacité d’action donnée qui, une fois atteinte, empêche tout changement interne — c’est la thèse de la « surcharge16 » (overload). L’idée que le changement de politique doit être exogène a naturellement porté les chercheurs à se pencher sur les types de crises externes à même de provoquer une réponse du gouvernement ou un changement de politiques.
11Même si certains aspects de ces modèles restent utiles17, les conceptions plus récentes des systèmes de politiques publiques sont plus chaotiques, oublient les notions d’équilibre dynamique pour adopter plutôt des concepts ad hoc où les systèmes peuvent eux-mêmes affecter leur environnement et donc changer la nature des contraintes externes18. Dans la recherche, ce changement s’est traduit par la reconnaissance du fait que les crises ne sont pas les seules sources de changement externe, et que des facteurs internes ou endogènes aux systèmes d’élaboration des politiques peuvent aussi, indépendamment ou en conjonction avec d’autres facteurs, provoquer des changements de politiques19.
12La reconnaissance de ce fait a stimulé des efforts de mesure et d’examen de ce qui mène aux changements de politiques. Ces efforts sont allés bien au-delà de la distinction entre « interne » ou « externe » et ont permis d’identifier plusieurs processus qui influencent le type et le rythme du changement, ainsi que les différents types de changements provoqués. On a identifié plus particulièrement quatre processus à la base du changement de politiques, ainsi que quatre processus à même de favoriser, au contraire, la stabilité ou le maintien du système. Énumérés selon leur ordre d’apparition ce sont les suivants.
13Le changement est favorisé par les perturbations organiques, le changement de canaux d’articulations (venue change), l’apprentissage (policy-learning) et le « spillover » sous-systémique. La stabilité, en revanche, est favorisée par l’absence de décision, le caractère technocratique des enjeux (hard issues), le poids de l’héritage (ou path dependency) et les réseaux fermés. Décrivons sommairement chacun d’entre eux.
Quatre processus favorisant le changement
14Le terme perturbation organique décrit la forme la plus ancienne de processus de changement — celui qui provient des crises externes qui viennent perturber des habitudes établies20. Cela peut inclure des phénomènes proprement nationaux comme les guerres ou les désastres, ou les événements répétitifs comme des élections ou des changements de leadership. Le spécialiste américain bien connu des processus de changement de politiques, Paul Sabatier, a fait valoir que « les changements dans les aspects vitaux des processus sont généralement le résultat de perturbations de facteurs non cognitifs qui sont extérieurs au sous-système, comme les conditions macroéconomiques, ou l’avènement d’une nouvelle coalition organique au pouvoir21 ». Le mécanisme par lequel le changement survient, c’est l’introduction de nouveaux acteurs dans le processus d’élaboration des politiques. La venue de nouveaux acteurs survient souvent à la suite d'une plus grande attention du public sur un point précis, quand on redoute une crise.
15L’expression venue change, ou « changement de canaux d’articulation », se réfère à un deuxième processus qui facilite le changement de politiques, touchant moins aux nouvelles conditions externes qu’aux changements de stratégies suivies par les acteurs dans la poursuite de leurs intérêts22. Dans leurs ouvrages sur l'élaboration des politiques aux États-Unis, par exemple, Jones et Baumgartner ont relevé différentes stratégies utilisées par des acteurs actuellement exclus du système d’élaboration des politiques pour avoir accès aux délibérations23. Il s’agit généralement d’acteurs communautaires périphériques qui essaient de pénétrer les cercles plus restreints d’acteurs centraux, mais ce peut aussi être un simple jeu d’influence entre acteurs établis24. Les stratégies de venue-shifting impliquent une redéfinition des enjeux visant à faciliter un changement du cadre de formulation des politiques. Un exemple flagrant de ceci survient lorsque des groupes environnementaux tentent d’élargir un enjeu comme l’élimination des déchets, transformant ce qui n’était qu’un enjeu strictement technique en une grande question de santé publique et de droits de propriété, qui est sujet à des poursuites et à des recours judiciaires25.
16Ce ne sont pas toutes les politiques qui sont ainsi susceptibles de se prêter à des manipulations d’image ou à des changements de « canaux d'articulation ». Cependant, Jones et Bumgartner font valoir que les acteurs à l’extérieur du système d’articulation des politiques vont tenter d’altérer l’image que projettent certaines politiques dans l'espoir que cela leur permettra de trouver de nouveaux canaux d’articulation, plus favorables pour eux, des enjeux existants.
17Le policy-learning (« apprentissage des politiques ») est le troisième processus de changement exposé par les spécialistes. Il décrit, comme l’a noté Hugh Heclo, comment un changement durable des politiques peut découler de l’apprentissage et des connaissances cumulés par les décideurs à travers leurs expériences et celles d’autrui26. On apprend souvent de l’expérience des autres niveaux de gouvernement, des autres pays, mais on peut également apprendre de ses propres expériences, vécues à l’intérieur des limites de son propre sous-système27. Ce comportement est le résultat de plusieurs processus de rétroaction28. Cela peut prendre la forme de décideurs d’un pays qui vont enquêter sur les pratiques dans un autre pays, ou encore de situations où un administrateur décide d’imiter les « pratiques exemplaires » dans la prestation de services. Certains apprentissages se limiteront à une réflexion sur les pratiques existantes, tandis que d’autres iront beaucoup plus loin et affecteront toute une gamme de facteurs qui déterminent les politiques29. Tous mettent en jeu le développement et la diffusion d'idées nouvelles dans les processus de prise de décision.
18Ces différentes conceptions de l’apprentissage, et le rôle de ce dernier dans la formulation des politiques, sont utilisés par de nombreux analystes pour décrire la tendance qu’ont les politiques publiques à changer sous l’effet des changements de conceptions résultant d’une réflexion sur les expériences passées et sur le caractère désirable ou non de certaines lignes de conduite actuelles.
19Finalement, le débordement ou « spillover » sous-systémique (subsystem spillover) se réfère à un changement — largement décrit ces dernières années — qui survient lorsque des activités prenant place dans d'autres sous-systèmes en viennent à franchir des barrières autrefois étanches entre sous-systèmes et à influencer la structure et le comportement d’un sous-système voisin30. C’est le cas, par exemple, lorsque la communication et l’administration par Internet viennent bousculer les régimes établis de télécommunications, ou lorsque des acteurs agissant sur la prise de décision en matière de ressources naturelles se trouvent obligés, un beau matin, de tenir compte des revendications territoriales des Autochtones — réalités qui ne faisaient pas partie de leurs réflexions.
20Même si on ne fait aujourd’hui que commencer à examiner ce processus de changement, il peut survenir sans qu’on observe nécessairement un changement d’appartenance à un sous-système de formulation de politiques (intersections temporaires de sous-systèmes), ou encore comme prélude à une fusion entre deux sous-systèmes (convergence de sous-systèmes)31. Ce processus, comme toutes les perturbations organiques, affecte les processus de formulation des politiques par l’introduction de nouveaux acteurs dans des sous-systèmes qui sont par ailleurs stables. Toutefois, à la différence des cas de perturbations systémiques, ici les nouveaux acteurs tendent à être des spécialistes ou des parties intéressées, plutôt que de simples représentants du public en général.
Quatre processus favorisant la stabilité
21La question de la stabilité des politiques et de la résistance au changement a donné lieu à beaucoup d’études au cours des 30 dernières années. Ces recherches, fondées sur de nombreuses études de cas, mettent en lumière la manière par laquelle les facteurs idéologiques et institutionnels séparent les enjeux de politiques des processus de changement décrits plus haut.
22Formuler des politiques, cela peut être, tout à la fois, prendre ou ne pas prendre des décisions sur des enjeux. La non-décision était le terme utilisé dans les années 1960 pour décrire des situations dans lesquelles les débats politiques débouchaient sur le statu quo parce qu’un changement à l’état existant n’était pas envisagé ou soumis à un débat32. Les exemples vont de la négligence envers la pauvreté en milieu urbain à l’inaction sur les questions concernant la condition féminine. La non-décision a été l’objet de nombreuses enquêtes et études, notamment en science politique dans les années 1960 et 1970, lorsqu’on s’est intéressé aux débats sur le pouvoir de décision communautaire33. On la retrouve aujourd’hui dans l’analyse de discours qui cherche à comprendre comment les idéologies servent de filtres et influencent les options mises de l’avant dans le processus de formulation des politiques34. Ces études soulignent toutes l’importance du « cadre » des politiques, c’est-à-dire un ensemble relativement stable d’idées politiques qui d’office filtrent les nouvelles conceptions de politique publique35.
23 Hard Issues (« technicisation des enjeux » ou « enjeux technocratiques ») est l’expression utilisée pour décrire le phénomène, souvent noté, où la nature même d’un enjeu public donné peut le soustraire aux processus de changements36. Comme l’ont noté les spécialistes des politiques publiques des années 1970, (Cobb, Ross et Ross), les enjeux empruntent des chemins différents dans les ordres du jour gouvernementaux selon qu’il y ait ou non une forte mobilisation du public ou des élites37. Plus récemment, May et Pollock, Lilie et Vittes ont soutenu que certains enjeux souffrent de ne mobiliser aucun intérêt populaire, ou, lorsqu’ils le font, souffrent de la division du public sur la nature des changements désirés38. Ils soulignent que certains enjeux comme la réglementation des matières toxiques ou la fixation des tarifs sont « durs » (hard issues) en ce sens qu'ils entraînent des discours publics qui sont technocratiques, légalistes, orientés sur les moyens — et généralement difficiles à comprendre pour le grand public. Ces enjeux mobilisent de plus petits groupes d’acteurs, à la différence des débats sur la santé ou la sécurité publiques, plus à même d’obtenir l’attention du public. Les enjeux « durs » supposent un plus petit nombre d'acteurs et, de par leur nature, bloquent l’entrée dans leurs sous-systèmes décisionnels de nouveaux acteurs venus de l’extérieur39.
24 Path dependence (le « poids de l'héritage ») est un terme récent découlant d’observations plus anciennes. Il fait réfèrence à l’influence des anciennes politiques, des anciens comportements et des anciennes institutions en matière décisionnelle, sur le processus contemporain de prise de décisions40. L'héritage des politiques antérieures affecte la prise de décision aujourd'hui, notamment par l’effet des « coûts irrécupérables » et des programmes et procédures institutionnels qui peuvent entraîner certaines décisions dans certaines directions — en réduisant ou en déformant la gamme des options offertes aux gouvernements41. Par exemple, la décision de changer un programme d’énergie nucléaire existant dans lequel on a déjà investi des milliards de dollars est plus difficile à prendre que si ce programme n’avait pas encore été lancé. Comme l’ont fait valoir Weir, March et Olsen, la stabilité survient lorsqu’un enjeu est institutionnalisé ou soumis à des pratiques routinière42.
25L’expression « réseaux fermés » renvoie à une source récemment identifiée de stabilité des politiques. Elle repose tout simplement sur la capacité qu'ont certains acteurs d’empêcher l’entrée dans le débat de nouveaux acteurs, de nouveaux discours. Cela se produira lorsque les gouvernements refusent par exemple d’admettre dans des conseils consultatifs tel environnementaliste réputé, ou refusent de financer des intervenants en évaluation environnementale, ou encore lorsqu'on évite la mise sur pied de certains conseils consultatifs. Hors du gouvernement, il peut également s’agir de groupes d’intérêt qui ne veulent pas partager le terrain avec de nouveaux groupes qui tentent de prendre racine dans certaines « niches » d’enjeux spécialisés43. Rhodes, Schaap et van Twist, entre autres, ont montré que les acteurs dans tous les systèmes et sous-systèmes tentent de se ménager des « monopoles d’expertise » en matière de politiques, qui tendent à empêcher tout point de vue différent de se manifester en ce qui concerne l’approche générale d’un sujet ou d’un enjeu44. Ce n’est que lorsqu’un tel monopole est brisé que de nouveaux acteurs peuvent entrer à l’intérieur de ces sous-systèmes, et que l’on peut espérer commencer à changer les politiques de façon significative.
Les variables clés du changement
26Ce rapide survol des grands processus de changement ou de maintien des politiques publiques, tels que les décrivent les analyses en vigueur aujourd’hui, a mis en relief les points communs des principales variables affectées par cette dynamique. À première vue, ces variables sont les suivantes : la nature des acteurs, les institutions, les enjeux, les idées que l’on rencontre dans un secteur donné. Toutefois, comme le suggère le tableau 8.1, les huit processus que nous venons d’identifier partagent en fait deux variables centrales. Ils soulignent l’importance (1) de l’entrée de nouveaux acteurs, qu’il s’agisse du public ou des « élites » du processus de prise de décision, et (2) de l’entrée de nouvelles idées, qu’il s’agisse d’un savoir nouveau ou de nouveaux cadres, de nouveaux facteurs affectant les politiques ou leur stabilité.
27Les acteurs peuvent évidemment être de types différents et se situer à différents niveaux du processus de formulation des politiques. On les considère comme faisant partie du public ou de l’ensemble plus large appelé « l’univers des politiques » (policy universe ou Pu) : ce sont des membres éclairés du public qui ont un certain niveau de connaissances dans le domaine en question. Ce peut être la policy community (Pc), c’est-à-dire l’ensemble plus restreint des gens qui ont un quelconque intérêt dans un secteur particulier, et qui interagissent de façon routinière avec les réseaux (policy networks ou Pn) plus fermés, plus élitistes45, qui, eux, « font » vraiment les politiques. Les « nouveaux » acteurs, dans ce contexte, ce sont ceux qui s'insèrent dans une communauté plus fermée, plus élitiste que la précédente (de Pu à Pc ou Pn, ou de Pc à Pn).
TABLEAU 8.1. Variables clés intervenant dans les processus de stabilisation et de changement
Variable du changement |
Processus de changement |
Processus de stabilisation |
Variation causant le changement (ou la stabilité) |
Acteurs |
Spillovers |
Réseaux fermés |
Pénétration (ou non-pénétration) de nouveaux acteurs dans un sous-système |
Perturbations organiques |
Enjeux technocratiques |
Mobilisation (ou non-mobilisation) du public autour d'un enjeu |
|
Idées |
Apprentissage |
Non décision |
Pénétration (ou non-pénétration) de nouvelles idées dans un sous-système |
Nouveau canaux d'articulation/Changement d'image |
Poids de l’héritage |
Changement ou persistance des discours institutionnels |
28Il en va également ainsi des idées. Les idées existent au niveau cognitif et normatif et peuvent jouer un rôle en ce qu’elles affectent tout autant les propositions proprement dites que les présupposés sur lesquels elles se fondent46. Tous les types d’idées — principes programmatiques, cadres de discussion, structure paradigmatique, valeurs et attitudes — peuvent avoir une influence sur les politiques, bien que la portée de cette influence soit fonction du caractère général ou particulier des idées en question. Par exemple, un changement dans le sentiment et les attitudes du public aura une influence assez forte, mais diffuse, sur le choix des politiques. Par contre, l’introduction d’une nouvelle idée programmatique par un membre de l’élite aura un effet beaucoup plus marqué.
3. Une théorie vectorielle du changement de politique : taxonomie et modèle analytique
29La spécification des variables qui déterminent la stabilité ou le changement en matière de politiques publiques pose la question du lien entre ces divers processus. Il n’est pas absurde de penser que la nature et le type de changement qui se produisent dans un secteur donné sont liés à la façon dont les processus de changement des politiques sont liés entre eux47. En d’autres mots, un processus qui favorise le changement peut être contrebalancé par un processus qui favorise la stabilité, la résultante n’étant alors qu'une très lente évolution à partir du statu quo. Ou encore, une situation peut survenir où plusieurs processus de changement sont en cours, mais sans facteur compensatoire de stabilité, ce qui favorise un changement plus rapide et plus fondamental. Inversement, un processus de changement peut être limité ou neutralisé par l’existence de multiples processus favorisant la stabilité48.
30À cet égard, il faut noter que de nombreux processus, qu'ils favorisent la stabilité ou le changement, sont étroitement liés entre eux. Par exemple, un grand poids de l’héritage passé entraînera de coûteux efforts pour briser le statu quo. Cela est susceptible de se produire si et seulement si une crise systémique menace le statu quo à un point où le changement de politique paraît moins coûteux que le maintien de cette politique. D’une façon similaire, le « spillover » pourra servir à ébranler un réseau fermé. Cependant, une évaluation précise du lien existant entre les politiques et les forces du changement ou de la stabilité nécessite une meilleure compréhension de la nature des modèles de changement et de la façon dont ils sont liés aux deux variables fondamentales mentionnées — les idées et les acteurs.
Modèles typiques de changement
31De nombreux observateurs ont noté que la plupart des politiques gouvernementales sont, la plupart du temps, une simple continuation des pratiques et politiques antérieures. Même ce qu’on appelle une « nouvelle » politique est souvent une simple variante de pratiques existantes49. Dans des circonstances normales, un problème ou un enjeu donné sera traité avec une référence explicite aux pratiques existantes, ou dans une approche qu’on a appelée « gradualiste » (incremental)50. Ce modèle de changement « à la pièce » est la pratique habituelle du processus « normal » d’élaboration des politiques.
32Un second modèle est plus radical, bien que plus rare. Il s’agit de la reconceptualisation ou restructuration d’une politique. Ce type de changement est souvent appelé « paradigmatique »51. La principale différence entre ces deux approches du changement, c’est que la première met en scène des changements qui n’apportent rien de nouveau, à la marge des politiques existantes, et qui utilisent les processus, les institutions et les régimes déjà existants. Les changements « paradigmatiques », non gradualistes, impliquent des politiques nouvelles qui représentent une rupture nette par rapport aux usages antérieurs, tant sur le plan de la conception, du développement que de l’application des politiques52. Les exemples les plus fréquemment cités comprennent les réorientations des politiques fiscales et monétaires dans les années 1930 en Occident (keynésianisme), puis la rupture avec ces politiques en faveur du monétarisme dans les années 1970 et 198053, ou encore les changements en matière d’exploitation des ressources naturelles survenus au XXe siècle lorsque sont apparues les politiques de conservation et de développement durable54. Le changement graduel est vu comme plus ou moins linéaire, tandis que le changement paradigmatique est vu d’habitude comme le fait de périodes de stabilité et d’adaptations graduelles, entre lesquelles s’intercalent des soulèvements révolutionnaires — ce qu’on a appelé le modèle d’« équilibre ponctué » (punctuated equilibrium)55.
33Durrant et Dielh56 ont porté un regard neuf sur ces différents modèles de changement. Empruntant à la paléobiologie, ils ont fait valoir que le changement de politiques a deux composantes. Les politiques peuvent varier entre elles non seulement par le mode de changement — entre « changement à la pièce » et « changement paradigmatique » — mais également en termes de vitesse du changement (voir le tableau 8.2).
TABLEAU 8.2. Structure de base des changements de politiques
Vitesse du changement |
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Mode de changement |
Rapide |
Lent |
Paradigmatique |
Paradigmatique rapide |
Paradigmatique gradualiste |
Normal ou intra-paradigmatique |
Gradualiste rapide |
Gradualiste lent |
Source : Adapté de R.F. Durrant et P.F. Diehl, « Agendas, Alternatives and Public Policy : Lessons from the U.S. Foreign Policy Arena », Journal of Public Policy, vol. 9, no 2, p. 179-205.
TABLEAU 8.3. Effets du changement d'acteurs et d'idées sur le changement de politiques
Introduction de nouveaux acteurs |
||
Introduction de nouvelles idées |
Oui |
Non |
Oui |
Paradigmatique rapide |
Paradigmatique lent |
Non |
Gradualiste rapide |
Gradualiste lent |
Source : Adapté de M. Howlett et M. Ramesh, « Policy Subsystem Configurations and Policy Change : Operationalizing the Postpositivist Analysis of the Politics of the Policy Process », Policy Studies Journal, vol. 26, no 3 (1998), p. 466-482.
34Comme ce modèle tend à le montrer, le changement paradigmatique, bien que rare, peut être lent ou rapide, ce qui diffère quelque peu du changement paradigmatique tel qu'il est d'habitude évoqué — un changement nécessairement rapide. Toutefois, un fonds de données empiriques sur de tels processus graduels a été accumulé en matière de politiques fiscales, autochtones, forestières, agricoles, entre autres57. La remarque vaut également pour les changements graduels, non révolutionnaires, qui peuvent se faire rapidement ou lentement même si la théorie a toujours tendu à les présenter comme des processus nécessairement très lents58.
35Le lien entre ces modèles et les principales variables identifiées dans la section précédente est une première étape indispensable menant à la compréhension et à la bonne gestion des processus d’élaboration de politiques. Dans la section précédente, on a fait valoir que la présence ou l’absence de nouveaux acteurs et de nouvelles idées étaient des variables essentielles pour rétablir la présence ou l’absence de processus de changement ou de stabilité. Le tableau 8.3 met en évidence la relation fondamentale qui existe entre les grands modèles de changement dont nous venons de parler et les variables essentielles discutées dans la section précédente.
TABLEAU 8.4. Processus de stabilisation et de changement et modèles associés de changement de politiques
Implique la présence de nouveaux acteurs |
||
Oui |
Non |
|
Implique la présence de nouvelles idées |
Spillovers sous-systémique Perturbations systémiques |
Sous-systèmes clos Enjeux technocratiques |
Oui |
||
Apprentissage |
Paradigmatique rapide |
Paradigmatique lent |
Changement de canal d'articulation |
||
Non |
Gradualiste rapide |
Gradualiste lent |
Non-décision Poids de l’héritage |
36Cette analyse suggère qu’il ne peut y avoir de changement paradigmatique sans l’introduction d’idées nouvelles, mais que même avec de telles idées nouvelles la vitesse du changement dépend de ce que ces idées sont introduites par des acteurs nouveaux ou anciens. En poussant l’analyse, on découvre que certains processus de changement ou de maintien de la stabilité peuvent être liés à certains modèles de changement de politique (voir le tableau 8.4). Puisque les modèles généraux de changement et les processus spécifiques évoqués dans la section précédente dépendent de ce qu'on ait ou non mis l’accent sur certains acteurs nouveaux ou certaines idées nouvelles, il en découle que différents processus de changement ou de maintien de la stabilité peuvent être combinés pour favoriser certains modèles de changement précis.
37Chaque processus implique l’introduction, ou la non-introduction, de nouveaux acteurs ou de nouvelles idées dans un processus d’élaboration de politiques. Chacun de ces processus peut lui-même être combiné avec d’autres processus qui eux aussi affectent ces deux variables. Si l’apprentissage (policy-learning) et le changement de canaux d’articulations (venue change) concernent d’abord les idées nouvelles, ils peuvent être combinés à des processus comme le « spillover » ou la perturbation systémique, qui sont à même d’introduire de nouveaux acteurs dans le système ou le sous-système. La compréhension des liens entre les deux variables centrales et les huit processus spécifiques qui favorisent la stabilité ou le changement est au cœur de l’analyse des modèles de changement en matière d'élaboration de politiques. Une telle compréhension est un préalable obligatoire à l’analyse des tendances futures dans différents secteurs spécifiques et à l’élaboration, par les gouvernements, de réponses adaptées à ces tendances59.
38Dans la section suivante, nous verrons comment le gouvernement, avec les instruments dont il dispose, peut faciliter ou empêcher le changement de politiques par l’introduction ou la manipulation de nouveaux acteurs ou de nouvelles idées.
4. La gestion du changement : les instruments d'une gestion complexe de réseau
39Comme il ressort de la discussion qui précède, certains des processus qui facilitent le changement ou le maintien de la stabilité en matière de politiques publiques peuvent faire l’objet de manipulation gouvernementale à travers les processus que sont le changement de canaux d’articulation, l’apprentissage, la non-décision, entre autres. D’autres processus, comme la perturbation systémique, ne peuvent être manipulés directement, même si les gouvernements essaient de se préparer à de telles éventualités. Une série d’instruments peuvent être mobilisés par les gouvernements pour favoriser, ou empêcher, l’avènement de certains changements spécifiques en altérant la diffusion d'idées nouvelles et la venue de nouveaux acteurs dans le processus d’élaboration des politiques, et donc en altérant la propension à certains types de changement. On peut provoquer des changements de politiques en jouant jeu sur les processus qui les déterminent, par différents types d’activités de gestion des réseaux (network management)60. Cela peut être fait pour toute une série de raisons et dans la poursuite de plusieurs objectifs, par exemple celui de contrôler le débat sur l’enjeu en question ou de limiter la portée du changement pour minimiser les turbulences et l’incertitude politique61.
40Une discussion complète des moyens possibles servant à améliorer les politiques dépasserait les cadres du présent chapitre62, mais on peut noter que Bressers et Klok, ainsi que Schneider et Ingram, entre autres, ont identifié des instruments de politiques utilisés pour altérer les idées et changer les acteurs qui s’agitent dans les sous-systèmes d’élaboration des politiques63. Parmi ces instruments, on trouve : l'éducation, la formation, la création d’institutions, l’étiquetage, la propagande, l’encouragement, les évaluations formelles, les audiences publiques et les réformes institutionnelles64.
41La recherche sur les instruments et les mécanismes utilisés dans le cadre des réglementations intergouvemementales a également permis d’identifier les « traités » et les « ententes politiques » comme instruments qui peuvent affecter les groupes cibles et les intentions des gouvernements65. D’autres recherches sur le comportement des groupes d’intérêts ont mis en lumière l’existence d'instruments liés à la création de groupes, à la manipulation, y compris le rôle joué par les commanditaires du secteur privé ou public dans le soutien de tels groupes66, ainsi que la représentation sélective de ces groupes au sein des conseils consultatifs mis sur pied par les gouvernements67. On a aussi relevé le rôle des groupes témoins (focus groups)68, du financement des tribunaux et des bureaux d’audiences publiques69, et de l’octroi, à certains corps comme ces bureaux d’audiences publiques, de pouvoirs parajudiciaires — convocation de témoins et émission d’ordonnances70.
42Finalement, les chercheurs ont mis en relief la manière dont quelques-uns de ces instruments peuvent être utilisés pour nuire à certains acteurs ou à des groupes d’intérêts. Parmi ces instruments procéduraux « négatifs »,» négatifs », on retrouve la suppression de l’information, le mensonge au public, la retenue d’information, la ruse, les mesures dilatoires et d’autres formes de délais administratifs71.
43Ce dernier point met en relief le fait que les instruments procéduraux peuvent être utilisés de diverses manières pour encourager ou bloquer les processus de changement et de stabilisation72. Comme le montre le tableau 8.5, ces instruments peuvent être utilisés pour encourager un changement paradigmatique ou gradualiste, ou encore pour modifier la vitesse de ce changement.
44On ne doit pas exagérer l’efficacité de ces instruments de politiques, mais on ne doit pas la sous-estimer non plus. Ces instruments demeurent, pour une large part, invisibles ou peu visibles, indirects dans leur action, d’une étendue limitée. Toutefois, ils n’en demeurent pas moins un élément significatif de l’arsenal des gouvernements modernes73.
5. L'impact des tendances environnementales sur le résultat des politiques, avec ou sans intervention gouvernementale
45En nous appuyant sur les concepts, les variables et les relations exposées dans les sections précédentes, nous examinerons dans cette section les conséquences probables de diverses tendances actuelles— politiques, économiques, socioculturelles, écologiques — sur la politique environnementale au Canada. Aujourd’hui, il y a de nombreuses tendances similaires, dont nous n’examinerons que les plus significatives en ce qui regarde leur impact escompté sur l'élaboration des politiques canadiennes. Dans la prochaine sous-section, nous nous pencherons sur l’impact de ces tendances sur l’élaboration des politiques, en l’absence d'un recours concerté, par les gouvernements, aux mécanismes procéduraux reliés à l’élaboration des politiques.
46La manière dont ces mécanismes peuvent servir à canaliser ces tendances sera maintenant abordée.
Tendances en environnement et politiques du gouvernement canadien
47Parmi les tendances les plus significatives qui affectent le processus d’élaboration des politiques environnementales canadiennes, on trouve les conséquences politiques de l’internationalisation des questions écologiques ; les problèmes géophysiques et écologiques liés à l’érosion des ressources et à la dégradation de l’environnement ; ainsi que les problèmes économiques liés à un changement d’orientation économique qui délaisse le développement axé sur les ressources pour se tourner vers les services et les processus moins centrés sur l’exploitation des ressources74.
48La propension qu’ont les politiques actuelles à déborder sur d’autres champs de politiques, comme les droits civiques et les droits autochtones, les demandes d’amélioration du cadre de participation des citoyens, la multiplication des organisations démocratiques et autres corps constitués : tout cela affectera l’élaboration des politiques en matière environnementale, au Canada et ailleurs75.
TABLEAU 8.5. Instruments de gestion du changement de politiques
But général |
Stratégie générale |
Mécanismes spécifiques |
Exemples d’outils pertinents |
Favoriser un changement gradualiste lent |
Favoriser : la stabilisation |
Favoriser : la non-décision poids de l’héritage les enjeux technocratiques réseaux fermés |
• Éliminer le débat public et la participation |
Décourager : les processus de changement |
Décourager : l’apprentissage les nouveaux canaux les perturbations systémiques le spillover |
• Censure |
|
Favoriser un changement gradualiste rapide |
Mettre en valeur : la stabilité basée sur les idées Processus basé sur les acteurs |
Encourager : les non-décisions le poids de l'héritage les perturbations systémiques les spillovers |
• Réorganiser l’administration |
Décourager : la stabilisation basée sur les acteurs et les changements basés sur les idées |
Décourager : les réseaux fermés les enjeux technocratiques l’apprentissage les nouveaux canaux |
• Diffuser l’information dans le public |
|
Favoriser le changement paradigmatique lent |
Mettre en valeur : la stabilité basée sur les acteurs et les processus basés sur les idées et les changements |
Favoriser : les réseaux fermés les enjeux l’apprentissage les nouveaux canaux |
• Participation du public |
Décourager : la stabilité basée sur les idées et le changement basé sur les acteurs |
Décourager : non-décision le poids de l’héritage perturbations systémiques spillovers |
• Mettre en valeur les pouvoirs légaux de l’administration des comités conseils |
|
Favoriser un changement paradigmatique rapide |
Mettre en valeur les processus de changement |
Favoriser : l’apprentissage changement de canaux perturbations systémiques spillovers |
• Financer les groupes d’intérêts |
Décourager : la stabilisation |
Décourager : la non-décision les enjeux technocratiques le poids de l’héritage les réseaux fermés |
• Mettre en valeur la participation du public |
Internationalisation
49Plusieurs tendances importantes sont reliées à l’internationalisation des politiques environnementales. La propagation des questions de politiques environnementales au-delà des frontières nationales est en partie reliée à l’ampleur et au caractère transfrontalier de plusieurs problèmes environnementaux76. Toutefois, cette propagation est également reliée de près aux progrès technologiques en matière de transports et de communications qui ont facilité les contacts internationaux et transnationaux entre activistes, experts, officiels, et tous ceux qui participent à l’élaboration des politiques dans une foule de secteurs — y inclut celui de l’environnement77.
50Ce processus se manifeste de diverses manières : développement d'ONG environnementales stables et efficaces comme Greenpeace et plusieurs autres moins connues78, rencontres de plus en plus fréquentes et de mieux en mieux intégrées entre experts et élus sur des thèmes écologiques79, établissement de plusieurs nouveaux traités internationaux et conventions portant sur l’environnement80.
51Tous ces développements affectent le processus d’élaboration des politiques au Canada. L’internationalisation (1) interpelle les réseaux existants qui ont une base presque exclusivement nationale81 ; (2) facilite l’apprentissage transnational (cross-national learning) et le transfert des politiques82 ; et (3) fournit des voies de remplacement aux acteurs bloqués au niveau national dans la poursuite de leurs intérêts83.
52Diverses tendances — pas spécifiquement environnementales — sont aussi associées à l’internationalisation et peuvent avoir une influence par « spillover » sur les activités et le développement dans ce secteur. Par exemple, des questions fiscales ayant trait au flux d’investissements transnationaux ont affecté la capacité des gouvernements à faire face aux questions environnementales, comme cela s'est produit au cours des années 1990 quand les compressions budgétaires causées par les inquiétudes sur le déficit dans une ère de mobilité du capital se traduisirent par un tarissement des ressources pour les organismes de protection de l’environnement84.
53Ainsi, l’internationalisation favorise les changements de politiques. Trois des processus mentionnés qui provoquent le changement sont influencés par cette tendance. De plus, tout en multipliant les occasions de changements de canaux d'articulation, de « spillovers » et d’apprentissage, l’internationalisation affecte aussi les contraintes héritées du passé (path dependency), les réseaux fermés et le processus de « non-décision », en érodant les institutions, en affaiblissant les acteurs et les idées présentes dans ce secteur.
Crises écologiques
54La tendance qui est sans doute la plus connue est la multiplication des diverses crises écologiques qui surviennent de temps à autre85. Il est important de noter cependant que ces crises sont de différents types et ont différents effets sur le processus d’élaboration des politiques : ces crises varient selon leur durée et leur particularité géographique. À une extrémité, on retrouve les crises ayant des effets spatio-temporels spécifiques, comme des déversements pétroliers et des accidents. À l’autre extrême, il y a les crises de nature plus générale et qui se déroulent sur le long terme, comme celles reliées aux changements météorologiques, aux catastrophes écologiques comme le réchauffement planétaire et les pluies acides. Entre ces deux extrêmes, on trouve une série de crises dont la durée et l’étendue varient : déclin à court terme (mais en plusieurs endroits) des stocks de poissons, problèmes (localisés mais s’étendant sur le long terme) reliés à la démobilisation d’installations nucléaires.
55Alors que toutes ces crises peuvent être vues comme des perturbations systémiques potentielles, susceptibles de bouleverser divers aspects routiniers et des procédures communes aux systèmes d’élaboration de politiques, la possibilité qu’elles provoquent des changements de politiques dépend directement de leur nature. Des crises localisées ou des accidents à court terme peuvent agir comme événements symboliques et ouvrir la porte à la réforme, mais il est peu probable qu’en elles-mêmes, elles provoquent des changements de politiques, à moins qu’elles ne soient accompagnées d’une volonté affirmée de changement préexistante86.
56Des crises à court terme, mais d’une plus grande ampleur, peuvent révéler des lacunes dans les systèmes de planification et d’élaboration de politiques et provoquer des changements limités dans les procédures d’élaboration des politiques87. Toutefois, les problèmes à long terme, qu’ils soient locaux ou plus globaux, peuvent mener à la création de groupes d’intérêts et à d’autres formes organisées d’implication des citoyens susceptibles de rendre accessibles des réseaux d'influence sur l’élaboration de politiques qui étaient auparavant fermés et ainsi de reformuler des enjeux technocratiques (hard issues) en termes moins techniques — par exemple dans les domaines de la santé et de la sécurité, qu’elles soient publiques, individuelles ou communautaires88.
57Le Canada vit bien sûr sa part de tous ces types de crises. Il n’y a pas de raison de s’attendre à ce qu’elles diminuent en nombre. En fait, tant que les humains continuent à peser aussi lourdement sur les écosystèmes, et tant que les médias se développent et prennent de l’expansion, il est probable que l’on assistera à une augmentation du nombre de ces crises et de la publicité médiatique qui leur est accordée à court et à long terme. Ainsi, bien qu'avec divers effets potentiels, le nombre de perturbations systémiques dans ce secteur va, selon toute probabilité, augmenter.
Ajustements de l’économie « dématérialisée »
58Une troisième tendance importante ayant un impact potentiel sur le processus d’élaboration des politiques environnementales au Canada est de nature socio-économique. Cette tendance engendre une progression continue qui entraîne presque tout le Canada dans une économie « dématérialisée », ce qui signifie qu’un pays qui a historiquement appuyé son développement économique sur les ressources naturelles évolue vers le secteur des services et vers d’autre formes d’activités économiques moins dépendantes des ressources naturelles. Bien qu’il soit important de ne pas accorder une valeur exagérée à cette tendance — plusieurs régions du Canada étant toujours essentiellement axées sur l’exploitation des ressources naturelles — il ne fait pas de doute que l’économie canadienne dans son ensemble est aujourd’hui plus diversifiée qu’autrefois89.
59Le développement de diverses technologies importantes non basées sur les ressources, dont l’informatique90, va de pair avec les pressions énormes que doivent subir des secteurs traditionnels comme les pêcheries et l’industrie forestière. Il a bouleversé une grande partie du paysage social, culturel et démographique du Canada.
60Des changements sectoriels rapides dans la structure de l’économie canadienne, incluant un passage à l’industrie des services, une tertiarisation rapide et une expansion industrielle significative dans des centres régionaux, a mené à une reconfiguration de la croissance et du développement, avec une augmentation substantielle de la part « urbaine » dans la démographie et l’emploi, l’émergence de centres économiques régionaux et le déclin des petites collectivités dépendant des ressources naturelles91. Parmi les effets écologiques de ces changements, on notera le passage de processus de production qui exploitaient intensément les ressources à des modes d’exploitation moins nocifs pour l’environnement — et ce, même dans des secteurs axés sur des ressources, comme l’écotourisme92.
61La restructuration économique du Canada, qui a pris le virage de la « dématérialisation », a été associée aux changements dans les mouvements de capitaux, à la concurrence mondiale et aux innovations technologiques dans le secteur des ressources, tous ces éléments ayant conduit à une réduction de la main-d’œuvre dans le secteur des ressources naturelles et à des pertes d’emplois importantes dans les régions rurales. La perte d’emplois et la création insuffisante de nouveaux postes dans le secteur des ressources naturelles posent des problèmes de plus en plus graves dans plusieurs régions actuellement aux prises avec le déclin et le dépeuplement. La croissance du secteur tertiaire, par contre, est concentrée dans les régions urbaines et implique la création de plus d’emplois qui dépendent moins des ressources naturelles93.
62Les changements combinés dans la structure industrielle et dans le marché du travail ont un impact sur l’intérêt que porte les Canadiens aux questions environnementales. Dans les régions rurales exploitant des ressources naturelles, le soutien des valeurs fondamentales comme la protection de la nature a baissé, étant donné que ces valeurs sont perçues comme étant à l’origine du déclin des industries traditionnelles. Dans les régions urbaines, par contre, il y a moins de résistance envers des activités comme la création de parc nationaux dans les régions rurales, bien qu’il soit moins probable que les particuliers accordent beaucoup d’importance aux questions d’ordre écologique94.
63Ainsi, la restructuration économique, avec les mouvements de populations et les structures de peuplement qui l’accompagnent, a eu un impact paradoxal sur l’opinion publique et sur le militantisme écologique. À savoir, que compte tenu du déclin général des régions rurales et de l’augmentation de la population urbaine au cours de la dernière décennie, l’intérêt général pour les questions environnementales a augmenté de façon diffuse, en même temps que se renforçait l’opposition à des projets particuliers dans les régions rurales.
64En termes de processus de changement et de stabilité, l’ajustement économique lié à la « dématérialisation » a augmenté la probabilité que des « spillovers » provoqués par diverses formes d’activités économiques ne viennent affecter le processus d’élaboration des politiques environnementale et multiplier les canaux potentiels d’intervention s’ouvrant aux militants écologistes par le biais, notamment, de l’institutionnalisation de divers types d’organismes et de comités chargés du développement régional et de l’aménagement du territoire.
65Qui plus est, la restructuration atténue ce qui était l’un des processus de stabilisation les plus importants — le poids de l’héritage passé — en diminuant la valeur des industries traditionnelles, ce qui a pour effet de bouleverser les considérations reliées aux changements dans les structures d’exploitation du sol et des ressources naturelles.
Changements politiques et culturels
66Le processus d’élaboration des politiques environnementales est aussi influencé par les tendances générales que représentent la démocratisation et la fragmentation de la société canadienne. Même si les paramètres exacts de ces changements restent quelque peu imprécis, la population qui est prête à se mobiliser, par exemple pour des questions d’environnement95, a une influence marquée sur le processus d’élaboration des politiques environnementales.
67Bien que le Canada ait jusqu’à présent su éviter que les mouvements populaires recourent de façon systématique aux tribunaux96, les entreprises et les citoyens n’ont pas hésité à placer plusieurs litiges les opposant aux gouvernements dans le cadre du droit, avec à la clé des poursuites et des actions judiciaires ou quasi judiciaires97. Alors que l’impact direct de ce mouvement sur l’environnement a été limité98, dans d’autres domaines, les tribunaux ont créé de nouveaux droits qui ont débordé dans le domaine écologique. Cela est particulièrement vrai dans le cas des Premières Nations du Canada, qui ont bénéficié d’une série de décisions favorables de la Cour suprême, décisions qui ont créé de nouveaux droits d’utilisation et de gestion du territoire, forçant la participation de groupes autochtones dans le processus d’élaboration des politiques reliées aux ressources et à l’environnement — et ce tant sur les terres faisant l’objet de traités que sur des terres n’en faisant pas l’objet99. C’est également le cas de litiges et de mouvements ayant trait aux traités de libre-échange, qui ont débouché sur l’établissement de nouvelles formes de droits d’investissement qui diminuent la marge de manœuvre gouvernementale en matière de réglementations100.
68Cette tendance a décloisonné les débats portant sur l’environnement et augmenté le potentiel de « spillovers » d’un domaine à l’autre, grâce à l’avènement d’un vaste débat sur les « droits » (humains, écologiques, etc.), droits justiciables en cour — un débat qui se trouve à envahir tous les champs de politiques.
Les effets probables des tendances en environnement sur la politique environnementale canadienne
69Cette analyse des tendances internationales, écologiques et socio-politiques actuelles nous permet d’affirmer que, prises ensembles, ces tendances ont eu une influence négative sur les processus de stabilisation des politiques qui affectent le secteur environnemental au Canada et augmenté le potentiel des processus favorisant le changement. Plus particulièrement, les processus de stabilisation comme la « non-décision » sont aujourd’hui dépassés par l’introduction d’idées provenant de la sphère internationale et transnationale — comme la biodiversité et le biorégionalisme — qui sont en circulation depuis un certain temps, mais qui ne sont devenues que depuis peu les principes directeurs sous-jacents dans les traités environnementaux et les initiatives de gestion des ressources101.
70Ces idées ont permis de modifier les paramètres du discours sur l’élaboration des politiques dans ce domaine. De même, les facteurs de stabilité — comme les enjeux technocratiques et les réseaux fermés — voient leur impact diminué par la venue de nouveaux acteurs intervenant dans l’élaboration des politiques, comme les ONG environnementales, et par la redéfinition des questions écologiques en termes reliés à la santé communautaire et aux droits individuels ou collectifs. Enfin, le poids de l’héritage (path dependency) dans ce domaine est également altéré par la création de nouvelles institutions dans le cadre du nouvel ordre international de l’environnement et de la restructuration de l’économie politique du Canada.
71Les processus de changement sont également renforcés par ces tendances. Le nombre et le type de perturbations systémiques vont probablement augmenter au fur et à mesure que les populations exerceront plus de pression sur les écosystèmes et que les infrastructures existantes vieilliront — ce qui rendra plus probables les crises écologiques. De même, la venue de nouvelles institutions internationales et le développement d’un « bras judiciaire canadien » plus militant augmentera les recours aux canaux judiciaires et autres moyens se prêtant aux « délibérations » sur les politiques environnementales. La mondialisation et l’intégration internationale croissante augmentent aussi, de manière générale, l’espace de l’apprentissage. L’évolution de la culture sociale et politique canadienne favorise l’engagement individuel, tandis que le lien entre divers sous-systèmes dans des domaines comme la santé et les affaires autochtones — pour n’en citer que deux — redéfinissent des enjeux réputés difficiles et technocratiques sous des formes plus accessibles au grand public.
72Globalement, suivant le modèle du tableau 8.4, cette analyse permet d’affirmer que l’effet probable des tendances environnementales sur l’élaboration des politiques pourrait être un changement rapide de paradigme. Les tendances décrites précédemment favorisent les processus de changement et affaiblissent les processus de stabilisation102. En encourageant la présence de nouveaux acteurs et de nouvelles idées, ces tendances pourraient amener des changements significatifs, non seulement dans le mode d’élaboration des politiques, mais aussi dans son rythme. Ces observations générales sont exposées dans le tableau suivant.
Les mécanismes procéduraux d'élaboration des politiques comme moyen terme entre les tendances en environnement et les politiques du gouvernement canadien
73Certains effets de ces processus sont déjà perceptibles. On peut les constater dans le passage du vieux mode de mise en place des réglementations par négociations bilatérales, remplacé par des processus plus ouverts et moins prévisibles d’élaboration de politiques, qui mettent en jeu plusieurs parties — processus qui ont parfois été imposés à des gouvernements canadiens récalcitrants par de nouveaux acteurs politiques103. Toutefois, alors qu’un changement rapide de paradigme pourrait s’avérer l’une des résultantes possibles des tendances actuelles en environnement, il n’est nullement certain que ce changement se produira.
TABLEAU 8.6. Les effets des tendances en environnement sur le changement et la stabilité des politiques environnementales au Canada
Tendance |
Effet |
|
Processus de changement |
||
Apprentissage |
Transferts internationaux |
Encourage les contacts entre élites |
Changement de canaux |
Internationalisation Changement social, politique et culturel |
Offre d’autres choix |
Spillover |
Complexité environnementale Restructuration économique Changement social, politique et culturel |
Traverse les frontières géographiques traditionnelles |
Perturbations systémiques |
Crises écologiques |
Introduit de nouveaux acteurs, mine les processus et institutions existants |
Processus de stabilisation |
||
Enjeux technocratiques |
Crises écologiques Adaptation économique Changement socio-politique |
Redéfinissent les enjeux en termes accessibles au public |
Non-décision |
Internationalisation |
Découragée par une diffusion rapide des idées |
Sous-système clos |
Internationalisation Changement socio-politique |
Ajoute de nouveaux acteurs nationaux et étrangers aux sous-systèmes existants |
Poids de l'héritage |
Internationalisation Restructuration économique |
Crée de nouvelles structures institutionnelles et contrebalance la dépendance aux ressources et les coûts irrécupérables |
74Comme nous l’avons exposé précédemment, les gouvernements contemporains disposent d’une vaste gamme de mécanismes procéduraux qui peuvent servir à accélérer ou à ralentir le rythme des changements dans les politiques, ou à en altérer la nature générale104. Par exemple, afin d’améliorer leur potentiel d’apprentissage, les gouvernements canadiens pourraient entreprendre diverses activités permettant de renforcer les capacités liées à la diffusion de l’information, aux conditions de financement des membres appartenant à des sous-systèmes et à l’inclusion de membres de réseaux dans les discussions officielles menant à l’élaboration des politiques105. À des fins pédagogiques et pour préparer les gouvernements à assimiler les processus de changements, ces délibérations pourraient faire partie de la conception même des politiques106. De même, les gouvernements pourraient tenter de ralentir le changement ou d’empêcher qu’il ne se produise en retirant leur financement aux groupes d’intérêts ou par l’élimination des groupes conseils107.
75Cependant, bien que les effets des crises écologiques à venir demeurent relativement imprévisibles, il est très peu probable que le processus d’internationalisation d’élaboration des politiques, ainsi que la restructuration de l’économie canadienne, ne soient inversés et que le Canada adopte une forme plus autarcique de développement politique, socio-économique et culturel108. Il est tout aussi difficile d'imaginer que la société canadienne devienne moins démocratique.
76Conséquemment, l’accueil positif que reçoivent les idées neuves en ce domaine — suivant une fois de plus la logique du modèle énoncé dans le tableau 8.4 — élimine la possibilité d’un retour à toute forme de processus d’élaboration de politiques qui soit gradualiste. Bien au contraire, les choix offerts aux concepteurs de politiques canadiens en matière écologique se limitent principalement à altérer ou à tenter d’altérer la cadence du changement, plutôt que de toucher à son essence fondamentale. Le tableau 8.7 illustre la situation générale et dresse la liste des outils procéduraux qui pourraient être utilisés par les gouvernements canadiens pour ralentir le processus de changement paradigmatique qui surviendra probablement dans le secteur de l’environnement.
77Compte tenu de la configuration du changement et des facteurs de stabilité soulignés dans ce chapitre, on peut s’attendre à ce qu’une forme de changement paradigmatique survienne dans le domaine environnemental canadien. À cause de l’intégration accrue à l’échelle internationale, une action gouvernementale destinée à entraver le flux d’idées nouvelles est très improbable. Ainsi donc, une certaine forme de changement paradigmatique est l’éventualité la plus probable à court terme. La principale question qui se pose, alors, est de savoir si ce changement se produira à un rythme rapide (scénario le plus probable si le gouvernement laisse faire), ou si les gouvernements canadiens tenteront de ralentir la cadence du changement en mettant en place diverses activités de gestion de réseau visant à favoriser le changement paradigmatique graduel plutôt que rapide. Bien qu’il soit difficile de tenter de bloquer tout changement, compte tenu de la force des processus de changement en cours, la vitesse ou la cadence de ces changements pourraient être réduites en renforçant des processus de stabilité s’appuyant sur les acteurs, et en fixant des limites aux processus de changement. Cela permettrait aux acteurs existants de composer avec les idées neuves, de limiter la vitesse — mais pas le mode — de changement de politiques.
TABLEAU 8.7 Instruments de gestion des changements paradigmatiques de politiques environnementales au Canada
Options générales |
Facteur de changement |
Pronostic général |
Stratégie générale |
Tactiques spécifiques |
Exemples d'outils pertinents |
Favoriser un changement gradualiste lent |
Miné par les idées nouvelles |
Peu probable à cause de l'impact de l'internationalisation et la restructuration économique |
|||
Favoriser un changement gradualiste rapide |
Miné par les idées nouvelles |
Peu probable à cause de l'impact de Tinter nationalisation |
|||
Favoriser un changement paradigmatique lent |
Probable en présence d’idées nouvelles mais miné par la présence de nouveaux acteurs |
Possible en restreignant l'entrée de nouveaux acteurs dans un processus de politiques |
Met en valeur la stabilisation basée sur les acteurs et décourager les processus de changement basé sur les acteurs |
Encourager : les réseaux fermés les enjeux technocratiquesDécourager : les perturbations systémiques les spillovers |
• Décourager la participation du public |
Favoriser un changement paradigmatique rapide |
Amélioré par la présence de nouvelles idées et l’avènement de nouveaux acteurs |
Position par défaut |
6. Conclusion : conséquences des tendances en environnement sur la gestion publique canadienne
78Dans le cadre du présent chapitre, nous avons constaté qu’il existe diverses structures de changement des politiques publiques, qui sont reliées à divers processus de changement et de stabilisation et qui sont axées sur la présence ou l’absence de nouveaux acteurs et de nouvelles idées au sein des processus d’élaboration de politiques dans un secteur donné. Comme nous avons voulu le montrer, les gouvernements peuvent tenter de contrôler les processus de changement et de stabilisation par l’utilisation d’instruments qui peuvent affecter la gamme des idées et des acteurs intervenant dans les délibérations menant à l’élaboration des politiques.
79Une question cruciale pour tous ceux qui se préoccupent des tendances futures dans le processus d’élaboration des politiques environnementales canadiennes consiste donc à savoir quels sont les processus particuliers qui sont utilisés et de quelle manière, le cas échéant, ces processus peuvent être affectés ou contrôlés par les gouvernements. Bien que le degré de manipulation ou de contrôle possible varie selon les particularités des processus en cause, on peut tirer plusieurs conclusions dans le cas de la politique environnementale canadienne :
- Comme dans tous les autres champs de politiques, deux ensembles de forces et de processus coexistent ; les processus de changement et de stabilisation se retrouvent tous les deux dans le domaine environnemental.
- Les tendances actuelles comme la mondialisation, les crises écologiques et la restructuration économique, les changements sociaux, culturels et politiques — tout cela favorise le changement et diminue l’efficacité des processus stabilisateurs dans le secteur environnemental.
- Laissée à elle-même sans médiation par le recours à des mécanismes procéduraux, la conjugaison de telles forces mène à des changements paradigmatiques rapides au fur et à mesure que de nouveaux acteurs et de nouvelles idées interviennent.
- Toute tentative d’axer le changement en matière environnementale sur une base gradualiste exigerait des actions du gouvernement visant à contenir le flux de connaissances et d’idées nouvelles qui alimentent le processus d’élaboration des politiques. Cela serait très difficile à réaliser, compte tenu des tendances actuelles à la mondialisation — même dans l’hypothèse improbable où un gouvernement canadien souhaiterait le faire.
- Tandis que la résistance à l’entrée de nouvelles idées de politiques dans ce secteur serait extrêmement difficile dans les circonstances actuelles, les gouvernements au Canada pourraient recourir à des instruments de politiques particuliers pour contrebalancer l’entrée en scène de nouveaux acteurs, ralentissant ainsi le processus de changement paradigmatique.
Notes de bas de page
1 Je tiens à remercier Harry Swain, Tsuyoshi Kawasaki, Jeremy Rayner, George Hoberg, Ben Cashore, Allen Sutherland et Edward Parson pour leurs précieux commentaires sur les épreuves préliminaires de ce texte.
2 Sur le paradoxe de la plus grande capacité de l’État et de la réduction de son autonomie à l’ère de la mondialisation, voir P.G. Cerny, « International Finance and the Erosion of State Policy Capacity », dans P. Gummett (dir.) Globalization and Public Policy, Edward Elgar, Cheltenham (R.-U.), 1996, p. 83-104, et W.H. Reinicke, Global Public Policy : Governing without Government ? Brookings Institution, Washington, 1998.
3 Voir L. Dobuzinskis, The Self-Organizing Polity : An Epistemological Analysis of Political Life, Westview, Boulder, 1987 ; G. Lehmbruch, « The Organization of Society, Administrative Strategies, and Policy Networks », dans R.M. Czada et A. Windhoff-Heritier (dir.), Political Choice : Institutions, Rules, and the Limits of Rationality, Westview, Boulder, 1991, p. 121-55 ; et R. Mayntz, « Modernization and the Logic of Interorganizational Networks », dans J. Child, M. Crozier et R. Mayntz (dir.), Societal Change between Market and Organization, Avebury, Aldershot (R.-U.), 1993, p. 3-18.
4 K. Hawkins et J.M. Thomas, « Making Policy in Regulatory Bureaucracies », dans K. Hawkins et J.M. Thomas (dir.), Making Regulatory Policy, University of Pittsburgh Press, Pittsburgh, 1989, p. 3-30 ; K. Woodside, « The Political Economy of Policy Instruments : Tax Expenditures and Subsidies in Canada », dans M. Atkinson et M. Chandler (dir.), The Politics of Canadian Public Policy, University of Toronto Press, Toronto, 1983, p. 173-197 ; J.A. Weiss et M. Tschirhart, « Public Information Campaigns as Policy Instruments », Journal of Policy Analysis and Management, vol. 13, no 1 (1994), p. 82-119 ; et M. Howlett et M. Ramesh, « Patterns of Policy Instrument Choice : Policy Styles, Policy Learning, and the Privatization Experience », Policy Studies Review, vol. 12, no 1 (1993), p. 3-24. Sur ces tendances dans l’administration publique, voir également C. Hood, « A Public Management for All Seasons ? », Public Administration, vol. 69 (printemps 1991), p. 3-19 et G.B. Doern et S. Wilks (dir.), Changing Regulatory Institutions in Britain and North America, University of Toronto Press, Toronto, 1998.
5 T.R. La Porte (dir.), Organized Social Complexity : Challenge to Politics and Policy, Princeton University Press, Princeton, 1975 ; H.B. Milward, K.G. Provan et B.A. Else, « What Does the “Hollow State’’ Look Like ? », dans B. Bozeman (dir.), Public Management : The State of the Art, Jossey-Bass, San Francisco, 1993, p. 309-23 ; et B.G. Peters et J. Pierre, « Governance without Government ? Rethinking Public Administration », Journal of Public Administration Research and Theory, vol. 8, no 2 (1998), p. 223-244.
6 Sur les outils « traditionnels » de la politique, voir K. Woodside, « Policy Instruments and the Study of Public Policy », Canadian Journal of Political Science, vol. 19, no 4 (1986), p. 775-793 et L.M. Salamon (dir.), Beyond Privatization : The Tools of Government Action, Urban Institute, Washington, 1989. Sur les outils de « procédure » voir le texte de M. Howlett, « Legitimacy and Governance : Re-Discovering Procedural Policy Instruments », une communication présentée à la rencontre annuelle de la B.C. Political Studies Association, Vancouver, 1996 et R.J. in’t Veld, « The Dynamics of Instruments », dans B.G. Peters et F.K.M. Van Nispen (dir.), Public Policy Instruments : Evaluating the Tools of Public Administration, Edward Elgar, New York, 1998, p. 153-162.
7 Voir B.G. Peters, The Future of Governing : Four Emerging Models, University Press of Kansas, Lawrence (KA), 1996 et M.A. Emmert, M. Crow et R.F. Shangraw Jr, « Public Management in the Future : Post-Orthodoxy and Organization Design », dans B. Bozeman (dir.) Public Management : The State of the Art, Jossey-Bass, San Francisco, 1993, p. 345-360.
8 Voir E.-H. Klijn, « Analyzing and Managing Policy Processes in Complex Networks : A Theoretical Examination of the Concept Policy Network and Its Problems », Administration and Society, vol. 28, no 1 (1996), p. 90-119 ; J.A. de Bruijn et E.F. ten Heuvelhof, « Policy Networks and Governance », dans D.L. Weimer (dir.), Institutional Design, Kluwer Academic Publishers, Boston, 1995, p. 161-79 ; et J.A. de Bruijn et E.F. ten Heuvelhof, « Instruments for Network Management », dans W.J.M. Kickert, E.-H. Klijn et J.F.M. Koppenjan (dir.), Managing Complex Networks : Strategies for the Public Sector, Sage, London, 1997, p. 119-136.
9 Voir P.A. Hall, « Policy Paradigms, Social Learning and the State : The Case of Economic Policy Making in Britain », Comparative Politics, vol. 25, no 3 (1993), p. 275-296.
10 Voir G. Hernes, « Structural Change in Social Processes », American Journal of Sociology, vol. 82, no 3 (1976), p. 513-547.
11 Sur les aspects multidimentionnels des instruments politiques et les relations entre les fins et les moyens, voir S.H. Linder et B.G. Peters, « Instruments of Government : Perceptions and Contexts », Journal of Public Policy, vol. 9, no 1, 1989, p. 35-58 ; C. Hood, The Tools of Government, Chatham House, London, 1986 et G. Majone, Evidence, Argument, and Persuasion in the Policy Process, Yale University Press, New Haven, 1989.
12 Notons ici que le changement dans la politique peut survenir à différents niveaux, des paramètres généraux du système politique aux sous-secteurs. Pour des exemples d’analyses des différentes phases d’élaboration d’une politique, voir C. Daugbjerg et D. Marsh, « Explaining Policy Outcomes : Integrating the Policy Network Approach with Macro-Level and Micro-Level Analysis », dans D. Marsh (dir.), Comparing Policy Networks, Open University Press, Buckingham (R.-U.), 1998, p. 52-71 ; M. Cavanagh, D. Marsh et M. Smith, « The Relationship between Policy Networks at the Sectoral and Sub-Sectoral Levels : A Response to Jordan, Maloney and McLaughlin », Public Administration, no 73 (hiver 1995), p. 627-629 ; et M.A. Eisner, « Discovering Patterns in Regulatory History : Continuity, Change and Regulatory Regimes », Journal of Policy History, vol. 6, no 2 (1994), p. 157-187.
13 Voir H. Heclo, « Ideas, Interests and Institutions », dans L.C. Dodd et C. Jillson (dir.), The Dynamics of American Politics : Approaches and Interpretations, Westview, San Francisco, 1994, p. 366-392 et H. Heclo, « Conclusion : Policy Dynamics », dans R. Rose (dir.), The Dynamics of Public Policy : A Comparative Analysis, Sage, London, 1976, p. 237-266.
14 L.G. Zucker, « Where Do Institutional Patterns Come From ? Organizations as Actors in Social Systems », dans L.G. Zucker (dir.), Institutional Patterns and Organizations : Culture and Environment, Ballinger Cambridge, (MA), 1988, p. 23-49.
15 Voir J.D. Starling, « The Use of Systems Constructs in Simplifying Organized Social Complexity », dans T.R. La Porte (dir.), Organized Social Complexity : Challenge to Politics and Policy, Princeton University Press Princeton, 1975, p. 131-172 et R. Aminzade « Historical Sociology and Time », Sociological Methods and Research, vol. 20, no 4 (1992), p. 456-480.
16 Voir J. Douglas, « Review Article : The Overloaded Crown », British Journal of Political Science, vol. 6 (1975), p. 488-500 et R. Simeon, « The “Overload Thesis” and Canadian Government », Canadian Public Policy, vol. 2, no 4 (1976), p. 541-552.
17 Pour des exemples récents d’utilisation de modèles similaires, voir D.J. Savoie, Governing from the Centre : The Concentration of Power in Canadian Politics, University of Toronto Press, Toronto, 1999 et B.D. Jones, Reconceiving Decision-Making in Democratic Politics : Attention, Choice and Public Policy, University of Chicago Press, Chicago, 1994.
18 Voir G.A. Daneke, « Back to the Future : Misplaced Elements of Political Inquiry and the Advanced Systems Agenda », dans W.N. Dunn et R.M. Kelly (dir.), Advances in Policy Studies since 1950, Transaction Press, New Brunswick (NJ), 1992, p. 267-290 et R. Jervis, System Effects : Complexity in Political and Social Life, Princeton University Press, Princeton, 1997. Sur l’origine de ces modèles, voir W. Buckley, « Society as a Complex Adaptive System », dans W. Buckley (dir.), Modem System Research for the Behavioural Scientist, Aldine Publishing Co. Chicago, 1968, p. 490-513.
19 Voir C.J. Bennett et M. Howlett, « The Lessons of Learning : Reconciling Theories of Policy Learning and Policy Change », Policy Sciences, vol. 25, no 3 (1992), p. 275-294.
20 Voir A.D. Meyer, « Adapting to Environmental Jolts », Administrative Science Quarterly, no 27 (1982), p. 515-37.
21 Voir P.A. Sabatier, « An Advocacy Coalition Framework of Policy Change and the Role of Policy-oriented Learning Therein », Policy Sciences, vol. 21, no 2/3 (1988), p. 129-129-168 ; RA. Sabatier, « Knowledge, Policy-oriented Learning, and Policy Change », Knowledge : Creation, Diffusion, Utilization, vol. 8, no 4 (1987), p. 649-692 ; et P.A. Sabatier et H.C. Jenkins-Smith (dir.), Policy Change and Learning : An Advocacy Coalition Approach, Westview, Boulder, 1993.
22 Pour les premières utilisations de ces concepts, voir E.E. Schattschneider, The Semisovereign People : A Realist's View of Democracy in America, Holt, Rinehart and Winston, New York, 1960.
23 F.R. Baumgartner et B.D. Jones, Agendas and Instability in American Politics, University of Chicago Press, Chicago, 1993, p. 26 et 239-241.
24 Voir S. Wilks et M. Wright, « Conclusion : Comparing Government-Industry Relations : States, Sectors, and Networks », dans S. Wilks et M. Wright (dir.), Comparative Government-Industry Relations : Western Europe, the United States, and Japan, Clarendon Press Oxford, 1987, p. 274-313 et M. Howlett and M. Ramesh, Studying Public Policy : Policy Cycles and Policy Subsystems, Oxford University Press, Toronto, 1995. Pour un exemple de son application voir M. Howlett et J. Rayner, « Do Ideas Matter ? Policy Subsystem Configurations and the Continuing Conflict over Canadian Forest Policy », Canadian Public Administration, vol. 38, no 3 (1995), p. 382-410.
25 D’autres exemples de tels comportements se retrouvent dans G. Jordan, « Indirect Causes and Effects in Policy Change : Shell, Greenpeace and the Brent Spar », une conférence présentée à la rencontre annuelle de T American Political Science Association, Boston, 1998 ; G. Hoberg, « Distinguishing Learning from Other Sources of Policy Change : The Case of Forestry in the Pacific Northwest », une communication présentée à la rencontre annuelle de l’American Political Science Association, Boston, 1998 ; et J. Richardson, « Interest Groups, Multi-Arena Politics and Policy Change », dans S.S. Nagel (dir.), The Policy Process, Nova Science Publishers, Commack (NY), 1999, p. 65-100.
26 H. Heclo, Modem Social Politics in Britain and Sweden : From Relief to Income Maintenance, Yale University Press, New Haven, 1974.
27 Cf. R. Rose, Lesson-Drawing in Public Policy : A Guide to Learning across Time and Space, Chatham House Publishing, Chatham (NJ), 1993 ; R. Rose, « What Is Lesson-Drawing », Journal of Public Policy, vol. 11, no 1 (1991), p. 3-30 ; et J.P. Olsen et B.G. Peters (dir.), Lessons from Experience : Experiential Learning in Administrative Reforms in Eight Democracies, Scandinavian University Press, Oslo, 1996.
28 Voir P. Pierson, « When Effect Becomes Cause : Policy Feedback and Political Change », World Politics, no 45 (1993), p. 595-628,1993 ; et P. Knoepfel et I. Kissling-Naf, « Social Learning in Policy Networks », Policy and Politics, vol. 26, no 3 (1998), p. 343-367.
29 Sur les différents types d’apprentissages, voir C.J. Bennett et M. Howlett, « The Lessons of Learning : Reconciling Theories of Policy Learning and Policy Change », Policy Sciences, vol. 25, no 3 (1992), p. 275-294 et P.J. May, « Policy Learning and Failure », Journal of Public Policy, vol. 12, no 4 (1992), p. 331-354.
30 D. Dery, « Policy by the Way : When Policy Is Incidental to Making Other Policies », Journal of Public Policy, vol. 18, no 2 (1999), p. 163-176. Sur les usages antérieurs du mot pour expliquer le processus de l’intégration européenne, voir E.B. Haas, The Uniting of Europe : Political, Social and Economical Forces 1950-1957, Stevens and Sons, London, 1958 et R.O. Keohane et S. Hoffman, « Institutional Change in Europe in the 1980s », dans R.O. Keohane et S. Hoffman (dir.), The New European Community : Decision-Making and Institutional Change, Westview, Boulder, 1991, p. 1-40.
31 Voir G. Hoberg et E. Morawaski, « Policy Change through Sector Intersection : Forest and Aboriginal Policy in Clayoquot Sound », Canadian Public Administration, vol. 40, no 3 (1997), p. 387-414 et W. Grant et A. MacNamara, « When Policy Communities Intersect : The Cases of Agriculture and Banking », Political Studies, no 43 (1995), p. 509-515. Sur les liens entre les systèmes et les sous-systèmes, voir R. Marion, The Edge of Organization : Chaos and Complexity Theories of Formal Social Systems, Sage, London, 1999.
32 Voir P. Bachrach et M.S. Baratz, « Decisions and Nondecisions : An Analytical Framework », American Political Science Review, vol. 56, no 2 (1962), p. 632-642 et F.W. Frey, « Comment : On Issues and Nonissues in the Study of Power », American Political Science Review, no 65 (1971), p. 1081-1101.
33 Voir P. Bachrach et M.S. Baratz, Power and Poverty : Theory and Practice, Oxford University Press, New York, 1970, particulièrement le chapitre 3.
34 Voir S. Phillips, « Discourse, Identity, and Voice : Feminist Contributions to Policy Studies », dans L. Dobuzinskis, M. Howlett et D. Laycock (dir.), Policy Studies in Canada : The State of the Art, University of Toronto Press, Toronto, 1996, p. 242-265.
35 Voir E. Goffman, Frame Analysis : An Essay on the Organization of Experience, Harvard University Press, Cambridge, 1974 ; D.A. Schon et M. Rein, Frame Reflection : Towards the Resolution of Intractable Policy Controversies, Basic Books, New York, 1994, particulièrement ; J.L. Campbell, « Institutional Analysis and the Role of Ideas in Political Economy », Theory and Society, vol. 27, no 5 (1998), p. 377-409.
36 Des études précédentes ont parfois évoqué ces problèmes en les qualifiant de « malfaisants », « maudits », « cruels ». Voir H.W.J. Rittel et M.M. Webber, « Dilemmas in a General Theory of Planning », Policy Sciences, no 4 (1973), p. 155-69 et J.F. Martin, Reorienting a Nation : Consultants and Australian Public Policy, Ashgate, Aldershot (R.-U.), 1998.
37 Voir R.W. Cobb et C.D. Elder, Participation in American Politics : The Dynamics of Agenda-Building, Allyn and Bacon, Boston, 1972 ; et R. Cobb, J.K. Ross et M.H. Ross, « Agenda Building as a Comparative Political Process », American Political Science Review, vol. 70, no 1 (1976), p. 126-138.
38 Voir P.H. Pollock, S.A. Lilie et M.E. Vittes, « Hard Issues, Core Values and Vertical Constraint : The Case of Nuclear Power », British Journal of Political Science, vol. 23, no 1 (1989), p. 29-50 ; et RJ. May, « Reconsidering Policy Design : Policies and Publics », Journal of Public Policy, vol. 11, no 2 (1991), p. 187-206.
39 A.C. Keller, « Innovation and Influence : Scientists as Advocates in Environmental Policy Change », conférence présentée à la Western Political Science Association, Seattle, 1999.
40 Voir M. Weir, « Ideas and the Politics of Bounded Innovation », dans S. Steinmo, K. Thelen et F. Longstreth (dir.), Structuring Politics : Historical Institutionalism in Comparative Analysis, Cambridge University Press, Cambridge, 1992, p. 188-216 ; RA. David, « Clio and the Economics of QWERTY », American Economic Review, vol. 75, no 2 (1985), p. 332-733 et R. Rose, « Inheritance before Choice in Public Policy », Journal of Theoretical Politics, vol. 2, no 3 (1990), p. 263-291.
41 Voir D. Wilsford, « The Conjoncture of Ideas and Interests », Comparative Political Studies, vol. 18, no 3 (1985), p. 357-372 ; D. Wilsford, « Path Dependency, or Why History Makes It Difficult but Not Impossible to Reform Health Care Systems in a Big Way », Journal of Public Policy, vol. 14, no 3 (1994), p. 251-284 ; et A. Rona-Tas, « Path Dependence and Capital Theory : Sociology of the Post-Communist Economie Transformation », East European Politics and Societies, vol. 12, no 1 (1998), p. 107-131.
42 Voir Weir, « Ideas », J.G. March et J.R Olsen, Rediscovering Institutions : The Organizational Basis of Politics, Free Press, New York, 1989, p. 52. Voir également J. Haydu, « Making Use of the Past : Time Periods as Cases to Compare and as Sequences of Problem Solving », American Journal of Sociology, vol. 104, no 2 (1998), p. 339-371 ; et M.J.W. van Twist et CTermeer, « Introduction to Configuration Approach : A Process for Societal Steering », dans R. in’t Veld et al. (dir.), Autopoiesis and Configuration Theory : New Approaches to Societal Steering, Kluwer, Dordrecht, 1991, p. 19-30.
43 Voir W.P. Browne, « Organized Interests and Their Issue Niches : A Search for Pluralism in a Policy Domain », Journal of Politics, vol. 52, no 2 (1990), p. 477-509 et W.P. Browne, « Issue Niches and the Limits of Interest Group Influence », dans A.J. Cigler et B.A. Loomis (dir.), Interest Group Politics, CQ Press, Washington, 1991, p. 345-370.
44 R.A.W. Rhodes, Understanding Governance : Policy Networks, Govemance, Reflexivity, and Accountability, Open University Press, Buckingham (R.-U.) 1997. Voir également L. Schaap et M.J.W. van Twist, « The Dynamics of Closedness in Networks », dans W.J.M. Kickert, E.-H. Klijn et J.F.M. Koppenjan (dir.), Managing Complex Networks : Strategies for the Public Sector, 3rd ed., Sage, London, 1997, p. 62-78 et ER. Baumgartner et B.D. Jones, « Agenda Dynamics and Policy Subsystems », Journal of Politics, vol. 53, no 4 (1991), p. 1044-1074.
45 Voir R Pross, Group Politics and Public Policy, deuxième édition, Oxford University Press, Toronto, 1992, G. Parker et A. Wragg, « Networks, Agency and (De) stabilization : The Issue of Navigation on the River Wye, UK », Journal of Environmental Planning and Management, vol. 42, no 4 (1999), p. 471-487 ; et D. Knoke, Political Networks : The Structural Perspective, Cambridge University Press, Cambridge, 1987.
46 J.L. Campbell, « Institutional Analysis and the Role of Ideas in Political Economy », Theory and Society, vol. 27, no 5 (1998), p. 377-409. Pour un point de vue plus général, voir M.M. Blyth, « “Any More Bright Ideas ?” The Ideational Turn of Comparative Political Economy », Comparative Politics, no 29 (1997), p. 229-50 ; J.A. Hall, « Ideas and the Social Sciences », dans J. Goldstein et R.O. Keohane (dir.), Ideas and Foreign Policy : Beliefs, Institutions and Political Change, Cornell University Press, Ithaca, 1993, p. 31-56 ; et J.K. Jacobsen, « Much Ado about Ideas : The Cognitive Factor in Economic Policy », World Politics, no 47 (1995), p. 283-310.
47 Voir G.B. Thomas, « External Shocks, Conflict and Learning as Interactive Sources of Change in U.S. Security Policy », Journal of Public Policy, vol. 19, no 2 (1999), p. 209-231. Pour un point de vue plus général, voir R. Nisbet, « Introduction : The Problem of Social Change », dans R. Nisbet (dir.), Social Change, Harper and Row, New York, 1972, p. 1-45.
48 Cettte approche « vectorielle » de la dynamique des politiques publiques présente des points communs avec l’approche « par champs » des dynamiques de groupe, telle que développée par la psychologie des organisations dès le début des années 1950. Voir K. Lewin, « Frontiers in Group Dynamics », dans D. Cartwright (dir.) Field Theory in Social Science, Harper, New York, 1951, p. 188-237, et, plus récemment, D.C. Wilson, A Strategy of Change : Concepts and Controversies in the Management of Change, Routledge, London, 1992. Voir également T.H. Hammond et C.K. Butler, « Some Complex Answers to the Simple Question, “Do Institutions Matter ?” : Aggregation Rules, Preference Profiles, and Policy Equilibria in Presidential and Parliamentary Systems », Michigan State University PIPC Working Paper, Detroit, 1996, p. 96-102.
49 N.W. Polsby (dir.), Political Innovation in America : The Politics of Policy Initiation, Yale University Press, New Haven, 1984.
50 Voir C.E. Lindblom, « The Science of Muddling Through », Public Administration Review, vol. 19, no 2 (1959), p. 79-88. Pour un point de vue plus général, voir M.T. Hayes, Incrementalism and Public Policy, Longmans, New York, 1992.
51 Selon Peter Hall, le paradigme d’une politique doit établir « les objectifs généraux sous-jacents, les problèmes connexes ou casse-tête que les élus doivent solutionner et, dans une large mesure, le genre d’instruments qui peuvent être employés pour atteindre les buts fixés ». P.A. Hall, « Policy Paradigms, Social Learning and the State : The Case of Economie Policy Making in Britain », Comparative Politics, vol. 25, no 3 (1993), p. 275-296.
52 Voir W.T. Berry, « The Confusing Case of Budgetary Incrementalism : Too Many Meanings for a Single Concept », Journal of Politics, no 52 (1990), p. 167-196 et R.H. Cox, « Can Welfare States Grow in Leaps and Bounds ? Non-Incremental Policymaking in the Netherlands », Govemance, vol. 5, no 1 (1992), p. 68-87
53 Voir P.A. Hall (dir.), « The Political Power of Economic Ideas : Keynesianism across Nations », Princeton University Pres, Princeton, 1989 et P.A. Hall, « The Change from Keynesianism to Monetarism : Institutional Analysis and British Economic Policy in the 1970s », dans S. Steinmo, K. Thelen et F. Longstreth (dir.), Structuring Politics : Historical Institutionalism in Comparative Analysis, Cambridge University Press, Cambridge, 1992, p. 90-114.
54 Voir S.P. Hays, Conservation and the Gospel of Efficiency : The Progressive Conservation Movement, 1890-1920, Harvard University Press, Cambridge, 1959 et S.P Hays, Beauty, Health, and Permanence : Environmental Politics in the United States, Cambridge University Press, New York, 1987, p. 1955-1985.
55 Voir C.J.G. Gersick, « Revolutionary Change Theories : A Multilevel Exploration of the Punctuated Equilibrium Paradigm », Academy of Management Review, vol. 16, no 1 (1991), p. 10-36 et N. Eldredge et S.J. Gould, « Punctuated Equilibria : An Alternative to Phyletic Gradualism », dans T.J.M. Schopf (dir.), Paleobiology, Freeman, Cooper, San Francisco, 1972, p. 82-115.
56 Voir R.F. Durrant et P.F. Diehl, « Agendas, Alternatives and Public Policy : Lessons from the U.S. Foreign Policy Arena », Journal of Public Policy, vol. 9, no 2 (1989), p. 179-205 et A.D. Meyer, G.R. Brooks et J.B. Goes, « Environmental Jolts and Industry Revolutions : Organizational Responses to Discontinuous Change », Strategic Management Journal, no 11 (1990), p. 93-110.
57 Pour des exemples de changements paradigmatiques rapides, voir P.A. Hall, « Policy Paradigms, Social Learning and the State : The Case of Economie Policy Making in Britain », Comparative Politics, vol. 25, no 3 (1993), p. 275-96. Sur des changements paradigmatiques lents, voir M. Howlett, « Policy Paradigms and Policy Change : Lessons from the Old and New Canadian Policies towards Aboriginal Peoples », Policy Studies Journal, vol. 22, no 4 (1994), p. 31-51 ; et W.D. Coleman, G.D. Skogstad et M. Atkinson, « Paradigm Shifts and Policy Networks : Cumulative Change in Agriculture », Journal of Public Policy, vol. 16, no 3 (1996), p. 273-302.
58 Voir par exemple M.T. Hayes, Incrementalism and Public Policy, Longmans, New York, 1992. Le père du concept, Charles Lindblom, souligne, bien sûr, qu'un changement progressif peut survenir à chacune des deux vitesses. Voir C.E. Lindblom, « Still Muddling, Not Yet Through », Public Administration Review, vol. 39, no 6 (1979), p. 517-526.
59 A.P. Cortell et S. Peterson, « Altered States : Explaining Domestic Institutional Change », British Journal of Political Science, no 29 (1999), p. 177-203 ; N. Zahariadis et C.S. Allen, « Ideas, Networks, and Policy Streams : Privatization in Britain and Germany », Policy Studies Review, vol 14, no 1/2 (1995), p. 71-98 ; et H. Bressers et M. Honigh, « A Comparative Approach to the Explanation of Policy Effects », International Social Science Journal, no 108 (1986), p. 267-88.
60 Voir A. Heritier, « Policy-Making by Subterfuge : Interest Accommodation, Innovation and Substitute Democratic Legitimation in Europe - Perspectives from Distinctive Policy Areas », Journal of European Public Policy, vol. 4, no 2 (1997), p. 171-89 ; J.A. de Bruijn et E.F. ten Heuvelhof, « Policy Networks and Governance », dans D.L. Weimer (dir.), Institutional Design, Kluwer Academic Publishers, Boston, 1995, p. 161-179 ; B.G. Peters et J. Pierre, « Governance without Government ? Rethinking Public Administration », Journal of Public Administration Research and Theory, vol. 8, no 2 (1998), p. 223-244 ; et H.Th.A. Bressers, « The Choice of Policy Instruments in Policy Networks », dans B.G. Peters et F.K.M. Van Nispen (dir.), Public Policy Instruments : Evaluating the Tools of Public Administration, Edward Elgar, New York, 1998, p. 85-105.
61 L.A. Pal, Beyond Policy Analysis : Public Issue Management in Turbulent Times, ITP Nelson, Toronto, 1997.
62 J.A. de Bruijn et E.F. ten Heuvelhof offrent un bon aperçu dans « Policy Instruments for Steering Autopoietic Actors », dans R. in’t Veld et al, (dir.), Autopoiesis and Configuration Theory : New Approaches to Societal Steering, Kluwer, Dordrecht, 1991, p. 161-170.
63 Voir H. Bressers et P.-J. Klok, « Fundamentals for a Theory of Policy Instruments », International Journal of Social Economics, vol. 15, no 3/4 (1988), p. 22-41 et A.L. Schneider et H. Ingram, « Behavioural Assumptions of Policy Tools », Journal of Politics, vol. 52, no 2, 1990, p. 511-529.
64 Sur les outils spécifiques, voir J.A. Weiss et M. Tschirhart, « Public Information Campaigns as Policy Instruments », Journal of Policy Analysis and Management, vol. 13, no 1 (1994), p. 82-119 ; R. Bellehumeur, « Review : An Instrument of Change », Optimum, vol. 27, no 1 (1997), p. 37-42 ; M. Saward, Co-Optive Politics and State Legitimacy, Dartmouth, Aldershot (R.-U.), 1992 et J. Rose, « Government Advertising in a Crisis : The Quebec Referendum Precedent », Canadian Journal of Communication, no 18 (1993), p. 173-196.
65 Voir S.J. Bulmer, « The Governance of the European Union : A New Institutionalist Approach », Journal of Public Policy, vol. 13, no 4 (1993), p. 351-380 ; B.G. Peters, « Government Reorganization : A Theoretical Analysis », International Political Science Review, vol. 13, no 2 (1992), p. 199-218 ; et M.J. Hollander et M.J. Prince, « Analytical Units in Federal and Provincial Govemments : Origins, Functions and Suggestions for Effectiveness », Canadian Public Administration, vol. 36, no 2 (1993), p. 190-224.
66 Sur le patronage dans le secteur privé aux É.-U., voir A. Nownes et G. Neeley, « Toward an Explanation for Public Interest Group Formation and Proliferation : “Seed Money”, Disturbances, Entrepreneurship, and Patronage », Policy Studies Journal, vol. 24, no 1 (1996), p. 74-92. Sur le patronage dans le secteur public au Canada, voir L.A. Pal, Interests of State : The Politics of Language, Multiculturalism, and Feminism in Canada, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1993 ; S. Burt, « Canadian Women’s Groups in the 1980s : Organizational Development and Policy Influence », Canadian Public Policy, vol. 16, no 1 (1990), p. 17-28 ; et P. Finkle et al., Federal Government Relations with Interest Groups : A Reconsideration, Conseil privé du Canada, Ottawa,1994.
67 D.S. Brown, « The Management of Advisory Committees : An Assignment for the’70’s », Public Administration Review, no 32 (1972), p. 334-342 ; T.B. Smith, « Advisory Committees in the Public Policy Process », International Review of Administrative Sciences, vol. 43, no 2 (1977), p. 153-166 ; et C.L. Brown-John, « Advisory Agencies in Canada : An Introduction », Canadian Public Administration, vol. 22, no 1 (1979), p. 72-91.
68 Voir S.R. Furlong, « Reinventing Regulatory Development at the Environmental Protection Agency », Policy Studies Journal, vol. 23, no 3 (1995), p. 466-482.
69 Voir J. Jenson, « Commissioning Ideas : Representation and Royal Commissions », dans S.D. Phillips (dir.), How Ottawa Spends, 1994-95 : Making Change, Carleton University Press, Ottawa, 1994, p. 39-69 ; A.C. Cairns, « Reflections on Commission Research », dans I. Christie, J.A. Yogis et A.P. Pross (dir.), Commissions of Inquiry, Carswell, Toronto, 1990, p. 87-110 ; K.C. Wheare, Government by Committee, Clarendon Press, Oxford, 1955 ; L. Dion, « The Politics of Consultation », Government and Opposition, vol. 8, no 3 (1973), p. 332-353 ; et R.E. Wraith et G.B. Lamb, Public Inquiries as an Instrument of Government, George Allen and Unwin, London, 1971.
70 Voir par exemple L. Salter et D. Slaco, Public Inquiries in Canada, Conseil des sciences du Canada, Ottawa, 1981 et B. Schwartz, « Public Inquiries », Canadian Public Administration, vol. 40, no 1 (1997), p. 72-85.
71 Voir C. Mueller, The Politics of Communication : A Study in the Political Sociology of Language, Socialization and Legitimation, Oxford University Press, New York, 1973.
72 Voir T.N. Gilmore et J. Krantz, « Innovation in the Public Sector : Dilemmas in the Use of Ad Hoc Processes », Journal of Policy Analysis and Management, vol. 10, no 3 (1991), p. 455-468.
73 Voir H. Aldrich, « Visionaries and Villains : The Politics of Designing Interorganizational Relations », dans E.H. Burack et A.R. Negandhi (dir.), Organization Design : Theoretical Perspectives and Empirical Findings, Kent State University Press, Kent (OH), 1977, p. 23-40 ; E.A. Nordlinger, On the Autonomy of the Democratic State, Harvard University Press, Cambridge, (MA), 1981 ; et D.L. Weimer, « The Craft of Policy Design : Can It Be More than Art ? », Policy Studies Review, vol. 11, no 3/4 (1992), p. 370-388.
74 Une liste semblable a été utilisée par la Commission conjointe canado-américaine (IJC), dans une estimation probable de son futur rôle dans ce secteur. Voir IJC, The IJC and the 21st Century : response of the IJC to a Request by the Governments of Canada and the United States on How to Best Assist Them to Meet the Environmental Challenges of the 21st century, IJC, Washington, 1999. Sur ces tendances, de façon générale, voir M. Hessing et M. Howlett, Canadian Natural Resource and Environmental Policy : Political Economy and Public Policy, UBC Press, Vancouver, 1997 ; T. Fleming (dir.), The Environment and Canadian Society, ITP Nelson, Toronto, 1997 ; et U. Collier, Deregulation in the European Union : Environmental Perspectives, Routledge, London, 1998.
75 Sur ces tendances sociopolitiques générales et non spécifiquement environnementales, voir W.L. Bennett, « The Uncivic Culture : Communication, Identity and the Rise of Lifestyle Politics », PS : Political Science and Politics, vol. 31, no 4 (1998), p. 741-762, et, au Canada, N. Nevitte, The Decline of Deference : Canadian Value Change in Cross-National Perspective, Broadview Press, Peterborough (ON), 1996.
76 Voir N. Brenner, « Beyond State-Centrism ? Space, Territoriality, and Geographical Scale in Globalization Studies ». Theory and Society, no 28 (1999), p. 39-78 et O.R. Young, « The Problem of Scale in Human/Environment Relationships », Journal of Theoretical Politics, vol. 6, no 4 (1994), p. 429-447.
77 Pour un point de vue général, voir T. Risse-Kappen, Bringing Transnational Relations Back In : Non-State Actors, Domestic Structures and International Institutions, Cambridge University Press, Cambridge, 1995 ; et M.E. Keck et K. Sikkink (dir.), Activists beyond Borders : Advocacy Networks in International Politics, Cornell University Press, Ithaca, 1998, particulièrement le chapitre 4.
78 M. Zurn, « The Rise of International Environmental Politics : A Review of Current Research », World Politics, vol. 50, no 4 (1998), p. 617-49 ; et J. Galtung, « The Green Movement : A Socio-Historical Exploration », International Sociology, vol. 1, no 1 (1986), p. 75-90.
79 RM. Haas, « Introduction : Epistemic Communities and International Policy Coordination », International Organization, vol. 46, no 1 (1992), p. 1-36.
80 N. Choucri (dir.), Global Accord : Environmental Challenges and International Responses, MIT Press, Boston, 1993 ; A. Hurrell et B. Kingsbury (dir.), The International Politics of the Environment, Clarendon Press, Oxford, 1992 ; P.M. Johnson et A. Beaulieu, The Environment and NAFTA : Understanding and Implementing the New Continental Law, Island Press, Washington, 1996 ; L.C. Reif, « International Environmental Law », dans G. Thompson, M.L. McConnell et L.B. Huestis (dir.), Environmental Law and Business in Canada, Canada Law Book, Aurora (ON), 1993, p. 71-103 ; et J. Kirton, « The Commission for Environmental Cooperation and CanadaU.S. Environmental Governance in the NAFTA Era », American Review of Canadian Studies, vol. 27, no 3 (1997), p. 459-486.
81 Voir H.R. Alker et PM. Haas, « The Rise of Global Ecopolitics », dans N. Choucri (dir.), Global Accord : Environmental Challenges and International Responses, MIT Press, Boston, 1993, p. 205-254.
82 Voir C.J. Bennett, « Understanding Ripple Effects : The Cross-National Adoption of Policy Instruments for Bureaucratic Accountability », Governance, vol. 10, no 3 (1997), p. 213-33 et pour un point de vue plus général, C.J. Bennett, « What Is Policy Convergence and What Causes It ? », British Journal of Political Science, vol. 21, no 2 (1991), p. 215-233.
83 Voir M. Kahler, International Institutions and the Political Economy of Integration, Brookings Institution, Washington, 1995. L’effet réel varie, bien sûr, avec le type de processus de mondialisation à l’œuvre. Sur les différents types d’effets — tels que l’utilisation par le monde des affaires des marchés globaux, l’adhésion des gouvernements aux lois et règlements internationaux, les changements dans les discours internationaux de la part des experts en politiques et autres, ainsi que l’infiltration des politiques locales élaborées par des acteurs non locaux — voir S. Bernstein et B. Cashore, « Globalization, Four Paths of Internationalization, and Domestic Policy Change : The Case of Eco-Forest in British Columbia », Canadian Journal of Political Science, vol. 33, no 1 (2000), p. 67-100 ; R.O. Keohane et H.V. Milner (dir.), Internationalization and Domestic Politics, Cambridge University Press, New York, 1996.
84 Voir, pour un point de vue général, P.G. Cerny, « International Finance and the Erosion of State Policy Capacity », dans P. Gummett (dir.), Globalization and Public Policy, Edward Elgar, Cheltenham, 1996, p. 83-104. Sur l’impact au Canada, voir G. Toner et T. Conway, « Environmental Policy », dans G.B. Doern, L.A. Pal et B.W. Tomlin (dir.), Border Crossings : The Internationalization of Canadian Public Policy, Oxford University Press, Toronto, 1996, p. 108-142 ; M. Howlett, « Sustainable Development : Environmental Policy », dans A. Johnson et A. Stritch (dir.), Canadian Public Policy : Globalization and Political Parties, Copp Clark Longman, Toronto, 1996, p. 47-64 ; et K. Harrison, Passing the Buck : Federalism and Canadian Environmental Policy, UBC Press, Vancouver, 1996.
85 Voir M. Paterson, Global Warming and Global Politics, Routledge, London, 1996 et Gouvernement du Canada, L'état de l’environnement au Canada, ministre des Approvisionnements et Services, Ottawa, 1991.
86 Sur le rôle des accidents dans les changements de politiques, voir J.W. Kingdon, Agendas, Alternatives and Public Policies, Little, Brown and Co., Boston, 1984 ; T.A. Birkland, After Disaster : Agenda Setting, Public Policy and Focusing Events, Georgetown University Press, Washington, 1997 ; et M. Howlett, « Predictable and Unpredictable Policy Windows : Issue, Institutional and Exogenous Correlates of Canadian Federal Agenda-Setting », Canadian Journal of Political Science, vol. 31, no 3 (1998).
87 Sur ces dimensions, voir P. Gray et E. Hart, Public Policy Disasters in Western Europe, Routledge, London, 1998.
88 Voit F.W. Scharpf, « Policy Failure and Institutional Reform : Why Should Form Follow Function ? », International Social Science Journal, no 108 (1986), p. 179-190.
89 Voir M. Hessing et M. Howlett, Canadian Natural Resource and Environmental Policy : Political Economy and Public Policy, UBC Press, Vancouver, 1997 et J.N.H. Britton et al., « Technological Change and Innovation : Policy Issues », dans J.N.H. Britton (dir.), Canada and the Global Economy : The Geography of Structural and Technological Change, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1996, p. 241-287.
90 Voir D. Wolfe, « Technology and Trade », dans S. Rosenblum et P. Findlay (dir.), Debating Canada’s Future : Views from the Left, James Lorimer, Toronto, 1991, p. 106-127 et R. Anderson et al. (dir.), Innovation Systems in a Global Context : The North American Experience, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1998.
91 Sur les implications pour l’économie politique régionale et provinciale lors de pareilles transitions, voir M. Howlett et K. Brownsey, « From Timber to Tourism : The Political Economy of British Columbia », dans R.K. Carty (dir.), Politics, Policy and Government in British Columbia, UBC Press, Vancouver, 1996, p. 18-31.
92 Voir M. Janicke, H. Monch et M. Binder, « Ecological Aspects of Structural Change », Intereconomics, vol. 28, no 4 (1993), p. 159-169 et T.A. Hutton, Visions of « Post « Post-Staples » Economy : Structural Change and Adjustment Issues in British Columbia, UBC Centre for Human Settlements, Vancouver, 1994.
93 L. Osberg, F. Wien et J. Grude, Vanishing Jobs : Canada’s Changing Workplaces, James Lorimer and Co., Toronto, 1995.
94 P. Dearden et R. Rollins (dir.), Parks and Protected Areas in Canada : Planning and Management, Oxford University Press, Toronto, 1993.
95 R. Paehlke, « Green Politics and the Rise of the Environmental Movement », dans T. Fleming (dir.), The Environment and Canadian Society, ITP Nelson, Toronto, 1997, p. 251-274.
96 Voir R.A. Kagan, « Adversarial Legalism and American Government », Journal of Policy Analysis and Management, vol. 10, no 3 (1991), p. 369-406 ; RA Kagan, « Should Europe Worry about Adversarial Legalism ? », Oxford Journal of Legal Studies, vol. 17, no 2 (1997), p. 165-183 ; et R.A. Kagan et L. Axelrad, « Adversarial Legalism : An International Perspective », dans P.S. Nivola (dir.), Comparative Disadvantages ? Social Regulations and the Global Economy, Brookings Institution Press, Washington, 1997, p. 146-202.
97 C. Manfredi, « The Judicialization of Politics : Rights and Public Policy in Canada and the United States », dans K. Banting, G. Hoberg et R. Simeon (dir.), Degrees of Freedom : Canada and the United States in a Changing World, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1997, p. 152-185 et D. Schneiderman et K. Sutherland (dir.), Charting the Consequences : The Impact of Charter Rights on Canadian Law and Politics, University of Toronto Press, Toronto, 1997.
98 Voir S. Elgie, « Environmental Groups and the Courts : 1970-1992 », dans G. Thompson, M.L. McConnell et L.B. Huestis (dir.), Environmental Law and Business in Canada, Canada Law Book, Aurora (ON) 1993, p. 185-224 et M. Howlett, « The Judicialization of Canadian Environmental Policy 1980-1990 — A Test of the Canada-U.S. Convergence Hypothesis », Canadian Journal of Political Science, vol. 27, no 1 (1994).
99 Pour un point de vue général, voir Commission royale sur les peuples autochtones, Conclure des traités dans un esprit de coexistence : une solution de rechange à l'extinction du titre ancestral, Ottawa, ministère des Approvisionnements et Services ; M. Asch (dir.), Aboriginal and Treaty Rights in Canada : Essays on Law, Equity and Respect for Difference, UBC Press, Vancouver, 1997. D’une façon spécifique, voir G. Hoberg et E. Morawaski, « Policy Change through Sector Intersection : Forest and Aboriginal Policy in Clayoquot Sound », Canadian Public Administration, vol. 40, no 3 (1997), p. 387-414.
100 Voir H. Scofield, « Nafta trio warned of corporate lawsuits : Plug loophole to avoid claims, think-tank says », Globe and Mail, 23 juin 1999, p. A7 ; J. Kirton, « The Commission for Environmental Cooperation and Canada-U.S. Environmental Governance in the NAFTA Era », American Review of Canadian Studies, vol. 27, no 3 (1997), p. 459-486 et J.M. Ayres, Defying Conventional Wisdom : Political Movements and Popular Contention against North American Free Trade, University of Toronto Press, Toronto, 1998.
101 D. Alexander, « Bioregionalism : Science or Sensibility ? », Environmental Ethics, no 12 (1990), p. 161-73. Voir R. Haeuber, « Setting the Environmental Policy Agenda : The Case of Ecosystem Management », Natural Resources Journal, vol. 36, no 1 (1996), p. 1-27 et J. Rayner, « Evaluating National Forest Programmes : Lessons from Biodiversity Policjcs in Canada », dans P. Gluck et al. (dir.), Formulation and Implementation of National Forest Programmes : Volume 1 - Theoretical Aspects, European Forest Institute, Joensuu (Finlande), 1999, p. 229-236.
102 A. Jordan, R. Brouwer et E. Noble, « Innovative and Responsive ? A Longitudinal Analysis of the Speed of EU Environmental Policy-Making, 1967-97 », Journal of European Public Policy, vol. 6, no 3 (1999), p. 376-398 et A.P. Cortell et J.W. Davis, « How Do International Institutions Matter ? The Domestic Impact of International Rules and Norms », International Studies Quarterly, no 40 (1996), p. 451-478.
103 Voir J.M. Simmons, « The Canada-wide Accord on Environmental Harmonization and Value Change within the Department of the Environment », communication présentée à l’Association canadienne de science politique, à Sherbrooke en 1999 ; L. Stefanick, « Organization, Administration, and the Environment : Will a Facelift Suffïce or Does the Patient Need Radical Surgery », Canadian Public Administration, vol. 41, no 1 (1998), p. 99-146 ; et B.G. Rabe, « The Politics of Sustainable Development : Impediments to Pollution Prevention and Policy Integration in Canada », Canadian Public Administration, vol. 40, no 3 (1997), p. 415-435. Pour un point de vue général, voir M. Howlett, « Beyond Legalism ? Policy Instruments, Implémentation Styles and Convergence in Canadian and U.S. Environmental Policy », communication présentée à la Western Economics Association, San Diego, 1999.
104 Voir E.A. Lindquist, « Public Managers and Policy Communities : Learning to Meet New Challenges », Canadian Public Administration, vol. 35, no 2 (1992), p. 127-159 ; R. Agranoff et M. McGuire, « Managing in Network Settings », Policy Studies Review, vol. 16, no 1 (1999), p. 18-41 ; et R. Mayntz, « Public Bureaucracies and Policy Implementation », International Social Science Journal, vol. 31, no 4 (1979), p. 633-645.
105 Voir le chapitre 4 de J.G. March et J.P Olsen, Rediscovering Institutions : The Organizational Basis of Politics, Free Press, New York, 1989 ; V.W. Ruttan, « Designing Institutions for Sustainability », dans E.T. Loehman et D.M. Kilgour (dir.), Designing Institutions for Environmental and Resource Management, Edward Elgar, Cheltenham (R.-U.), 1998, p. 142-164.
106 Voir M. Janicke et H. Weidner, National Environmental Policies : A Comparative Study of Capacity Building, Springer, Berlin, 1997 ; M. Janicke et H. Jorgens, National Environmental Policy Plans and Long-Term Sustainable Development Strategies : Learning from International Experiences, Freie Universitate Berlin Forschungsstelle für Umweltpolitik Paper 96-5, Berlin, 1997 ; et M. Janicke et ai, « Structural Change and Environmental Impact », Intereconomics, vol. 24, no 1 (janvier-février 1989), p. 24-35. Voir également P Glasbergen, « Learning to Manage the Environment », dans W.M. Lafferty et J. Meadowcroft (dir.), Democracy and the Environment : Problems and Prospects, Edward Elgar, Cheltenham (R.-U.), 1996, p. 175-193.
107 S.D. Phillips, « How Ottawa Blends : Shifting Government Relationships with Interest Groups », dans F. Abele (dir.), How Ottawa Spends 1991-92 : The Politics of Fragmentation, Carleton University Press, Ottawa, 1991, p. 183-228 et M.M. Atkinson et C.W. Pervin, « Sector Councils and Sectoral Corporatism : Viable ? Desirable ? », dans M. Gunderson et A. Sharpe (dir.), Forging Business-Labour Partnerships : The Emergence of Sector Councils in Canada, University of Toronto Press, Toronto, 1998, p. 271-294. Voir également L.A. Pal, Interests of State : The Politics of Language, Multiculturalism, and Feminism in Canada, McGill-Queen’s University Press, Montréal, 1993.
108 Voir G.B. Doern, L. Pal et B.W. Tomlin (dir.), Border Crossings : The Internationalization of Canadian Public Policy, Oxford University Press, Toronto, 1996 ; A. Johnson et A. Stritch (dir.), Canadian Public Policy : Globalization and Political Parties, Copp Clark, Toronto, 1997. Pour un point de vue plus général, voir A. Hammond, Which World ? Scenarios for the 21st Century, Island Press, Washington, 1998.
Auteur
Professeur de science politique, Université de la Colombie-Britannique.
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